Ca fait trois ans, presque jour pour jour, que j'ai rencontré mon amour, mon âme sœur et mon malheur. Je ne peux rien faire d'autre que d'y penser, tous les jours, toutes les nuits. Le lieu calme où je travaille est pire qu'un boulet à traîner. Mes pensées divaguent plus que de raisons et je ne vois même pas les gens qui viennent me poser des questions, heureusement qu'on est deux à travailler aujourd'hui. Tenant mon stylo que je porte à ma bouche, par pure habitude, je contemple une superbe étagère, enfin, ça je m'en rends compte quand j'ai enfin fini de tout ressasser. Je ne sais pas ce que j'ai fais au foutu bon dieu pour qu'il me prive de ma moitié. En ce moment, c'est pas la forme.

Pendant qu'Elle occupe mes pensées, j'en oublis même le vacarme, le brouhaha, car qui dit lieu calme, dit pensées en suractivité. Je ne vois même pas les heures passées, et il arrive un moment où nos collègues viennent prendre nos postes. Je salue tous les autres, et je sors au plus vite de cet endroit pour pouvoir fumer une cigarette tranquillement. Je me mets en marche mais je ne fais attention à rien, ni aux signaux de circulation, ni même aux personnes que je bouscule, c'est peut-être pour ça que je ne remarque pas non plus qu'une personne me suit depuis peu.

Je fais pour repartir chez moi, à pied, comme toujours. Les endroits, les places passent mais je ne vois rien, on ne prends jamais le temps de regarder autour de nous, c'est fou. Sauf qu'aujourd'hui, je vois clairement une petite église, la seule de Radcliff certainement, vu qu'il n'y avait jamais fais attention. Etant bon british, je savais que les Etats-Unis étaient très croyants mais ne m'étais pas posé la question de savoir s'il y avait un endroit pareil ici. Le monument, certes petit mais intense retint mon attention. Sans même donné d'ordres à mes pieds, ces derniers se dirigèrent vers elle, calmement. Certainement toujours suivis.

Depuis que je fais partie d'un groupe d'activistes pro-mutants, je suis de plus en plus sur mes gardes, plus stressé, plus irritable. Est-ce le fait de savoir que je suis une proie potentielle ? Est-ce le fait que je n'ai plus rien à perdre ou encore est-ce le fait simplement d'être paranoïaque ? Je ne sais plus et je ne veux pas non plus y penser. Mais j'ai de plus en plus l'impression d'être suivis et afin de m'écarter cette idée de la tête, je fais ce qui me semble le plus instinctif, je me cloître. C'est au sein d'une église que je me réfugie, toujours calmement, ne jamais rien montrer. J'en ferme la porte, si c'est pour moi, ça passera le pas de la porte, pensais-je.

Depuis plusieurs mois, je n'avais plus de nouvelles de ma cousine ainsi que ma sœur. Il se dit que le changement de continent ne me réussi pas, que j'ai rompu les liens. Ce n'est pas moi, je le sais très bien, je me suis battu pour leur parler, pour les voir, mais à chaque fois, mes efforts étaient vains. Mes meilleures alliées ne voulaient plus de moi. Je ne pouvais donc pas savoir qu'Eileen et ma tendre petite sœur était devenue des hunters. Qu'elles étaient amoureuse de personnage si bêtes. Je ne savais pas non plus que j'étais surveillé, traqué par leurs compagnons.

Ce n'est qu'en posant ma tête sur l'immense porte que j'entendis des paroles sourdes. Posant mes mains à plat sur le bois, je me repoussa et me tourna vers les bancs. Aucune peur ne prit part de moi, je savais que cette personne était forcément là depuis bien plus longtemps. Cependant, je ne m'aventurais pas à la lumière. Je restais silencieux et prostré dans l'ombre. « Qui est-là ?! » J'entendais comme à mon habitude ce léger bourdonnement qui faisait écho avec une seule personne. Cependant, je n'arrivais toujours pas à capter des mots, des images ou des sons. Rien ne venait pour l'instant. L'autre se leva, mais je n'osais rien faire, je frôlais la porte. Et c'est ainsi que je capta un bourdonnement plus fort. Quelqu'un n'était pas loin, c'était pour moi. J'en suis certain. Je me décala alors de la porte, me réfugiant derrière une petite colonne. Je vis alors cette sublime demoiselle. D'une rapidité que je ne connaissais pas, je lui montra de mes gestes qu'elle devait se baisser et se taire.

Au même moment, la porte s'ouvrit et c'est une odeur que j'avais déjà senti qui engloutit la pièce. « Bah alors, Hastings, on veut pas jouer un peu ? » Mon sang se glaça comme à chaque fois, pour me rétablir, je passais une main sur mon visage qui avait perdu de ses couleurs. Encore un hunter, décidément il n'en aurait jamais fini avec ceux là. Mon don était si convoité qu'ils me traquaient tous. Certains pensaient que je ne les avais pas remarqué mais ils ne sont pas assez discrets. Mes yeux se dirigèrent vers la jeune femme, une brunette apparemment. Les Etats-Unis étaient bien trop laxistes avec le port d'armes, maintenant tout le monde pouvait devenir hunter en un rien de temps. Heureusement aussi pour nous, car j'avais eu le droit du port d'armes et avais toujours le Sig Sauer que m'avait acheté mon frère. Le sortant silencieusement de mon bas du dos, je le sortis et par réflexe mon dos vint se poser sur la sécurité, prêt à dégainer à tout moment.