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 closer to the edge ▼ lorcan&salomé

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Salomé Callahan
Salomé Callahan

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SUR TH DEPUIS : 29/04/2014
MessageSujet: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeJeu 12 Fév 2015 - 0:33


with the beast inside, there’s nowhere we can hide.
" Lorcan & Salomé "
Trente jours. C'était exactement le temps qu'il lui restait avant le plus grand rassemblement hunter de l'année. La naïve et humaine Salomé du début deux-mille-quatorze avait entouré au feutre rouge cette date sur la page de son éphéméride, sans doute déjà enjouée une dizaine de mois à l'avance à l'idée d'assister à cet événement en tant que chasseresse à part entière. Dans un geste empreint d'une rage un soupçon désespéré, la brune déchira furieusement la page du calendrier, froissant le papier entre ses mains avant de soulager légèrement ses nerfs en en faisant une cinquantaine de confettis. Ceux ci volèrent doucement jusqu'au sol poussiéreux de son appartement, n'ayant pas reçu un coup de balai depuis près de deux mois. Depuis que tout était indubitablement redevenu aussi sombre. De brèves semaines de répit, le temps de penser retrouver un souffle convenable, de sourire à pleines dents à la gueule de Matthias pour laver tous ses soupçons sans manquer de se venger de son comportement déplacé des derniers mois, quelques soirées pour renouer pleinement avec ses amis, pour savourer avec Lorcan cette liberté à peine retrouvée. Et déjà, celle-ci leur avait filé entre les doigts.  Sa dernière rentrée scolaire était arrivée plus rapidement que prévu, celle qui bouclerait son cursus universitaire et dont elle ressortirait diplômée au mois de juin. Celle qu'elle avait songé ne jamais reprendre, pas avec cette mutation qui s'était imposée à elle comme la date de péremption de sa courte vie. Mais Sallie avait repris le chemin de la faculté, studieuse sur ses quelques derniers cours en amphithéâtre avant de se replonger au coeur de la pratique. C'était au cours de son second entretien que tout avait vacillé. Avalant un comprimé antalgique avant de s'installer en face de son patient, supervisée par son tuteur de stage, la douleur avait continué de la titiller là, juste au dessus de son arcade sourcilière gauche. Trois semaines et cinq jours, tout pile, que la migraine n'avait pas frappé les parois de ses méninges. Naïve, la brune n'avait pas compris immédiatement la signification de ce mal de tête plutôt brutal. Elle avait posé ses questions, orientant la séance plutôt habilement de manière à instaurer un climat de confiance. Dans ses prunelles claires, ses pupilles s'étaient dilatées à l'extrême, engloutissant l'intérieur de ses iris de manière démesurée en réponse à la douleur. Et tout avait recommencé. La voix s'était imposée à son esprit alors qu'elle ne voulait pas l'entendre, qu'elle ne voulait pas réaliser. Et ce fut dans un canon de pensées et de paroles que la brune avait senti son crâne se fendre sous la pression, incapable de poursuivre plus longtemps.

Et tout avait repris. Les mensonges envers sa famille, prétextant un emploi du temps surchargé à l'université pour ne plus poser ne serait-ce qu'un pied au Manoir. L'isolement, loin de toutes ces personnes qui ne ressemblaient plus qu'à des objets de torture à ses yeux. La fuite, hors de la portée de cet aîné qui ne daignait renoncer à la pourchasser pour étancher sa soif de questions de plus en plus suspicieuses. La colère. La peur. Les insomnies. Aucune issue ne se dessinait, juste un gouffre sans fond qui menaçait de l'aspirer dans ses abîmes lorsque les nuits étaient trop noires ou les verres trop généreux. Et puis, il y avait cette date, marquée au fer rouge dans son esprit, qui enserrait son estomac dans la terreur et hantait son sommeil agité. Le trente-et-un octobre. La chasse aux sorcières. Ce jour marqué en lettres d'or dans l'agenda de toute famille de hunters respectables, et qui incluait inévitablement les noms Wolstenholme et Callahan. Impossible de se dérober. Et la simple idée de se retrouver noyée dans une foule de chasseurs la laissait au bord de l'attaque de panique, rompant sa respiration dans sa trachée et malmenant son rythme cardiaque. Les cauchemars ne manquaient pas d'originalité à ce sujet, tous plus incohérents les uns que les autres mais s'achevant tous de la même manière. La laissant là, éveillée en sursaut les paumes plaquées sur sa gorge encore endolorie sous la véracité de ces rêves maudits, haletant dans ses draps trempés de sueur, les sanglots l'agitant sans qu'elle ne parvienne à les réprimer. La brune avait cependant gagné une certitude dans ce tumultueux parcours. Elle n'était pas prête à mourir. Elle ne le voulait pas, elle qui avait pourtant songé que la mort s'imposerait comme unique solution. La perte transitoire de sa télépathie lui avait rappelé à quel point il était bon d'être en vie, et le retour de celle-ci n'était parvenu à annihiler les restes de cet électrochoc.

Contemplant son appartement lugubre dont l'électricité ne fonctionnait plus depuis la veille, l'immeuble se retrouvant plongé dans un noir des plus total, la brune souffla rapidement la flamme d'une bougie allumée pour parer à la pénombre descendante de cette fin d'après midi. Encore vêtue de la robe noire qu'elle avait enfilé pour son service au bar qui s'était achevé près d'une heure plus tôt, la jeune femme passa rapidement une veste tout en évitant soigneusement son reflet dans le miroir. Comme par crainte d'y voir le mot mutante gravé sur son front. Le nom de son aîné se dessina sur l'écran de son téléphone, appel qui lui glaça l'échine et auquel elle choisit de ne pas répondre. Sans doute allait-il débarquer chez elle à l'improviste, sans doute ne pourrait-elle y échapper. La paranoïa lui arracha un soupir désespéré tandis que dans une impulsion, ses pas la ramenaient dans sa cuisine. Attrapant d'un geste rapide l'une de ses dernières bouteilles de whisky non entamée et la fourrant négligemment dans son sac, la brune repoussa quelques mèches rebelles en dehors de sa vue pour gagner la porte d'entrée. Se mordant nerveusement la lèvre inférieure en jetant un dernier coup d'oeil au taudis de son appartement, elle referma le tout à double tour en espérant que Matthias n'aurait pas l'idée de s'y introduire malgré tout.

Levant les yeux sur la façade de l'immeuble pour s'arrêter sur la fenêtre de l'appartement de Lorcan, c'est dans un dernier espoir que la brune s'engouffra dans la bâtisse pour gravir les marches deux à deux. Je peux passer, pour tu sais quoi ? La mystérieuse demande avait été envoyée par sms au jeune homme sans qu'elle n'ait le temps de recevoir sa réponse, la batterie de son portable déchargé éteignant l'appareil entre ses mains. La simple pensée de regagner son appartement lui donnait la nausée. Elle n'était pas prête à affronter son frère. Elle ne supportait plus l'angoisse du décompte de ces trente jours. Elle ne voulait plus subir les assauts de sa télépathie comme une fatalité. Et elle savait pertinemment que Lorcan comprendrait le motif de sa demande étrange. La programmation de l'entraînement devenait de plus en plus urgente. Légèrement plus déterminée, la brunette arriva face à la porte de l'appartement de Lorcan et y frappa trois coups en tapotant du pied sur le sol. L'attente lui parut interminable jusqu'à ce qu'enfin son ami ne vienne ouvrir. « Désolée de débarquer à l'improviste. J'ai de quoi me faire pardonner. » Un mince sourire sur le visage, extirpant la bouteille de son sac en guise d'offrande, Salomé observa Lorcan en priant intérieurement pour qu'il n'ait rien de prévu.

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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeMar 17 Fév 2015 - 20:10


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"salomé & lorcan"
La routine était revenue. L’abrutissante routine où Lorcan se plongeait corps et âme pour éviter de rester trop longtemps face à face avec la vérité. A enchaîner les heures sup’ au boulot, à apprendre par cœur des cours qu’il ne cherchait même plus à comprendre, il s’emplissait le crâne de données abstraites pour trouver plus rapidement la fatigue. L’oubli. Il ne souhaitait que ça et dans un sens il y parvenait assez bien, il se conduisait comme un véritable robot et peu à peu, il avait la douce sensation que ses moments d’humanité se réduisaient. C’était peut-être la solution. Devenir une machine. Une machine qui ingurgitait recettes de cuisine et formules chimiques sans distinction, quitte à s’embrouiller un peu quand il fallait restituer les données. Une mole de bisque de homard dans sa sauce ? Sans doute pas. Mais ça marchait quand même, au final. Cela provoquait des moues agacées chez ses professeurs, la belle affaire. Cela faisait rire ses collègues, c’était déjà un meilleur résultat. Ils étaient les seuls êtres humains avec qui il était encore à l’aise, les seuls qu’il arrive à supporter. Des gens qu’il ne connaissait pas en dehors du travail … Des humains ou des mutants, peu importe, c’était un sujet qu’ils n’abordaient jamais. Dans la cuisine ils étaient des cuisiniers. En dehors, qui s’en souciait ? Voilà, Lorcan n’avait pas besoin de plus que ça. Il s’épuisait en passant de la cuisine du restaurant aux amphis de la fac pour finir sa journée à courir comme un dératé dans la forêt, histoire de ne lus avoir la moindre once d’énergie quand venait le moment de dormir. Et alors il tombait comme une masse, pour s’endormir directement … Et ne pas rêver, avec un peu de chance. Mais il rêvait presque constamment, il n’avait pas encore trouvé le moyen de supprimer réellement les images qui apparaissaient dans sa tête quand il ne contrôlait plus son subconscient.

Il rêvait. Cauchemardait serait même un terme plus juste. Il était à table avec Aspen, Calista, son père et sa mère. Une famille vraiment unie et heureuse, dont il ressentait le bonheur au plus profond de lui-même. Il se sentait libre et il profitait de sa famille sans aucune hésitation, riant aux blagues de son père et enchaînant les réparties avec lui. Il connaissait cette sensation ... Il l’avait ressentie quelques semaines plus tôt. Il était humain, juste humain, dans une famille encore entière … Mais tout dérapait, dans un enchaînement illogique qui avait pourtant tout son sens dans le rêve, Lorcan se voyait soudain en train de tenter de ranimer sa mère, qui perdait des flots de sang de façon incontrôlable. Au fond de lui, il savait qu’il était responsable sans vraiment comprendre comment, et autour de lui, ses sœurs et son père hurlaient, l’agonissant d’injures. Sa mère disparaissait finalement dans une flaque de sang et Aspen lui collait un fusil sur le front tandis qu’il essayait de se justifier, de leur expliquer. Elle appuya sur la détente sans prêter attention à ses suppliques et … Brrrr brrr. Lorcan émergea en panique de son sommeil et mit un certain temps avant de réaliser que ça n’avait été qu’un rêve. Il dut pourtant vérifier plusieurs fois que ses mains ne portaient aucune trace de sang, qu’il était seul dans son salon, qu’Aspen ne lui avait pas tiré dessus … Ensuite seulement il jeta un coup d’œil à ce qui l’avait réveillé. Son téléphone affichait un nouveau message : "Je peux passer, pour tu sais quoi ?" Salomé. Il ne se demanda même pas de quoi elle parlait, il s’en doutait. Cela faisait des mois qu’il lui avait proposé de l’aider pour s’entraîner, et pendant un moment il avait même cru qu’ils n’auraient pas besoin d’en arriver là … Pendant ces quelques semaines bénies où ils avaient été libérés de leur malédiction. Mais si la sienne était revenue, celle de Salomé avait du en faire de même. Et elle avait besoin de lui … Mais elle ne pouvait pas tomber plus mal que maintenant. Il regarda l’heure et poussa un soupir : il s’était endormi en début d’après-midi, et à présent la nuit était tombée. Il ne travaillait pas, ce soir, mais il se sentait nauséeux, les images de son cauchemars restaient vivaces et la perspective qu’elle entre dans son crâne ne le réjouissait pas tant que ça. Il n’était pas du genre à se défiler après avoir proposé de l’aide, mais aujourd’hui … Aujourd’hui il ne le sentait pas. Mais le temps qu’il tergiverse, qu’il fixe son portable comme s’il pouvait trancher la question à sa place et lui assurer que Salomé ne lui en voudrait pas s’il l’appelait pour lui dire qu’un autre jour lui irait mieux … Trois petits coups avaient retenti à sa porte. Lorcan ne s’attendait pas à ce que Salomé passe aussi vite, il imagina plutôt se retrouver face à face avec Aspen prête à le tirer dehors de force pour un plan dont elle seule avait le secret. Après tout, il était tellement mal réveillé qu’il ne voyait pas quelle calamité supplémentaire il pouvait se prendre sur le coin du nez ! Pourtant ce ne fut pas Aspen mais bien Salomé qu’il retrouva quand il ouvrit la porte. De quoi le faire douter pendant un instant de la façon dont il avait été réveillé : est-ce que ce sms patientait sur son portable depuis si longtemps que Salomé en avait eu marre d’attendre sa réponse ? « Désolée de débarquer à l'improviste. J'ai de quoi me faire pardonner. » Eh bien non, visiblement elle était bien arrivée juste après lui avoir envoyé le message … Elle brandissait sa bouteille comme si c’était son meilleur argument – et ça l’était, sans équivoque. « Ma meilleure copine accompagnée de Salomé Callahan, pour une surprise ! » Lorcan ne pouvait plus lui fermer la porte au nez à présent, alors il la fit entrer, tout en vérifiant mentalement si son appartement était suffisamment en ordre pour qu’elle ne tombe pas sur un truc un peu trop déplacé … Mais le plus déplacé ici, c’était lui. Il avait encore du mal à se souvenir de quel jour c’était, alors de là à trouver un moyen d’entraîner Salomé à la télépathie, il y avait du travail ! Mais au moins, l’avoir ici le forcerait à se bouger un peu. Il fallait se concentrer sur le positif.

Lorcan ne s’encombra pas de davantage de politesse et se laissa tomber dans le canapé qu’il venait à peine de quitter. « Je viens de me réveiller, désolé. Je vais peut-être pas commencer par l’alcool fort mais c’était une très bonne idée, ça risque de servir. D’ailleurs, tu veux un café ? Je veux un café. » Il se releva d’un bond pour aller mettre en marche la cafetière, et revint s’asseoir, avec un peu plus de douceur cette fois. Il observa Salomé, détaillant son visage pour la première fois depuis qu’il lui avait ouvert. Elle avait l’air exténuée, et malgré ses efforts pour paraître enjouée quand elle lui avait présenté la bouteille, elle semblait au bord du désespoir. Et il partageait assez cette sensation. « Notre répit a été de courte durée, finalement. On a été vraiment cons de croire que c’était terminé, comme ça, par magie. » Lâcha-t-il d’un ton amer. Il ne savait toujours pas ce qui s’était passé, pourquoi ils avaient perdu en même temps l’usage de leur mutation, mais il y avait forcément une explication. Et dans tous les cas, c’était terminé, la réalité les avait rattrapés.
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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeMar 24 Fév 2015 - 23:15


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" Lorcan & Salomé "
La porte s'était ouverte sur un Lorcan ensommeillé, et l'air enjoué de la brunette avait légèrement décliné sur son visage en notant qu'il n'avait vraiment pas l'air en forme. Elle s'y était attendue, inévitablement. Mais le voir de ses propres yeux la laissait amère, lisant sur ses traits la même angoisse et la même fatigue que sur les siens. Et la serveuse peinait de plus en plus à se souvenir de ces dernières semaines agréables d'été. Comme si ces moments de répit n'avait été que le fruit de leurs imaginations. Comme si jamais ils n'avait été en mesure de souffler. Le brun marqua une pause en la voyant sur le seuil de sa porte, et Salomé sentit une sensation de malaise l'envahir jusqu'à ce qu'il ne détende l'atmosphère de quelques mots. « Ma meilleure copine accompagnée de Salomé Callahan, pour une surprise ! » Légèrement soulagée en le voyant la laisser entrer, son sourire gagna en croissant sur son visage, lui assénant un léger coup de coude au passage en réponse à sa blague. « Contente de te voir aussi, Lorcan. » Elle avait répondu d'un ton faussement vexé, avant de retirer sa veste pour la déposer sur le dossier d'une chaise. « Je viens de me réveiller, désolé. Je vais peut-être pas commencer par l’alcool fort mais c’était une très bonne idée, ça risque de servir. D’ailleurs, tu veux un café ? Je veux un café. » Ses pommettes s'empourprèrent aux mots de Lorcan. Et merde. Elle débarquait pratiquement sans prévenir, et en plus de ça, elle le tirait du lit. La brune replaça machinalement une mèche de cheveux qui lui chatouillait la joue derrière son oreille, pour tenter de se donner une contenance. Se sentant subitement plutôt idiote, plantée là avec sa bouteille. Hochant la tête à la proposition de Lorcan, la jeune femme se décida à laisser la bouteille sur la table basse. « Oui, un café ce serait parfait. » En témoignaient de toute évidence ses traits tirés par le manque de sommeil. Frottant ses paumes nerveusement l'une contre l'autre, Salomé resta un instant debout tout en contemplant la pièce. Les bons souvenirs qu'elle gardait de sa dernière visite chez lui remontaient au mois d'août, et y repenser était presque douloureux tant le présent se révélait bien loin de ces instants d'insouciance.

Par chance, Lorcan ne tarda pas à reprendre la parole, la tirant légèrement de ses pensées. « Notre répit a été de courte durée, finalement. On a été vraiment cons de croire que c’était terminé, comme ça, par magie. » S'humectant les lèvres tout en acquiesçant, Salomé lâcha un soupir tout en allant s'asseoir aux côtés de son ami, se pinçant l'arête du nez quelques secondes en essayant de se canaliser pour ne pas partir dans tous les sens. « Tu l'as dit. » Sa voix s'étrangla légèrement dans sa gorge tandis que son estomac se nouait en songeant à quel point elle avait pu baisser sa garde en songeant être redevenue "normale". Et à quel point désormais ce nouvel éloignement qu'elle imposait à sa famille ne pouvait plus décemment se justifier par un état de choc. Pas après avoir renoué le contact avec eux comme si tout allait pour le mieux du monde. Tapotant nerveusement son genou de ses doigts, la télépathe se tourna légèrement vers son hôte, mordillant un instant sa lèvre inférieure tout en hésitant à se jeter sur le sujet épineux qui lui torturait l'esprit. Lorcan était la seule personne à laquelle elle pouvait se confier, et l'état de tension dans lequel les derniers événements la plaçait la laissait au bord de l'implosion. « Si je suis venue... aussi rapidement, je veux dire... C'est pas simplement pour m'entraîner. » L'image de son frère fit irruption dans son crâne tandis qu'elle se rappelait de ses appels qu'elle avait ignoré, à peine une vingtaine de minutes plus tôt, et un frisson vrilla sa colonne vertébrale. « J'ai comme qui dirait un  petit problème. Je pensais pouvoir le gérer, mais ces derniers temps commencent à me prouver le contraire. » Se stoppant brutalement en réalisant à quel point la peur l'entraînait à tourner autour du pot, la brunette secoua la tête comme pour se faire violence, avant de replanter son regard dans celui de Lorcan. « Matthias. Il me traque. A la sortie du boulot, chez moi, il est toujours là. Et je suis pratiquement sûre qu'il s'apprête à débarquer chez moi au moment où je te parle. S'il n'y est pas déjà. » Débitant ses paroles d'une traite avant de reprendre son souffle, son coeur martelait déjà sa poitrine à ces simples explications. Un sourire nerveux germa au coin de sa bouche alors qu'elle baissait les yeux. « Alors, ça doit sembler un peu lâche, mais en fait je suis ici en tant que réfugiée. » Chuchotant ces derniers mots d'un faux air mystérieux, un léger rire émailla son ton qui se voulait théâtral pour détendre légèrement l'atmosphère. Comme si elle ne venait pas simplement d'énoncer la pure vérité. Regagnant son sérieux en imaginant le chasseur en train de fouiller son appartement, une ombre traversa ses iris alors qu'elle reportait son attention sur Lorcan.

« C'est peut être ça, le pire. D'avoir pu renouer des liens, et de devoir régresser désormais. Comme si s'éloigner d'eux n'était pas déjà suffisamment louche la première fois. » Sondant le jeune homme du regard, Salomé ne lui posa pas la question directement, ne tenant guère à le forcer à parler de sujets douloureux s'il ne le souhaitait pas. Même si le prénom d'Aspen était prêt à passer la barrière de ses lèvres, sous les assauts de sa propre culpabilité à l'égard de la rouquine. Sallie l'avait de nouveau laissée de côté elle aussi, et cela lui crevait le coeur. Elle continuait à répondre à ses sms et l'appelait de temps à autre, mais se dérobait dès lors qu'une sortie se dessinait à l'horizon. Mais avait-elle réellement d'autres choix ? La culpabilité la rongeait doucement, elle retournait le problème encore et encore dans sa tête, mais il restait le même. Il n'y avait aucune solution. Aucune, sauf celle qu'avait suggéré Lorcan, quelques mois auparavant.  Mais en détaillant ses traits, la brunette commençait à douter de la pertinence de cette idée. Plus très certaine désormais que le brun accepterait de laisser son esprit entre ses mains alors qu'il venait de se réveiller et qu'il ne s'était clairement pas attendu à sa venue. « Pour l'entraînement, si tu es trop fatigué... On n'est pas obligé de le faire. » Tentant d'avoir l'air le plus détaché possible, malgré le stress qui perçait dans sa voix, Salomé haussa légèrement les épaules. « Ne te sens obligé de rien. C'est déjà sympa de me recevoir. » Sympa, et presque vital, si l'on tenait compte de la fureur dans laquelle elle devait plonger l'aîné des Callahans en cet instant précis. A nouveau, la brune crispa légèrement ses phalanges sur le tissu de sa robe, sentant ses muscles se tendre. Bientôt, il n'y aurait plus d'issue. D'ici quelques semaines, Lorcan et elle se retrouveraient plongés dans une salle de réception emplie à craquer de hunters. Et ils n'auraient pas le droit à l'erreur. Alors, malgré tout ce qu'elle pouvait en dire par politesse, la brune espérait tout de même secrètement que son offre tiendrait toujours.

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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeSam 7 Mar 2015 - 19:26


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"salomé & lorcan"

« Tu l'as dit. » Dans ces quelques petits mots, Lorcan pouvait entendre tout le désespoir de Salomé face à leur situation, et il faisait très bien écho au sien. Pendant quelques toutes petites semaines ils s’étaient crus délivrés, et après les premiers jours d’hésitation où ils n’avaient pas compris ce qui se passait, ils avaient profité de leur liberté au maximum. Un peu trop, sans doute. Après avoir goûté à cette délivrance, ils ne supportaient plus les barreaux de leur cage … Lorcan avait l’impression que c’était pire encore qu’avant, que ses pouvoirs lui échappaient constamment, qu’il allait se trahir d’un instant à l’autre … En réalité il n’y avait sans doute rien de différent par rapport à juillet et à tous les mois précédents, mais le contraste avec le court instant où il n’avait pas eu ses pouvoirs était tellement grand que la chute n’en paraissait que plus dure. A en juger par les traits tirés de Salomé et l’amertume dans sa voix, elle partageait complètement cette sensation. Mais après lui avoir prêté un peu plus d’attention, Lorcan remarqua autre chose. Elle semblait nerveuse, comme si elle s’attendait à ce que le ciel lui tombe sur la tête d’un instant à l’autre. Il n’y avait pas que la fatigue et le désespoir qui l’accablait, mais autre chose. A côté d’elle il avait presque l’air serein, ce qui était un sacré tour de force ! « Si je suis venue... aussi rapidement, je veux dire... C'est pas simplement pour m'entraîner. » Lorcan fronça les sourcils et accorda toute son attention à la jeune femme, complètement réveillé cette fois. « J'ai comme qui dirait un  petit problème. Je pensais pouvoir le gérer, mais ces derniers temps commencent à me prouver le contraire. » Toutes sortes d’idées toutes plus dramatiques les unes que les autres défilèrent dans l’esprit de Lorcan, qui sentit la peur commencer à s’insinuer en lui. Salomé n’était pas du genre à demander de l’aide, ni même à s’épancher facilement sur ses ennuis. Si elle lui en parlait aussi directement, c’était forcement que la situation était plus grave qu’elle ne le laissait sous-entendre. « Matthias. Il me traque. A la sortie du boulot, chez moi, il est toujours là. Et je suis pratiquement sûre qu'il s'apprête à débarquer chez moi au moment où je te parle. S'il n'y est pas déjà. » Au seul prénom de son frère, Lorcan avait compris, et il se raidit dans le canapé. C’était mauvais, très mauvais. Matthias, avec son comportement dur et son manque de compassion, avait toujours un peu fiché la trouille à Lorcan d’aussi loin qu’il se souvienne, et encore plus maintenant qu’il était passé du côté des cibles à abattre par le hunter sans pitié. Pour Salomé c’était sans doute pire vu qu’elle le croisait régulièrement …  « Alors, ça doit sembler un peu lâche, mais en fait je suis ici en tant que réfugiée. » Et voilà qu’elle lâchait un petit rire, comme si l’idée qu’elle soit une réfugiée était la blague du siècle. Sans doute qu’elle souhaitait uniquement détendre un peu la situation, et Lorcan réalisa qu’il devait avoir l’air un peu trop tendu, il entra donc dans son jeu et eut un sourire en coin un peu maladroit. « Lâche ? Ca me semble plutôt raisonnable, si tu veux mon avis. Ne te soucie pas de lâcheté avec moi. Entre nous on appellera ça nos techniques de survie de base, okay ? » Il avait dit ces derniers mots en souriant, avec une volonté claire de faire de l’autodérision, mais ça n’en restait pas moins la vérité. Il se leva, incapable de rester immobile plus longtemps, et en profita pour récupérer la cafetière avec deux tasses propres. Il les déposa sur la table basse devant Salomé, avec une boîte de sucres et des petites cuillères, ne se souvenant pas ce qu’elle prenait avec son café. Il resta silencieux en versant le liquide noir, ce qui lui donna le temps d’appréhender la situation dans sa globalité … Et ce n’était pas brillant. « Tu as bien fait de venir. Tu penses qu’il est au courant, ou est-ce qu’il a juste des soupçons ? » Pas qu’il puisse y faire quoi que ce soit de toute façon, mais il avait besoin d’éclaircir un peu la situation, sans doute dans l’espoir qu’elle soit moins sombre après ça. « Ton frère est un psychopathe. » Lâcha-t-il d’un ton amer. « Mais s’il savait que tu es vraiment une mutante, tu ne crois pas qu’il aurait déjà agi plus … heu, radicalement ? » C’était sans doute très maladroit de sous-entendre que Matthias était capable de tuer froidement sa propre sœur, mais il ne fallait pas se voiler la face, c’était sans doute le cas. Lorcan ne pouvait que compatir et imaginer à quel point cela devait être terrible pour Salomé, mais il n’était pas loin de ressentir le même doute. Est-ce qu’Aspen serait capable de le tuer ? Il priait pour qu’elle ne le puisse pas, mais il ne pourrait pas le jurer. Et Calista … Il avait peut-être un peu plus d’espoir avec elle, bien qu’à nouveau, il ne puisse pas miser sa vie là-dessus. « Tu peux revenir quand tu veux, aux dernières nouvelles il n’a pas encore la clé de mon appart et il ne devrait pas venir fouiller ici en premier. » Il n’avait pas du tout envie de voir Matthias débarquer ici, mais ça ne devrait pas arriver avant quelques temps. Cela ne rendait que plus important l’entraînement télépathique de Salomé, malgré toute la répulsion que cela pouvait provoquer chez Lorcan. Il ne pouvait plus faire marche arrière.

« C'est peut être ça, le pire. D'avoir pu renouer des liens, et de devoir régresser désormais. Comme si s'éloigner d'eux n'était pas déjà suffisamment louche la première fois. » Lorcan ne parvint pas à soutenir le regard de Salomé, et il détourna les yeux, le visage d’Aspen revenant le hanter de plein fouet. C’était définitivement le pire. « Ouais. » Répondit-il simplement, la gorge nouée. Il avait l’impression d’avoir passé les meilleures semaines de sa vie, quand il avait perdu ses pouvoirs. Il avait profité d’Aspen et ils étaient redevenus aussi proches qu’avant, il n’avait plus eu à se soucier de lui cacher quoi que ce soit. Maintenant il recommençait à filtrer ses appels et à refuser à chaque fois qu’elle proposait de le voir. Il se racla la gorge, mal à l'aise. « Aspen finira par me tuer avant même de savoir que je suis un dégénéré si je continue à l’éviter comme ça. Ce sera plus simple, finalement. » Il ne savait pas lui-même s’il plaisantait, il n’avait même pas réussi à forcer un sourire sur ses lèvres. Il détestait plus que jamais cette situation, et il savait que Salomé le comprenait parfaitement. « Pour l'entraînement, si tu es trop fatigué... On n'est pas obligé de le faire. » Lorcan redressa la tête et regarda Salomé avec surprise. Il se demanda un instant, avec une pointe de culpabilité, s’il avait dit quelque chose laissant sous-entendre qu’il ne voulait pas s’y mettre. Parce qu’il ne voulait pas, c’était certain, mais il avait quand même essayé de ne pas trop le montrer. « Ne te sens obligé de rien. C'est déjà sympa de me recevoir. » Lorcan secoua la tête, il ne voulait pas laisser Salomé penser de cette façon. Il n’avait pas proposé son aide dans le vent, sans avoir l’intention de réellement le faire. Il savait qu’elle avait du y penser, avoir l’espoir que ça puisse améliorer son contrôle, alors il n’avait pas le droit de reculer. « Et je vais te laisser te débrouiller seule avec Matthias ? Tu rigoles. Il fallait qu’on le fasse, et ça devient assez urgent là. » Il fallait qu’elle se contrôle très rapidement, il se doutait que si elle croisait son frère, la panique risquait de lui faire perdre le peu de maîtrise qu’elle avait sur sa télépathie. Ce serait dramatique si cela arrivait. « On n’a pas trop le choix de toute façon, soit on se contrôle, soit … Soit on fait tomber mamie dans les escaliers pour toucher l’héritage et pouvoir se payer le NH24 ad vitam aeternam. » Ajouta-t-il avec un rictus amer. C’était un sujet qu’il voulait aborder avec elle depuis qu’il avait entendu la nouvelle. Un remède miracle pour se débarrasser de la mutation, c’était tentant, certes … Il était curieux de savoir ce que Salomé en penserait. Lui voulait vraiment l’essayer, quelles que soient les réticences que son côté scientifique puisse lui opposer. Mais pour l’instant, il ne pouvait tout simplement pas se le payer. « Je suppose que tu ne l’as pas acheté, sinon tu ne serais pas venue me voir ? »
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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeVen 20 Mar 2015 - 22:46


with the beast inside, there’s nowhere we can hide.
" Lorcan & Salomé "
Nul besoin de davantage de paroles, la simple évocation de Matthias semblait rendre Lorcan suffisamment réceptif à son angoisse. L'aîné des Callahans avait à de nombreuses occasions pu faire trembler les jumeaux Wolstenholmes, après tout, il suffisait de le regarder quelques secondes pour frémir sous la pression de ses iris implacables. La manière dont Lorcan s'était raidi sur le canapé ne signifiait que trop bien à Salomé son ressenti quant à son frère, et elle se contenta de poursuivre ses paroles en finissant par en rire légèrement. Pourtant, sa gorge demeurait toujours aussi serrée à l'idée de se voir poursuivie par ce demi-frère auquel elle avait appris à s'attacher au fil des années. Et si la peur commençait à prendre le dessus sur toute autre émotion depuis quelques temps, depuis que Matthias semblait décider à ne plus y aller par quatre chemin pour obtenir une véritable confrontation avec elle, il s'était avant tout agi d'une profonde amertume. L'idée d'entrer dans la catégorie des monstruosités aux yeux de son aîné, là où elle savait avoir gagné son respect et son attachement, voilà qui l'avait secouée.  Tentant lamentablement de chasser ces pensées parasites qui lui nouaient l'estomac, la brune se concentra sur les paroles de Lorcan. « Lâche ? Ca me semble plutôt raisonnable, si tu veux mon avis. Ne te soucie pas de lâcheté avec moi. Entre nous on appellera ça nos techniques de survie de base, okay ? » A son sourire, celui de la télépathe ne put que s'animer à nouveau sur ses lèvres, lui répondant en miroir. Faisant mine d'exécuter un salut militaire en guise d'approbation à ses derniers mots, elle lui répondit simplement. « Bien, mon commandant. »  Ses yeux suivirent Lorcan lorsqu'il amena les tasses près d'eux, et la jeune femme attendit qu'il remplisse la sienne de café pour y laisser tomber un morceau de sucre. Le fixant un instant disparaître sous la surface d'un noir d'encre, elle acheva de le dissoudre en l'écrasant à l'aide de sa petite cuillère.  C'était fou comme la contemplation des choses simples pouvait devenir intéressante, lorsque la réalité se révélait si violente.

«  Tu as bien fait de venir. Tu penses qu’il est au courant, ou est-ce qu’il a juste des soupçons ? » Rapidement tirée de sa fixation, ses prunelles retrouvèrent le regard de Lorcan en l'espace d'une seconde. Bouche bée, comme si une fois prononcées par son ami ces interrogations devenaient bien trop concrète, un éclat terrorisé passa dans ses iris avant de rapidement disparaître. « Je... je sais pas. » Et la voilà qui soudainement perdait tous ses moyens. Préférant se détourner pour avaler une gorgée de café qui lui brûla la langue et l'oesophage au passage, la brune esquissa une grimace avant de vivement reposer la tasse fumante sur la table. « Ton frère est un psychopathe. » Cette idée là, Sallie l'avait repoussée à maintes reprises, préférant lire dans ses méthodes glaciales et parfois malsaines une simple manière de gérer le devoir duquel leur père l'avait investi très tôt. Ou peut être, quelques séquelles ayant suivi la mort de sa propre mère, lorsqu'il était jeune. Oh, la brune s'était bien gardée d'aborder ce sujet en sa présence, et c'était un tabou qui n'avait jamais été révélé à haute voix au coeur du manoir familial. Mais en grandissant, tout avait pris son sens. La mère de Matthias avait été tuée par un mutant. Il avait été plus simple pour Salomé d'imaginer qu'il s'agissait de l'unique raison justifiant le caractère clairement flippant de son frère. Son jumeau en revanche avait toujours été d'un autre avis. Les mots de Lorcan faisaient écho au souvenir de ceux prononcés par Noeh, des années plus tôt, se répétant au fil du temps. « C'est ce qu'a toujours pensé Noeh. Il disait que la chasse aux mutants n'étaient qu'un prétexte pour tuer, pour Matthias. » Un nouveau frisson hérissa ses bras tandis que Salomé déglutissait avec difficulté. L'idée de se voir traquée par son propre frère n'avait rien de réjouissant. « Mais s’il savait que tu es vraiment une mutante, tu ne crois pas qu’il aurait déjà agi plus … heu, radicalement ? » Se redressant légèrement, glissant une mèche derrière son oreille, Salomé reporta ses yeux sur lui, de nouveau prise de court. Prenant une inspiration, avant de lui répondre. « Il ne le sait pas... pour le moment. S'il y a bien une chose dont je suis certaine, c'est celle là. » Chaque muscle de son corps se crispait davanatge à chaque seconde qui s'écoulait. « Je crois que je lui ai fait peur, quand j'ai tué ce mutant. J'ai vu la tête qu'il a fait, il a du penser que j'étais devenue cinglée. » Chaque mot lui écorchait la langue, et pourtant, c'était là l'explication la plus plausible au comportement qu'avait pu avoir Matthias les premières semaines qui avaient suivi la mort d'Adriel. Elle avait pu sentir son incertitude, lors de leurs retrouvailles forcées, cette manière de tâter le terrain sans réellement savoir ce qui pouvait arriver à sa cadette. « Je suis sûrement la seule chose qu'il ne comprend pas, et ça le met hors de lui. Il se doute qu'il se passe quelque chose. Mais il ne sait pas quoi. Sinon, j'sais vraiment pas... J'sais vraiment pas ce qu'il fera s'il l'apprend. » Ses mains s'étaient crispées sur ses genoux, et Salomé se tut subitement sur ces derniers mots. « Tu peux revenir quand tu veux, aux dernières nouvelles il n’a pas encore la clé de mon appart et il ne devrait pas venir fouiller ici en premier. »   Hochant la tête, la brune tenta d'esquisser un sourire reconnaissant. « Merci Lorcan. J'espère quand même ne pas avoir besoin de revenir, enfin, pas pour cette raison là. » Rattrapant sa phrase de quelques derniers mots, tentant de préciser maladroitement qu'elle ne venait pas seulement lui rendre visite sous la contrainte, malgré les apparences.

Lorcan détourna les yeux aux paroles qui suivirent, Salomé se mordant l'intérieur de la joue en reportant la tasse de café à ses lèvres, prenant son temps pour en boire quelques gorgées tout en laissant son ami se ressaisir.  Le problème se révélait encore totalement différent du sien. S'il était absolument hors de question d'envisager que Matthias apprenne un jour son statut de mutante, elle parvenait à l'éviter sans en souffrir outre mesure. Mais s'il s'était agit de Noeh... Ainsi Salomé osait à peine imaginer quelle situation insupportable cela devait être pour Lorcan, lui dont la jumelle demeurait fermement convaincue par les idéaux de leurs parents. « Aspen finira par me tuer avant même de savoir que je suis un dégénéré si je continue à l’éviter comme ça. Ce sera plus simple, finalement. » L'image d'Aspen en petit tyran attisa un léger sourire sur le visage de la brune. « C'est vrai qu'elle peut être terrible , ta soeur. Elle me manque aussi... » Les mots s'étaient échappés, désormais que Lorcan avait évoqué la rouquine. Salomé ressentait toute l'injustice de cette épreuve. Vivre seul, ou prendre le risque de mourir de la main de leurs proches, en restant à leurs côtés ? Ce dilemme lui donnait envie de hurler, et de tout casser sur son passage. Se contentant de serrer ses mâchoires tout en finissant par reposer sa tasse vide sur la table basse, elle garda un instant le regard perdu dans le vague en sentant son coeur tambouriner dans sa poitrine. Et puis, elle avait relancé le sujet de l'entraînement. L'air surpris de Lorcan dans l'angle de son champ de vision la conduisit instinctivement à se tourner à nouveau vers lui. « Et je vais te laisser te débrouiller seule avec Matthias ? Tu rigoles. Il fallait qu’on le fasse, et ça devient assez urgent là. » Sentant le soulagement s'insinuer le long de ses nerfs, la réponse de Lorcan l'apaisa légèrement. « On n’a pas trop le choix de toute façon, soit on se contrôle, soit … Soit on fait tomber mamie dans les escaliers pour toucher l’héritage et pouvoir se payer le NH24 ad vitam aeternam. » Le NH24. Le sérum miracle, le médicament salvateur, voilà un sujet qui n'avait pas manqué de l'y faire réfléchir. Si sa première idée eut été de se jeter sur la première pharmacie venue sans se poser plus de questions, la fameux sérum avait un coût, et quel coût ! Pour elle qui peinait déjà à joindre les deux bouts pour continuer à vivre dans son propre appartement indépendamment de la petite fortune familiale, le NH24 avait fini par davantage ressembler à un doux rêve qu'à un espoir concret. S'ils avaient pu l'annoncer plus tôt, la brune aurait put garder le gracieux chèque paternel à l'ordre de l'université pour financer ce traitement, feignant d'avoir repris les cours en ne mettant plus un pied à la fac. Mais il était trop tard, à son grand regret, pour détourner les fonds familiaux à cette fin là. « Je suppose que tu ne l’as pas acheté, sinon tu ne serais pas venue me voir ? » La déduction du brun la fit doucement sourire. « Effectivement, Sherlock, je ne l'ai pas utilisé. C'est pourtant pas faute d'en avoir eu envie. » L'idée de braquer une banque en compagnie de Lorcan lui effleura vaguement l'esprit, en cherchant rapidement un moyen de trouver des fonds nécessaires. Ce n'était pourtant pas faute d'y avoir déjà réfléchi encore et encore. La conclusion demeurait toujours la même. Tant que le prix ne bougerait pas, ils seraient dans la merde. « Ils pourraient quand même nous faire un prix. Franchement, tu crois qu'il y a beaucoup de mutants dans cette ville qui en ont plus besoin que nous ? » Son ton était ironique, assez désespéré dans le fond. C'était peut être égoïste, mais la perspective de se voir tuée par sa propre famille lui était insupportable. « Ce serait quand même la meilleure solution, ce sérum. Tu crois que si on commence à jouer au loto maintenant, on a une chance de gagner le jackpot et de se le payer avant que Matthias et Aspen n'aient compris ? » Décidément, toutes ces perspectives devenaient de plus en plus glauques, et malgré son sourire, la brune peinait à ne pas sentir ses nerfs lâcher un par un.

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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeSam 4 Avr 2015 - 23:44


all those shadows almost killed your light
"salomé & lorcan"
La situation n’était pas totalement désespérée, pas encore … Mais presque, quand même. Si Lorcan avait essayé d’être plutôt optimiste avec Salomé dès le moment où elle lui avait appris qu’elle était dans la même galère que lui, il avait bien du mal à voir, en réalité, un côté positif à leur situation. Et encore moins maintenant qu’elle lui parlait de son frère, ce cher Matthias. Il n’avait pas beaucoup à se forcer pour l’imaginer pointer une arme sur lui et faire feu, il l’avait toujours vu comme un hunter qui ne reculait devant rien pour arriver à ses fins, et ce n’était pas une vague relation comme ils pouvaient avoir ensemble qui l’empêcherait de lui tirer dessus s’il savait qu’il était un mutant. Mais Salomé ? Elle était sa sœur, malgré tout. Pourtant même ça ne parvenait pas à rassurer Lorcan, qui était prêt à mettre sa main au feu que Matthias serait encore plus vindicatif qu’Aspen sur ce sujet. Une tare dans la famille ? Il fallait l’effacer tout de suite dans le sang pour l’oublier plus rapidement … Lorcan pouvait comprendre la panique qui se lisait dans les yeux de Salomé, mais il ne savait absolument pas quoi faire pour la rassurer. « Je... je sais pas. » Il s’en voulut d’avoir posé la question, car cela semblait avoir augmenté d’encore un cran la terreur de son amie, et sa réponse balbutiante fut loin de ce qu’il était habitué à avoir avec elle. Elle n’était pas de ceux qui perdaient pied facilement, et pourtant, la voilà qui était complètement perdue. Et il restait à la regarder, gauche et maladroit, sans savoir quoi dire ou quoi faire. Quand il lâcha sa petite étude personnelle du cas Matthias, il ne sut pas comment elle allait réagir. Même s’il le pensait sincèrement, s’entendre dire que son propre frère était un psychopathe … Ce n’était jamais très agréable. « C'est ce qu'a toujours pensé Noeh. Il disait que la chasse aux mutants n'était qu'un prétexte pour tuer, pour Matthias. » Ah, Noeh avait toujours été le plus clairvoyant de leur petit quatuor, sur ce genre de sujets. A pointer du doigt le comportement des hunters quand les trois autres refusaient de voir la réalité … Même Lorcan avait eu du mal à s’écarter de certains préceptes alors qu’il était bien moins endoctriné qu’Aspen ou Salomé. Noeh avait toujours eu beaucoup plus de recul que lui, plus de jugeote également, sans doute. « N’est-ce pas le cas de beaucoup de hunters ? Quand on se retrouve de l’autre côté, on peut facilement penser qu’ils ne tuent que pour le plaisir de tuer. Parce qu’on est des humains quand même, merde. » Des humains … Il fallait le dire vite. Quand il voyait ce qu’il pouvait faire, quand il imaginait ce qu’il pouvait faire, il comprenait que les hunters puissent avoir envie de lui coller une balle entre les deux yeux. Il se dégoûtait, il se faisait peur, mais dans ses bons jours il se souvenait qu’il était humain, encore. Et Salomé l’était aussi. Pas des bêtes bonnes à chasser. « Noeh n’a sans doute pas tord. Pour beaucoup de choses il n’avait pas tord, d’ailleurs. » Il eut un vague sourire. Ils ne l’avaient pas beaucoup écouté, à cette époque. Et maintenant … Lorcan aurait adoré discuter de tout ça avec lui, mais avec ce qui lui était arrivé, c’était hors de question. Il se voyait mal lui avouer qu’il était mutant, l’égal de celui qui l’avait poussé à se jeter de la fenêtre. « Il ne le sait pas... pour le moment. S'il y a bien une chose dont je suis certaine, c'est celle là. » Lorcan hocha la tête : c’était déjà une bonne chose. « Je crois que je lui ai fait peur, quand j'ai tué ce mutant. J'ai vu la tête qu'il a fait, il a du penser que j'étais devenue cinglée. » Lorcan se mordit la langue pour ne pas dire à haute voix qu’au contraire, Matthias aurait du être ravi de voir sa petite sœur se changer en tueuse comme lui, une réflexion qui aurait été très, très mal placée. Mais qui n’en restait pas moins vraie … Ca aurait du faire plaisir à l’aîné, de voir que la cadette le rejoignait. Mais peut-être pas dans ces conditions, de cette façon. « Je suis sûrement la seule chose qu'il ne comprend pas, et ça le met hors de lui. Il se doute qu'il se passe quelque chose. Mais il ne sait pas quoi. Sinon, j'sais vraiment pas... J'sais vraiment pas ce qu'il fera s'il l'apprend. » Tout comme Lorcan ne savait pas ce que ses sœurs ou son père feraient en l’apprenant, mais se poser la question ne servait à rien … Rien qu’à causer le genre de cauchemar qu’il avait eu juste avant qu’elle n’arrive. « On va faire en sorte qu’il ne l’apprenne pas, alors. » En s’entraînant à la télépathie, ce serait une bonne chose pour commencer, en espérant qu’il y ait rapidement de bons résultats. Et au pire, elle viendrait chez lui se réfugier quand elle voudrait échapper à son frère …   « Merci Lorcan. J'espère quand même ne pas avoir besoin de revenir, enfin, pas pour cette raison là. » Il esquissa un sourire en l’entendant rajouter cette dernière précision, comme si elle ne voulait pas le froisser, mais il était bien loin de s’arrêter sur ce genre de détail. « Ouais, tu peux aussi revenir juste pour me voir, j’apprécierais. » Lança-t-il, narquois.

Mais son sourire s’effaça bien vite quand elle parla d’Aspen, et il regarda ses mains, désemparé. Sa sœur lui manquait plus que jamais, que n’aurait-il pas donné pour pouvoir passer du temps avec elle comme avant ! Il évitait de penser à elle autant que possible, pour ne pas imaginer la tête qu’elle devait faire à chaque fois qu’il déclinait ses invitations ou qu’il inventait des excuses pour s’en aller rapidement quand ils se voyaient. « C'est vrai qu'elle peut être terrible, ta sœur. Elle me manque aussi... » Terrible, c’était moins grave que le psychopathe qu’il avait lancé pour Matthias, n’est-ce pas ? Aspen n’était pas encore une psychopathe, pas encore. Et elle était encore sa sœur, sa moitié, qui lui était arrachée parce qu’il ne voulait pas savoir, lui non plus, ce que ça ferait quand elle apprendrait la vérité. Il secoua la tête comme pour chasser ces pensées loin de lui, et se força à sourire. « Quand on se contrôlera mieux, toi et moi, on se refera un truc tous les quatre … Comme avant. Il va falloir se dépêcher parce que je commence à devenir dingue, à force d’éviter tout le monde. » Et voilà, optimisme, toujours de l’optimisme ! Même si c’était visiblement forcé et qu’il n’y croyait pas vraiment. Mais il n’avait plus que ça à croire de toute façon, n’est-ce pas ? Il y avait bien la solution NH24 également, comme il l’évoqua ensuite, mais c’était hors de leur portée, pour l’instant. Le prix exorbitant de ce remède miracle le faisait fulminer à chaque fois qu’il passait devant une pharmacie, et qu’il fantasmait sur le jour où il pourrait entrer pour s’acheter une dose. Et ça devait être la même chose pour Salomé. « Effectivement, Sherlock, je ne l'ai pas utilisé. C'est pourtant pas faute d'en avoir eu envie. » Tu m’étonnes. S’il était télépathe il aurait sans doute déjà braqué une banque pour faire stopper les voix dans sa tête. Ou il serait allé piquer dans le porte-monnaie de son père, de ses sœurs, peu importe, il aurait fait n’importe quoi pour se payer une dose. Il n’en était plus si loin à présent, d’ailleurs, même sans parler d’être télépathe. Ca lui semblait si tentant … Comme un vrai drogué, il commençait à envisager pas mal de solutions qui étaient loin de son comportement habituel, mais il ne les rejetait plus avec tant de vigueur qu’avant. « Ils pourraient quand même nous faire un prix. Franchement, tu crois qu'il y a beaucoup de mutants dans cette ville qui en ont plus besoin que nous ? » Un rire ironique s’échappa des lèvres de Lorcan. « Non, je ne crois pas. Les femmes et les enfants de hunters d’abord ! » Satanées industries pharmaceutiques qui voyaient leur profit avant la survie de leurs clients … « Ce serait quand même la meilleure solution, ce sérum. Tu crois que si on commence à jouer au loto maintenant, on a une chance de gagner le jackpot et de se le payer avant que Matthias et Aspen n'aient compris ? » Lorcan poussa un gémissement plein d’envie à cette perspective. « Ca reste notre meilleure chance actuellement … J’achète un ticket demain matin. Et ensuite on sera libres ! Si on gagne. » Il avait levé les mains au ciel en signe de liberté, qu’il avait vite laissé retomber en précisant qu’il leur faudrait gagner pour obtenir cette liberté … Il poussa un soupir à fendre l’âme, puis attrapa sa tasse de café et la but d’un trait. Il n’avait pas l’intention de discuter de la façon dont ils pouvaient se trouver illégalement de l’argent, alors … Il n’y avait plus qu’une chose à faire. « Allez, on n’a pas encore gagné au loto, la solution miracle ne sera pas pour demain, autant se mettre au boulot. T’es prête à rentrer dans ma tête ? » Il se leva d’un bond, comme s’il débordait soudain d’entrain à la perspective de cette petite séance de télépathie, et se frotta les mains avec enthousiasme. Il tourna sur lui-même comme s’il cherchait quelque chose, puis s’arrêta en face de Salomé et se passa la main dans les cheveux. « Je n’ai aucune idée de la façon dont on peut procéder. » Avoua-t-il, un peu piteux. « J’ai essayé d’y réfléchir mais j’ai pas trop d’expérience avec la télépathie … Je pense à un truc et tu essayes de savoir ce que c’est ? Je jouais à ça avec Aspen dans les longs voyages en voiture quand on était gosses … C’était nul, comme jeu, elle devinait tout le temps. » Il s’arrêta de parler en réalisant que tous ces détails ne servaient à rien d’autre qu’à dévoiler sa nervosité, et il inspira un coup en essayant de se calmer. Il n’avait pas envie qu’elle vienne dans sa tête, pas du tout. Et si elle ne s’en était pas encore rendu compte, elle allait le savoir très vite en utilisant ses pouvoirs, ce qui rendrait les choses pires encore. « Quand tu veux. » Lâcha-t-il plus sobrement en essayant de faire le vide dans sa tête … Ce qui, pour Lorcan Wolstenholme, était une tâche impossible.
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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeJeu 9 Juil 2015 - 19:20


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" Lorcan & Salomé "
« N’est-ce pas le cas de beaucoup de hunters ? Quand on se retrouve de l’autre côté, on peut facilement penser qu’ils ne tuent que pour le plaisir de tuer. Parce qu’on est des humains quand même, merde. » Une ombre traversa le regard de la brune. Des humains. Elle peinait à se souvenir qu'elle l'avait été, qu'elle avait cru l'être. Seule l'image d'une créature contre-nature semblait désormais la représenter. La haine qu'elle ressentait envers elle même était parfois moins forte que son instinct de survie, c'était tout. Peut être était-elle lâche de ne pas oser y mettre fin elle-même. D'autres avaient eu plus de courage. Son regard songeur se détourna pudiquement de celui de Lorcan, comme s'il avait pu en cet instant y lire qu'elle pensait  à sa mère. Et elle se félicita une seconde d'être la télépathe et non lui, sans quoi sans doute aurait-ce jeté un certain malaise.  « Noeh n’a sans doute pas tord. Pour beaucoup de choses il n’avait pas tord, d’ailleurs. » Un bref hochement de tête. Parce qu'il était difficile d'évoquer le passé, désormais que l'image de son frère boiteux lui venait en tête dès lors que l'on prononçait son nom. « J'espère qu'il continuera à nous faire part de ses réflexions.    C'était chiant des fois, mais il avait raison. J'espère qu'il redeviendra comme.. » Avant. Comme avant. Un bref raclement de gorge pour rapidement changer de sujet, chassant de son esprit les regards noirs que lui servait son frère dès qu'elle passait le pas de la porte.  Les paroles qui suivirent ranimèrent un soupçon d'espoir chez la télépathe, qui acquiesça d'un hochement de tête aux paroles de Lorcan. Que Matthias ne l'apprenne pas serait un grand pas vers la survie. La brune servit un léger coup de coude dans les côtes de son ami tandis qu'il profitait de sa maladresse pour jouer les offusqués. « Tu fais du bon café, ça devrait aider à ce que je revienne. » Et à elle d'afficher ce même sourire narquois en un miroir parfait. Avant que l'évocation d'Aspen ne fassent décliner leurs mines légères en une fraction de seconde. « Quand on se contrôlera mieux, toi et moi, on se refera un truc tous les quatre … Comme avant. Il va falloir se dépêcher parce que je commence à devenir dingue, à force d’éviter tout le monde. »  Une soirée tous les quatre avoisinait la notion de bonheur ultime chez la brune, qui ne se souvenait pas avoir jamais passé de meilleurs moments qu'en leur compagnie. La perspective de pouvoir en organiser une d'ici quelques temps la réjouissait un peu trop vite, sans doute. « Quand on se contrôlera, oui.. » Elle s'était contentée de répéter, tâchant de ne pas paraître trop défaitiste. Après tout, Lorcan lui permettait tout de même d'utiliser son esprit pour s'entraîner. Sans doute aurait-elle pu lui témoigner davantage de reconnaissance, si elle n'avait pas tant appréhendé l'épreuve.

« Non, je ne crois pas. Les femmes et les enfants de hunters d’abord ! » Restant l'espace d'un instant bouche bée, Salomé finit par éclater de rire aux paroles de Lorcan. Et cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas ri - spontanément, et non pour faire plaisir à son père et ses blagues périmées. Se replongeant dans sa tasse de café qu'elle termina avant de la reposer, tout en évoquant le loto, comme si cela était réellement une solution envisageable. « Ca reste notre meilleure chance actuellement … J’achète un ticket demain matin. Et ensuite on sera libres ! Si on gagne. » La télépathe ne put se retenir d'étouffer un nouveau rire à ces paroles, même si la situation semblait dérisoire à en pleurer. Parce que s'il était bien une chose qu'elle avait apprise depuis ces derniers mois, c'était de ne pas s’apitoyer plus que de besoin sur son sort. Sans quoi elle ne manquait pas de vider bouteilles sur bouteilles et d'éveiller les soupçons de tous ses proches. Et puis, l'image de Lorcan brandissant son ticket de loto tel le golden ticket de Charlie valait le coup de se détendre légèrement.  « Si au moins on avait pu avoir des mutations moins merdiques. Là on ne peut même pas prédire les chiffres gagnants. On s'est fait avoir sur toute la ligne. » Non pas que la tare de prémonition l'eut davantage réjouie. Si c'était pour se voir prête à mourir entre les mains de sa famille, elle s'en passait volontiers. « Allez, on n’a pas encore gagné au loto, la solution miracle ne sera pas pour demain, autant se mettre au boulot. T’es prête à rentrer dans ma tête ? » Lorcan se leva de manière si énergique que Salomé manqua de sursauter, le trouvant soudain bien trop enjoué à l'idée de la voir pénétrer dans ses pensées. Mais la brune n'eut guère le temps de s'y attarder, car déjà son ami reprenait la parole. « Je n’ai aucune idée de la façon dont on peut procéder. » Grimaçant légèrement pour montrer à quel point elle n'en avait pas plus d'idée, celle que lui exposa Lorcan ne manqua pas de lui arracher un sourire. « J’ai essayé d’y réfléchir mais j’ai pas trop d’expérience avec la télépathie … Je pense à un truc et tu essayes de savoir ce que c’est ? Je jouais à ça avec Aspen dans les longs voyages en voiture quand on était gosses … C’était nul, comme jeu, elle devinait tout le temps. » Un air pensif accroché au visage, la brune se laissa aller l'espace de quelques secondes à s'imaginer la scène, la mine déconfite de Lorcan face à une Aspen désespérément imbattable. La nervosité de Lorcan lui parvenait de plus en plus distinctement à mesure que le moment de se lancer approchait, et elle tenta de feindre l'ignorance pour ne pas rendre la situation encore plus étrange. « Je pense qu'on peut essayer, ce serait un bon début. » La brune tenta de conserver un semblant d'optimisme, incapable de lui dire à quel point cela lui semblait impossible de ne saisir de son esprit qu'une vague information. C'était toujours une immersion massive, incontrôlable. Elle voyait tout, elle entendait tout. Tout ce qu'elle ne voulait pas voir, pas savoir. « Quand tu veux. » Ils y étaient. Le stress commençant à la gagner également, elle frotta nerveusement son poignet avant de reprendre maladroitement la parole. « Je.. J'ai jamais fait ça. Volontairement, je veux dire. »  Évidemment qu'elle n'avait jamais fait ça volontairement. Elle haïssait cette partie d'elle. A bien y réfléchir - et les heures d'insomnie ne manquaient guère de lui laisser tout le temps de ruminer - elle n'avait jamais haï aucun mutant de cette manière là. La vermine s'éradiquait, une solution existait au fléau que représentaient les dégénérés pour l'humanité. Pour elle, rien à faire, mis à part se passer la corde au cou. Alors, un petit rire nerveux, une main disciplinant une mèche soigneusement rangée derrière son oreille, et quelques secondes avant d'oser observer Lorcan. S'apprêtait-elle réellement à le faire ? C'était bien une fois devant le fait accompli qu'elle semblait souhaiter faire marche arrière. Si elle l'utilisait en toute impunité, comme ça, sur son meilleur ami qui plus est, ne serait-ce pas sa plus grande faute ? Pire encore que d'être porteuse de cette malédiction, l'idée d'en faire usage en toute conscience lui donnait subitement la nausée. Alors, le temps de rassembler ses idées, trouvant mille et un détails sur lesquels focaliser son attention plutôt que de passer à l'acte, Salomé évita soigneusement de penser à ce qu'elle s'apprêtait réellement à faire. Elle était en train de contempler pour la énième fois le fond de sa tasse, comme pour s'assurer qu'il ne restait plus aucune goutte de café au fond de celle-ci, lorsqu'elle se décida à reporter son regard sur Lorcan. Un bref raclement de gorge gêné, tordant ses doigts tout en haussant vaguement les épaules. « Désolée. C'est juste que.. ça y est. Je vais le faire. J'ai juste l'impression de devenir encore un peu plus monstrueuse là, tout de suite. » Se forçant à immobiliser ses mains en les posant fermement sur ses jambes tout en réfléchissant, la brune ne tarda pas à reprendre la parole. « Et puis... il faut dire que je ne sais pas du tout comment m'y prendre pour que... ce truc se déclenche. » Comment faisaient-ils, dans les films ? Elle n'en avait que peu d'idée. Elle ne s'était jamais réellement intéressée à tous ces navets faisant l'apologie des sur-hommes, décrits comme des super-héros par les ignares alors qu'elle même savait pertinemment qu'ils n'étaient que menace et manipulation. Un soupir lui échappa avant qu'elle n'arque un sourcil à l'attention de Lorcan. « Je vais essayer deux trois trucs. Mais si tu te moques de moi, tu vas le regretter Wolstenholme. » Un sourire pointant au coin de ses lèvres face aux idées ridicules qui germaient dans son esprit, la serveuse captura la première qui lui venait avant de la mettre en pratique. Venant placer ses index sur ses tempes dans un geste de concentration ultime - typiquement acquis au cours de ces longs devoirs de mathématiques du lycée - elle ne manqua guère de jeter un dernier regard suspicieux à l'hémokinésiste avant de se décider à fermer les yeux. Peinant à refouler de son esprit l'image ridicule qu'elle devait renvoyer en cet instant précis, Salomé commença par attendre. Quelques secondes. Une vingtaine. Crispant ses mâchoires en tentant vainement de vider son cortex empli de mille-et-une interrogations. De la crainte de se voir terrassée par l'une de ces migraines qui s'intensifiait au fil des semaines. De la peur de ne plus parvenir à ressortir de la tête du mutant. Une minute s'était écoulée depuis qu'elle avait initié son processus de focalisation. Lorsqu'elle décolla subitement ses doigts de son crâne, leur empreinte imprimée en deux petites taches rouges sur sa peau, tant elle avait mis de conviction dans l'effort, quelques étoiles se mirent à scintiller derrière ses paupières. Osant ouvrir les yeux en appréhendant l'expression que pourrait avoir le brun face à ce spectacle pitoyable, Salomé réprima un nouveau souffle d'exaspération. Avant que son regard ne tombe sur les mains du jeune homme face à elle. Sans un mot supplémentaire, elle se leva à son tour du canapé pour lui faire face. « Donne moi tes mains. » Sans même attendre son approbation tant l'impatience la gagnait déjà, elle s'en saisit sans plus de cérémonie, enfermant les paumes de Lorcan entre ses doigts fins, dans une position digne d'une séance de méditation. Ou d'un instant romantique. En somme, rien de ce qui les attendait.

Rien. Absolument rien. Elle faisait tout son possible, pourtant. Pas un frémissement, pas un grésillement dans son crâne, ceux là même qui présageaient en règle générale qu'elle allait se retrouver projetée dans les pensées d'un autre. Son pied droit s'était mis à tapoter le sol nerveusement tandis que ses sourcils se fronçaient au dessus de ses paupières closes. Son sang semblait bouillonner dans ses veines, accélérant son rythme cardiaque tandis qu'elle forçait tant et si bien sur sa concentration qu'elle finissait par s'en donner mal à la tête. Sans rapport aucun semblait-il avec le déclenchement de sa mutation. Le déclic ne venait pas. Comme si, finalement, la brune se retrouverait contrainte à voir sa mutation se déclencher sans cesse aux moments les moins opportuns. C'était à pleurer. Et dans sa tête, l'image de la fête des fondateurs. L'image de cette soirée qui arriverait trop rapidement, au cours de laquelle ils devraient faire bonne figure. Inévitablement, qu'elle n'aurait aucun effort à y faire pour entendre songer chaque personne aux alentours. Ses doigts se crispèrent sur ceux de son ami, tandis que la tension la gagnait indiciblement. Évidemment aussi, qu'il n'y aurait plus de soirées à quatre. Pas sans qu'elle ne se donne envie de gerber, à entrer dans le cerveau de ses plus proches amis. Et de Noeh. Elle ne pourrait s'en empêcher. Lui dont l'esprit avait déjà tant souffert. Un dernier effort violentant les zones d'ombres de son cortex, tentant d'aller toujours plus loin dans les recoins de sa tête, dans l'espoir un peu fou de finir par trouver l'interrupteur qui mettrait en route l'ignominie de sa télépathie. « J'y arrive pas. Bien sûr que j'y arrive pas. » Elle avait prononcé les mots à mi-voix, à demi brisée par l'évidence, le fol espoir de gagner un tant soit peu de maîtrise sur cette chose lui filant entre les doigts. Ses mains quittèrent brutalement celles de Lorcan, ses bras ballants de part et d'autre de son corps, incapable d'ouvrir les yeux. Tout commençait par une migraine, en temps normal. Une migraine qui semblait déclenchée par diverses émotions. La surprise d'un verre brisé au bar, la peine de se rendre à l'hôpital pour retrouver son frère, la colère en apprenant à nouveau quelques crimes commis par des saloperies de dégénérés, ou encore la fatigue de ces nuits à ne pas fermer l'oeil suivie de l'agitation des rues le matin venu. Il y avait toujours cet instant de répit dans la douleur, ce moment de flottement au cours duquel elle se sentait enfin libérée de ces aiguilles plantées dans son cortex, et où tout semblait avoir un goût de paradis. L'instant de transition. L'instant qui la connectait. Salomé venait à peine de se remémorer cette sensation, lorsqu'un frisson dévala son échine et hérissa ses bras. C'était bien là, que se trouvait l'interrupteur. Non pas dans la méditation. Non pas dans la douleur. Mais dans ces demi-secondes là. Et cette sensation indescriptible, voilà qu'elle se la réinventait, malgré elle. Comme si, une fois évoquée, une fois le doigt posé dessus, il était impossible de reculer. Ses paupières se plissèrent alors que lentement le lien s'établissait. Et lorsqu'elle rouvrit enfin les yeux, ses pupilles dilatées à l'extrême sur ses iris olivâtres, les pensées de Lorcan lui parvinrent tel une vague incontrôlable.

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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeLun 13 Juil 2015 - 18:07


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"salomé & lorcan"
La guérison complète de Noeh, les soirées à quatre, le contrôle sur leurs pouvoirs, ou même le tirage des chiffres du loto pour se payer du NH24 … Autant de thèmes optimistes qu’ils abordaient avec une légèreté feinte alors que tous deux étaient de plus en plus atterrés par leur situation. Lorcan avait beau faire de son mieux pour voir les choses du bon côté, et pour tirer Salomé à voir de la même façon que lui, il n’avait pas plus d’espoir qu’elle de voir tout cela se réaliser dans un futur proche. Mais s’ils n’y croyaient pas un peu, à quoi tout cela pourrait-il servir ? Il allait lui ouvrir sa tête et ses pensées, il n’avait pas franchement envie que ce soit juste pour le plaisir. Elle n’en tirerait pas de plaisir à ce qu’il en savait, et il ne s’attendait pas non plus à profiter de l’instant. Et toutes ces fois où il s’était entaillé les bras pour laisser couler son sang le long de sa peau, ça n’avait pas non plus été pour passer le temps …  Ils faisaient des efforts malgré leur défaitisme, à chaque fois que le soleil se relevait ils étaient toujours en vie, et aucun des deux n’était allé frapper chez le paternel respectif en demandant une fin miséricordieuse. C’était toujours une bonne chose de prise, non ? Ils étaient vivants. Ils allaient travailler à le rester encore un moment. Et s’ils voulaient se faire miroiter de jolies perspectives d’avenir pour se motiver, ça ne leur coûtait pas grand-chose et ça pouvait peut-être finir par marcher. Un jour.

« Je pense qu'on peut essayer, ce serait un bon début. » Salomé avait l’air aussi convaincue que lui sur la façon de procéder qu’il avait proposée, mais visiblement elle n’avait pas plus d’idée que lui sur la marche à suivre, alors … Il acquiesça en silence, prêt à ranger sa tête aussi soigneusement qu’il en était capable. C’était à elle de faire tout le boulot, en réalité. Lui n’avait rien d’autre à faire que d’être là, à lui offrir ses pensées en silence jusqu’à ce qu’elle les entende, et comme il avait toujours été parfaitement incapable de faire le vide dans sa tête comme son père avait essayé de lui enseigner si souvent, il ne devrait pas être un si mauvais cobaye. « Je.. J'ai jamais fait ça. Volontairement, je veux dire. » Lorcan releva les yeux vers Salomé et vit une nouvelle fois la nervosité palpable dans laquelle elle se trouvait. Elle avait aussi peu envie que lui de faire ça. Tout en elle le criait, et il n’y avait rien de plus normal : elle avait été élevée pour détester tout ça, le fait de s’y plonger de son plein gré était une aberration. Elle aurait du rejeter sa mutation plutôt que d’essayer de la contrôler, mais quoi qu’en disent les hunters, ce n’était pas possible. Leurs pouvoirs faisaient partie d’eux et s’ils ne voulaient pas se laisser détruire par leur puissance, ils devaient essayer de les contrôler. « C’est pas grave, il faut bien un début à tout, non ? » Commença-t-il en essayant de paraître détendu. Comme si rien de tout cela n’était absolument insensé. « De toute façon, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? Dans le meilleur des cas, tu vois ce qu’il y a dans ma tête, et dans le pire, tu ne vois rien du tout. Détends-toi, ça va bien se passer. » Drôle de façon de présenter les choses, mais c’était finalement la vérité. Elle ne pouvait pas le blesser ou le tuer, juste lire ses pensées. Il s’en remettrait. Il lui fit un sourire rassurant, puis se cala plus confortablement dans le canapé, attendant qu’elle se jette à l’eau. Elle fixait sa tasse de café avec intensité et il décida de faire de même, comme si c’était une idée brillante de ne penser qu’à ça pour éviter qu’elle ne voie rien d’autre dans sa tête. Au bout d’un moment, il fut pourtant pris d’un doute : si elle regardait la tasse, et que lui aussi, est-ce qu’elle n’allait pas croire qu’elle avait échoué ? Est-ce qu’elle pouvait faire la part entre ses pensées et celles des autres ? Il valait mieux qu’il pense à quelque chose de différent, sans doute. Il décida de jeter son dévolu sur un magazine traînant sur la table basse, tachant de se souvenir de ce qu’il y avait lu. « Désolée. C'est juste que.. ça y est. Je vais le faire. J'ai juste l'impression de devenir encore un peu plus monstrueuse là, tout de suite. » Lorcan ramena son attention sur Salomé, tout surpris. Il croyait qu’elle avait déjà commencé, en fait, mais il jugea préférable de ne pas le dire à haute voix pour ne pas accentuer le malaise où elle semblait déjà plongée. « Arrête, c’est moi qui t’ai demandé de le faire, il n’y a rien de monstrueux là-dedans. Je préfère être au courant quand tu viens dans ma tête, alors c’est bon là, pas de problème. Prends ton temps. » Mais la nervosité de Salomé le gagnait peu à peu et il ne se sentait pas du tout enclin à attendre indéfiniment sans savoir si oui ou non elle était arrivée dans ses pensées. La dernière fois qu’elle avait fait ça, il n’avait rien senti, et si elle ne s’était pas trahie il n’aurait jamais su qu’elle utilisait sa télépathie sur lui. Cette fois encore, il n’avait aucun moyen de savoir quand ça marchait, et il n’aimait pas ça du tout. « Et puis... il faut dire que je ne sais pas du tout comment m'y prendre pour que... ce truc se déclenche. » C’était prévisible qu’elle ne sache pas comment faire, c’était même normal, mais cet aveu fit augmenter un peu plus l’inquiétude de Lorcan. « Je vais essayer deux trois trucs. Mais si tu te moques de moi, tu vas le regretter Wolstenholme. » Il haussa les sourcils et eut un petit rire surpris à cette menace soudaine. Même Salomé avait eut un petit sourire, et Lorcan se détendit légèrement. Elle était encore capable de plaisanter, même dans ces conditions, et il s’en trouvait soulagé. En temps normal il aurait immédiatement embrayé pour se moquer, justement, mais il garda le silence. Quoi qu’elle fasse, il ne devait pas plaisanter, ni rire ou même sourire, il fallait qu’il garde son sérieux pour qu’elle réussisse à franchir ce blocage. Ce fut pourtant difficile de ne pas réagir quand elle posa ses doigts sur ses tempes, imitant parfaitement un personnage de comics qu’il aimait lire quand il était gamin. Pendant un instant, il s’imagina Salomé aussi chauve que lui, un air docte sur le visage … Il se mordit la lèvre et tenta désespérément de faire le vide dans sa tête : si elle lisait ses pensées à cet instant, elle allait le tuer. Mais tandis qu’il fixait Salomé, il ne vit aucune modification dans son expression, si ce n’est une déception grandissante qui s’affichait sur ses traits au fil des secondes, et il en déduisit qu’elle n’y parvenait pas. Quand elle ouvrit à nouveau les yeux, il s’efforça de regarder ailleurs pour ne pas montrer que cette fois, il avait compris qu’elle avait échoué. Il ne servait à rien de l’enfoncer davantage, mais plus les secondes passaient et plus il perdait espoir. Il ne savait pas ce qu’il avait imaginé de cette séance d’entraînement, mais il avait cru qu’elle entrerait directement dans sa tête, au moins. Il n’avait pas du tout pensé qu’elle resterait bloquée devant la porte. C’était désespérant : comment allaient-ils avancer si elle n’arrivait pas à déclencher son pouvoir ?

« Donne moi tes mains. » Son ton impérieux trahissait l’agacement de Salomé, et elle lui attrapa les mains avant qu’il ne puisse faire le moindre geste. Il la laissa faire tandis qu’elle se replongeait dans sa concentration, et il dut se forcer à ne pas penser à leur échec cuisant. Il essaya de se remettre le magazine en tête, mais la chaleur des mains de Salomé le détourna rapidement de son contenu. Ses paumes étaient brûlantes contre les siennes, et son sang battait avec vigueur. Il posa ses yeux sur ses doigts, comme s’il s’attendait à voir à travers sa peau la pulsation qu’il ressentait si clairement. Il ne vit rien, bien entendu, mais ce que ses yeux ne percevaient pas, tout le reste de son être en était conscient. Et quand lui-même comprit ce qu’il était en train de faire, il faillit retirer ses mains, et il lui fallut beaucoup d’effort pour rester figé, sans s’écarter. Une vague nausée monta dans sa gorge et il détourna le regard, mais c’était déjà bien trop tard. Il se trémoussa maladroitement, cette immobilité forcée lui semblant soudain insupportable. Il avait la gorge sèche, un filet de sueur coulait le long de son dos, et ses mains le brûlaient du contact avec celles de Salomé. Il leva les yeux au plafond et tenta de son mieux de se concentrer sur une fissure du plâtre. Il ne pouvait pas laisser Salomé voir ce qu’il voyait, sentir ce qu’il sentait. Si elle s’imaginait monstrueuse, elle manquerait de qualificatifs pour le décrire, lui. Son désir de laisser exploser son pouvoir le tenaillait avec force et il ne pouvait rien faire d’autre que le contenir comme il pouvait, mais penser à autre chose ? Il n’y arrivait pas. « J'y arrive pas. Bien sûr que j'y arrive pas. » Il sursauta quand elle reprit la parole et qu’elle lui lâcha brutalement les mains. Son soulagement qu’elle le lâche fut presque immédiatement remplacé par un doute affreux : et si elle mentait ? Si elle y était arrivée mais qu’elle préférait ne pas le lui avouer, pour ne pas reconnaître qu’elle savait ce qu’il avait ressenti ? Mais elle semblait réellement dépitée par son échec plutôt que dégoûtée par sa mutation à lui, et il se détendit un peu. Il s’écarta d’elle et fit quelques pas, croisa les bras sur sa poitrine pour s’enfoncer les ongles dans la peau sans qu’elle ne les voie. Le contact rompu, son pouvoir s’estompait déjà, ne lui laissant qu’un goût métallique dans la bouche et une sensation de manque trop familière.

« Ca va venir, t’inquiète pas. » Marmonna-t-il sans la regarder, plus pour la forme que pour réellement la rassurer. Il était en réalité bien content qu’elle ne soit pas parvenue à franchir la barrière de son esprit, cette fois. Il fallait qu’il se contrôle mieux que ça s’il voulait la laisser entrer. Mais le fourmillement irrépressible de son pouvoir ne lui laissait pas une très large capacité de manœuvre. La plupart du temps, il arrivait à le contenir jusqu’à ce qu’il soit seul, mais depuis les quelques semaines où il en avait été délivré, sa hantise était qu’il se détende trop et que son pouvoir ne sorte avant qu’il ne puisse l’arrêter. Il repensa un instant à cette sensation bénie qu’avait été la délivrance, puis ses pensées dérivèrent vers la dernière fois qu’il avait du laisser échapper un peu le flot d’énergie pour réprimer la compression qui lui enserrait le crâne. C’était deux jours plus tôt, il avait passé quelques heures avec Aspen avant que la pression ne devienne insupportable, et il avait du s’éclipser en inventant une excuse à dormir debout, la plantant là sans qu’elle ne comprenne. Il s’était enfermé chez lui, rongé par la culpabilité, mais plus encore par l’envie pressante de se laisser aller à utiliser son pouvoir. La cicatrice sur son bras, là où il s’était entaillé pour laisser couler son sang, le lançait encore de temps à autre, mais au moins il n’avait plus la sensation d’être au bord de l’explosion. Et Aspen ne lui avait pas adressé la parole, depuis … L’image de son rêve s’imposa à lui, le visage de sa jumelle tordu par le dégoût, le canon froid sur son front, le sang partout, sa mère qui disparaissait sous ses mains. Il fronça les sourcils et frissonna légèrement, il allait encore mal dormir ce soir. Salomé n’avait pas ce genre de problèmes physiques avec son pouvoir, au moins, elle ne risquait pas d’éclabousser de rouge un tableau familial. Il se demanda comment elle faisait quand elle était avec ses parents, ou avec Noeh. Si elle pouvait entendre tout ce qui leur passait par la tête, les pensées secrètes, tout ce qu’elle ne voulait pas entendre. Est-ce qu’elle avait déjà appris des choses ? Est-ce qu’elle avait déjà surpris des pensées trop intimes chez ses proches ? Machinalement, Lorcan releva la tête et ses yeux croisèrent ceux de Salomé. Elle avait le regard fixe, et l’expression sur son visage ne laissa aucun doute à Lorcan : cette fois, elle avait réussi. Juste quand il laissait son esprit vagabonder en pensant qu’elle ne viendrait pas l’écouter. Paniqué, il balaya du regard la pièce autour de lui, cherchant quelque chose à quoi se raccrocher pour y fixer ses pensées. Il tomba sur une pile de DVD, prêtés par Calista depuis des semaines et qu’il n’avait pas eu le temps de regarder. Celui qui se trouvait en haut de la pile ramena en lui des souvenirs d’enfance, et il fit la première chose qui lui vint : il se mit à chanter aussi fort que possible dans sa tête. Prince Ali plus fort que lui je n'en connais pas, qui vous porte d'Abu Dhabi à bout de bras ! Il a vaincu une armée tout seul avec son épée, la terreur des ennemis c'est Prince Ali ! Autant pour la crédibilité, mais Calista ne lui avait pas encore prêté son coffret Star Wars, juste sa collection de Disney … Et c’était la seule chanson dont Lorcan se souvenait un peu.
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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeJeu 6 Aoû 2015 - 16:27


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" Lorcan & Salomé "
Les paroles rassurantes de Lorcan l'avaient légèrement - très légèrement- détendue. Cela avait grandement contribué à la réussite de Salomé dans sa quête aux pensées les plus intimes de son ami. Lorcan avait les mots qu'il fallait, des mots qu'elle voulait croire lorsqu'il lui assurait que tout allait bien se passer, ou lorsqu'il comblait son manque de confiance en elle en lui rappelant qu'il y avait un début à toute chose. Mais plus que tout, cette manière de lui dire qu'il n'y avait rien de monstrueux. Cette chose dont elle ne pouvait se convaincre elle-même, mais qui arborait une autre dimension dans la bouche de quelqu'un d'autre. Et pas n'importe qui. Dans la bouche de son ami qui n'en demeurait pas moins formé aux mêmes principes qu'elle, et qui malgré son conditionnement de jeune hunter ne l'accablait pas sous les reproches. Elle voulait le remercier, en cet instant précis. Lui dire à quel point elle avait besoin de lui, plus que jamais. Qu'il était devenu son pilier au fil des mois, et que rien ne pourrait y changer quelque chose. Des mots qu'elle espérait réciproques, parce que sans lui elle ne tiendrait pas. Sans lui, rien ne serait pareil. Mais l'heure n'était pas aux confidences, tout du moins, pas de ce goût là. Se focalisant sur la concentration qu'elle allait devoir assembler, la brune en oublia ses belles paroles et tenta de laisser tout ce qui l'entourait devenir le plus insignifiant possible.

Lorsque le lien s'instaura enfin, la mutante eut la sensation de recevoir une gifle bien sentie en pleine figure. Elle avait été si obnubilée par ses échecs qu'il avait fallu qu'elle pénètre dans l'esprit de Lorcan pour réaliser à quel point il avait changé de comportement, et quelles pensées tournoyaient dans son esprit. Quelques paroles lui parvinrent d'abord, et son corps se crispa lorsqu'elle en comprit le sujet principal. Lorcan ne lui avait jamais réellement parlé de son pouvoir, elle savait de quoi il s'agissait sans pour autant avoir réellement compris ce que cela représentait pour lui. Comment il parvenait à vivre avec, quelle difficulté il pouvait avoir à le gérer. Évidemment, la brune se doutait qu'une telle abomination ne pouvait être qu'un fardeau insupportable à porter. Dans sa tête défilaient des images vues à travers les yeux de son ami, le visage de sa soeur à l'expression déclinante tandis qu'il lui mentait sur les motifs de son départ, et puis son appartement à lui, la clé tournant dans la serrure. Ses pensées étaient si prenantes que la brune en ressentait presque ses émotions, son coeur s'animant dans le souvenir de l'urgence ressentie par le jeune homme, panique résonnant aux quatre coins du crâne de la brune. C'était fort, pratiquement insupportable. Les mots, les sons, les émotions, tout passait de lui à elle le long de ce fil invisible tissé entre leurs deux esprits, et tout s'accumulait dans la tête de la brune de manière incontrôlable. Elle laissa ses yeux se fermer tout en tentant de trier les pensées qui affluaient jusqu'à elle, ouvrant la bouche comme pour sommer Lorcan de ne pas agir lorsqu'elle le vit trancher sa propre chair. Et puis elle se rappela avec lui quel soulagement, quelle libération il avait pu ressentir dès que le sang s'était répandu en nappe grandissante sur son avant bras. Ouvrant les yeux en écho à cette pensée, ceux-ci se posèrent sans qu'elle n'y réfléchisse sur le bras de son ami, là où devait inévitablement se situer la cicatrice blanchâtre. Franchement, ça lui filait la nausée. Détournant le regard tandis qu'un nouveau lot de paroles envahissait son cortex, ses mains se refermèrent sur le canapé brusquement, alternativement attristée par l'image d'Aspen s'éloignant puis effrayée par la réminiscence d'un cauchemar qui lui martela les tempes au rythme de sa pulsation cardiaque qui ne cessait de s'accélérer. Si elle n'avait pas été si perturbée, elle se serait sans doute jetée à son cou pour le serrer dans ses bras, légèrement traumatisée par tout ce qu'elle apprenait en quelques fraction de secondes de plus en plus intenses. Son regard se releva vers lui alors qu'il se mettait à penser à elle, à quasiment l'envier de ne pas pouvoir blesser quiconque. Personne mis à part elle-même. Mais cette pensée spontanée de la brune fut rapidement balayée par Lorcan se questionnant sur l'usage involontaire qu'elle pouvait faire de sa télépathie, et elle s'imagina en même temps que lui devoir lutter contre l'abomination la forçant à entrer dans la tête de son jumeau. Avait-elle appris des choses ? Elle entendait le murmure des pensées de son père, celles-là même qui le rendaient soudain bien vulnérable dans le regard de son unique fille. Elle se rappelait la crainte dans la tête de sa mère, cette incapacité à s'imaginer Noeh dans cette chambre d'hôpital qu'elle n'avait jamais eu le cran d'affronter. Les pensées paniquées de Lorcan l'arrachèrent à ces souvenirs peu réjouissants tandis qu'elle refixait ses yeux sur lui soudainement. Perturbée par ses pensées qui se mêlaient aux siennes sans qu'elle ne sache bien qui pensait quoi tant tout se télescopait maladroitement, ses yeux suivirent la trajectoire de ceux de Lorcan, ou plutôt, son cerveau soumis à ces pensées intrusives la conduisit à se détourner en même temps que lui vers une pile de cd. Et avant qu'elle ne comprenne, il était déjà trop tard.

En guise de pur réflexe, ses paumes se plaquèrent fermement à ses oreilles. Cela servait-il à quelque chose ? Non. Continuait-elle à le faire malgré tout ? Oui. Ainsi, bien que cette pression féroce n'ait aucun impact sur la voix chantonnante de Lorcan résonnant dans sa boîte crânienne, la brune maintint la position, renforçant même son appui à s'en broyer le conduit auditif tandis qu'une note cruciale lui écorchait les neurones. Lorsqu'elle parvint enfin à ouvrir les yeux, luttant contre les paroles de Prince Ali qui faisaient également remonter quelques souvenirs dans son esprit, la brune le foudroya du regard. « Non mais tu pouvais pas en choisir une autre ? Rien que quand j'ai le malheur de l'entendre elle me reste en tête pendant trois jours. » Une grimace défigura ses traits une seconde tandis qu'un aigu grinçant lui vrillait les neurones. Lentement, tandis qu'elle luttait pour ré-freiner ses automatismes cérébraux, ce fut bientôt sa propre voix qui se joignait joyeusement à celle de Lorcan pour un duo d'atrocité en show privé dans son crâne. Écarquillant les yeux en demeurant bouche bée, la brune enchaîna instantanément. « Maintenant je vais devoir me la coltiner avec ta voix en prime ! Et je te le dis Wolstenholme, heureusement que tu cuisines mieux que tu ne chantes. » Elle n'eut guère le temps de poursuivre, une chose très étrange se produisant alors. Son esprit était tellement envahi et contrôlé par le rythme endiablé du morceau que son corps commençait à y répondre étrangement, sa tête battant légèrement la mesure tandis que les paroles lui montaient aux lèvres sans qu'elle ne parvienne à les retenir. « Il a cent trois chameaux et chamelles... Sont-ils pas mignons, Simone ? » Déplaçant rapidement ses paumes de ses oreilles à sa bouche pour empêcher tout nouveau dérapage, ses sourcils se froncèrent  tandis que le rouge lui montait aux joues. Prenant son temps avant d'ouvrir à nouveau la bouche pour parler, de peur que son cerveau ne déraille une fois encore. « Ok, on va peut être arrêter avec Prince Ali si tu veux bien. » Plaçant une main entre eux comme si cela allait empêcher les pensées de Lorcan d'affluer à son cerveau, la brune lui adressa un regard suppliant. Tout, mais plus cette chanson. Rien ne pourrait être pire que cette chanson. Quoi que. « J'ai l'impression que plus tu penses, plus j'ai du mal à dissocier tes pensées des miennes. C'est vraiment bizarre. Il faut que j'arrive à contrôler ça, car ça me parasite trop. » Et puis, si elle commençait à se laisser aller à chanter en même temps que lui, qui sait ce qu'elle allait se retrouver à faire d'ici dix minutes ? Non, vraiment, elle devait se concentrer. Reposant deux doigts sur sa tempe qu'elle massa quelques secondes, la brune releva furtivement le regard vers son ami pour lâcher quelques mots. « Et pour te répondre, oui, j'ai déjà utilisé ce truc sur mes proches. » Grimaçant en réalisant qu'elle n'avait pas précisé un détail qu'elle jugeait essentiel, elle s'empressa de compléter sa réponse. « Mais sans le vouloir. Et jamais sur Noeh. Le jour où cette merde me fera entrer dans la tête de Noeh... J'sais pas, je pense que je me casserai d'ici. J'veux pas l'écouter, surtout pas depuis que ce dégénéré l'a complètement brisé. J'me le pardonnerais jamais. » Haussant les épaules comme pour chasser ce sujet qui la mettait soudainement encore plus mal à l'aise que les pensées de Lorcan, elle sauta sur ses pieds pour parcourir les quelques pas la séparant de la cuisine. Débouchant sans scrupules la bouteille qu'elle avait amené, elle retourna s'asseoir pour s'en servir une bonne rasade directement dans sa tasse à café. Se moquant éperdument de ce que son ami pourrait en penser, elle emplit la sienne avec autant de générosité avant de reposer la bouteille un peu plus brutalement que prévu, en faisant trembler la table basse. « On peut reprendre. » S'enfilant la moitié de son verre d'une traite, elle laissa le grésillement des pensées regagner en clarté, luttant pour ne pas laisser son regard parcourir la peau de Lorcan à la recherche des autres cicatrices qu'il aurait pu se causer.

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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeDim 6 Sep 2015 - 16:57


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"salomé & lorcan"
C’était bien beau les grands discours sur le fait qu’il ne craignait rien à laisser entrer Salomé dans sa tête, mais c’était toute autre chose quand il s’agissait de voir ses paroles se réaliser pour de bon. Lorcan avait redouté ce moment depuis qu’il avait proposé à son amie de l’entraîner à la télépathie, incapable d’imaginer ce qui allait se passer, mais il s’était lancé avec une incroyable naïveté, en pensant qu’il arriverait sans doute à canaliser ses pensées vers un sujet unique et anodin. Une tasse de café, un magazine, autant de choses claires et nettes qui auraient pu combler son esprit s’il avait eu un peu plus de retenue … Mais l’être humain n’était pas habitué à rester concentrer sur une seule chose pendant un long moment, et Lorcan Wolstenholme, parmi tous les humains, n’était jamais parvenu à se soumettre à cet exercice plus de trois secondes d’affilée. Et ce qui aurait pu être un sujet intéressant à exploiter pour une télépathe un peu moqueuse, qui le connaissait depuis des années et qui n’ignorait rien de ses facultés de déconcentration, devenait soudain un problème aussi humiliant que désagréable. Parce que même si Lorcan ne savait pas depuis quand précisément elle était entrée dans sa tête, il ne doutait pas une seule seconde qu’elle en avait vu bien suffisamment pour qu’il n’ait plus envie de croiser son regard avant un siècle ou deux. Avant qu’il ne réagisse pour mettre un terme à cette débandade de pensées, il avait pu voir l’expression qu’elle arborait, et ça n’avait rien de réjouissant. Qui de l’horreur ou de la pitié avait gagné le combat sur les émotions de Salomé, il n’en savait rien, mais il ne voulait d’aucune des deux. Il fallait qu’elle sorte de sa tête … Et vite.

Aussitôt qu’il se mit à chanter dans sa tête, elle plaqua ses mains sur ses oreilles, et il sut qu’au moins cette fois, il avait atteint son but. Sans cesser de chantonner en boucle les quelques paroles qu’il connaissait, il se demanda avec un peu d’amusement comment elle comptait arrêter de l’entendre en se bouchant physiquement les oreilles. « Non mais tu pouvais pas en choisir une autre ? Rien que quand j'ai le malheur de l'entendre elle me reste en tête pendant trois jours. » Salomé avait vraiment l’air mécontente. Vraiment. Pourtant, Lorcan ne s’arrêta pas de chanter, et il sentit ses lèvres esquisser un semblant de sourire en la voyant victime du pouvoir de Prince Ali. Okay, c’était une chanson qui restait en tête pendant une éternité et elle ne devait pas connaître plus que lui les paroles, elle allait avoir deux phrases qui tourneraient en boucle dans sa tête pendant des heures … Mais c’était tellement, tellement mieux de penser à ça qu’à tout le reste, que Lorcan ne pouvait s’empêcher de trouver la situation assez drôle. Bien plus en tout cas que de l’imaginer fouiller dans ses souvenirs les plus noirs. « Maintenant je vais devoir me la coltiner avec ta voix en prime ! Et je te le dis Wolstenholme, heureusement que tu cuisines mieux que tu ne chantes. » Il haussa les sourcils, son timide sourire prenant un peu plus d’ampleur. Ne compare pas mon chant à ma cuisine, mécréante ! Prince Ali, oui c’est bien lui … « Ca doit être pour ça que ma carrière dans un boys band n’a jamais décollé. » La terreur des ennemis c’est Prince Ali … « Il a cent trois chameaux et chamelles... Sont-ils pas mignons, Simone ? » Lorcan fut sans doute aussi surpris que Salomé quand elle continua à haute voix les paroles qu’il avait commencé dans sa tête, et il la regarda avec des yeux ronds pendant une fraction de seconde, tandis qu’elle rougissait et qu’elle se plaquait les mains contre la bouche. Une fois la surprise passée, il éclata franchement de rire, un de ces rires irrépressibles qui lui secoua les côtes et qui le déchargea enfin de la tension accumulée depuis que Salomé avait lu ses pensées. Il ne savait pas pourquoi il riait, si c’était juste parce qu’elle avait chanté à haute voix ou parce qu’elle avait semblé si stupéfaite de le faire, mais il ne pouvait plus s’arrêter. Il y eut un certain temps avant que son fou rire ne se calme, mais il faisait tellement attention à ne pas penser à tout ce qu’il avait eu en tête juste avant Prince Ali qu’il avait bien du mal à retrouver son sérieux. Il savait ce qui aurait eu l’effet d’une douche froide, mais si Salomé était encore dans sa tête, il voulait éviter d’y penser. Et à chaque fois qu’il la regardait, il avait envie de rire … Il se calma petit à petit, serrant fortement les lèvres en essayant de rester sérieux, et se passant les mains sur le visage pour détendre ses muscles encore trop enclins à faire repartir son rire. « Ok, on va peut être arrêter avec Prince Ali si tu veux bien. » Il hocha la tête bien sagement et essaya de ne plus chanter, ce qui allait s’avérer compliqué : comme elle l’avait si bien dit, c’était le genre de chanson qui s’incrustait … Et il n’avait pas le contrôle sur ce qu’elle entendait ou non. « J'ai l'impression que plus tu penses, plus j'ai du mal à dissocier tes pensées des miennes. C'est vraiment bizarre. Il faut que j'arrive à contrôler ça, car ça me parasite trop. » Voilà qui ôta à Lorcan toute envie de rire. C’était drôle d’y penser dans le contexte de Prince Ali et de Salomé se mettant à chanter toute seule, sans qu’un mot ne soit prononcé à haute voix, mais c’était bien moins amusant d’imaginer tout ce que cela pouvait impliquer d’autre. « Tu ne sais plus quelles sont tes pensées et quelles sont les miennes ? » La question était sortie toute seule, prononcée d’un ton incrédule. Lorcan avait du mal à imaginer l’effet que ça pouvait donner, et il essaya pendant un instant de se mettre à la place de Salomé, en train de voir ce qu’il avait vu, de se replonger dans ses souvenirs … Et il eut la vague sensation d’avoir mis le pied dans un engrenage dangereux, dans une façon de penser qui ne le laisserait pas indemne. Ca le mettait mal à l’aise, cette idée de ne plus savoir ce qui lui appartenait et ce qui était à elle … Ils se trouvaient en plein film de science-fiction, mais sans certitude que le film se terminerait bien et sans Tom Hardy pour leur conseiller de rêver plus grand. Vachement moins drôle, vachement plus flippant. Il secoua légèrement la tête et cessa d’imaginer la sensation très Inception-like qui lui mettait le cœur au bord des lèvres. Il ne voulait même pas songer à ce que Salomé pouvait ressentir, elle.

« Et pour te répondre, oui, j'ai déjà utilisé ce truc sur mes proches. » Avant même que Lorcan ne puisse poser la moindre question, même mentalement, elle avait poursuivi : « Mais sans le vouloir. Et jamais sur Noeh. Le jour où cette merde me fera entrer dans la tête de Noeh... J'sais pas, je pense que je me casserai d'ici. J'veux pas l'écouter, surtout pas depuis que ce dégénéré l'a complètement brisé. J'me le pardonnerais jamais. » Il la regarda sans rien dire, comprenant parfaitement ce qu’elle voulait dire par là, et lui souhaitant que cela n’arrive jamais. Ils avaient beau être jumeaux, il y avait des barrières à ne pas franchir, et celle-là, personne ne devait plus jamais la toucher. Entendre les pensées de ses parents, de Matthias … ou même de lui, c’était déjà un truc horrible, mais les pensées de Noeh … Lorcan imagina une seconde Salomé s’immiscer dans la tête de son jumeau, y voir tout ce qui devait déjà peupler ses cauchemars, et se retrouver devant la réalité la plus crue qu’elle ait jamais à subir. Il frissonna, et il reposa brusquement ses yeux sur Salomé, en priant le ciel et tous les saints pour qu’elle n’ait pas été dans sa tête à ce moment là. Il ne voulait pas penser ça ! Désolé, excuse-moi ! Pensa-t-il juste pour le cas où elle aurait été là pour l’entendre, parce qu’il se sentait soudain atrocement déplacé d’avoir pensé à des choses aussi intimes. « Je te le souhaite pas, alors. » Soupira Lorcan. « Tu continues à le voir, quand même ? » Il s’en voulut un peu de poser cette question, mais il avait besoin de la poser, de savoir comment elle, elle s’en sortait avec ça. Visiblement, elle n’évitait pas sa famille, et il ne comprenait pas qu’elle parvienne à rester parmi eux alors même qu’elle prenait le risque d’entrer dans leur tête constamment.

Il haussa les sourcils quand elle se leva soudain pour attraper la bouteille d’alcool qu’elle avait amenée avec elle. Elle en servit deux portions généreuses dans leurs tasses avant même qu’il ne puisse se défiler. « T’es pas sérieuse ? » Visiblement, elle l’était. « On peut reprendre. » Et elle se descendit la moitié du verre avec la désinvolture que donne l’habitude de ce genre de boissons, ce qui prouva une nouvelle fois à Lorcan qu’elle n’était pas loin de toucher le fond, elle aussi. Et puisqu’ils en étaient là … Il vida sa tasse cul sec, grimaça quand il sentit la descente brûlante de l’alcool, et reposa la tasse avec un sourire désabusé. « Je sais pas où on se dirige si on commence comme ça, mais je sens que ça va être brillant. » Ses idées commençaient déjà à lui sembler un peu moins claires, comme s’il venait à nouveau de se réveiller d’une trop longue sieste. Mais c’était à Salomé de se concentrer, et il préférait finalement qu’elle voie ses pensées quand il était bourré plutôt que quand il était sobre. Il avait moins de risques de dévoiler des choses qu’il souhaitait garder pour lui. Il lui était reconnaissant de ne pas avoir évoqué à haute voix ce qu’elle avait vu, mais faire comme si cela ne s’était pas passé n’enlevait rien aux faits. Il préférait que ça ne se reproduise pas. « Tu as réussi à sortir de mes pensées ? » Il fallait commencer par ça. Qu’elle sorte de sa tête, et qu’elle y retourne ensuite. « Tu peux revenir quand tu veux, je suis prêt. » Cette fois, il tâcherait de penser à des choses moins personnelles, et moins humiliantes. Il remplit à nouveau leurs deux tasses d’alcool, et attrapa la sienne, qu’il fit rouler entre ses doigts. Il était tendu, malgré tout ce qu’il voulait faire croire. Mais il dirigea ses pensées vers des souvenirs sans conséquences. « Tu voulais savoir comment j’avais fait pour terminer le parcours impossible avant vous, c’est ça ? » Lâcha-t-il soudain, en rappel à ce qu’elle lui avait lancé quand il lui avait proposé de l’entraîner à contrôler son pouvoir. « Je t’en prie, la réponse est quelque part dans ma tête. » Ajouta-t-il avec un sourire narquois. Il s’efforça de ne pas penser à l’explication même, et de rester concentré sur l’image de Salomé en train de fulminer à la fin de ce fameux entraînement, quand elle l’avait trouvé tranquillement assis au point de rendez-vous. Ca avait été très drôle, de la voir hors d’elle, et de rester de marbre alors qu’elle essayait de lui arracher des aveux sur une quelconque tricherie …
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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeSam 10 Oct 2015 - 18:07


with the beast inside, there’s nowhere we can hide.
" Lorcan & Salomé "
« Tu ne sais plus quelles sont tes pensées et quelles sont les miennes ? » Elle demeura bouche bée un instant, encore sonnée par la chanson qui se jouait toujours en sourdine dans son esprit.  « Non, c'est comme si j'entrais trop dans ta tête pour rester dans la mienne. » Dis comme ça, elle avait l'impression d'être encore plus monstrueuse. Les pensées de Lorcan qui s'ensuivirent à propos de Noeh la percutèrent de plein fouet. C'était comme entendre l'écho de ses craintes retentir dans la tête de son ami. Lorsqu'il s'excusa, elle secoua la main comme si ce n'était pas important. Pourtant, son regard attristé lui signifiait clairement le contraire. Elle ne voulait plus y penser, pas maintenant. D'où le flot d'alcool emplissant leurs verres. « T’es pas sérieuse ? » La brune arqua un sourcil, posant un regard amusé sur Lorcan. « Pardon, mon Père, j'irai me confesser pour ce comportement dépravé. » Et sur ce, elle avait englouti la totalité du breuvage comme s'il s'agissait d'un verre de lait. Grimaçant à peine, reposant le verre comme s'il n'y avait rien d'anormal là-dedans. A chacun sa béquille pour supporter tout ça. Et puis, déjà, il suivait son exemple, ce qui détendit légèrement la brune. Ils en oublieraient peut-être un peu à quel point leur activité du jour pouvait être effroyable. « Je sais pas où on se dirige si on commence comme ça, mais je sens que ça va être brillant. » Des milliers de répliques chatouillaient le palais de la mutante, se retenant cependant de lancer la moindre pique quant aux pensées qu'elle pourrait dénicher dans le crâne de Lorcan. Elle ne tenait guère à ce qu'il commence à penser à des choses qu'elle n'avait pas envie d'entendre, ou de connaître. Autant limiter les dégâts de l'abomination au strict minimum, sans quoi elle ne manquerait pas de se maudire un peu plus encore pour l'avoir utiliser, pour la porter en elle. « Tu as réussi à sortir de mes pensées ? » Hochement de tête approbateur. Prince Ali semblait avoir fait son petit effet.  « Tu peux revenir quand tu veux, je suis prêt. » Un coup d'oeil vers sa tasse de nouveau remplie, et la brune acquiesça de nouveau. Ce serait sûrement plus facile de réitérer l'expérience une fois désinhibée. « Tu voulais savoir comment j’avais fait pour terminer le parcours impossible avant vous, c’est ça ? Je t’en prie, la réponse est quelque part dans ma tête. » Elle venait tout juste de se saisir de sa tasse, comme pour y trouver suffisamment de courage, lorsque les remarques de Lorcan hérissèrent sa nuque. Braquant son regard sur lui, elle avait crispé ses mains sur le récipient, comme s'il venait d'éveiller quelque chose de plus encourageant encore qu'un verre de whisky. Il ne s'agissait plus seulement d'entrer dans sa tête et d'en sortir. Il venait de lui fournir un motif plus qu'alléchant de s'y replonger sans plus attendre. L'exercice se révélait encore différent du premier, pas question de se contenter d'entrer dans son crâne - l'effort nécessitant déjà une certaine ténacité - mais bel et bien de passer la barrière de ses pensées, la brune se doutant bien que son ami ne lui faciliterait pas la tâche, pas quand toute une réputation était en jeu. Parce qu'ils en avaient pâti, les trois autres, de l'exploit accompli par l'ancien adolescent. Salomé avait vu rouge en le retrouvant tranquillement assis, presque en train de se tourner les pouces comme s'il les attendait depuis des heures, accentuant chez elle sa facette de mauvaise perdante. C'était d'ailleurs ainsi que les parents les avaient qualifié, Aspen et elle, lorsqu'elles avaient commencé à protester en choeur face aux félicitations paternelles. La télépathe revoyait encore le sourire qu'il lui avait sorti en la voyant commencer à fulminer, un haussement d'épaule associé au tout, l'air de dire "ben ouais, qu'est-ce-que tu veux...". Ses mâchoires se crispèrent en se remémorant tout ce qu'elle avait pu ressentir à ce moment là, tandis que Noeh - bon dernier - arrivait en trottinant mollement tout en pianotant sur son portable au désespoir du père Callahan. « Si tu avais vraiment triché Lorcan... Rah, j'suis sûre que t'avais triché,   si je le prouve, t'as un gage. Crois moi, tu le regretteras. » Son instinct de compétition de nouveau activé, elle prit une profonde inspiration en sentant son esprit s'emballer plus rapidement sous les légers effets de l'alcool.  « Savoure tes derniers instants en tant que vainqueur, j'vais rétablir la vérité. » On aurait pu croire qu'il s'agissait d'un secret d'état, à l'entendre parler si solennellement. Elle se forçait à peine, d'ailleurs, à employer ce ton, tant cette affaire l'avait obnubilée durant des années.

Et sur ces belles paroles, galvanisée par cette perche habilement tendue par le jeune homme et par son sang s'échauffant progressivement, elle recommença à chercher l'activateur de sa dégénérescence. Elle n'aurait su dire combien de temps il lui fallut cette fois-ci, pour laisser la douleur cheminer le long de ses artères, pulsant à ses tempes, sinuant au dessus de ses oreilles pour se répandre de part en part de son cuir chevelu, rampant comme des douzaines de serpent à la recherche de leur proie, mordant ses méninges tandis que ses traits se crispaient à chaque nouvel assaut. La migraine s'envola dans une première image se découpant dans son esprit. Elle se voyait à travers ses yeux, des années plus tôt. Le portrait d'une adolescente en colère. Ses prunelles flamboyantes d'énervement tandis qu'elle rugissait après une personne. Après lui. Elle se voyait telle qu'il avait pu la voir ce jour-là, à le héler d'avouer sa tricherie, les joues rougies par la course, les cheveux  tenant maladroitement dans une queue de cheval mise à rude épreuve, ses joues encore rebondies par les vestiges de l'enfant se figeant dans un masque de mécontentement. « Sérieux, ça t'amuse. » Les mots avaient filé à mi-voix, adressés à Lorcan pour ainsi se remémorer la furie qu'elle avait pu devenir en râlant durant près d'une heure après lui. C'était de nouveau la mauvaise perdante qui parlait, tant celle de ce jour de défaite que celle qui se tenait actuellement dans le salon du mutant, incapable de passer la barrière de cet unique souvenir. Elle se voyait encore et toujours, bientôt rejointe par les boucles de feu d'Aspen, chicanant en choeur contre Lorcan tandis que Noeh apparaissait bientôt dans le champ de vision du brun, s'introduisant dans ses pensées. Un Noeh se saisissant du cou de Lorcan d'un bras, d'un air compatissant, avant de tout bonnement commencer à mimer silencieusement chaque remarque de la rouquine. Il y avait un certain amusement dans les pensées du brun, une sérénité bien différente de toutes les émotions habitant son esprit quelques minutes auparavant. Et c'était subitement agréable de se replonger dans ce souvenir à travers ses yeux. Un léger rictus s'était échappé tandis que la pensée continuait sa course librement, et qu'elle se revoyait, furieuse, menacer Lorcan de mille-et-une tortures s'il n'avouait pas. Parce qu'elle voyait tout à travers ses yeux à lui, pour la première fois, et qu'il avait eu l'air de bien se marrer en la voyant ainsi s'époumoner. « T'es vraiment un enfoiré, Wolstenholme, tu sais que j'étais prête à t'étriper ? Toi ça te faisait marrer. » Les yeux fermés pour mieux s'imprégner de ces moments de tranquillité, elle avait commenté tant à l'adresse du Lorcan qui se tenait en face d'elle que de celui de cette époque là. Comme s'il pouvait l'entendre.  Le répit fut de courte durée, cependant. Parce qu'à force de s'échiner contre ces pensées-là, elle commença à sentir le contrôle lui filer entre les doigts. La télépathie poussait encore et encore à l'intérieur de la tête de Lorcan, refoulant cette pensée pour s'enfoncer un peu plus loin, pour dénicher ce qui pouvait se cacher, et l'espace de quelques secondes, la brune se retrouva totalement absente, son souffle se bloquant en pleine inspiration, son corps entier se crispant tandis que la peur germait petit à petit sur son visage, affaissant ses sourcils et laissant sa bouche entrouverte dans un appel au secours muet. Parce qu'elle ne sentait presque plus son corps. Parce qu'elle ne commandait presque plus sa propre respiration, le propre rythme de son coeur. Parce qu'elle s'était trop avancée dans l'esprit de son ami pour garder un pied ancré dans le sien. Sans mesurer les risques d'un tel acte. Et tout jaillit dans sa tête, la cinglant mentalement tandis que son visage pâlissait de plus en plus.

La pensée de cette après-midi d'été, fixée sur le visage d'Aspen, en amena une autre. L'image de la rouquine haute comme trois pommes ouvrant la porte d'un placard à la volée apparut sous ses yeux, pointant son doigt vers elle en lui hurlant "trouvé", avant de commencer à se pavaner dans le couloir.  Et puis, comme une réaction en chaîne, le souvenir éveilla une troisième pensée emplie de réminiscence. Elle la voyait danser au milieu de la salle de sport du lycée, redécorée pour le bal de promo, dans les bras d'un des sportifs de dernière année. Elle fulminait intérieurement à ainsi la voir virevolter dans sa jolie robe, avec ce fils de pute qui la dévorait des yeux. On lui asséna un coup de coude, et elle se tourna légèrement pour se voir elle-même, un sourire narquois aux lèvres. Tu vas pas passer ta soirée à la surveiller, quand même ? Vous êtes vraiment pas possibles, tous les deux. Elle est grande, Lorcan, arrête un peu de jouer les chaperons, t'en deviens presque chiant. Une protestation à ses lèvres, son regard tombant sur Noeh qui déversait habilement une flasque de vodka dans le punch de la fête avant de lui adresser un sourire sarcastique. Allez, viens. Montre moi si tu danses aussi bien que tu te bats. Encore une ou deux réticences, et elle se vit, sourcils arqués avec provocation tandis qu'elle tendait sa main vers elle. Vers lui. Vers Lorcan. Tout se mélangeait. Comme un fil décousu, les pensées s'emballèrent de nouveau. Elle voyait Alistair lui ouvrir la porte de son bureau. La sommer d'y entrer, et de refermer derrière elle. Elle voyait les cuisines de la pizzeria, la pâte habilement décorée sous ses doigts. Elle observait l'amphithéâtre dans lequel elle était installée, prenant des notes sous les paroles d'un professeur qu'elle ne connaissait pas, et qu'elle reconnaissait pourtant à travers les yeux de Lorcan. Elle voyait l'appartement du garçon, sa salle de bain, elle se voyait apparaître sous les traits de Lorcan dans le reflet du miroir. Elle le voyait retirer son T-shirt, et s'observer sous différents angles dans la glace, tantôt de profil gauche, puis de droit, puis de dos, un air mystérieux sur le visage, avant d'exécuter une ou deux poses. Ce fut sans doute à ce moment précis que la brune éclata de rire, et que son esprit s'éloigna doucement des pensées de son ami. Ce moment où enfin, elle se reconnecta à la réalité, elle qui n'était pas parvenue à reprendre conscience de sa propre existence avant de reprendre racine dans sa propre tête. Un fou rire l'avait saisie, tandis qu'elle plaquait sa main à sa bouche tout en gardant les yeux clos, encore à demi-immergée au milieu de ses pensées. Et puis, elle le vit. La première pensée s'était réinstaurée de force, chassant cette image de lui en train de se pavaner devant son lavabo. Et là, plus question de rire. Un sourire victorieux se dessinait sur les lèvres de la mutante qui observait la scène défiler devant ses yeux. Elle les voyait tous les trois, Aspen, Noeh, et elle-même partir dans la même direction pour réaliser ce parcours impossible. Elle revoyait Aspen et elle, courir côte à côte en se jetant des regards compétiteurs. Noeh faire mine de courir tant que leurs pères les voyaient encore, avant de s'arrêter pour s'allumer une clope. Et puis, à travers les yeux de Lorcan, elle voyait le chemin s'éloigner. Ses pas l'emmener vers l'est, là où tous les autres se dirigeaient vers d'autres points cardinaux. Un juron échappa à la brune tandis qu'elle voyait le brun s'élancer à toute allure sans prendre garde aux indices semés ici et là par leurs parents. Sans s'emmerder à récupérer sur son parcours ce qui lui permettrait de s'orienter vers la bonne direction. Il fonçait comme s'il connaissait le chemin par coeur, comme si... « Oh bordel. » Tout s'expliquait enfin. Les yeux de la brune s'ouvrirent à nouveau alors qu'elle posait son regard sur lui. « Tu connaissais le point d'arrivée avant même de partir. Tu savais parfaitement où il fallait aller. T'es un tricheur, je l'savais, t'as triché, j'aurais dû gagner, j'suis meilleure que toi, je le savais. » Partagée entre la victoire et l'énervement d'avoir ainsi été dupée, elle ingurgita trois gorgées alcoolisées en guise de récompense.  « Dire que mon père m'avait forcé à venir te présenter mes excuses parce que j'avais été "mauvaise perdante", non mais sérieusement ? » L'amertume l'envahissait doucement tandis qu'elle dardait son regard brûlant sur lui. Ainsi, dans un sourire en coin mesquin, les mots sortirent tout seul. « Si tu passais moins de temps à poser devant le miroir, t'aurais pas besoin de tricher, tu sais... »

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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeDim 6 Déc 2015 - 20:07


all those shadows almost killed your light
"salomé & lorcan"
Lorcan savait que ça marcherait. Jusqu’à maintenant, ils s’étaient cantonnés à des tâtonnements sans trop savoir où ils allaient et les tentatives de Salomé avaient toutes été plus ou moins catastrophiques, parce qu’il ne savait pas quoi lui donner à regarder et qu’elle ne savait pas non plus quoi chercher. Il était trop prompt à faire ressurgir les souvenirs les plus désagréables de ces dernières semaines, ses cauchemars et ses craintes, et ils étaient tous les deux aussi crispés que si on leur avait annoncé que cette séance de télépathie déterminerait leur survie future. Il ne fallait pas qu’ils voient les choses ainsi. Ils n’étaient pas là pour se prendre la tête, et encore moins pour déterrer les pires images qui se cachaient dans les recoins du cerveau de Lorcan. Salomé avait besoin d’un challenge, et Lorcan avait besoin d’un souvenir agréable – et sans conséquences – sur lequel se concentrer. Il sut qu’il avait fait mouche en proposant le fameux entraînement où il avait triché – pardon, où il avait gagné haut la main et s’était attiré les foudres de Salomé et Aspen pendant des semaines. Le regard de son amie s’éclaira et reprit immédiatement son sérieux à la seule mention de ce fameux jour. Elle ne l’avait pas oublié. Bien sûr qu’elle n’avait pas oublié, Lorcan doutait qu’elle le fasse un jour ! Elle avait été d’une humeur massacrante pendant un sacré bout de temps, et c’était à peine si elle ne l’avait pas torturé pour qu’il avoue son méfait. L’envie avait été là, à n’en pas douter. Elle l’aurait étripé si elle avait pu, justement parce qu’elle ne pouvait pas prouver qu’il avait triché et qu’elle ne voulait pas admettre qu’il ait pu gagner. « Si tu avais vraiment triché Lorcan... Rah, j'suis sûre que t'avais triché, si je le prouve, t'as un gage. Crois moi, tu le regretteras. » Il haussa les sourcils, mais haussa les épaules d’un geste nonchalant, avant de s’enfoncer bien confortablement dans son canapé. Il lui fit un sourire assuré, le même genre que celui qu’il avait eu quand elle était arrivée, en nage après avoir parcouru les bois, et qu’elle avait découvert qu’il était déjà arrivé depuis belle lurette. Le sourire du vainqueur. « Toujours aussi peu confiance en moi après toutes ces années ! C’est désespérant. » Il devait maintenant faire en sorte qu’elle ne trouve rien, même si le but était quand même qu’elle y parvienne au bout d’un moment. Il ne voulait pas lui rendre la tache facile, il voulait l’entraîner au mieux. Comme leurs pères auraient fait. « Savoure tes derniers instants en tant que vainqueur, j'vais rétablir la vérité. » Elle prenait vraiment cette affaire à cœur ! Tant mieux, c’était la preuve qu’il avait bien choisi, et qu’elle n’en aurait que plus de motivation. Il allait morfler, mais au pire, il pourrait toujours se défendre en disant qu’il l’avait laissée rétablir la vérité (comme elle disait si bien) pour qu’elle s’épanouisse pleinement dans sa mutation … Il était vraiment trop altruiste comme garçon, cette merveilleuse qualité allait finir par le perdre. « Tadadaaa … » Chantonna-t-il, goguenard. Une telle déclaration méritait bien sa musique mélodramatique, non ?

Lorcan n’avait en tête qu’une seule chose : l’image de Salomé, furieuse, à la fin de cet entraînement. Il pouvait se repasser la scène à volonté sans se lasser, tant il se délectait de chaque détail. Il évitait simplement de penser à ce qu’il avait fait pour en arriver là, mais il se concentrait sur la mine défaite, puis furibonde de Salomé, sur les insultes fleuries qu’elle lui avait balancé, sur les menaces de mort toutes plus ingénieuses les unes que les autres qu’elle avait pu lui sortir pour qu’il avoue …  « Sérieux, ça t'amuse. » Il hocha la tête avec l’enthousiasme d’un enfant fier de sa bêtise, mais il ne perdit pas sa concentration. A en juger par l’expression concentrée de Salomé, elle avait réussi à entrer dans sa tête, bien plus rapidement que la dernière fois, et il n’était pas question de la laisser gagner trop vite. Le défi avait au moins l’avantage d’éclipser l’idée dérangeante qu’elle était dans sa tête. « T'es vraiment un enfoiré, Wolstenholme, tu sais que j'étais prête à t'étriper ? Toi ça te faisait marrer. » Un rire lui secoua les cotes, en écho à celui qu’il avait eu des années plus tôt. « Oh oui, je sais. Et je trouve toujours que c’était hyper drôle. Non mais t’as vu ta tête ?? » Elle devait la voir aussi clairement que lui, il la lui offrait gratuitement parce qu’elle ne s’était sans doute pas vue à cette époque, et c’était un spectacle à ne pas manquer. Il s’amusait bien, Lorcan. Pour l’instant il avait les choses sous contrôle, et il pouvait en profiter pour narguer Salomé. Il scrutait son visage, tout en se focalisant sur ses souvenirs sans laisser échapper quoi que ce soit d’autre, et c’était vraiment drôle. Il n’aurait jamais cru qu’ils puissent faire un truc pareil, et qu’il y trouve un certain plaisir. Mais toutes les bonnes choses avaient une fin, n’est-ce pas ? En une fraction de seconde, il vit le visage de Salomé se décomposer, et il sentit son cœur battre plus vite. La physionomie concentrée qu’elle avait arboré jusque là venait de se transformer en une expression presque effrayée. Non, pas presque. Vraiment effrayée. « Salomé ? Ca va ? » Inquiet de ne pas recevoir de réponse, il avança une main pour la secouer doucement, mais il se figea à mi-chemin, les yeux écarquillés. Les images venaient de changer dans sa tête, et il n’en était pas responsable. En une fraction de seconde, il était devenu le spectateur de ses propres pensées, et c’est dans une parfaite impuissance qu’il vit une toute petite Aspen le trouver lors d’une de leurs parties de cache-cache, puis une Aspen bien plus âgée en train de danser avec un bellâtre au bal de promo du lycée, tandis qu’il fulminait de rage loin d’elle … Il se vit ensuite danser avec Salomé à cette même soirée, juste pour se calmer et ne plus penser à Aspen. Le décor changea à nouveau, avec la même soudaineté qu’il devait le faire quand il réfléchissait et qu’il laissait ses pensées défiler, mais de ne pas être le moteur de ce changement fit naître une légère nausée au creux de son estomac. Il était dans le bureau de son père, ils discutaient d’une nouvelle arme dont il venait juste de faire l’acquisition. Encore un changement, et il était au restaurant, en train de faire une énième pizza, et il se surprit à penser que les pizzas commençaient à le gonfler et qu’il voulait passer à autre chose … Comme si ce n’était pas lui qui pensait ainsi, comme s’il voyait un parfait étranger avoir revêtu sa vie. C’était l’étrange impression que tout ce fouillis lui donnait et il n’aimait pas ça. Mais il n’avait aucun contrôle dessus. Il se revit dans un amphi, en train de gratter son cours en soupirant, ça ne l’intéressait pas plus que les pizzas. Et il se revit dans sa salle de bain … Il se redressa inconsciemment, sourcils froncés, même si ses yeux fixaient toujours le point invisible où les images défilaient. Torse nu en train de s’examiner dans la glace, appréciant ses muscles dessinés par des heures d’entraînement … Et le rire de Salomé qui éclata soudain, rompant son immobilité. Il cligna des yeux, un peu hébété, comme si elle venait de le libérer d’un rêve désagréable, et il cru que c’était terminé, qu’avec cette dernière vision un peu humiliante elle avait décidé de le laisser tranquille … Mais il avait oublié ce pourquoi elle était venue dans sa tête, alors qu’elle ne l’avait pas perdu de vue. Et il vit la scène se dérouler dans toute sa netteté, le début de la course où ils s’étaient élancés tous les quatre, puis le chemin transversal qu’il avait emprunté pour couper à travers les bois pour rejoindre le point de ralliement qu’il connaissait d’avance pour avoir trouvé l’itinéraire sur le bureau de son père, la veille. Et à nouveau, il ressenti le plaisir d’avoir gagné sans effort, d’avoir fait enrager Aspen et Salomé … « Oh bordel. » Il soupira et se laissa retomber sur le canapé. Il n’avait pas eu conscience qu’il s’était aussi crispé, et il se détendait enfin. Elle était sortie, elle en avait fini avec le visionnage et il n’était pas fâché que ce soit terminé. « Tu connaissais le point d'arrivée avant même de partir. Tu savais parfaitement où il fallait aller. T'es un tricheur, je l'savais, t'as triché, j'aurais dû gagner, j'suis meilleure que toi, je le savais. » La verve de Salomé força Lorcan à se replonger dans le jeu, à laisser quelque peu de côté la désagréable expérience qu’il venait de vivre. Il la regarda s’enfiler trois nouveaux verres de whisky, et attrapa la bouteille avant qu’elle ne la finisse. Lui aussi avait bien besoin d’un remontant ! Il vida un verre, puis un second, et se força à sourire.  « Dire que mon père m'avait forcé à venir te présenter mes excuses parce que j'avais été "mauvaise perdante", non mais sérieusement ? » Bon, au moins elle l’aidait bien à se changer les idées, il avait à nouveau envie de se moquer d’elle. « J’ai gagné, Sally chérie, accepte-le, tu vas pas en mourir ! Même si j’ai triché, hein ? Ca change rien, j’ai gagné. J’ai gagné de me payer ta tête un bon moment et ça vaut de l’or, je te jure. J’ai été plus malin, c’est tout. » Fit-il en haussant les épaules, et en se resservant une nouvelle rasade d’alcool. « Si tu passais moins de temps à poser devant le miroir, t'aurais pas besoin de tricher, tu sais... » Touché. Il grimaça lamentablement en émettant un borborygme indistinct. « C’est ça, fait la maligne ! T’en profites parce que je peux pas aller voir dans ta tête toutes les fois où t’as bécoté ton miroir pour t’entraîner, mais je ne daignerais même pas relever. J’espère que t’as apprécié le spectacle, au moins. » Ajouta-t-il en bombant le torse et en lui envoyant un sourire enjôleur. Il aurait pu s’arrêter là et passer à autre chose, mais une image lui revint en tête et il pensa soudain que ce serait vraiment dommage qu’elle ait fait remonter des souvenirs à lui qu’il ne voulait pas qu’elle connaisse, et qu’elle s’en sorte indemne. Il remplit leurs deux verres, avant de relever la tête vers elle. « Je n’ai pas besoin de ça, de toute façon. J’ai des tas de dossiers sur toi, que tu ne voudrais pas que je révèle pour tout l’or du monde. » Petit silence pour laisser monter le suspense … « Comme cette fois où t’étais allée chercher un costume pour la fête des fondateurs avec Aspen … Et que t’as essayé un costume qui couvrait à peine ce qu’il faut couvrir quand on est une jeune fille de bonne famille. Tu te souviens de ça ? Il me semble que … c’était pour ce type de terminale, non ? Le footballeur. » C’était même certain puisqu’il l’avait entendue demander à Aspen si elle pensait qu’il la remarquerait si elle portait ce truc. Il n’était pas censé avoir vu ça, mais il avait triché (encore une fois) parce qu’il était certain qu’Aspen voulait lui coller un costume ridicule qui irait avec le sien et qu’il voulait être au courant avant qu’elle ne le lui annonce. Oui, il avait la sale manie de fouiner quand il trouvait que c’était dans son intérêt … Et là … Il avait vu le superbe déhanché de Salomé, avec sa coiffe de chef indien sur la tête. Elle avait le dos complètement nu, et il avait cru qu’elle ne portait rien en haut, mais il avait comprit après qu’elle portait juste un énorme collier qui couvrait à peine sa poitrine. « Je veux pas juger hein … On utilise les moyens qu’on peut pour séduire les gens qu’on veut. Surtout que t’as choisi autre chose finalement et c’était bien moins sexy si tu veux mon avis ! » Il leva son verre comme pour porter un toast à ce souvenir. « T’étais trop mignonne. J’aurais adoré que tu portes ça à la fête. Et que tu viennes tourner autour de moi en faisant ta petite danse là … » Fit-il, narquois, en imitant le roulement d’épaules qu’elle avait fait à Aspen tout en lui décrivant à quel point ce serait efficace sur son footballeur. C’était un moment absolument mémorable, et il savait qu’il allait se faire tuer d’une part parce qu’il avait assisté à la scène sans se signaler, et d’autre part parce qu’il la tournait au ridicule comme ça … Mais en bon gamin qu’il était, il était content de lui et Salomé pourrait le lire sur son visage sans aucun problème, sans même avoir besoin de télépathie. Mais il avait bien besoin de ça, après l’expérience qu’elle lui avait fait subir … « Sans rancune ? » Fit-il en lui présentant son verre plein, un air angélique sur le visage. « Parce que quand même, que t’as bien géré la télépathie là. Je pouvais rien faire d’autre que te laisser fouiller, même dans les trucs que je voulais pas forcément que tu regardes. C’est pas le truc le plus agréable que j’ai pu faire avec toi … Mais c’était impressionnant. Tu t’es améliorée. » Il avala le contenu de son verre. La terre commençait à bien tourner autour de lui. « Heureusement que je te connais hein, parce que c’est flippant comme truc. J’ai perdu l’usage de mon cerveau quand t’étais dedans. Et ne dis pas que je devrais déjà y être habitué. C'est pas très gentil. »
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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeVen 15 Jan 2016 - 21:08


with the beast inside, there’s nowhere we can hide.
" Lorcan & Salomé "
« Je n’ai pas besoin de ça, de toute façon. J’ai des tas de dossiers sur toi, que tu ne voudrais pas que je révèle pour tout l’or du monde. » « Du genre ? » Réponse non retenue, lancée du tac au tac, sourcil arqué à l'appui. Sirotant son whisky sans décrocher ses yeux de Lorcan, Salomé attendait patiemment que celui-ci explicite ce qu'il avait en tête. Lui signifiant d'un regard appuyé qu'il s'aventurait sur un terrain glissant. Insuffisant semblait-il pour lui passer l'envie de déterrer l'un de ces fameux dossiers qu'il se targait de détenir, tandis que l'esquisse de sourire en coin de la brune se figeait sur son visage. Elle palissait à vue d'oeil, la belle, tandis que Lorcan prenait visiblement un malin plaisir à lui détailler un épisode dont elle était pourtant certaine qu'il n'aurait jamais dû avoir connaissance. Ses phalanges blanchissaient tandis que sa poigne se resserrait machinalement sur son verre, la serveuse formulant intérieurement plusieurs hypothèses ayant permis à Lorcan d'avoir connaissance de ces détails. L'une des seules explications aurait été qu'Aspen crache le morceau, et Salomé savait ô combien Aspen aurait également eu à y perdre si elle avait décidé de trahir leurs petits secrets de filles. Non, sa confiance envers la loyauté d'Aspen était totale, et chacune avait toujours soigneusement gardé les confidences qu'elles pouvaient se faire à propos de telle ou telle proie masculine. Pourtant, la rouquine était bien la seule à qui elle avait montré cette partie du costume. Noeh lui-même n'en avait pas eu connaissance, sans quoi n'aurait-il sûrement pas manqué de jouer les offusqués. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle le vêtement était resté enfermé dans un tiroir de son armoire, l'idée de se voir ramenée de force au Manoir par son frère pour passer un col roulé lui ayant vaguement passé l'envie de tenter le diable.

Ce fut à l'instant précis où Lorcan commença à rouler des épaules que la brune quitta sa pâleur fantomatique pour une teinte plus cramoisie. Les pommettes brûlantes en comprenant qu'il les avait tout bonnement espionnées, elle acheva son verre d'une traite pour s'éviter l'envie de lui en jeter le contenu en pleine figure. Parce que c'était vraiment tout ce qu'il méritait. Le reposant sur la table tout en tentant de regagner une contenance, elle ne put cependant contrôler le premier afflux de paroles qu'elle avait tenté de retenir durant ces quelques minutes. « C'était totalement correct comme costume, on voyait rien du tout ! Désolée d'avoir choqué tes yeux sensibles, mais quand même, t'étais vachement saint-nitouche à l'époque, j'pensais pas à ce point. » Certes, c'était un peu de mauvaise foi. En retrouvant la pièce du costume dans ses affaires, quelques mois plus tôt, elle n'avait pu s'empêcher de grimacer en s'imaginant avoir sérieusement envisagé de le porter à la fameuse soirée. Mais elle ne laisserait certainement pas Lorcan dénaturer son portrait d'adolescente parfaite. Après tout, si elle avait suffisamment confiance en elle à cette époque pour juger décent de porter un tel haut, c'était tout à son honneur. Non ? C'était en tout cas ce dont elle tentait de se convaincre, faisant abstraction du fait qu'elle n'aurait sûrement jamais dû l'essayer en premier lieu, et certainement pas pour plaire à ce footballeur qui s'était révélé n'être qu'un véritable abruti.  « Franchement, ça t'arrivait souvent d'écouter aux portes ? T'étais pas censé voir ça, Wolstenholme, j'espère que t'as honte de toi-même. » Enfin, en cet instant, c'était sûrement elle qui avait le plus honte, à en juger par sa manie de remonter sans cesse les manches de son pull et de remettre derrière ses oreilles des mèches de cheveux qui y étaient déjà soigneusement disciplinées. Le sourire que lui renvoyait Lorcan lui hérissait de plus en plus le poil, bien consciente cependant qu'elle lui donnait exactement ce qu'il attendait d'elle. Un grognement aux lèvres, elle finit par croiser ses deux bras sur sa poitrine en enfonçant profondément son dos dans le fauteuil, une mine boudeuse soigneusement affichée. Elle essayait vainement d'assembler les souvenirs de cette après-midi là, cherchant à se remémorer d'autres paroles qui auraient pu être interceptées par l'oreille curieuse de Lorcan, paniquée à l'idée d'avoir pu s'épancher sur le compte du fameux footballeur. L'alcool brouillait le tout tant et si bien qu'elle finit par se résigner, incapable cependant de clôre la discussion sans avoir tenté de la tourner à son avantage. « Et puis, tu m'parleras de ce qui est sexy le jour où tu sauras de quoi tu parles. Parce qu'aux dernières nouvelles, le dernier costume que t'avais porté c'était cette espèce de tenue de flic dorée qui t'arrivait au dessus des genoux. » Nouveau sourire mesquin en lui renvoyant la balle. Bon, sûrement que c'était tout de même moins humiliant que d'avoir été surprise en plein défilé à demi dévêtue. Avec le recul, peut-être qu'ils auraient dû davantage se plier aux exigences vestimentaires que leurs parents tentaient de leur imposer à chaque célébration du genre. « Il va falloir y réfléchir à deux fois en choisissant nos prochains costumes. » Songeuse, le sourire s'était éclipsé une seconde alors que les pensées de la brune dérivaient sur la fête des Fondateurs prochaine. Les costumes ne seraient clairement pas leur principale préoccupation, cette fois-ci. Se noyer dans la masse serait amplement suffisant.

Le verre que lui présentait Lorcan la fit émerger doucement. Ses traits se détendirent tandis qu'elle inclinait légèrement la tête en faisant mine de réfléchir. Avant de se servir un nouveau verre, en renversant quelques gouttes sur la table en maugréant à voix basse, pour le lever à l'intention de son ami. « Mouais, ça passe pour cette fois. » Comme si elle était capable de lui en vouloir, de toute façon. Accueillant ses encouragements d'un sourire, le nez dans son verre, elle pouffa légèrement à sa dernière remarque tout en prenant appui d'une main sur le dossier du canapé, comme pour éviter de s'y vautrer. L'alcool lui échauffait l'esprit et sa vue mit un instant supplémentaire à se stabiliser. « J'ai rien dis, moi, c'est toi qui tire des conclusions tout seul. » Un battement de cils innocent, avant de recommencer à rire. Il lui ôtait les mots de la bouche, à dire vrai, anticipant avec brio l'inévitable blague qu'elle aurait pu formuler. Se penchant légèrement en avant pour tapoter gentiment son épaule d'un geste réconfortant, elle reprit la parole en rassemblant tout son sérieux.  « T'inquiète pas, va, y'en a quand même là-dedans.  T'es très loin des cervelles vides qui peuvent défiler au bar, t'as de la marge. » Reculant à nouveau tout en croisant ses jambes, son regard faussement innocent quitta doucement ses allures rieuses. « J'te remercierai jamais assez d'avoir fait ça pour moi. » Ce n'était jamais facile, quand il était question de manipuler les mots pour extérioriser ses propres émotions. Il était bien plus facile d'analyser les autres, de les comprendre. « Et pas seulement de me prêter ta tête, d'ailleurs. » Parce qu'il la félicitait comme s'il s'agissait de quelque chose de normal. Que ses efforts pour maîtriser l'abomination étaient impressionnants. Et qu'entendre Lorcan le lui dire de cette manière lui réchauffait le coeur, et avait animé en elle un sentiment de fierté, l'espace de quelques secondes. Son coeur ne tambourinait plus dans sa poitrine et l'adrénaline s'était évaporée. La peur de Matthias avait été mise de côté et elle se sentait enfin apaisée. « J'voudrais tellement pouvoir t'aider aussi. » C'était dit. Les yeux baissés vers le liquide ambré qu'elle faisait doucement tournoyer dans son verre, Salomé sentit ses mâchoires se crisper mécaniquement. L'écho de la première rafale de pensées dont elle avait été spectatrice recommençait à lui revenir par intermittence. Et le sang. Cette grande entaille sur son bras. Les yeux tristes se reposèrent sur lui, sans pour autant se montrer apitoyés. Simplement peinés de savoir désormais quel était son moyen à lui de canaliser son ignominie. Elle ne voulait pourtant pas en parler, Salomé, peu encline à poser des questions dérangeantes, à raviver des souvenirs dont elle n'aurait pas dû avoir connaissance. Comme pour se rattraper, elle s'empressa de reprendre la parole, perdant son regard dans la contemplation du salon pour se délester de ses teintes mélancoliques avant de se replonger dans les iris de Lorcan. « Si tu as besoin de quoique ce soit, j'suis là aussi. Peu importe l'heure, et peu importe le motif. Ma porte sera toujours ouverte. Sauf s'il y a Matthias derrière, là à priori, j'serai déjà planquée sous ton lit. » Un rire sarcastique lui échappa tandis qu'elle haussait simplement les épaules, se rendant à peine compte du dramatique de ses paroles. C'était sa manière à elle de lui dire qu'il n'était pas seul. Même si elle ne pouvait sûrement pas l'aider avec sa mutation comme il le faisait pour elle, elle serait là. Toujours. C'était une certitude.

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MessageSujet: Re: closer to the edge ▼ lorcan&salomé   closer to the edge ▼ lorcan&salomé Icon_minitimeSam 13 Fév 2016 - 16:49


all those shadows almost killed your light
"salomé & lorcan"
Ce fut jouissif, de voir l’horreur se peindre sur les traits de Salomé à mesure qu’elle comprenait que Lorcan l’avait espionnée en train de se trémousser avec son joli costume d’indienne. Il ne parvenait pas à cacher l’immense sourire qui étirait ses lèvres, tant il trouvait l’expression de son amie hilarante. Ah, elle croyait qu’elle avait gagné la partie en entrant dans sa tête, hein ? Il n’avait pas besoin de télépathie pour se venger, lui … Comme quoi, il avait bien fait de suivre Aspen une fois ou deux (ou un peu plus, peut-être, mais si peu) pour voir ce qu’elle faisait avec sa meilleure copine. Il avait toujours su que ça lui servirait un jour, même s’il n’aurait jamais pensé qu’il l’avouerait à Salomé pour la faire enrager. Il se mit à rire franchement quand elle se défendit de son mieux, lui présentant des arguments d’une mauvaise foi tellement flagrante qu’il ne prit pas une seconde pour s’en sentir vexé. « C’était tellement correct que t’as pas osé le mettre pour de bon … J’aurais payé cher pour voir la tête de Noeh te découvrant comme ça ! Dis-moi qu’il ne t’as pas vue, je serai trop déçu d’avoir manqué sa réaction. » Il imaginait trop bien son ami en train de s’étouffer en voyant sa sœur parader à moitié dévêtue, au milieu de la foule des habitants de Radcliff. Et il le voyait aussi trop bien se jeter sur elle pour la couvrir avec le premier truc lui passant sous la main, une nappe ou quoi que ce soit. Il n’aurait jamais laissé Salomé faire deux pas comme ça, jamais. Et ça aurait été si drôle à voir !! Malheureusement, tous leurs costumes réellement portés, à la fête des fondateurs ou n’importe où d’autre, s’étaient toujours cantonnés à des limites plus sages … Même si pas toujours très élégantes. Comme Salomé se fit un plaisir de le rappeler à Lorcan, en évoquant son accoutrement de shérif doré … Il grimaça à ce souvenir. Même si c’était loin du collier et de la coiffe d’indienne, il y avait du dossier là aussi. « C’était un pari, je suis pas venu comme ça tout seul. Moi au moins j’ai assumé ma connerie jusqu’au bout ! Avoue que je t’ai fait sacrément fantasmer avec mon short doré. » Fit-il en jouant des sourcils comme un vieux pervers à la sortie de l’école primaire. Il ne devait pas regretter son costume, il devait l’assumer jusqu’au bout ! Et l’alcool qui circulait dans ses veines aidait pas mal à se sentir complètement désinhibé face à ses souvenirs d’erreurs de jeunesse. « Il va falloir y réfléchir à deux fois en choisissant nos prochains costumes. » Il hocha la tête. Cette fois, il était bien d’accord ! « J’ai déjà pas du tout envie d’aller faire le guignol à la fête des fondateurs, si c’est pour que tous les hunters du coin viennent me tapoter la tête en me demandant pourquoi j’ai disparu des salles d’entraînements. Si je viens, je boycotte le costume et je squatte la buvette avec toi, on se serrera les coudes. » Il lâchait tout ça d’un ton on ne peut plus nonchalant, comme si ça lui passait par-dessus la tête, mais il craignait réellement d’aller à la fête des fondateurs. C’était une occasion où il avait toujours eu l’habitude de retrouver les jumeaux Callahan, et où ils s’étaient toujours éclatés comme des fous avec Aspen, mais cette année, tout serait différent. Il n’avait pas beaucoup d’attentes pour cette fête, et il n’y resterait sans doute que le temps de boire quelques bières, pour faire plaisir à Aspen. Elle allait le tuer s’il n’y allait pas, mais c’était vraiment juste pour elle qu’il irait.

Il chassa très vite la fête des fondateurs de son esprit quand il reparla de l’impressionnante performance de Salomé avec sa télépathie. Il n’avait pas du tout aimé l’expérience, mais il fallait avouer qu’elle avait réussi quelque chose qui lui avait résisté jusque là, et puisque c’était le but de sa présence ici, il était plutôt fier d’elle. « J'ai rien dis, moi, c'est toi qui tire des conclusions tout seul. T'inquiète pas, va, y'en a quand même là-dedans.  T'es très loin des cervelles vides qui peuvent défiler au bar, t'as de la marge. » Il la regarda lui tapoter le bras dans un geste faussement  compatissant, et lui adressa une moue sceptique. « Ouais, t’es trop convaincante quand tu fais ça. Mais étant donné que c’est moi qui ais eu l’idée de ce superbe entraînement télépathique, je prends quand même les lauriers. Bien sûr, que je suis plus intelligent que tous tes poivrots ! » Lança-t-il d’un ton pompeux en bombant légèrement le torse. « J'te remercierai jamais assez d'avoir fait ça pour moi. Et pas seulement de me prêter ta tête, d'ailleurs. » Il retrouva bien vite son air sérieux devant ces remerciements, et il hocha la tête sans rien dire. Il comprenait le mal qu’elle pouvait avoir à dire ça, tout comme à reconnaître qu’elle avait quand même fait des progrès et que c’était quelque chose d’important. Elle se voyait comme un monstre, il connaissait bien le sentiment. Et s’il pouvait l’aider jusque quelques minutes à se voir autrement, c’était déjà une amélioration. Si elle parvenait à contrôler sa mutation, elle se sentirait mieux, et il ne voulait rien de plus pour elle. Ce n’était pas une vie, de se cloîtrer pour éviter de croiser des pensées étrangères … Ou juste de croiser des amis ou des membres de sa famille. « J'voudrais tellement pouvoir t'aider aussi. » Lorcan se raidit légèrement à cette phrase, et il secoua la tête. Il savait parfaitement de quel genre d’aide elle parlait, et il n’osait même pas imaginer ce que ça pourrait donner, de tester ses pouvoirs sur elle. Il secoua de plus belle la tête pour en chasser toutes les images horrifiantes qui y étaient apparues d’un coup. Son propre sang, il pouvait le gérer assez bien, mais celui de Salomé, il ne pouvait pas, il ne voulait pas. « Tu m’aides en étant là, ça suffit amplement. Ca me fait déjà beaucoup de bien de savoir que je peux en parler et que je ne suis plus tout seul. Je suis moins névrosé qu’avant là, tu vois ? » Ajouta-t-il avec un petit sourire. Le simple fait de savoir qu’il pouvait la voir ou lui parler n’importe quand – le simple fait qu’elle soit redevenue sa meilleure amie – ça changeait tout. Il ne voulait plus jamais la perdre, il ne voulait plus jamais qu’ils s’éloignent comme quand il avait découvert sa mutation. « Si tu as besoin de quoique ce soit, j'suis là aussi. Peu importe l'heure, et peu importe le motif. Ma porte sera toujours ouverte. Sauf s'il y a Matthias derrière, là à priori, j'serai déjà planquée sous ton lit. » Lorcan se mit à rire. « C’est noté ! Je viendrais renflouer ton stock d’alcool et tu viendras renflouer le mien. Ce ne sera pas si difficile, tu verras. » Non, ça ne serait pas si difficile. Ce soir, juste ce soir, il voulait bien le croire. Il voulait croire que s’il avait encore Salomé, il n’avait pas tout perdu, et il y avait encore un espoir pour que les choses finissent par s’arranger. Il remplit une nouvelle fois leurs verres, la bouteille se vidant à une vitesse alarmante, mais qui s’en souciait ? Ils avaient déjà la migraine, tous les deux. Et il avait un canapé pour qu’elle reste ici ce soir, alors autant participer activement à ce qu’ils trouvent rapidement le chemin des bras de Morphée, et sans rêves désagréables cette fois !
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