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Faith Cunningham
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SUR TH DEPUIS : 26/04/2014
MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 9 Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 12:30

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Daisy Moriarty
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 9 Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 12:31

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Faith Cunningham
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 9 Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 12:32

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 9 Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 12:43

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Il se souvenait encore des aubes de solitude qui avaient suivi la disparition inexpliquée de Skylar. Soustraite à sa vie, sans crier gare, subitement elle avait laissé un vide. Les heures d’entrainement étaient devenues solitude, et aux échos de ses opinions ne répondait que le silence d’une absence toute nouvelle. Cesare s’était muré plus profondément encore dans la solitude depuis qu’il avait perdu celle qui avait été son amie de toujours : Skylar n’avait toujours été que ça, d’aucun osant même imaginer quoique ce soit d’autre – ce qu’ils avaient était exceptionnel. Un trop précieux joyau pour qu’ils daignent en faire quoique ce soit d’autre. Aurait-elle disparue de la sorte, s’ils avaient été autre chose ? Qu’auraient-ils pu être d’autre ? Confidents, entités, moitiés d’une même âme déchirée par les épreuves de la vie ? Bien souvent ils n’avaient pas eu besoin de mots, de simples œillades discrètes leur avaient suffi à ce qu’ils se comprennent : après l’avoir perdue, le DeMaggio avait toujours su qu’il ne trouverait personne à sa vie comme Skylar. Il y avait eu Aria. Aria et ses tentatives pour conquérir son cœur et ses confidences : mais alors qu’il avait toujours traité la Cunningham comme son égale, Aria avait été sa petite sœur. Son indispensable, certes, mais cette petite créature frêle qu’il avait toujours eu à cœur de préserver et protéger. A tort, probablement. Aujourd’hui, la brune sauvage prouvait par tous les moyens qu’elle était plus que ça, plus qu’une cadette sous-estimée par un paternel qui n’avait vu son héritage que dans la naissance de son fils – il apprenait peu à peu à s’acclimater à cette Aria, cette sœur qu’il n’avait pas voulu voir jusque-là, parce que c’était différent. Différent ne lui plaisait pas – différent, c’était être transmutant, c’était aller à contre-courant de ce qu’on lui avait toujours enseigné, c’était être un tueur dans le monde des humains. Aurait-il seulement avoué la découverte de sa mutation à Skylar si elle avait toujours fait partie de sa vie à cette époque ? Ou l’instinct de la protéger aurait-il dominé tout le reste, comme pour Aria ? L’appréhension, aussi, avait joué son rôle – forçant l’aîné si fort et si inébranlable, à laisser la crainte viscérale assombrir son jugement. Il avait abandonné sa sœur, tout comme Skylar l’avait abandonné lui : sauf qu’il en payait le prix tous les jours. Aria avait été une transmutante aussi, et Aria était devenue un cobaye, dont les journées de clavaire reposaient principalement sur l’absence de Cesare dans sa vie – la liberté indéniable gagnée par ses parents lorsque l’aîné regardait volontiers ailleurs. Il avait été tant persuadé d’agir en la protégeant, d’agir en faisant au mieux. La vérité s’était avérée toute autre pour lui : elle s’avérait toute autre ce soir, dans cette allée ténébreuse, pour Skylar également. Elle était partie pour laisser un meilleur ami devenir transmutant, et découvrir tout cela par lui-même : le Destin avait définitivement une bien étrange façon de fonctionner. Un sarcasme bien à lui. Et aucun des deux ne devait aimer cette façon d’être, cette façon de vivre : balancé d’un coin à l’autre des épreuves de ce monde par une main supérieure qui décidait de leur sort. Cesare venait tout juste de reprendre sa vie en main, incapable de savoir quoi en faire : sous les yeux cristallins de l’autrefois, il se sentait à nouveau perdre toute prise sur ce qu’il était.

Changer, c’est inévitable. Sans aucun doute ; parfois pourtant, le DeMaggio imaginait coupablement ce que ça aurait pu faire à sa vie, de ne jamais changer. D’être toujours le même adolescent bercé et nourri aux assurances de ses parents, aux paroles des chasseurs, aux principes de la vie que le nom qu’il portait lui imposait. La vie aurait été belle ainsi ; Cesare n’aurait jamais envisagé l’autre partie du tableau : il aurait craché sa haine dans le visage d’une Skylar revenue brusquement dans sa vie, et s’en serait suivi un combat au corps à corps jusqu’à ce que mort s’ensuive. La sienne à lui, la sienne à elle, il s’en serait complètement foutu : parce que la lobotomisation de ses parents aurait marché, de A à Z, et aucune transmutation sortie de nulle part n’aurait changé sa façon de percevoir le monde. Skylar n’aurait fait que le tromper depuis le début, se jouer de lui, être une menteuse – et la rancœur l’aurait emporté sur tout le reste. Tous les autres ressentiments qui bouillonnaient en lui à l’instant précis. Pourquoi devait-il se sentir coupable à nouveau ? Qu’aurait-il pu faire d’autre ? Skylar avait été déclarée morte ; il avait été se recueillir sur sa tombe, défiant l’autorité parentale au point de réclamer aller à son enterrement, sans pour autant y être autorisé, pour des raisons qui lui échappaient complètement désormais. Il avait simplement été toujours enchainé aux volontés de son père : si profondément dans sa chair qu’aujourd’hui, quand il remettait tout en question, le pourquoi du comment n’était plus explicable. La magie qui avait opéré sur son esprit pour tout changer, était bien cruelle – elle avait probablement été cruelle pour Skylar aussi. Ils connaissaient tous les deux ce que ça faisait, d’écouter les discours de haine de ses propres géniteurs tout en sachant ce qu’on est réellement, derrière les apparences. Tout transmutant qu’il avait été, à l’époque de ses vingt ans, il avait continué d’écouter son père, il avait continué la chasse. Il avait tué de ses semblables, espérant que le sang de ses victimes laverait la tare qui était née en lui, espérant que vivre aux bottes d’Ekrem DeMaggio servirait de beaux apparats, et ne révélerait jamais au grand jour ce qu’il était réellement. Si longtemps, Cesare avait cru pouvoir refouler ce qu’il était, au profit de ce qu’il devait être dans l’ordre logique des choses. Plus maintenant ; du moins, pas face à Skylar – bien souvent, Cesare était confronté aux conséquences de ses choix. Lorsqu’il décidait de se lancer dans une soirée de chasse comme autrefois, il se devait de sauver sa vie face à des transmutants, finissant par en tuer parfois, par en sauver d’autres. Il ressemblait presque à un bourreau capricieux – ce n’était pourtant pas là son intention – surtout un réflexe qu’il ne pouvait retenir, une pulsion qui le gagnait à chaque fois que ses songes menaçaient de le noyer. Sans Isolde, ayant presque perdu Aria, sans sa famille, Cesare ne savait plus qui il était, ou ce à quoi il était bon. Ni quel était son but sur cette planète. Avait-il réellement changé ? Ou cherchait-il simplement, désespérément, une autre autorité sous laquelle se placer pour savoir quel était son nouveau but dans la vie ? Pathétique, diraient beaucoup. Des confidences si honteuses ne franchiraient sans doute jamais ses lèvres – pas même pour la blonde face à lui, les réminiscences de celle à qui il aurait confié son âme, sa vie et tout ce à quoi il avait tenu, à une époque. Comme quoi, quelque chose avait quand même changé entre eux. L’expérience, cruelle et vorace, s’imposait dans leurs cœurs, et changeait tout.

Depuis quand ? Depuis quand ? Il avait perdu pieds. Douter faisait tant partie de lui désormais, qu’il ne savait même plus quand tout cela avait commencé : avait-il seulement senti sa dévotion pour ses parents faiblir avant tout ceci ? Probablement. Quand il avait posé son regard sur sa petite sœur, la choyant dans l’espoir secret qu’elle choisisse une autre vie, qu’elle profite de la chance donnée par le désintérêt de leur père pour faire autre chose. Pour faire mieux. Mieux qu’il ne ferait jamais. Si seulement. Si seulement Aria avait choisi autre chose – peut-être alors aurait-il pu faire quelque chose de bien dans sa vie. « Moins longtemps que toi. » remarqua-t-il finalement, à la question de Skylar, la jugeant presque indiscrète, comme s’il pouvait sentir qu’elle était prête à le juger quoiqu’il dise. Oui, lui n’avait pas gardé un tel secret pour lui quand ils avaient été l’un avec l’autre – du moins, c’est ce qu’il se plaisait à croire aujourd’hui, maintenant que tout était révélé. Après tout, combien de secondes avait-il tenu, là, ce soir, face à elle, malgré toutes les années qui avaient couru ? L’amertume était donc plus forte que tout le reste, à la voix mordante de Cesare. Il soupira, son regard trouvant le sol, le cadavre, le sang qui commençait à dégouliner du crâne transpercé. « Cinq ans, environ. » cinq ans qu’il savait, cinq ans qu’il oscillait entre une volonté sempiternelle de ne pas changer, et la force de la nature qui lui imposait tant de changements. Faire front n’avait jamais été son plus grand talent : encore aujourd’hui, affronter la réalité de ce qu’était devenue Skylar, était compliqué. Pourtant, elle avait toujours été une tueuse pour lui – tueuse de transmutants, ou tueuse de chasseurs, qu’est-ce que ça pouvait bien changer ? Indéniablement, ça changeait quelque chose, dans les entrailles du DeMaggio – l’injustifiable supériorité de la caste des chasseurs sur le reste de l’humanité – surtout les transmutants. « Je sais ce que tu fais. Et je sais comment tu le fais. » avait-elle vraiment changé ? Les DeMaggio soupçonnaient cette Faith de faire partie d’un groupe encore méconnu – bref, elle ne décidait pas qui elle tuait, ni dans quelles circonstances. Etait-ce seulement différent de la chasse ? C’était à son tour de la juger, son regard noir jaugeant la blonde un instant, avant qu’il ne se reprenne : devait-il seulement mettre de telles accusations en mots ? Il la ferait fuir, sans conteste ; la Faith née à partir de sa Skylar semblait plus orgueilleuse que tout ce qu’il avait connu. Et changer le monde, changer les gens, ce n’était définitivement pas un de ses talents. La réalité les rattrapa aux paroles de Skylar : que faire, maintenant ? Etaient-ils comme autrefois, comme si de rien n’était ? Ou n’étaient-ils que destinés à se séparer, à s’oublier ? Cesare ne pourrait jamais ; pas maintenant qu’il savait qu’elle était en vie. Pouvait-il faire table rase du passé, table rase de tout ce qu’elle n’avait pas dit, pour autant ? Aria pouvait-elle faire table rase des secrets qu’il avait gardés, lui, la mettant en danger, elle ? Il aimait croire que oui… mais seule sa rédemption était possible s’il acceptait celle de Skylar. Un sourire finit par passer sur ses lèvres, comme une ombre imperceptible pour tout autre que Skylar. « Tu viens juste d’abandonner un cadavre à nos pieds, j’pense que c’est mieux qu’on bouge de là. » de nouvelles secondes d’observation, avant qu’il ne finisse par avouer. « Tu peux pas attendre de moi que j’m’en aille comme si de rien n’était, Sky. Pas après tout ça. » comme s’il ne lui laissait guère le choix quant à l’issu de ce face à face ; ils avaient près de sept longues années à rattraper, et ils n’en avaient récupéré qu’une infinité là, en ces quelques minutes. Qu’elle pense ce qu’elle veut, de leur autrefois, aujourd’hui, il n’avait pas l’intention de la perdre à nouveau, coûte que coûte.
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Faith Cunningham
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 9 Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 12:43

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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 9 Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 12:44

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Il se souvenait encore des aubes de solitude qui avaient suivi la disparition inexpliquée de Skylar. Soustraite à sa vie, sans crier gare, subitement elle avait laissé un vide. Les heures d’entrainement étaient devenues solitude, et aux échos de ses opinions ne répondait que le silence d’une absence toute nouvelle. Cesare s’était muré plus profondément encore dans la solitude depuis qu’il avait perdu celle qui avait été son amie de toujours : Skylar n’avait toujours été que ça, d’aucun osant même imaginer quoique ce soit d’autre – ce qu’ils avaient était exceptionnel. Un trop précieux joyau pour qu’ils daignent en faire quoique ce soit d’autre. Aurait-elle disparue de la sorte, s’ils avaient été autre chose ? Qu’auraient-ils pu être d’autre ? Confidents, entités, moitiés d’une même âme déchirée par les épreuves de la vie ? Bien souvent ils n’avaient pas eu besoin de mots, de simples œillades discrètes leur avaient suffi à ce qu’ils se comprennent : après l’avoir perdue, le DeMaggio avait toujours su qu’il ne trouverait personne à sa vie comme Skylar. Il y avait eu Aria. Aria et ses tentatives pour conquérir son cœur et ses confidences : mais alors qu’il avait toujours traité la Cunningham comme son égale, Aria avait été sa petite sœur. Son indispensable, certes, mais cette petite créature frêle qu’il avait toujours eu à cœur de préserver et protéger. A tort, probablement. Aujourd’hui, la brune sauvage prouvait par tous les moyens qu’elle était plus que ça, plus qu’une cadette sous-estimée par un paternel qui n’avait vu son héritage que dans la naissance de son fils – il apprenait peu à peu à s’acclimater à cette Aria, cette sœur qu’il n’avait pas voulu voir jusque-là, parce que c’était différent. Différent ne lui plaisait pas – différent, c’était être transmutant, c’était aller à contre-courant de ce qu’on lui avait toujours enseigné, c’était être un tueur dans le monde des humains. Aurait-il seulement avoué la découverte de sa mutation à Skylar si elle avait toujours fait partie de sa vie à cette époque ? Ou l’instinct de la protéger aurait-il dominé tout le reste, comme pour Aria ? L’appréhension, aussi, avait joué son rôle – forçant l’aîné si fort et si inébranlable, à laisser la crainte viscérale assombrir son jugement. Il avait abandonné sa sœur, tout comme Skylar l’avait abandonné lui : sauf qu’il en payait le prix tous les jours. Aria avait été une transmutante aussi, et Aria était devenue un cobaye, dont les journées de clavaire reposaient principalement sur l’absence de Cesare dans sa vie – la liberté indéniable gagnée par ses parents lorsque l’aîné regardait volontiers ailleurs. Il avait été tant persuadé d’agir en la protégeant, d’agir en faisant au mieux. La vérité s’était avérée toute autre pour lui : elle s’avérait toute autre ce soir, dans cette allée ténébreuse, pour Skylar également. Elle était partie pour laisser un meilleur ami devenir transmutant, et découvrir tout cela par lui-même : le Destin avait définitivement une bien étrange façon de fonctionner. Un sarcasme bien à lui. Et aucun des deux ne devait aimer cette façon d’être, cette façon de vivre : balancé d’un coin à l’autre des épreuves de ce monde par une main supérieure qui décidait de leur sort. Cesare venait tout juste de reprendre sa vie en main, incapable de savoir quoi en faire : sous les yeux cristallins de l’autrefois, il se sentait à nouveau perdre toute prise sur ce qu’il était.

Changer, c’est inévitable. Sans aucun doute ; parfois pourtant, le DeMaggio imaginait coupablement ce que ça aurait pu faire à sa vie, de ne jamais changer. D’être toujours le même adolescent bercé et nourri aux assurances de ses parents, aux paroles des chasseurs, aux principes de la vie que le nom qu’il portait lui imposait. La vie aurait été belle ainsi ; Cesare n’aurait jamais envisagé l’autre partie du tableau : il aurait craché sa haine dans le visage d’une Skylar revenue brusquement dans sa vie, et s’en serait suivi un combat au corps à corps jusqu’à ce que mort s’ensuive. La sienne à lui, la sienne à elle, il s’en serait complètement foutu : parce que la lobotomisation de ses parents aurait marché, de A à Z, et aucune transmutation sortie de nulle part n’aurait changé sa façon de percevoir le monde. Skylar n’aurait fait que le tromper depuis le début, se jouer de lui, être une menteuse – et la rancœur l’aurait emporté sur tout le reste. Tous les autres ressentiments qui bouillonnaient en lui à l’instant précis. Pourquoi devait-il se sentir coupable à nouveau ? Qu’aurait-il pu faire d’autre ? Skylar avait été déclarée morte ; il avait été se recueillir sur sa tombe, défiant l’autorité parentale au point de réclamer aller à son enterrement, sans pour autant y être autorisé, pour des raisons qui lui échappaient complètement désormais. Il avait simplement été toujours enchainé aux volontés de son père : si profondément dans sa chair qu’aujourd’hui, quand il remettait tout en question, le pourquoi du comment n’était plus explicable. La magie qui avait opéré sur son esprit pour tout changer, était bien cruelle – elle avait probablement été cruelle pour Skylar aussi. Ils connaissaient tous les deux ce que ça faisait, d’écouter les discours de haine de ses propres géniteurs tout en sachant ce qu’on est réellement, derrière les apparences. Tout transmutant qu’il avait été, à l’époque de ses vingt ans, il avait continué d’écouter son père, il avait continué la chasse. Il avait tué de ses semblables, espérant que le sang de ses victimes laverait la tare qui était née en lui, espérant que vivre aux bottes d’Ekrem DeMaggio servirait de beaux apparats, et ne révélerait jamais au grand jour ce qu’il était réellement. Si longtemps, Cesare avait cru pouvoir refouler ce qu’il était, au profit de ce qu’il devait être dans l’ordre logique des choses. Plus maintenant ; du moins, pas face à Skylar – bien souvent, Cesare était confronté aux conséquences de ses choix. Lorsqu’il décidait de se lancer dans une soirée de chasse comme autrefois, il se devait de sauver sa vie face à des transmutants, finissant par en tuer parfois, par en sauver d’autres. Il ressemblait presque à un bourreau capricieux – ce n’était pourtant pas là son intention – surtout un réflexe qu’il ne pouvait retenir, une pulsion qui le gagnait à chaque fois que ses songes menaçaient de le noyer. Sans Isolde, ayant presque perdu Aria, sans sa famille, Cesare ne savait plus qui il était, ou ce à quoi il était bon. Ni quel était son but sur cette planète. Avait-il réellement changé ? Ou cherchait-il simplement, désespérément, une autre autorité sous laquelle se placer pour savoir quel était son nouveau but dans la vie ? Pathétique, diraient beaucoup. Des confidences si honteuses ne franchiraient sans doute jamais ses lèvres – pas même pour la blonde face à lui, les réminiscences de celle à qui il aurait confié son âme, sa vie et tout ce à quoi il avait tenu, à une époque. Comme quoi, quelque chose avait quand même changé entre eux. L’expérience, cruelle et vorace, s’imposait dans leurs cœurs, et changeait tout.

Depuis quand ? Depuis quand ? Il avait perdu pieds. Douter faisait tant partie de lui désormais, qu’il ne savait même plus quand tout cela avait commencé : avait-il seulement senti sa dévotion pour ses parents faiblir avant tout ceci ? Probablement. Quand il avait posé son regard sur sa petite sœur, la choyant dans l’espoir secret qu’elle choisisse une autre vie, qu’elle profite de la chance donnée par le désintérêt de leur père pour faire autre chose. Pour faire mieux. Mieux qu’il ne ferait jamais. Si seulement. Si seulement Aria avait choisi autre chose – peut-être alors aurait-il pu faire quelque chose de bien dans sa vie. « Moins longtemps que toi. » remarqua-t-il finalement, à la question de Skylar, la jugeant presque indiscrète, comme s’il pouvait sentir qu’elle était prête à le juger quoiqu’il dise. Oui, lui n’avait pas gardé un tel secret pour lui quand ils avaient été l’un avec l’autre – du moins, c’est ce qu’il se plaisait à croire aujourd’hui, maintenant que tout était révélé. Après tout, combien de secondes avait-il tenu, là, ce soir, face à elle, malgré toutes les années qui avaient couru ? L’amertume était donc plus forte que tout le reste, à la voix mordante de Cesare. Il soupira, son regard trouvant le sol, le cadavre, le sang qui commençait à dégouliner du crâne transpercé. « Cinq ans, environ. » cinq ans qu’il savait, cinq ans qu’il oscillait entre une volonté sempiternelle de ne pas changer, et la force de la nature qui lui imposait tant de changements. Faire front n’avait jamais été son plus grand talent : encore aujourd’hui, affronter la réalité de ce qu’était devenue Skylar, était compliqué. Pourtant, elle avait toujours été une tueuse pour lui – tueuse de transmutants, ou tueuse de chasseurs, qu’est-ce que ça pouvait bien changer ? Indéniablement, ça changeait quelque chose, dans les entrailles du DeMaggio – l’injustifiable supériorité de la caste des chasseurs sur le reste de l’humanité – surtout les transmutants. « Je sais ce que tu fais. Et je sais comment tu le fais. » avait-elle vraiment changé ? Les DeMaggio soupçonnaient cette Faith de faire partie d’un groupe encore méconnu – bref, elle ne décidait pas qui elle tuait, ni dans quelles circonstances. Etait-ce seulement différent de la chasse ? C’était à son tour de la juger, son regard noir jaugeant la blonde un instant, avant qu’il ne se reprenne : devait-il seulement mettre de telles accusations en mots ? Il la ferait fuir, sans conteste ; la Faith née à partir de sa Skylar semblait plus orgueilleuse que tout ce qu’il avait connu. Et changer le monde, changer les gens, ce n’était définitivement pas un de ses talents. La réalité les rattrapa aux paroles de Skylar : que faire, maintenant ? Etaient-ils comme autrefois, comme si de rien n’était ? Ou n’étaient-ils que destinés à se séparer, à s’oublier ? Cesare ne pourrait jamais ; pas maintenant qu’il savait qu’elle était en vie. Pouvait-il faire table rase du passé, table rase de tout ce qu’elle n’avait pas dit, pour autant ? Aria pouvait-elle faire table rase des secrets qu’il avait gardés, lui, la mettant en danger, elle ? Il aimait croire que oui… mais seule sa rédemption était possible s’il acceptait celle de Skylar. Un sourire finit par passer sur ses lèvres, comme une ombre imperceptible pour tout autre que Skylar. « Tu viens juste d’abandonner un cadavre à nos pieds, j’pense que c’est mieux qu’on bouge de là. » de nouvelles secondes d’observation, avant qu’il ne finisse par avouer. « Tu peux pas attendre de moi que j’m’en aille comme si de rien n’était, Sky. Pas après tout ça. » comme s’il ne lui laissait guère le choix quant à l’issu de ce face à face ; ils avaient près de sept longues années à rattraper, et ils n’en avaient récupéré qu’une infinité là, en ces quelques minutes. Qu’elle pense ce qu’elle veut, de leur autrefois, aujourd’hui, il n’avait pas l’intention de la perdre à nouveau, coûte que coûte.
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James Newton Howard
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