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 i need your help tonight (moira)

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MessageSujet: i need your help tonight (moira)   i need your help tonight (moira) Icon_minitimeVen 5 Juin 2015 - 21:15

i need your help tonight

   
tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a man, boy. but for now it’s time to run.
   

  Cette journée était particulièrement exténuante.  Au retour du labo, mon fils m’a longuement supplié, sous les yeux amusés de Vladimir, de lui apprendre un truc ou deux sur sa formation de hunter. Il était déjà bien avancé pour son âge, mon jeune de vingt ans, mais il cherchait la perfection. Et sa sœur aussi, elle en demandait plus. À peine rentré du boulot que je devais m’y remettre. Au moins, je croyais que l’entrainement aurait épuisé mes dernières réserves d’énergie et qu’ainsi, je n’aurais aucune difficulté à m’endormir.

  Malheureusement, ce n’est pas le cas. Je fixe le plafond d’un air las et laisse échapper un soupir. Je suis couché, au centre du lit, les mains sur le ventre et je contemple le plafond d’un blanc immaculé à la recherche d’une imperfection. J’entends Vladimir, mon cher frère, ronfler tout son soûl dans sa chambre à l’autre bout du couloir. Pourtant ce n’est pas ce bruit particulièrement horripilant qui m’empêche de fermer l’œil. Je lève ma main droite et la regarde sous tous les angles. La pellicule blanche est toujours absente, ce qui signifie que le sérum nh24 agit encore. Je roule les yeux au ciel, si mes insomnies sont le prix à payer pour faire disparaître ma mutation, autant les mettre à profit. Je me redresse lentement afin de ne faire aucun bruit et à pas feutré, je me dirige vers une autre pièce. Mon bureau. Des dessins de molécules et de mécanismes sont éparpillés un peu partout sur ma table de travail mais je la dépasse sans m’y attarder. Je me dirige plutôt vers l’armoire à l’autre bout de la pièce. J’y retire des bouquins et quelques vêtements pour enfin atteindre le fond. J’en extrais mes armes favorites, je cache un couteau dans ma botte et saisit un pistolet muni d’un silencieux que je fourre dans ma poche.
 
  La nuit est d’un froid saisissant. Je renfonce mon bonnet noir sur la tête et enfonce mes mains dans les poches tout en avançant. Oh, en Russie, il faisait bien plus froid. Pas à Sotchi mais quand je voyageais dans le nord de mon pays, il y régnait un froid de canard. J’avance lentement dans les rues de Radcliff à la recherche d’un mutant que je pourrais traquer en cette nuit d’insomnie. Après une bonne vingtaine de minutes, je me dis qu’il n’y a personne d’autre d’aussi stupide que moi pour se balader en pleine nuit et je songe à retourner chez moi.

  Un bruit attire mon attention derrière moi. Mon regard se braque sur un jeune homme tentant visiblement d’être discret à une dizaine de pas. Nos yeux se croisent et nous restons là, figer, à s’observer l’un l’autre. Pour ma part, j’attends un signe quelconque qui me dirait que c’est un mutant, le sérum ne me permet plus d’en être assuré. Je retire lentement mes mains de mes poches en tentant d’être purement pacifique mais le jeune interprète mal mon geste et il se retourne pour s’enfuir. Il pensait peut-être que j’allais en sortir une arme. Bon sang, quelle ville de dingue. Sa fuite me pousse à lui courir après et cette fois-ci, j’agrippe mon pistolet pour lui mettre la pression. Le pauvre, il se balance lui-même. Le mutant bifurque dans une ruelle et je constate qu’il n’y a aucune échappatoire. Malheureusement, il me prend par surprise et me fonce dessus alors que j’ai à peine le temps de brandir mon pistolet. J’arrive à esquiver la première attaque de ses griffes mais la seconde déchire littéralement la manche de mon manteau pour venir se planter dans mon bras. Je laisse échapper un sifflement entre ma mâchoire crispée. Je lui assène un croche-pied qui lui fait perdre l’équilibre mais il décide d’accrocher sa main libre sur ma jambe gauche. C’est qu’il est particulièrement sauvage ce satané mutant. À chacun de mes mouvements, je sens ses griffes qui font de plus en plus de dégâts sur ma peau alors que je te tente de l’emporter sur lui. J’ai perdu la tactique des traques en solo, habituellement, mon frère m’accompagne toujours et on se couvre mutuellement.

  Après d’autres échanges de coup qui nous laisse tous les deux en mauvais états, il s’échappe miraculeusement entre mes doigts alors que je suis pratiquement tâché de sang de la tête au pied. Ma jambe et mon bras sont couvert de griffures dont les plus profondes laisser échapper, ma foi, beaucoup de sang. Ma jambe est ma priorité. Mon nez saigne également, j’ai vachement mal à la mâchoire et mon manteau est en lambeau. Je récupère mon pistolet qui est tombé non loin de là et je tente de sortir de cette ruelle. Je ne peux rentrer chez moi, je vais terrifier tout le monde si je débarque ainsi. L’hôpital est à mille lieux d’ici et je découvre rapidement que je boîte. La meilleure idée qui me vient à l’esprit, c’est d’aller cogner à la porte de la première maison, en souhaitant que je ne m’évanouisse pas. Je claudique donc jusqu’à la première porte que je vois et y donne quelques coups avec ma main ensanglantée. Il est tard et tout le monde dort, j’en suis bien conscient mais je n’en ai pas le choix. Je me risque à toquer un peu plus. Un chien à l’intérieur aboie et me fait sursauter. Au moins, si quelqu’un s’y trouve, son animal m’aura donné un coup de main.


   
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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: i need your help tonight (moira)   i need your help tonight (moira) Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 23:44

I need your help tonight...

ft. Lodrick Strugatsky


« Règle n°4 du mutant qui survit : Ne plus ouvrir sa porte aux inconnus... »
Dehors, la nuit était claire. Tout était calme, la lune était presque pleine et éclairait le jardin d'une lueur blanchâtre assez effrayante. Tout cela aurait pu être poétique, fascinant, plaisant... Si j'y avais vraiment prêté attention. A cette heure-ci, j'aurais du être en train de dormir, comme n'importe quelle humaine normalement constituée. Passé minuit, quand on travaille le lendemain, l'habitude veut qu'on aille rejoindre les bras de Morphée pour éviter de ressembler à un zombie au moment du réveil... Et bien non. Car ce soir, mon cher dieu grec préféré avait décidé de me faire la tête. J'avais passé une heure à fixer bêtement le plafond, un chat ronflant sur le ventre et un autre sur la tête. Pas moyen de trouver le sommeil. Depuis que Roman Griske était venu me rendre visite, je me tournais et retournais ses paroles dans la tête sans discontinuer. Etait-ce vraiment nécessaire ? Est-ce que me stresser en cherchant un quelconque sens caché à sa paroles allait me donner une une information supplémentaire ? Pas que je sache, mais je n'arrivais pas à mettre mon cerveau en veille.

Pourtant, j'étais épuisée. J'aurais donné n'importe quoi pour dormir quelques heures et oublier un moment mes préoccupations. Au bout d'un moment, j'en avais eu marre de rester plantée là. Je m'étais levée, faisant râler les deux boules de poils qui avaient élu domicile sur moi, m'étais dirigée vers le salon et avait gravis la volée de marche menant à la mezzanine. Attrapant machinalement mon violon, je l'avais accordé sans vraiment faire attention, et cela faisait maintenant 20 minutes que je refaisais la même gamme sans m'en rendre compte. A ce rythme-là j'aurai des cloques au bout des doigts avant le matin. Mais ça me passait bien au dessus. Et si William était vivant, quelque part ? S'il attendait que je vienne le sauver ? J'étais vraiment bonne à rien... Cinq ans qu'il avait été enlevé et moi je faisais quoi ? Je vivais dans un trou paumé, je picolais régulièrement, m'envoyais en l'air avec Seth, ce qui revenait quand même à tromper mon fiancé, non ? Mais je le croyais mort deux jours auparavant... C'était beaucoup trop compliqué pour mon cerveau malmené par la fatigue et le stress. Non le mieux, c'était d'envoyer bouler ce grand malade de hunter. Mais j'avais beau essayer, une part de moi ne pouvait s'empêcher de me chuchoter à l'oreille qu'il avait probablement raison.

J'ignore depuis combien de temps j'étais là à jouer et ressasser des questions sans réponses quand on frappa à la porte. Je m'arrêtais net de jouer, Biscuit prenant le relais en aboyant comme un forcené. Sérieusement... En pleine nuit ? Encore ? Ca devenait une manie ! Qui cela pouvait-il bien être ? Pas Pietra, ça ne lui ressemblait pas. Seth ? Non, ce grand idiot n'était pas fou au point de se pointer ici après le couvre-feu. Griske ? Encore ? Il allait m'entendre... Je reposais mon violon sur son support et redescendais au rez de chaussée, l'archet dans une main. Au moins cette fois j'étais présentable et à peu près correctement coiffée. Ca m'éviterait les remarques.
Je m'approchais de la porte, contre laquelle Biscuit aboyait, les oreilles couchées en arrière. Ok. Inconnu, donc. Et pas forcément amical.

Je tirais légèrement sur son collier pour le faire reculer et jetais un œil à travers le judas de la porte d'entrée. Comme je m'y attendais, il faisait trop noir pour distinguer quoi que ce soit. J'ouvrais alors la porte, avec pour seules armes un archet de violon et un énorme berger blanc qui semblait avoir plus envie de débarbouiller notre invité que de me défendre. Très impressionnant, donc.

"Griske je te jure que si c'est encore toi je... Oula... Hè ! Vous allez bien ? Assis, Biscuit !"

Le chien s'exécuta en couinant, tandis que je posais mon archet sur le meuble de l'entrée pour aider le type bien amoché qui était venu s'échouer sur le pas de ma porte. D'un autre côté, ce n'était peut-être pas très prudent d'accueillir un inconnu comme ça... Mais allez savoir, je n'avais pas vraiment réfléchis sur le coup. Claquer la porte au nez d'un mec en train de se vider de son sang, c'était paraît-il mal vu et punit par la loi. En... Presque honnête citoyenne que j'étais, je passais par dessus mes épaules le bras valide de l'inconnu et l'aidait à entrer. Et aller ! Il allait me dégueulasser le parquet, en plus !

"Faites gaffe où vous mettez les pieds, le chien laisse traîner ses jouets..."

Je l'aidais alors à s'installer sur une chaise dans la cuisine et retournais fermer la porte. En revenant, je lui jetais un regard suspicieux, sans un mot. Etant donné sa tenue et son bonnet, il n'avait pas l'air de quelqu'un revenant d'une soirée ou d'un café, il était plutôt pas mal de sa personne, mais avec une expression que je ne connaissais que trop bien. Celle d'un homme qui en a trop vu pour son âge. Celle-là, je le connaissais bien, je la croisais tous les matins en me regardant dans la glace. Et puis il y avait ce pistolet qu'il tenait encore à la main...

"Avant toute chose, je vais passer pour une paranoïaque mais j'ai déjà eu quelques... Problèmes avec des gens d'ici. Vous voulez bien poser tout votre attirail sur la table, s'il vous plaît ?"

Je n'avais pas spécialement envie de me faire tirer dessus dans ma propre maison si ce que je disais ou faisais ne lui plaisait pas. Je me dirigeais ensuite vers un placard et en sorti une trousse de secours et quelques bandes de gaz. En revanche s'il était un peu trop amochée, je n'étais pas équipée et de toute manière je n'étais pas infirmière... Encore heureux, j'aurais fais un massacre avec une seringue dans la main, douée comme j'étais.

"Qu'est ce qui vous est arrivé ? Il n'y a pourtant pas d'animaux sauvages, par ici ! On dirait que vous avez été attaqué par un ours, ce n'est pas joli à voir, croyez-moi..."

Et vu la quantité de sang qu'il perdait, pas étonnant qu'il soit pâle comme un cadavre.

"Vous avez un nom, monsieur le casse-cou ?"

J'esquissais un sourire en essayant d'avoir l'air sympathique. Après tout, ce n'était pas de sa faute si j'étais aussi préoccupée ces derniers temps. Mais son état n'allait pas m'aider à me convaincre qu'on ne vivait pas dans une ville de cinglés...

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MessageSujet: Re: i need your help tonight (moira)   i need your help tonight (moira) Icon_minitimeMer 10 Juin 2015 - 6:27

I need your help tonight
   lodrick&moira
Un soupir de soulagement m’échappa quand la porte s’ouvrit enfin. La propriétaire n’avait pas le visage de quelqu’un que je tirais du lit alors je remerciai le ciel de ne pas l’avoir réveillée. Elle tenait un archet de violon et son chien par le collier mais j’eus à peine le temps d’ouvrir la bouche pour me confondre en excuse et tenter d’expliquer ma situation qu’elle me parlait déjà. Au début, confus, je compris qu’elle me prenait pour quelqu’un d’autre mais elle vit enfin mon état.

"Griske je te jure que si c'est encore toi je... Oula... Hè ! Vous allez bien ? Assis, Biscuit !"

Alors que j’étais sur le point de m’effondrer, elle passa mon bras indemne autour de son épaule et me fit entrer. Elle fit une petite remarque à propos des jouets de son chien et je laissai paraître un sourire et un petit rire amusé glissa entre mes lèvres. Je me sentais plutôt mal de la déranger comme ça en pleine nuit, alors que je suis couvert de sang sur tout le corps. Avec mon bonnet et mon manteau noir, j’avais l’apparence d’un vrai voleur. C’était mieux pour le camouflage dans une nuit noire que mon père me disait toujours. Alors qu’elle me déposa sur une chaise et retourna fermer la porte, j’ouvris la bouche pour la première fois :

- Je suis vraiment désolé de vous déranger ainsi en plein milieu de la nuit et de tâcher votre chez soi avec tout ce sang, je serais bien rentré chez moi mais je crois que je me serais évanoui bien avant d’y être.

Pendant que je parlais, j’agitai ma main droite et remarquai du même coup que je tenais encore mon pistolet. J’écarquillai les yeux, surpris et furieux à la fois, je n’avais pas pensé une seule fois à le cacher. La femme l’avait également aperçu.

"Avant toute chose, je vais passer pour une paranoïaque mais j'ai déjà eu quelques... Problèmes avec des gens d'ici. Vous voulez bien poser tout votre attirail sur la table, s'il vous plaît ?"

Je souris, un peu mal à l’aise. J’avais l’air de quoi en ce moment? Je ne me suis jamais senti aussi imbécile qu’aujourd’hui. Je déposai doucement le pistolet sur la table après avoir retiré les balles et levai les mains pour signifier que je n’avais plus rien. Après un instant de réflexion, je me penchai vers ma botte et retirai le poignard qui s’y trouvait pour le déposer juste à côté du pistolet, le maculant de sang au passage.

- Il n’y a aucun problème, je ferais de même s’il s’agissait de la situation inverse. Voilà, tout est là, vous pouvez me croire, je ne vous veux aucun mal. De toute manière, on sait tous les deux que je ne suis pas à mon meilleur en ce moment.

J’échappai un petit rire en relevant à nouveau les mains dans les airs pour appuyer mes paroles. Je me surprenais toujours à être sympathique ainsi avec les inconnus. Je refusais d’être un homme trop sérieux, renfermé et distant comme mon paternel. Et même si la situation n’était pas aux éclats de rire, j’étais incapable de ne pas avoir un petit rire entre deux gémissements de douleur. J’appuyais sur ma blessure à la jambe qui me faisait un mal de chien alors que ma sauveuse se dirigeait vers une armoire. J’en profitai pour l’observer discrètement. Mes yeux de hunter cherchèrent une pellicule blanche qui trahirait son statut de mutant mais il n’y avait absolument rien autour d’elle. En observant mes mains, il me fallut quelques secondes pour me rappeler que sous le sérum, les pellicules blanches avaient disparus. Il me faudra donc faire confiance aveuglément à cet être bienveillant qui a bien voulu m’ouvrir sa porte en pleine nuit.

Elle revint vers la table de cuisine avec une trousse de secours et des bandes de gaz. Ma mère m’avait appris à désinfecter et bander mes blessures et il arrivait parfois quelques petits problèmes en laboratoire où je devais endosser le rôle du médecin et m’occuper des blessures de mes coéquipiers. Il m’est arrivé aussi d’aider mon frère avec une vilaine entaille qui lui a valu une cicatrice. Alors que je me demandais si je pouvais fouiller dans sa trousse, elle posa la question que je redoutais mais qui allait de toute façon être étalée sur la table à un moment ou un autre.

"Qu'est-ce qui vous est arrivé ? Il n'y a pourtant pas d'animaux sauvages, par ici ! On dirait que vous avez été attaqué par un ours, ce n'est pas joli à voir, croyez-moi..."

Je me figeai sans le vouloir et mon cerveau chercha une explication à toute vitesse. Je m’étais bien inventé une petite histoire avant de toquer à la porte mais elle s’est envolée au moment où j’en avais le plus besoin. Je me contentai de serrer ma mâchoire et grincer des dents. Je saisi doucement le poignard que j’avais déposé plus tôt et tout en la regardant pour qu’elle n’interprète pas tout de travers, je me penchai vers mes jeans déchirés. Là où il y avait la blessure la plus importante, sous mon genou gauche, le tissu était griffé de travers et je m’occupai de le déchirer au-dessus de la rotule. Bon sang, le mutant voulait me perforer le mollet! Les traces de ses griffes zébraient une bonne partie de la peau. Après avoir examiné tout ça, je décidai enfin de lui donner une réponse en grommelant entre mes dents:

-Ouais… c’était un ours un peu spécial. Mais tout ça c’est de ma faute… j’ai décidé de… de le prendre en chasse.

La scène se repassait encore et encore dans ma tête. Je levai les yeux vers la femme aux cheveux roux puis les posai sur la trousse. Elle demanda quel était le nom du casse-cou et j’émis un petit rire en reposant le couteau là où je l’avais pris.

- Le casse-cou porte le nom de Lodrick, et quel est le nom de ma bienveillante sauveuse ? Vous savez, je peux m’occuper de… de ça, vous n’avez pas… ce n’est pas à vous de faire ça.

Je pointai les yeux vers ma blessure qui était maintenant bien visible tout en essuyant le sang qui coulait de mon nez avec un bout de ma manche. Mon bras me faisait aussi terriblement mal. Je remontai la manche du manteau en lambeau et grimaçai devant l’autre entaille. Je reposai immédiatement mon bras, mes gestes me faisaient de plus en plus souffrir alors que le sang continuait de s’écouler. L’adrénaline a dû s’estomper car je me sentis bien faible tout à coup et j’en glissai presque de ma chaise. J’observai les animaux que possédaient la propriétaire de la maison et laissai tomber :

-Vous aimez beaucoup les animaux à ce que je vois...

Skylar avait un chat… Oh, Skylar… Si ma petite femme me voyait en ce moment... Mes yeux se levèrent vers le ciel, ici le plafond, quelques instants et je m’excusai intérieurement.
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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: i need your help tonight (moira)   i need your help tonight (moira) Icon_minitimeJeu 11 Juin 2015 - 22:29

I need your help tonight...

ft. Lodrick Strugatsky


« Règle n°4 du mutant qui survit : Ne plus ouvrir sa porte aux inconnus... »
Je me serais évanoui avant d'y être... Alors ça tu vois je l'aurais pas deviné ! J'étais même étonnée que le gars soit encore debout car après tout, ses blessures avaient l'air assez profondes... Mais qu'est ce qu'il avait bien pu faire pour se retrouver dans cet état ?

Lorsqu'il fut installé dans la cuisine, je le priais de bien vouloir poser ses armes sur la table, et obtempéra sans broncher. Bien... Tu marques un bon point, monsieur. Même si effectivement son état ne lui permettait pas vraiment de se battre, il ne fallait pas beaucoup d'énergie pour appuyer sur la détente d'un pistolet. Du moins c'est ce que j'imaginais, car je n'avais jamais tiré sur qui ou quoi que ce soit avec une arme à feu. Quand j'avais besoin de me défendre, j'avais d'autres façons de le faire... Enfin pour le moment, il n'était pas question de se taper dessus mais plutôt de filer un coup de main à cet inconnu. Décidément, je devenais un vrai saint Bernard, ces derniers temps... Ca ne me ressemblait pas d'aider les autres. Peut-être qu'au fond je commençais à me rendre compte que tout service rendu sous entendait une dette à payer derrière.

"En effet ! Nous sommes à égalité, je ne suis pas armée, comme ça pas de problème !"

Bon techniquement j'étais armée, mais je n'allait pas lui révéler la bouche en cœur que j'étais une mutante. Déjà parce que c'était idiot comme entrée en matière mais surtout parce que je ne savais rien de ce type. Il pouvait très bien décider de reprendre ses armes si je lui disais qui j'étais.

J'enchaînais alors sur l'animal qui l'avait blessé, et sa réponse me fit tiquer. Là en revanche tu t'enfonces, mec... Nous étions au milieu d'un quartier résidentiel, loin de la forêt, et je doutais qu'un ours s'aventure aussi loin dans une ville. Je vis alors sa main se diriger vers le couteau et fronçais les sourcils. Fais le moindre geste brusque et tes blessures te sembleront anodines à côté de ce que je te ferai subir, mon ami... Mais une fois de plus, je m'étais alarmée pour rien, et il se contenta de se servir de la lame pour déchirer son jeans au dessus du genoux. Ouuuuh que je n'aurais pas aimer être à sa place... Ca avait l'air profond et particulièrement douloureux...
Je lui souriais alors et répondais d'un air totalement détaché.

"Vous savez... Vous n'êtes pas obligé de tout me raconter, mais ne mentez pas aussi ouvertement. Il n'y a pas beaucoup d'ours dans la région, et nous sommes trop près du centre-ville pour qu'ils s'aventurent aussi loin. Je ne suis pas américaine, alors la coutume qui veut qu'on aille chasser en forêt avant de savoir écrire je ne connais pas... Mais je sais quand même que votre histoire d'ours est un peu énorme."

Qu'il ne veuille pas me dire ce qui l'avait attaqué, passe encore... Mais qu'il me prenne pour une idiote ça non. Pourtant en disant ça il n'avait pas l'air bien. J'avais de plus en plus envie de savoir quel monstre avait bien pu s'en prendre à lui.

"Bon je l'admet, j'aimerais bien savoir quelle bestiole courre dans les rues, histoire de ne pas finir dans le même état la prochaine fois que je sortirai !"

Je lui souriais à nouveau, comme pour le mettre en confiance. Je n'avais aucun intérêt à me montrer désagréable pour le moment car après tout, ce n'est pas moi qui me vidais de mon sang dans la cuisine d'une inconnue.

J'ouvrais alors la trousse de secours à la recherche de compresses et de désinfectant. Malheureusement pour lui, je n'avais que de l'alcool, et vu la profondeur des blessures il le sentirait passer. Je posais la petite bouteille en verre sur la table, les compresses, une paire de ciseaux stériles enveloppés dans du plastique, quelques comprimés d'anti-douleur et du sparadrap. Moi qui n'avais pour seule connaissances médicales que celles que mon père m'avait apprises quand j'étais adolescente, je n'en menais pas large.

Lorsque l'inconnu me donna son nom, j'éclatais de rire. Pas parce que celui-ci avait quelque chose d'amusant, mais parce que me faire appeler sauveuse avait quelque chose de franchement amusant. Quand on savait à quel point j'avais tendance à casser tout ce que je touchais, c'était plutôt ironique !

"Le casse-cou et la sauveuse... Ca ferait un joli duo, tiens ! Je m'appelle Moira. Et comme on me demande souvent d'où ça vient, c'est irlandais. Et le vôtre ? Il vient d'où ? Oh non laissez, je m'en occuper... Je devrais m'en sortir au moins pour nettoyer vos blessures !"

En général, c'était à soit à mon accent, soit à mon nom qu'on m'identifiait comme le Leprechaun du coin. Mais Lodrick... Je ne me souvenais pas avoir jamais entendu un nom pareil. Il y avait des consonances slaves, dans ce prénom, peut-être était-ce le cas ? Je repensais alors à mon charmant ennemi et hunter russe... Griske... Ce type me filait des frissons dans le dos rien que d'y penser. Si Lodrick venait du même coin, il avait l'air autrement plus chaleureux.

J'imbibais alors une compresse d'alcool en continuant de lui faire la causette, mais je pris tout de même la peine de préciser.

"Vous m'avez l'air d'être plutôt du genre résistant mais je vous préviens : Ca va piquer. Je n'ai que de l'alcool, et il faut désinfecter ça."

Je commençais alors à passer doucement la compresser sur la plaie de sa jambe. J'avais mal pour lui, c'était comme se brûler méchamment en sortant un plat du four : Désagréable au possible !

"Vous n'avez pas idée ! Je recueille à peu près toutes les petites bêtes que je trouve ici... Ca me fait de la compagnie et ça me permet d'oublier ce qui se passe ic... Enfin bref."

Tu parles trop, Moira... Boucles là un peu avant de tout balancer... La fatigue me rendait un peu trop bavarde, finalement. Tout en désinfectant la blessure de Lodrick, je jetais à mon tour un regard autour de moi. Biscuit s'était posté à l'entrée de la cuisine et observait mon invité comme s'il cherchait à savoir s'il devait le considérer comme un ami ou un ennemi, mes deux matous devaient probablement dormir sur mon lit, le grand aquarium du salon émettait une douce lueur bleuté, et on entendait piailler les oiseaux dans la volière de la véranda. Moui... J'avais une vraie ménagerie chez moi.

"Entre le chien, les chats, les oiseaux, les poissons... Nous sommes nombreux, ici !"

Au moins je savais m'occuper d'eux... Je n'osais pas imaginer le carnage si j'avais eu des enfants. Je n'étais déjà pas très douée pour m'occuper de moi-même alors des gosses... Je terminais de nettoyer la plaie que Lodrick avait à la jambe, appuyant plus fermement pour atténuer l'hémorragie. Fouillant à nouveau dans la trousse de secours, j'en tirais du fil et une boîte d'aiguilles stérilisées. Ca en revanche... C'était autre chose. J'avais horreur des aiguilles, et me demander de recoudre une plaie c'était à peu près aussi difficile que me demander de me faire vacciner. D'ailleurs je devais être blanche comme un cadavre, à regarder ma boîte d'aiguilles.

"Vous... Allez trouver ça bête mais je ne suis pas certaine d'être en mesure de recoudre votre blessure... Je ne l'ai jamais fais je... Je ne sais pas faire ça..."

Et en plus je bégayais... Crédibilité : 0 ! Je me levais pour aller ouvrir le frigo, et en sortais une grande bouteille d'eau, et deux verres dans le placard d'à côté. La soirée allait être longue...

"Vous croyez que vous arriverez à le faire, finalement ? C'est que je ne voudrais pas risquer de vous recoudre de travers, hin !"

Sauveuse du dimanche, bonjour !

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MessageSujet: Re: i need your help tonight (moira)   i need your help tonight (moira) Icon_minitimeMar 16 Juin 2015 - 1:28

I need your help tonight
  lodrick&moira
Évidemment, elle n’avait pas avalée l’histoire de l’ours un peu spécial. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me croit, c’était plutôt des mots lancés en l’air en grognant contre cet imbécile de mutant qui m’avait sauté dessus. Je ne savais pas qui était cette femme, elle était peut-être hunter elle aussi à ses heures, tout simplement humaine, ou pire encore, mutante. Et ça, je n’avais aucun moyen de le vérifier. Je lui jetai un deuxième coup d’œil discret dans l’espoir de voir la pellicule mais le sérum m’empêchait efficacement de me servir de cette fichue mutation.

Je pris mon temps pour répondre. En fait, je ne savais pas quoi dire alors je fis comme si je ne l’avais pas entendu pour gagner un peu de temps. Je me penchai à nouveau sur ma blessure et en profiter pour tout simplement enlever le bout de jeans déchirer qui tombe mollement sur mes chaussures, le rouler en boule et le mettre sur la table. Je continuais de réfléchir à toute vitesse, pesant le pour et le contre de chacune de mes idées mais aucune explication plausible ne me venait en tête pour expliquer mon agression et l’état lamentable dans lequel je suis. En même temps, en venant toquer à sa porte, je savais très bien qu’on allait se questionner sur mes blessures. Encore une fois, l’excuse que j’avais préparée en claudiquant dans la rue refusait de refaire surface. Je soupirai en reposant délicatement le couteau sur la table, exactement au même endroit où je l’avais posé.

-Je ne vous mens pas, je camoufle simplement un peu la vérité. Si je peux me permettre, je vous conseille la prudence si vous décidez de vous balader la nuit. Ce n’était pas vraiment un ours qui m’a attaqué, nous vivons dans une ville de cinglés, je dois l’admettre et c’est un jeune homme avec des griffes qui m’a infligé ça.

Je désigne vaguement mon corps et ses entailles avant de planter mon regard dans le sien. Mes derniers mots étaient peints d’un sous-entendu assez évident. Sans avoir à dire le mot à haute voix, je crois être assuré qu’elle aura saisi ce que je voulais dire. Chaque être vivant à Radcliff connait ce mot et a probablement déjà croiser un spécimen dans sa vie, qu’il en soit conscient ou non. Je dois admettre que je voulais aussi surveiller sa réaction, est-ce qu’elle en sera choquée ou alors elle fera comme si tout était normal?

En même temps, un transmutant est beaucoup moins sauvage qu’un ours, alors des questions vont naître sur les raisons de l’attaque que m’a portée le mutant. Des soupçons sur mon état de hunter vont faire surface puis le dossier sera étalé sur la table tôt ou tard. Et déjà des preuves s’amoncelaient sur celle-ci, mon couteau et mon pistolet. Je grinçai les dents en contemplant mon manque de subtilité soudain. Il faut dire que perdre du sang fait aussi perdre ses moyens et mes capacités de réflexion s’amenuisent plutôt rapidement en ce moment.

En posant mon regard sur la femme, je vis qu’elle déposait une bouteille d’alcool sur la table et j’écarquillai les yeux en imaginant déjà la réaction lorsque le liquide toucherait à mes blessures. Elle n’avait que ça ? J’allais souffrir un bon coup. Elle éclata de rire en entendant mon nom et je fronçai les sourcils en me demandant ce que Lodrick avait de désopilant. C’était un prénom plutôt rare, je ne l’avais presque jamais entendu en Russie, peut-être bien une fois mais c’est un souvenir vague. Le prénom de ma sauveuse, je découvre alors que c’est la source de son amusement, est Moira. Prénom Irlandais. Original, j’aimais bien.

-Je crois qu’il est d’origine bretonne, quoique je sois russe, peut-être est-il originaire de ce pays ou alors mes paternels ont tenté l’originalité? Je n’en sais que trop peu, je dois dire que je ne me suis jamais vraiment renseigné sur l’origine de mon prénom. Le vôtre est très original, c'est la première fois que je l'entends. Et tout doucement avec l’alcool. Vous n’avez peut-être que ça, mais ne l’appliquez pas trop longtemps sur ma plaie, non seulement ça fait mal, je le concède, mais l’alcool brûle les tissus et ralentit la cicatrisation, c'est plutôt déconseillé normalement. Comme vous ne possédez que cela, on va faire avec.

Tout en discutant avec Moira, je la vis préparer une compresse avec l’alcool et je décidai de m’agripper férocement à ma chaise. Elle fut toutefois assez gentille de m’avertir que ça allait faire un mal de chien et j’eus un petit sourire malgré moi. Alors qu’elle appliquait la compresse, je pris soudainement le tissu que j’avais arraché de mon jeans et je l’enfonçai sans ménagement dans ma bouche pour mordre dedans. L’alcool mordait ma blessure à pleine dent, je la sentais qui piquait ma peau. J’émis un grognement à travers le morceau de tissu mais fut rapidement soulagé lorsque Moira s’arrêta. Entre temps, elle avait passé un commentaire sur ma remarque à propos de sa ménagerie et je sentis l’hésitation à la fin de sa phrase. J’enlevai le tissu qui m’encombrait la bouche et je lui dis avec un sourire amusé :

-C’est une ville de dingues, je vous l’ai dit. C’est néanmoins une bonne action, de donner refuge à ces animaux. Mes enfants me harcèlent pour que nous ayons un chien ou un chat...

Ce fut à moi de me la fermer cette fois-ci. Je me demandais ce qui me prenait de parler de ma famille ainsi devant cette inconnue. Peut-être inspirait-elle la confiance? Je devais m’être cogné la tête aussi, certainement même, jamais je ne parle de mes enfants. Je tente toujours de les protéger de mon univers tordu le plus longtemps possible alors qu’ils foncent dedans peu à peu avec leur formation de hunter qui progresse. Je dois avouer que je les forme le plus lentement possible, je ne saute pas de joie à les voir courir les rues comme je le fais et risquer de se retrouver dans un état comme le mien.

Je vis Moira aussi pâle que moi devant sa boîte d’aiguilles et son fil. Elle m’avoua qu’elle ne connaissait pas vraiment cela en bégayant. Je tendis les mains pour saisir tout ce matériel tandis qu’elle se levait pour aller au frigo.

-Ne soyez pas gênée. Par chance, il se trouve que je sais aussi recoudre des plaies!

Tout en parlant, je tentai de trouver une position confortable pour mon travail. Une fois que ce fut fait, je m’attelai à la tâche lentement, avec toute la précision et la minutie dont je savais faire preuve en laboratoire parfois. Rapidement, j’entrai en transe et Moira et toute la pièce disparut de mon environnement. Je ne voyais que cette foutue plaie, le fil et l’aiguille.

Une fois que j’eus totalement terminé, je déposais l’aiguille ensanglantée et la bobine sur la table. Je remontai la manche de mon manteau et examinai la blessure que j’avais au bras. Hmm. Celle-ci aussi devra être désinfectée. Je fis grincer mes dents en repensant à morsure de l’alcool.

-Sinon, vous êtes toujours toute seule comme ça, avec vos animaux?

Je désignai la pièce et son chien d’un geste de la main. Il n’y avait aucune mauvaise intention dans mes paroles, je désirais tout simplement faire la conversation et rompre un silence. En fait, ma sauveuse savait amplement briser les silences et mener les conversations mais je voulais en apprendre plus sur cette bienveillante personne.


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MessageSujet: Re: i need your help tonight (moira)   i need your help tonight (moira) Icon_minitimeVen 19 Juin 2015 - 17:01

I need your help tonight...

ft. Lodrick Strugatsky


« Règle n°4 du mutant qui survit : Ne plus ouvrir sa porte aux inconnus... »
Je le fixais depuis maintenant quelques minutes, bien décidée à obtenir une réponse digne de ce nom. Non je n'avais pas cru à son histoire d'ours, et oui j'étais suspicieuse. Qui ne l'aurait pas été ? D'un autre côté, avec tous les givrés qui voulaient la peau des mutants dans cette ville, je devenais légèrement parano...
Il se décida finalement à répondre, et je pris un air volontairement détaché, comme s'il me racontait quelque chose de tout à fait banal... Seulement je ne m'attendais pas à ces derniers mots. Je lâchais la boîte que je tenais dans les mains, et le choc résonna sur la table tandis que les bandes de gaz s'éparpillaient sur le sol. Biscuit se mit à japper, et je le fis taire d'un geste de la main, sans perdre Lodrick des yeux. S'il voulait de la sincérité il était servi. C'était une surprise on ne peut plus naturel qui avait figé mon visage, et je tentais de contenir les tremblements de colère de mes mains.

A présent, la seule chose qui pouvait me sauver c'était le fait que cette surprise pouvait être interprétée de deux manières : Celle d'une mutante qui commence à se dire que ça craint pour ses fesses, et celle d'une humaine ordinaire... Qui se dit que ça craint aussi mais pour d'autres raisons. Après tout, mutant ou non je n'avais pas spécialement envie de me frotter à un cinglé décidé à charcuter tout le monde avec ses griffes.

Rompant ce regard insistant entre nous qui devenait gênant, je me penchais pour ramasser ce qui était tombé sur le carrelage. Pourquoi je m'en faisais à ce point ? Ce type était peut-être simplement un habitant lambda qui était tombé sur un mutant un peu trop speed ? Oui mais il avait un couteau et un flingue, me disait une petite voix sournoise dans ma tête... Ça me coûtait, mais je décidais de jouer la carte de l'humaine un peu flippée.

"Je vois... Un... Mutant, c'est ça ? Alors ce qu'on dit est vrai ? Certains sont vraiment agressifs ? Pardonnez la question mais c'est lui qui vous a attaqué ou l'inverse ?"

Oui bon me demander de ne pas défendre un type comme moi c'était trop me demander. Et mon ton était involontairement plus froid qu'auparavant. Et à quoi bon ? Ce type ne m'avait rien fait, après tout !

"Bah ! Qu'importe ! On devient tous parano, ici, à force ! On nous dit de craindre les mutants, puis ceux qui les chassent... A mon avis, ce qu'il faut craindre c'est la peur de l'inconnu. C'est ce qui rend les gens complètement cons..."

Et pour le coup, c'était honnête. J'avais horreur de cette intolérance vis à vis des mutants. Croyaient-ils que nous avions choisi d'être différents ? Que nous avions délibérément demandé à avoir ces dons ? Non. Mais on nous rabâchait tellement que nous étions des monstres que certains allaient jusqu'à renier leur nature en se faisant vacciner. Jamais cela ne m'arriverait de mon plein gré. Accepter sa mutation c'était comme accepter d'être petit, d'être blond ou brun, d'avoir une mauvaise vue... On ne choisissait pas ce genre de choses. Mais bon. On ne changerait pas les humains pour en faire des anges de tolérance.

Fort heureusement pour nous deux, le sujet dériva sur quelque chose d'aussi banale que nos identités. Et ce n'était pas plus mal, car le malaise qui s'était installé entre nous quelques minutes auparavant n'avait rien d'agréable.

"Breton ? Nous aurions presque pu être de lointain parents !" Dis-je sur le ton de la plaisanterie. "Quoi que russe, je vous avoue que j'aurais plus penché pour ça, en effet. C'est original, on ne doit pas vous confondre avec un autre ! Oh vous savez, Moira chez moi c'est à peu près aussi courant que Marie en France !"

Ce qui faisait de moi une sainte vierge ? La bonne blague... En revanche, je faisais moins la maligne avec cette histoire d'alcool... Avant d'arriver à Radcliff, je n'avais pratiquement jamais rien pour me soigner, soit parce que j'évitais soigneusement les ennuis, soit parce que mes quelques années d'arts martiaux pendant ma jeunesse m'avaient finalement servis à éviter de me trimbaler avec un œil au beurre noir et des cicatrices à chaque altercation.
Mais depuis que je vivais ici... Ce petit coin de bouseux avait réussi à m'avoir en peu de temps. Les marques rouges sur mes poignets me rappelaient tous les jours ces deux hunters qui avaient bien failli avoir ma peau, et j'avais bien cru que je garderai longtemps cette balafre au visage.

"Ah... Heu... C'est que je n'ai pas l'habitude d'avoir des blessures à soigner, et généralement je me contente d'un peu d'eau... Et bien au moins je saurai qu'en plus d'arracher, l'alcool ce n'est pas bon ! Je vais vous demander de me donner des cours, tiens !"

Oui bon peut-être pas... Je ne savais rien de lui, il ne savait rien de moi... D'ailleurs il devait probablement se méfier tout autant de moi. Seulement il avait on ne peut plus raison. L'alcool sembla lui brûler la peau comme si j'avais essayé de cautériser la plaie avec du fer chauffé à blanc... Je n'aurais pas aimé être à sa place. Note pour plus tard : Investir dans un vrai désinfectant.
Alors que nous parlions de la ménagerie que j'avais chez moi, il laissa échapper un commentaire sur ses enfants. Et bien... Un partout, on dirait ! A croire que ce soir, nous allions nous raconter nos vies entre deux points de suture ! D'un autre côté je ne savais pas pour lui, mais j'avais personnellement rarement l'occasion de parler de mes petits traquas avec quelqu'un d'autre que Seth. Non pas que je cherchais à le faire, je n'aimais pas parler aux inconnus, mais là c'était un peu différent... Et nouille comme j'étais, je m'engouffrais dans la brèche au lieu de laisser couler.

"Ah vous avez des enfants ? Quel âge ont-ils ? Je trouve qu'une maison sans animaux manque de vie... Mais ça doit venir du fait que j'ai grandis avec... Enfin passons."

Eeet voilà ! C'est reparti, on va vraiment finir la nuit à se raconter l'histoire palpitante de nos petites vies humaines si ordinaires... De toute manière ce n'était plus le moment de parler de tout ça. Déjà, Lodrick avait pris les aiguilles et commençait à recoudre sa plaie. Là c'était trop pour moi. J'avais une sainte horreur de ces choses là, ça me retournait l'estomac... C'était même complètement idiot ! Je me méfiais plus de quelqu'un avec une seringue dans la main qu'un couteau de boucher... Petite, ma mère arrivait à m'effrayer avec une aiguille à tricoter... Ah elle est belle, la mutante qui se veut courageuse ! C'est bon, des aiguilles j'en avais vu suffisamment dans mon enfance pour pouvoir m'en passer pour le restant de mes jours.

"Et bien... Heureusement que vous êtes à l'aise avec ces choses-là... Je n'aurais pas été d'un grand secours, mais l'hôpital n'est pas si loin, si vous préférez..."

Quoi que... Allez expliquer à un médecin que vous vous êtes fait attaquer par un ours alors qu'il n'y en a pas dans la région... Niveau crédibilité, on a vu mieux. Je me taisais alors, trop mal à l'aise pour dire quoi que ce soit. Posant mon verre, j'allais ébouriffer la crinière de mon chien pour m'occuper les mains et laissait mon invité s'occuper seul de sa blessure.
Ca aurait pu en rester là, lui terminant de se soigner, rentrant chez lui pour se remettre de ses émotions et moi retournant à mes gammes... Mais c'était trop simple. Trop évident. Il rompit le silence avec LA question que j'aurais préféré éviter. Une question toute bête, une curiosité tout à fait ordinaire... Et qui pourtant me fit tiquer. Je me redressais et m'approchais à nouveau de la table, laissant un long silence s'installer entre nous. Pour le justifier, je bus une longue gorgée d'eau.
Et j'allais répondre quoi ? Qu'à trente ans j'étais une petite vieille à chat qui ne vivait qu'avec ses animaux ? Ou que j'étais une dévergondée avec des histoires sans lendemain ? Non seulement je ne me voyais pas lancer ça au milieu de les conversation, mais ces deux réponses n'avaient aucun sens sans le contexte. Alors je choisissais d'édulcorer grandement ma réponse en me contentant de survoler le sujet.

"Disons que... Ici je suis seule. Il y avait quelqu'un, quand je vivais à Chicago mais... Je ne sais pas où il est. C'est pour ça que je dis que les chiens sont plus attachants ! Ils ne se volatilisent pas ! Enfin je veux dire... J'espère que vous n'avez pas connu les mêmes déboires avec la mère de vos enfants."

C'est drôle mais... C'est en disant cela que je me rendis compte à quel point c'était bête. Non seulement en m'entendant parler on pouvait clairement comprendre que le départ de mon fiancé n'avait rien d'intentionnel mais plutôt criminel, mais en plus je rebalançais le sujet sur Lodrick. Niveau logique on avait vu mieux. D'un autre côté je ne voyais pas trop comment m'en sortir autrement... Je n'aimais pas parler de moi, surtout si c'était pour attirer la pitié des gens sur moi. Et lui, qu'allait-il en penser ? Allait-il me jeter ce regard plein de compassion que je haïssais tant ? Ce « je comprends » écœurant et plein de condescendance qui me donnait sans cesse envie de dire aux rares personnes au courant que non. Personne ne pouvait comprendre. Ou du moins ceux qui n'avaient pas vécu une perte aussi soudaine et douloureuse ne pouvaient pas comprendre. Qu'y avait-il de pire que de ne pas savoir si celui qu'on aime est mort, en vie, entier, ou autre ? Je n'avais encore jamais croisé personne qui soit capable de me dire « je sais ce que c'est » sans mentir ou me prendre de haut. Je commençais à sentir la colère monter en moi, mais ce n'était pas la faute de Lodrick... Il s'était contenté de me poser une question tout à fait banale... J'étais trop sanguine, c'était ça le problème... Pour m'occuper, je ressortis la bouteille d'alcool et une compresse pour l'aider à soigner la blessure qu'il avait au bras.

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