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 C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi

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MessageSujet: C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi   C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi Icon_minitimeJeu 5 Nov 2015 - 17:22


Bob ne se souvenait plus très bien de comment il s'était retrouvé à apprendre à lire. Etait-ce à cause du livreur qui lui avait suggéré que la lettre qu'il venait lui donner était sans doute porteuse de mauvaises nouvelles ? Etait-ce parce que Malachi avait proposé son aide, d'une certaine manière ? Il n'en savait rien mais, pour une fois, il était relativement content de ce concours de circonstance qui l'amenait à combler une lacune dont il avait honte.
Bien entendu, le mutant  trouvait qu'il n'apprenait pas assez vite, qu'il avait l'air stupide à lire aussi lentement et malgré lui, il pensait très fort que Malachi devait bien se moquer de lui intérieurement. D'un autre coté, il ne l'imaginait pas assez mesquin pour ça. Il ne connaissait pas beaucoup l'homme mais il en savait assez pour avoir un certain respect à son égard et même – il ne l'avouerait jamais – un peu d'admiration. C'était un homme de savoir. Il en savait tellement qu'il apprenait des choses à d'autres personnes dans un lieu qui, dans l'esprit de Bob, constituait la cathédrale du savoir humain. Bien entendu, il y avait des choses qu'on apprenait pas à l'école et, si Bob avait appris à chasser, se battre et utiliser la nature à son avantage, c'était devenu tellement naturel qu'il avait la sensation de ne rien savoir faire.
Cette impression, tenace qui plus est, était la cause de ses jugements hâtifs sur les citadins. Lorsqu'ils se perdaient dans la nature, ne savaient pas utiliser telle ou telle ressources sous leur nez, il ne comprenait pas qu'eux-même ne comprenne pas.
Depuis le début de ses leçons, il avait pris l'habitude de ramener quelque chose en compensation. Bien souvent, il ramenait un plat qu'il avait cuisiné dans les plus grandes traditions cajuns avec ce qu'il avait chassé, cueilli ou fait pousser. Aujourd'hui, caché dans son sac, se cachaient des boulettes à la viande d'écureuils épicés. C'était un des plats qu'il préférait faire et l'idée qu'une personne normale puisse penser que manger des écureuils était bizarre ne lui avait jamais traversé l'esprit.
Arrivant à proximité de l'endroit où il avait rendez-vous avec Malachi, Bob finit sa cigarette, coinçant le mégot entre le pouce et le majeur avant de l'écraser et de l'envoyer balader d'une pichenette vers des cieux plus cléments. Il remit ses lunettes en place, coincés haut sur son nez et finalement, rajusta sa capuche sur sa tête afin d'être parfaitement sûre que sa condition de mutant était définitivement bien cacher à l'humanité. Il savait par Seth ce qu'il se passait en ville : une chasse aux sorcières. Tout les mutants étaient mauvais, tout les mauvais devaient mourir, bla bla bla. Il avait compris l'idée d'autant qu'on lui avait enfoncé ça dans la tête à coup de poings tout au long de son existence. Il n'était pas pour autant d'accord mais ne considérait pas qu'il était de son devoir de participer à tout ce bordel. Il avait assez à faire à gérer ses propres conneries, il n'avait pas besoin de celles des autres par là-dessus.
Il regarda autour de lui, toujours aussi méfiant des gens qui pouvaient tenté de sociabiliser avec lui ou mieux encore de l'agresser pour Dieu sait quoi. Il toqua à la porte et attendit patiemment que Malachi lui ouvre. Il regarda l'homme au travers de ses verres noir.

-Salut.

Le gros problème de Bob, c'était que quand personne ne t'avait appris à lire ni des livres ni l'heure. L'horloge et les rendez-vous étaient quelque chose de parfaitement relatifs. Autant lorsqu'on lui disait à l'aube, à midi, au crépuscule ou la nuit, il était capable d'être à l'heure mais dès que les une heures et quart, trois heures trente débarquaient... C'était une autre pair de manche. Il n'avait donc absolument pas conscience de son retard et était, de fait, parfaitement à l'aise dans ses baskets.
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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi   C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi Icon_minitimeLun 9 Nov 2015 - 21:50

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Malachi avait pris l’habitude de ne pas donner véritablement d’heure fixe à Bob pour leurs petites réunions hebdomadaires. Il lui indiquait souvent simplement le jour de son après midi de repos hebdomadaire, et le trappeur se décidait plus ou moins tout seul de l’heure à laquelle il considérait pertinent de venir pointer le bout de son nez. Cela avait décontenancé le rigide et pointilleux universitaire, et puis finalement il s’était habitué : en général, il s’installait dans le salon pour corriger ses copies ou préparer ses cours en attendant l’arrivée de son « élève », sans se formaliser de le voir arriver sans prévenir : Bob n’était pour ainsi dire pas vraiment de ces gens qualifiés de conventionnels, mais Malachi n’était pas vraiment du genre à juger non plus. Il était un peu plus de quatre heures de l’après midi quand on toqua à la porte du manoir, le bruit faisait lever le museau du chiot qui faisait sa sieste sur les pieds de son maitre, clignant des yeux d’un air ensommeillé avant de trottiner derrière son humain pour découvrir qui se trouvait de l’autre coté de la porte. Jumbo était aussi content, si ce n’est plus, de voir l’étrange humain à l’odeur de serpent qui venait souvent rendre visite à son maitre. Cette joie n’était cependant pas tout à fait désintéressée : le trappeur ramenait souvent des plats improbables en guise de cadeaux, et quand ni Evangeline ni Malachi n’arrivaient à deviner ce que c’était, le plat terminait souvent dans la gamelle du chiot. Et Jumbo A-do-rait la terrine d’écureuil.

- Bonjour Bob, je t’en prie entre, je suis tout seul.

Précision futile mais que Malachi savait nécessaire pour la stabilité émotionnelle de l’homme : Bob était d’une introversion presque pathologique, et la seule et unique fois où il avait essayé de lui faire cours avec du monde dans la maison, il avait littéralement perdu trois heures de sa vie à essayer de calmer l’homme incapable de se concentrer. Pourtant, la population du manoir était on ne peut plus pro mutante et ouverte, et les personnes que l’on pouvait y croiser était « comme lui », mais ce n’était pas encore suffisant, apparemment. Alors Malachi avait pris ses dispositions, et fait en sorte qu’il ne soit pas confronté à qui que ce soit d’inconnu quand il viendrait. Ça demandait un peu de logistique, sans être non plus infaisable : à priori, l’heure du gouter est plutôt une heure creuse niveau fréquentation au manoir Porter.

- Enfin, il y a Jumbo. Mais je pense pas qu’il cherchera à te distraire à priori … A moins que tu lui donnes un truc à manger.

Un sourire, puis il s’effaça pour laisser le mutant entrer. A priori Evangeline ne rentrerait pas avant la limite du couvre feu, elle avait à faire ce soir. Il savait que ça ne concernait pas le stand de tir, mais n’en avait pas demandé plus : les agissements de sa femme devaient parfois, pour leur sécurité à tous les deux, restés un mystère pour lui. Ce n’était pas bien rassurant, mais c’était la chose la plus intelligente à faire…

- Tu as ramené de quoi travailler aujourd’hui ? Installons nous sous la véranda, l’exposition est parfaite à cette heure ci de la journée…

Pour ne pas bloquer Bob, il avait décidé de lui laisser le choix des ouvrages sur lesquels il l’exerçait à la lecture. Ça pouvait être n’importe quoi, une bande dessinée, un livre pour enfant, un roman classique, une revue … Le tout était que cela vienne de lui, qu’il ait Envie de lire, de déchiffrer les graphèmes inscrits sur le papier. Le reste, Malachi s’en chargerait de sa patience légendaire et de sa pédagogie à toute épreuve ou presque : s’il avait pu canalyser des mutants pyrurgistes et autres empathes quasi schizophrènes, ce n’était pas un simple illettré qui allait lui faire perdre son sang froid …


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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi   C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi Icon_minitimeLun 16 Nov 2015 - 13:58

Il s'émanait de Malachi cette impression constante de calme, de contrôle. Depuis le début de ses leçons et malgré les ratés qu'il avait eu lorsque trop de gens se trouvaient dans le manoir, il trouvait ces séances de lectures apaisantes. Pour dire vrai, Bob se demandait régulièrement si Malachi ne manipulait pas ses émotions mais à la fin de sa séance hebdomadaire, ça n'avait plus d'importance car il en sortait toujours en en sachant plus. Il n'arrivait pas encore à dompter tout les caractères qui, de son point de vue, se battait contre ses yeux à la manière de lions en furie. Le fait était qu'il progressait. Il progressait plus vite qu'il ne l'aurait cru et ça lui avait fait indéniablement du bien. Il n'était pas du genre dépressif mais, pour être parfaitement honnête envers lui-même, il n'avait pas été en grande forme durant les derniers mois. Son enfermement forcé à Radcliff, loin de sa forêt bien aimée et loin de son mode de vie avait contribué à une baisse de moral suffisamment significative pour être marquer dans le journal des jours pas super top mental de l'homme-grenouille. Les séances de lecture, aussi difficiles étaient elles, contribuaient à lui remonter le moral. Certes, il se sentait très très nul de ne pas savoir lire à presque 33 ans mais d'un autre coté, il s'améliorait de manière significative. Tant sur le plan de la lecture que sur le plan personnel. Il y avait quelques années de cela, il aurait arrêté de venir pour la simple raison que Malachi était une autre personne et qu'il aurait été sur le qui-vive, persuadé d'être à deux doigts d'une agression en règle. Alors oui, la fonction motrice de son visage permettant à cette cavité appelée la bouche de soulever ses extrémités pour former ce qu'on appelait communément un sourire ne fonctionnait que par intermittence, voir ne fonctionnait pas – tout dépendait d'à qui on demandait -  mais quand on partait d'aussi loin que partait Bob, c'était déjà loin d'être mal. C'était même carrément bien, il fallait le dire.

- Bonjour Bob, je t’en prie entre, je suis tout seul. Enfin, il y a Jumbo. Mais je pense pas qu’il cherchera à te distraire à priori … A moins que tu lui donnes un truc à manger. 

Bob eut un léger sourire, très discret. Il entra dans le manoir et s'accroupit pour flatter Jumbo d'une petite caresse.

-Salut, toi.

Une fois ça fait, il suivit Malachi dans le manoir et détailla les lieux. Tout l'endroit était tellement éloigné de ce dans quoi vivait Bob... Il imaginait parfaitement pourquoi certaines personne oubliaient qu'il était possible de vivre dans moins. Il ne se serait jamais permis de dénoncer pareil train de vie ou même ce type de maison mais de son point de vue, ça lui donnait le vertige. Malachi avait souvent des gens au manoir et l'endroit était souvent rempli ou du moins il n'était suffisamment pour que Bob soit stressé par le trop grand nombres de personnes présentes mais il imaginait des gens seuls ou à deux, vivre dans des batisse tellement gigantesques que – s'ils le voulaient- ils ne se croisaient pas de la journée. Ca lui donnait le vertige et une grosse sensation de malaise. Il n'avait pas spécialement d'opinion sur la question, cela étant dit, il savait parfaitement que cette vie-là n'était pas faite pour lui. Il en était là de ses reflexions quand Malachi avait reprit la parole.

- Tu as ramené de quoi travailler aujourd’hui ? Installons nous sous la véranda, l’exposition est parfaite à cette heure-ci de la journée…

Bob hocha la tête et sortit de sa poche un livre tout corné. Il s'agissait d'un roman que lisait souvent sa mère, selon Danny, et qu'il avait récupéré comme mémoire d'une personne qu'il n'avait jamais connu. Il n'avait connu que des photos qu'on lui avait principalement montré pour lui dire que c'était de sa faute. Il s'agissait du Berceau du Chat de Vonnegut.

-Ouais. Je voulais essayer ça... C'tait à ma mère. Chai pas bien de quoi ça parle.

Bob regarda la véranda et finit par demander d'un air méfiant.

-Personne nous verra là ?

Au dela de l'aspect très paranoïaque de la question, qui était parfaitement indéniable, Bob avait beaucoup de mal à lire avec ses lunettes de soleil. Il espérait simplement pouvoir virer ces dernières et laisser ses yeux filer sur les pages à la vitesse d'une torture tétraplégique mais il avait aussi des questions à lui poser. Des choses qui n'avaient rien à voir avec la lecture. Il resta un moment silencieux en suivant Malachi et finit par dire.

-Il paraît que c'est encore plus la merde ici... A Radcliff, j'veux dire...

Il scruta Malachi de ses yeux, il espérait avoir des explications sur ce qu'il se passait car Seth ne lui en avait, finalement, pas dit beaucoup.
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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi   C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi Icon_minitimeMer 18 Nov 2015 - 22:25

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La venue de Bob au manoir était toujours une petite victoire pour Malachi, ou plutôt pour l’enseignant qui était en lui : L’homme était l’archétype du gamin avec d’énormes capacités, beaucoup de potentiel, mais dont l’histoire personnelle, l’environnement familial avaient étouffés son talent dans l’œuf. Des lycéens comme Robert, Malachi en croisait chaque année, dans les couloirs, parfois dans ses classes, et il n’était que frustration quand il les voyait décrocher en classe. Ces gamins là n’étaient pas plus bêtes que les autres, mais ils n’avaient jamais été aidé chez eux, et parfois même pas à l’école. Il essayait d’en aider un ou deux, tentant de les rattacher au reste de la classe, parfois à bout de bras. Il en avait réveillé quelques uns comme ça, mais cela ne suffisait malheureusement pas toujours. Aussi, Bob était une revanche sur tous les gamins pour qui Malachi était arrivé trop tard : s’il pouvait redonner foi en lui au trentenaire, il pourrait prouver à chacun des lycéens qu’il n’était jamais, jamais trop tard.

Il laissa Bob le suivre jusqu’à la véranda, Jumbo courant entre leurs jambes en jappant joyeusement : Le chiot avait tendance à coller le mutant dès qu’il passait le pas de la porte, rendu totalement dingue par la myriade d’odeurs qu’entrainait le mutant sur son passage : la sienne d’abord, mélangeant des effluves humaines et sauriennes, qui donnait envie au petit dalmatien de lui mordiller les orteils comme il le ferait avec les chaussures en cuir de son maitre. Toutes les autres ensuite, qui provenaient du plus profond de la forêt, des odeurs de boue, de fougères, de fleurs et de feu de bois. Au final, Robert se retrouvait toujours avec sa bouillote canine au bout des pieds, et le chiot couinait pendant de longues minutes quand ce dernier devait repartir.

Malachi s’amusa pour la énième fois des regards pensifs que Robert laissait glisser sur chaque pièce du manoir, effleurant chaque meuble des yeux sans jamais oser en toucher aucun : il n’était pas le premier à s’extasier devant l’opulence de la bâtisse, mais au final, Malachi n’y était pas pour grand-chose : en réalité, il ne gagnait pas des fortunes, bien qu’il ne soit pas à plaindre bien sur, loin de là, simplement, il avait reçu le manoir en l’état, avec tout ce qui le composait. Cette maison était celle de ses parents avant lui, et une fois partis à la retraite, ils l’avaient vendu en viager à leur fils pour qu’il puisse s’installer à nouveau en ville. Finalement, le manoir n’était pas devenu le foyer d’une ribambelle de marmots comme les Porter Senior auraient aimé, mais être une arche pour mutant était une jolie destination aussi.
Le professeur s’installa en face de Bob, curieux de voir ce qui lui avait apporté cette fois ci, et il ne fut pas déçu : le berceau du chat, c’était un livre que faisait étudier ses collègues de lettres aux terminales. Lui-même l’avait lu, et cet ouvrage avait une résonnance assez … actuelle, au regard des évènements anti mutants qui se passaient en ville. Sans le savoir, ou peut être juste instinctivement, Bob avait beaucoup de gout.

- Et bien, ta mère avait beaucoup de gout en matière de littérature … Et pour savoir ce dont ça parle, il suffit de lire la quatrième de couverture … on va commencer par ça, d’ailleurs.

Il s’interrompit pour rassurer Bob d’un sourire tranquille. Le terrain autour de la maison était étendu, et il y avait une haie d’immenses cyprès sur tout le flanc gauche du jardin, dissimulant la véranda du regard de toute façon pas bien affuté du couple de retraités vivant dans la maison voisine. Alors, non, il n’y avait rien à craindre, il pouvait oter ses lunettes, se lecher les narines de sa langue de serpent si ça lui faisait plaisir, ils étaient à l’abri des regards, bien au chaud sous les vitres de la véranda, entourés des orchidées du motiopathe.

- Personne en dehors de Jumbo, et éventuellement du chat des voisins. * il resta silencieux un moment après la seconde question de Bob, pesant le pour et le contre de sa réponse* Disons que les politiques facilitent le travail des extrémistes anti mutants. Notre traque n’est toujours pas légale, officiellement, mais depuis plus d’un an, les nôtres sont menacés, stigmatisés, et je n’ai encore vu aucun chasseur inculpé pour crimes de nature raciale … Donc non, ce n’est pas le meilleur moment pour être « Transpositif » comme ils disent à l’hopital … On peut commencer ? Le quatrième de couverture, tu peux commencer par la lire intérieurement, et lorsque tu te sens près, à voix haute. Je ne t’interromprais pas, et quand tu auras fini, je lirais à mon tour. Que tu puisses identifier tes erreurs …

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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi   C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi Icon_minitimeMar 26 Jan 2016 - 22:29

Bob avait été étonnamment flatté par le compliment sur les goûts de sa mère. Il n’avait jamais connu la femme qui avait donné sa vie pour qu’il voit le jour mais toujours était-il qu’il s’en était dressé un portrait très élogieux, aidé par son frère qui lui avait souvent raconté des histoires où sa mère était toujours juste, gentille, tendre… De ce fait, Bob avait toujours considéré avec beaucoup d’honneur le fait d’être le fils d’une femme pareille. Bien entendu, l’image que l’homme grenouille se faisait de sa mère était assez loin de la vérité. Se marier avec l’un des pires partis de Montevideo relevait déjà d’un petit problème ou deux. Soit elle ne pouvait pas trouver mieux, soit elle avait désespérément besoin de quelqu’un dans sa vie. Dans un cas comme dans l’autre, la jeune femme n’avait ni été une sainte ni même particulièrement gentille. Bob n’en savait rien et malgré tout ce qu’il s’était passé, il était quasiment sur que jamais il n’entendrait la vérité de la bouche de Danny, celui-ci s’accrochant aussi beaucoup à cette image parfaite.
Bob leva les yeux vers Malachi. La quatrième de couverture… Son professeur lui en avait déjà parlé, il lui avait même montré. Il se sentait con d’avoir oublié ça. Il se creusa les méninges et finit par se souvenir que c’était là qu’on trouvait le résumé de ce qui se trouvait dans le livre.  Il s’était également souvenu qu’il s’était fait la réflexion que ce nom était  bête pour une raison très bête : on pouvait facilement le changer par…. Par… par le dos ! Ah ! Voilà ! La quatrième de couverture c’était le dos. Il hocha la tête aux instructions de Malachi et retourna le livre entre ses mains. Il se pencha vers les caractères. Oh, il y voyait très bien mais pour le moment, il lisait comme un petit garçon de 3ans et il n’arrivait pas à faire autrement. Le nez collé contre son livre. Il déchiffrait les caractères comme un cambrioleur novice force une serrure : avec difficulté et appréhension. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, il avait beaucoup de chose en tête. Tout ce qu’il se passait avec Seth, les mutants, la ville. Il se sentait de plus en plus concerné. Il fallait avouer que se terrer dans un appartement sans pouvoir sortir pendant des jours et des jours, ça aidait grandement à se sentir concerner. Il finit par redresser la tête vers Malachi et le regarda intensément. Il essayait de savoir si son professeur allait lui claquer le beignet si jamais il ne se mettait pas à lire cette satanée quatrième de couverture. Bob prit une inspiration, la bloqua puis finalement se lança.

« -J’comprend pas… Pourquoi ils seraient inculpé de crime raciale ? J’veux dire… Un connard haineux, ça reste un connard haineux quoiqu’il haïsse ? »

Il plissa les yeux et pencha la tête.

« -Parce que… S’tu prend mon père… Bon. C’est un connard haineux. Il a pas spécialement besoin des mutants pour être un connard haineux. C’est juste plus facile quoi. Et votre couvre feu, là. C’est quoi le délire ? Empêchera les gens de sortir… Enfin chai pas. Ca m’dépasse tout ça. »

Il plissa les yeux, réalisant qu’il avait beaucoup parlé. Un très léger croassement sortit de sa gorge sous la gêne. Le pire dans l’histoire c’est qu’il avait encore plein de truc à dire à demander. Il essayait de comprendre. D’envisager ce que c’était la vie en société. C’était un truc qu’il n’avait jamais vraiment pratiqué. Pour pas dire qu’il l’avait complètement fui. Avec Seth, il en entendait parler comme si il savait exactement ce qu’il se passait mais ça n’était pas le cas. Absolument pas le cas. Il se contentait de comprendre que ça n’allait pas vraiment pour Seth et il lui offrait une bière et à manger quand ça allait pas du tout. Depuis quelques temps, il voulait comprendre plus. Il ne voulait pas forcément participer… Quoique… Est-ce qu’il ne voulait pas… ? Pour aider le Calédonien ? Il secoua la tête à cette pensée et fronça les sourcils. Bordel, c’était chiant toute cette histoire.
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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi   C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi Icon_minitimeDim 31 Jan 2016 - 23:43

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De toutes évidences, Bob avait le plus grand mal à se concentrer aujourd’hui. Malachi voyaient ses yeux converger vers le dos du livre pour tenter d’en déchiffrer les écritures, rapprochant le bouquin du bout de son nez comme s’il fut terriblement astigmate, avant qu’ils ne divergent à droite, à gauche, dans une désharmonie troublante. Le regard de Bob était ce qui pouvait être le plus dérangeant chez lui, avec cet espèce de strabisme saurien qui lui permettait de vous fixer d’un œil et de vous ignorer de l’autre, mais Malachi lui trouvait ça plus fascinant qu’effrayant. Une question d’habitude, sans doute. Il laissa Bob tranquille un moment, regardant lui-même par la fenêtre : il avait hâte que le printemps revienne, et de pouvoir passer un peu plus de temps dans son jardin : les rosiers auraient besoin de rafraîchissement, la pelouse d’une petite coupe à l’anglaise. Le jardinage était le seul sport auquel il pouvait s’adonner sans réserve avec sa patte folle, et il se languissait de pouvoir s’occuper de ses fleurs quotidiennement à nouveau. Du coin de l’œil, il voyait l’aura émotionnel du mutant s’agiter un peu, comme une sorte d’excitation couvant sous son air calme, presque détaché : et d’expérience, il se doutait qu’il ne s’agissait pas uniquement de lecture, il n’y avait pas dans les couleurs de Bob celle l’impatience qui le saisissait quand il était confronté à un mot trop long ou dont le sens lui échappait. Non, il y avait autre chose, qu’il tâchait de contenir, au moins un peu, soit par pudeur, soit par politesse. Mais on ne la faisait pas au motiopathe : autant de curiosité, il finirait par verbaliser, d’une manière ou d’une autre.
Cela ne manqua pas, et Malachi prit le temps de réfléchir à sa réponse avant de la formuler à Bob.

- Hum, disons qu’un connard haineux qui s’attaque à tout le monde juste parce qu’il a la haine, en effet, ne sera pas inculpé… Mais de nos jours, les chasseurs traquent les mutants comme le Klu Klux Klan traquaient les noirs, par volonté de purifier une race, en nous considérant comme « cassés », « sales » ou « impurs »… A partir de là, jamais ils n’imagineraient agresser physiquement ou verbalement quelqu’un qu’ils considèreraient comme normal… C’est en cela que c’est de la haine raciale, parce qu’elle est orientée directement et ouvertement contre une certaine catégorie d’individus…

Il n’était pas sur que Bob puisse saisir le raisonnement, lui qui réfléchissait tellement différemment que la plupart des gens. Il tâcha néanmoins, en bon pédagogue qu’il était, de trouver la manière la plus logique, pour Bob en tout cas, d’appréhender tous ces sujets, qui n’étaient pas nécessairement faciles à expliciter à quelqu’un de tellement extérieur au conflit :

- Le couvre feu c’est une … une mesure qui, en temps normal, s’applique à une situation dite d’Etat d’urgence, c’est-à-dire quand la paix sociale est menacée par les agissements d’un groupe ou d’un pan de la population … En l’occurrence, je suppose qu’à Radcliff, les gens sont effrayés par les affrontements entre les chasseurs et les mutants depuis la fête foraine… Alors ce genre d’annonce, ça rassure certaines personnes, et elles s’imaginent que le maire sait ce qu’il fait… Alors qu’en réalité, cela sert surtout aux chasseurs d’aller toquer chez les gens en pleine nuit, et d’être à peu près sur de les trouver à leur domicile, pas bien réveillés…

Le motiopathe sentit soudain la gêne du mutant, ou plutôt, il la vit : Bob devait se poser ce genre de questions depuis pas mal de temps, et se sentait surement mal de s’approprier le temps de leur leçon pour satisfaire une curiosité personnelle. En réalité, cela ne gênait pas Malachi outre mesure : il avait l’habitude des digressions, et après tout, n’avait aucune obligation de résultat avec Bob. Si ce dernier voulait parler de la pluie, du beau temps ou de la politique municipale anti mutants, il n’était pas têtu.

- Veux tu boire quelque chose ? Je vais me chercher une boisson, et je répondrais à toutes tes questions après une bonne limonade … Que ce soit sur la lecture ou sur autre chose d’ailleurs …



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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi   C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi Icon_minitimeJeu 11 Fév 2016 - 2:07

Bob avait écouté Malachi avec attention. Les sourcils froncés, il essayait de faire rentrer les choses dans son crâne, il les tournait et les retournait encore, cherchant à s'approprier ce que venait de dire le professeur. Cela étant dit, dans son idée -ou bien dans sa bêtise- il était parfaitement certains que si jamais ces personnes qui haïssaient les mutants ou les noirs ou quelques races que ce soit parvenaient à leur but et éradiquaient ceux qu'ils souhaitaient... Et ben, ils trouveraient quelqu'un d'autre à haïr... C'était pour ainsi dire la nature humaine. Il envisageait étonnamment bien ce que voulait dire Malachi par « cassés », « sales » et « impurs », son propre père avait passé la plus grande partie de la vie de Bob à lui répéter qu'il était plus ou moins toutes ces choses-là en plus de lui rappeler qu'il était le tueur de sa mère. De fait, il avait vu la haine de son père se déplacer des noirs, aux mutants, aux arabes, aux homosexuels... Tout dépendait des nouvelles en villes, des dernieres nouvelles à la radio ou de la dernière figure politique et de ce qu'elle aimait ou non. Du coup, Bob avait fini par se dire qu'il n'avait pas réellement de problème avec ces différentes races mais avec les gens de manière général. Le reste n'était qu'une succession de pretexte bienvenue pour mépriser tel ou tel type de personnes. Bob se redressa un peu et s'étira. Il déclina le verre et renifla.

-Non. Merci.

Il était content d'entendre Malachi dire qu'il pouvait poser d'autre question, parce que ça n'était pas ce qu'il lui manquait. Toute cette situation le dépassait beaucoup. Il avait déjà eu des heurts avec des hunters mais il s'était contenté de se dire qu'ils étaient comme son père sauf que Danny ne pouvait pas faire pression sur ces tarés... Il avait des cicatrices qui permettaient d'attester de ces rencontres mais il était stupéfaits de savoir que ces attaques avait été banalisées et qu'on facilitait la tache à ces malades. Il fit tourner le livre entre ses mains, considérant l'éventualité de retourner à la leçon sans poser plus de question. L'homme grenouille n'était pas spécialement d'une nature curieuse mais il sentait que tout ça finirait par l'atteindre, même complètement paumé dans sa forêt. Il était visible et il en avait douloureusement conscience. Il avait fini par se faire des amis, même s'il n'aurait avoué à personne que c'était le cas et il savait parfaitement comment il réagissait à des amis en danger. Il montrait au créneau s'il avait la conviction qu'ils ne pourraient se défendre seuls.  Du coup, c'était simplement impossible de ne pas comprendre la situation si il comptait rester en vie. Il regarda Malachi revenir et  rangea son livre dans son sac. Il réfléchissait toujours à ce que lui avait dit le motiopathe. Tout ça l'inquiétait autant qu'il le remplissait d'une détermination toute simple : il ferait ce qu'il faudrait pour protéger les siens, quoiqu'il arrive et pour en arriver là il fallait comprendre. C'était la clé et il le savait parfaitement. Se faisant, il détaillait le jardin et se leva pour aller regarder. Il haussa un sourcil, se disant que la personne à l'origine de ce jardin était plus que douée avec les plantes.

-C'est toi... Le jardin ?

Il  se retourna vers Malachi en se demandant réellement d'où l'estropié sortait autant de talent. Loin d'être jaloux, le mutant était impressionné. De ce qu'il voyait de Malachi, il avait réussi à trouver un équilibre qui fonctionnait. Ca méritait tout le respect de Bob et bien plus encore.Il soupira et posa son bras contre la vitre, regardant dehors.

-Franchement, quand j't'entend dire ça, j'me demande pourquoi j'sors de ma forêt...


Il savait exactement pourquoi il sortait et c'est bien ce qui l'emmerdait. Elle se résumait à une chose : Seth et c'était déjà assez chiant. Ca l'énervait autant qu'il était content. Il tourna la tête vers Malachi.

-Hey... C'est quoi exactement cette histoire de fête foraine... J'veux dire... C'était le bidule à la bombe là ?


Le « bidule » à la bombe, c'était le mieux qu'il pouvait faire. Il se souvenait des brulures, son corps en portait encore les stigmates mais il était complètement infoutu de comprendre ce qu'il s'était passé à cause du vaccin et des hallucinations plus que violentes qu'il lui avait donné. Il finit par sortir son paquet de cigarette avant de le remettre dans sa poche.

-J'comprend pas pourquoi les gens laissent faire. J'veux dire... C'est des hunters, ils savent se battre, okay... Mais la majorité des gens, c'est des gens normaux quoi. C'est débile...
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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi   C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi Icon_minitimeSam 13 Fév 2016 - 19:26

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Malachi s’éclipsa un instant dans la cuisine pour aller se servir sa limonade, avant de revenir assez rapidement dans la véranda, où il retrouva Bob débout, contemplant le jardin à travers les grandes baies vitrées. Il acquiesça en souriant, fier de la remarque de l’homme grenouille :

- Oui, c’est moi. Avec ma jambe, pendant très longtemps je n’ai pas pu faire plus d’une dizaine de mètres sans me fatiguer où souffrir, alors… Ma seule manière de me dépenser et de prendre l’air, c’était de m’occuper de mon jardin. Au début je devais quand même payer quelqu’un pour tondre la pelouse, parce que le terrain est grand, maintenant j’ai assez d’endurance pour le faire seul… Mais les parterres c’est moi. J’essaye de faire en sorte qu’il y ait au moins un parterre fleuri par saison, en dehors des roses… Les roses, c’est mon obsession typiquement britannique, je ne connais pas un anglais qui n’en ait pas dans son jardin…

Ses roses, il les aimait presque comme des enfants, et elles lui rendaient bien. Et puis, ça faisait toujours plaisir à ses invités, de trouver une rose fraichement coupée et embaumant leur chambre, quand ils allaient se coucher. C’était très malachien comme attention. Il vint s’installer à coté de Bob, face au jardin, avant de reprendre tranquillement :

- La fête foraine … en réalité, si mes informations sont justes, il s’agit en fait d’un mutant qui, vacciné, a perdu le contrôle de sa mutation … Mutation qui avait comme nature de lui offrir un toucher explosif. Il s’est tout simplement enflammé spontanément, et le feu s’est répandu, de partout. Un chasseur l’a abattu à ce moment là, mais c’était trop tard… Il y a eu pas mal de morts, de blessés, mais surtout c’est à partir de là que la politique anti mutants de la mairie s’est significativement durcie… Alors qu’au final, ce n’était qu’un accident, causé par l’administration d’un médicament qui s’apparente plus à un poison qu’à une cure miracle …

Malachi se tut un instant, réfléchissant à la dernière phrase du mutant : Bien que ce dernier semblait penser le contraire, les remarques du trappeur étaient toutes pleines de bon sens : En effet, la situation à Radcliff était tout, sauf normale, et il s’étonnait lui-même souvent que la population soit aussi… Docile, vis-à-vis de la prise de pouvoir totalement insensée de Lancaster et ses décisions liberticides. Cependant, il comprenait, néanmoins, d’une certaine manière. Un peu comme dans chaque conflit opposant le gouvernement à une minorité, la majorité demeurait silencieuse, jusqu’à ce que le conflit commence à la toucher, de près ou de loin. Il reprit une gorgée de sa limonade, fixant son jardin baigné de la lumière du soleil qui commençait à décliner lentement dans le ciel hivernal :

- Tu sais Bob, les gens comme tu dis, tant que le mal ne les touche pas directement, ils pensent d’abord à faire le dos rond, en espérant que ça passe, plutôt que de se jeter dans la bataille. C’est compréhensible, mais rarement la bonne solution… Tu connais peut être le poème du pasteur Allemand Martin Niemöller : « Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Lorsqu’ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Lorsqu’ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. » c’est un peu pareil pour les mutants. Si personne ne fait rien, ils abattront les plus « dangereux » d’entre nous, les violents, les hors la loi. Puis les mutants normaux, juste par « précaution », et puis ils finiront par abattre toutes les familles susceptibles de porter le gène, juste au cas où, pour être sur qu’il ne sera pas transmis à la génération prochaine… Alors si tu veux savoir pourquoi il faut sortir des bois, c’est justement pour être prêt quand ils viendront tous nous chercher, et pas gentiment attendre qu’ils viennent nous abattre dans notre sommeil …

Il secoua la tête, avant de sourire un peu :

- Pardon, je digresse, heureusement, nous n’en sommes pas encore à là… mais il faut l’envisager comme une fin possible, si un effort de pédagogie et de bienveillance n’est pas fait rapidement…

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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi   C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi Icon_minitimeMer 2 Mar 2016 - 20:04

Bob appréciait de parler avec Malachi d'autre chose que de lecture. Il n'avait pas forcément la main très verte mais il savait recolter et faire pousser. Bien entendu, c'était surtout alimentaire et le coté esthétique de la chose passait bien au-dessus de la tête de Bob. Il pencha la tête en constatant qu'il ne savait pas bien pourquoi c'était très anglais d'avoir des roses mais n'insista pas. Ça n'était pas spécialement l'important de la conversation. Malachi parlait avec plus d'entrain et ça n'était pas désagréable de changer du ton très patient et scolaire qu'il pouvait avoir habituellement durant les leçons. L'homme grenouille se promit de ramener des boutures pour le motiopathe, il avait vu quelques jolies fleurs et de petits arbrisseaux qui pourraient intéressé son professeur.

-Ben en tout cas, c'est impressionnant.

Malgré toute la gentillesse dont Bob pouvait être capable, il  y avait une chose dont il était convaincu : les situations de crises subliment les humains. Il fallait s'attendre à ce que quelqu'un qui vous disait en général : « je ne suis pas raciste mais... » vous dise en temps de crise : « Il faut brûler cette race d'imposteur, ils nous volent nos maisons ». Il comprenait ce que voulait dire Malachi  et c'est tout ce qui l'énervait. Bob n'était pas le genre d'homme à laisser quelqu'un dans la panade sous prétexte que ça passera. Même s'il avait pu avoir de tels comportements du temps de son frère, il avait toujours fait en sorte d'aider par derrière. Il était conscient, à l'époque, que d'aider des gens désignés comme « faibles » par son frère et sa bande équivaudrait à de longues heures de moqueries, de mauvaises blagues et voir même dans quelques cas extrêmes, des passages à tabac.
Il n'était pas persuadé que la ménagère moyenne ne faisait que faire le dos rond. Il ne comprenait pas tout ces comportements, qu'ils soient violents ou laxiste. Il avait certes appris à fermer sa gueule mais il l'avait appris par nécessite de survie. A tout bien réfléchir... C'était peut-être pour ça que les gens se comportaient comme ça. Ils pensaient sans doute que c'était pas instinct de survie...  Ce qui inquietait Bob, c'était principalement la vitesse à laquelle les choses s'étaient déteriorées. Il avait fait la retrospective en repensant aux premières rencontres avec Seth. En pleine rues, tout le monde se fichait pas mal de la présence de Bob... Quand il voyait la dernière en date, sans compter la fois où il s'était retrouvé complètement enfermé dans un appartement sous risque de se faire buter... Ca lui foutait la trouille. Il n'était peut être pas tout à fait capable de comprendre d'où lui venait ce sentiment de peur mais il comprenait pourquoi il en arrivait à redouter l'avenir. Ce schéma, il l'avait vu chez son père et il savait que ces situations de tensions dégénéraient incroyablement vite. Plus le temps passait et plus Bob savait qu'il ne pourrait rester neutre indéfiniment. Il ne pourrait pas se supporter en planquer. Il aspirait au calme mais pas à ce prix-là. Il se connaissait suffisamment pour savoir ça alors forcément, il réfléchissait à ce qu'il pouvait faire et ce qu'il pouvait faire, c'était planquer des gens. Certes, il était capable de se battre mais le milieu urbain était beaucoup moins connu à Bob que la forêt. Il inspira doucement et secoua la tête.

-Franchement, j'pense pas que tu digresses tant que ça. Ce genre de situation... Ca part en couille en un claquement de doigts... Pour le moment, c'est le calme avant la tempête mais ça va peter. Quand je vois la différence entre la première fois que j'ai rencontré Seth et maintenant... Sérieusement, c'est parti en vrille et ça s'arrêtera pas.

Il soupira et regarda Malachi avant de hausser les épaules.

- Le pire dans l'histoire, c'est que ça sera pour en revenir au même que si ils avaient fait ça pacifiquement. Au bout du compte, y aura des morts, des injustices, des miraculés et tout ces connards finiront par s'asseoir autour d'une table pour parler parce que, au final, c'est la seule chose à faire pour que les choses avancent. Et c'est super chiant, parce qu'ils sont infoutus de faire ça.

Il regarda par la fenetre et remit ses gants en place machinalement.

-C'est un peu pour ça que je voulais pas m'intéresser à tout ça... C'pas que ça me fasse rien. Bien sur que si.  Y a des gens qui meurent qui devraient pas mourir. On rigole pas avec ça. Mais... Le probleme c'est que y a deux camps et j'en ai sincèrement rien à foutre de qui défend quoi parce qu'au final les deux font des trucs ignobles pour soit-disant aider ou  prouver quelque chose. Et ça m'intéresse pas. C'est le même genre de personne, c'est pas parce que tu défends les gens qui souffrent que ça te donne le droit de faire mal ou quoi... Et ça me gonfle. Moi, j'veux juste aider les gens. Je sais que ça fait super.... Idéaliste ? Mais pour moi, faire des descentes dans les maisons  pour trouver des mutants et buter des gens innocents pour la cause des mutants, c'est du pareil au même...

Il s'étira rapidement et regarda Malachi.

-Tu m'avais dit que tu aidais les mutants... J'ai 8 hectares de forêt, si un jour t'as besoin de planquer des gens hors de la ville. Hésites pas à demander. C'est sur que c'est pas autant la classe qu'ici mais j'pourrais nourrir une douzaine de personne sans probleme sur mon terrain... Et ça me prend une grosse journée de construire une cabane. Enfin voilà. J'sais pas si ça sera utile ou quoi...
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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi   C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi Icon_minitimeLun 7 Mar 2016 - 19:49

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C’était bien la première fois que Malachi entendait Bob s’épancher aussi largement, voir même parler aussi longtemps tout court. Le mutant grenouille était du genre taiseux la majorité du temps, alors ça valait clairement le coup de se taire cinq minutes pour savoir ce qu’il y avait dans le fond de sa pensée. Qui plus est, le propos de Bob faisait totalement sens : il y aurait forcément des simulacres de pourparlers, des trahisons, des cessez le feux et des gens pour mettre raviver les braises ensuite. Malachi le regarda remettre ses gants, avant de perdre son regard dans le jardin également, toujours attentif aux propos des mutants. Idéaliste… C’était comme ça qu’on le décrivait, souvent, Idéaliste, pacifiste, faible même pour certains. Il n’était pas sur d’être faible : c’était justement parce qu’il ne l’était pas tant que ça, faible, qu’il pouvait se permettre de ne pas répondre à la violence par la violence : il était fort de son don, éminemment protecteur, de sa sécurité financière, de sa stabilité familiale. L’équilibre était fragile, mais tout se tenait, alors Malachi demeurait un roc.

- Je ne peux qu’être d’accord avec tout ça mon ami … il y a des vies qui ont été prises sans aucune raison, probablement des deux cotés. Certaines maisons ont brûlé avec des enfants à l’intérieur, des enfants qui n’avaient rien fait pour mériter ça, si tant est que l’on puisse mériter de mourir des mains d’une autre personne… j’espère, j’espère vraiment que cela pourra s’arranger, et si on me dit que je peux apporter ma pierre à l’édifice, je le ferais sans la moindre hésitation …

Il acquiesça à la remarque de Bob avant de préciser :

- Comme je ne suis pas dépisté, les chasseurs ne savent pas que je suis un mutant, et le quartier est réputé comme calme, alors ils ne font presque pas de ronde par ici … ça me permet d’héberger des mutants, en fuite ou non, quand ils en ont le besoin. Nous avant 12 chambres en tout, de quoi héberger pas mal de monde en cas d’urgence …

C’était sans compter les campements qu’ils avaient déjà improvisé dans le salon, la cave et le grenier… Il l’écouta attentivement, réflechissant à sa proposition : un terrain vague ne leur serait pas d’un très grand secours, mais si il était exploitable …

- Ça peut être une idée, en effet, même si pour l’instant, je ne vois pas de plan à court terme …. Peut être pour un rassemblement en dehors de la ville, pourquoi pas, mais pour héberger des gens, avant l’été, ça risque d’être compliqué … Mais je garde ça en tête, je n’hésiterai pas à t’envoyer du monde si c’est l’endroit le plus sur pour eux …

Il se redressa pour s’étirer, avant de sourire au trappeur qui semblait toujours perdu dans sa contemplation de la pelouse :

- J’ai l’impression que tu n’as plus trop la tête à la lecture, me trompe je ? C’est pour Seth que tu t’inquiètes ?

Il avait cru comprendre qu’il y avait quelque chose entre les deux hommes, sans savoir la nature de leur relation. Il n’était pas fermé d’esprit, l’amour pouvait prendre toutes les formes du monde, mais il ne pouvait s’empêcher de trouver particulièrement original l’affection que portait le bourru Bob pour un homme aussi extravagant et loquace que Seth …


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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi   C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi Icon_minitimeVen 18 Mar 2016 - 16:16

En écoutant Malachi, Bob fut frapper par quelque chose. Ca n’avait pas vraiment de rapport avec la conversation. Bob trouvait Malachi d’un courage dont le mutant grenouille ne se pensait pas capable, c’était pour ça aussi qu’il avait du respect pour l’estropié. Il se rendait à présent compte réellement de la différence entre lui et son grand frère. Danny l’aurait détesté pour ces raisons, il  l’aurait trouvé parfaitement lâche. C’était typiquement le genre de profil que Danny aurait fait chier, les insultes, il les connaissaient par cœur. Pour Danny, Malachi aurait été une tapette, une fillette, un gros lâche… Bob et Danny étaient diamétralement opposés. Bob se sentait soulagé d’un poids, il avait toujours été terrifié de ressembler à son frère mais à cet instant, il avait la preuve que ça n’était pas le cas. Tout ça n’enlevait pas le poids qu’il avait sur l’estomac et le sentiment d’injustice qui montait en lui, ni même l’inquiétude qu’il éprouvait pour la suite de évènements et pour Seth mais il prenait ce qui était bon à prendre et il n’était pas contre un poids en moins.
Il proposa à Malachi sa forêt, sachant que rien ne serait possible avant un petit moment, il voulait juste participer à hauteur de ce qu’il se sentait capable. La bâtisse de Malachi pouvait contenir beaucoup de gens. Il se rendait un peu compte que sa proposition n’avait pas forcément lieu d’être. Il hocha la tête malgré tout et remit une fois de plus ses gants en place.

-Y a pas de soucis.

Il ne s’attendait pas franchement à ce que Malachi parle de Seth mais il était clair que l’homme grenouille n’était pas vraiment dans une bonne disposition pour lire. Il essayait de comprendre pour pouvoir prendre des dispositions pour Seth. Il ne savait pas pourquoi il voulait tant que ça aider ce crétin mais il voulait être sur qu’il irait bien.

-Non… J’ai pas la tête à ça… C’est pour… Je…

Il baissa la tête et hocha la tête, incapable de le dire à voix haute. C’était compliqué pour lui, il ne comprenait pas bien pourquoi il s’attachait et ne comprenait pas pourquoi lui plutôt qu’un de ses autres amis. Ah oui, il en  avait au moins deux. C’était beaucoup, deux.

-C’est… Mon meilleur…euh… pote.

Une petite voix lui faisait dire qu’il n’avait pas été très crédible et il ne savait pas bien pourquoi. Il ne voyait pas ce que pouvait être Seth d’autre que son meilleur ami…
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MessageSujet: Re: C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi   C'est l'histoire d'une grenouille... (Malachi Icon_minitimeVen 18 Mar 2016 - 23:36

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Son meilleur « pote »… Quel charmant euphémisme dans la bouche du pudique trappeur. Malachi sourit, mais ne fit pas de commentaire sur le choix délicat de la qualification de la relation entre Seth et Bob. Il était pourtant évidemment, pour le motiopathe, que l’amitié n’avait pas grand-chose à voir avec ce que ressentait Bob : certes, il ne lisait que les émotions, pas les sentiments, mais l’attachement et l’amour créaient en nous des choses qui lui étaient visibles à lui et à lui seul : le rouge vibrant de l’excitation, celui vermillon de la passion, le rose plus pâle de la tendresse, le jaune chaud de l’émerveillement. Il y avait sans doute un peu de tout ça en Bob, mélangé à une bonne dose de confusion, qui brouillait les pistes. Sauf qu’on était rarement confus quand on parlait de son meilleur ami. Il n’avait jamais eu l’impression qu’évoquer Viktor ait pu le perturber un jour, d’une manière ou d’une autre.

- … Je vois. Et bien, sache que Seth te tient en haute estime également, et je suis sur qu’il est bien content d’avoir un … Ami aussi fidèle que toi à ses cotés.

Il n’avait pas appris l’attirance évidente de Seth pour le trappeur de la part de l’intéressé, mais Ivory n’avait pas pu s’empêcher de lui faire la remarque, une fois ou deux. A mesure qu’il discutait avec l’un comme avec l’autre, cette petite rumeur badine prenait des airs de secret de polichinelle. Malachi termina sa boisson, puis jeta un coup d’œil à l’horloge : le temps avait passé à toute allure, comme souvent quand il devisait avec Bob, et ce dernier ne devait pas tarder à partir. Passer 18 h30, les chasseurs investissaient la rue, troquant leur peau d’honnêtes citoyens et travailleurs pour celle bien moins reluisante d’assassin. Si Bob voulait pouvoir rentrer chez lui sans encombre ni contre temps, il allait devoir prendre congés vite…

- … Tu veux que je te dépose plus loin en ville ? J’ai ma moto, ça pourrait peut être te faire gagner du temps et éviter que tu te fasses contrôler sur le chemin du retour, qu’en penses tu ?

Il s’en voudrait largement s’il arrivait quelque chose en retour de son cours de lecture. Déjà qu’il comptait bien lui donner quelques devoirs à faire pour la prochaine fois, il ne voulait pas en plus s’attirer l’ire de Seth parce qu’il s’était montré trop désinvolte au regard de la sécurité de son cher et tendre… Sans attendre de réponse, le motiopathe attrapa son blouson de moto, puis invita Bob à le suivre dans le garage, son livre à la main : au pire, une petite ballade en bécane lui aérerait le cerveau.

RP CLOS

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