it's time to see you again

Mais qu’est ce qu’il foutait dans cette putain de ville ? Il ne le savait toujours pas en vérité il en venait même à douter des véritables raisons qui l’avaient poussées ici. Oui William Scottfield doutait purement et simplement, peut-être était-il tombé dans le traquenard d’une fan qui était en ce moment même en train de le stalker. Ou bien avait-il vraiment trop bu le jour où il avait cru recevoir cet appel téléphonique, quoi qu’il en était, il se retrouvait attablé à la terrasse d’un café, un bon mug bien remplit et fumant entre les mains. Posé devant lui son portable, qu’il fixait comme s’il attendait un quelconque appel. Mais personne ne le contacterait et il le savait très bien, il avait lui-même interdit toutes ses connaissances de prendre contact avec la durant la première semaine de son exile. Ce qu’il pouvait être con parfois. A force de ce croire le héros de sa propre aventure il en venait à compliquer sa propre situation.
Poussant un profond soupire tout en laissant son menton retomber sur son propre torse, il se rendit alors compte qu’il avait commis ce que certaines personnes (et notamment la petite amie styliste de son éditeur) appellent une « faute de goût » … mettre des tongs avec un jean, un t-shirt et une veste … Tant pis pour les tongs, en plus elles étaient confortables, et puis il avait vraiment la flemme de partir à la recherche de ses chaussettes dans le fond de sa valise.
Regardant sa montre afin de vérifier l’heure, il se rendit compte que cela ne faisait que vingt minutes qu’il avait quitté son hôtel, le dessinateur possédait donc encore une bonne demi-heure avant de retourner à sa chambre afin de nourrir son petit compagnon poilu.
Portant sa tasse à sa bouche, Billy laissa l’odeur venir à ses narines avant d’avaler une grande gorgée de la boisson chaude et amère qui permit à ses sens de s’éveiller quelque peu.
C’est ce moment que choisis une créature de sexe féminin pour prendre avec une désinvolture certaine le siège qui se trouvait face à lui devant la petite table ronde qu’il occupait. Elle aussi possédait cette fabuleuse boisson qui permettait depuis des décennies à ce que l’Homme ne soit pas un ours mal lécher jusqu’à treize heure de l’après-midi, d’ailleurs comment faisaient-ils avant ? Mais il n’était pas temps de ce poser cette question. Non quelque chose de bien plus important venait de prendre possession de l’esprit de William qui restait bouche béante, yeux écarquillés, la tasse sous son menton en suspension. Il avait presque envie de passer les paumes de ses mains sur ses paupières afin de bien vérifier qu’il n’était pas en proie à une hallucination pure et simple.
Mais la vision sentait un parfum bien connu, portait un visage bien connu, et un corps qui ainsi dévêtu ne pouvait lui être étranger.
Le visage agar, William parcourus le corps de la créature, avant de revenir à son visage aux traits fins et encore bien jeune.

« Honey … »

Le mot sorti ainsi de sa bouche, avec une intonation presque désabusé, comme s’il ne parvenait toujours pas à encrer l’information dans son esprit. Sega Tyrell, son ex petite amie, sa Honey, qui l’avait largué comme le pauvre type qu’il était à l’époque venait de s’asseoir devant lui et n’avait pas même remarqué sa présence.
Certes il avait changé, son ventre à bière avait disparu, et sa barbe ainsi que ses cheveux étaient bien mieux taillés, il ne portait plus non plus le t-shirt tortue ninja qu’il ne quittait jamais alors mais tout de même … elle n’avait pas même posé un regard sur lui en s’asseyant comme s’il était parfaitement transparent, ou bien parce qu’elle était tout aussi peu éveillée que lui en cette matinée.

« Mais qu’est-ce que tu fout là !!? »

L’exclamation liée à la question, prirent une teinte de stupeur et d’agacement. Non pas qu’il ne soit pas heureux de la revoir, mais enfin comment ce faisait-il que les évènements s’acharnent ainsi sur lui, le destin essayait-il malgré lui de lui envoyer un message, ou bien le hasard se foutait-il bien comme il se fallait de sa gueule … William n’était pas certain de vouloir la réponse pour le moment.

it's time to see you again

William fixait Sega, rien n’arriverait certainement à détourner son regard de la jeune femme. Toujours aussi jolie quoi qu’il y avait quelque chose d’assez étonnant venant d’elle dans le décors, en y regardant de plus près Bill mis le doigt sur ce qu’il trouvait quelque peu choquant. Il n’y avait rien, pas la moindre trace de maquillage, de peinture ou de rouge à lèvre, rien pour cacher les paupières légèrement tombante qui donnait un air quelque peu hautain à la demoiselle, ce même air hautain qu’il aimait tant, enfin qu’il avait tant aimé, avant qu’elle ne se tire sans donner de nouvelle.
La manière dont elle le regardait était sans équivoque, elle ne l’avait pas vu, et si il n’avait pas signalé sa présence en l’interpellant la jeune Tyrell aurait certainement siroté son café sans s’apercevoir que son ex se trouvait à moins d’un mètre d’elle.
Reposant avec lenteur son mug sur la table, Billy passa la paume de sa main sur son front tout en laissant son dos se reposer sur le dossier de la chaise. La réalité  venait s’imposer à lui, et il commençait à se dire que tout pouvait arriver dans cette ville, mais avant même repartir dans un délire d’héroïque-fantaisie, il fallait qu’il fasse le point.
Seulement voilà, Sega ne semblait pas vouloir lui laisser le temps, que déjà elle lui répondait et prenait une position qui aurait été étrange sur n’importe qui d’autre en se penchant en avant dans sa direction. William écarquillât les yeux, surpris de la manière dont cette matinée s’enchainait.
La jeune femme bien que surprise ne semblait pas du tout ébranlé par ces retrouvailles plus qu’étranges. Un instant le dessinateur se demanda même si ce n’était pas elle qui l’avait appelé, mais cette supposition s’effaçât bien vite de son esprit, il aurait reconnu la voix si cela avait été la sienne, car malgré les années, leur relation c’était terminée de manière si brutale qu’il était plutôt difficile de l’oublier.

« - Je sais pas … » répondit-il à la question de la demoiselle, un air presque ahurit sur le visage, ses sourcils se fronçant tandis qu’il continuait de l’observer.

Soudain le gout du café, le calme de la terrasse, la passibilité de cette matinée qui s’annonçait aussi tranquille qu’une sortie dans un bois en hiver disparaissait, s’explosant en mille morceaux à cause du visage endormis d’une jeune fille qu’il avait connu avant même de devenir l’homme qu’il était aujourd’hui.
Mais malgré la façade, et malgré le changement autant physique que vestimentaire, l’homme qu’il était aujourd’hui était toujours le même au fond de lui, un grand gosse qui croyait arriver dans une ville pour trouver une super idées, comme un héros qui aurait comme pouvoir de faire pleuvoir des réglisses, et à la place il tombait sur la championne en titre de « Miss je t’ai largué comme une grosse merde » en personne.
Que pensait-elle de lui aujourd’hui ? Il n’en savait rien, et au fond il préférait certainement ne pas le savoir, car il comprenait ce qui était en train de ce tramé et il ne voulait pas tomber dans le petit jeu de Sega, pas une deuxième fois.

« - Bon ok… ça fait combien de temps que tu habites ici ? »

Son ton c’était quelque peu calmé et il semblait vraiment intéressé par la situation, son visage carré n’exprimant plus qu’un calme profond, malgré ses sourcils toujours foncé, un air bien plus masculin et mature que tout ce qu’avait pu connaître Sega de lui, et pourtant cela ne faisait que parti que du costume qu’on lui avait appris à prendre, cette aura de charisme et de sérénité qu’il devait arborer autant au comic-con qu’en présence de ses fans, afin de rester un modèle pour tous.
Et pourtant si ils savaient, tous ses fans, qu’en réalité leur grande icone, leur dessinateur favori passait plus de temps à parler à son raton-laveur en buvant de la bière qu’à créer de grandes théories philosophique sur le monde, ils seraient certainement bien déçus.