i. êtes-vous originaire de radcliff ?
   Oui capitaine. J'habite dans cette ville depuis que je suis né. C'est pas le meilleur endroit du monde mais c'est pas le pire non plus. J'aime l'ambiance, je trouve que les gens sont sympathiques -quand ils ne savent pas que tu es un mutant- et il y fait bon vivre. Bon bien sur si j'ai l'occasion de partir à Los Angeles un jour, je vais pas dire non. Le soleil, la plage, les palmiers, toussa toussa...

   ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
   Pas encore. Mais au pire, il se passe quoi ? Ils me tirent dessus avec des armes à feu ? Les balles me traversent. Ils tentent de me capturer ? Même pas peur. En fait, j'ai hâte d'en rencontrer un pour lui exprimer le fond de ma pensée. Enfin j'dis ça, mais ils sont pas si gentils que ça non plus. J'risque surtout de me prendre une sacrée raclée.

   iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
   Bien sur que oui, c'est un cadeau du ciel. J'adore l'utiliser pour faire le bien et aider les autres. Non, je déconne. J'aime mon pouvoir mais seulement pour l'utiliser à des fins malhonnêtes. J'suis capable de traverser n'importe quoi, tu penses vraiment que je vais rester sagement chez moi à traverser mon matelas ? Y'a un an, je sortais souvent la nuit pour m'infiltrer dans des boutiques ou des banques. Le pouvoir rêvé des cambrioleurs. J'utilise souvent mon pouvoir de manière égoïste. Après si je croise un type coincé dans un immeuble en feu, j'vais pas faire demi-tour.

   iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
   écrire ici, un minimim de cinq lignes. écrire ici, un minimim de cinq lignes. écrire ici, un minimim de cinq lignes. écrire ici, un minimim de cinq lignes. écrire ici, un minimim de cinq lignes. écrire ici, un minimim de cinq lignes.

Maman, papa, j'ai un truc à vous avouer. Le silence est lourd, pesant. Ma mère cramponne la table et mon père grimace légèrement. La tension est palpable. Ils savent. Depuis le début. Ils savent que je suis différent, que je suis pas comme les autres. Ils savent que je suis pas comme les autres garçons de mon age. Je respire calmement pour essayer de calmer l'angoisse qui commence à s'emparer de mon corps. C'est tellement dur. Bon, voilà. Je suis... ma mère me coupe, sans hésiter. Tu es gay, je sais. On sait. C'est pas un secret. Avec ta coupe de cheveux parfaite, ton sens du style et tes manières, tu pouvais pas le cacher très longtemps. Mon père attrape ma main et il plonge ses yeux dans les miens, confiant. On t'aime Teddy, t'es notre fils. Mes yeux s'agrandissent. Quoi ? Hein ? J'ai une tête de gay ? Sérieusement ? Mon monde s'écroule. Je retire ma main de celle de mon père et je me lève brusquement, tapant du poing sur la table. Je suis pas gay. Je suis un mutant. Et voilà ce putain de silence qui fait son retour. Ma mère s'écarte un peu, mon père détourne le regard. Encore une fois, ils préfèrent m'abandonner. Comme quand j'avais neuf ans. Je repense à ma famille d'accueil, mes vrais parents, quoiqu'on puisse en dire. Ils ont toujours été là pour moi. Toujours. Contrairement à mes parents biologiques. Et me voilà vingt-quatre plus tard pour faire mon coming-out de mutant. Rien n'a changé. Et rien ne changera jamais.

Je tourne les talons et je quitte le salon de ce couple que je déteste encore plus. Ils m'aiment. C'est ça. A d'autre. Je fourre mes mains dans les poches de mon jean et j'avance dans la rue en ruminant mes pensées. Je croise quelques passants pressés, sans vraiment faire attention où je marche. Quand l'un d'eux me bouscule en me projetant sur la route, je gueule quelques insultes bien placées. Et puis j'entend les crissements de pneus. Devant moi une voiture freine précipitamment pour essayer de m'éviter. Trop tard. Je lance un petit sourire à la conductrice -mignonne- et je me concentre pour réarranger les molécules de mon corps. La voiture me traverse sans me percuter et elle continue sa route pendant quelques mètres. Les gens regardent dans ma direction, certains en me fixant d'un regard sévère, d'autres en poussant des soupirs de soulagement. Et puis ils chuchotent. Comme si j'étais un animal derrière une vitre de verre. Y'en a même qui pointent l'index dans ma direction. Pour ma part je laisse mon corps redevenir tangible. C'est là qu'une canette de bière vide me percute à l'épaule. Alors que je me retourne, un deuxième projectile me touche. Sale dégénéré. Tu mérites pas de vivre. Racistes d'humains. Connard, j'ai juste envie de plonger mon bras dans sa poitrine pour lui arracher le cœur. Ce qui est théoriquement possible avec mon don. Mais je ne suis pas un assassin. Pas le choix, je deviens intangible à nouveau avant de quitter la rue au pas de course. Je traverse un immeuble, puis deux, histoire de mettre de la distance avec les gens.

Ça me rappelle mes années collège. J'ai toujours été effrayé par la foule et même si ça va mieux aujourd'hui, il me reste quelques cicatrices. J'ai jamais eu le courage de me rendre en classe, je restais chez moi, dans ma chambre. Quand quelqu'un essayait de m'emmener de force, je piquais une crise et je chialais. Même Levi pouvait pas me raisonner. a cause de ces conneries, j'ai jamais eu le bac. Mais c'est de l'histoire ancienne maintenant. Je m'arrête dans une ruelle vide pour reprendre mon souffle. Mon pouvoir est génial, mais je suis obligé de retenir ma respiration quand je l'utilise. Je suppose que c'est un équilibre nécessaire. Sans limitations, les gens deviennent incontrôlables. C'est pour ça que les hunters chassent les gens comme moi. Mais un pouvoir, est-ce aussi dangereux qu'une arme à feu ? Qu'un virus ? Je ne pense pas. Les humains craignent ce qu'ils ne connaissent pas. Mais j'ai bon espoir que tout rentre dans l'ordre. Avant c'était les étrangers, y'a eu les homosexuels et maintenant les mutants. Avec le temps, les gens comprennent. Acceptent. Enfin, tous sauf les cons. Y'aura toujours quelqu'un pour te dire que ce que tu fais est mal, que tu es un monstre qui ne mérite pas de vivre et ainsi de suite. N'écoute jamais ces gens là. Ils ne savent pas. Ils ne savent pas ce que c'est de vivre avec un tel pouvoir. On naît mutant. On ne choisit pas de l'être. Ceux qui pensent le contraire sont des idiots.

Je marche hors de la ruelle pour rejoindre mon repaire. Ma tanière. L'appartement que je paie grâce aux braquages. Avec mon frère d'accueil Levi, je m'infiltre dans des banques pour voler de l'argent. Grâce à mon pouvoir d’intangibilité, rien de plus simple. Levi copie mon pouvoir et plus rien ne nous arrête. Je n'ai pas envie d'être considéré comme une menace. Mais j'ai ce pouvoir alors j'en profite. Aider les autres ? Sauver des vies ? Créer une équipe de super-héros pour défendre la veuve et l'orphelin ? Jamais. Y'a des flics pour ça. Des pompiers, des ambulanciers, des gardes du corps, des soldats et j'en passe. Un grand pouvoir n'implique pas forcément une grande responsabilité. La mienne, c'est de survivre. Je dois dire que je suis plutôt fier de ma capacité. Contrairement à ceux qui possèdent une force colossale ou qui sont capables de déclencher des incendies mon pouvoir semble assez risible. Et pourtant... lorsque je phase à travers un circuit électrique, je le court-circuite presque aussitôt. Cela fonctionne aussi avec le cerveau humain qui émet des petites pulsations. En interrompant les connexions mentales je suis capable de paralyser une personne pendant quelques minutes. Si j'utilise le plus souvent mon pouvoir de manière intégrale, je peux aussi l'utiliser partiellement, en rendant seulement mon bras intangible par exemple. En phasant dans le vide j'ai la faculté de marcher dans l'air, comme si un escalier invisible s'étendait sous mes pieds. Habituellement, je contrôle très bien mon pouvoir. Mais en cas de stress ou de danger, celui s'active de manière inconsciente pour me protéger. Pas si mal que ça le pouvoir, hein ?

+ la nouvelle partie.