✤ 01. Elle connaît la chanson par cœur. Elle aime même la chanter quand elle part avec eux à la chasse. Sa voix mélodieuse ils la connaissent tous, cette voix qui part dans les aigus sans en faire trop, et qui vous glace le sang car elle vous fait planer. « Les mutants, sont à tuer, ils font du mal, au bûcher. Les mutants, décimés, nous redonneront la paix. » Elle est effrayante, quand elle s’y met.  ✤ 02. Si sa vie se résumait à un mot, ce serait son nom. Il constitue tout pour elle, elle lui fait pleinement confiance et serait prête à se mettre le monde à dos pour ses beaux yeux. Certains prétendent même que leur âme a été scindée en deux, et que chaque part se trouve séparée de l’autre. La véracité de ce jugement est encore à prouver, mais il y a une chose qui n’offre pas le bénéfice du doute : ils sont la même personne tout en étant pleinement différent. Les mots sont inutiles. Les regards suffisent, les gestes, parfois.  Sa famille est une des choses auxquelles elle tient le plus. Elle a une grande sœur, par exemple, qu’elle voit comme la personne à suivre. A la mort de leur mère, Aleksane s’est tournée vers son frère, certes, mais aussi vers sa grande-sœur, car elle avait besoin de conseil féminin, et seule celle-ci réussit à lui offrir des réponses.  ✤ 03. Le suicide de sa mère, quand la cadette avait seulement douze ans, a été un véritable choc pour la petite Aleksane. Dès lors, elle s’est tournée vers son frère, et s’est murée dans un mutisme étrange jusqu’à l’âge de treize ans, ou elle a relativisé quelque peu, et grâce à l’aide de son jumeau, elle a su faire abstraction de cet évènement pour le moins horrible. Quelques années plus tard, elle a appris que sa tendre mère s’est suicidée suite à la découverte de sa transmutation, ce qui aida considérablement Aleksa pour haïr ce qui étaient, du moins pour elle, en faute. Elle ne pardonnera jamais à ces êtres hors-du-commun ce qu’ils ont indirectement fait à sa mère.  ✤ 04. Quand son père lui a mis un fusil dans les mains, la jeune Aleksane n’a pas hésité un seul instant. Ce fusil, aussi petit et inoffensif soit-il, instauré un système de confiance chez elle, ce qui en somme était un excellent remède contre sa peur (ou phobie) de la solitude. Ainsi, à quinze ans, elle commença les entraînements pour devenir hunter, ce qui se solda par une découverte assez ahurissante : elle était prodigieusement douée de ses dix doigts. Si au corps à corps, elle gardait quelques lacunes, les armes de lancée ou les armes à feu n’avaient plus aucun secret pour elle. Aujourd’hui encore, elle s’entraîne. Ses deux plus fidèles lames se nomment Liraz –mystère dans une langue lointaine, sans doute de l’hébreu- et Kill, pour la beauté de ce mot. Il n’est pas rare de la voir aussi avec ses deux Desert Eagle, mais c’est plus rare.  ✤ 05. Si certains proclament que la jeune fille n’a que des conquêtes masculines, ces personnes se trompent. Pour combler ce vide, cette solitude absurde qu’elle ressent, Aleksane n’a jamais hésité à amener quelques demoiselles avec elle. La seule qui a réellement compté est devenue sa meilleure amie, Alecto.   ✤ 06. La jeune fille est deux, voire trois personnes distinctes. La première est celle que tout le monde voit : inaccessible, volage, sarcastique et cynique à ses heures perdues. Une petit princesse capricieuse quand elle veut. La seconde, la véritable elle, du moins celle que ses amis, son frère et le reste de sa famille connaisse : c’est un petit rayon de soleil. Amusante, enjouée, toujours le mot pour rire, peu sûre d’elle, intelligente, généreuse. Et la troisième, la plus détestable, là où se cache sa vraie âme d’hunter : cruelle, sadique, amoureuse de la douleur des autres, froides… Il serait difficile de vous dire qui elle est, car elle-même ne le sait pas, ne le sait plus. Et avec l’acharnement de son frère pour lui retirer une part d’elle, elle commence vraiment à être effrayée. Et si … Et si cette part d’elle faisait d’elle, Aleksane, une mauvaise personne ?  ✤ 07 Elle adore faire les magasins et manger des cochonneries. Ce qu’elle préfère, c’est emmener son frère dans des endroits insolites pour manger je ne sais quel plat contenant du poulpe, et l’instant d’après, acheter un maillot de bain en plein hiver.  Celui-ci n’a jamais été très friand de sa nouvelle passion pour l’irraisonnable, mais il se prête presque toujours au jeu, car il sait qu’ainsi, il lui conserve une petite part d’humanité. Vous direz ce que vous voulez, mais de mon côté, je peux vous assurez que les hunters n’ont pas grand-chose d’humain.  ✤ 08. Aleksane est très mignonne, elle arbore un sourire angélique et sait se mettre en valeur.  Dès qu’elle en a pris conscience, elle n’a pas hésité à en jouer, profitant à deux cents pour cent de cette innocence souillée par les années d’entraînement et de vie d’adolescente. Elle aime paraître fragile, alors qu’elle est forte, mais il ne faut pas oublier qu’au fond, c’est juste une gamine apeurée, attirée par la vengeance, les larmes et le sang, qui ne sait pas ou ranger ce plaisir morbide.  Peut-être même n’a-t-elle pas conscience que c’est juste une apparence.  ✤ 09. Au fond, Aleksane aime l’idée de faire du mal, de se venger. Elle peut être très sadique quand l’envie lui prend, et si elle nie ça, elle adore voir la peur tirailler le visage de sa victime. Cependant, elle n’a jamais eu le courage de terminer le travail, préférant laisser cela à quelqu’un d’autres. A vrai dire, elle a trop peur du jugement de son frère. L’idée d’être abandonnée par celui-ci la ronge jusqu’à la moelle, et tuer serait peut-être la goutte d’eau qui ferait déborder le vase.  ✤ 10. Aleksane n’a pas autant d’assurance qu’elle le laisse penser. En réalité, elle est effrayée par le monde, par la violence, et même par elle-même. Elle ne sait pas de quoi elle serait capable, et à très peur. Il lui arrive même de faire ce qu’elle appelle des crises d’hystérie. La seule personne capable de la calmer dans ces moments d’égarements, c’est son frère. Elle ment à tout le monde, à elle-même, et son subconscient n’hésite pas à lui faire comprendre que c’est nocif. Pour elle, comme pour les autres. Car une fois du sang devant les yeux –du sang de dégénéré, vous l’aurez compris- elle rentre comme en transe, commandée par la rage et la colère d’avoir perdu sa figure maternelle.