Dans la forêt de l´automne ce matin est arrivée une chose que personne n´aurait pu imaginer ! Au bois de Morte Fontaine, où vont à morte saison tous les chasseurs de la plaine c´est une révolution, car... Ce matin un lapin a tué un chasseur ! C´était un lapin qui, c´était un lapin qui...

Que nous reste-t-il comme possibilité pour nous distinguer de la bête sauvage ? Que faire de la Loi du plus fort ? De l’instinct de survie ? Dire que nous ne suivons pas ces principes serait une erreur, car ce sont exactement ces mêmes comportements qui caractérisent l’être humain. Mais l’homme a quelque chose de différent. Il lui arrive parfois de se comporter avec ses semblables en suivant d’autres instincts. Ce n’est plus une question de survie. C’est une question de domination.  Mais peut-on réellement reprocher à certaines personnes leur nature violente ? Si ces mêmes personnes ont évoluées dans un environnement qui les ont conduites à devenir ce qu’elles sont ? Est-il possible de résonner ces personnes, qui ne font que reproduire un schéma reproduit à l’infini ? Incarner la violence et faire aux autres ce qu’ils ont toujours vu faire, ou ce qu’ils ont subit ; ce pourquoi ils existent, peu importe la raison, sans être capable de prendre un minimum de reculs sur leurs propres actes. Accepter cela, reviendrait à pardonner aux Hunters. Les pardonner de leurs crimes. Les pardonner de leurs injustices. Leur pardonner leur humanité. Après tout, ils ne cherchaient qu’à survivre, non ?

Louis s’étira, chassant d’un simple bayement toutes pensées pseudo philosophiques. Certains films, s’ils étaient bien, avaient pour défaut de trop le faire réfléchir jusqu’à lui faire croire des absurdités monstres. Non. Les Hunters ne pouvaient êtres pardonnées pour leurs crimes. Ils tuaient des gens. Il ne les aimait pas, et savait le faire comprendre. Pourtant tuer. Non. Louis en était incapable. Du moins, il ne s’en croyait pas encore capable. C’était presque à se demander qui étaient les monstres dans tout ça ; les « dégénérés » qui cherchaient à vivre leur vie malgré tout ce qui se passait en ce moment – ou alors les Hunters qui enchainaient les assassinats ? « LOUIS ! » Cette fois, il émergea complètement. C’est vrai ! Il était au boulot. Pour peu, il aurait carrément oublié. Abandonnant le siège sur lequel il reposait depuis moins d’une heure, il quitta la petite salle obscure déserte. Les clients se faisaient rares ces derniers temps, avec le couvre feu, les attaques contre les mutants … Des mesures mises en place qui n’effrayaient pas que les mutants justement. Il avait entendu des clients parler de guerre. D’un retour aux conditions de la Seconde Guerre qu’avaient connu l’Europe et d’autres pays. Alors Louis avait lut des livres. Beaucoup. Par curiosité, juste pour se renseigner.

Il se trouvait désormais dans l’entrée, revêtu de son petit polo noir portant le logo du cinéma. Un sourire aux lèvres, il écoutait avec attention les dernières recommandations. Bientôt, les quelques rares clients des dernières séances arriveraient. Recommandations qui tournèrent court lorsque des coups de feu se firent entendre. Dehors, des choses se passaient. Et à entendre les premiers cris, cela n’annonçait rien de bon. Déjà, quelques personnes accouraient vers le cinéma, pour se mettre à l’abri sans doute. Il s'agissait aussi et surtout de potentiels clients aux yeux de son responsable. Après tout quelques coups de feu n'effrayaient plus autant qu'avant. C'était devenue presque banal ce type de désagréments. « On oublie pas de sourire et d'être agreable. » La petite équipe acquiesça avant de se disperser. Louis était ravi. La fin de journée promettait d’être mouvementée.