STORIES ARE WHERE MEMORIES GO WHEN THEY'RE FORGOTTEN
osez l'aventure!
Osez l’aventure! Une vieille affiche collée au mur annonce avec des lettres épaisses et colorées.
Colette ne regarde pas l’enfant tout sourire, sur la photo, elle regarde le mot.
Osez!De l’impératif.
Osez Osez OsezColette secoue la tête et continue de marcher, la tête baissée, parce qu’on ne sait jamais, les chasseurs peuvent être partout. Il pleut de toute façon, alors sa capuche ne fait pas tâche dans le décor.
En arrivant au café, elle serre son tablier autour de sa taille, et donne son plus grand sourire. “Bonjour.”
C'est un métier où l'on suit les ordres - même des clients les plus odieux - et l'on en donne très peu, et Colette est rassurée.
"
Coco!" son manager l'appelle, et Colette serre les dents. Seule sa mère l'appelle comme ça.
Il a toujours flirté avec elle, elle peut le dire car à chaque fois qu'ils discutent, il met les mains à sa taille, et avance son pelvis, avec son sourire niais.
"
Ca te dit de - " il se balance sur ses pieds.
Dis lui d'arrêter, son esprit hurle, mais Colette se mord la langue.
"
Devenir responsable d'équipe?"
Colette se mord encore plus fort - un goût âpre et métallique envahit sa bouche.
"
Une promotion, quoi!"
"
Mary est plus ancienne que moi."
"
Mais elle répond aux clients."
Colette souffle, mais tente de garder le sourire, même si c'est peut être ce qui l'a potentiellement promu. "
Merci, vraiment, mais non."
"
Non?"
"
Non."
Colette est née dans le Minnesota, là où son père vivait. Quand il est parti - enfoncé lentement dans un trou - sa mère l'a prise par la main et l'a emmené loin, à Radcliff.
Son esprit crie:
Reste!
Colette a 6 ans quand son pouvoir se manifeste. Ca commence avec des demandes d’enfant,
donne moi ci, donne moi ça. Puis elle a 12 ans quand elle dit à sa mère de la laisser tranquille, ce qui résulte à 48h sans que sa mère ne la voit.
Elle a 16 ans quand elle dit à un garçon trop collant, la main trop baladeuse, de se
taper la tête contre le mur.
Il
tape, tape, tape, le front en sang, et pour quelques secondes, Colette savoure.
Colette est assise sur le banc de l'hopital, mordillant des bonbons.
"
Comment c'est arrivé?" un policier lui demande, et elle ne fait que hausser les épaules.
Commotion cérébrale, elle semble entendre. Des parents en pleurs, et qui la regarde avec dégoût. "
C'est elle."
Colette secoue le tête, lève les yeux, regarde le policier - des miettes sur sa chemise, un peu de glaçage près des lèvres - qui note dans son calepin.
"
Croyez-moi, j'ai rien fait." Elle dit au policier.
"
Je te crois. Tu n'as rien fait."
Elle a 19 ans quand elle dit à son petit copain, “Ne bouge pas, j’y vais,” avant de partir faire des courses. Elle le retrouve au même endroit, la gorge sèche et les larmes aux yeux.
“
Je me -” il commence, mais sa gorge se noue, “
suis pisser dessus.”
Elle a 20 ans quand elle se fait une première injection de NH24.
"
NH24, s'il-vous-plaît," Colette murmure, sa capuche remonté pour cacher au mieux son visage. Mais ce n'est pas suffisant, le pharmacien lève les yeux, ses lunettes demi-lunes au bout de son nez et la scrute de haut en bas, "5 sérums."
Elle baisse ses manches, et attrape des bonbons près du comptoir, et les pose, "
et ça aussi."
Le pharmacien lève les sourcils et part le chercher.
Colette jette un coup d'oeil derrière elle, où des clients à l’oreille un peu trop tendu la regarde.
Le pharmacien lui tend l’aiguille et le sérum.
Elle voit les dollars s'affichés sur la machine, et elle déglutie.
Colette le regarde dans le blanc des yeux, et murmure, “
tu me l’offres.”
“
Je vous l’offre,” l’homme répète mécaniquement.
Colette part du magasin rapidement, mordillant un bonbon, avant de rentrer chez elle.
Elle met la musique à fond et tapote l’aiguille, une goutte jaillit et Colette se mord la lèvre. Le garrot est prêt, la veine est visible.
Elle plante. Les yeux fermés, elle s’injecte le sérum.
Souffle, souffle, ouvre les yeux. Son esprit ordonne.
Elle obéit.
Et c’est toujours comme ça. Se persuade-t-elle elle-même? Sa mutation s’est-elle retourné contre elle et lui bouffe le cerveau?
Mais c'est comme si elle perd sa voix, pour quelques instants, elle ne peut pas parler, sa tête tourne.
"Donne-moi ça," elle dit à un collègue.
Il obéit.
Colette tremble.
Quand a été la dernière injection? elle se demande,
l'a t-il fait de son plein gré?Elle s'excuse et part aux toilettes, où elle sort de son sac une autre aiguille. Elle serre l'élastique épais à son bras, tapote pour faire apparaître la veine.
(
Toc toc toc, c'est le méchant loup.)
Elle est visible, elle plante.
“
Salut maman,” elle murmure au téléphone.
“
Coco! Ma chérie!”
Et sa maman a toujours la même voix douce.
Elle est dans une maison spécialisée, et Colette refuse de penser que c'est à cause d'elle, et de son
Oublie-moi trop
persuasif, qu'elle souffre maintenant d'Alzheimer.
“
Comment vas-tu?” elle demande, et Colette regarde son bras, ou un petit point rouge se dessine, au milieu d'une constellation d'autres petits points rouges.
Mens!“
Ca va.”