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 daughters will love like you do (Cesare)

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Clara Saddler
Clara Saddler

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SUR TH DEPUIS : 22/05/2017
MessageSujet: daughters will love like you do (Cesare)   daughters will love like you do (Cesare) Icon_minitimeLun 12 Juin 2017 - 0:01


daughters will love like you do

Clara Saddler & Cesare DeMaggio

Y  aller, ou ne pas y aller ? Voilà la question que se posait Clara depuis plusieurs jours maintenant. Celle qui l’avait turlupinée toute la journée au travail et qu’elle se posait toujours, hésitant à tourner au coin de la rue qui la mènerait au garage où Cesare travaillait. Elle mourrait d’envie d’aller lui parler autant qu’elle craignait de lui faire face. D’un côté, c’était son père. Certes, un père plus jeune, un père qui ne la connaissait pas, mais son père malgré tout. Ce jeune Cesare DeMaggio était tout ce qu’il lui restait de l’homme qui l’avait élevée, qu’elle avait aimé, et qui avait donné sa vie pour les sauver elle et sa mère. En parlant de sa mère, Isolde était aussi l’une des raisons qui la poussaient à vouloir venir parler à Cesare. Clara avait commencé à travailler à la mairie et il n’y avait pas besoin de lire dans ses pensées pour se douter que quelque chose préoccupait Madame le Maire… Sans être égocentrique, Clara se doutait que cela avait un lien avec sa soudaine apparition dans leurs vies à tous les deux. Que la tempête qu’avait déclenchée sa mère en la ramenant chez eux n’était pas encore passée. Et la jeune femme s’en voulait. Certes, elle n’était pas parfaite, dans sa vie elle avait fait son lot d’erreurs, comme tout le monde… Mais elle n’avait pas l’habitude d’être la source de tensions dans la famille. Ca, c’avait été le job de son frère et il s’en était donné à cœur joie. Mais au-delà de cette culpabilité, Clara craignait surtout d’avoir déjà altéré le futur. Il ne suffisait pas de grand-chose, vraiment. C’était l’effet papillon. Elle n’était pas à sa place, se retrouvait dans une époque qui n’était pas la sienne… Qui pourrait prédire quelles conséquences sa simple présence pourrait provoquer pour son futur ?

C’était là que ça se compliquait, vraiment. Avait-elle changé quelque chose en provoquant sans le vouloir une dispute entre ses parents ? Pouvait-elle rectifier le tir, ou risquait-elle d’empirer les choses en allant se mêler de trop près de la vie de Cesare et Isolde ? Si elle aimait le pouvoir dont sa génétique l’avait dotée, force est d’admettre qu’elle aurait aimé, en cet instant précis, pouvoir prédire l’avenir. Ainsi, elle aurait peut être été en mesure d’éviter de faire trop d’âneries… Clara était là pour changer les choses. D’une manière ou d’une autre, elle devrait empêcher Joshua et son grand-père de ruiner leurs vies, mais elle ne voulait pas non plus tout bouleverser. C’était un vrai travail d’équilibriste qui l’attendait, et elle doutait encore d’être à la hauteur.

Quelque part, Isolde avait bien fait d’envoyer Clara chez Mika. Discuter avec lui avait permis à la jeune femme de mettre pas mal d’ordre dans ses idées, elle qui avait eu bien du mal à aligner deux pensées cohérentes le soir où sa mère l’avait trouvée sur le banc. Rattraper quelques unes des heures de sommeil qu’elle avait en retard avait aussi pas mal aidé à y voir plus clair. Sans être prête à aller courir un marathon, Clara avait déjà clairement meilleure mine. Elle s’était même permis, Lors d’une balade en forêt, quelques prouesses afin de vérifier qu’elle retrouvait l’usage de ses pouvoirs, et l’essai s’était révélé positif. Dans l’ensemble, ça allait donc mieux. Les hématomes à son cou avaient presque disparu et ses boucles brunes suffisaient à dissimuler le plus gros de ce qu’il en restait, ainsi que la blessure à sa tête qui cicatrisait tranquillement. Si elle regardait le bon côté des choses, elle pouvait au moins se rassurer en se disant qu’elle avait beaucoup moins de chances de se faire traiter de clodo – enfin, si elle se décidait enfin à bouger de son coin de trottoir. Et force est de constater que le regard glacial et la méfiance de son père à son égard lorsqu’il avait posé les yeux sur elle était en grande partie responsable de son hésitation.

Allez Clara, qui ne tente rien n’a rien, de toute façon, s’encouragea-t-elle silencieusement. Tu peux le faire. Clara souffla un bon coup et s’écarta du mur contre lequel elle était adossée. Finalement, elle tourna à l’angle de la rue et se dirigea d’un pas faussement assuré vers le garage où travaillait Cesare. Ne possédant pas de voiture – officiellement, elle n’avait même pas le permis de toute façon, puisqu’officiellement, elle avait un an – elle ne pourrait pas jouer les innocentes en se faisant passer pour une cliente. De toute façon, une approche directe était sûrement préférable à une prise de contact plus sournoise. Il aurait sûrement vu la supercherie arriver à des kilomètres et quand bien même il ne s’en serait pas douté immédiatement, il l’aurait certainement remarqué dès qu’il aurait mis les mains dans le moteur.

Arrivant près de l’entrée, Clara scruta le garage à la recherche de Cesare. Ne le voyant nulle part, elle s’avança vers l’un de ses collègues. Excusez-moi… Est-ce que vous savez où je pourrais trouver Cesare ? demanda-t-elle à un homme d’une quarantaine d’années penché au dessus d’une boite à outils. Cesare ! Y a quelqu’un pour toi ! cria-t-il alors à l’attention de son collègue, que Clara ne voyait toujours pas.

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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MessageSujet: Re: daughters will love like you do (Cesare)   daughters will love like you do (Cesare) Icon_minitimeDim 18 Juin 2017 - 4:34

Travailler était facile. C’était répéter les mêmes actions, encore et encore, trouver des réponses à tous les problèmes avec une aisance déconcertante, et même avoir la capacité de les régler. Son travail était même, probablement, plus facile que celui qui faisait le quotidien d’Isolde: ici, il n’était pas question de morale humaine, de principes, de négociations avec des gens craintifs, ou des adversaires qui seraient toujours contre lui. Soit il faisait bien son travail et la voiture marchait à nouveau, soit il se plantait et tout partait en vrilles. La troisième option, c’était la casse, irrémédiable et indiscutable; la fin de tout. Et même si ça n’semblait pas être le cas de ce côté, évidemment, Cesare n’pouvait s’empêcher d’penser à son mariage; il espérait bien qu’ils n’étaient pas bons pour la casse, que c’n’était pas par là que le quotidien les précipitait. Que c’n’était pas l’insidieuse destinée qui se profilait à l’horizon pour eux; à force de disputes, d’incompréhension, de bras de fer à coup d’arguments - de soirées ruinées parce qu’ils faisaient tous les deux des choses stupides. Définitivement, retourner au travail avait été la bonne décision à prendre; Cesare aurait pu sombrer, s’laisser complètement broyer par la machinerie de ses propres pensées, et tourner en un cercle vicieux qui lui ferait tout lâcher. Après tout, il semblait évident qu’il n’était pas fait pour être mécano: ça n’donnait pas de sens à sa vie, ça ne rimait pas normalement dans sa tête - c’était juste des gestes qu’il accomplissait, jour après jour, qui se ressemblaient tous, et n’avaient aucune incidence, au-delà de l’immédiat, et du contentement d’une personne dont il n’avait cure. Le week end avait été, contre toute attente, un doucereux retour aux sources; ç’avait été la fête des pères après tout, et il avait fait son possible pour s’concentrer sur ça. Au moins sur les efforts déployés par Isolde, rien que pour lui - des efforts qui se voulaient positifs, plutôt qu’un genre de déni vis à vis de comment les choses tournaient, autour d’eux et hors de leur contrôle. Bosser polissait le présent, et allégeait les culpabilités qui tournaient dans la tête de Cesare; les ‘mieux’ qu’il ruminait seul avec lui-même, la désolation qu’il avait à son égard, la hargne qu’il voulait s’jeter en pleine gueule en un bon coup de poing, avec l’espoir que ça l’réveille, et le ramène quelques semaines, quelques mois plus tôt, quand tout avait été bien. Pourquoi est-c’qu’il fallait que ça parte dans tous les sens, hein? Pourquoi fallait-il que, tout DeMaggio qu’il était, ce soit maintenant, que sa conscience s’éveille, le torture jour et nuit, et fasse planer une amertume terne à chaque jour de sa vie? De leur vie, à tous les trois, bientôt tous les quatre; au moins, en dehors des murs de la maison, le brun oubliait presque que les songes incontrôlables qui lui pourrissaient l’esprit, pourraient bien trop tôt déteindre partout autour de lui. Toucher la femme qu’il aimait, leurs enfants, l’équilibre paisible si durement acquis pour lequel ils se battaient encore, quoiqu’ils en disent. S’il sombrait, ce n’serait même pas son père qui aurait gagné, ce n’serait même pas lui, ployant l’échine face à ses ennemis. Ce serait Cesare qui se serait ruiné lui-même, et aurait tout ruiné sur son passage.

C’était stupide, complètement stupide; une évidence que ses gestes quasi-robotiques ne rendaient pas moins évidents dans sa tête. Tantôt, Cesare se sentait subitement pris de l’impulsion stupide, ambitieuse et extravagante, de décrocher son téléphone pour dire tous ces mots coincés dans son inconscient à Isolde - histoire d’pouvoir lui assurer que les malaises qui planaient depuis plusieurs jours dans l’air, s’étaient dissipés pour de bon, et qu’ils n’reviendraient jamais. Mais lui-même n’savait même pas sur quoi mettre le doigt: il n’savait même pas si c’était un problème qu’il pouvait régler, si c’était la vie, si c’était lui, si c’était ce job, si c’était cette ville. Il savait juste que ça revenait trop souvent au bord de leurs lèvres, à son épouse et lui; qu’ils étaient mariés, mais déjà confrontés à une embuche qu’ils n’arrivaient même pas à nommer - tout ce qu’il savait aussi, c’était qu’il voulait que ça disparaisse, qu’entre Isolde et lui, tout soit simple et évident et défait de culpabilité, de peine, des sentiments propres au monde extérieur, à leur passé ou aux obstacles qu’ils avaient surpassés. Il voulait claquer des doigts, que tout aille bien; pour elle plus que pour lui-même. Cesare savait que c’n’était là qu’un millième des peines et des remords qu’il méritait de récolter pour tout ce qu’il avait fait - que ce n’serait même pas ça, ou ses regrets ou une quelconque ‘humanité’ soudainement révélée à sa conscience, qui rendrait tout ce qu’il avait fait un tant soit peu ‘okay’, ou ferait revenir à la vie tous les gens qu’il avait précipités dans la tombe. Et il semblait que le temps clément où il avait pu utiliser pour lui-même, la présence de la femme qu’il aimait, enceinte, ainsi que de leur fille, comme quelque-chose qui lui ‘donnait le droit’ à un peu de paix, était révolu. Bosser aidait; ça aidait Cesare à n’pas s’effondrer sur lui-même avec ses propres pensées - à culpabiliser pour les avoir, à culpabiliser de culpabiliser de les avoir. Il voulait être là pour Isolde, aujourd’hui, demain et tous les jours de leur avenir - ça allait plus loin que ça encore, il savait qu’elle en avait le désir aussi, le besoin et le droit. Là où il n’avait que trop pollué la vie des autres, Isolde, elle, elle avait assez donné pour enfin avoir quelques petites choses bonnes dans sa vie: ses désirs tous accomplis, son confort à jamais assuré, ou quoique ce soit d’autre. Le DeMaggio, lui, il lui avait souvent promis qu’il n’la laisserait jamais seule, qu’il n’l’abandonnerait et n’la trahirait plus jamais. Au bout d’un moment, il n’savait pas où étaient ses devoirs; au passé, au présent, à l’avenir. À Isolde, ou au reste du monde, à sa propre conscience? Ça semblait hypocrite de penser à ses remords maintenant, vingt ans plus tard; et il en crèverait, d’laisser Isolde, enceinte, avec Clara, toute seule, pour quelque raison que ce soit. Qu’il finisse ses jours en prison et pourrisse derrière des barreaux, sans jamais voir ses enfants grandir, ça n’ramènerait personne à la vie non plus. Beaucoup diraient pourtant, que ç’avait tout de la justice qui lui était due; à combien d’personnes avait-il arraché ce privilège, en assassinant à tour de bras, aveuglé par le ‘devoir’, la foi en sa famille, ou la rage la plus fondamentale et primaire qui soit? Kingsley Moren n’avait jamais mérité d’vivre - c’n’était clairement pas l’âme qui pesait le plus lourd sur sa conscience, mais y’avait d’autres noms, tout un essaim d’autres noms qui, peu à peu, revenaient à sa mémoire. En des années de chasse, on pouvait en faire, des dégâts. Surtout quand on chassait comme un DeMaggio, sans avoir peur des victimes collatérales, des dommages créés partout autour - si habitués au sang qu’ils y devenaient insensibles. Cesare pouvait s’faire noble autant qu’il voulait, prétendre être meilleur que son père parce que c’était dans ses chairs que celui-ci avait planté un couteau à leur dernier face à face; somme toute, à l’échelle de l’humanité, ils étaient probablement au même niveau d’horreur.

Des déclarations auxquelles Isolde répondrait par un refus catégorique et déterminé, sans doute; c’était facile pour elle probablement, d’faire une nette distinction entre l’homme qui avait tué son père, et celui qu’elle aimait, celui avec qui elle fondait une famille jour après jour. Rafael était, lui aussi, toujours dehors; l’argument n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. C’était la seule évidence à laquelle Cesare pouvait se raccrocher: tant que c’n’était pas arrivé et définitif, il n’avait certainement pas l’intention de finir derrière quelques barreaux que ce soit, lui-même. S’il devait disparaitre de l’équation, ce serait la voie ouverte pour son père; d’s’en prendre à toutes les personnes à qui il tenait - encore, de ruiner sa vie plus efficacement encore. Et son existence sans Isolde, sans Clara, sans leur famille, il n’pouvait définitivement plus y penser; d’ça aussi, il en crèverait sans conteste. Peut-être la ‘punition’ pour l’genre de vie qu’il avait menée jusque-là, était déjà mise en route dès le moment où tout avait basculé - et pour le coup, Cesare était presque assez observateur pour croire que c’était même quelque-chose qui torturait son géniteur, aussi. La conscience, construite sur une culpabilité cuisante, des images réminiscentes et douloureuses, et la moindre once de bonheur, toujours polluée au moins jusqu’à certains égards, par des souvenirs et des actes bien particuliers. C’était sûrement une croix qu’il s’devait de porter en solitaire; tout autant qu’il serait seul à répondre de ses actes, si au-delà il y avait, après la vie. Cesare, de toute manière, il n’arrivait pas à s’faire à l’idée qu’une société qui avait fermé les yeux face à ses martyrs d’enfance, un monde qui les avait laissés lui et Aria, entre les mains de leurs géniteurs, un monde qui permettait à des pourritures comme les DeMaggio, les Callahan, Lancaster, de prospérer et de grandir comme ils le faisaient, était un monde assez juste et noble pour le juger lui. C’était compliqué, incontestablement; et rien ni personne, aucune évidence ni aucun événement, ni aucune épiphanie tombée du ciel, n’semblaient vouloir répondre aux doutes qui se créaient comme des crevasses dans la tête du brun. Il en avait presque oublié où il était, Cesare, ses pensées partant, partant d’elles-mêmes alors que ses mains accomplissaient des gestes automatiques; une voix, tonitruant contre les murs de béton du garage le ramena à la réalité. Y’avait quelqu’un pour lui. La dernière fois qu’y’avait eu quelqu’un pour lui, ç’avait été son père; et au-delà de Rafael, Cesare avait vite fait le tour de qui pourrait venir jusqu’ici, pour lui prêter une quelconque visite. Il en fut presque tenté d’embarquer une clé à molette pour avoir l’air menaçant au moins, contrairement à la dernière fois où son patriarche était venu jusqu’ici - mais il n’en fit rien. Mieux valait faire profil bas ces derniers temps, d’toute manière. Quelles qu’aient pu être ses pensées, elles s’envolèrent dès qu’en se détachant du fond du garage, sortant les mains de son travail, il n’se retrouva pas face à la stature familière de son père. Mais bien au contraire, face à une brune bien frêle, peu impressionnante et encore fraiche à sa mémoire. Il n’l’avait pas beaucoup observée, cette Claire quand elle avait été invitée en plein coeur de sa maison; mais quand même, il n’avait pas de trou de mémoire. Y’avait, à l’opposé, tellement de souvenirs bien particuliers rattachés à cette seule jeune femme, qu’il était impossible qu’il l’oublie. Il l’observa, son esprit rempli de questions pressantes. « Laisse-moi deviner, t’as pas vraiment de voiture à faire réparer. » peut-être pourrait-elle juger que c’était un brusque saut dans l’intimité que de la tutoyer; mais après tout, elle avait déjà été jusque chez lui, jusque devant leur fille, assise à leur table, en plein dans leur intimité. Ils n’étaient plus à ça près. Et puis, comme Isolde, il aurait presque pu prétexter qu’y’avait ‘un feeling’ qui le titillait et lui autorisait ça. La critique acerbe formulée dans son crâne par son propre sarcasme lui fit baisser les yeux, alors qu’il était soudainement rappelé à Anthea. « Si tu veux paraître moins suspecte, connaître l’adresse de mon lieu d’travail et mes horaires, c’est pas vraiment la solution... » il ajouta, même, incapable de se concentrer sur autre chose - au moins, ça lui permit de reprendre un genre de contenance, assez d’assurance pour la regarder à nouveau. Il aurait presque pu poursuivre en lui demandant ce qu’elle faisait là, alors, si elle n’avait ni voiture à réparer, ni d’arrière-pensée à son égard ou à l’égard de sa famille. Mais il avait comme l’impression qu’elle n’lui dirait pas la vérité quoiqu’il en soit; alors franchement, pourquoi est-c’qu’il restait si fermement ancré sur ses pieds, face à elle?


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Clara Saddler
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MessageSujet: Re: daughters will love like you do (Cesare)   daughters will love like you do (Cesare) Icon_minitimeVen 23 Juin 2017 - 0:58


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Clara Saddler & Cesare DeMaggio

C ’est la boule au ventre que Clara attendait l’arrivée de Cesare, appelé par son collègue qui avait bien vite reporté son attention sur son propre travail. C’était étrange pour elle d’être aussi nerveuse à l’idée de faire face à son père. Les traits de son visage avaient beau être plus jeunes, ses cheveux toujours d’un noir de jais, il était impossible pour la jeune femme d’ignorer le fait qu’il était cet homme qui l’avait élevée, qu’elle avait aimé, le premier homme de sa vie, et ce même si lui n’en avait pas la moindre idée. Elle avait toujours eu un lien privilégié avec son père, de qui elle avait toujours été plus proche que ses cadets, sans pour autant en connaître la raison. L’accueillerait-il aussi froidement qu’il l’avait fait lorsqu’Isolde l’avait ramenée chez eux, ou est-ce que le choix d’un terrain neutre apaiserait sa méfiance ?

C’était une drôle de situation car ce Cesare, elle ne le connaissait pas. Âgée seulement d’un an en deux mille seize, elle ne gardait pas de souvenir de qui avait été son père lorsqu’il vivait à Radcliff, alors qu’il avait récemment arrêté la chasse, alors qu’il venait d’épouser Isolde…  Tout ce qu’elle savait, c’était ce que sa mère lui avait révélé dans la voiture lors de leur fuite effrénée vers Radcliff. Le visage de son père lui restait familier, aussi familier que son propre reflet dans un miroir, mais son attitude, elle, lui donnait l’impression d’avoir affaire à un homme entièrement différent. Le voyant finalement approcher, elle tâcha de faire en sorte d’apparaître plus détendue qu’elle ne l’était réellement. Inutile d’éveiller un peu plus les soupçons de Cesare en ayant l’air de quelqu’un qui a quelque chose à se reprocher, ou même à cacher… Même si de fait, des choses à cacher, elle en avait un bon paquet. Posant les yeux sur lui, Clara fut soulagée de découvrir que le regard qu’il portait sur elle était beaucoup moins froid que la dernière fois. Oh bien entendu, elle ne doutait pas qu’il analysait ses moindres faits et gestes ou que la moindre de ses expression serait passée au crible.

Laisse-moi deviner, t’as pas vraiment de voiture à faire réparer. lança Cesare, soulignant l’évidence. Clara ne répondit rien. En temps normal, elle aurait certainement rétorqué par une quelconque remarque sarcastique, mais elle ne voulait pas prendre le risque d’envenimer les choses en lui donnant l’impression de le prendre pour un idiot. Il était déjà bien assez sur ses gardes, inutile d’en rajouter une couche, d’autant qu’il lui sembla soudain comme décontenancé, le regard baissé vers le sol bétonné. Si tu veux paraître moins suspecte, connaître l’adresse de mon lieu d’travail et mes horaires, c’est pas vraiment la solution... fit-il remarquer, avant de finalement reposer les yeux sur elle. Nonchalamment, Clara haussa les épaules. L’avantage de bosser comme secrétaire à la mairie, c’est que j’ai accès à pas mal d’information. Certes, en tant que simple secrétaire elle n’avait pas accès à toutes les informations depuis son poste de travail… mais ces restrictions étaient assez facile à contourner pour quelqu’un qui était un tant soit peu à l’aise avec un ordinateur, surtout quand la personne en question avait vingt-cinq années d’avance sur tout le monde en matière de technologie. Quant aux horaires de Cesare, elle ne les connaissait pas mais trouver celles du garage n’était pas sorcier, n’importe quel idiot pouvait trouver ce genre d’information en quelques instants. Si Cesare n’avait pas été là, elle serait simplement repassée un autre jour.

Ecoute, reprit-elle, décidant que puisqu’il l’avait tutoyée, elle pouvait se permettre d’en faire autant sans pour autant paraître mal élevée. Je voulais juste m’excuser pour l’autre jour, et je me suis dit que me présenter sur le pas de votre porte n’était pas une bonne idée. J’avais pas prévu de me faire embarquer comme ça chez vous… C’était assez évident que je n’étais pas la bienvenue et je m’en voudrais si ma présence avait causé des tensions entre vous. J’aurais dû refuser l’invitation d’Isolde même si, pour ma défense, ta femme est du genre têtu. Au moins, sur ce point, elle n’était pas dépaysée. Sa mère avait toujours été ainsi, et Clara avait elle-même hérité de ce trait de caractère. Ce jour-là, elle avait simplement été trop épuisée, trop désespérée pour refuser l’aide d’Isolde, le réconfort que la présence de sa mère pouvait représenter, et ce même si la situation était étrange au possible. Rivant son regard dans celui de son père, elle reprit, Jamais je n’aurais fait de mal à ta famille, crois-moi. De toute façon si je te mentais tu t’en rendrais compte tout de suite. J’ai quelques talents cachés, mais le mensonge n’en fait pas partie. Libre à lui de la croire ou non, il n’avait après tout aucune preuve de sa sincérité.  Tout ce qu’elle pouvait espérer c’est que d’une manière ou d’une autre, il pouvait sentir ce lien qui les unissait. Voir en elle, malgré les années qui la séparaient de la Clara qu’il connaissait, sa fille, sans s’en rendre véritablement compte. Comment pourrait-il se douter de qui elle était de toute façon ? Elle-même avait encore bien du mal à se faire à l’idée qu’elle n’était pas au beau milieu d’un cauchemar tout ce qu’il y a de plus étrange.

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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MessageSujet: Re: daughters will love like you do (Cesare)   daughters will love like you do (Cesare) Icon_minitimeVen 1 Sep 2017 - 16:28

Honnêteté, bonté, empathie n’avaient pas été des traits de caractère qu’on avait essayé de développer chez Cesare. Merde, ça n’avait même pas été des faciès d’autres auxquels il avait été habitué ; ce qu’il avait appelé amour avaient été les rares gestes de pitié que sa mère avait eus pour les enfants qu’elle laissait être maltraités sous son toit. Et aussi tordu que ce soit, l’fait que son propre père lui balance des coups dans la gueule. Encore tout récemment, il l’avait dit, Rafael ; ç’avait été pour le protéger, pour qu’il puisse s’armer contre le monde et vivre aussi longtemps que possible – c’était, irrémédiablement son rôle de parent qui l’avait transformé comme ça, qui l’avait motivé à lever la main sur ses progénitures et à les aiguiser comme des couteaux, plutôt qu’à les élever comme des êtres humains. Quand même l’inconnu le plus lambda qui soit n’avait jamais fait preuve de la moindre compassion pour le gamin de la maison d’en face, le DeMaggio avait appris à la dure, qu’finalement, les faiblesses d’la nature humaine n’existaient que parmi ceux qui étaient destinés à crever bien assez tôt : on s’en sortait mieux en détournant le regard, ou en intimidant les autres avec des allures froides, fermées et meurtrières. Personne n’avait jamais emmerdé les DeMaggio ; et celui qui aurait un jour essayé, haussé le ton ou ne serait-ce que tenté de doubler la famille, aurait pris une balle entre les deux yeux, sans autre forme de procès. Qui sait ce qu’ils seraient devenus, les siens, sans Thaddeus Lancaster pour tirer un peu les ficelles de la ville ; après vingt ans asservi à la cause, Cesare, tout ce qui lui restait, c’était les souvenirs des empreintes de sang qu’il avait laissées, ici et là, à Radcliff ou partout ailleurs dans le pays. On n’avait pas cherché à s’limiter, chez lui ; curieusement, une fois qu’il était devenu l’exact portrait de c’qu’on avait voulu de lui, on lui avait laissé une marge de liberté toute nouvelle, dans laquelle Cesare n’avait fait que s’enfoncer, droit vers l’horreur, sans nécessairement s’en rendre compte. Aujourd’hui, bosser dans un putain d’garage semblait moindre – c’était un fossé dans lequel il avait trébuché sur son passage, et duquel il n’arrivait pas à sortir ; il détestait, avec le temps, prouver raison encore une fois à son géniteur. C’n’était pas fait pour lui, cette vie-là, les mains dans la crasse, inutile et perdu dans la foule de congénères auxquels il ne ressemblait pas. Et ça l’enrageait, plus qu’il n’était prêt à l’reconnaître à haute voix ; ce serait comme admettre une défaite cuisante, mordant dans sa chair, détruisant tout ce qu’il avait essayé d’accomplir depuis des mois et des mois. Paradoxal, quand même. Peut-être aurait-il fini par devenir cinglé, s’il avait dû continuer à jouer les pères au foyer convalescent à cause de ridicules coups de couteau – ridicules qu’il les appelait, lui, quand les médecins en avaient fait tout un drame. A force, il avait baissé les armes pour Isolde, il avait arrêté d’traiter ses plaies comme si c’n’était rien, pour Isolde. D’l’autre côté, Isolde, elle n’arrêtait pas grand-chose, pour lui – certainement pas ses comportements imprudents qui faisaient qu’elle pouvait rentrer, enceinte, et tabassée par une connasse qui avait voulu prendre son trône, ceux qui faisaient qu’elle ramenait une parfaite inconnue chez eux. Et il suffisait d’pas grand-chose, un mot magique, une attitude, un point d’appui sur sa culpabilité à lui pour que Cesare s’rappelle que d’toute manière, il n’avait pas de leçon à donner à qui que ce soit. Pourtant, pourtant, bordel, il n’s’estimait pas avoir tort ; et au-delà d’ça, il n’pouvait plus vraiment sous-estimer la place que la rancœur prenait, grignotant là où la peur, l’inquiétude altruiste avaient été, au tout début de leur histoire.

Reconnaître la silhouette de l’inconnue, alors, ramena Cesare à quelques nuits en arrière ; peu importait si Isolde et lui avaient parlé, après – ils s’étaient disputés, ils avaient semblé trouver un point d’entente. Oral, en tout cas. Il savait que c’était surtout dans le concret, au-delà des promesses et des bons vœux responsables que la blonde faisait, que ça péchait, et qu’la réalité reprenait toujours sa place. Pragmatique qu’il était, l’espoir s’était déjà complètement volatilisé de l’esprit du brun ; et pourtant, peut-être était-ce pathétique à souhait, d’être marié à une femme en laquelle on n’arrivait pas à sauvegarder un brin de confiance plus de deux secondes. C’était compliqué. Il avait confiance dans l’fait qu’elle pense faire bien ; mais s’il fallait appuyer sur les zones sensibles, faire bien dans son vocabulaire à elle, avait fait plus de mal aux gens autour d’elle que d’bien. C’avait aidé des connards comme Demelza Collins à gagner une voix, mais ç’avait tues celles d’autres gens. C’était une lourde sentence pour Isolde, une qu’il aurait voulu qu’elle n’connaisse jamais – à vrai dire, il aurait bien eu envie qu’la Saddler change le monde, change sa vision à lui du monde tout entier. Mais tout c’dont il se rendait compte, c’était que le monde n’changeait pas, qu’il n’changerait pas pour elle, qu’il la piétinerait sans pitié bien au contraire – et malgré ça, malgré tout c’qu’elle avait à perdre, malgré les peines que ça pouvait causer, Isolde, elle, n’changeait pas d’un pouce. A défaut, ils étaient l’exact opposé, alors ; pourtant, il s’disait bien que la femme qu’il aimait aurait pu être bien différente, à cause de c’qu’elle avait vécu et enduré. Il l’aimait telle qu’elle était, aussi paradoxal cela pouvait être, par rapport au quotidien dans lequel ils se disputaient de plus en plus souvent à cause de ces divergences qui n’changeaient jamais. Preuve en était encore maintenant ; face à la brune, Cesare s’en prit encore un, d’coup de massue sur la gueule sans vraiment l’avoir attendu. Fallait toujours qu’les choses se passent plus vite qu’il n’le savait ; pourtant, bordel, c’était pas comme si sa vie filait à toute allure parce qu’il avait tant d’responsabilités. Visiblement, Isolde avait tenu quand même à garder la fameuse Claire sous son aile ; à la mairie ou autre part, qu’est-c’que ça changeait ? Elle était venue chez eux, elle avait eu l’temps d’évaluer bien des choses, de comprendre bien d’autres choses, de sonder l’esprit des gens qu’elle avait eus en face d’elle. Tant pis, finalement, si de la part du brun elle n’avait rencontré qu’hostilité froide et imperméable – ils n’pouvaient pas tous se permettre le luxe d’être généreux au point d’en être con. Ça, c’était le rôle d’Isolde, et tout c’qu’il avait à faire, c’était faire avec – la réalité d’cette évidence revint jusqu’à lui, cette fois encore, et face à des yeux qui n’étaient pas ceux de quelqu’un de familier ou de confiance, Cesare eut bien du mal à garder contenance, et à n’pas laisser déborder la même surprise désarçonnée que celle qu’il avait éprouvée, quand son épouse avait ramené cette fille chez eux. « Ouais, on va faire simple. Disons que j’me demande surtout pourquoi tu t’en préoccupes à c’point. » la suspicion lovée dans ses entrailles était tenace, un venin qui battait dans ses veines alors qu’il croisait les bras, visiblement peu disposé aux mensonges, ou même aux prétextes. Fallait en déployer, des efforts, pour le retrouver lui ; il n’avait pas d’adresse officielle, et pourtant, elle avait été devant leur maison, paumée dans la campagne en dehors de Radcliff, contre toute attente. Ce job, il n’l’avait pas depuis si longtemps ; à vrai dire, la seule personne qui avait pu arriver jusque-là avant, ç’avait été Rafael. Avec toutes les précautions qu’ils avaient prises, toutes les responsabilités qu’il essayait d’endosser ; si Clara n’avait pas son nom, aujourd’hui, si elle n’avait pas le nom d’son père sur son certificat de naissance officiel, c’était parce qu’il avait voulu la protéger. Tout ça pour ça. Tout ça pour qu’Isolde ramène des inconnus chez eux, qu’elle les expose de la sorte, qu’elle offre tout un accès à des informations capitales, sur lui, sur eux, sur leur famille, à une fille sortie de nulle part, propulsée dans leur vie comme un boulet de canon qui avait foutu un vrai désordre.

Devait-il être surpris, franchement ? Il n’aimait pas, la dégueulasse sensation rancunière qui lui disait qu’non, c’n’était pas surprenant. Que c’était juste décevant, et blessant ; des sentiments trop souvent attachés à sa relation avec sa propre femme, ces derniers temps. Et dire que ça n’faisait pas si longtemps, pourtant, qu’ils s’étaient passé la bague au doigt, et qu’ils avaient alimenté l’illusion d’être parfaitement heureux, à l’autre bout du monde, pour le temps que l’ivresse de leur amour avait duré. La vie réelle avait déjà repris sa place, vraiment. « C’qui s’est passé chez nous, c’est pas ton problème. T’avais pas besoin d’te déplacer pour ça. » il n’avait certainement pas été déçu par cette nouvelle arrivante – elle avait été l’intruse gênante et dangereuse, il avait surtout été bien content qu’elle disparaisse. D’l’autre côté, il n’avait cru qu’une fraction des promesses et des volontés de faire différemment qu’Isolde avait pu lui fournir ; il avait bien eu raison, d’pas s’y fier, parce que le voilà encore une fois, acculé au beau milieu de son espace privé – aussi privé qu’il pouvait l’faire, par quelqu’un qui s’intéressait de trop près à lui. C’était pas comme s’il n’avait pas d’raison d’se méfier ; entre son passif de chasseur, les chasseurs qui le haïssaient quand même, son père qui jouait à la girouette imprévisible, et la fameuse tueuse de sa mère, qui apparemment en avait après toute sa famille. Il n’savait plus comment le marteler, marteler à Isolde – qu’à défaut qu’elle comprenne, qu’elle pense comme lui, qu’elle soit au moins une alliée de leur situation, comme il était, avait été jusque-là, un allié de ses envies à elle, de ses volontés. Il l’avait aidée, soutenue, il était au moins resté silencieux, vis-à-vis d’sa stupide idée qu’avait été Insurgency. Il avait presque manqué d’sacrifier sa quête de justice pour Aria, rien qu’pour elle. Le voilà de retour quelques soirs plus tôt, fatigué d’s’adapter pour mieux subir, d’essayer pour mieux échouer, parce que finalement, c’était un travail à sens unique. Aujourd’hui le prouvait encore. Ironique, quand même, que ce soit lui, le chasseur endoctriné pendant des années, qui soit si désireux d’évoluer, et non pas la transmutante qui s’était toujours prétendue être mieux qu’tout le monde. Cesare détestait l’amertume qui le gagnait, c’qu’elle lui faisait penser, la rancœur qu’elle faisait gronder dans ses veines – pourtant, on l’ramenait sans cesse devant l’fait accompli. Et l’inconnue, alors, elle pouvait dire c’qu’elle voulait, elle pouvait vendre ses prétextes, dire qu’elle n’savait pas mentir, il en restait totalement étranger, distant, loin d’être convaincu : n’était-ce pas ceux qui savaient mentir à la perfection, qui pouvaient prétendre n’pas savoir le faire ? C’était comme ça qu’il avait appris les choses, lui ; comme ça qu’il avait berné son propre père pendant des mois et des mois. « J’ai un peu du mal à croire les gens qui reviennent quelques jours après, m’assurant qu’ils sont pas venus chez moi pour faire du mal à ma famille ou qu’ils ne mentent pas, quand c’est la première chose qu’ils ont à dire. » après tout, est-c’que le commun des mortels n’aurait pas associé son attitude à autre chose ? Il n’en savait rien, il n’était pas du commun des mortels. Ouais, il avait interprété la chose d’toutes les façons hostiles et dangereuses qui soit, avec la mort, le mensonge, la menace. Y’avait que quelqu’un comme lui pour voir leur situation de la sorte. Alors quoi ? Il s’approcha, sans détour, sans demi-teinte, toujours sur la défensive comme l’animal sauvage qu’il était, au fond ; « Qu’est-c’que tu m’veux alors ? T’avais pas d’meilleur boulot à obtenir qu’un job à la mairie, peut-être ? Ou j’suppose que c’est un peu comme pour expliquer pourquoi tu trainais autour d’chez nous, hein ‘par hasard’, t’es idéalement faite pour faire du secrétariat ? » il pouvait bien admettre qu’lui, il n’était pas fait pour s’asseoir derrière un bureau ; que personne ici, n’l’était. Qu’ils n’étaient pas les seuls. Mais la vie faisait définitivement bien les choses, pour l’inconnue ; elle trouvait Isolde comme elle aurait trouvé le Messie, sans franchement trop errer, sans franchement trop s’paumer. Et dire qu’y’avait eu Radcliff, ses grandes rues et ses motels pas trop chers, un peu plus loin. Mais non, ç’avait été eux, et aujourd’hui, c’était la mairie, ce garage, Radcliff encore et toujours, quand y’avait bien mieux à chercher ailleurs. Alors merde, Cesare, il préférait croire c’qu’il voyait, aux prunelles insondables d’une inconnue.


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Clara Saddler
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MessageSujet: Re: daughters will love like you do (Cesare)   daughters will love like you do (Cesare) Icon_minitimeDim 17 Sep 2017 - 1:31


daughters will love like you do

Clara Saddler & Cesare DeMaggio

C Son père la regardait comme une inconnue. Pire, comme une ennemie. Bien entendu, elle n’avait pas espéré que ses parents la reconnaissent. Pour eux Clara, c’était ce petit bout de chou qui perturbait parfois leurs nuits et rythmait leurs journées. Comment auraient-ils pu imaginer que leur fille et une inconnue de vingt-cinq ans pouvaient être une seule et même personne ? C’était insensé. Clara elle-même peinait encore parfois à croire à la réalité de sa vie. Certes, sa vie, elle n’était plus simple depuis quelques années déjà. Depuis que son grand-père les avait pris en chasse, contraints à déménager. Depuis qu’il s’était insinué dans la vie, dans l’esprit de son frère, ruinant leur vie jusque là tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Alors non, Clara ne s’était certainement pas attendue à ce que ses parents la reconnaissent… Mais elle avait eu l’espoir qu’ils ressentiraient quelque chose. Une connexion inexplicable avec cette enfant du futur, celle qu’ils s’étaient battus pour protéger, au péril de leurs vie. Isolde l’avait prise sous son aile aussitôt. Clara ignorait si elle avait ressenti quoi que ce soit, si un inexplicable instinct maternel lui avait dicté sa conduite, ou si c’était sa manie de toujours vouloir aider les autres qui l’y avait poussée… Mais de la part de son père, elle n’avait reçu que méfiance, menace et froideur. Ca la blessait, bien sûr, même si elle ne pouvait, dans le fond, pas lui en vouloir. Elle aussi se serait certainement montrée méfiante si une inconnue avait débarqué dans sa vie, et n’avait de cesse d’y réapparaître comme elle-même le faisait… Mais elle ne pouvait pas garder ses distances. La seule chose qui l’avait empêchée de s’écrouler totalement après la tragédie qu’elle avait vécu, c’était l’idée que ses parents étaient là. Vivants. Qu’elle pouvait les sauver, que tout n’était pas perdu. C’est ce qui l’aidait à se lever, le matin, après que les cauchemars aient bousculé sa nuit, que ses souvenirs aient hanté son sommeil des heures durant. Alors non, s’imposer dans leurs vies n’était certainement pas raisonnable et elle le savait… Mais elle ne pouvait supporter l’idée que, quelque part, son père la considérait comme un ennemi.

Elle avait toujours été proche de ses parents, et des trois enfants de la famille, elle était certainement celle qui était la plus proche de Cesare. Pourquoi ? Elle l’ignorait. C’était justement cette place qui, pendant des années, lui avait permis de jouer les tampons entre son père et son frère. De se blâmer pour les bêtises de son cadet pour lui épargner la colère de Cesare tout en sachant pertinemment qu’il ne la croirait pas, parce qu’il la connaissait assez pour savoir combien elle et Joshua étaient différents. Que, peu importe la connerie dont il était question, ce n’était pas le genre de Clara. Passer de cette relation privilégiée à cette froide méfiance lui faisait l’effet d’une douche glacée. C’qui s’est passé chez nous, c’est pas ton problème. T’avais pas besoin d’te déplacer pour ça., lui balança-t-il. Il avait raison. Rien en l’y avait obligée, et il aurait certainement été plus censée de se faire oublier… Pour autant, elle ne voulait pas abandonner, car l’idée qu’il la considère comme une ennemie lui déplaisait tout autant que de savoir qu’elle avait causé des problèmes entre ses parents. Des discordes qui n’auraient pas existé sans sa présence à une époque qui n’était pas la sienne. Clara estima cependant préférable de ne pas répondre. Elle avançait déjà en terrain miné, inutile d’en rajouter une couche. J’ai un peu du mal à croire les gens qui reviennent quelques jours après, m’assurant qu’ils sont pas venus chez moi pour faire du mal à ma famille ou qu’ils ne mentent pas, quand c’est la première chose qu’ils ont à dire. Encore une fois, il n’avait pas tort. Clara comprenait bien pourquoi il jugeait son attitude suspecte. Sans être une ancienne chasseuse entraînée à voir le monde entier comme des ennemis, elle en avait vu assez, ces dernières années, pour savoir qu’il faut parfois se méfier des gens. Dans son cas, elle avait même cohabité toute sa vie avec l’ennemi, alors qui mieux qu’elle pouvait savoir que la menace pouvait venir de n’importe où, à n’importe quel moment ?  

Cesare s’approcha d’elle avec sa mine des mauvais jours, mais Clara ne bougea pas. Les deux pieds ancrés sur le sol, elle resta plantée là, s’efforçant de conserver une attitude aussi détendue que possible – plus détendue qu’elle ne l’était en réalité, c’était certain. Qu’est-c’que tu m’veux alors ? T’avais pas d’meilleur boulot à obtenir qu’un job à la mairie, peut-être ? Ou j’suppose que c’est un peu comme pour expliquer pourquoi tu trainais autour d’chez nous, hein ‘par hasard’, t’es idéalement faite pour faire du secrétariat ? Contre toute attente et malgré la tension ambiante, un rire échappa à Clara. Un peu nerveux, peut être, mais surtout sincère, spontané.

Mon dieu, non ! Je suis à peu près autant faite pour le secrétariat que tu ne l’es pour la mécanique, répondit-elle. Son rire s’était calmé mais elle ne pouvait effacer le léger sourire en coin qui étirait ses lèvres. S’efforçant de reprendre son sérieux, elle ajouta, si je traînais autour de chez vous, c’est parce que je voulais éviter le centre ville, la police, les chasseurs et autres habitants charmants de Radcliff. Y avait une maison vide, pas loin et sans un sou en poche, c’était déjà mieux qu’un banc pour passer la nuit. Pas de mensonge, même si le choix du quartier vers lequel elle s’était tourné n’avait pas été anodin. Pour ce qui est du boulot, non, je ne suis pas idéalement faite pour le secrétariat. Pour être honnête, travailler dans un bureau me donne envie de me taper la tête dans les murs. Et si mon but numéro un était d’enquêter sur qui que ce soit, crois-moi, j’aurais pas besoin de travailler à la mairie pour avoir accès aux infos dont j’ai besoin. Elle s’était aventurée dans les systèmes de sécurité de la mairie et autant dire que tout ça laissait à désirer, en tout cas du point de vue de quelqu’un qui avait vingt-quatre années d’avance en la matière. Mais je t’en pris, si tu as une astuce géniale pour permettre à quelqu’un qui est censé être mort et essaie de ne pas se faire remarquer, de se réinscrire à l’université, je suis toute ouïe. Demi-mensonge. La réalité était un peu plus compliquée que ça. Mais elle se disait que si Cesare avait quelques réponses quant à qui elle pouvait bien être, il serait peut être moins méfiant. Et puis mine de rien, elle avait son petit caractère la petite Saddler, et elle n’était pas du genre à se laisser impressionner.  

© POUPI
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