Il regardait sa femme du coin de l’œil, occupée à faire ses valises. Samuel avait bien conscience que ces dernières étaient définitives. Le couple ne partait pas en voyage, c’était bel et bien Amy qui s’en allait. Devant ses yeux, sans qu’il ne puisse faire quoique ce soit. À vrai dire il n’avait aucune idée de comment réagir, quoi dire ou que faire dans de telles circonstances. Lui qui pensait il y a encore quelques temps qu’ils étaient inséparables, que rien ni personne pouvait les ébranler. Joseph l’aimait et l’aime encore profondément. On ne peut pas désaimer la mère de sa fille du jour au lendemain. Celle avec qui il avait partagé tant d’années de bonheur… Il s’accouda à la commode de la chambre, jouant nerveusement avec son alliance autour de son annulaire. « Amy, je t’en prie… » Voilà les seuls mots qui sortirent de sa bouche. Le brun n’arrivait plus à reconnaître sa femme, lui aussi avait certainement changé après ce drame, mais ne plus arriver à déchiffrer son épouse était pour lui un signe qui prouvait une fois de plus que leur couple était bel et bien terminé. « C’est terminé Joseph, j’en peux plus… De tout. Cette maison, ces souvenirs, cette atmosphère, toi... » Elle semblait sincère, une once de méchanceté non voulue dans sa voix. Il voyait bien qu’elle essayait de se contenir, de ne pas lui hurler dessus ses maux de cœur qui ne faisaient que de la ronger ces derniers temps. Amy lui en voulait et Samuel la comprenait. La culpabilité, le policier connaissait bien ce douloureux sentiment. « Tu crois sincèrement que je n’ai pas tout fait afin de retrouver notre fille ? Tu crois que je ne souffre pas de son absence ? Du fait de ne même pas savoir si elle est morte ou bien séquestrée je ne sais où par je ne sais quel psychopathe ? » Son regard était baissé, sa mâchoire se serra en imaginant sa fille prisonnière et sans défense. Il sentait son regard le transpercer. Un claquement lui fit comprendre qu’elle venait de fermer sa valise. L’homme savait qu’il était sur le point de la perdre à tout jamais, mais il était impuissant. C’était la deuxième fois en l’espace d’un an qu’il avait eu cette douloureuse sensation. « Tu te rends compte que je n’ai même pas eu la possibilité d’enterrer ma propre fille ? » Amy était au bord des larmes. « Lily est aussi ma fille et ne la met pas sous terre avant que. » «AVANT QUOI JO ? » Les sanglots se transformèrent en hurlements. L'homme ferma les yeux afin de se calmer, ne pas craquer, ce qui n’était pas son genre. « Arrête de te voiler la face, notre fille est morte ! Quel pourcentage de chance ils nous restent pour la retrouver en vie après plus d’un an de recherche ? » Il avait envie de lui hurler dessus, mais le brun arrivait encore à se résonner, chose qui n’était pas facile lorsqu’on avait une femme avec un tel tempérament. « C’est plus simple de parler en pourcentage tu as raison… » Joseph se plaqua contre le mur, les bras croisés contre son torse. « Je sais pas, c’est toi le flic ! C’est pas ce que vous dîtes aux familles ça ? Qu’après 48h passées le pourcentage baisse de 50% hein ? » C’était à croire qu’elle faisait tout afin de le mettre hors de lui. De le faire enfin ré agir après cette année de léthargie. « Tu ne dis pas aux mères qu’en prime elles gagnent un mari alcoolique ? » Amy s’approchait dangereusement de lui. Il arrivait à Joseph de boire afin de s’embrumer l’esprit, d’oublier ne serait-ce que quelques instants cette triste vérité qui lui éclatait en plein visage chaque jour que dieu faisait. Mais jamais Jo ne s’était montré violent. « Ne commence pas avec ça… » Il avait l’impression d’avoir en face de lui qu’une égoïste qui ne pensait qu’à elle. Son malheur, sa fille… Et lui dans tout cela ? Un père n’avait donc pas le droit d’être aussi touché que la mère par la mort de sa fille ? Il lui en voulait de tourner la page, de croire Lily morte depuis déjà bien longtemps. Pourtant aucune preuve démontrait le contraire ne prouvait cette triste conclusion. Personne n’avait de ses nouvelles. Tout ce qu’on savait, c’était que la jeune fille était partie comme tous les matins au collège sans jamais y arriver. Mme McKinley fut tout de suite prévenue par un coup de téléphone de l’école. La mère tenta en vint de joindre de sa fille. Le père n’arriva pas non plus à l’avoir… Lui laissant un message afin de l’avertir qu’il était au courant qu’elle faisait l’école buissonnière, chose qui lui ressemblait étrangement. Mais les heures passèrent et la petite brune n’était toujours pas rentrée. Minuit, une heure… Cela faisait déjà presque deux bonnes heures que Joseph avait transmis la possible disparition de sa fille à ses collègues…[/size]