Kaisa | And now can't you see the devil with open eyes ?
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Rafael DeMaggio
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Sujet: Kaisa | And now can't you see the devil with open eyes ? Mer 5 Oct 2016 - 9:46
And now can't you see the devil with open eyes ?
Rafael & Kaisa
Rafael n'avait pas quitté Eleazar du regard tandis qu'il poussait une Gabriela grièvement blessée hors de l'appartement. Le canon du revolver fiché droit sur le crâne d'une chasseur dont il ne savait plus trop quoi penser, le DeMaggio s'était à son tour glissé dans le couloir de l'immeuble avant de prendre la fuite. Toute cette histoire lui laissait un goût amer dans la gorge, un goût qui n'avait rien à voir avec le sang qui maculait son visage. Katherine était morte, Gabriela aurait dû y rester, et rien de tout ceci n'était prévu à l'origine, ni n'aurait dû arriver. Dans un sens, il n'était pas non plus prévu que Katherine retourne sa veste, même si la chose aurait pu être prévisible, était donné ce qu'avait fait Isabela quelques mois plus tôt. Seulement, laisser mourir sa nièce n'aurait rien apporté à Rafael, bien au contraire, et voir Cesare lui filer entre les doigts était bien assez frustrant pour qu'il n'ajoute pas en plus de cela Gabriela à son tableau de chasse. Où était-il, d'ailleurs ? Pas une nouvelle, pas un message, il ne répondait plus à son téléphone... Plus les jours passaient, plus Rafael se méfiait et se disait qu'il y avait quelque chose de louche dans cette histoire. C'était bien ça qui l'avait poussé à épargner et sauver Gabriela, et non un quelconque élan de pitié ou d'amour.
A mesure qu'il avançait dans les rues désertes de la ville, Rafael ruminait sa haine, sa colère et son désarrois, tentant tant bien que mal de lutter contre l'envie qu'il avait d'aligner tous les mutants du pays pour les descendre un par un, méticuleusement. A tête reposée, il lui arrivait de trouver son combat futile, mené à perte et même ridicule. Il lui arrivait de se dire que si la nature avait choisi de doter certains êtres humains à la naissance de mutation, il fallait l'accepter. Mais il lui suffisait de croiser un dégénéré ou d'entendre parler d'un meurtre commandité par l'un d'entre eux, et cette haine viscérale qui lui nouait les entrailles revenait en force, l'aveuglant dans une vendetta qu'il aurait dû depuis longtemps oublier. Seulement, l'une des premières choses que l'on avait apprises à Rafael, c'était à haïr la difformité d'un mutant, à rejeter tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une mutation. Puis on lui avait appris à les identifier, et enfin à les éliminer. C'était inscrit dans ses gênes, dans son code génétique, et lui arrivait de se dire que son père aurait été plus que déçu et contrarié d'apprendre qu'il n'avait pas été capable de tuer ses propres enfants mutants. Car s'il y avait bien une chose dont Rafael était certain, c'était que s'il avait été lui-même mutant, il n'aurait pas passé l'adolescence. Mais voilà, une chose curieuse le raccrochait à sa progéniture, la fierté, peut-être, le sang DeMaggio qu'il ne voulait pas voir s'éteindre, aussi...
Songeant à cela, il s'arrêta un instant pour reprendre son souffle et se repérer dans la ville. Il n'était pas très loin du centre ville, à quelques rues seulement de l'immeuble où vivait Kaisa. Sa seule enfant humaine, la seule qui l'écoutait encore, qui ne le voyait pas comme un monstre... La seule qui soit à cette heure capable de l'aider. Un passant héla le chasseur, lui proposant de l'emmener à l'hôpital, mais il recula bien vite et passa son chemin lorsqu'il vit le canon de l'arme que tenait toujours Rafael braqué sur lui. L'hôpital ? Et puis quoi encore ? Pour qu'on lui pose des questions, ce n'était même pas envisageable !
Avec une grimace douloureuse, Rafael se redressa et repris sa route, voyant défiler les numéros de rues bien trop lentement à son goût. Le sang battait à ses tempes, la tête lui tournait, et il se sentait partir peu à peu. Il perdait trop de sang et redoutait d'avoir besoin d'une transfusion en plus de soins d'urgence. Lorsqu'enfin il parvint à l'immeuble où vivait Kaisa, dans une petite rue tranquille et à peine éclairée, il tapa machinalement le code de l'entrée et s'effondra pratiquement dans l'ascenseur qui le mena au troisième étage. Il lui fallu toute l'énergie du monde pour ne pas sombrer au moment où il sonnait à la porte, priant pour que la jeune fille soit encore debout ou au moins présente chez elle. Lorsque la porte s'ouvrit, Rafael parvint à articuler quelques mots d'une voix rauque :
« Kaisa... J'ai besoin de ton aide... J'ai... Vite... »
Sujet: Re: Kaisa | And now can't you see the devil with open eyes ? Jeu 20 Oct 2016 - 20:50
And now can't you see the devil with open eyes ?
Rafael & Kaisa
La jeune femme s'installa tranquillement devant son ordinateur, confortablement affalée sur son canapé. Une magnifique soirée composée de série l'attendait jusqu'à ce qu'elle soit suffisamment épuisée pour tomber dans un sommeil profond. Dans deux ou trois heures approximativement. Du moins, elle l'espérait. Tant qu'elle pouvait éviter ses cauchemars, mieux elle se porterait. Dans un vieux pull trois fois trop grand pour elle avec un short, sa crédibilité et sa féminité en prendrait un sacré coup si quelqu'un venait lui rendre une petite visite intempestive. Enfin, mis à part Gray ou Aily, peu de personne n'arriverait à une telle heure. A quoi bon s'inquiéter de son physique ? Elle profita tranquillement de son plateau repas, parfaitement absorbée par ce qu'elle regardait. Son temps libre lui permettait de redécouvrir un bon nombre de films qu'elle avait oublié.
La sonnette la fit sursauter. Elle fronça le nez, en se demandant sincèrement qui cela pouvait être.Elle reposa son petit plateau sur la table avant de filer ouvrir la porte.
-Papa ?
La stupeur fit place à de l'inquiétude en remarquant l'état de faiblesse de Rafael. Autant dire que ce qu'elle y trouva ne lui plut que très moyennement. Voire pas du tout en fait. Elle aimait son père, vraiment. C'était surtout ses blessures qui lui restaient en travers de la gorge. Toutefois, elle eut vite fait de recouvrer son calme, lui servant d'appui pour ne pas qu'il s'effondre. Elle glissa un œil sur l'arme qui gisait sur le sol et se contenta de la faire glisser à l'intérieur de l'appartement. Hors de question que les voisins ne la trouve en sortant sur le pallier. Elle aurait déjà assez de problèmes à gérer, pas besoin de rajouter la paniquer de ces derniers s'ils découvraient un malheureux revolver sur le sol.
-Que s'est-il passé ?
La brune l'aida à s'installer sur le vieux canapé. Elle nettoierait plus tard, ça ne serait pas un problème. Sa table aurait été plus pratique mais celle-ci n'aurait malheureusement pas tenu sous le poids de son père.
-Reste éveillé, j'arrive tout de suite.
Surement la seule occasion ou son autorité ressortait lorsqu'il était dans les parages. Tant pis si elle se prenait des remarques par la suite, mais à ce moment précis, la jeune femme ne s'en souciait pas le moins du monde. L'amour propre attendrait qu'il soit sorti d'affaire.
Elle fila rapidement à la salle de bain pour récupérer sa trousse de premier secours. Qui se révélait bien fourni, et heureusement au vu des derniers événements. Surtout connaissant son caractère borné aussi. Jamais il n'accepterait un voyage vers l'hôpital. Foutu amour propre et obstination. Enfin, d'un autre côté... Le personnel aurait été dans l'obligation de signaler les blessures par balles aux autorités.
Sans lui demander la permission, elle se débarrassa de sa veste et de sa chemise pour observer ses blessures correctement. C'était particulièrement moche. Deux balles... deux blessures qui n'en finissait pas de saigner et au vu de son état, il devrait recevoir une transfusion de sang sans traîner. Une donneuse universelle. Sur ce point, le DeMaggio avait de la chance.
-Va falloir que j'enlève les balles, et j'ai rien qui puisse atténuer la douleur, désolée. Alors, essaie de rester le plus immobile possible. Après, je vais devoir te faire une transfusion quand j'aurai stopper l'hémorragie. Mais surtout, j'ai besoin que tu restes conscient. Que tu me parles, d'accord ?
Sujet: Re: Kaisa | And now can't you see the devil with open eyes ? Dim 4 Déc 2016 - 18:53
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Rafael & Kaisa
Kaisa était sans aucun doute sa seule chance de s'en sortir. Aller à l'hôpital était inenvisageable, soudoyer un médecin et acheter son silence par la suite aurait pris trop de temps, et il ne leur faisait pas confiance, de toute manière. A force de s'attirer les foudres de tous les dégénérés du coin, Rafael en venait à se demander si, s'il se rendait chez un médecin pour un bête rhume, on ne lui injecterait pas une dose létale de barbituriques ou autres joyeusetés de la même espèce. La seule qu'il pouvait croire, la seule à qui il pouvait encore faire confiance, c'était sa fille. De toute manière, il n'avait qu'elle. C'était injuste de sa part, mais sa vie reposait désormais entre les mains de Kaisa, et il espérait bien qu'elle ne rechignerait pas à l'aider. Paranoïaque, Rafael l'était, à tel point qu'il tenait son arme serrée contre lui, prêt à en user si la jeune fille rechignait à l'aider, mais ses forces l'abandonnèrent bien trop vite, bien trop lâchement, et il vit bientôt le revolver tomber au sol dans un tintement métallique. A en juger par l'inquiétude qui se lisait sur le visage de Kaisa, il n'aurait de toute manière pas eu besoin d'en user. S'appuyant sur elle, le chasseur grimaça de douleur en se laissant tomber sur le canapé. La respiration courte et le front trempé de sueur, il sentait d'incontrôlables tremblements lui secouer les membres, tandis qu'il fixait le plafond en s'interdisant de sombrer dans l'inconscience.
« Un beau merdier... Voilà ce qu'il s'est passé... C'est ta cousine... Gabriela, qui m'a tiré dessus. Je ne comprends absolument pas pourquoi elle m'en veut, pourtant... »
Rafael regretta bien vite le rire jaune qui le fit grimacer et tenta de se redresser un tant soit peu plutôt que de rester avachit dans le canapé de Kaisa. Elle fit vite, et pourtant il eut l'impression qu'une éternité s'était écoulée entre le moment où elle était partie dans la salle de bain et celui où elle revint, armée de tout ce qui serait nécessaire à un sauvetage fait maison dans les règles. Point de grimace, il se laissa faire lorsqu'elle lui retira veste et chemise, baissant les yeux vers les deux blessures avec un certain dédain dans le regard.
« La garce... Elle a bien visé, les balles de sont pas ressorties... », puis il saisit brusquement le poignet de Kaisa, rivant son regard dans le sien, « Promets-moi que tu ne m'emmèneras pas à l'hôpital, Kaisa... Jure-le moi... »
Une fois la promesse arrachée, il relâcha mollement son poignet, laissa aller sa nuque contre le dossier du canapé et se contenta de hocher la tête. Il en avait subit, des blessures, les cicatrices sur son corps en étaient la marque la plus visible, mais il devait bien avouer que jamais on ne se faisait à la brûlure d'une balle tirée dans l'épaule, jamais on ne tolérait de sentir un projectile s'immiscer entre la rate et l'estomac. C'était soudain, vif, et ça ne s'atténuait pas. C'était le genre de blessure qui irradiait, gangrenait la chair et rendait fou de douleur, une blessure que l'on infligeait généralement pour tuer, sinon pour torturer. Mais lorsque l'on commençait à s'habituer à la sensation, que le corps commençait à s'enfoncer dans cet épais coton qui précédait l'inconscience, c'était généralement à ce moment-là qu'il fallait retirer les balles, et que la douleur explosait, dépassait l'entendement, c'était le moment que choisissaient les faibles pour implorer la mort, et où même les plus forts ne pouvaient contenir un hurlement de douleur.
Prêt à endurer ce supplice, Rafael fixa son attention sur le plafond, serra sa chemise poissée de sang dans une main et attendit. Lorsque les mains froides de Kaisa effleurèrent sa peau et que les pinces s'insinuèrent entre ses chairs pour retira la première balle, tout son corps se tendit en une tétanie douloureuse, et il dut mordre son poing de toutes ses forces pour ne pas hurler et réveiller tout l'immeuble. Bon sang que ça faisait mal, ces conneries ! Le corps tremblant tandis que l'hémorragie reprenait de plus belle, tout en lui lui hurlait de repousser la main de Kaisa, de l'empêcher d'aller chercher la seconde balle, qui serait aussi douloureuse sinon plus que la première. Tout le temps que dura l'extraction, Rafael maudit les dégénérés, sa rancœur grandissant à mesure que le sang s'écoulait de ses plaies. La voix rauque d'avoir contenu ses hurlements de douleur, il obtempéra, puisant dans ses dernières forces pour parler.
« Cette ville est pourrie jusqu'à l'os, Kaisa... Les dégénérés sont partout, ils veulent nous détruire, c'est... C'est trop dangereux... Je n'aurais pas dû te laisser ici, ils... Ils pourraient s'en prendre à toi... S'en prendre à toi pour ton magnifique patrimoine génétique humain... Bien humain... »
Il délirait, la fièvre et l'anémie l'empêchaient de garder les idées claires, mais il refusait pour tant de se laisser aller à l'inconscience.
« Dis-moi comment ça se présente... C'est si moche que ça à voir ? »
Sujet: Re: Kaisa | And now can't you see the devil with open eyes ? Mar 13 Déc 2016 - 17:54
And now can't you see the devil with open eyes ?
Rafael & Kaisa
-Ma cousine ?
Oui, pour le moment, la seule famille connue se résumait à Rafael et Cesare. Même si, elle l’avait bien compris, son demi-frère ne l’accepterait probablement jamais. Fait qu’elle préférait ignorer, même si elle ne lui courait pas après pour obtenir son attention non plus. Alors, même si les circonstances n’étaient pas le moins du monde agréable, cela ne changeait pas le fait qu’une nouvelle personne se rajoutait à son monde. Un famille dysfonctionnelle, certes, mais sa famille quand même. Sauf qu’elle aurait largement préféré que les DeMaggio évitent de s’entre-tuer, à vrai dire.
- Il s’est passé quoi ?
Parce qu’on ne tire pas sur les gens sans raisons. A moins d’être un parfait psychopathes, mais tout de même, elle doutait que ce soit le cas de Gabriella, pas vrai ?
-Promis, je ne t’emmènerai pas à l’hôpital.
Même si ça ne l’enchantait pas le moins du monde. Il était vraiment dans un sale état, et elle devrait y aller à l’ancienne, le tout en croisant les doigts pour ne pas déchirer de vaisseaux. Et espérer qu’il n’est pas choppé une infection, car elle avait beau désinfecter, ils ne se trouvait pas dans un bloc, mais dans son salon.
Elle fronça doucement les sourcils en l’entendant délirer. Certes, elle savait que son père ne portait pas les mutants dans son coeur. Mais malgré son déni total, elle ne pouvait que voir ses suspicions renforcées. L’horreur lui serra les entrailles. Et si son père était un… Non. Ce n’était pas possible, elle se faisait des idées. Elle endigua comme elle put l’hémorragie, terriblement méthodique. Une machine bien huilée. La jeune femme refoulait son inquiétude, le flot de questions et de sentiments. Parce que si elle se laissait submerger, elle ferait forcément une erreur. Ce dont il était hors de question.
-Je ne crains rien, papa. Pourquoi est-ce que des mutants viendraient m’attaquer. Je ne suis pas la seule à ne pas être porteuse de la mutation…
Mais je t’en supplie, ne dis pas que tu es un chasseur. Raconte moi tout et n’importe quoi, mais pas ça. Pas alors que la grande majorité de ses amis possédaient des dons, ou en avait eu par le passé. Pas alors qu’elle même ne comprenait pas leurs motivations. Leur haine. Il ne pouvait pas faire partie de ce groupe qui l’avait tant terrifiée après son réveil. Kaisa refusait de voir cette vérité immonde qui lui pendait au nez. Parce que cette vérité était douloureuse, et boufferait un peu plus ses fondations déjà plus que fragile. La fille d’un Hunter. Un homme sûrement craint et respecté dans le milieu. Idiote et naïve. L’amour rend aveugle, disait-on. Et malheureusement, elle ne faisait pas exception à cette règle. Elle l’avait toujours été. Cette certitude l’ébranla légèrement avant qu’elle ne la mette de côté. Elle y penserait plus tard, quand l’état de Rafael serait stabilisé. Elle enfonça doucement l’aiguille dans son bras, pour commencer la transfusion de fortune.
Ne restait plus qu’à refermer correctement ses autres blessures. Chose qu’elle fit sans traîner. Le tout en espérant que ça tienne, qu’il survive. Parce qu’elle ne pouvait pas le perdre. Pas son père. Peut importait ce qu’il faisait, elle refusait de le laisser mourir. De le perdre. Peut être bien qu’elle était monstrueuse, elle aussi. Pire même. Elle chassa difficilement ce qu’elle pensait, et se concentra sur sa tâche. L’aiguille mordit la chair, alors qu’elle s’excusait dans un souffle.
-C’est moche, je ne vais pas te mentir. Mais tu es solide et tu as droit à une transfusion sanguine. Très clairement, je ne peux pas t’en donner autant que je le voudrais, mais ça sera suffisant. L’une des balles a bien failli te déchirer une artère. C’est vraiment passé à pas grand-chose.
Il serait arrivé cinq minutes plus tard… Aussi horrible que cela soit, il se serait vidé de son sang. A vrai dire, Rafael en avait déjà beaucoup trop perdu à son goût. Seul sa bonne condition physique et son fort tempérament l’avait fait tenir jusqu’ici.
Sujet: Re: Kaisa | And now can't you see the devil with open eyes ? Sam 21 Jan 2017 - 22:48
And now can't you see the devil with open eyes ?
Rafael & Kaisa
La douleur le rendait fou, l'échec amer, et sa paranoïa était telle que Rafael jetait des coups d'oeil suspicieux autour de lui toutes les deux minutes. C'était un homme méfiant, qui ne faisait pour ainsi dire confiance à personne, pas même à lui ! Kaisa avait beau être sa fille, le fruit de sa chair et de son sang, il restait méfiant, comme s'il avait craint qu'à son tour elle ne le trahisse. Après tout, elle finirait bien par découvrir de quoi il était capable, et peut-être lui tournerait-elle alors le dos ? Peut-être prendrait-elle peur en voyant le monstre et non plus son père ? Après tout, Rafael était un homme si violent et extrême que peu de gens adhéraient à un tel degré de cruauté, et demander à une si jeune fille de le suivre dans sa vendetta, c'était risible. Il valait mieux pour la jeune finnoise qu'elle garde de lui l'image d'un père certes distant et froid, mais assez humain pour être aimé et soutenu. Depuis quelques temps, Rafael avait compris qu'il allait devoir changer, s'adoucir et refréner son naturel violent s'il voulait se faire de nouveau alliés et surtout s'il voulait garder Kaisa auprès de lui. Mais il était si mal en point, la brûlure des balles lui faisait si mal qu'il en abandonna son masque et ses faux semblants. Tout ce qu'il voulait, c'était voir des têtes de mutants fichées sur des piques et alignées devant lui comme tout autant de trophées de chasse macabres. Tentant de se redresser en grognant, il regardant l'étendue des dégâts tout en répondant à Kaisa.
« Ta cousine, oui... Enfin... Vous n'avez aucun lien de sang, c'est la fille unique de la sœur d'Isabela. Enfin... Encore une dégénérée que le vaccin n'aura pas réussi à complètement lobotomiser... »
Soupirant en se réinstallant dans une position qui le ferait moins souffrir, Rafael fixa un moment le plafond. Pouvait-il dire à Kaisa ce qu'il s'était réellement passé ? Tout portait à croire qu'elle n'était au courant de rien, et la seule chose qu'il entendait dans sa voix, c'était son angoisse et son inquiétude.
« Eleazar... Le père de Gabriela... Il a voulu jouer au plus malin et s'est mis sa fille à dos. Je vais t'épargner les détails car je n'ai vraiment pas l'énergie suffisante pour tout te raconter, mais une chose en entraînant une autre, nous en sommes venus aux mains, et c'est moi qui m'en tire avec deux balles dont je me serais bien passé. »
Inutile de lui dire que le petit James avait été menacé dans l'histoire, pas plus que ça n'avait d'intérêt de lui dire qu'à cette heure, le corps de la mère de Gabriela gisait toujours dans l'appartement. Tout ce que Rafael espérait, c'était que jamais Kaisa et Gabriela ne se rencontrent, au risque que cette dernière de dresse à sa fille le portrait le plus noir et pourtant fidèle de son cher paternel. Sa colère était telle qu'elle assourdissait la douleur, mais lorsque les mains de Kaisa commencèrent à s'affairer sur les plaies, la rage fut douchée par une souffrance si aiguë qu'elle en transcendait le reste. Le corps tendu de douleur, Rafael priait tous les deux qui l'avaient depuis longtemps abandonné pour que tout ça s'arrête. On lui en avait retiré plus d'une, des balles, mais c'était chaque fois aussi douloureux, car on ne pouvait demander au corps d'un homme de s'habituer à un tel supplice. Baissant les yeux vers sa fille, il lui fallu quelques minutes pour que les battement erratiques de son cœur ne sa calme, et que sa respiration sifflante ne lui donne à nouveau le loisir de s'exprimer.
« Si, au contraire... Tu es une cible idéale pour les mutants, tu es la fille d'un chasseur et... Et nul ne doit savoir que nous sommes du même sang, d'accord ? C'est pour ton bien... Je connais plus d'un mutant qui, s'il savait quel lien nous unit, s'empresserait de te faire du mal pour me nuire. »
Il ne l'admettrait jamais, mais Rafael avait de l'affection pour sa fille, tout comme il en avait éprouvé, à sa façon pour Cesare et Aria. Disons simplement que cette affection s'exprimait avec beaucoup de distance, de froideur et d'intransigeance. Dans le cas d'Aria, elle avait malheureusement était grandement refroidie à l'apparition de son odieuse mutation. Mais Kaisa... Kaisa était humaine, il le savait, les tests étaient formelle. Elle était humaine, forcément vulnérable face à un mutant, et Rafael avait vu tant d'horreurs commises par des dégénérés qu'il était incapable d'imaginer que sa fille puisse être en sécurité avec l'un d'entre eux. Elle venait de lui sauver la vie, il lui devait bien un peu de sa si parcimonieuse confiance. Il n'était pas médecin et beaucoup trop téméraire, aussi fixa-t-il la jeune fille un moment, sans répondre. Un ou deux centimètres à droite et il y passait... C'était risible. Sa vie n'avait tenue qu'à un fil, et il s'était un instant cru tiré d'affaire, puisque les balles avaient été retirées et l'hémorragie stoppée. Oui mais... Tout ce sang perdu, il n'allait pas refaire surface si facilement. Un sourire fatigué fendit son visage tandis qu'il tendait une main tremblante vers la joue de la jeune femme.
« Quelle chance j'ai d'avoir une fille si brillante... Tu es certaine que la transfusion est nécessaire ? Tu as déjà faire beaucoup pour moi, ne mets pas ta santé en péril pour ton vieux père. »
Il ne se sentait pas si mal que ça après tout, non ? Il se sentait même... Mieux. La douleur avait été si vive dans un instant et la délivrance avait été telle lorsque les balles avaient quitté leur refuge de chair qu'à présent, il se sentait incroyablement soulagé. Pourtant, ce n'était qu'une réaction naturelle de son cerveau, qui ne faisait qu'apaiser un peu ses souffrances pour soulager son martyr. Il n'était pas tiré d'affaire, loin de là, mais trop têtu pour rendre les armes, il se redressa sur le canapé puis, dans un soupir, se leva et tituba un instant alors que la tête lui tournait.
« Je vais bien, Kaisa, je t'assure, j'ai... Simplement besoin de repos et de quelque chose à boire. Aurais-tu quelque chose d'un peu plus corsé que de l'eau ou du café, par hasard ? »
Un whisky bien sec, voilà ce qui lui aurait fait du bien ! Il allait s'en sortir, c'était une certitude, mais encore aurait-il fallu qu'il soit un patient sage et obéissant, ce qui était loin d'être le cas pour le moment. Faisant signe à Kaisa de ne pas se lever, il se dirigea vers la cuisine, mais à peine avait-il fait trois pas que la pièce se mit brutalement à tourner autour de lui. Prenant appui sur le chambranle de la porte, il faillit bien tomber et dû se laisser glisser jusqu'au sol pour ne pas tourner de l'oeil. Tout son organisme manquait de sang, ses organes hurlaient au scandale et chaque fibre de son corps semblait partir en lambeaux.
« Tout... Tout compte fait, je crois que cette transfusion ne va pas être une option... »
Sujet: Re: Kaisa | And now can't you see the devil with open eyes ? Mer 29 Mar 2017 - 21:04
And now can't you see the devil with open eyes ?
Rafael & Kaisa
Encore une dégénérée que le vaccin n'aura pas réussi à complètement lobotomiser. La phrase envoya un frisson désagréable le long de sa colonne vertébrale. Par la haine qu’elle véhiculait, par le ton qu’il employait. Une personne lambda n’utilisait pas de tels mots. Sauf que son père, n’avait jamais vraiment de ceux qui rentraient parfaitement dans les normes de la société. Malgré la tolérance dont il faisait preuve envers elle, le fait qu’il avait accepté de la prendre sous son aile. De la protéger, à sa façon.
Mais même si cette jeune femme, Gabriela, n’était pas sa cousine de sang, elle n’en restait pas moins de la famille. Un terme qui avait toujours soulevé une émotion assez puissante dans le coeur de la finnoise. Quelque chose de profondément ancré en elle, que rien, pas même la disparition de ses souvenirs avait pu affecter. Ce qui la rendait loyale envers Rafael, encore et toujours. Qui lui faisait fermer les yeux sur sa violence. Sa dangerosité. Qui lui faisait sûrement accepter ce qu’une autre aurait fuit sans le moindre regard en arrière. Sauf que la suite la refroidit brutalement, réveillant une douleur fantôme dans l’une de ses cicatrices. Ce qu’elle ignora rapidement, ce n’était qu’une manifestation psychologique. Rien de plus. Elle n’aurait jamais autant de patience avec sa propre santé qu’elle n’en avait pour les autres.
La fille d’un chasseur. Une phrase qui tourna en boucle dans son esprit. Même si Kaisa s’en doutait, le fait qu’il le dise rendait le tout bien trop réel. Une gifle aurait fait moins mal. Ses mains s’étaient stoppées à peine une seconde, le temps de la réalisation. Puis ses gestes reprirent. Mécaniques. Rodés par l’habitude. Parce qu’elle avait besoin de ça pour ne pas se recroqueviller, ou s’éloigner de lui dans un réflexe. Chasseur. L’amour qu’elle lui portait se battait avec la peur viscérale que son statut lui inspirait. L’ironie de la situation faillit lui arracher un rire nerveux. C’en était presque drôle. Un peu plus elle aurait pu s’attendre à voir quelqu’un débarquer en lui disant qu’il s’agissait d’une caméra cachée.
-Alors, je garderai le secret. Si ça peut les empêcher de t’atteindre.
S’oublier, le mettre en avant. Mais ça, elle le pensait sincèrement. Aussi horrible puisse-t-il paraître aux yeux du monde, elle trouverait le moyen de faire rempart. Au moins un peu. Pour reculer sa chute le plus possible si cela devait se produire un jour. Parce qu’elle ne pourrait tout simplement pas lui tourner le dos. Elle l’aimait. Tant pis si ça devait la rendre monstrueuse à son tour. Elle ne pouvait pas effacer cela. Et Kaisa détestait la part d’elle qui crevait d’envie de le fuir, de se cacher dans un coin et de ne plus le laisser l’approcher. Parce que si elle l’aimait, il n’en restait pas moins un chasseur. Les chasseurs la terrorisaient tout simplement. La brune se ressaisit et glissa sa joue contre la main de son père. De tels gestes affectueux, il n’en donnait pas souvent, autant en profiter.
L’avancée de son paternel jusqu’à la porte ne la rassura pas véritablement. Instable, blême. Il n’allait pas tarder à se retrouver par terre. Instinctivement, l'interne le suivit comme son ombre, sans le toucher, mais assez près pour lui servir de support au besoin. Et ses prédiction ne la trompèrent pas.
Elle ravala rapidement son « je te l’avait bien dit » alors qu’il se laissait glisser sur le sol. Ce n’était clairement pas le moment de poser des railleries. D’autant plus avec Rafael, la brune songeait qu’il fallait être passablement suicidaire ou masochiste pour tenter de telles remarques. Elle se contenta de ramener son matériel à coté de lui, avant de commencer.
-Je ne vais pas pouvoir t’en donner beaucoup, malheureusement.
Ce qui n’était pas bien étonnant lorsque l’on considérait sa carrure de crevette. Si elle possédait une certaine musculature, son volume sanguin ne volait pas bien haut, réduisant drastiquement ce qu’elle pouvait lui donner. Elle soupira de soulagement en voyant son dispositif de fortune marcher correctement.
-Il va te falloir du repos, papa. Je ne plaisante pas. Je sais que tu n’aimes pas ça, mais si tu ne fais pas attention, tu pourrais rouvrir tes plaies, potentiellement les infecter. Et crois moi, à ce moment là, l’hôpital sera obligatoire. Et les questions suivront forcément avec de telles cicatrices. J’en ai déjà eu un avant goût.
Savait-il pour les marques qui couvraient le corps de sa fille ? Possible. Elle se fichait bien, s’il le savait. Chose rare, elle qui prenait le temps de les cacher soigneusement.
-J’ai de la vodka. Et un reste de Whisky. Même si c’est pas très prudent dans ton état.
Sujet: Re: Kaisa | And now can't you see the devil with open eyes ? Mar 29 Aoû 2017 - 22:03
And now can't you see the devil with open eyes ?
Rafael & Kaisa
La douleur, le sang quittant ses chairs pour s'écouler au sol, le sentiment d'échec... Un trop plein de ressentiment et de faiblesse qui contribuaient à le rendre plus bavard et moins mesuré qu'il ne l'était habituellement. La sueur perlait à son front tandis qu'il peinait à rester éveillé, fixant comme il le pouvait sa benjamine qui s'affairait à lui sauver la vie avec un sang-froid remarquable. Avait-il seulement pleinement conscience de la chance qu'il avait d'avoir Kaisa pour fille ? En réalité, pas vraiment. Rafael était si persuadé d'être dans le vrai, lorsqu'il défendait sa cause, que tous ceux qui s'opposaient à lui avaient pas essence tort. Or, il défendait inévitablement des idées arriérées, cruelles et barbares, des idées que Kaisa aurait tout à fait pu rejeter en bloc et lui avec. C'était l'amour filial qui la retenait, ce même sentiment qui allait l'empêcher de laisser mourir sur son pallier cet homme à qui elle ne devait pas tant que ça, finalement. Il lui avait offert un toit et un soutien à sa sortie de l'hôpital, mais tout avait été calculé dès le début. Tout avait été fait pour que Kaisa puisse servir ses desseins et, à présent qu'il se vidait de son sang et se rendait compte qu'elle avait littéralement sa vie entre les mains, Rafael se surprenait à éprouver une sorte de culpabilité à laquelle il n'était pas habitué.
« Ce n'est pas pour moi que je m'inquiète, Kaisa... C'est pour toi... »
Ces quelques mots soufflés étaient sincères, tout comme son regard était déterminé malgré la fatigue. Lui-même avait usé de lâcheté en s'en prenant aux proches de ses ennemis, c'est pourquoi il refusait que la jeune fille en fasse aussi les frais. Dans un grognement, il se redressa, frissonnant en sentant la peinture froide du mur contre son dos. À cet instant, il se rendit compte qu'il tremblait d'un froid inexplicable et inhérent à son anémie. Livide, luttant contre un effroyable mal de crâne, il mettait toute sa volonté au service de sa survie : s'endormir, c'était laisser à la Mort une chance de l'emporter. Rester éveillé, c'était avoir les cartes en main pour la repousser le moment venu. Tournant difficilement la tête vers Kaisa, il esquissa un sourire. Elle n'était pas bien grande et pas bien enflée, mais elle avait l'autorité et la détermination d'une DeMaggio, c'était indubitable.
« Ne me donne que ce que tu peux, je m'en contenterai... Mais tu sais très bien que je ne vais pas pouvoir me reposer longtemps. Il... Il faut que je trouve un endroit où m'abriter, un endroit autre que la villa pour reprendre des forces sans risquer qu'un mutant ne débarque pour m'achever. »
Oui mais pour aller où ? Gabriela était en vie, en partie grâce à lui, mais elle n'allait certainement pas faire de son oncle son meilleur ami, soudainement. Le petit James était toujours prisonnier, et parce qu'elle savait Rafael mal en point, il ne doutait pas qu'elle viendrait rapidement le trouver pour en découdre et enfin récupérer son fils. La meilleure chose à faire était de se cacher, de se faire oublier et surtout de ne pas faire preuve d'un malheureux excès de confiance.
« Tu sais... La plupart des habitants de cette ville savent que je chasse les mutants. Que nous le faisons tous dans la famille... Ou presque », grogna-t-il tandis que le visage de Cesare s'imposait à son esprit, « Mais tu as raison... Si je tombais sur un sympathisant mutant, il aurait tôt fait de m'achever. »
Il tenta de se redresser un peu plus mais renonça rapidement lorsqu'il sentit son estomac se soulever et protester contre ses gestes brusques. Mauvaise idée, définitivement. Tournant à nouveau la tête vers Kaisa, il la regarda avec toute la résolution du monde dans les monde.
« Je vais m'en sortir, tu as ma parole, et... Ton reste de whisky fera l'affaire. »
Que ce soit prudent ou non dans son état, il s'en fichait royalement. Il avait besoin d'un remontant, d'un peu d'alcool pour réchauffer sa carcasse frigorifiée et endolorie. Posant la tête contre le mur, il avait le sentiment qu'à mesure que le sang de Kaisa s'infiltrait dans ses veines, il se sentait plus lucide et présent.
« Elle n'a aucun sens... »
Un long silence suivit cette énigmatique déclaration, jusqu'à ce qu'il baisse à nouveau les yeux vers sa fille.
« Cette guerre que mène l'humanité contre les mutants. Elle n'a aucun sens et pourtant, elle nécessaire. C'est ce que l'on m'a toujours répété et enfoncé dans le crâne mais... Jamais je n'aurais cru devoir la mener au sein de ma propre famille. Tu l'as déjà rencontré ? Cesare... »