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 Do you think that "friendship" has a dewey code ? (Jehro & Israël)

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MessageSujet: Do you think that "friendship" has a dewey code ? (Jehro & Israël)   Do you think that "friendship" has a dewey code ? (Jehro & Israël) Icon_minitimeMer 30 Avr 2014 - 1:03

Bibliothèque. C'était peut-être le seul endroit de cette ville qu'il n'avait jamais détesté dans cette ville. Il avait trouvé autant de réconfort dans ce lieu que dans la drogue à son adolescence. C'était ici qu'il avait rencontré Wilde pour la première fois. Une rencontre chère à son cœur. Il avait passé tellement d'heure sur ces chaises inconfortable à dévorer des livres plutôt que de suivre des cours de sports où il était lamentablement mauvais. Ici, au moins, il avait toujours été au calme. Il avait aussi passé de longs samedi, à éviter sa famille comme la peste, pour ne pas devoir travailler au magasin. Pour se dérober à cette vie bien rangée. Et il était à nouveau entre ces rayons. Triste retour. Mélancolie. Il aurait aimé n'avoir jamais à remettre les pieds ici. Seulement, on ne fait pas ce qu'on veut dans la vie. Son père lui avait assez répété ce refrain avant qu'il soit publié, et l'avait pensé tellement fort quand son fils s'était traîné comme une épave deux longues années dans la maison familiale. Il détestait cette phrase. Il détestait cette période de sa vie aussi. Tout ce qui avait suivi son succès en fait. Retomber avait était plus douloureux encore que de ne pas s'envoler. C'était comme une violente descente après un super trip. Déprimant.

Ses doigts glissaient sur les tranches des ouvrages. Il ne savait pas encore avec qui il avait rendez-vous. Il savourait l'attente, l'hésitation. Choisir un livre, c'était un peu pour lui comme choisir un amant. Il y avait les classiques qu'on était toujours contents de retrouver mais un peu trop habituels, monotones, peu jouissif. Il y avait les premiers romans, qui comme les jeunes amants étaient passionnés, tumultueux, mais parfois franchement décevant sur la durée. Puis les contemporains installés, ceux qui procure un plaisir sécurisant, mais savent faire preuve d'un soupçon d'excentricité pour captiver un peu plus longtemps. C'était sans doute le choix le plus raisonnable. Il eut une moue. Voulait-il seulement être raisonnable ? Et puis pourquoi ne pas avoir plusieurs amants ? Après tout, ceux là se plaignaient rarement des infidélités. Ils étaient plutôt compréhensifs et cool. Il remonta donc les rayons. Il saisit d'abord un Auster, pour l'amant stable mais piquant, Chris Adrian pour peut-être créer la surprise, et Orwell pour le confort un peu planplan. Si avec ça il n'avait pas une vie intellectuelle épanouie, il ne saurait comment en avoir une mieux, à défaut de s'épanouir dans un autre domaine.

Il s'avança vers les bureaux d'emprunt. Il y avait un peu de queue. Comme un samedi après-midi en somme. Il pouvait venir un autre jour, mais au final, cela lui plaisait bien d'attendre, d'observer ce que les gens devant lui lisait. Par exemple, cet homme là, qu'est-ce qu'il avait dans les mains ? Il réprima un rire qu'il transforma en un raclement de gorge.

« Si je puis me permettre, monsieur, vous devriez choisir un autre livre, l'auteur de celui-là n'est qu'un minable drogué dépressif à l'heure qu'il est. Et je suis bien placé pour le savoir vu que c'est moi qui l'ai... »

Il ne termina pas sa phrase en voyant le visage de l'homme. Ce visage. Était-ce possible ? Il ne parla plus. Il ne bougea plus. Il pâlit sans doute un peu. Dans un de ses mauvais romans, il aurait sans doute laissé tombé ses livres pour sauter au cou de ce vieil ami que les événements avait séparé de lui. Seulement, ils n'étaient pas dans un de ces romans niaiseux, et la seule chose qui s'éveilla en lui fut une énorme culpabilité. Il savait qu'il avait abandonné cet ami. Il le savait plus que quoi que ce soit. Il le regrettait plus encore que sa propre chute. Alors, oui, ses livres tombèrent par terre, mais il n'esquissa pas un élan vers l'homme, ni ne se précipita pour ramasser ce qu'il avait fait tomber. Le seul mot qui passa ses lèvres fut un pitoyable : « Désolé. »
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MessageSujet: Re: Do you think that "friendship" has a dewey code ? (Jehro & Israël)   Do you think that "friendship" has a dewey code ? (Jehro & Israël) Icon_minitimeMar 6 Mai 2014 - 17:49

Le silence était pesant pour beaucoup de gens, dans l’entourage de Jehro. Pour lui, il était surtout bénéfique. Le silence était ce qui lui permettait de se ressourcer. Jehro n’était pas avare de mots, il était simplement quelqu’un qui les employait avec sagesse. Chaque mot était lourd de sens, pour lui. Mais parmi les proches du chasseur, le silence était gênant. On faisait tout pour l’étouffer, tant la gêne qu’il provoquait mettait mal à l’aise. On disait beaucoup de platitudes, seulement pour éviter de l’entendre. Le silence vous renvoyait à vos propres pensées. Nombreux étaient ceux qui parmi les hunters détestaient ça. Réfléchir à ce qu’ils faisaient, aux horreurs qu’ils commettaient au nom de la religion, de la nature, de l’équilibre de la race humaine. C’est fou le nombre de conneries qu’ils pouvaient sortir pour justifier l’injustifiable. Les hunters étaient des monstres, plus terribles encore que les proies qu’ils chassaient. Jehro n’avait pas besoin d’y réfléchir bien longtemps pour le savoir. Il méprisait celui qu’il était devenu, cet homme en quête de vengeance, qui ne récoltait rien d’autre que la mort. Et alors que les autres chassaient le silence pour ne pas entendre cette voix dans un coin de leur tête leur dire qu’ils faisaient tous les mauvais choix, Jehro, lui, savourait les instants de calme. Le silence était son allié, un bref moment de répit qu’il savourait au maximum.

Et il n’y avait qu’un endroit où il pouvait en profiter pleinement. La bibliothèque de Radcliff. Là où l’on ne l’importunait jamais, là où le silence semblait être un mot d’ordre. On n’ennuyait jamais son prochain pour des futilités. Gamin, Jehro n’y mettait jamais les pieds. Il trouvait plus amusant de se moquer des rats de bibliothèque que d’en devenir un lui-même. Mais après sa sortie de prison, il était devenu un visiteur régulier des lieux. La prison lui avait fait aimer les livres. Il n’avait pas grand-chose d’autre à faire, là-bas. Douze ans passés dans une petite cellule, il lui avait fallu trouver un moyen de s’occuper l’esprit. Ressasser sans cesse les raisons de son incarcération aurait fini par le rendre fou. D’une certaine façon, la littérature l’avait sauvé, l’aidant parfois à s’échapper au-delà du Kentucky, dans les vastes prairies de la terre du milieu, ou dans les bras volages de la marquise de Merteuil. Il avait plus appris entre les rayonnages de la bibliothèque de la prison du comté que dans une salle de classe. Et reconquérir sa liberté n’avait pas étanché sa soif de lecture pour autant. S’il se savait presque assurément condamné à vivre pour toujours à Radcliff, il savait aussi que la lecture serait à jamais celle qui lui ferait voir le monde sous un œil nouveau.

Il regardait les tranches des livres d’un œil hasardeux, ne sachant se décider sur celui qu’il voulait. Et puis un nom attira son regard. Il esquissa un frêle sourire. Il avait lu ce livre à plusieurs reprises. Mais restait fier de dire qu’il avait jadis connu son auteur, qu’il l’avait même considéré comme l’un de ses plus proches amis. Ils avaient fini par se perdre de vue, parce que la prison n’était pas l’endroit le plus convivial pour accueillir ses vieux amis. Et parce qu’un romancier à succès n’avait pas sa place entre les murs crasseux d’une prison délabrée. Jehro se saisit du livre et prit la direction du bureau des emprunts. Il se glissa dans la file d’attente, prenant son mal en patience. Jusqu’à ce qu’une voix ne le tire de ses rêveries. Avant même qu’il ne se retourne, il avait une impression familière. Cette personne qui s’adressait à lui ne lui était pas étrangère. Quand Jehro fit face à son interlocuteur, il fut fixé. Israël Gross se tenait devant lui, tel un revenant. Avant, ils auraient pu se saluer d’une grande accolade. Mais de l’eau avait coulé sous les ponts, et Jehro ne bougea pas d’un pouce. Son vieil ami paru plus expressif, s’empressant de formuler des excuses alors que ses livres tombaient au sol. Mais c’était trop tard. Des années trop tard. Je crois me souvenir qu’il n’a pas toujours été aussi minable qu’on le dit. Mais je peux me tromper, je croyais le connaitre, à l’époque. La mâchoire crispée, Jehro affichait grise mine. Il avait en face de lui l’une des personnes dont il avait été le plus proche. Et l’abandon qui avait suivi lui restait encore en travers de la gorge. Pourtant, il pouvait comprendre pourquoi certains de ses amis lui avaient tourné le dos. Ca n’excusait pourtant pas tout. Il se pencha pour ramasser les livres tombés au sol, avant de les tendre à Israël. Garde-les tes excuses. Ça fait longtemps maintenant, tu me dois plus rien.
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MessageSujet: Re: Do you think that "friendship" has a dewey code ? (Jehro & Israël)   Do you think that "friendship" has a dewey code ? (Jehro & Israël) Icon_minitimeMer 7 Mai 2014 - 2:12

Israël se sentait ridicule. Digne d'une potiche dans ses bouquins. Merde, qu'est-ce que c'était que cette réaction mièvre ? Un peu de dignité, imbécile. Mais il n'arrivait pas à bouger, figé par ce fantôme du passé. Par la présence de cet ami qu'il n'avait pas su soutenir à cause de sa propre faiblesse. Il se sentait tellement con, nul et inutile en cet instant. Il reçut la remarque de Jehro comme une gifle. Oui, il avait peut-être été autre chose que ce minable, mais c'était loin. Très loin. Trop loin. Il était décevant. Il le savait. Il aurait pu être quelqu'un. Il en avait eu l'occasion. Mais il n'avait pas résisté, son esprit avait été broyé par le succès, la pression, les désillusions. Peut-être n'était-il pas fait pour être autre chose d'un raté, un perdant, l'ami qui déçoit. Il voulut répondre quelque chose, mais ses lèvres ne bougèrent pas, les sons restèrent bloqués dans sa gorge.

Il récupéra mécaniquement les livres. Il frôla les mains de Jehro en récupérant les ouvrages. Il était peiné d'entendre ses pathétiques excuses refusées si froidement. Mais il s'attendait à quoi ? Il pensait pouvoir faire le mort sans en payer les conséquences ? Il avait pourtant essayé après son internement d'écrire. D'expliquer le silence. Mais comment dire à quelqu'un injustement mis en prison qu'on a tenté de se suicider parce qu'on ne supportait plus d'être paumé, jugé, et admiré pour les mauvaises raisons ? Il avait recommencé sa lettre une bonne centaine de fois. Quand il l'eut terminé, après des mois, il la glissa dans l'enveloppe, mais il n'arriva jamais à la poster. Il préféra la lâcheté à la sincérité. Il regrettait ce choix chaque jour. Seulement, c'était impossible de rattraper ces années de silence. Il avait appris à supporter la culpabilité. Parfois, il ressortait cette lettre jamais envoyée, et pleurait des heures. Alors voir Jehro, là, devant lui, c'était extrêmement dur. C'était prendre de plein fouet toutes ces années de culpabilité. C'était sentir son esprit voler en mille morceaux. Il remonta nerveusement ses lunettes sur son nez, sa main allant ensuite gratter son cuir chevelu de façon nerveuse et agressive. Il croisa son regard.

« Je te devrai toujours quelque chose. Je n'aurais jamais dû merder à ce point. J'aurais jamais dû faire le mort. Tu avais besoin de quelqu'un. Et j'ai pas été foutu d'être là. »lâcha-t-il d'une voix basse, honteuse, et coupable.

Israël se senti encore plus anéanti en énonçant les faits à haute voix. Merde, il avait vraiment fait ça ? Il avait était une telle sous merde ? C'était pathétique. Ses mains se figèrent sur les livres, il serra tellement ceux-ci entre ses doigts, que la jointure de ses articulation blanchit. Il était tellement haineux envers lui-même. Si seulement il ne s'était pas loupé. Son ami aurait au moins reçu un faire-part de décès. Pas cet angoissant silence.

« Tout le monde pensait que j'étais un génie, mais je n'ai jamais été qu'un raté. Je suis désolé de t'avoir éclaboussé de ma médiocrité. Tu méritais mieux que ça. Je suis pas un bon auteur, je suis pas un bon fils, et même pas un bon ami. Tout ce que je fais, je le rate. »déclara-t-il d'une voix faible, un soupçon hésitante, enraillée par l'émotion.

Il marqua une pause. Il avait l'impression de se perdre dans ses mots, dans ses pensées. Tout était si confus. Il n'attendait même pas du pardon. Il savait qu'on ne pouvait pas le pardonner. Il aurait sans doute voulu que Jehro lui foute une raclée, qu'il lui fasse aussi mal que ce qu'il avait dû ressentir quand il avait arrêté de lui écrire. Peut-être qu'après une telle douleur, il saurait dire où il en était et ce qu'il attendait.

« J'ai même pas été foutu de réussir mon suicide. »lâcha-t-il avec un rire nerveux.

Au moins, maintenant Jehro saurait pour la raison du black-out.
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MessageSujet: Re: Do you think that "friendship" has a dewey code ? (Jehro & Israël)   Do you think that "friendship" has a dewey code ? (Jehro & Israël) Icon_minitimeVen 9 Mai 2014 - 1:05

Il n’y avait pas l’ombre d’une once de méchanceté dans le regard de Jehro. Malgré la peine d’avoir perdu un ami, malgré ce sentiment d’abandon qu’il éprouvait plus que jamais, planté là devant Israël. On ne pouvait pas en vouloir à Israël trop longtemps. En tout cas, lui n’avait jamais pu. Ils avaient été amis, partagé des rêves, des secrets. Et tout avait pris fin trop vite. Jehro savait parfaitement qu’en dépit de la mauvaise foi dont il venait de faire preuve, cette amitié brisée nette n’était pas totalement de la faute d’Israël. Le coupable, c’était la prison, ces murs froids où entretenir une amitié était presque impossible. Au fond, Jehro était plus triste que fâché. Mais il devait aussi se rendre à l’évidence : trop de temps était passé depuis sa dernière interaction avec Israël. Il y avait tout à parier qu’ils n’avaient plus rien à partager depuis longtemps.

Alors refuser ses excuses, de ce ton froid presque indifférent, n’avait rien de méchant, pour Jehro. C’était juste une triste réalité. Ses excuses venaient trop tard, et n’avaient plus aucun intérêt. Dans quelques minutes, ils reprendraient tous les deux leur route, peut-être un peu chamboulé par ce fantôme du passé qu’ils feignaient d’avoir oublié. Mais demain, ça serait à nouveau comme si cette rencontre n’avait jamais eu lieu. En tout cas, c’était ce qu’il cherchait à se dire, avant qu’Israël ne se lance dans l’un de ses longs monologues. C’était à ça qu’on reconnaissait les érudits. A ces mots qu’ils déversaient par torrent, ces phrases qui exprimaient à merveille leurs sentiments. Jehro avait toujours été avare de mots, et il semblait toujours en peser chaque sens, pour être sûr d’accorder la bonne parole à la bonne situation. Il n’était pas un type avec beaucoup d’éducation, alors il faisait de son mieux pour faire bonne figure. Ce qu’Israël avait à dire le prit un peu de court. Il pensait que comme lui, Israël tournerait les talons rapidement. Il n’aurait pas pu avoir plus faux. Le remord semblait contagieux. A peine sa première tirade achevée, Jehro semblait en être à son tour imprégné. Il regrettait de l’avoir traité si froidement quelques instants plus tôt. Et de l’avoir condamné sans rien savoir, quand il était encore captif. Israël semblait sincère. Jehro oubliait parfois que s’il avait décidé de devenir un connard pour mieux se protéger des coups du sort, tout le monde n’avait pas fait le même vœu. L’espace d’un instant, on aurait dit que le poids du monde reposait sur Israël. Et Jehro s’en sentait presque responsable. Il aimait se poser en victime, mais il n’était pas le seul à avoir été affecté par son emprisonnement. Il semblait l’avoir oublié un peu vide, trop aigri pour se focaliser sur autre chose que sa petite personne.

Interloqué, Jehro laisse dire. Il ne sait pas quoi répondre à ça. Et Israël reprend, vidant son sac dans un flot ininterrompu. Jehro se prend une nouvelle claque. Il ne se rappelait pas d’un Israël aussi pathétique. Il avait en mémoire un garçon vivant, désireux de mettre les voiles. Il avait des rêves, des ambitions. Qu’est ce qui avait bien pu se mettre en travers de sa route pour qu’il soit aussi… Misérable ? Jehro eut un pincement au cœur. Pendant ses douze années en prison, la terre avait continué de tourner. De toute évidence, elle avait un peu trop tanguée pour Israël. Alors non, ça n’excusait pas tout. Ca n’excusait ni l’abandon ni la solitude qu’il avait infligé volontairement à l’un de ses plus vieux amis. Mais au moins, Jehro comprenait mieux, à présent, et sa colère s’était transformée en une pitié emplie de compassion. Jusqu’à la chute. A cette dernière phrase lâchée comme une bombe, sans autre forme de procès. Jehro ne cacha pas son étonnement. Mais au fond, après toutes ces confessions, la chute était presque prévisible. Pour une raison qu’il ignorait, Israël avait réussi à se saborder lui-même, à mener une existence plus pitoyable que celle du repris de justice qu’il avait en face de lui. Qu’est ce qui t’es arrivé, vieux ? La phrase lui échappa presque. Il ne reconnaissait pas Israël. Celui qui avait une chance de se tirer de Radcliff, de réaliser leurs rêves à tous les deux. T’avais du talent, de la fougue. T’avais une chance de t’en sortir. Moi j’ai pas eu tout ça, j’ai eu que des emmerdes depuis le moment où j’ai poussé mes premiers cris. Alors ouais, t’as peut-être merdé quelque part. Mais l’Israël que je connaissais se serait pas apitoyé sur son sort. Il aurait pas lâché son pote. Il aurait pas tenté de se foutre en l’air. Il vivait dans une ville de merde, et ça l’empêchait pas de viser plus haut. En temps normal, Jehro pesait chacun de ses mots comme si trop en dire lui coûtait. Mais en temps normal, il n’avait rien contre quoi s’insurger vraiment. Cette fois, c’était différent.

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MessageSujet: Re: Do you think that "friendship" has a dewey code ? (Jehro & Israël)   Do you think that "friendship" has a dewey code ? (Jehro & Israël) Icon_minitimeLun 12 Mai 2014 - 18:59

« Qu’est ce qui t’es arrivé, vieux ? »

Israël ne saurait le dire précisément. Il était arrivé beaucoup de choses dans sa vie, trop vite, trop violemment, trop tout simplement. Il n'avait jamais été quelqu'un qui a un mental d'acier, adolescent, il était rebelle, et idéaliste, il avait l'espoir de réussir, l'espoir du changement, mais quand le changement était venu, il l'avait frappé trop fort. Il avait été broyé par le succès, la pression, l'amour aussi. La drogue et sa mutation n'avait été qu'une facilité pour se détruire plus vite. Et tout cela l'avait changé. De façon irréversible.

Son visage se décomposa légèrement en entendant son ami faire description et reproches. Il se sentait encore plus minable d'avoir raté. Il aurait dû réussir pour eux deux, seulement, il n'était pas le plus robuste, et si Jehro avait réussi à survivre au pire, Israël n'avait même pas été capable de supporter le meilleur. Il avait tout gâché. Comme toujours. Il baissa la tête, il n'arrivait pas vraiment à affronter ce que lui disait son vieil ami. Il aurait préféré ne pas entendre tout cela, ne pas entendre une fois de plus qu'il était décevant. Il s'était tellement bien convaincu qu'il avait remonté la pente que ces simples mots réussirent à lui faire admettre qu'il s'était juste menti avec conviction.

« Jehro... Je suis pas cette personne. Je l'ai jamais été. »murmura-t-il dans un souffle. « Viser plus haut ne rend que la chute plus douloureuse. Je préfère arrêter de tomber, tu vois. Je suis pas assez résistant pour ça. Je suis pas comme toi. J'ai jamais été taillé pour me battre contre cette vie. »

Pas comme toi. Toi, t'es fort, tu peux survivre à tout, alors que moi, à la moindre secousse, je finis sous les décombres. Je t'ai toujours admiré pour ta force, Jehro. Seulement, il ne se permit pas de telles déclarations, il se contenta de rester tête baissée, contemplant leurs pieds bêtement. Quel génie serait assez con pour abandonner l'ami qui a toujours été un exemple ? Il n'était juste pas un génie. Juste un écrivain qui a pu avoir quelques sursauts de talent, tout au plus. Une de ses mains se glissa entre ses lunettes et ses yeux, puis essuya ceux-ci négligemment. Pour ne pas craquer, et pleurer devant quelqu'un qui avait vécu l'enfer. Il releva la tête, osant à peine croiser son regard.

« J'ai toujours une lettre que je dois t'envoyer. J'ai jamais réussi à la poster. »ajouta-t-il du même ton effacé. « Je crois que ça ne vaut plus vraiment la peine maintenant... Je pourrai peut-être te la donner. Enfin, si tu veux. »

Lui-même n'était plus vraiment sûr de vouloir donner cette lettre, ces confessions informelles sur la cause de son silence. Il n'était plus sûr de vouloir partager le récit de sa déchéance avec qui que ce soit. Et Jehro avait sans doute mieux à faire, des années de captivités à rattraper, et autrement qu'en écoutant les jérémiades d'un auteur dépressif.
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