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 (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems.

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Calista Wolstenholme
Calista Wolstenholme

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SUR TH DEPUIS : 26/04/2014
MessageSujet: (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems.   (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems. Icon_minitimeMar 29 Avr 2014 - 23:13

La journée touchait enfin à son terme. Longue journée. Trop longue aux yeux d’Eremon. Son frère était injoignable depuis qu’il avait décidé de le laisser en plan ici. Il avait pourtant essayé bien des fois de l’appeler, il avait envoyé un nombre incalculable de messages, mais il n’obtenait pas la moindre réponse. Soit il avait eu un problème, soit il en avait suffisamment marre de son aîné pour l’ignorer royalement. Bizarrement, aussi vexante soit-elle, la seconde option lui paraissait plus plausible. Il était parti agacé après tout. C’était peut-être leur ultime dispute, celle qui les avait guettés depuis un moment déjà et qui avait fini par éclater. La famille Borthwick n’existait définitivement plus, leurs parents étaient morts dans un accident de la route bien des années plus tôt. Lyanna avait été assassinée deux ans auparavant et maintenant eux deux semblaient incapables de renouer l’un avec l’autre. Lyanna serait bien déçue de les voir se comporter comme ça. Elle aurait été déçue de les voir renoncer à leurs origines, délaissant leur nom, leur pays, leur vie pour ça. Elle ne pouvait cependant pas les juger puisqu’elle avait été assassinée. Elle n’était plus de ce monde depuis longtemps déjà. Tout aurait été plus simple si sa fiancée n’avait parlait que de lui, tout aurait été tellement plus simple si c’était lui qui était mort ce jour là et non pas elle. Parce que tout était de sa faute. C’était du moins ce que semblait penser son frère, dans ces moments où, plus qu’à l’accoutumé il semblait ne pas réussir à se remettre de la mort de leur sœur cadette. Maintenant, lui non plus il ne pourrait plus rien lui reprocher puisqu’il avait décidé de quitter la ville, de partir seul dans ce vaste monde, parce que c’était plus prudent, moins débile que de rester ici dans le but d’obtenir justice, ou vengeance, à présent, Eremon ne savait plus trop. Son frère avait toujours été le plus raisonnable des deux, sans doute que ça suffisait à penser qu’il aurait du l’écouter et partir avec lui. Ils avaient beau se disputer tous les quatre matins, il aimait son frère et il était la dernière personne qui lui restait. Il était plus logique de partir avec quelqu’un plutôt que de rester pour personne. Ou pour une vengeance qui pourrait lui couter cher. Il le savait, c’était idiot. Désormais c’était bel et bien la seule chose qui lui restait cette vengeance. Son frère était parti et il n’avait pas beaucoup d’amis en ville. Ils n’avaient jamais pris l’habitude de se faire des amis lors de leurs nombreux voyages, cette longue fuite qui les avait menés jusque là. Ça n’avait pas d’importance parce qu’à chaque fois ils savaient qu’ils allaient partir bien vite. Ici pourtant, dans cette ville perdue au milieu de nulle part, cette ville détestable, il avait rencontré Talisa et à cette fille, il s’y était beaucoup trop attaché. Il l’avait compris bien vite et pourtant, il n’avait pas reculé. Elle par contre, elle n’avait pas hésité à prendre la fuite quand elle avait appris ce qu’il était. Un transmutant, un dégénéré, un monstre, il y avait tout de sorte d’appellation pour désigner ce qu’ils étaient, eux, les gens un peu hors normes qui avaient hérité d’une mutation génétique qui effrayait bien des gens. Comme s’ils étaient plus dangereux que des personnes aux gènes sains sachant manier les armes à feu et n’hésitant pas à s’en servir contre des innocents. Lyanna n’avait jamais rien fait de mal. Son don n’était même pas dangereux pour le reste de l’humanité, au contraire, elle pouvait sauver des vies et pourtant on l’avait tuée. C’était absurde. Jamais il ne comprendrait pourquoi certaines personnes, dont Talisa faisait apparemment partie, avaient une telle peur des gens comme lui. Au final, il était sans doute plus sage de sa part d’arrêter d’y réfléchir. Il ne trouverait jamais de réponse à sa question et au bout du compte au lieu de l’aider à comprendre, ça ne faisait que l’énerver. En ce moment, il n’avait pas besoin de ça. Son frère s’était barré Dieu seul savait où et n’était apparemment pas décidé à donner signe de vie et Talisa s’était enfuie comme une voleuse après qu’il renoncer à son secret pour lui sauver la vie. C’était déjà suffisamment énervant comme ça. Entre ça et les soulards qui squattaient le bar ce soir, il en avait sa claque, ainsi, il ne fit pas prier quand enfin, l’heure de la fin de son service sonna.

En un rien de temps, il avait récupérer ses affaires puis quitté le bar. Le soleil était à peine couché, il continuait d’éclairer légèrement la ville, mais bientôt, il ferait nuit et cette nuit au moins, il ne la passerait pas au bar, c’était une bonne chose. Il rentra rapidement chez lui, à pieds, il n’habitait pas bien loin du bar et un peu de marche ne faisait jamais de mal, d’autant plus que ça lui permettait de fumer sur le chemin. Ça en revanche, ça pouvait facilement faire du mal, cependant il s’en fichait et ce depuis bien des années. Au moins peut-être que le cancer le tuerait avant que ce ne soit un hunter qui s’en charge. Il préférait largement le cancer bizarrement, ça avait quelque chose de plus naturel, même si c’était causé par le tabac. De retour dans cet appartement il ouvrit le réfrigérateur pour constaté qu’il était vide. Il n’avait pas fait les courses depuis un moment et de toute évidence, son frère ne s’en était pas chargé non plus puisqu’il n’était plus là. Eremon avait trop souvent tendance à compter sur son frère cadet et ce depuis bien des années, avant même que Lyanna ne perde la vie, à cette époque où il s’était retrouvé tuteur de ses cadets, lui, il n’avait pas beaucoup assuré, beaucoup moins que son frère. Aujourd’hui cependant, il ne pouvait plus compter sur lui, mais il avait trop l’habitude pour réussir à se faire à cette idée. Face à son réfrigérateur complètement vide, il laissa échapper un long soupire. Le fixant pendant bien plus longtemps qu’il ne l’aurait du. Ça ne servait à rien de le regarder de la sorte, ça n’allait pas l’aider à se remplir, malheureusement. Il aurait bien aimé cependant, que ça puisse être le cas. Ça ne marchait pas comme ça. Peut-être qu’il existait quelque part dans le monde un mutant qui avait un pouvoir qui pourrait faire ça. Cette pensée lui arracha un sourire, si c’était le cas, ce type deviendrait rapidement son meilleur ami. Ça, ce serait un don particulièrement utile. Réalisant subitement sa soudaine stupidité, il referma son réfrigérateur d’un geste las. Peu motivé il reprit sa veste qu’il avait déposé en vrac sur le dossier du canapé en rentrant. Une fois qu’il l’eut de nouveau mise sur ses épaules, il quitta à nouveau son appartement pour s’aventurer dans les rues de la petite ville. Il jeta un rapide coup d’œil à sa montre, s’il avait de la chance, le centre commercial ne serait pas encore fermé. Quoi qu’ici c’était Radcliff la ville perdu du Kentucky, il ne serait pas surpris que les commerces ferment très tôt. Au moins à Aberdeen il y avait toujours moyen de trouver une petite superette encore ouverte, même au beau milieu de la nuit. Mais ce n’était pas Aberdeen. Il ne reverrait peut-être jamais Aberdeen et comparer toutes les villes dans lesquelles il s’arrêtait à sa ville natale, ça n’allait pas beaucoup l’aider. Rapidement, alors qu’il n’avait même pas terminé la cigarette qu’il avait entamé à mi-chemin, il arriva au centre commercial. C’était encore ouvert mais pas pour longtemps, il devait faire vite, de toute façon, faire les courses ça l’agaçait tellement qu’il n’était pas du genre à passer des heures dans les magasins. Ainsi,  il ne pris que ce dont il avait besoin,  quoi qu’on pouvait facilement considérer qu’il n’avait pas besoin d’un pack de bières, enfin de son point de vu c’était nécessaire. Ses courses en mains, il prit quand même le temps de monter dans les étages, s’arrêtant dans un bureau de tabac pour refaire de plein de cigarettes.

Quand il en sortit, tout était en train de fermer. Sans doute qu’il était le dernier client présent dans le centre commercial. Persuadé que ça irait plus vite, il décida de prendre l’ascenseur pour redescendre. Il glissa son bras à travers la porte sur le point de se refermer, pour se glisser in extremis dans la machine. Il posa son regard sur la personne déjà présente dans l’ascenseur, lui servant son aimable sourire de courtoisie. Sourire qui disparu bien vite quand il remarqua qu’il s’agissait de Talisa. Forcément. Il regrettait déjà d’être monté dans cet ascenseur. Il laissa échapper un soupire avant de détourner les yeux pour appuyer sur le bouton du rez-de-chaussée avant de fixer les portes avec insistance dans l’espoir qu’elles décident de rapidement s’ouvrir. Pourtant, l’ascenseur s’arrêta avant d’arriver à bon port. Il n’y avait pourtant pas beaucoup d’étage dans ce centre commercial. C’était même surprenant qu’il y ait des étages. Il avait l’impression que ce machin, c’était le truc le plus grand de la ville. Enfin sans doute que même avec le peu d’étage qu’ils avaient, ils avaient pensé aux ascenseurs pour les chariots, ça paraissait logique. Sans doute que ce n’était pas le moment de s’interroger sur les idées de l’architecte qui avait conçu ce bâtiment. Nerveusement, il appuya à nouveau sur le bouton du rez-de-chaussée, comme s’il espérait que la machine se remettre à descendre. Ils ne devaient pas en être bien loin de toute façon, il pouvait bien faire un petit effort supplémentaire. Il appuya à plusieurs reprises, s’agaçant légèrement, avant de finalement donner un coup sur le tableau d’affichage comme si ça allait changer quelque chose. Cet ascenseur était coincé, c’était déjà assez horrible comme situation, mais en plus il était avec Talisa Lancaster. De toute évidence, c’était elle que la situation devait particulièrement déranger. Seule dans une petite boite en fer avec un mec comme lui. Elle devait très certainement craindre pour sa vie en cet instant précis. C’est sûr, s’il l’avait sauvée l’autre fois, c’était uniquement pour pouvoir la tuer de ses mains, parce qu’il était dangereux. Comme s’il avait vraiment que ça à faire, sauver des nanas pour les tuer après. C’était peut-être le délire de certains types, mais leur problème ce n’était pas une histoire de gène muté mais un trouble psychologique appelé la psychopathie. Il était tant que certaines personnes apprennent à faire la différence entre psychopathe et transmutant. Bref. Lassé il appuya sur le bouton d’assistance qui semblait sonner dans le vide. « Génial. » Il soupira avant de reculer d’un pas pour s’appuyer contre la paroi de l’appareil. Il n’y avait pas grand-chose de plus à faire de toute façon. Il tira son portable de sa poche. Pas de réseau bien entendu. Au moins, ce n’était pas samedi. Si cette fichue assistance ne se décidait pas à répondre, au moins, ils ne passeraient qu’une nuit là dedans et non pas deux nuits et une journée complète, voyons les choses positivement.  Il jeta un coup d’œil autour de lui, ce n’était que du métal cet engin ce machin, à bien y réfléchir, il pouvait peut-être faire quelque chose. Il se redressa légèrement, comme le mec ayant une soudaine idée. Cependant, bien vite il reprit sa position contre la paroi. C’était son frère qui aurait pu faire quelque chose contre cette boite métallique. Pas lui. Il n’avait pas vu son frère depuis un moment et il avait malheureusement trop souvent l’occasion de s’approprier les dons des autres. Il avait la poisse vraiment. Quand bien même il aurait pu faire quelque chose, aider Talisa de cette façon là, il n’en avait pas envie. En vérité, il n’avait pas envie de l’aider tout court. Vu comment elle l’avait remercié la dernière fois, ça ne valait même pas la peine d’essayer quoi que ce soit. Même tenter d’ouvrir les portes, ce qui n’était pas physiquement impossible, il n’avait pas envie de tenter. Juste parce que c’était elle. Au pire, il avait de la bière et des clopes, il pouvait bien passer la nuit là sans trop de soucis lui. Il avait déjà passé des nuits dans sa voiture alors il devait survivre à ça. Il n’était pas sûr de pouvoir en dire autant de la délicate Talisa.
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MessageSujet: Re: (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems.   (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems. Icon_minitimeVen 2 Mai 2014 - 23:22



it only led me where i should not go
— TALISA LANCASTER & EREMON MORIARTY —
We know full well there's just time, so is it wrong to dance this line. If your heart was full of love, could you give it up? 'Cause what about, what about angels. They will come, they will go make us special. Don't give me up, don't give me up. How unfair, it's just our luck found something real that's out of touch. But if you'd searched the whole wide world, would you dare to let it go? 'Coz what about, what about angels. They will come, they will go make us special. Don't give me up, don't give me up. It's not about not about angels.

Nébuleuses de songes, nuages suspendus au ciel bleu de son idéalisme, les préoccupations de Talisa l’envahissaient. Et tantôt, une tempête brûlante, aux vents violents, déchaînait toutes ses passions, chacun de ses ressentiments en un torrent d’impressions toutes plus désagréables les unes que les autres. Depuis quelques temps, il n’était pas compliqué de remarquer l’humeur exécrable de la jeune adolescente, ainsi que sa forte propension à s’énerver au premier prétexte. Curieusement, c’était sa façon de chasser ces vilains cumulus de sa tête, sa façon de trouver n’importe quel prétexte pour déverser autour d’elle une pluie de rage sans nom qui pourtant, ne représentait qu’une infime partie de ce qu’elle touchait à peine du doigt. Ils étaient, de toute manière, bien trop complexes pour elle, ces questionnements incessants – petite fille sans mère qu’elle avait grandi, celle-ci ne lui avait cependant jamais manqué plus qu’aujourd’hui ; c’était sans doute la première fois depuis ses quatre ans qu’elle remarquait enfin ce vide béant au fond de son cœur, cette partie atrophiée d’elle-même, qui ne s’épanouirait jamais vraiment. Ce n’était pourtant pas le visage de sa mère qu’elle voyait à chaque fois qu’elle fermait les yeux – le temps passant avait fini par polir cette image, l’user et à la faire disparaître – mais bel et bien cette scène inlassablement. Encore et encore. L’infime seconde où tout avait basculé se répétait à l’infini à son esprit, toujours avec les mêmes détails, la même théâtralité prononcée que celle qui avait plongé le cœur de la jeune Lancaster jusqu’aux tréfonds de sa poitrine. Elle se souvenait encore très nettement du bond que celui-ci avait fait, pressé contre sa cage thoracique dans une douleur lancinante, grisante. Déplaisante. Depuis sa naissance, Talisa avait rarement senti ce genre de chose, ces impressions à même de désarçonner le plus brave des personnages. La trahison. Prise dans le carcan soigneux d’une existence doucereuse, elle n’avait jamais appréhendé la réalité de la vie, ce n’était qu’à présent qu’elle se rendait compte – et la réalité de la vie, était on ne peut plus déplaisante, faite de ces instants où tout basculait, la réalité éclatait et le reste du monde poursuivait son cours. Qu’avait-elle bien pu faire pour tomber de de tels travers ? Qu’avait-elle fait pour mériter d’être traitée ainsi ? - par une tortionnaire de vie qui ne trouvait rien de mieux à faire que d’immiscer en elle cette petite graine de rébellion, l’arroser patiemment, la faire grandir sous le plus brillant des jours, et finalement, l’arracher jusqu’aux branchages de ses racines soigneusement enfoncées dans la terre. Et il y avait pourtant au fond d’elle un sentiment d’inachevé. Etait-ce de l’amertume ? Les humeurs changeantes de Talisa semblaient aller dans ce sens, rien que pour la persuader qu’elle n’avait pas totalement perdu toute prise sur sa vie. Il y avait autre chose, caché sous cette couche de véhémence et de rancœur ; quelque-chose de plus profond. Un vide, semblable à celui qu’avait laissé sa mère en disparaissant de sa vie du jour au lendemain. Ils n’avaient rien de semblables pourtant. Elle et lui. Charlotte et Eremon. Sa mère et… Chaque glissement de pensées de la jeune rousse jusque-là s’interrompait toujours brusquement, en un souffle bruyant de la part de la jeune femme, qui trouvait alors quelque chose d’autre à faire que ruminer ces songes. Mais toujours ils revenaient, comme des ennemis sans pitié qu’elle n’avait pas encore affrontés. Qu’elle n’était pas de taille à affronter. Et les regards obliques, emplis de méfiance des rares compagnies qu’elle avait au cours de la journée, ne l’aidaient pas à penser à autre chose. Car les gardes du corps que lui avait confiés – depuis toujours – son père, eux, étaient bel et bien au courant des derniers actes de rébellion (inédits, pour ainsi dire) qu’elle avait commis : ensemble, ils s’étaient accordés pour ne rien répéter à Thaddeus, et Talisa avait par la même occasion promis de ne jamais répéter de tels écarts de conduite. Simplement parce que ça pouvait à tous leur coûter beaucoup (à elle, moins qu’aux autres). Mais elle n’avait aucune raison, aucune envie de retenter sa chance – ça n’en valait plus la peine, mais malgré l’abattement mauvais qu’elle affichait aussitôt que son père quittait la maison, ses gardes du corps semblaient peu disposés à lui faire pleinement confiance à nouveau.

Au fond, peut-être n’en avait-elle rien à faire, de ce qu’ils pensaient d’elle, eux, les simples larbins qui n’avaient rien de mieux à faire que d’être sur son dos toute la journée – depuis quelques jours déjà, Talisa passait la majeure partie de son temps à les ignorer, ou à leur faire montre de son agacement aussitôt que l’un d’eux faisait un pas de travers. Généralement, elle était plus douce et disponible pour eux, plus sage, comme une enfant de dix ans à peine, trop contente de jouir du confort d’un foyer si grand pour en abuser un tant soit peu. Ils ne semblaient pas adaptés, ainsi, à tout changement venant de la jeune adulte qu’elle était devenue ; il arrivait des jours pourtant, où, lorsqu’elle avait le lourd sentiment d’avoir trois ombres à la place d’une seule et unique, elle s’évadait à s’imaginer défaite de toute cette dépendance. Libre, quelque part. C’était sur ça que Sade avait joué. Sur ça qu’Eremon avait joué lui aussi – et à chaque fois qu’elle pensait à ça, qu’elle se désirait libre d’une quelconque manière, affranchie des obsessions de son père, le jeune homme la rappelait à l’ordre. Elle était trop stupide, trop naïve pour être seule dans un monde pareil – le premier beau jeune prince qui lui souriait et lui parlait de ses exploits de vie parvenait aisément à lui retourner complètement l’esprit ; en définitive, elle ne ferait pas long feu dans un monde aussi hostile que celui qui s’étendait, là, dehors, à Radcliff. L’un comme l’autre, ils ne faisaient plus partie de sa vie. Et n’en feraient plus. Dans certaines classes de littérature, elle avait vu Sade lui lancer de longs regards emplis d’incompréhension face à sa nouvelle attitude, mais Talisa n’avait même aucune envie de s’expliquer avec elle : avant tout parce qu’elle savait (ou une part d’elle le savait et l’acceptait un tant soit peu) qu’elle abdiquerait à la première parole fausse de son amie. Ancienne amie. C’était à cause de Sade qu’elle avait commencé à vouloir aller voir ailleurs, bien loin de son carcan sauf et paisible d’existence que son père lui offrait, c’était à cause de Sade que la jeune rousse avait ouvertement défié tout ce que son père avait si ardemment construit. Et elle ne voulait pas recommencer – surtout pas – alors que toutes les circonstances du quotidien lui soulignaient ouvertement qu’il était bel et bien la seule personne à qui elle pouvait se fier. Lui n’avait jamais voulu que son bien, sa protection dans cette nouvelle société où des êtres aussi dangereux que celui qui avait tué sa mère pouvaient marcher librement – Sade et Eremon avaient représenté cette part de tentation à laquelle elle n’avait pas pu résister ; chose qu’elle regrettait amèrement à présent. La vérité avait au moins éclaté avant que tout ne soit trop tard, avant que son père ne découvre qu’elle l’avait ouvertement poignardé dans le dos pour aller batifoler dans une pseudo-liberté avec deux fous qui n’en avaient eu rien à faire d’elle – c’était bien le seul réconfort que pouvait trouver Talisa au milieu de ses incessantes obsessions et ses remords. Cette vérité pourtant, avait éclaté en plein visage de Talisa à l’instant où elle s’était trop approchée d’Eremon ; elle lui avait explosé en plein visage, en un lourd secret qu’il semblait avoir trop longuement caché à la jeune femme qu’elle était. Volontairement ? Elle n’en doutait pas ; quelque-part à présent, chaque instant passé avec lui sonnait faux et déplaisant, pourri par un doute s’immisçant de plus en plus dans sa tête. Pourquoi donc ? Avait-il eu l’intention de se jouer d’elle comme un ennemi insidieux et retord qui l’aurait trahie au moment où elle s’y attendait le moins ? Au fond, les desseins d’Eremon lui échappaient totalement, surtout parce qu’elle n’avait aucunement envie de se pencher sur ce qu’il avait bien pu penser en la voyant, ce qu’il avait pu penser en lui cachant cette si grande part de lui. C’était alors plus aisé de le détester ainsi, de nourrir pour lui la rage d’une personne trahie – à juste titre. Ou simplement parce qu’elle extrapolait ; c’était plus facile de vivre la situation ainsi, en rageant pour rien, ou pour des prétextes tous plus déraisonnés les uns que les autres. Elle ne voulait pas comprendre de toute manière, elle ne voulait pas ouvrir un tant soit peu sa générosité à… ça. A lui. Et à tous ceux qui lui ressemblaient un tant soit peu. Ceux qui lui avaient pris sa mère.

Et ce n’était qu’une mince occupation pour elle, que d’aller faire le tour du petit centre commercial de la ville pour y dépenser des fortunes. Bien entendu, rien ne ressemblait aux clichés des séries américaines, aucune grande marque ne s’alignait avec les autres magasins dans les galeries du petit centre commercial de Radcliff, mais il était au moins assez grand, assez bondé de boutiques, pour occuper l’esprit de Talisa. Restait qu’occuper était un bien grand mot : souvent, dans ses vingt-et-une années de vie, la jeune Lancaster avait arpenté les couloirs de cet endroit, se baignant dans cette ambiance si cocasse ; tant et si bien qu’elle portait lourdement sur ses épaules aujourd’hui, l’âpre sentiment de connaître les lieux par cœur. Et rien ne changeait à Radcliff, rien de nouveau ne se construisait, la ville n’était définitivement pas faite pour muer de manière régulière et spectaculaire. Tout était toujours pareil et depuis la semaine dernière, il semblait même à la patibulaire rousse que les rayons eux-mêmes n’avaient pas subi de transformation remarquable : elle remarqua sur les présentoirs les mêmes robes, les mêmes pantalons, les mêmes paires de chaussures que celles qu’elle avait déjà ouvertement ignorées la dernière fois qu’elle était venue ici. Si elle avait pu aller faire ses études ailleurs, sûrement qu’elle serait encore, à cette date, toute excitée par les nouveautés qu’elle aurait découvertes, si loin de chez elle – c’était en tout cas ce qu’elle pensait là, baignant dans l’amertume d’un ennui palpable, ce ne serait sans doute pas le cas la prochaine fois qu’elle croiserait le regard d’un type bizarre, ou aurait le sentiment que quelqu’un la suivait dans une ruelle un peu trop ignorée du reste du monde. « Je peux monter dans un ascenseur toute seule. » En vint-elle à marmonner, sous les regards suspicieux de ses accompagnateurs – son téléphone avait sonné, au fond de son sac, et il n’y avait pas à douter que c’était un énième message de Sade, qui continuait de tenter de la persuader de faire quelque chose d’un peu fou et nouveau ce soir encore. Jamais elle ne retomberait là-dedans. Mais elle n’avait pas non plus envie de subir les regards suspicieux des agents de son père dans un endroit aussi confiné qu’un ascenseur : non merci, elle préférait largement s’octroyer la liberté d’être seule pour quelques secondes à peine. Et ce n’était pas comme si elle pouvait disparaître entre deux étages, il n’y avait manifestement plus beaucoup de monde ici, et personne n’était disposé à prendre l’ascenseur avec elle : définitivement, aucun monstre ne sortirait d’où que ce soit pour lui faire quoique ce soit. Malheureusement pour elle, peu de gens s’intéressaient à elle – et quand elle s’intéressait à quelqu’un, il s’avérait que cette personne était mieux loin de sa vie. Elle se renfrogna légèrement, ses accompagnateurs finissant par capituler – elle se les imaginait cependant déjà courir dans les escaliers de peur qu’elle ne leur échappe à nouveau. Ils insistèrent cependant pour lui prendre ses affaires, comme s’ils s’imaginaient que ces quelques otages suffiraient à la persuader de bien se comporter ; franchement, ils voyaient le mal partout. Et franchement, ces derniers temps, elle n’avait pas eu le réflexe d’en faire de même et ça lui avait malheureusement porté défaut. Libérée de ses affaires et de ses habituelles compagnies, Talisa appuya sur le bouton de l’ascenseur, son assurance s’effaçant subitement des traits de son visage, ses préoccupations s’imprimant à nouveau à la surface de celui-ci. Il lui était difficile, au quotidien, d’effacer ses propres pensées, les souvenirs impérissables de cette nuit-là, ou ce désir incontrôlable de revenir sur ses pas, sur la fuite qui l’avait tant éloignée d’Eremon – devoir mentir à son père était déjà une chose difficile, mais faire comme si tout était loin derrière elle maintenant, était plus dur qu’elle ne l’imaginait. Il n’y avait cependant que dans ses très rares moments de vraie solitude que Talisa se laissait aller ainsi, ses épaules s’affaissant, ses bras retombant le long de son corps et ses azurs s’imprimant d’inquiétude. De regret. D’une sourde colère.

Un brusque fracas la rappela à l’ordre, manquant de sursauter, elle leva les yeux vers le nouvel arrivant qui bloquait tout juste les portes. Et en une fraction de seconde, le rose lui monta aux joues, des larmes embuèrent ses yeux. Etait-ce cette colère, justement, qui lui serrait maintenant les entrailles ? Ou autre chose ? Quelque chose comme… du regret ? De la gêne ? Un instant durant, elle croisa les bras, ses yeux accrochés à un point fixe, qui n’était ni Eremon, ni dans la région environnant le jeune homme – recroquevillée dans un coin de l’ascenseur, elle faisait piètre figure pour sembler totalement inébranlable. Puis elle décroisa les bras, se rendant compte que c’était un réflexe stupide, elle tira son téléphone, avant de se souvenir que Sade lui avait envoyé un message quelques instants plus tôt. Elle l’ignora ouvertement, avec la même aisance qu’elle semblait ignorer Eremon. Pourtant, sans doute ne le savait-il pas, mais chaque bouffée d’air glissant dans ses poumons maintenant était plus brûlante que la précédente, baignée d’amertume, de cette chose innommable qui la préoccupait tant. Mais cette illusoire trêve ne fut que de courte durée, puisqu’à nouveau Talisa fut happée par la réalité, la main d’Eremon s’écrasant brusquement contre le panneau de l’ascenseur. « Qu’est-ce que t’as fait ? » Parvint-elle à articuler, sur un ton qui pouvait sembler accusateur, alors qu’il traduisait simplement une vague inquiétude venant de la rousse. Elle venait tout juste de se rendre compte que l’ascenseur s’était arrêté, et que le jeune homme s’activait à trouver un miracle pour le remettre en marche. S’écartant de la paroi où elle était appuyée depuis quelques secondes déjà, Talisa en vint presque à oublier sa gêne pour se concentrer dans une observation soigneuse des lieux – l’espace était quand même restreint, et lui vinrent tout d’un coup en mémoire les nombreux films qu’elle avait déjà vus, ceux où par exemple il n’y avait pas d’air dans les ascenseurs et où les gens agonisaient lentement mais sûrement, soit à cause de la chaleur, soit à cause d’autre chose. Ou les reportages qu’elle avait vus sur le 11 septembre, où un incendie avait ravagé les cages d’escalier, brûlant les câbles et faisant s’écraser les ascenseurs au sol – ce qui, en soit n’était pas grave puisque les gens à l’intérieur étaient déjà morts brûlés depuis des lustres, asphyxiés par des gaz toxiques sans avoir la moindre chance de s’en sortir. Définitivement, elle n’avait aucune envie de rester ici, non seulement à cause de la compagnie qu’elle avait, mais également à cause d’une subite claustrophobie qui la prenait d’assaut. Jamais elle ne s’était retrouvée dans une situation pareille, et jamais elle n’aurait voulu l’être – alors pourquoi fallait-il que ça arrive, sérieusement ? Pourquoi maintenant et non pas lors d’une autre visite au centre commercial, lorsqu’elle aurait été plus encline à être accompagnée par ses gardes du corps ici-même ? Lèvres pincées, elle aurait bien voulu s’invectiver à haute voix, mais son regard clair ne pouvant trouver d’autre point d’attache, lui offrit Eremon à l’esprit à nouveau, et la rappela donc à l’ordre. « Pas d’inquiétude… je ne suis pas venue ici toute seule, quelqu’un viendra forcément nous aider. » Articula-t-elle, consciencieusement en remettant ses mèches de cheveux derrière son oreille : oui, oui, quelqu’un viendrait forcément les aider. L’aider elle, en tout cas. Mais alors qu’elle était à peine mal assurée, ses jambes tremblant sensiblement sans qu’elle ne puisse les contrôler, le jeune homme, lui, tournait comme une bête en cage, et Talisa n’y tint plus, jetant un regard réprobateur à son interlocuteur. « Est-ce que tu peux arrêter de faire ça ? Taper sur les trucs et t’appuyer contre les parois avec un air nonchalant ?! A moins que tu préfères qu’on s’écrase au fond de cette cage d’ascenseur, c’est sûr que ça règlerait le problème. » On pouvait presque croire qu’elle faisait preuve de plus de calme que lui, mais ce n’était sûrement absolument pas le cas, alors que son souffle se faisait court, que son cœur battait bien vite dans sa poitrine – à la peur qu’elle ressentait à l’idée de crever étouffée dans cet ascenseur ou écrasée sur le sol, s’ajoutait celle d’Eremon. Eremon tout entier, dans ses réactions possiblement agressives, à cette mine déplaisante qu’il traînait, ou au regard plein de véhémence qu’il pourrait lui lancer. C’était elle, qui était censée le détester pourtant, alors pourquoi fallait-il qu’elle ait si peur du jugement que ses yeux si verts pourraient apposer sur elle ?
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Calista Wolstenholme
Calista Wolstenholme

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SUR TH DEPUIS : 26/04/2014
MessageSujet: Re: (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems.   (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems. Icon_minitimeSam 3 Mai 2014 - 23:48

Il n’aurait jamais du perdre son temps à venir jusqu’au centre commercial. Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas simplement fait comme n’importe quel feignant dans son cas : commandé une pizza. Il avait subitement eu le besoin de faire quelques pas vers le centre commercial et pourtant il n’avait pas eu le courage de prendre les escaliers pour redescendre. Il détestait les ascenseurs. Après ça, il aurait bien du mal à se convaincre de prendre l’ascenseur pour rentrer chez lui. Il le ferait pourtant, les étages séparant son appartement du rez-de-chaussée étaient bien trop nombreux pour qu’il puisse avoir le courage de prendre les escaliers, surtout après cette éreintante journée de boulot à laquelle venait s’ajouter cette soudaine panne d’ascenseur.  Il n’avait pas forcément envie de passer la nuit, bien qu’il n’avait pas l’intention de se mettre à pleurer ou a désespéré comme un gamin, il avait connu pire comme situation au cours de sa vie. Cependant se retrouver seul dans un si petit espace en compagnie de Talisa, ce n’était clairement pas quelque chose dont il avait envie. Elle non plus vu la façon dont elle l’avait fuit la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Il lui avait sauvé la vie et c’était comme si ça n’avait pas la moindre importance, à cause de ce qu’il était, peut-être parce qu’il ne lui avait pas tout de suite annoncé cette partie de lui. En même temps, il avait un gène muté, exactement comme quelqu’un atteint d’une maladie comme la drépanocytose. Il ne se présentait pas en disant ‘salut je m’appelle Paul et mes globules rouges sont mal formés’. C’était exactement pareil dans son cas. Il ne voyait pas pourquoi on le jugerait d’abord sur sa mutation et non pas sur l’homme qu’il était. C’était stupide. C’était pourtant ce que beaucoup faisaient. C’était ce que sa fiancée s’était mise à faire du jour au lendemain. Un dégénéré avait tué sa mère et soudainement, il devenait tous dangereux. Si ça avait été un Chinois qui avait tué sa mère, est-ce qu’elle aurait eu peur de tous les Chinois ? Encore une fois, c’était pareil à ses yeux, faire un cas une généralité c’était complètement absurde. C’était inévitable aussi, c’était comme ça que l’espèce humaine fonctionnait. Basée sur les préjugés et les stéréotypes. Et après, l’humain était censé être le plus intelligent des animaux. La bonne blague. C’était parce que les gens étaient suffisamment stupides pour penser comme ça que Lyanna était morte. Considérer Lyanna comme une personne dangereuse, c’était comme avoir peur d’une mouche. Elle n’avait jamais fait de mal à personne, elle étudiait la médecine dans le but de sauver des vies et même son don était parfaitement inoffensif, elle pouvait soigner les autres, elle pouvait les sauver sans avoir à passer par les cours de l’université, qu’elle suivait quand même avec beaucoup d’enthousiasme. Cette gamine, c’était presque la bonté incarnée et on l’avait tuée soit disant parce qu’elle était dangereuse. C’était de la folie. Les hunters ne cherchaient même pas à comprendre le pourquoi du comment, ils tuaient les dégénérés sans se poser de questions. L’un d’entre eux avait tué Lyanna, aidé par sa fiancé, cette femme qu’il aurait du épouser quelques mois après cet évènement. Il pouvait dès à présent conclure qu’il n’avait pas de chance avec les femmes. Sa fiancée l’avait trahit de la pire des façons qui soit. Il aurait préféré qu’elle le trompe plutôt qu’elle soit à l’origine du meurtre de sa sœur, à l’origine de la longue fuite dans laquelle il s’était lancé en compagnie de son frère, parce que, bien malgré eux, leurs vies se retrouvaient menacées. Maintenant que se fiançailles étaient brisées depuis longtemps, il avait fallu qu’il s’entiche de Talisa. Il l’aimait bien. Rien qu’à cette pensée il pouvait revoir le sourire moqueur de son frère. Peut-être qu’il avait raison, il l’aimait plus que bien. Enfin, elle, elle avait pris la fuite à la seconde où elle avait appris ce qu’il était. Comme si tout d’un coup il était devenu un dangereux psychopathe dont elle devait absolument se méfier si elle tenait à la vie. Ironique puisqu’il la lui avait sauvée sa vie. Ça n’avait apparemment pas d’importance pour elle. Même pas elle aurait été fichue de le remercier. Non, elle juste eu peur. Qu’est-ce qu’elle devait ressentir maintenant qu’elle se retrouvait coincée dans cet ascenseur avec lui ?

De son côté lui, tout ce qu’il voulait, c’était sortir de là. C’était sans doute ce que n’importe qui aurait voulu à sa place. Mais évidemment, ses tentatives désespérées pour relancer l’appareil ne furent que des échecs. Même l’assistance ne semblait pas à même de répondre. Personne ne devait s’en occuper de cette assistance. Les gens étaient déjà rentrés se coucher, ils étaient à Radcliff après tout. A cette heure-ci personne n’était censé se retrouver coincé dans un ascenseur. A cette heure là, plus de la moitié de la ville était déjà couché, le reste, bien souvent devait être au bar. C’était vraiment un coin paumé selon lui. Une ville bien différente de celle où il avait grandi et bien différente aussi de celles où il s’était arrêté jusqu’à présent. Il n’était pas dans le même délire que les habitants de la ville. La plupart d’entre eux ne juraient que par Dieu. Lui, il n’était presque jamais rentré dans une église. C’était une ville assez spéciale dans laquelle il n’aurait pas du avoir envie de s’éterniser. Il aurait vraiment du partir avec son frère au lieu de rester là comme un con à la recherche d’une vengeance qui, de toute évidence, ne ferait pas revenir Lyanna à la vie. Rien ne lui ramènerait sa sœur de toute façon, même s’il donnerait volontiers sa vie toute minable pour qu’elle puisse à nouveau profiter de la sienne qui valait tellement mieux. La question de Talisa lui fit froncer les sourcils. Qu’est-ce qu’il avait fait ? Et puis quoi encore ? Ce n’était pas son délire de bloquer les ascenseurs pour se retrouver coincé dedans, il avait mieux à faire de sa vie. Elle avait beau être nulle à chier, elle était quand même constituée de passe-temps un peu moins débile que ça. En plus comment est-ce qu’il aurait pu faire ça ? Certes, la dernière fois qu’ils s’étaient croisés, il pouvait contrôler le métal et l’ascenseur était en métal. Donc oui, s’il avait encore pu faire un truc pareil aujourd’hui il aurait très bien pu bloquer l’ascenseur, mais franchement, non il avait vraiment mieux à faire de sa soirée et puis si c’était lui qui l’avait bloqué, il n’aurait pas réagit comme s’il se sentait coincé là-dedans. « Est-ce que tu crois vraiment que j’aurais pu avoir l’idée débile de bloquer un ascenseur ? » Il voulait juste rentrer chez lui, manger et boire une bière devant la télé. Ça aurait été forcément plus intéressant que d’être bloqué dans un ascenseur avec Talisa Lancaster. Ni avec n’importe qui d’autre d’ailleurs. Il préférait juste faire autre chose que de rester coincé dans un ascenseur. Il arqua un sourcil alors qu’elle annonçait ne pas être venue ici toute seule. En attendait le centre commercial était fermé désormais alors ses potes ne devaient plus y être. Enfin, si quelqu’un devait venir l’aider, autant qu’il se dépêche. Ça leur éviterait de passer trop de temps dans cet ascenseur, tous les deux. Elle avec lui, s’il lui il n’était pas motivé par l’idée de passer des heures avec elle, il n’imaginait même pas ce que ça devait être de son côté. Il haussa simplement les épaules. Si quelqu’un devait venir alors ils étaient sauvés. Quoi qu’il soit trop pessimiste pour penser que quelqu’un viendrait vraiment. S’il avait pu, il aurait appelé son frère, lui il serait venu, à condition qu’il soit décidé à répondre à son téléphone. Mais il fallait croire qu’en s’éloignant de Radcliff il avait oublié comment cet engin fonctionnait. Ou qu’il ne voulait simplement plus parler à son frère aîné, ce qui était beaucoup plus plausible, mais légèrement plus vexant aux yeux d’Eremon. Il n’avait jamais été le grand frère de l’année, mais quand même. Enfin, ça ne servait à rien de retrouver ses problèmes familiaux dans sa tête, ça ne les résoudrait pas. Il avait l’impression que plus rien ne pouvait les résoudre ceux là. Tout autant qu’il ne réglerait jamais ses différents avec Talisa. Pas même s’ils restaient coincés ensemble dans ce petit espace pendant toute la nuit.

Il leva les yeux au ciel suite à la réplique de la jeune femme, avant de s’asseoir dans un coin de l’ascenseur. Logiquement, il faisait bien ce qu’il voulait, au moins il avait essayé de chercher une solution autre que de compter sur il ne savait trop qui censé venir les aider. « On t’as jamais dit que des fois, taper sur les trucs  ça les aider à marcher ? » C’était prouvé scientifiquement par ses propres soins. C’était la solution selon Eremon, taper sur les choses pour qu’elles marchent et mine de rien, des fois, ça marchait vraiment. Là en l’occurrence, c’était un mauvais exemple parce que ça n’avait absolument pas marché, c’était d’ailleurs bien dommage. « Et je ne suis pas sûr que mon simple poids suffise à nous faire nous écraser au fond de la cage d’ascenseur. Sinon, ce serait vraiment l’ascenseur le plus pourris dans lequel je serais monté. » Un ascenseur bloqué ne menaçait pas de dégringolait au moindre mouvement. Ce n’était pas pour rien qu’on disait qu’il était bloqué. Dans un soupire il attrapa son paquet de bière qui trainait par terre, pour en attraper une. Il était coincé dans un ascenseur, ça ne voulait pas dire qu’il n’avait pas le droit de profiter de ses courses. Boire avec modération, puisque, de toute évidence, il n’avait pas de toilettes dans un ascenseur et que sa vessie ne serait pas en mesure de survivre à un pack complet de bières. « Et ils sont censés arriver bientôt tes supers-potes ? » Ce ne serait pas du luxe après tout. Il préférait passer la nuit dans sont lit plutôt qu’assis dans un coin d’ascenseur. Il avait presque cru pouvoir passer une soirée à peu près agréable ce soir. Il ne travaillait pas jusqu’au milieu de la nuit, comme il l’avait fait depuis le début de la semaine, il avait prévu de se reposer en évitant du mieux qu’il pouvait de ruminer tout ce qui faisait que sa vie craignait et finalement au lieu de ça, il se retrouvait avec l’une des personnes qui faisait que sa vie craignait. La nuit allait être longue s’ils devaient vraiment passer la nuit tous les deux là dedans. « Je suis presque sûr que tu espères que ce soit bientôt. Quelle horreur ça doit être de se retrouver coincé là-dedans avec un type comme moi. » Il laissa échapper un léger rire ironique avant d’avaler une gorgée de la bouteille qu’il venait d’attraper. Pauvre Talisa, coincé avec un dégénéré là-dedans. Si elle avait fuit la dernière fois, c’était sans doute qu’elle pensait que les gens comme lui était des psychopathes. Qu’est-ce qu’ils lui avaient fait à elle ? Tué sa mère ? Comme ils avaient tué celle d’Oswin ? Tout ce qu’il savait c’est que lui personnellement, il n’avait jamais tué qui que ce soit. Tout comme Lyanna n’avait jamais tué personne. Ceux qui prétendaient vouloir protéger le monde des gens comme lui ne pouvait pas en dire autant. De plus, ses parents à lui n’avaient pas eu besoin d’aucun mutant, d’aucun dégénéré ni d’aucun hunter pour mourir. Ils avaient juste été victimes d’un accident, comme quoi il était encore moins menaçant qu’une route et qu’une voiture. Il laissa échapper un léger soupire. Un jour il faudrait qu’il arrête de retourner ce problème dans sa tête, il se faisait plus de mal que de bien. Jamais il ne comprendrait. Ainsi, c’était plus sage qu’il laisse complètement tomber et qu’il se contente de vivre avec cette maudite histoire qui avait couté la vie de sa sœur, qui lui couterait sûrement la sienne et qui menaçait celle de son frère. La génétique était mal faite quand même, leurs parents leur avaient apparemment transmis les plus pourris de leurs gènes, des cheveux bouclés et indomptables jusqu’à cette maudite mutation qui leur pourrirait la vie jusqu’au bout.
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MessageSujet: Re: (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems.   (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems. Icon_minitimeVen 9 Mai 2014 - 0:49



it only led me where i should not go
— TALISA LANCASTER & EREMON MORIARTY —
We know full well there's just time, so is it wrong to dance this line. If your heart was full of love, could you give it up? 'Cause what about, what about angels. They will come, they will go make us special. Don't give me up, don't give me up. How unfair, it's just our luck found something real that's out of touch. But if you'd searched the whole wide world, would you dare to let it go? 'Coz what about, what about angels. They will come, they will go make us special. Don't give me up, don't give me up. It's not about not about angels.

On voyait toujours de Talisa ce qui débordait de part en part : son air vulnérable, son visage candide et innocent, sa frêle silhouette dressée au côté de son père quand il apparaissait en public. La digne héritière de l’empire Lancaster, le regard haut, fier, mais brillant d’éclairs de naïveté dont beaucoup avaient profité au cours de sa vie : la jeune femme en avait marre déjà, d’être celle qui apprenait des vérités sur le tas, celle à qui on cachait des choses pour la protéger, celle à qui son père collait une flopée de gardes du corps sous prétexte qu’il était maire à présent, et que n’importe qui pouvait décider d’attenter à sa vie. Une ville comme celle-ci ne pouvait pas être aussi dangereuse que les rues de New York, ou le reste du monde : mais couvée, choyée, Talisa ne pouvait s’empêcher de voir tout ce qui l’entourait comme une potentielle menace. Un ascenseur qui s’arrêtait au milieu de sa descente suffisait à faire basculer son monde dans l’indécision et l’incompréhension, une crainte sourde brûlant au fond de ses entrailles : et dire qu’à vingt-deux ans, elle aurait pu avoir une meilleure vie que ça. Son père aurait pu investir son argent dans une bonne Université à l’autre bout du pays plutôt que dans une poignée de gardes du corps, elle aurait trouvé un appartement, un petit job et aurait oublié combien le monde qui l’entourait, d’où elle le voyait, pouvait craindre grandement. Finalement, les jours s’alignant, elle aurait presque pu vivre jour après jour sans se demander si toutes les personnes qu’elle croisait n’étaient pas des transmutants, des gens capables de la tuer en un claquement de doigts : le temps faisant, elle aurait découvert des êtres humains qui mangeaient, dormaient, buvaient comme elle, des gens aussi fragiles qu’elle en apparences. Mais dans son cocon, la petite chenille avait bien du mal à devenir un quelconque papillon, c’était à croire que ses ailes menaçaient de s’effriter aussitôt qu’elle s’aventurait en dehors de sa protection : et bien souvent la vie avait donné raison à cet âpre sentiment. Eremon le lui avait rappelé, dans une vérité lui éclatant au visage sans aucune délicatesse : peut-être était-ce parce qu’elle ne pouvait pas le voir autrement que comme un monstre, qu’elle avait fui. Peut-être que c’était pour d’autres raisons. Mais à chaque fois que la brune fermait les yeux à présent, tout ce qu’elle pouvait ressasser, c’étaient ces années de chagrin pendant lesquelles elle avait observé les photos de sa mère, traînant partout dans la maison ; des photos qui ne remplaçaient en rien la présence de celle-ci, qui s’effaçait peu à peu de ses souvenirs. Irrémédiablement, Talisa avait tout perdu de sa mère, n’en gardant pour seule mémoire qu’un pendentif qu’elle ne quittait jamais, et de la poussière de rêve envolée depuis longtemps. Ni sa voix, ni son regard, ni ses caresses et ses baisers pour l’endormir n’étaient restés dans ses pensées : tout ce dont elle se souvenait, c’était du chagrin sourd qui avait toujours résonné dans les murs de sa grande maison, l’affliction sempiternelle qui avait poussé son père à ne jamais reconstruire sa vie, si ce n’est pour rendre justice à cette femme qu’il avait perdu. Dans ce cercle vicieux, comment aurait-il pu en être autrement ? Chaque fois que ses prunelles s’étaient posées sur Eremon, elle avait vu en lui un homme, un être comme elle, avec qui elle avait partagé des moments privilégiés ; celui aux touchés qui la rendaient si frivole, qui faisaient battre son coeur si fort au fond de sa poitrine. Que des illusions, il semblait. Chaque recoin de ses tripes ne pouvait s’empêcher, avec sa raison, de lui répéter que ça n’avait été que mensonge, qu’il était un monstre comme tous ceux qui avaient pris sa mère et d’autres gens encore ; qu’il aurait pu lui nuire, d’une quelconque manière. Comme n’importe qui, au fond ? C’était ce que son coeur, le déraisonné au fond de sa poitrine, répondait à chaque fois qu’elle pensait à lui jusqu’à s’en donner la nausée. Depuis de nombreuses soirées déjà, Talisa demeurait enfermée dans sa chambre, couchée sur son lit, recroquevillée sur elle-même à prendre et reprendre les mêmes pensées. Son manque d’appétit avait inquiété ses gardes du corps, mais aujourd’hui, il avait voulu reprendre du poil de la bête, le prétendre en tout cas en écumant des boutiques sans intérêt aucun, remplissant ses bras d’achats, et vidant sacrément le compte bancaire que son père avait soigneusement construit pour elle depuis sa naissance.

Qu’est-ce que ça pouvait bien faire après tout ? La jeune femme traînait avec elle l’âpre sentiment qu’elle ferait sa vie ici, à Radcliff, et qu’elle serait bien incapable de se défaire du joug de son père un jour ou l’autre. Il finirait sans doute par lui payer lui-même un logement, et la choyer encore jusqu’à la fin de sa vie : si elle restait dans la limite de l’acceptable, la petite fille marchant soigneusement sur les chemins qu’il avait pavés pour lui. Irrémédiablement, tout cela signifiait chasser Eremon de sa vie, quand bien même elle aurait pu ne pas en avoir envie : déchirée entre mille sentiments qui se vouaient une guerre absolue, la brune avait fini par croire que la fuite était la meilleure des solutions. Le destin, ce foutu ascenseur, ce centre commercial pourri semblaient en avoir décidé autrement, à croire qu’ils possédaient un certain sens de l’humour. Et à l’instant précis, la digne fille du maire Lancaster ne savait pas si ça valait vraiment la peine de croire en l’existence d’un bon Dieu, qui aurait décidé, là maintenant, de l’enfermer avec l’homme qui avait creusé profondément dans son coeur de nombreux maux dont elle était bien incapable de définir les origines. Elle ne pouvait retenir le sentiment qui l’envahissait à chaque fois qu’il égarait sur elle ses prunelles pendant plus de quelques secondes ; elle se sentait salie, observée, calculée des pieds à la tête comme une proie le serait par un prédateur. Un prédateur, c’était presque un qualificatif qu’elle avait toujours rattaché à ces transmutants, qui dépassaient les limites de la nature, qui pouvaient, s’ils le voulaient, s’imposer comme les maîtres du monde. S’ils le voulaient - faisait parfois toute la différence pour l’esprit de la brune quand elle y réfléchissait : personne ne semblait vouloir agir ainsi. Et puis tombaient des menaces sur la vie de son père, sur sa vie à elle presque quotidiennement, et revenaient farouchement se poser dans l’esprit de la jeune femme toutes ces pensées bien ancrées : le monde lui était dangereux, le monde lui voulait du mal. Parce qu’elle était née où elle était née, finalement, son sort était bien comparable à celui des transmutants, c’était à croire que l’être humain, quel qu’il soit, n’était pas capable de faire quoique ce soit d’autre que de détester et menacer ses pairs. Et elle était pareille : parce que d’une certaine manière, elle détestait Eremon. Elle détestait les paroles qu’il ne lui avait pas dites, les confidences qu’elle lui avait faites, qu’il avait écouté. Elle détestait l’âpre sentiment qu’elle avait d’avoir été manipulée, abusée. Elle détestait le fait qu’il soit un transmutant et qu’il ait posé sa main sur elle quand c’était des gens comme lui qui avaient détruit sa famille. Elle détestait qu’il soit un transmutant et qu’il n’ait pas cru bon de le lui dire, se servant n’importe quel prétexte pour garder cela sous silence : et elle, elle, elle lui avait tellement livré, quelle idiote. C’était comme dans les romans qu’elle lisait, où la femme se faisait irrémédiablement trahir par l’homme qu’elle aimait d’une manière inconditionnelle, l’homme qui happait toutes ses pensées aussitôt qu’elle le regardait dans les yeux. Et tout ce qui avait été beau était désormais acide à ses lèvres. Elle connaissait ce sentiment, cette impression : l’air qu’elle avalait dans cet ascenseur lui semblait empoisonné tant il remuait des ressentiments en elle. Lèvres closes, mâchoires serrées, elle avait envie de se retrouver sur son lit, se recroqueviller sur elle-même et réfléchir à nouveau, en boucle, toute la nuit durant. Elle voulait pleurer. Elle voulait crier. Mais rien ne venait. Debout, dos contre la paroi de l’ascenseur, elle ne bougeait pas, demeurant la petite fille à papa qui osait avoir quelques paroles acerbes, mais qui avait le regard fuyant, l’amertume au creux de la gorge. Crier n’était pas sa spécialité, elle était bien plus talentueuse pour prendre la fuite, se détourner des choses sans se retourner. Ignorer Sade plutôt que de lui expliquer ce qui lui faisait si mal à présent, combien elle pouvait être en colère après elle pour l’avoir poussée dans les bras d’Eremon, l’amenant, de manière indirecte, à se faire trahir comme elle l’avait été. Pour toute réponse aux paroles du jeune homme, elle haussa les épaules, les bras croisés autour de sa poitrine, le regard vers le sol : elle ressemblait presque à une adolescente en pleine rébellion, qui se ferait reprendre par ses parents et qui ferait mine de s’en ficher. Peu importait ce qui les avait coincés ici, le fait était qu’ils étaient bel et bien coincés, et qu’ils ne pouvaient rien y faire : certainement pas taper sur les boutons et tourner en rond comme un lion en cage, à l’humble avis de la brune. « Oh parce que taper sur des trucs, c’est ta façon de régler tous les problèmes alors ? » Le ton moqueur, sarcastique, elle l’avait fusillé du regard comme si, l’espace de quelques secondes, elle l’aurait défié de régler ses comptes avec elle de la sorte. De n’importe quelle sorte au fond, si ça pouvait lui donner une idée claire sur lui, sur ce qu’il était au fond. Et sur au combien elle devait le détester maintenant, plutôt que de s’accrocher à de vieux souvenirs. « C’est vrai que ce serait inattendu, l’ascenseur jamais changé du vieux centre commercial de Radcliff, petit bled américain, qui s'écroule dans sa cage faute d’être entretenu. » Elle avait toujours vu cette boîte comme un vieux truc grinçant prêt à s’écrouler si trop de personnes montaient dedans : c’était également pour ça, en partie, qu’elle avait préféré le prendre toute seule à la base. « Qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? T’as été assez stupide pour monter dans cet ascenseur alors que je m’y trouvais... » Toujours les bras croisés, elle avait marmonné cette phrase dans un vague levé des yeux vers le ciel, se comportant une nouvelle fois comme si elle était en pleine crise d’adolescence et qu’il lui tapait sur le système : de toute manière, par réflexe, elle ne faisait que s’adapter à son ton, se trouvant presque orgueilleuse à l’instant précis. Finalement, en le voyant s’asseoir et prendre une bière, Talisa soupira bruyamment, trouvant subitement l’idée de se confronter à des heures d’attente, comme insoutenable. Elle se laissa malgré tout glisser contre la paroi, pour atterrir assise, jambes repliées contre elle, dans un coin de l’ascenseur. Toujours sans octroyer le moindre regard à Eremon et sa bouteille de bière : elle préférait encore crever de soif que lui demander quoique ce soit - surtout de la bière, elle qui ne buvait pas d’alcool, ne tenait certainement pas l’alcool quel qu’il soit. « Une personne comme toi ? Tu veux dire un menteur ? » Tous deux savaient bien à quoi l’homme faisait référence, mais il ne fallait pas non plus oublier les fautes de chacun, la façon dont il l’avait traitée, d’une certaine manière, en décidant de la côtoyer si intimement tout en lui cachant, sans aucun doute, la plupart de sa vie. « Oh, laisse-moi égayer ça. Un manipulateur, un connard, un type qui semble concerné par tes problèmes mais qui se fout complètement de ta gueule par derrière ? » C’était comme si un flot de paroles passait ses lèvres sans qu’elle ne le maîtrise, si fière qu’elle était subitement : elle en avait marre d’être la petite fille à son père qui devait taire la moindre de ses opinions. Et confinée ici, elle avait plus que jamais besoin de respirer, de souffler, d’expulser tous ces mots qui rendaient sa respiration si saccadée. « Est-ce que tu m’as parlé qu’à cause de mon père, c’est ça ? Tu voulais te rapprocher de moi pour l’atteindre ?! » Elle détourna le regard, après l’avoir observé avec intensité : ce ne serait pas la première fois que quelqu’un agirait ainsi avec elle. Tout le monde semblait toujours se jouer d’elle, lui mentir d’une certaine manière, à elle qui était manifestement un triste livre ouvert dans lequel tout le monde pouvait piocher ce qu’il voulait. Sa naïveté, son imbécilité, sa solitude. « Pourquoi est-ce que tu m’as même aidée ? Et puis va savoir, si ça se trouve, Eremon c’est même pas ton vrai nom, au fond c’est vrai, quel parent donnerait Eremon comme prénom à son gosse ! » Clairement, parler, parler, s’énerver l’aidait de plus en plus à expulser tout ce qu’elle pensait, tout ce qu’elle avait ressassé dans ses nuits sans dormir ; au milieu de ses larmes, de sa colère, de sa haine. Il ne s’était pas caché pour faire le martyr quelques secondes plus tôt, il était cependant celui des deux qui s’était joué de l’autre, celui qui avait fait exploser sa nature de transmutant aux yeux de la jeune femme en quelques fractions de secondes, après des semaines à se côtoyer, des semaines à se livrer l’un à l’autre.
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Calista Wolstenholme
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MessageSujet: Re: (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems.   (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems. Icon_minitimeVen 9 Mai 2014 - 3:42

Talisa était l’une des raisons qui retenait Eremon à Radcliff, cette raison stupide qui faisait qu’il était encore là alors que son frère était parti. Il se plaisait lui-même à croire qu’il était là pour Oswin, parce que quelqu’un devait bien la faire payer pour ce qu’elle avait fait, quelqu’un mais qui ? Certainement pas lui au fond. Il était loin d’être le genre d’homme qui pourrait assassiner quelqu’un de sang froid. Pourtant, il était un transmutant, le meurtre semblait coulait dans ses veines d’après ce que disaient certains, sans doute d’après ce que Talisa pensait. Elle détestait ce qu’il était pour une raison qui lui était propre, une raison qu’il ignorait, au fond, une raison qu’il ne voulait même pas savoir. A quoi bon ? C’était inutile, qu’est-ce que ça viendrait changer ? Il avait cru pouvoir changer les choses avec Oswin, il avait cru qu’elle avait accepté, qu’elle se fichait de cette différence qu’il avait en lui. Il avait eu tort. Avec Talisa, c’était juste l’histoire qui se répétait, la même histoire, encore et toujours. S’il lui avait dit ce qu’ils étaient, lui et son frère, combien de temps aurait-il fallu avant qu’il ne retrouve son frère mort sur le sol de leur appartement de la même façon qu’il avait retrouvé Lyanna, bien des années plus tôt. Il ne voulait pas être juste un transmutant, il voulait être un homme comme un autre, quelqu’un qu’on ne jugerait pas à cause d’un défaut génétique, un genre de problème de fabrication. Il n’avait pas eu envie de parler de ça à Talisa et de toute évidence, s’il l’avait fait, il aurait perdu ce qu’ils avaient bien plus tôt. Elle faisait partie des personnes qui ne pouvaient pas tolérer ce qu’il était et il aurait du la détester pour ça tout autant qu’elle le détester pour être ce qu’il était. Comme s’il avait choisi cette vie là lui. Evidemment que non. Il aurait voulu être un type normal, continuer sa vie là-bas à Aberdeen, savoir sa sœur en vie, son frère en sécurité. Il aurait voulu pouvoir épouser Oswin, avoir une vie bien rangée, fonder une famille. Il n’avait jamais imaginé qu’un jour il se retrouverait à essayer de sauver sa vie, à fuir à travers l’Europe, puis à travers les Etats-Unis avant de se retrouver dans la petite ville de Radcliff, il ne savait même plus vraiment pourquoi. C’était injuste de lui en vouloir pour quelque chose qui était dans ses veines, ancré dans son code génétique depuis toujours. Tout comme lui en vouloir pour un prétendu mensonge. Ça n’avait aucun sens à ses yeux, il avait plus de raison de la détester qu’elle n’en avait de le détester et pourtant, il était encore là à Radcliff parce qu’elle continuait de hanter ses pensées. Qu’est-ce qu’il pouvait être stupide parfois. Il aurait presque voulu que son frère l’assomme avant de le mettre dans le coffre de la voiture, là au moins, il serait loin de cette maudite ville en cet instant présent et certainement pas coincé dans un ascenseur avec une personne qui le détestait pour des conneries. Il fallait, bien évidemment qu’il tombe toujours sur les mauvaises filles, à croire que ça faisait parti de ses critères d’attirance ça. Il aimait les filles qui étaient vouées à le détester à cause de cette fichue mutation. Ces filles qui avaient peur qu’ils se transforment en dangereux psychopathe du jour au lendemain parce qu’évidemment – selon Dieu seul savait quelle étude – il y avait plus de chance qu’une personne anormale comme lui finisse par tuer quelqu’un. Comme s’il fallait être un mutant pour être dangereux. Des tarés, il y en avait partout et à son humble avis, les humains étaient clairement plus dangereux que les mutants, la preuve étant qu’ils se liguaient pour les assassiner. Ils avaient tués Lyanna, quand bien même elle n’avait pas été plus dangereuse pour la société qu’un petit chaton parfaitement innocent. Elle voulait devenir médecin, son don lui permettait de sauver des vies, c’est clair qu’elle était bien plus dangereuse que le type complètement humain qui occupe son temps libre en battant sa femme et ses gosses. Il n’y avait rien à faire, il ne comprenait pas pourquoi il fallait qu’ils soient vu différemment à cause de cette mutation. Pour lui ça n’avait pas de sens. Il voulait bien croire que certains étaient dangereux, il ne savait pas quelle pouvait être la limite des pouvoirs donnés par cette mutation, mais c’était pareil pour les humains les plus normaux, il y en avait des dangereux et des qui ne demandaient rien d’autre au reste du monde qu’un peu de paix. C’était bien ce qu’il voulait lui, qu’on le laisse vivre en paix dans son coin sans essayer de le tuer sous prétexte qu’il n’était pas normal, cette vision du monde, n’était ni plus ni moins qu’une forme de xénophobie et c’était à ses yeux aberrant.

Les propos qui sortaient de la bouche de Talisa étaient également aberrant. Il comprenait bien le sous entendu sous ses paroles, il n’était pas complètement stupide et elle n’avait sans doute rien fait pour dissimuler le fond de sa pensée. S’il avait eu ne serait-ce que l’envie de lui taper dessus pour régler ses problèmes, il l’aurait sans doute déjà fait, il n’aurait pas attendu qu’elle lance le sujet. Et lui ce qu’il qualifiait de trucs c’était les objets, après si elle voulait elle-même se qualifier comme ça c’était son problème. « Pas tous les problèmes. Pas question de taper sur un ordinateur par exemple, mais la dernière fois, le micro-onde marchait plus, j’ai tapé dessus il est reparti. » Il était suffisamment doué en informatique pour pouvoir réparer un ordinateur sans être obligé de taper dessus, au fond même son micro-onde il aurait pu essayer de le démonter pour voir ce qui n’allait pas dedans, bien qu’il soit carrément plus doué avec les ordinateurs, ça semblait dater d’une autre vie à présent, mais avant tout ça, il avait été informaticien, pas très longtemps, mais il l’avait été. Elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait en cas, il ne tapait pas sur autre chose que sur les objets et ce même si à ses yeux il était ce type dangereux dont il fallait absolument se méfier. « Puisque tu sembles savoir tout mieux que tout le monde, je ne me permettrais pas de te contredire, ô grande Talisa. » Le monde semblait presque être une évidence dans les yeux de Talisa. L’ascenseur était vieux alors en tapant dessus, il allait le faire écrouler, bien évidemment. Il était un transmutant, alors forcément il était dangereux. Des idées toutes faites, des certitudes qui semblaient ancrées en elle de façon tellement naturelle que ce n’était même pas la peine d’essayer de discuter avec elle de toute façon, elle était toujours raison, même si elle avait tort et qu’on lui prouvait par a+b, elle aurait raison. C’était l’image qu’elle dégageait en cet instant précis et ça avait quelque chose de définitivement insupportable. « Bha, si maintenant on a même plus le droit de monter dans le même ascenseur que toi, princesse. » Il laissa échapper un  long soupire. Maintenant assis avec sa bière en mains, il réalisait qu’il faudrait bien qu’il soit complètement bourré s’il voulait pouvoir supporter Talisa aussi longtemps qu’ils seraient restés coincés dans cet ascenseur. Et dire qu’il était resté en ville à cause d’elle ? Sérieusement ça n’en valait pas la peine. Si c’était pour être traité comme ça, peut-être qu’il ferait mieux de partir d’ici rapidement et d’essayer de retrouver son frère. Même s’ils n’arrêtaient pas de se prendre la tête tous les deux, il semblait qu’il restait plus facile à vivre que Talisa. Il détourna le regard vers la jeune femme, un regard noir tant il sentait son sang bouillonner un peu plus à chaque parole qu’elle prononçait, se faire insulter par une gamine qui n’avait pas la moindre idée des difficulté qu’il avait rencontré dans sa vie ça allait bien cinq secondes. « C’est vraiment si important que ça hein ce que je suis ? Tu veux savoir quelque chose d’autre ? La dernière personne a qui j’ai raconté ce détail insignifiant de ma vie, à fait tuer ma sœur. » C’était clairement insignifiant à ses yeux. Qu’est-ce qu’elle aurait voulu savoir d’autre sur lui ? A quel âge il avait eu  la varicelle ? S’il avait des problèmes médicaux ? Il aurait peut-être du lui confier son dossier médicale dès qu’il l’avait rencontrée tiens. Il lui avait dit que sa sœur était morte, au moins, ce ne serait pas une surprise, elle n’allait pas lui reproché d’avoir menti  parce qu’il n’avait pas pris le temps de lui raconter sa biographie dans les moindres détails. « Et j’étais à deux doigts d’épouser cette personne. Forcément, j’ai pas envie de parler de ça à qui que ce soi. » Il avait raison, vu l’amour qu’elle semblait porter au gens comme lui, si elle l’avait su plus tôt elle se serait débrouillée pour le faire assassiner, ce n’était pas comme si elle n’en n’avait pas les moyens. « Tu n’as jamais posé la question, je n’ai jamais dit ne pas être un transmutant alors techniquement, je n’ai pas menti. » Il laissa échapper un soupire avant de reprendre. « Je ne t’ai probablement pas dit que j’adorais les tartes aux pommes et que mon premier animal de compagnie était un labrador répondant au nom de Yoda, parce que quand j’étais plus jeune je rêvais de devenir un maitre Jedi. Quel menteur je fais. » Il détourna les yeux dans un énième soupire et voilà qu’il fallait qu’elle mette son père sur le tapis. Il aurait tout entendu ce soir. « Je suis désolé, mais j’aurais plus d’intérêt pour ton père s’il s’agissait de George Lucas. Je ne savais même pas qui était ton père la première que je t’ai parlé et pourquoi Diable est-ce que je voudrais atteindre ton père ? » Ça semblait complètement stupide aux yeux d’Eremon. Son père n’était que le maire d’une ville perdue au fin fond du Kansas. Franchement, il n’avait aucun intérêt à se rapprocher d’elle pour atteindre son père. Il préférait même l’éviter celui là, il ne le connaissait pas personnellement, mais il n’avait pas franchement l’air d’être l’homme le plus gentil de la planète. « Est-ce que ça semble vraiment impossible que je t’ai aidée pour t’aider, juste parce que je n’avais pas envie que te voir mourir ? » C’était bien pour ça qu’il l’avait sauvée, il n’y avait pas d’autres raisons farfelue à son geste, même son affection pour elle, au fond, ne rentrait pas totalement en compte dans cette histoire. Si elle avait été une parfaite inconnue à ce moment là, il aurait aussi voulu la sauver ; simplement parce qu’il était bien loin du dangereux psychopathe qu’elle devait imaginer à chaque fois qu’on parlait de transmutant autour d’elle. « Mes parents m’ont donné Eremon en second prénom. Mes parents ont donné ce prénom à leur gosse. » Ses parents qui étaient morts dans un accident de voiture, chose qu’elle savait aussi, parce qu’il ne lui avait pas menti en lui dissimulant cette information. « Ciaràn Eremon Borthwick. C’est comme ça que je m’appelle. » Il ne savait même pas pourquoi il lui disait ça, c’était même l’idée la plus stupide qu’il avait eu, probablement depuis cette fois où, cinq mois plus tôt, il avait décidé de s’installer à Radcliff. Maintenant qu’elle avait son nom, elle pouvait bien le crier sur tous les toits pour qu’Oswin et ses nouveaux amis hunters viennent le trouver le tuer. D’un geste là, il déposa la bière qu’il avait en main à côté de lui, finalement, autant gardé l’esprit clair, si ça se trouve au moment où il sortirait de cet ascenseur, on essaierait de le tuer. Ce n’était après tout pas comme si Talisa avait une grande considération pour sa vie, sinon, elle comprendrait pourquoi il était obligé de mentir pour rester en vie.

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MessageSujet: Re: (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems.   (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems. Icon_minitimeVen 9 Mai 2014 - 22:20



it only led me where i should not go
— TALISA LANCASTER & EREMON MORIARTY —
We know full well there's just time, so is it wrong to dance this line. If your heart was full of love, could you give it up? 'Cause what about, what about angels. They will come, they will go make us special. Don't give me up, don't give me up. How unfair, it's just our luck found something real that's out of touch. But if you'd searched the whole wide world, would you dare to let it go? 'Coz what about, what about angels. They will come, they will go make us special. Don't give me up, don't give me up. It's not about not about angels.

De son coin, la seule distraction qui s’offrait à Talisa était celle de ses doigts, se rencontrant juste contre ses genoux ; si blancs, si frêles qu’elle n’en était guère surprise, finalement, que tout le monde la considère comme une pauvre petite chose vulnérable. Si seulement elle avait pu avoir plus de prestance, plus de dignité dans la moindre de ses attitudes, peut-être qu’on aurait décelé d’elle des airs plus redoutables, qu’on se serait plus méfié d’elle. Moins joué d’elle, en tout cas. A côté de l’homme à la prestance incroyable qu’était son père, elle ressemblait à une faible petite chose qui avait bien des choses à prouver : à raison, puisqu’en définitive, elle s’était faite avoir par les bonnes paroles, l’oreille attentive et la présence d’Eremon dans sa vie. Âme solitaire, âme en perdition, Talisa s’était réfugiée auprès de la mauvaise personne, alors que son existence basculait du tout au tout : de moins en moins souvent elle voyait son père, tant celui-ci était submergé par des responsabilités propres à sa nouvelle fonction ; ils se perdaient, irrémédiablement, tout autant que les repères de la brune s’envolaient à mesure qu’elle découvrait la vie par elle-même. Cantonnée aux limites qui lui avaient toujours été accessibles, Talisa avait longtemps cru tout savoir de la vie, d’au combien celle-ci était faite de teintes de noir et de blanc, entrant en confrontation avec force. Elle était une blanche petite colombe, que l’on pouvait blesser au moindre toucher, celle que l’on protégeait comme on n’avait pas su protéger sa mère : elle était la petite orpheline, la petite fille recroquevillée sur le sol que les circonstances avaient frappé de plein fouet. En somme, elle n’avait rien demandé, voulait-elle répondre au Bon Dieu, au hasard ou aux circonstances qui avaient décidé de faire dérailler ses jours d’une telle manière. A chaque pas qui l’avait éloignée de la prise de son père, l’imprudente avait découvert des teintes de gris bien plus compliquées à sonder que ce qu’elle aurait cru - finalement, les choses, la vie, cette nature imprenable qui reprenait toujours ses droits, était bien compliquée. Trop compliquée pour elle, petite fourmi prise dans un cycle gigantesque : elle n’était qu’une humaine, une fille de, âgée de vingt-deux ans à peine, quelqu’un qui n’avait jamais quitté la vie confortable que son père lui avait offerte, quelqu’un qui se réfugiait derrière la protection de gardes du corps sans même savoir pourquoi. Parce que c’était mieux, parce qu’elle avait cru saisir que c’était dans leurs nouvelles obligations vis à vis de cette ville ; en quoi tout cela importait, au fond ? C’était bel et bien seule qu’elle se retrouvait en compagnie d’Eremon, à fuir tantôt tout contact visuel, pour l’instant d’après chercher la confrontation à tout prix. Avec lui, c’était comme toujours, un océan insondable de songes qui se mouvait dans sa tête, sujet à une brusque tempête de ses sens : elle ne savait pas si elle voulait lui crier dessus, ou plutôt pleurer. Ou plutôt fuir, ou plutôt faire comme si de rien n’était. Si elle le détestait, ou si elle ressentait encore ces papillonnements de malaise au creux de ses entrailles pour d’autres raisons. La belle époque de son innocence vis à vis de lui avait glissé entre ses doigts en une fraction de seconde : et elle ne savait pas si elle aurait voulu refermer ses poings fermement pour la retenir, ou si elle l’avait laissée filer parce que c’était la meilleure chose à faire. A Eremon, elle avait livré de nombreuses choses sur sa vie, ces pensées secrètes qui naissaient au fond de son esprit, ces doutes qu’elle ne pouvait livrer à son père, ce désir incontrôlable qu’elle avait de quitter ce petit bled pour découvrir le monde. Pour ne plus être la fille du maire, également. Pour ne plus se sentir stupide tant elle était naïve et fragile, craintive à outrance et vulnérable. Et lui, il lui avait menti. C’était tout ce à quoi elle pouvait penser, alors que ses poumons avalaient le même air que celui que respirait Eremon, alors que ses lèvres étaient étroitement serrées dans un silence de plomb : s’il n’avait pas jugé bon de lui révéler sa véritable nature, qu’est-ce qui disait qu’il n’avait pas menti pour tout le reste ? Qu’il ne lui avait pas menti sur les circonstances de leurs rencontres ? A mesure qu’elle avait réfléchi à tout ça, dans son coin, avec seul son esprit pour lui répondre, toute une avalanche de certitudes s’était amoncelée dans sa tête - peut-être que c’était plus simple, d’ailleurs, de croire tout savoir sur cette situation ; demander des comptes au jeune homme reviendrait à lui donner d’autres possibilités de lui mentir.

Comme pourrait-elle faire taire toutes les pensées qui l’électrisaient à l’instant précis ? Peu à peu, à mesure qu’il ouvrait la bouche, que leurs tons se faisaient exécrables et offensifs, elle oubliait presque la situation dans laquelle il se trouvait. Ses craintes sur l’ascenseur qui risquait de s’effondrer dans sa cage, sur le confinement qui les coinçait ici, l’un avec l’autre : pourraient-ils en venir à manquer d’air, tant les portes étaient serrées l’une contre l’autre ou l’air parvenait-il encore à glisser quelque part ? Elle n’en savait rien, mais cet instinct de survie représentait bien un petit cri au fond des débats qui se jouaient dans sa tête, prêts à lui donner la migraine si elle continuait à être déchirée de la sorte. Picoler aurait sans doute été une bonne façon de faire taire, lentement mais sûrement, le moindre de ces songes parasites, les remettre au lendemain. Fuir. Assise comme elle l’était, elle avait comme l’âpre sentiment de se laisser abattre, d’être une proie devant les paroles, sous le regard du transmutant qui lui faisait face. Quand bien même elle ne le regardait pas, s’acharnant à avoir son regard plaqué contre la paroi de l’ascenseur comme si c’était la chose la plus intéressante qu’elle ait jamais vue, Talisa fit preuve d’un entêtement sans borne pour faire mine de ne même pas écouter ce qu’il disait. Pourtant, c’était presque malgré elle qu’elle sentait la voix d’Eremon, le moindre de ses mots glisser jusqu’à ses tympans, résonner au fond de son esprit. Sans pour autant y trouver le moindre sens. Elle en vint même, par orgueil pur et dur, à avoir un ricanement, ses yeux se levant vers le ciel : y avait-il quoique ce soit de comparable entre un chien de son enfance et le fait qu’il soit un transmutant, un potentiel danger pour elle ?! Ces mots auraient pu, auraient dû franchir la bouche de la brune, rageusement, comme si elle défendait bec et ongle sa vie contre son oppresseur. Mais elle n’en fit rien, se relevant brusquement, peu soucieuse de faire s’effondrer dans sa cage l’ascenseur à présent, alors qu’elle tournait en rond à son tour, qu’elle prenait une profonde inspiration, une goulée d’air pour contrôler les tremblements nerveux qui s’emparaient d’elle. Elle n’aurait pas dû se trouver ici, elle aurait dû prendre les escaliers, ou préférer à cette journée shopping, l’isolement de sa chambre. Elle aurait dû ne jamais plus revoir Eremon, ne jamais plus lui parler et ne surtout pas l’écouter. « Bah voyons, je ne t’ai pas demandé ! C’est vrai que c’est ce que je devrais faire dès que je rencontre quelqu’un visiblement, lui demander s’il est humain ou s’il a des super-pouvoirs incontrôlables ! » L’existence des transmutants, de ce qu’ils pouvaient faire, lui faisait tellement peur à vrai dire, qu’elle ne voulait pas imaginer en avoir dans sa vie : ils avaient tué sa mère, sans crier gare, sans tenir compte de la vulnérable chose qu’elle était, en simple humaine. Vulnérable, elle l’était aussi, petite Talisa Lancaster en proie à un stress incontrôlable qui rendait sa respiration plus bruyante : elle aurait bien voulu continuer de s’énerver, mais elle dut abattre ses mains sur ses hanches pour reprendre de l’air, le sentiment d’étouffer lui crispant la gorge. Allait-elle être pathétique au point de pleurer, dans de telles circonstances ? Non, non, jamais. « Ce serait normal après tout, puisque moi le dernier transmutant en qui ma famille a eu confiance, a tué ma mère ! Ma mère, alors que j’étais qu’une gamine, et qu’elle n’avait rien demandé, et qu’elle n’était certainement pas... » Elle allait achever sa phrase avec un comme mon père empli d’une colère sourde, mais elle se tut : son père représentait tout pour elle, son père avait raison sur la nature des transmutants, la façon qu’ils avaient de se jouer des autres, de ruser pour dominer tous ceux qu’ils considéraient comme faibles. Elle pivota sur ses pieds pour faire face au mur de l’ascenseur, plaquant une main sur sa bouche, fermant les yeux de longues secondes pour retenir des larmes de venir trop flirter avec ses paupières. « Tu ne peux pas m’avoir aidée pour m’aider... si tu avais voulu ma sécurité, tu m’aurais dit ce que tu étais, parce que je sais très bien comment ça marche ! C’est quoi ton truc alors ? Si je te touche je meurs ?! Tu pouvais lire dans mes pensées peut-être, et ça t’amusait ?! » Elle s’était de nouveau tournée vers lui, et elle aurait voulu pouvoir saisir la bouteille de bière qu’il avait abandonnée pour la balancer, mais l’espace était tant réduit ici qu’elle se retint de faire une telle chose. « Eh bien tu as sans doute dû découvrir tout ce que tu devais savoir sur moi ! Parce que mon nom est Talisa Lancaster, parce que je suis la fille du maire, une pauvre imprudente débile qui se fie à n’importe qui, même si on me répète de ne pas le faire ! Ma mère est morte pour avoir commis les mêmes erreurs que moi, mais je suis visiblement trop idiote pour apprendre quoique ce soit ! Et même si des gens cherchent à me tuer au point que je doive aller acheter des robes accompagnée de trois gardes du corps collés à moi, je t’ai dit mon vrai nom, et j’ai toujours été honnête avec toi ! » Et plus il avait ouvert la bouche pour se livrer, plus elle avait compris à quel point elle s’était fourvoyée sur son compte : elle aurait pu être l’adolescente écrivant le nom de son amoureux dans un carnet, elle n’aurait même pas écrit son vrai nom, quel pathétisme ! « Qu’est-ce que je suis censée croire hein ?! Que tu as vraiment appelé ton chien Yoda et que tu me détestais pas tout le long de nos rencontres parce que tu savais pertinemment qui j’étais, ce que tu étais ?! Que je dois te croire, alors que tout ce que tu as fait, c’est me cacher des choses sur toi depuis le jour où on s’est rencontrés ?! Et c’est ça ton prétexte, je n’ai pas demandé ?! » Une larme de rage avait roulé sur sa joue, et pour ne pas qu’il la voit, Talisa se détourna rapidement, pour à son tour se ruer sur les boutons de l’ascenseur. « Et j’en ai marre de toi ! J’te déteste, je veux sortir ! » Elle était loin celle qui avait cru qu’il allait tout faire s’écrouler, puisque déjà ses doigts s’excitaient sur le bouton d’appel, qui sonnait dans le vide. Comme si elle écoutait les conseils du jeune homme, elle tapa également sur les autres boutons, son coeur s’emballant dans une valse colérique qu’elle était incapable de maîtriser, déchirée entre l’inquiétude, le stress qui croissaient en elle, et cette colère si longtemps retenue à l’égard d’Eremon... ou quel que soit son nom. « Hey ! Sortez moi de là, ou j’vous fais tous virer ! » Généralement, ses caprices s’appliquaient au chantage qu’elle apposait pour avoir ce qu’elle voulait de son père, pour attirer son attention, mais ce soir, elle se montrait déjà plus redoutable ; elle était sûrement prête à mettre ses menaces à exécution, quand bien même celles-ci résonnaient sans obtenir la moindre réponse.
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Calista Wolstenholme
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MessageSujet: Re: (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems.   (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems. Icon_minitimeSam 10 Mai 2014 - 1:33

La relation qu’Eremon avait eu avec Talisa lui avait toujours semblé être agréable, il s’était attaché à la jeune femme bien plus qu’il ne l’aurait dû, il ne savait pas vraiment pourquoi. Une chose était sûre, il savait qu’il ne s’était pas attaché à elle à cause de son paternel. Il savait maintenant qu’il était le maire de Radcliff, qu’il était cet homme détestable en tout point qui avait une haine débordante envers les transmutant. Elle était sa fille, évidemment qu’elle pensait comme lui. Il n’aurait peut-être même pas dû être surpris qu’elle le rejette après même qu’il lui ait sauvé la vie. Cette haine devait certainement être dans les veines Lancaster, tout comme, l’agressivité et la violence devrait apparemment résider dans le génome X. C’était bien ce que pensaient des gens comme Lancaster. C’était bien déplorable qu’il ait transmis ça à sa fille, une fausse idée complètement stupide. Bien évidemment que lui, il ne regrettait pas de n’avoir pas parlé de sa mutation avec Talisa, jamais il n’aurait pu nier ce lien qu’ils avaient noués. Si elle avait su en un regard qui il était elle aurait simplement crié à l’aide sans même prendre le temps d’essayer de le connaitre. Ils ne se seraient jamais connus comme ils s’étaient connus si elle avait su. La seule chose qu’il regrettait dans cette relation, c’était comment elle s’était terminée. Dans le reste il n’y avait rien à regretter, si ce n’est cette haine qu’elle avait pour les gens comme lui. Une haine injustifiée selon lui. Il était trop tard à présent pour faire marche arrière, quoi qu’il dise ça n’effacerait pas l’impression de trahison qui résidait à présent dans le cœur de la jeune femme et lui, il ne pouvait plus regarder la jeune femme sans y voir la haine qu’elle éprouvait envers ce qui n’était au fond qu’un gène parmi tant d’autres. Elle ne le jugeait plus que sur ça maintenant, pourtant ce n’était pas ce gène qui faisait de lui un homme complètement différent de celui qu’elle avait connu. Il était toujours le même, avec ou sans ça, qu’est-ce que ça pouvait bien changer ? Pour lui pas grand-chose, parce qu’il savait que cette mutation ne le rendait en rien plus monstrueux qu’un autre, pour elle tout, puisqu’elle était persuadée qu’il s’agissait là de la pire abomination que le monde ait connu. Ils n’étaient donc plus rien l’un pour l’autre. L’idée d’être coincé l’un avec l’autre dans cet ascenseur leur était aussi désagréable à l’un comme à l’autre. Peut-être l’était elle-même plus pour elle, après tout elle était persuadé qu’il était un dangereux psychopathe qui menaçait de la tuer à tout moment. Stupide idée puisqu’il avait risqué sa couverture et donc sa vie pour sauver la sienne. S’il l’avait voulu morte, il n’aurait certainement pas agit de la sorte. Il l’aurait laissée mourir ce jour là, mais non, il lui avait sauvé la vie, détail qui apparemment n’avait pas la moindre importance pour elle. C’était plus facile de le blâmer de lui avoir soit disant menti plutôt que de le remercier vu qu’il représentait tout ce qu’elle détestait dans ce monde. Qu’elle le blâme, qu’elle le déteste alors, au moins, ça lui permettrait de comprendre que plus rien ne le retenait à Radcliff, qu’il pouvait quitter cette maudite ville l’esprit tranquille avait d’être tué comme Lyanna avait été tuée. Une nouvelle fois, c’était Loeven qui avait eu raison. Lui, stupide comme il était il avait voulu croire qu’avec Talisa ça pouvait être différent. Il avait eu tort. Elle ne valait pas la peine qu’il reste ici. Là dans cet ascenseur, il ne pouvait s’empêcher de penser que, dès le jour suivant, il ferait ses bagages et quitterait la ville. Talisa ne s’en porterait que mieux, quant à Oswin, l’idée de venir se venger d’elle était à la base complètement stupide. C’était une idée purement suicidaire et tuer Oswin, tuer son partenaire, au fond ça ne ferait que prouver à Talisa qu’elle avait raison sur son compte. La vengeance ne comptait plus, sans doute qu’elle avait cessé de compter à la seconde même où il avait rencontré Talisa. Le regard plongé dans celui de la jeune femme il avait cru qu’il pouvait trouver un autre but à sa vie. Maintenant plus que jamais, assassiner de ses mains ceux qui avaient tués sa sœur lui semblait aussi grotesque que stupide. Il n’en ferait rien. Il quitterait cette ville comme il avait quitté toutes celles dans lesquelles il avait vécu jusqu’à présent et il continuerait sa route, cette longue route sans fin qui le menait de ville en ville sans jamais s’arrêter plus de quelques mois. Cette vie d’errance à laquelle il était condamné parce qu’il était un monstre dans les yeux de trop de personnes, simplement à cause d’un gène muté.

Il fallait que les portes de cet ascenseur s’ouvrent au plus vite. Il fallait que cette conversation s’arrête car elle n’avait pas de sens. C’était un débat sans fin, un conflit qui ne se réglerait jamais. Il semblait qu’ils n’étaient plus du même monde à présent et ils pouvaient bien passer la nuit entière à parler, rien ne changerait. C’était sans doute sa vie entière que Talisa avait passé à détester les mutants. Vingt-deux longues années pendant lesquelles ont lui avait appris qu’ils étaient mauvais, dangereux, détestable. Une nuit, des jours, des années, ça ne suffirait pas à détruire les idées qui étaient ancrées au plus profond d’elle-même. Il n’y avait rien qu’il puisse faire pour changer les choses. Même s’il s’excusait de lui avoir soit disant menti, ça ne changerait rien, elle avait peur de lui à présent. Elle avait sans doute peur qu’il la tue dans cet ascenseur, qu’elle n’en sorte jamais en vie. Pourtant, si elle devait mourir ici, ce ne serait pas à cause de lui. S’il pouvait, il lui sauverait même la vie une nouvelle fois, juste pour lui montrer qu’il ne voulait pas lui faire du mal, qu’il n’était pas mauvais et qu’elle avant tout aussi tort que son imbécile de père. Pour l’heure, il n’y avait rien qu’il puisse faire pour l’aider. Pour ça il pourrait remercier Kylan et sa stupide manie de s’amuser à lui refiler son stupide don. Mémoire décuplée qui ne lui servirait que ‘il avait déjà appris une fois dans sa vie à débloquer les portes d’un ascenseur pourris au fin fond d’une ville perdue. En plus, ils avaient tellement de chance, qu’il aurait pu parier qu’ils étaient bloqués entre deux étages. La vie était été trop simple sinon, or la simplicité ça ne faisait définitivement pas parti du quotidien d’Eremon. « Si ce n’était pas évident pour toi de poser la question, pourquoi est-ce qu’il aurait fallu que ce soit évident que je te parle de ça ? Si c’était si important pour toi de le savoir, rien ne t’empêcher de demander. J’aurais répondu. » Il n’aurait pas cherché à nier ce qu’il était si elle le lui avait demandé et si c’était vraiment si important que ça de savoir si quelqu’un était un humain ou un transmutant, pourquoi ne pas poser la question ? C’était évident que dans une ville comme Radcliff, parler de ça, c’était presque comme signer son arrêt de mort. Elle était la fille du maire, ce type qui voulait voir les gens comme lui pendu sur la place publique de la ville, sérieusement, elle pensait que c’était si facile pour les gens comme lui de balancer une telle information ? Dire à quelqu’un qu’on était un transmutant à Radcliff c’était risquer de se retrouver avec un flingue sur la tempe dans la seconde, alors le dire à la fille du maire ? C’était carrément du suicide, autant qu’il se dire une balle lui-même ça aurait été plus rapide. « Et un humain à tuer ma sœur et je n’ai pas peur de toi pour autant Talisa ! » Il ne pensait pas que le meurtre était monnaie courante spécifiquement chez les transmutants, c’était dans la nature humaine, tuer pour tuer, c’était typiquement humain et ce depuis la nuit des temps, ce n’était pas un gène en particulier qui faisait de quelqu’un un tueur. « Ta mère n’avait rien demandé, tout comme ma sœur. Elle avait le pouvoir de soigner les blessures, elle pouvait sauver des vies. Est-ce que son don était un danger pour la société ? » Certainement pas. Elle aurait pu sauver des vies, c’était tout ce qu’elle avait toujours voulu faire, aider les autres. Elle était tout autant innocente que la mère de Talisa et elle avait été tuée tout comme cette dernière. Il laissa échapper un léger soupire. Avant de poser son regard sur la jeune femme. « Je t’ai aidée pour t’aider. Je ne suis pas un danger pour toi. Je copie les pouvoirs des autres. D’habitude j’ai le même que mon frère, contrôler le métal, ouvrir les portes d’un putain d’ascenseur, admet que ce serait nettement plus pratique que d’attendre tes gardes du corps. Mais mon frère est parti, donc, pour le moment, je peux juste … me souvenir de tout ce que j’ai vu, vécu, entendu et avoir une grosse migraine tout le temps. Super dangereux hein ? » De toute évidence s’il devait la tuer dans cet ascenseur ce ne serait pas grâce à son pouvoir. Il n’était pas plus dangereux qu’un humain lambda, qu’elle le veuille ou non, elle serait plus avisée d’avoir peur de n’importe quel type un peu bizarre dans la rue mais n’ayant pas le génome X, que de lui. « Je n’ai pas envie de te tuer moi. Toi en revanche, Talisa Lancaster, fille du maire, tu peux me faire tuer à la seconde où on sortira de cet ascenseur. Donne l’ordre à tes garde du corps ou dit le à ton père et je suis mort et tu n’es qu’une humaine. » Elle pouvait être sûre que si elle disait un mot à propos de ce qu’il était, il se ferait tuer dans la seconde. Il espérait qu’elle ne le ferait pas, où qu’elle lui laisserait le temps de s’enfuir avant. Si elle le faisait, il faudrait peut-être qu’elle admette qu’humain ou transmutant, ils étaient tous aussi dangereux les uns que les autres. « Le nom de mon chien était définitivement Yoda. Tu ne peux pas comprendre. Te dire ce que j’étais ça aurait été comme dire à la fille d’Hitler que j’étais juif pendant la seconde guerre mondiale. Je cache ce que j’ai à cacher pour sauver ma vie et celle de mon frère et je ne vais certainement pas m’excuser pour ça. » Fille à papa qu’elle était, elle ne savait certainement pas ce que ça faisait de devoir cacher quelque chose pour sauver sa propre vie. Si elle n’en faisait pas qu’à sa tête, elle n’aurait jamais été confrontée à la mort. Toujours protégée de partout, elle était la dernière personne au monde qui pouvait le comprendre. « Et bien déteste moi. » Il laissa échapper un long soupire. C’était déjà fait, elle le détestait, pas parce qu’il était insupportable comme garçon, pas parce qu’il lui avait fait du mal, simplement parce qu’il était un transmutant et qu’elle avait appris à tous les détester sans jamais se poser de questions. Là voilà qui commençait à s’énerver maintenant, elle-même qui avait râlé quand il avait fait pareil. « Je croyais que taper sur les choses ça servait à rien. A moins que finalement, tu ais envie qu’on s’écrase dans la cage d’ascenseur. » C’était bien ce qu’elle lui avait reproché au début. Lui il était calmé à présent, ça ne servait à rien de s’énerver de toute façon, que ce soit contre l’ascenseur ou contre Talisa. Dans un nouveau soupire il se leva avant de se diriger vers les portes, si l’ascenseur était si vieux qu’elle le disait, elle ne devait pas être impossible à pousser, au moins les entrouvrir pour que ses gardes du corps entendent ses menaces. Après quelque effort, la porte c’était bien entrouverte et ils pouvaient maintenant contempler le mur, ils étaient bien coincés entre deux étages. « Ils ne peuvent pas t’entendre, tu peux crier tant que tu veux, on est entre deux étages. » Il en avait été presque sûr avant même de débloquer un peu la porte, le manque de réseau, ses gardes su corps qui n’étaient toujours pas intervenu malgré le bouquant dans l’ascenseur c’était assez clair. Malgré le manque de lumière il jeta un coup d’œil au plafond. « Il y a peut-être une trappe par laquelle tu pourrais passer pour voir si au dessus de l’ascenseur c’est juste le mur où s’il y a moyen de sortir. Si on trouve la trappe, je peux t’aider à grimper … seulement si tu n’as pas peur que je te tue. » Bien sûr, il fallait qu’elle lui fasse confiance pour ça et ce n’était pas gagné. Il fallait aussi qu’ils trouvent la trappe et qu’ils arrivent à l’ouvrir, vu que les éclairages de secours n’étaient pas très efficaces, ce n’était pas gagné non plus, et puis il avait l’impression qu’ils avaient tellement la poisse que l’accès à l’étage supérieur serait trop haut pour que Talisa puisse l’atteindre ou la cage d’ascenseur serait juste trop sombre pour prendre le risque de grimper sur l’engin. Il avait cessé de croire en la chance depuis un long moment déjà.
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MessageSujet: Re: (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems.   (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems. Icon_minitimeSam 10 Mai 2014 - 3:31



it only led me where i should not go
— TALISA LANCASTER & EREMON MORIARTY —
We know full well there's just time, so is it wrong to dance this line. If your heart was full of love, could you give it up? 'Cause what about, what about angels. They will come, they will go make us special. Don't give me up, don't give me up. How unfair, it's just our luck found something real that's out of touch. But if you'd searched the whole wide world, would you dare to let it go? 'Coz what about, what about angels. They will come, they will go make us special. Don't give me up, don't give me up. It's not about not about angels.

Aussitôt qu’on connaissait son nom, elle le savait, on lui jetait des regards en biais. Circonspects, interrogatifs, emplis de dégoût et de colère. De respect, de peur. Les transmutants la détestaient, certains humains la détestaient également. D’autres l’ignoraient juste. La brune, avec le temps, ne savait toujours pas ce qui était le plus offensant pour sa personne ; ceux qui disaient qu’elle était une pauvre fille lobotomisée par son père qui n’y comprenait rien, ou ceux qui avaient peur d’elle ou la haïssaient sous prétexte qu’elle était la fille de son père ? Son tort à elle coulait dans ses veines, palpitait sous sa peau à chaque battement de son coeur. Il se limitait à quelques lettres apposées après son prénom : finalement, parfois mentir lui aurait semblé être une bonne chose, se libérer du poids de certains regards, certaines considérations qu’elle sentait par-dessus son épaule. Mais à mesure que son père gagnait en renom, Talisa apparaissait de plus en plus souvent dans les medias à ses côtés, comme une sage petite fille qui n’adressait pas le moindre mot à la presse, fuyait les regards mais défendait son père. Son père était humain, son père souffrait tout autant qu’elle de cet éclair brûlant le fond de ses entrailles, le deuil, la tristesse, le manque de cette personne, dont l’esprit continuait de planer entre les murs de la maison familiale. Bien souvent, Thaddeus Lancaster disait à sa fille qu’elle ressemblait trait pour trait à sa mère, qu’elle avait le même caractère doux et bienveillant - que ceci n’était que le meilleur prétexte pour qu’elle soit surprotégée, englobée dans un cocon qui était devenu un bouclier pour elle. Entourée de ses gardes du corps, ces silhouettes la suivant comme son ombre, les regards des autres lui avaient fait moins peur, quand bien même elle avait continué de ressentir des frissons de dégoût, d’incompréhension. Comme tous les autres, elle réalisait peu à peu qu’Eremon s’était fait une idée sur elle aussitôt qu’il avait compris qui elle était : comme la fille d’Hitler avait-il dit, marquant d’une estafilade, sans même le savoir le coeur de la brune - son père n’était en rien comme ce monstre qui avait marqué une page sanglante de l’histoire. Elle ne voulait pas y croire, ne pouvait pas accepter de telles paroles, de tels propos concernant l’homme qui l’avait engendrée. L’homme qui l’avait élevée, et qui vouait pour elle, un amour incommensurable : c’était donc ça, la seule personne apte à l’aimer était un être que tout le monde détestait ? Peut-être bien que les Lancaster étaient maudits, promis à ne vivre que les uns avec les autres, Talisa à ne pouvoir supporter sur elle que le regard de son père. Au moins, ses oeillades à lui étaient remplies de fierté, d’orgueil, d’un amour certain - c’était toujours mieux que les regards qu’elle sentait sur sa peau, brûlants, de la part d’Eremon. Il l’avait jaugée, jugée tout autant qu’elle l’avait fait ces derniers jours, enfermée dans sa chambre à fuir sa présence, son souvenir. Lui, cependant, il avait commencé le jour même où ils s’étaient rencontrés quand, elle, naïve et stupide, elle s’était contentée de croire tout ce qu’il lui disait, d’écouter, de boire ses paroles et de vivre simplement cette relation qui se tissait entre eux. Elle avait été assez imbécile pour la croire privilégiée en quoique ce soit, pour croire qu’il n’y avait pas qu’elle, qui se retrouvait désarçonnée dès que leurs regards se croisaient, qu’il n’y avait pas qu’elle qui était tant submergée par des sentiments indescriptibles, qu’elle avait été à mille lieux de calculer quoique ce soit quand ils se parlaient. Tout n’avait été que mathématiques impérieuses entre eux, de la part d’Eremon, et subitement, tout se remettait en question à l’esprit de la brune : tout ce qu’il avait pu lui dire, tout ce qui pouvait revêtir l’allure de mensonges à présent. Comment pouvait-elle lui faire confiance, alors qu’il lui servait avec arrogance tous les prétextes du monde pour justifier ses mensonges - ceux qu’elle avait découverts, en tout cas ? Que se passerait-il si elle fiait en lui à nouveau une quelconque confiance ? Il lui mentirait encore, sans aucun doute ; qu’il soit un transmutant dangereux ou non, il semblait avoir toutes les raisons de lui cacher des choses, de se foutre d’elle comme de n’importe quelle imbécile qu’il aurait rencontrée dans la rue. Comme la fille d’Hitler qu’un juif aurait eu le malheur de croiser : elle était ça, la plaie dans son existence, celle dont il se serait volontiers débarrasser pour sauver sa peau ; alors qu’Eremon s’était approché de la porte pour tenter de l’ouvrir, Talisa s’était brusquement éloignée, se laissant à nouveau tomber par terre, jambes serrées contre sa poitrine, regard baissé.

Cet âpre sentiment qu’elle avait, de ne plus jamais être capable de le regarder en croyant tout comprendre de lui, elle le ressentait plus vif que jamais au fond de ses entrailles. Sans doute que si elle avait grandi avec sa mère, elle aurait pu apprendre des qualités telles que l’altruisme, la générosité, la tolérance : pourtant, toutes ses chances s’étaient envolées quand on lui avait pris sa mère, et toute la confiance que sa famille avait pu attacher à cette nouvelle race s’était transformée en rage. C’était un réflexe humain, au fond, que de détester la bannière sous laquelle résidaient ceux qui avaient détruit sa vie, ceux qui l’avaient privée d’une mère ; de la plupart de ses repères, alors qu’elle n’avait été, au fond, qu’éduquée à moitié par son père tant celui-ci avait été pris dans des obligations variées. Il avait beau l’aimer, celui-ci l’avait bien délaissée à de nombreuses reprises, à des périodes cruciales de sa vie : c’était ce qui avait permis à Talisa de nouer des liens si forts avec certains de ses gardes du corps, ceux qui la suivaient depuis bien longtemps déjà. Eux, ils en connaissaient sans doute plus sur elle que son propre père, quand bien même Thaddeus Lancaster donnait toujours l’impression d’être le paternel exemplaire. Il n’en était rien, et jamais la vie de Talisa n’avait été aussi rose qu’il n’y paraissait : solitaire, elle était devenue à présent partagée entre dangers, trahisons et goût d’inachevé. Elle avait envie de quitter cette ville, elle avait envie de connaître d’autres choses que les obsessions brûlantes de son père, qui se transmettaient à elle dans l’ordre logique des choses. C’étaient des paroles qu’elle n’avait jamais osé prononcer, des idées qu’elle ne pouvait pas se permettre d’avoir malgré tout ; mais elle était épuisée par le conflit de sa vie, elle était épuisée par les assurances et les volontés de son père. Les dégénérés, les transmutants, les hunters, les humains : elle aurait presque envie de tout envoyer valser sans s’en soucier, parfois, se collant au volant d’une voiture pour fuir à toute vitesse à travers les routes du pays. Fuyarde de la sorte, elle se verrait bien vivre l’existence chaotique de Bonnie et Clyde, ou d’autres personnes à l’esprit libre qu’elle admirait tant dans les livres qu’elle lisait, les films qu’elle visionnait en boucle. Et peut-être qu’elle aussi, elle finirait assassiner par quelques balles dans le corps, non pas forcément tuée comme sa mère, ni vivant vielle comme son père dans une haine sempiternelle. Elle se détestait pour penser ainsi, pour avoir envie de tourner la page de la mort de sa mère, avec tant de désinvolture : était-ce un tort, au fond ? Son père ne pourrait le voir que comme ça, tandis que Sade lui avait dit, presque avec indifférence, que c’était un moyen de faire son deuil. Depuis trop longtemps la brune survivait au souvenir de sa mère, se calquant sur cette image impeccable que son père avait toujours voulu voir d’elle, ce reflet de la femme qu’il avait perdue : était-elle vraiment ça, au fond ? La bile au bord des lèvres, Talisa avait gardé le silence depuis trop longtemps - comment pouvait-il y avoir assez de place dans son cerveau pour qu’elle ait autant de pensées ? C’est sans s’en rendre compte qu’elle renifla sans doute un peu fort, trahissant les larmes qui avaient coulé sur ses joues dans le dos d’Eremon, celles qu’elle avait essuyées en des passages réguliers et nerveux de ses paumes de mains. Peu désireuse de ressembler encore à la vulnérable petite fille à papa qu’on voyait trop souvent en elle, Talisa abandonna sa rage, sa crainte, pour se relever, essuyer à nouveau ses yeux, et arranger ses cheveux. « Voyons s’il y a une trappe alors. » Elle avait parlé d’un ton monocorde, oscillant entre l’indifférence et la provocation, toujours sans octroyer la moindre oeillade à Eremon. Elle tira son téléphone du fond de la poche de sa veste, trouvant l’application lampe de poche à celle-ci. Evidemment, au faisceau de lumière qu’envoyait l’appareil, seules les ténèbres répondirent, à croire que le plafond de cet endroit culminait à plusieurs centaines de mètres au-dessus de leur tête. Elle soupira. Si seulement elle avait pu se retrouver enfermée dans cet ascenseur avec un grand mec de deux mètres et tout musclé - elle aurait eu atrocement peur, mais au moins, il aurait pu voir ce qu’il en était. « Aide-moi, t’as qu’à me porter. » Et elle osa même aventurer ses yeux clairs vers lui quelques secondes, distinguant mieux ses traits à la lumière de son téléphone - elle oublia bien vite cette faiblesse la prenant, ce bouillon de ressentiments qui lui enserra la gorge. Ils voulaient sortir d’ici, l’un comme l’autre, autant qu’ils s’essayent à faire quelque chose de constructif plutôt que de piétiner plus encore ce qui n’était plus que des cendres. Leur relation. Leur histoire. Leur rien du tout, au fond. « A défaut de pouvoir me la jouer Wonder Woman et ouvrir les portes de l’ascenseur, peut-être que j’aurais du réseau. » Elle ne savait même pas comment ça fonctionnait, mais bien vite, évidemment, en voulant ranger son téléphone dans sa poche pour se libérer les mains, Talisa se rendit compte qu’elle était en jupe. Elle se crispa, ses mains tirant légèrement sur les pans de son habit, son regard se faisant fuyard à nouveau. Elle aurait préféré être Wonder Woman subitement, et pouvoir hisser elle-même Eremon sur ses épaules pour qu’il fasse le boulot à sa place. Ou pour pouvoir s’envoler par la trappe sans le moindre soucis, juste en levant les bras dans cette gestuelle bien ridicule. A défaut de la gestuelle, elle avait presque l’accoutrement ridicule, trouvant subitement sa jupe bien trop courte pour des circonstances pareilles. S’armant de tout son courage, en s’humectant les lèvres, Talisa souffla : en quelques mouvements de jambes, elle enleva ses chaussures - histoire de ne pas crever un oeil d’Eremon, quand même, le regardant à nouveau. « Ehm... si tu pouvais... » Elle ne savait pas vraiment quoi dire : ne pas regarder en haut pour ne pas voir sous ma jupe ? Fermer les yeux pendant toute l’opération ? « Reste concentré. » Se contenta-t-elle de marmonner, s’approchant de lui sans oser le toucher pour autant : elle restait la fille à même de le faire tuer s’ils sortaient d’ici, et lui le transmutant dangereux qu’elle craignait de toutes les fibres de son corps, alors établir un quelconque contact physique l’un avec l’autre semblait être une épreuve difficilement supportable. Elle espérait au moins qu’il comprenait qu’elle ne voulait pas qu’il mate sous sa jupe parce que ça la gênait, et non pas exclusivement à cause du fait qu’il était un transmutant. Il était après tout, aussi un homme, cette race bien inconnue et trop vaste pour Talisa, ces êtres insondables qui la trahissaient tout aussi souvent que le hasard et les circonstances. A vingt-deux ans, elle était encore une non-initiée de tout ça, une véritable honte en somme, dans ce siècle-ci, mais au fond, elle était une fille à papa, et pas qu’à moitié.
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Calista Wolstenholme
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MessageSujet: Re: (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems.   (talisa) ☆ nothing is as bad as it seems. Icon_minitimeSam 10 Mai 2014 - 18:36

La soirée allait être vraiment longue, bien plus longue qu’il n’avait pu l’imaginer lorsqu’il avait décidé de sortir de chez lui pour acheter de quoi survivre à une soirée enfermé chez lui. Malheureusement pour lui, il avait l’impression qu’il n’allait pas pouvoir rentrer chez lui rapidement, il était coincé dans cet ascenseur avec Talisa et puisqu’ils avaient la poisse jusqu’au bout, en sortir s’annonçait compliqué. Il regretté de ne pas être resté chez lui, il aurait pu commander une pizza et passer une soirée tranquille devant la télévision comme ille faisait si souvent, il regrettait même de ne pas avoir été obligé de travaillé jusqu’à pas d’heure. Il avait eu sa soirée, chose qu’il appréciait fortement d’habitude, là pourtant, ça l’agaçait clairement. Pour une fois, il aurait vivement préféré se trouver au bar à servir des verres à tous les alcooliques de la ville, plutôt que de se retrouver coincé dans un ascenseur avec Talisa. Au fond, même si c’était pour se retrouver coincé avec quelqu’un d’autre, il préférait encore passer la soirée au travail. Certes, si ça avait été une parfaite inconnue, là, à la place de Talisa, l’ambiance aurait déjà été plus supportable. Elle lui reprochait de ne pas lui avoir dit ce qu’il était, cherchant des raisons absurde à se silence, déformant tout ce qui avait pu se passer pu se passer pour le transformer en abruti fini ou simplement pour justifier son dégout des transmutants. Il aurait dû s’en douter que ça se terminerait comme ça, elle était la fille du maire, bien sûr qu’il l’avait su et bien-sûr qu’au delà du fait qu’il n’aimait pas forcément parler de ce qu’il était, le fait qu’elle soit la fille du maire l’ait poussé à garder pour lui ce secret. Elle n’avait pas à savoir, après tout qu’est-ce que ça pouvait bien changer à leur relation qu’elle sache ou non ? Tant qu’elle était dans l’ignorance ça ne changeait rien et ils pouvaient continuer à s’entretenir en toute simplicité comme ils avaient eu l’habitude de le faire. Il ne lui avait pas dit, elle l’avait appris en le voyant utiliser son don, mais est-ce que ça aurait vraiment fait une différence s’il lui avait dit de vive voix ? Il n’en était pas bien-sûr, elle l’aurait certainement envoyé baladé comme elle l’avait fait juste après qu’il lui ait sauvé la vie. En gardant ce secret, il avait cru protéger leur relation. Maintenant, il ne savait même plus si ça avait été une bonne ou une mauvaise chose. Cette relation, n’avait aucun sens, elle n’avait pas à être protégée, elle était basée sur rien du tout. Il avait cru qu’elle puisse être différente de son père, si les choses avaient été différentes, peut-être qu’il aurait pu lui dire ce qu’il était, c’était une chose qu’il ne saurait jamais. Finalement, ce qu’il savait à présent c’était que cette relation n’avait été basée que sur du vent. Rien d’assez solide pour pouvoir résister à cette révélation, qu’elle ait été dite oralement ou découverte par hasard. Ils étaient trop différents, il était ce qu’elle avait appris à détester pendant toute son existence. Elle était cette jeune femme inaccessible. Heureusement que ça s’était terminé comme ça. S’ils étaient allés un peu plus loin dans leur histoire, est-ce qu’ils auraient simplement fini par ressembler à une version moderne de Roméo et Juliette ? Cette histoire complètement vaine qui connaissait une fin bien terrible. Heureusement, ils n’en étaient pas arrivés là. Ils avaient tout arrêté avant qu’il ne soit trop tard. Maintenant, Talisa le détestait, elle l’avait dit elle-même, alors le problème était réglé. Leur histoire s’arrêtait là, il n’y aurait rien de plus. Dès lors qu’ils auraient quitté cet ascenseur, ils n’auraient qu’à partir chacun de leur côté et passer à autre chose. D’ici quelques années, ils ne seraient plus qu’un vieux souvenir l’un pour l’autre. Elle serait toujours cette fille brillante, droite et fière aux côtés de son père qui aura peut-être réussi à nettoyer Radcliff de son impureté et lui, il serait Dieu seul savait où, dans une autre ville, avec un autre nom, à fuir encore et toujours pour sauver sa vie. Leurs destins étaient bien trop différents pour qu’ils aient pu penser une seule seconde de pouvoir avoir un quelconque lien. Il avait été stupide d’y croire, il aurait du se douter que tôt ou tard, les choses finiraient comme ça. Il savait qui elle était, il savait ce qu’il tait, ainsi, il aurait dû savoir que la meilleure chose à faire pour lui était de se tenir loin d’elle. Il avait peut-être mis trop de temps avant de réaliser qu’elle était la fille du maire. C’était là son erreur, s’il avait su plus tôt, il aurait pu mettre fin à ce semblant de relation qu’ils avaient eu et ils n’en seraient pas là aujourd’hui. C’était pour lui la seule erreur qu’il avait commise, celle de croire que Talisa n’était pas comme son père.

Il n’y avait plus rien à dire à présent, la meilleure chose à faire était d’essayer de trouver un moyen de sortir de cet ascenseur. Plus vite ils seraient sortis de là, plus vite ils pourraient s’efforcer de redevenir des inconnus l’un pour l’autre et de continuer leurs vies chacun de leur côté. Si lui il le ferait avec regret, sans doute que Talisa elle, elle ne s’en porterait que mieux. Elle avait peur de lui, l’oublier était de loin la meilleure chose à faire. Un pincement au cœur, il ignora Talisa derrière lui, bien qu’elle vienne de renifler comme si elle était en train de pleurer. Il ne pouvait rien faire pour l’aider de toute façon, il n’y avait rien qu’il puisse dire pour arranger les choses et pas question de se risquer à lui faire un câlin, ça n’aurait rien de rassurant pour elle, maintenant qu’elle était persuadé qu’il n’était qu’un gros psychopathe en puissance qui pouvait la tuer rien qu’en clignant des yeux. Il fallait bien croire des choses pareilles pour être autant effrayé par les transmutants. Il avait réussi à faire bouger la porte de l’ascenseur, mais ça n’avait aucun intérêt, si ce n’était celui de leur permettre d’admirer la couche de béton qui séparait les deux étages entre lesquels ils étaient bloqués. Ça pouvait au moins leur prouvait qu’elle était particulièrement épaisse, ce qui aurait pu être rassurant, au moins, l’étage du dessus ne risquait pas de s’écrouler sur celui d’en dessous. Cela dit, pour l’heure ils s’en fichaient un peu puisqu’ils n’étaient pas en train de faire tranquillement leurs courses dans le centre commercial. Ils étaient coincés dans l’ascenseur, avec cette impression désagréable qu’ils n’étaient pas sortis avant un certain temps. Pas besoin d’être complètement claustrophobe pour trouver l’idée peu réconfortante. Il y avait de l’aération, c’était déjà ça, au moins, ils n’allaient pas mourir étouffés par manque d’oxygène. Essayer de trouver une trappe, ça semblait être une bonne idée, la seule chose à faire et probablement le seul truc qui pourrait les maintenir occupés en attendant que quelqu’un vienne les sortir de là. Vu la tournure de la soirée, il avait le pressentiment que trouver la trappe n’allait absolument pas les aider. Il ne devrait sans doute pas partir avec une attitude aussi défaitiste, mais pour le moment, c’était un peu compliqué de faire autrement. Jusqu’à présent, la chance ne leur avait guère sourit, en plus de les coincer dans un ascenseur, il fallait qu’elle les ait coincé ensemble et entre deux étages. La chance leur en voulait carrément là. La lumière du téléphone de Talisa ne tarda pas à rendre l’éclairage de l’espace déjà beaucoup plus agréable. Ça n’ôtait en rien l’inconfort de la situation, mais déjà, ils y voyaient un peu plus clair, c’était un bon début. « D’accord. » Il pouvait la porter pour qu’elle parte à la recherche de réseau, quand bien même ça semblait un peu désespéré, ça valait le coup d’essayer. Il la vit tirer sur sa jupe nerveusement avant de s’approcher de lui. « T’inquiètes pas je suis peut-être un dangereux psychopathe aux gènes mutés, mais pas un pervers. » Il avait bien compris où elle voulait en venir, il n’était pas complètement stupide et il avait passé l’âge de regarder en dessous des jupes des filles. Il n’était peut-être pas un moine, mais il savait encore se tenir et respecter les dames, elle aurait pu s’en douter, il n’avait jamais eu aucun geste déplacé envers elle. Enfin, comme être un transmutant semblait le faire être, à ses yeux, un homme totalement différent de celui qu’elle connaissait, il pouvait bien se dire qu’elle était déjà en train de douter de ses intentions. Le contact entre eux deux était devenu particulièrement compliqué, si bien qu’il hésita quelques secondes, le regard simplement plongé dans le sien avant de légèrement secouer la tête. « C’est parti alors. » Sur ces mots, il se baissa légèrement afin d’attraper la jeune femme par les jambes pour pouvoir la hisser de manière à ce qu’elle puisse atteindre le toit de l’ascenseur à la recherche de cette fichue potentielle trappe.
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