La vie était quand même une petite farceuse. Le destin, le karma, tous ces trucs là avaient tendance à jouer de sacrés tours à ceux qui n’y croyaient pas vraiment. C’était le cas d’Aspen, qui vérifiait l’heure sur son téléphone à peu près toutes les deux secondes depuis son arrivée. Rendez vous compte, si il y a quelques temps on lui avait dit qu’elle viendrait volontairement à un rendez vous fixé avec une mutante, qui en plus était quelque chose comme une criminelle en cavale, et qui plus est la nouvelle petite amie de son ex, elle vous aurait probablement demandé, très sérieusement, où en était la consommation de drogue de son interlocuteur. Et pourtant, elle y était, et elle guettait l’arrivée de Pietra avec ce qui ressemblait presque à de l’impatience, avec une pointe d’appréhension. A mesure que l’été avait passé et qu’elle avait eu l’occasion de prendre du recul sur cette histoire, Aspen avait sincèrement appris à apprécier la jeune femme, tant que, comme elle le faisait avec Moïra, elle ne se posait pas trop de questions sur sa mutation et sur ses activités professionnelles. A coté de ça, elle s’était laissée aller à apprécier le caractère de la jeune femme, et elle lui restait également éternellement redevable de la protection qu’elle offrait à son frère jumeau. Pour le reste … Elle s’était rendue à l’évidence. Son problème, il était lié à Noeh, pas à Pietra. Elle n’aimait pas les imaginer ensemble, mais pas parce que c’était Pietra, c’était simplement qu’elle n’aimait pas imaginer Noeh avec qui que ce soit. Sauf que voilà, Noeh avait fait son choix, et elle avait vingt six ans, pas quinze : elle avait accepté, bon gré mal gré, la décision du jeune homme, et en avait pris son parti, en attendant que ça passe définitivement pour elle aussi. Et puis pour tout dire, elle appréciait bien trop une vraie bonne compagnie féminine pour laisser un mec se mettre au milieu. Ce n’était jamais arrivé ni avec Sam, ni avec aucune de ses amies filles, et si Pietra n’était pas encore une amie proche … Il était pour autant hors de question de gâcher ce qu’il y avait entre elles, quoi que cela puisse être, uniquement pour un mec. Surtout pour ce gros nul de Noeh, voilà.
Son smartphone toujours à la main, la jolie rousse piétinait en vérifiant pour la énième fois ses messages : quand elle avait reçu celui de la grande brune hier, elle avait été un peu surprise, mais pas plus choquée que ça. Elle ne connaissait pas l’entourage proche de la jeune femme, mais avec les derniers scandales qui avaient secoué la ville, elle imaginait sans mal qu’il y ait eu du grabuge dans les deux camps. Assez étonnement, sa vie avait été plutôt calme en ce début d’automne : elle avait changé de collocs, elle avait revu Noeh en tout bien, tout honneur, malgré l’étrangeté de ces deux soirées ... .Bon, elle avait du gérer un monstre humanoïde bleu, une pyrurgiste poly traumatisée et un mutant manipulant les terreurs des gens, mais sinon, franchement, la routine. En revanche, elle était un peu curieuse de savoir ce que Pietra avait pu faire de son été : elle lui avait simplement dit qu’elle avait des affaires à faire ailleurs, loin, et que d’ici là elle avait confié la protection de son frère à un mutant sans lui en dévoiler l’identité, pour des questions de sécurité qu’Aspen comprenait bien. Limite, là-dessus, moins elle en savait, mieux c’était pour elle. Toujours était-il que quand elle avait lu le message de Pietra la veille, elle n’avait pas hésité bien longtemps. Elle avait prévenu Kaisa et Gray qu’elle ne reviendrait pas tout de suite après le travail, et s’était assurée qu’aucune réunion de début de semaine l’empêcherait d’arriver à l’heure à leur rencontre. Elle était venue tout de suite après le boulot, si bien qu’elle était encore coincée dans son chignon de boulot, perchée sur ses escarpins et sa robe verte, sa préférée quand venait les jours d’automne. Et puis, une rousse en vert, ça marchait à tous les coups, encore plus quand on s’appelait Aspen Wolstenholme.
Quand Pietra apparut enfin dans le coin de la rue, Aspen se détendit presque instantanément : malgré la nouvelle crinière blonde, elle avait reconnu la jeune femme entre mille. Il fallait dire que leur rencontre avait été un peu inoubliable. La rousse rangea son téléphone dans son sac promptement, avant de se diriger vers la brune avec un sourire sincère. Ce qui était probablement aussi surprenant, quand on connaissait les deux énergumènes que l’union du feu et de la glace :
- Hey. J’ai presque cru que tu allais être en retard. Ou que tu t’étais arrêtée en chemin pour remplir une mission top secrète. Comment vas-tu ? Où va-t-on ?
Des questions, déjà des questions. En même temps, on ne la changera pas, la jeune Wol’.
Sujet: Re: Pietraspen ~Previously on Radcliff's dramas ... Ven 14 Oct 2016 - 20:58
Gossip Girls
Aspen Wolstenholme & Pietra Nelson-Byrd
Finissant de cacher le bout de son écharpe verte dans son long manteau gris, Pietra planta un dernier baiser sur la joue de Noeh avant de quitter le bout de trottoir où ils se trouvaient. Elle traversa la rue à grandes enjambées, disparaissant rapidement dans la foule de travailleurs pressés de quitter leurs bureaux. Vérifiant l’heure de son téléphone, elle accéléra le pas ; il ne manquait plus qu’elle soit en retard, tiens. Si elle prenait trop longtemps à pointer le bout de son nez, Aspen risquerait peut-être de croire à un piège, ou bien au contraire de se demander si elle n’avait pas été finalement capturée par les Hunters de la ville. A vrai dire, la mutante n’était plus sûre s’ils prendraient le temps de l’enlever avant de l’exécuter, mais avec le règne d’Isolde elle pouvait toujours espérer que les chasseurs se soient faits un peu plus discrets dans leurs courses-poursuites. Elle n’allait pas pour autant tester sa théorie, et préféra couper par un café dont l’arrière-cour donnait sur la rue adjacente à celle où elles s’étaient donné rendez-vous. Lorsqu’elle tourna le coin de la rue Aspen l’attendait déjà, impossible à manquer dans sa robe verte parfaitement accordée. « Salut! » dit-elle, répondit au sourire la rousse avec la même sincérité. « Hey. J’ai presque cru que tu allais être en retard. Ou que tu t’étais arrêtée en chemin pour remplir une mission top secrète. » Pietra eut un rire, tapotant le côté de son nez d’un doigt ganté. « Si je te le disais, je devrais te tuer… » menaça-t-elle d’un air espiègle, comme si le fait qu’une soit Hunter et l’autre mutante n’alourdissait pas cette phrase de sens. En toute honnêteté, si Isolde l’informait demain que sa prochaine mission consistait à faire disparaitre Aspen, elle aurait bien du mal à s’y résoudre. Elle avait trop vu de l’humanité que cachait le patronyme Wolstenholme pour accepter qu’une mise à mort soit nécessaire, voir même désirable.
« Comment vas-tu ? Où va-t-on ? » « A peine arrivée, je suis déjà sous interrogatoire. » rétorqua la fausse blonde sans la moindre animosité. A les entendre échanger leurs répliques, on les aurait davantage crues meilleures amies d’enfance que membres de factions opposées, qui derechef avaient jetés leurs dévolus sur le même homme. Mais plus Pietra apprenait à connaitre la Wolstenholme, plus elle se prenait d’affection pour elle, avec sa crinière enflammée et son nez insolemment retroussé qui annonçaient si bien sa personnalité. Elles partageaient la même intensité émotionnelle, le même désir de bien faire même quand leurs principes contredisaient ceux de leur entourage ou l’ordre établi, la même loyauté envers leurs proches, et le même amour du sarcasme qui les mettait souvent dans de beaux draps. Pas difficile de deviner que Noeh s’éprenait d’un type particulier, à les voir. Et quand bien même la mutante s’imaginait aisément que son petit ami ferait un arrêt cardiaque rien qu’à savoir qu’elle l’avait quitté pour aller prendre un café avec son ex, elle n’était pas prête d’annuler leur réunion. D’une certaine façon, le côté cassant et un peu rigide de l’architecte lui avait manqué, tout autant que les sous-entendus de Seth ou le mauvais caractère de Noeh. Marchant à côté d’Aspen, elle se prit même à l’observer du coin de l’œil, curieuse de voir si elle pouvait décerner sous l’apparence impeccable de la jeune femme un indice quant à ce qu’elle avait vécu ces derniers mois. Au bout d’une minute ou deux, Pietra les fit tourner dans une rue pour le moins banale, et ouvrit la porte. Le bruit du carillon fit apparaître l’hôte des lieux, qui les installa avec le minimum de courtoisie possible à une table au fond du café. Elle glissa sur la banquette qui avait connu des jours meilleurs, laissant la chaise un peu plus neuve à l’autre. Une fois installée et ayant retiré écharpe et manteau, elle planta son regard droit dans celui d’Aspen, mains croisées sous son menton.
« Bon, maintenant explique-moi ce qui s’est passé dans cette ville maudite. Je ne pensais pas que la vie ici pourrait devenir plus absurde, mais de ce que j’entends… » Elle s’interrompit, et passa la main sur son visage avec un soupir. Personne n’avait encore pu lui offrir un résumé cohérent de ce qui s’était passé ces derniers temps, mais les anecdotes et bribes d’informations avaient suffis à lui donner une image plus que glauque de ce qu’elle avait manqué. Seth et la mort de Bob, les dernières mésaventures de la famille de Moira, le père de Noeh en prison, et tant d’autres nouvelles choquantes auxquelles elle ne s’était pas attendue, l’accablaient depuis son retour. Elle en venait presque à se demander si elle n’aurait pas mieux fait de rester, comme si son départ avait été le début de ce déluge de chaos sur une ville qui avait si brièvement semblé se calmer. Irrationnelle certes, sa pensée n’en était pas moins compréhensible ; même si elle était sûre que mentionner sa vague sensation de culpabilité suffirait à ce qu’Aspen ou une autre lui passe un sermon. Celle-ci attendait d’ailleurs toujours silencieusement que Pietra ne réapparaisse de derrière sa main ; les doigts de cette dernière s’écartèrent donc pour qu’un œil vert pétillant de puisse se poser sur le visage de la rousse, l’air presque désolé de son excès d’émotion. « Moi qui espérait que ma nouvelle couleur serait l’évènement le plus excitant de mon retour. » dit-elle, laissant transparaître un sourire aigre-doux derrière ses doigts. Le jour où un coup de teinture serait le summum du bouleversement à Radcliff, elle pourrait officiellement dire qu’ils avaient basculés dans une dimension parallèle.
Sujet: Re: Pietraspen ~Previously on Radcliff's dramas ... Sam 15 Oct 2016 - 22:31
Previously on Radcliff’s dramas….
Aspen & Pietra
Aspen leva les yeux au ciel avec un sourire quand Pietra lui annonça qu’elle devait garder le secret sur ses agissements, sans quoi elle serait obligée de la tuer. Bah ! y en avait d’autres qui avaient essayé avant elle, et ils s’y étaient tous cassés les dents. Elle était du genre tenace, la petite Wol, et même si elle savait Pietra puissante, elle n’était pas moins inoffensive. Heureusement qu’elles n’avaient jamais décidé d’en arriver aux mains toutes les deux, cela aurait probablement pris une tournure assez … titanesque. Surtout si Pietra n’avait pas été en mesure d’utiliser son don sur elle. Enfonçant les poings dans les poches de sa veste de cuir marron, elle détailla la mutante en face d’elle avec une certaine bienveillance : malgré tout, elle était bien contente de la voir de retour en ville, et de voir qu’elle était en un seul morceau.
- On ne perd pas les bonnes habitudes, puis je suis sure que ça t’as manqué. Je te suis.
A grandes enjambées pour garder le rythme du pas de la grande… Blonde, du coup, elles ne mirent pas bien longtemps pour atteindre un café d’une rue informelle, à peine indiquée par une vitrine et un petit panneau. L’endroit ne faisait pas rêver et à cette heure ci, il n’y avait bien que quelques habitués soit saouls, soit en train de taper le carton en se désintéressant totalement de ce qu’ils se passaient autour d’eux. Le barman les emmena au fond de la pièce sans lui accorder le moindre regard, sans même leur demander si elles voulaient boire quoi que ce soit. C’était étrange, limité déplacé, mais elle ne s’en formalisa pas, tirant la chaise en face de Pietra pour s’installer en balayant l’endroit du regard :pas franchement aussi mignon que le salon de thé avec les cupcakes, mais au moins là, elles pourraient probablement parler bien plus ouvertement, sans craindre d’être entendues, et c’était probablement pour ça que Pietra l’avait amené ici. Encore une fois, elle se montrait prudente et maline, alors qu’elle s’installait sur une banquette qu’Aspen n’aurait même pas osé toucher. Elle tenait bien trop à sa robe. La réplique de Pietra sur l’absurdité de la vie à Radcliff lui tira un petit sourire plus tendu et las qu’autre chose, traduisant autant son propre état d’esprit que celui de son interlocutrice. Absurde… oui, c’était bien l’adjectif adéquat. Elle était parfois surprise que la ville n’ait jamais été reprise en main par l’armée, ou une quelconque autorité étatique. C’est vrai quoi, ils avaient eu des attentats, des destructions de bâtiments administratifs, des laboratoires clandestins, des kidnappings et non, personne ne semblait s’en émouvoir plus que ça. C’était quand même terrifiant, quand on y réfléchissait.
- J’espère que tu as pris un papier et un crayon, parce que je risque d’en avoir pour un moment.
Le pire, c’était qu’elle n’exagérait à peine. Elle laissa Pietra prendre le temps de se préparer un peu psychologiquement, caché derrière la barrière de sa main. Forcément, revenir et voir tout ce chaos, ça ne devait pas être facile. Pas plus que d’être restée en plein milieu en tout cas. En attendant que cette dernière se ressaisisse, la rousse leva la main pour héler le barman et demander un cappuccino, avec de la chantilly. L’air choqué du type lui tira un petit sourire un peu plus franc : probablement qu’il n’avait pas l’habitude de ce genre d’exigence toute féminine, mais elle s’en fichait bien. Elle avait besoin de sa dose de sucre, surtout si la conversation se faisait un peu… exigeante.
Une fois leurs boissons sur la table, elle attrapa la barrette qui tenait sa chevelure en chignon impeccable pour la laisser cascader en liberté sur ses épaules, enlaçant sa tasse de ses mains parfaitement manucurées. Par où commencer…
- Alors non, pour le coup, ta couleur passe un peu en second plan… cela te va bien cela dit, très bel exercice, même si je trouve que ta carnation naturelle te sied mieux, mais bon, je suis un peu trop conservatrice quand on parle capillarité, alors… Bref on commence par quoi ?
Il y avait tant à dire qu’elle aurait surement besoin des questions de Pietra pour être exhaustive, sans quoi elle aurait du mal à se souvenir de tout ce qu’il s’était passé durant ces trois derniers mois.
- Bon, alors, je suppose que tu es au courant que Lancaster a été arrêté, il est en détention provisoire en attente de son jugement… De même Ren Townshend, son bras droit, a été incarcéré également, ainsi que deux membres honoraires de la communauté hunter… Bon, je peux te le dire parce que ce n’est un secret pour personne, ils agissent depuis des décennies… Ils ont chopé Hippolyte Caesar et … Et Alexander Callahan, le père des jumeaux. Le premier pour avoir financé et ordonné des tests sur des mutants vivants, qui ont très très mal tourné, mais ça je t’expliquerai plus en détail ensuite, et Alexander pour séquestration, je crois… Autant te dire que ça a foutu un peu le bazar dans ce camps là…
Et ce n’était pas forcément une bonne chose. Les hunters, acculés, se montraient plus agressifs, plus intransigeants et extrémistes dans leurs actions clandestines. Plus question de petites vaccinations temporaires, on ne parlait que de sortir pour tuer. Il n’y avait qu’à voir le rythme des soirées de chasse de gens comme Parrish Kane ou Roman Griske… Ce n’était pas une bonne nouvelle pour les mutants.
- Toujours côté hunters, les journaux ont relayé le meurtre particulièrement, hum, graphique d’une mutante qui s’appelait Charlie Monroe, qui était un peu la mutante de traque de Roman Griske… Apparemment elle s’est faite coincée par un autre chasseur qui l’a assassiné dans sa voiture, et qui a inscrit un truc du genre « dégénérée » ou « monstre » sur son front, je sais plus… un truc trop glauque… Ca mis bout à bout avec les nouvelles lois de fichages des personnes dotées du génome, ça a jeté un nouveau froid sur la ville… Quoi d’autres encore … un mutant bleu, un mutant illusionniste matérialisant les peurs intimes des gens pendant une fête d’Halloween et un autre qui s’est éclaté à manipuler mes sentiments pendant plusieurs semaines… Mais tu as peut etre encore des questions sur les hunters ou autres, avant qu’on passe aux grandeurs et décadences de tes petits camarades ?
Il y avait tellement, tellement de choses à en dire… Et c’était tellement étrange d’en parler aussi ouvertement, en donnant les noms, en étant totalement transparente… Et ce n'était pas plus mal, au final. Simplement, ça lui faisait penser qu’une fois son café fini, il faudrait peut être qu’elles se mettent au vin, tiens, ça leur donnerait peut être un peu de réconfort…