Dans la pièce, on entendait que le son de l'aiguille de l'horloge, laissant échapper un petit
tic à chaque mouvement. Tout était tellement silencieux que le bruit, habituellement presque inaudible, sonnait presque aussi fort qu'une alarme. L'horloge indiquait trois heures et quarante-sept minutes du matin. Tout le monde était rentré chez soi à cette heure, profondément plongé dans le sommeil ou tentant de se l'approprier par des médicaments ou des tisanes. Les commerces étaient plongés dans la noirceur, et les passants étaient plus que rares dans les rues - malgré la levée de la quarantaine, peu de gens osaient sortir tard dans la nuit. Mais une lumière était toujours allumée dans les laboratoires Caesar, celle d'une petite pièce où un scientifique s'affairait toujours à son travail.
Ses yeux brûlaient, sa gorge était sèche, son estomac grondait de faim. Mais il s'en fichait complètement -
il y était presque. Quelques minutes et la formule serait complète et prête à être essayée. Un espèce de rictus étirait les lèvres du scientifique alors qu'il travaillait, se sentit tout près du but, tout près de la victoire, tout près de la gloire. Les gens allaient l'admirer, après ça. Il deviendrait célèbre, et enfin il serait admiré de ses collègues comme il le méritait. Ce n'était pas pour rien qu'il avait obtenu ce job - il avait promis des résultats et il les auraient.
Presque. Il y était presque.Puis, quelques minutes plus tard, le scientifique se redressait dans la petite pièce, son coeur bondissant dans sa poitrine. La voilà, sa formule. Enfin prête. Il l'observa quelques secondes, les yeux brillant. Il ne restait plus qu'à l'essayer. Il savait qu'elle fonctionnerait - il en était certain. Il fit un pas vers la porte, puis s'arrêta. Peut-être devrait-il attendre le lendemain, et demander l'autorisation officielle de ses supérieurs... Mais il s'imagina ensuite leurs visages quand ils arriveraient, avec devant eux le résultat de ses expériences. Et l'idée fut trop désirable pour qu'il ne la dégage de son esprit. Il poussa donc la porte et accourut vers les sous-sols.
Il se dirigea vers une petite porte au fond d'un long couloir sombre, et appuya sur le clavier électronique afin de déverrouiller la porte. À l'intérieur se trouvait toujours son cobaye, étendu sur une table. Ce dernier dormait profondément - ou alors était inconscient après tout ce qu'on lui avait fait. Après tout, il lui avait drainé pas mal de sang voilà à peine vingt-quatre heures. Le scientifique observa l'homme quelques secondes.
« Un jour, vous me remercierez » murmura-t'il, un immense sourire déchirant ses lèvres.
Il s'affaira ensuite, déposant sa formule dans une seringue, et il se dirigea vers le cobaye. Il enfonça la seringue dans une veine et appuya. Voilà, c'était fait. La formule était maintenant dans le sang de l'homme. Il ne restait plus qu'à attendre, et de voir la magie faire son oeuvre.
On m'applaudira. Tout le monde m'applaudira...À travers la porte blindée, personne n'entendit ses cris.
* * *
Deux jours plus tard, on remarqua la disparition de Roger Arnold, scientifique aux laboratoires Caesar. Son domicile fut fouillé, et on reporta que la dernière qu'il fut vu était deux jours plus tôt, au laboratoire. Deux officiers de police accompagnèrent donc un employé pour retracer ses pas, et leurs recherches les menèrent devant la porte blindée, munie du code d'autorisation. Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrait.
Personne n'aurait pu s'attendre à un tel spectacle - Arnold était étendu sur le sol, le corps déchiqueté. Il ne restait presque plus rien de lui, son visage à peine reconnaissable. Les quelques meubles étaient fracassés, la porte enfoncée - un véritable carnage s'était produit ici. Les officers sortirent leurs pistolets, entrant dans la pièce. Il n'y avait rien pour expliquer ce massacre, sinon un homme dans un coin de la pièce, dans l'ombre, le visage caché entre ses mains.
« Monsieur ? » appela l'officer. Aucune réponse. Ils s'approchèrent de plus en plus, tentant de héler l'homme. Ce dernier ne réagit que lorsqu'une lampe de poche fut braquée sur son visage. Il releva les yeux. Les officers figèrent - la peau de l'homme était teintée bleue, ses yeux presque entièrement noirs. Les pupilles dilatées furent la dernière chose que les officiers virent. Cette fois, aucune porte blindée ne put retenir l'homme - il s'échappa, rugissant à s'en écorcher les poumons, cherchant le sang, cherchant la vengeance.
La bête était relâchée à Radcliff.
* * *
✤ Petites précisions :- Un scientifique des laboratoires Caesar a conduit des expériences illégales et a mis un point une formule censée donner des pouvoirs de force à quiconque le recevrait. Cependant, il avait fait une erreur dans ses calculs et son cobaye se trouve donc aux prises d'un véritable virus le transformant en bête sauvage capable d'une force surhumaine.
- La bête est en liberté à Radcliff, et elle ne fait pas de différence entre ses victimes. Elle faut donc l'éviter à tout prix, au risque de se faire tuer. Une alerte est lancée dans toute la ville. Il faut retrouver l'homme et le maîtriser le plus rapidement possible.
- Les officiers ont installé un périmètre autour des laboratoires Caesar et ces derniers sont surveillés de très près. Il y aura une enquête.