Introducing me (fst - ivoseth)

-seth & ivory-
Introducing me
Depuis le temps qu’elle attendait ça, Ivory pouvait enfin déménager de chez cette foutue harpie qui lui servait de tante. Elle avait poussé le vice jusqu’à casser ses clefs dans les serrures, oups. Désolé tatie, bon courage pour rentrer à la maison. Cela dit, bon courage aussi pour décrasser le broyeur. Elle s’était fait un plaisir sans borne à faire passer toutes les pseudos photos de famille où elle figurait sous une paire de ciseaux avant d’en mettre les bouts au broyeur avec toutes les chaussures sur lesquelles elle avait mis la main. Une basse vengeance qui lui avait fait un bien fou, d’autant qu’elle y avait foutu la main une fois mutée en acier. Elle avait écopé de quelques petites traces mais, ça avait rapidement disparu.
Là, elle était en bas de chez elle, un chez elle approximativement meublé. Elle avait dû la jouer fine depuis qu’elle avait eu ses vingt-et-un ans, chercher son appart’ en douce, signer ses papiers, les faire envoyer à une boîte postale. Ivo ne comptait même plus le nombre de fois où elle n’avait pas reçu son courrier parce qu’il avait été brûlé pendant son absence. Famille de tarés, bigots de merde. Elle avait attendu que sa tante se tire et avait mis le reste de son plan à exécution. Tous les cartons étaient désormais en haut, toujours pas déballés mais, rien n’était resté sur place, aucune trace de son passage. Le tout maintenant, c’était de réussir à monter ce qu’elle avait acheté avec l’argent qu’elle avait économisé depuis qu’elle avait pu commencé à bosser. Les armoires, c’était pas si dur même si un peu lourd mais, elle était là-dessus depuis le début de la matinée et ce putain de canapé ne voulait pas bouger et encore moins passer par les escaliers. Dépitée, une bière à la main, elle donna un coup de pied dans le montant en rageant.
N'importe qui avait quelqu’un pour l’aider à faire ça, n’importe qui avait des amis d’ailleurs. Elle, les Weston et les Yates avaient fait tout leur possible pour l’isolé et ils avaient gagné. Cette fois, c’est elle qui avait gagné. Quand le facteur se pointa, elle était assise en train de râler. Provisoirement pourtant, elle cessa de penser à tout ça en voyant qu’enfin, elle s’était débarrassée du prénom qu’elle avait appris à haïr depuis si longtemps. Ivory était officiellement Ivory. Elle se coltinait toujours son nom de famille mais, ça restait relativement courant, elle pouvait vivre avec. Elle se releva, mit le courrier dans sa poche arrière, elle termina sa bière qu’elle balança dans la poubelle en face de l’immeuble. C’était le moment de monter ce canapé jusqu’au dernier étage. Elle le tira, tentant d’épargner les pieds dans la montée et si elle n’y arrivait pas, elle réparerait tout ça. Elle jura prodigieusement en lâchant le canapé à quelques centimètres de ses orteils. Droite, crispée, agacée, elle tenta de se la jouer maître zen et à respirer tranquillement. Vu le nombre d’escaliers, elle n’était pas prête d’y arriver avant la fin de la journée.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

– introducing me –

IVORY ET SETH / Everybody's got their problems, Everybody says the same things to you, It's just a matter how you solve them And knowing how to change the things you've been through ;I feel I've come to realize How fast life can be compromised, Step back to see what's going on I can't believe this happened to you – SUM 41.

Par une si belle journée d’été, Seth ne pouvait décemment pas rester enfermé chez lui. De toute façon, il était trop peu casanier pour ne pas vouloir quitter les murs de son appartement, et il n’était pas en ville depuis suffisamment longtemps pour ne pas vouloir en explorer tous les recoins. Après tout, s’il voulait installer son business dans les parages, il avait du travail et du repérage à faire. Les entrepôts en bordure de la ville avaient beaucoup de potentiel ; ne restait plus qu’à en investir un et à faire un peu de recrutement. Ca ne devrait pas être bien difficile, et il savait qu’il avait quelques arguments particulièrement convaincants. Déambulant dans les rues de Radcliff, les mains glissées dans les poches de son pantalon kaki, une chemise noire ouverte sur un marcel rouge sombre, il détonnait furieusement dans le décor de ce petit coin du Kentucky – et la crête sur le haut de son crâne aidait encore moins à ce qu’il passe inaperçu. Cela dit, il se fichait royalement des regards qu’on pouvait lui lancer. Après tout, ça ne pouvait pas lui faire grand’ chose, et il savait que ses démons personnels n’étaient plus là pour le hanter, alors il pouvait bien s’habiller comme bon lui chantait.
Regardant autour de lui, repérant les rues, les structures et les commerces, il finit par bifurquer du côté de la zone habitable. Après tout, s’il trouvait une fenêtre malencontreusement ouverte, il se pourrait qu’il laisse négligemment sa main traîner pour ramasser quelque chose au passage. Il restait un voleur après tout, et s’il pouvait agir sans se servir de son don, il ne se priverait pas. Le Calédonien finit cependant par apercevoir une drôle de scène à quelques dizaines de mètres devant lui. Plus il se rapprochait, plus il parvenait à distinguer ce dont il s’agissait et il ne put s’empêcher de hausser un sourcil. Il en avait déjà vu, des gens qui tentaient de monter tout seul des meubles bien trop gros pour eux, mais du gabarit de la jeune femme qui tentait de traîner son canapé à l’intérieur de son immeuble, jamais. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, il lâcha tranquillement :

- Il a pas l’air super coopératif, ce sofa.

Il n’était pas dérangé le moins du monde par le fait de parler à une parfaite inconnue. Pourquoi aurait-il dû l’être ? Ce n’est pas comme s’il risquait grand’ chose, et puis s’il pouvait aider, pourquoi pas ? De toute façon, il n’avait rien de mieux à faire, alors tant qu’à passer à cet endroit au bon moment, autant en profiter un peu.

Spoiler:

(c) blue walrus

-seth & ivory-
Introducing me
Ivory allait finir par haïr les canapés. On faisait des poufs très bien maintenant non ? Ça pouvait remplacer cet engin après tout. N’empêche que dans les poufs, on dormait pas forcément bien. Dilemme… Surprise d’être interpelée alors qu’elle avait déjà vu défiler la moitié du quartier sans un commentaire, elle releva les yeux sur le type le moins à sa place dans cette ville qu’elle ait jamais vu. Un peu comme elle quoi. Entre ses baskets tâchées de peintures de différentes couleurs, son pantalon violet et son sweat gris délavé bariolé, ils étaient deux à faire tache dans le quartier.

- « Pas du tout, j’ai beau l’insulter, curieusement, il grimpe pas tout seul. C’est pas super correct de sa part mais ça le gêne pas plus que ça. »

Elle haussa les épaules en le regardant. Lui, il était pas du coin, ou s’il l’était, il avait dû en prendre plein la gueule. Radcliff, ça restait un patelin du Kentucky, le genre de ville où tu te faisais jugé de la pointe des pieds jusqu’à la racine des cheveux en moins de temps qu’il n’en fallait pour y penser. En fait, elle voyait mal quelqu’un grandir sereinement ici mais ça, c’était son histoire à elle qui parlait. Elle détestait cette ville autant que sa famille, mais c’était chez elle maintenant et elle n’avait pas les moyens d’aller voir ailleurs si elle y était.

- « Cette saloperie est récalcitrante depuis ce matin. Démontable mon cul. Publicité ultra mensongère. Depuis quand on livre des meubles entiers à notre époque, c’est du jamais vu. » Elle soupira profondément et le regarda. « Sympa la coupe, pas trop dur à vivre en ville ? J’suis pas certaine qu’ils aient jamais vu une crête de leur vie. ‘sont un peu planplan dans le coin. Métro, boulot dodo. Peut-être même allergique à l’excentricité… »

Plus discrète ? Ce n’était peut-être pas du luxe, mais de toute façon, il fallait bien qu’il s’y fasse dans le quartier, elle ne comptait pas déménager. Elle était sympa, elle avait posé de quoi insonoriser un maximum histoire de pas déranger les voisins. Ça avait coûté cher en plus ces conneries… ses premiers chèques y étaient passés. Accoudée à la porte de l’immeuble, en plein dans le passage, elle se roula ce qui ressemblait à une cigarette. C’était jamais vraiment chargé avec elle de toute façon, encore moins depuis qu’elle s’était ruinée pour emménager.

- « J’trinquerai bien à l’excentricité, mais mon canapé, il est ici et moi, j’vis au dernier étage et j’ai pas encore branché le frigo. Les bières sont pas fraîches. »

C’était pas la meilleure entrée en matière du monde, pas non plus la meilleure impression à donner, mais quelque chose lui disait que ce mec-là n’allait pas s’offusquer pour si peu. Après tout, il n’aurait même jamais ouvert la bouffe s’il était du genre à s’embarrasser. Personne ne s’adressait comme ça à un inconnu dans la rue s’il n’était pas un minimum pourvu de d’une bonne dose de courage, ou de folie…

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

– introducing me –

IVORY ET SETH / Everybody's got their problems, Everybody says the same things to you, It's just a matter how you solve them And knowing how to change the things you've been through ;I feel I've come to realize How fast life can be compromised, Step back to see what's going on I can't believe this happened to you – SUM 41.

Depuis qu’il était arrivé à Radcliff, Seth ne pouvait pas vraiment dire qu’il avait été servi en matière d’excentricité. Il pouvait même affirmer avec certitude que ce n’était pas du tout le genre des habitants du coin. Ils étaient plutôt du style à se faire discrets, à ne pas attirer l’attention de trop et à juger plus ou moins subtilement ceux qui sortaient du lot. Autant dire qu’il avait eu le droit à son lot de remarques et de regards en coin durant les quelques mois qu’il avait pris pour emménager tranquillement. Ca ne le dérangeait pas le moins du monde, et tant qu’on ne venait pas l’agresser gratuitement, il se fichait royalement de ce que les gens pouvaient bien penser de lui. Il avait sa vie, ses habitudes, ses manies, et tant qu’on ne venait pas lui mettre des bâtons dans les roues, l’opinion qu’on avait sur sa personne lui importait peu. Cela dit, trouver des gens aussi excentriques qu’il pouvait l’être s’avérait chose ardue, alors il n’avait pas manqué de sauter sur l’occasion en voyant cette drôle de jeune femme assise devant ce canapé à le fixer comme s’il était le responsable de tous ses malheurs.

- Alala, ces meubles qui font pas c’qu’on leur demande, c’est chiant hein ?

Il l’écouta parler et sourit avant de hausser les épaules. Des commentaires ? Bien sûr qu’il en avait eu. Et il leur avait répondu avec toute la subtilité, la délicatesse et le sarcasme dont il pouvait faire preuve. Autant dire qu’il s’était pris quelques coups qu’il avait volontiers rendus. Ce n’était pas ses premières bagarres et ça ne serait certainement pas les dernières, et tant qu’on n’essayait pas de le planter, il y retournait presque joyeusement.

- C’est plutôt le genre « on a brûlé des noirs quand c’était encore légal et maintenant on se venge en faisant des lois contre les gays », mais j’comprends c’que vous voulez dire.

Les Etats du Sud n’étaient pas spécialement réputés pour leur incroyable ouverture d’esprit. Il n’y avait qu’à voir ce qu’il s’y était passé tout au long de l’histoire des Etats-Unis pour s’en rendre compte. Mais le Calédonien n’était pas spécialement motivé à faire un point d’histoire avec l’inconnue sur son perron. Il était soudain bien plus intéressé par la perspective de se faire offrir une bière, même tiède. Après tout, il faisait chaud et on approchait de la fin de l’après-midi, autant en profiter allégrement. Il la regarda rouler sa « cigarette » du coin de l’œil et sourit. Ca, c’était intéressant. Il haussa finalement les épaules.

- Bah, une bière chaude c’est délicieux, tout l’monde le sait. Bon, on le monte ce canapé ? Tant que j’suis là et que j’ai rien d’autre à faire. Bon par contre, je sais pas encore lancer les meubles au dernier étage, va falloir prendre les escaliers.

Son pouvoir était pratique, mais il n’influençait pas sur ses capacités physiques, et s’il se savait plus fort que la moyenne, il doutait sincèrement pouvoir trimballer ce canapé tout seul avec ses petits bras musclés.

-seth & ivory-
Introducing me
Même si le gars était excentrique, franchement, Ivo se demandait s’il n’allait pas l’envoyer chier. Les gens dans le coin, ils étaient tout sauf ouvert et elle ne pouvait pas savoir s’ils avaient salement déteint ou pas. Heureusement, elle fut convaincue que non quand il lui parla de ce fichu canapé. C’était n’importe qui. Elle n’en revenait pas d’être en train de galérer là-dessus, c’était ridicule. D’accord, c’était compliqué un canapé en kit, n’empêche qu’elle était quasi certaine que ça n’était pas improbable et puis bordel de Dieu, ils étaient censé le monter ! Par le laisser sur le trottoir !

- « Totalement chiant et plus encore ! Et on en parle des connards qui ont pas fait leur taf ? »

En entendant la répartie rapport aux remarques qu’il avait pu prendre, elle sourit. Parce que c’était probablement le genre de choses que certaines personnes en ville pouvaient balancer. Au fond, ça n’avait rien de si surprenant même si elle leur aurait volontiers enfoncé la tête dans les toilettes pour la peine.

- « Je vois le genre. L’imagination d’un poids chiche et la répartie d’un gosse de trois ans qui veut sa glace au magasin… Ces gens crèveront en s’étouffant avec leur haine un de ces quatre. » Si elle savait… La chose allumée, elle haussa un sourcil épilé au millimètre. « Vraiment ? » Ivo l’inspecta trois secondes avant de caler sa pseudo clope au coin de ses lèvres. « Bière chaude dans ce cas. C’est parti. »

Elle alla se mettre de l’autre côté du canapé et s’en saisit. Une fois prêts tous les deux, c’était parti. Les paliers leur permettant difficilement une pause, elle se força à tenir jusqu’au bout. Après plusieurs longues, très longues minutes de bataille, le meuble était en haut et elle, en train de mourir sur place en râlant -encore- sur les types qui avaient livré le meuble.

- « J’redescends… pour choper ce qui traîne et j’arrive. Installez-vous. Canapé ou matelas, à vous de voir. »

L’appartement était encore très spartiate, avec un tas de cartons et de sacs partout. Les fenêtres étaient ouvertes et les poussières n’avaient visiblement pas été faites. Par contre, il y avait un étalage de plusieurs pierres, morceaux de métaux, bois, disposés un peu n’importe comment sur une petite table basse sûrement récupérée aux encombrants. Jusqu’à présent, elle avait plus squatté que vécu là-dedans. Elle revint quelques minutes plus tard et ferma la porte à l’aide de son pied, un gros carton et un sac sur le dos.

- « J’ai enfin l’électricité. J’propose donc une bière pas fraiche et si le frigo refroidit assez vite, une bière plus fraîche. J’y serais jamais arrivé sans vous… Moi, c’est Ivory. »

La demoiselle ne semblait complexée par rien du tout, n’avoir pas peur du ridicule, et encore moins qu’on fouille dans ses cartons. Cela dit, ça n’avait rien de surprenant puisqu’à part des fringues, d’autres fringues et des chaussures, aucun voleur n’aurait fait fortune, et c’était pas avec les trois cailloux semi-précieux qui traînaient que ça ferait une différence.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

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Plus il détaillait l’inconnue, plus Seth la trouvait beaucoup trop décalée pour cette ville. Depuis les quelques mois qu’il était là, il avait bien vite compris que l’originalité n’était pas vraiment la marque de fabrique du coin, et que sortir des sentiers battus ouvrait la porte à tout un tas de remarques, de regards en coin et de murmures prononcés à la va-vite. Il se fichait bien de ce qu’on pouvait penser sur lui : tant que personne ne venait physiquement l’agresser, ça ne l’empêchait pas de vivre sa vie tranquillement. La demoiselle face à lui avait l’air plus amère que lui sur la question en revanche. C’était à se demander ce qu’elle avait bien pu vivre pour pouvoir baver comme ça sur les gens du coin, aussi bêtes, coincés et intolérants soient-ils. Enfin, il aurait le temps de se poser la question plus tard, ou pas d’ailleurs – il était bien placé pour savoir que certains sujets étaient un peu sensibles chez certains, et il n’aurait plus manqué que sa bière gratuite lui passe sous le nez pour une parole malheureuse. Il sourit et s’approcha d’un bout du canapé.

- En route ! J’espère que vous êtes pas au dernier.

Lorsqu’elle fut prête à son tour, il souleva le sofa et s’engouffra dans l’immeuble avec elle. L’ascension fut aussi compliquée que pouvait l’être avec une cage d’escaliers étroite et des paliers qui manquaient de largeur, mais finalement, ils parvinrent à destination et le trafiquant se laissa tomber sur le canapé en laissant échapper un râle de soulagement. Il avait beau être fort physiquement, il savait aussi qu’il avait des limites, et là il venait de tutoyer les siennes. Il hocha la tête lorsque la jeune femme lui indiqua qu’elle redescendait.

- Ok, j’vais pas trop bouger.

Il resta sur place un moment, puis finit par se relever et examina ce qui se trouvait autour de lui. L’endroit était spartiate, c’était le moins que l’on pouvait dire, mais une fois que la propriétaire se serait installée, ça serait tout de suite plus agréable. Curieux, il fouina dans les pièces vides avant de revenir dans le séjour et d’attraper l’une des pierres qui se trouvait sur la table basse. Elle n’avait rien de précieux, n’était pas forcément de bonne qualité non plus, et il se demanda quel était l’intérêt de la garder lorsque la demoiselle aux cheveux noirs revint en claquant la porte derrière elle, le reste de ses affaires dans les bras. Il sourit.

- J’vais bien pouvoir rester jusqu’à la bière fraîche. Et y a pas de quoi, vraiment. Ivory ? Sympa comme nom. Moi c’est Seth.

Il ne comprendrait jamais pourquoi ses parents lui avaient donné ce nom – il était plutôt connoté quand on avait un minimum de connaissance en mythologie ; cela dit, ça allait bien à son caractère trompeur et joueur.

- Vous venez d’emménager ou vous attendiez votre canapé pour vous poser ?

Il fit sauter de sa main gauche à sa main droite la pierre qu’il avait ramassée sur la table.

- Bizarre comme collection. Pas commun. C’est un passe-temps de ramasser des cailloux ou c’est un truc feng-shui ?

Tant qu’à faire, autant poser des questions. Et puis, il était assez sûr que si Ivory avait dû se vexer, elle l’aurait fait depuis longtemps déjà.

-seth & ivory-
Introducing me
Trouver quelqu’un d’aussi décalé qu’elle ou presque pour lui filer un coup de main. C’était vraiment un coup de pot. Ivory avait de la chance, pourvu que ça dure. On ne pouvait pas vraiment dire qu’elle avait eu de la chance jusqu’à aujourd’hui… Avec une famille pareille, on n’avait pas vraiment besoin d’ennemis. Tant qu’ils se tenaient tous très loin d’elle, tout irait pour le mieux cela dit.
En attendant, elle avait un canapé à monter et il ne voulait clairement pas grimper les escaliers tout seul, ce qui était assez triste. La télékinésie ! Si y avait une mutation utile, c’était celle-là ! Elle aurait pu déménager pénard, faire genre. Mais nan… Fallait que ce soit voyant. Bref. Il était pas au bout de ses peines le pauvre s’il voulait l’aider, parce que c’était bel et bien au dernier étage qu’elle vivait.

- « Pas de bol… »

Elle n’était qu’à peine désolée. Puis, elle offrait la bière. Tiède, mais quand même, c’était déjà pas mal non ? Aussi, quand ils arrivèrent enfin en haut, elle n’en croyait pas ses yeux. Ce fichu canapé était enfin à l’étage. Qu’il soit mis n’importe comment lui importait peu, il était dans son appart’ et ‘était tout ce qui comptait à ses yeux. Sans surprise, elle regarda son aide provisoire s’affaler. Elle aurait adoré faire pareil, mais il lui restait deux ou trois babioles en bas et ce serait terminé, elle pourrait faire comme lui.
De mauvaise grâce, elle redescendit donc pour récupérer le restant de ses affaires et remonta. Avec plus ou moins de délicatesse, elle déposa et lâcha tout dans le couloir de l’entrée. Elle verrait ça plus tard. Là, franchement, elle en avait juste marre. Au moins, elle n’attendait plus rien et n’avait plus rien à monter jusque là. Demain, elle pourrait commencer à vraiment aménager les lieux. Pas surprise, pas vraiment en tout cas, de l’entendre rester pour une bière fraîche, elle en mit au frigo avant de s’étaler et de larguer ses chaussures dans un coin.

- « Enchantée. Genre troisième fils d’Adam et Eve ou genre dieu d’Egypte ? » Pas que ça importe, mais elle n’avait pas pu s’empêcher de se poser la question. De toute façon, c’était toujours mieux qu’Alice au Pays des Merveilles, y avait pas photo. « J’attends ce foutu canapé depuis quelques jours avec le reste de mes affaires. C’est pas des flèches les gens à qui j’ai eu affaire. »

Ivory finit par se relever pour aller chercher deux bières. C’était pas hyper frais, mais ça ferait l’affaire en attendant. Elle en profita pour rallumer ce qu’elle avait roulé plus tôt. Maintenant que tout était là, elle pouvait se détendre vraiment.

- « J’adore les petits cailloux, les breloques… Une vieille obsession de gamine. » Tu parles… C’était surtout qu’elle aimait bien avoir tout ça sous la main au cas où.

Ce n’était pas qu’elle aimait particulièrement muter, pas du tout même, mais elle se sentait paradoxalement plus en sécurité si elle avait tout ça à portée de main. Ça lui faisait d’ailleurs bizarre de voir quelqu’un d’autre qu’elle tenir ça sans se changer au passage. Comme si elle avait peur que la matière s’étende juste parce qu’elle avait touché la pierre.

- « J’suis pas trop feng-shui, y a qu’à voir la tronche de l’appart… »

Elle rit un peu et tendit la deuxième bière à Seth.

SUR TH DEPUIS : 01/11/2014

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Seth n’était pas spécialement le genre de type à avoir peur de l’inconnu. A dire vrai, il avait plutôt tendance à l’accueillir à bras ouverts, gardant une part de méfiance qui était plus du bon sens qu’autre chose, mais ça ne l’empêchait pas d’être très serein sur ce que lui réservait la vie. De toute façon, il ne pourrait jamais traverser pire que ce que lui avait réservé la Norvège. Et s’il avait appris à se méfier des apparences, il doutait que ce soit la demoiselle Ivory qui lui fasse le moindre mal – de toute façon, il n’irait pas s’amuser à la titiller pour savoir si elle était vraiment capable d’être belliqueuse.
Se posant à l’autre bout du canapé, sa bière en main, il croisa les jambes et pouffa de rire à la question de la jeune femme.

- Genre mes parents ont aimé le prénom sans penser à la signification derrière. M’enfin, c’était pas long à apprendre à écrire à l’école.

Il n’était pas très porté sur la mythologie, mais après tant de remarques sur son nom, il avait bien fallu qu’il y mette le nez, et ce qu’il avait appris lui avait beaucoup plu. A croire que depuis, il mettait un point d’honneur à être un homme aussi malicieux et trompeur que le dieu d’Egypte avec lequel il partageait son patronyme.

- Les gens du coin sont pas des flèches en général. On repère assez vite ceux qui sortent du lot parce qu’ils sont pas franchement nombreux.

Il n’était là que depuis quelques mois mais il avait très vite appris à reconnaître ceux et celles qui avaient du potentiel et qui émergeaient de la masse de bouseux qui constituait la majeure partie de la population locale.
Faisant tourner la pierre entre ses doigts d’une main, sa bière dans l’autre, le Calédonien écouta, pas forcément convaincu par l’explication mais ne voyant pas bien pourquoi la demoiselle aurait eu besoin d’autant de petites roches si différentes si ça n’était pas vraiment pour faire une petite collection. Il pouffa de rire.

- Boarf, un p’tit peu d’agencement et tous les fans de bonnes ondes se presseront à votre porte.

Il posa sa bouteille vide pour attraper celle qu’Ivory lui tendait. Enfin une bière fraîche – tiède, ça n’était pas mauvais, mais froid c’était tout de même bien meilleur.

- Sinon, qu’est-ce qui vous pousse à vous enterrer dans le trou du cul du Kentucky ? Pas trouvé mieux ailleurs ou bien une envie pressante de se retrouver dans la campagne profonde avec des types à la mentalité moyenâgeuse ? Chacun son délire, hein, mais y a plus agréable comme compagnie.