(fst, russake) hopelessness is sinking in.

– hopelessness is sinking in –

RUSSELL ET BLAKE / When the sky turns gray And everything is screaming, I will reach inside, Just to find my heart is beating. Oh, you tell me to hold on, But innocence is gone And what was right is wrong. So I bare my skin, And I count my sins, And I close my eyes, And I take it in, And I'm bleeding out for you. – IMAGINE DRAGONS.

Le frein à main se serre, le moteur se tait. Et ses deux mains quittent le volant pour passer sur ses traits tirés, alors qu’il sent son cœur s’emballer à chaque seconde un peu plus. Il n’arrive pas à croire qu’il est là — il n’arrive pas à croire qu’il s’est déplacé. Elle va sûrement l’envoyer chier, lui ordonner de dégager. Mais cette fois, c’est hors de question. Cette fois, c’est la fois de trop.

Il pensait qu’ils n’avaient pas de secrets l’un pour l’autre. Mais visiblement, ce genre de refrain ne marchait que d’un côté. Le respect, il avait toujours pensé que ça venait dans les deux sens, mais Blake venait de lui prouver le contraire. Et pourtant… Pourtant, il pensait la connaître. Il pensait qu’après autant d’années de mariage, à partager les bons comme les mauvais côtés, il avait saisi comment elle fonctionnait. Mais une fois encore, il tombait des nues. Une fois encore, elle avait réussi à lui prouver qu’il ne comprenait rien ; et il se sentait con, le Fitzgerald. L’une de ses paumes revint attraper le volant, tandis que l’autre le frappait sans ménagement. Dents serrées, fureur au cœur, il était pourtant bien incapable de démarrer et de s’en aller. Oh non, pas cette fois.

Il sort de la voiture, claque la porte derrière elle. Il n’attrape même pas sa veste sur la banquette arrière ; de toute façon, la température n’est pas assez basse pour qu’il ressente le besoin de s’en couvrir. Et la colère qui pulse dans ses veines, en danse sensuelle avec la douleur, n’aide pas son sang à cesser de bouillir. Il traverse la rue, entre dans l’immeuble. Un coup d’œil sur les sonnettes lui apprend le numéro de l’appartement de Blake, et il s’évite le passage dans l’ascenseur ; montant les escaliers rapidement, il trouve enfin la porte, et vérifie le nom sur la sonnette avant d’enfoncer le bouton. Il a hésité à se ramener. Toute la journée, depuis que la langue de Felix a fourché au détour d’une discussion, il a pensé au comportement à adopter. Mais finalement, l’impression d’avoir été trahi et pris pour un con l’a emporté ; et le voilà planté là.

Lorsque la porte s’ouvre, ses yeux quitte le paillasson pour se vriller dans ceux de Blake. Pas un sourire, pas un bonjour. Son habituelle mine triste et désolée a disparu. Parce que cette fois, ça ne passera pas.

hopelessness is sinking in

— russell & blake —

I'm bleeding out So if the last thing that I do Is bring you down. I'll bleed out for you So I bare my skin. And I count my sins And I close my eyes And I take it in. When the day has come That I've lost my way around And the seasons stop and hide beneath the ground. — bleeding out.

Bing. Le souper est prêt. Le four vient de sonner annonçant que les croquettes sont à point. La Ashcroft quitte la salle de bain, les cheveux et quelques coins de sa peau basanée encore mouillé témoignant d’une brève douche qu’elle vient d’achever. Elle passe la serviette dans ses cheveux et se précipite vers le four pour sortir son repas de ce soir. Le temps de laisser refroidir le tout, elle retourne à sa chambre pour enfiler une simple camisole et un pantalon de yoga. Elle a bien besoin d’une séance relaxation ce soir après avoir soupé. Faire des étirements le ventre vide n’est pas la meilleure des idées. Elle attrape donc une assiette, met les croquettes dans son plat et s’installe devant la télévision pour regarder les nouvelles. Rien de nouveau. La Saddler toujours à la tête de la ville, le poste de police inspecté de fonds en comble pour identifier de possibles chasseurs. Elle serait bien tentée de retourner travailler maintenant que son lieu de travail serait enfin remis à neuf mais il y a encore le problème de son pouvoir qui fait des siennes. Elle est obligée de rester enfermée le plus souvent, obligée d’éviter le plus de contacts avec le monde extérieur. Son poste lui manque terriblement. Il lui manque terriblement. Tout ce qu’elle peut faire, c’est essayer d’avancer sans regarder en arrière. Elle n’en est qu’à la moitié de son repas quand elle entend sonner. Elle tourne les yeux vers la porte. Elle essaie d’envoyer son pouvoir détecter quel intrus vient la déranger à cette heure mais rien ne se produit. Elle est toujours incapable de le commander à sa guise.

Forcée de s’aventurer vers l’inconnu, elle se lève et s’arrête devant l’entrée. Elle jette un coup d’oeil par le trou pour voir qui est là et hausse aussitôt les sourcils alors que son coeur manque un battement. Russell. Qu’est-ce qu’il fiche ici ? Et surtout… il a vraiment l’air énervé. Tout de suite, elle s’imagine le pire. A-t-il eu des nouvelles de Lydia ? Vient-il lui annoncer le pire ? Troublée et inquiète, elle déverrouille la porte et l’ouvre. Sauf qu’aussitôt qu’elle se retrouve face à lui, ce n’est pas de la tristesse qui la frappe mais son air mauvais. Y’a si longtemps qu’elle ne l’a pas vu dans cet état… Et il ne dit rien. Il reste planté là, à la regarder droit dans les yeux. Un moment de flottement, un moment de silence pendant lequel Blake l’observe de la tête aux pieds. « J’peux savoir ce que tu fiches ici, Russell ? T’aurais pu prévenir de ta venue quand même. » Ce n’est pas son genre de se présenter comme ça sans préavis. Encore plus depuis qu’ils sont divorcés. Il n’a jamais pris l’initiative de se pointer chez elle sur le tas comme ça… Alors ce qu’il a à dire, ça doit être très important. Et elle pressent déjà la tempête venir alors, elle fait un pas sur le côté, lui laissant le passage libre pour entrer. Peu importe la raison de sa venue, elle ne veut pas faire cela sur le pas d’sa porte. Pas dans le couloir. Loin du reste du monde, voilà.

Il est venu, et il n’aurait peut-être pas dû. Ses yeux restent vrillés sur la silhouette qui est apparue dans le cadre de la porte d’entrée, et il sent son cœur s’emballer comme jamais. Pire que la première fois où il l’a embrassée, pire que la première fois où il l’a touchée. Pire que le moment où il a dit oui, et peut-être presque pire que l’instant où leurs vies se sont effondrées. Parce que tout ça, c’est derrière eux. Le mal est fait ; les traits sont tirés, sur les bons souvenirs plus que sur les mauvais, et la vie est obligée de continuer. Mais ce qu’elle a fait, ce qu’elle lui a fait, il ne l’a pas vu venir. Et il se sent stupide, le Fitzgerald, planté là, berné comme jamais il n’aurait pu penser l’être par celle qu’il avait toujours considérée comme la femme de sa vie. On s’ment pas. C’était le deal. Un deal qu’il avait toujours tenu, au point de l’informer de son infidélité dès que celle-ci avait été terminée. Mais fallait croire que les promesses du genre ne fonctionnaient que d’un côté. Fallait croire que quand il s’agissait des secrets d’une vie, c’était un peu plus compliqué, et un cas d’exception à toujours mettre de côté.

Il ne prend pas la peine de répondre à sa question ; pas encore. Les mots s’emmêlent dans sa gorge, et impossible d’en laisser réchapper quoi que ce soit. Trop de colère, trop d’accusations. Trop de sentiments floués, trop d’affection trahie. Il ne sait plus comment se positionner, et son regard affiche cette perplexité qu’il est bien incapable de nommer, alors qu’il rentre dans l’appartement. Elle lui a cédé le passage, et il lui en est bien reconnaissant. Faire une scène sur le palier, ça n’a jamais été sa tasse de thé.

Sa main passe sur ses traits, ses doigts frottent ses yeux, l’arête de son nez. « Malade, hein. » Il se tourne vers elle, ses iris se vrillent dans les siens. Et il a le cœur qui tremble autant que les jambes, l’homme. Il ne sait plus ce dont il a envie, une fois debout là, devant elle ; trop de sentiments mêlés. Alors il fait ce qu’il lui reste, jette sur le tapis ce qu’il peut encore jeter. Dans le fond, rien n’a plus d’importance que d’avoir la vérité. « Bon sang, Blake. Pourquoi tu m’as rien dit ? J’pensais qu’on s’faisait confiance. J’croyais qu’on s’était promis d’tout s’dire. » Il serre les dents, sa main vient couvrir le bas de son visage un instant. Ses doigts retombent finalement ; sa voix tremble, son index se pointe vers la belle métisse. Accusateur. Mais le pire dans tout ça, c’est peut-être la douleur ; suintante, au fond de ses yeux. « J’t’ai jamais menti. Jamais. » Et c’est comme ça qu’tu m’renvoies l’ascenseur ?

hopelessness is sinking in

— russell & blake —

I'm bleeding out So if the last thing that I do Is bring you down. I'll bleed out for you So I bare my skin. And I count my sins And I close my eyes And I take it in. When the day has come That I've lost my way around And the seasons stop and hide beneath the ground. — bleeding out.

Elle le laisse entrer et l'observe d'un regard insistant. Elle sent la tempête aux dessus de leurs têtes. Elle sent que quelque chose cloche. Elle n'a pas besoin de savoir les états de son corps crispé pour deviner ses états d'esprit. Elle le connaît mieux que ça. En fait, elle n'a jamais eu besoin de son don avec lui. Jamais elle n'a eu l'intuition d'aller fouiller jusque-là, sauf pour sentir son coeur vibrer pour elle. Rien que pour elle. À une époque qui lui paraît désormais une autre vie. Il est énervé, ça se voit alors, elle ferme la porte derrière elle, se retrouvant seule avec son ex-mari au milieu de son appartement à attendre que tout éclate. « Malade, hein. » Blake fronce les sourcils. De quoi parle-t-il ? Bien vite, le souvenir de leur dernière rencontre lui revient. Malade. C'était l'excuse qu'elle avait trouvé pour expliquer la perte de contrôle de son pouvoir. Un pouvoir qu'elle a jamais cherché à lui dévoiler. « Bon sang, Blake. Pourquoi tu m’as rien dit ? J’pensais qu’on s’faisait confiance. J’croyais qu’on s’était promis d’tout s’dire. » C'est vrai... il a jamais menti, même quand ça voulait dire avouer une infidélité qui était vouée à briser leur couple. Parfois, elle se demande encore s'il n'a pas fait exprès. S'il en avait assez d'elle mais était trop lâche pour la laisser lui-même. C'est pas comme s'il a jamais essayé de la retenir. Alors il n'a pas le droit de lui parler de mensonges alors que ce qu'il a fait est bien pire. Pour elle, le seul homme dans sa vie, c'était lui. Les autres ne lui arrivent même pas à la cheville. Encore aujourd'hui alors qu'ils ne se voient presque plus. De toute façon, elle ne regrette rien. Si elle ne lui a jamais parlé de son don c'est que ça ne la définit pas. Au contraire. Elle s'est engagée dans l'armée alors que c'était la pire profession à choisir pour une mutante qui peut ressentir la douleur autour d'elle. Blake n'a jamais laissé sa mutation la définir, voilà pourquoi elle n'a rien dit. Soudain, il pointe son doigt sur elle, plus accusateur que jamais. « J’t’ai jamais menti. Jamais. » En quelques foulées, elle se rapproche et repousse sèchement sa main qu'il pointe sur elle.

La métisse ne prend même pas le temps de se demander comment il a pu savoir. Ce n'est pas ce qui est important en ce moment. Il l'attaque, lui fait des reproches et elle se défend. Blake ne se laisse pas marcher sur les pieds, Russell le sait mieux que quiconque. « Parce que je n'suis pas Blake la mutante. Je suis Blake. Juste Blake. » Elle avait aimé comment il était toujours honnête avec elle sans savoir qu'elle pouvait toujours dire s'il lui mentait. S'il avait su pour son don, elle aurait imaginé que c'était forcé. Ce n'est pas parce qu'elle ne le respecte pas qu'elle n'a jamais rien dit. C'est parce qu'une fois dans sa vie, tout lui avait semblé si réel, si simple et naturel. « Toute ma vie, ceux qui ont su pour mon pouvoir m'ont traité différemment. J'ai jamais voulu de ça. Puis c'est pas comme si mon pouvoir était le plus plaisant d'la planète. J'allais certainement pas laisser ça influencer c'qu'on... avait. Tu aurais réagi comment en sachant, hein ? Ça aurait tout changé. » Elle ne sait pas s'il comprend ce qu'elle peut raconter. Elle ne sait pas si ça fait du sens à ses oreilles mais pour elle si, et elle n'allait certainement pas s'excuser puisqu'elle ne voit pas pourquoi il peut se sentir trahi. Lui plus qu'un autre. « Si t'es venu pour des excuses, t'en auras pas. » Si tu penses que c'est parce que j'ai jamais eu de respect pour toi, alors tu me connais pas du tout. Regard planté dans le sien, elle croise les bras sur sa poitrine. Un signe qu'elle reste campée sur sa position. Pendant un instant, elle a l'impression d'être revenue au départ. À leur première rencontre et les débuts de leur relation plus qu'explosive. À croire que certaines choses ne changent jamais... Elle le menace presque du regard, droite sur ses deux jambes à quelques pas de lui.

Elle n’aime pas le doigt accusateur qu’il pointe vers elle, et elle ne se fait pas prier pour le lui faire comprendre. Une claque sur la main, et le voilà à serrer le poing, le ramenant contre lui, plus remonté que jamais. Il se sent trahi, jusqu’au plus profond de sa moelle. Et pourtant, une part de lui entend raison lorsqu’elle se met à défendre sa position. Il sait qu’elle n’est pas Blake la mutante. Il sait qu’elle est juste elle-même, depuis le début. Oui, mais voilà : cette chose fait partie d’elle, aussi sûrement que son prénom, sa fierté ou son amour pour Lydia. Et il aurait aimé en avoir connaissance. Peut-être pas au premier rendez-vous, peut-être pas dans les débuts de leur relation. Mais l’information aurait été la bienvenue à éclater un jour, et il restait persuadé qu’elle n’aurait pas fait autant de vague que son ex-femme ne semblait le craindre. Et à dire vrai, il se sentait insulté qu’elle ait pu croire que ça changerait quoi que ce soit. Encore plus peu plus trahi, encore un peu plus heurté par la lame qui s’était pernicieusement infiltrée entre ses côtes lorsqu’il avait appris ce secret si soigneusement couvé durant toutes ces années.

« Tu crois vraiment que ça aurait changé quelque chose ? » Son ton s’est un peu adouci, mais s’est armé d’intonations offensées. Il peut pas s’en empêcher, passant sa main sur son front, calant son autre poing sur son flanc. Ça peut pas être vrai. Elle ne peut pas aussi mal le connaître. Elle ne peut pas. « Tu crois vraiment que… » Il soupire brièvement, un sourire brisé venant s’échouer sur ses traits. Ses mains retombent, alors qu’il secoue doucement la tête, sans la quitter un seul instant des yeux. « Tu crois vraiment qu’ça aurait changé les sentiments que j’avais pour toi ? » Utiliser le passé lui déchire la bouche au moment même où les mots la passent. Tout son être aurait voulu user du présent, lui dire à quel point même ça n’avait pas changé, pas même après ces deux longues années. Mais il avait peur de sa réaction, peur de se faire virer d’ici sans plus de cérémonie. Le sujet de la conversation n’était pas là, et il ne voulait pas risquer de faire déraper les choses encore plus que cette confrontation ne le laissait présager. « J’voudrais pas de tes excuses, même si tu laissais deux secondes ta fierté de côté pour m’en donner. » Il devient méchant, mais il n’y peut plus rien. La rancœur accumulée ces derniers mois l’a conduit à l’explosion. Une explosion que, bien involontairement, elle venait de déclencher. « Ça n’aurait rien changé. Mais je suppose qu’on ne le saura jamais, puisque t’as jamais eu assez confiance en moi pour me l’dire. » Il en a marre de se faire traîner à droite et à gauche, et d’être le type affable qui accepte de prendre le poids du monde sur ses épaules sans rechigner. Le ras-le-bol vient d’éclater, et il se fiche bien de surveiller ses propos. Elle ne le fait jamais, elle, alors pourquoi devrait-il se priver ? Pour maintenir la stabilité dans leur couple ? Mais quel, couple ? Y a plus rien. Elle a fait voler en éclat c’qu’il restait depuis bien longtemps déjà, et elle n’a pas l’air décidé à recoller un jour les morceaux. Eh bien, breaking news : elle n’est pas la seule à souffrir, et lui aussi peut avoir voix au chapitre.

« Je t’ai jamais vue autrement que comme juste Blake. Tout c’que je vois, là, c’est que je pensais que tu me connaissais mieux que ça. » Son ton s’est calmée, son attitude aussi. Mais la colère suinte des plaies qu’il ne peut pas s’empêcher de montrer, alors qu’il la dévisage, plus blessé que jamais. « Je suis au moins heureux de savoir que ta maladie ne te tuera pas. » Du moins, aux dernières nouvelles, ce vaccin contre les mutants n’en a jamais tué un seul. C’était la lumière au bout du tunnel, le petit espoir d’au moins le rassurer. Mais la distance à parcourir était encore démesurée, et il n’était pas certain de réussir à traverser. « Y a autre chose que je devrais savoir, tant qu’à y être ? » Puisque ce sera sûrement la dernière fois que tu voudras me voir, autant en finir, non ?

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— russell & blake —

I'm bleeding out So if the last thing that I do Is bring you down. I'll bleed out for you So I bare my skin. And I count my sins And I close my eyes And I take it in. When the day has come That I've lost my way around And the seasons stop and hide beneath the ground. — bleeding out.

Tout de suite, elle remarque qu'il n'apprécie pas le geste qu'elle a de repousser son doigt accusateur. Elle le voit serrer les poings, une image bien trop familière de leurs premières années pour la préoccuper vraiment. Ce qu'il ajoute ensuite la déchire plus qu'elle ne voudrait se l'avouer. Accusations par dessus accusations. Le mensonge mit sur le dos d'un manque de confiance qui pousse Blake à soupirer et passer ses doigts aux coins de ses yeux. Leur joute ne vient que de commencer et déjà, elle est exténuée. En partie à cause de son pouvoir qui déconne depuis des mois mais aussi parce qu'elle n'arrive pas à croire que Russell puisse penser des choses pareilles. « Je sais bien que savoir n'aurait rien changé aux sentiments que tu pouvais avoir pour moi. » L'usage du passé ne manque pas d'érafler un peu plus le coeur aveugle de la mutante. « Mais crois-moi, que tu le veuille ou non, ça aurait changé bien des choses. Pour moi en tout cas. » De savoir qu'il était toujours honnête avec elle même sans savoir qu'elle pouvait dire s'il mentait a toujours plu à la belle. Un aspect qu'elle a toujours chéri de leur relation, et qui n'aurait plus eu lieu s'il avait su. « Y a autre chose que je devrais savoir, tant qu’à y être ? » Elle grince de la mâchoire, serre les dents et se retient de mentionner quoique ce soit de vexant. Pas avant de se calmer pour ne pas dire quelque chose qu'elle pourrait regretter. Elle se retient de justesse de ne pas avouer avoir couché avec Darian, son partenaire et ami. Ce n'est pas le moment alors que leurs nerfs sont déjà à vif. Sujet réservé pour plus tard, car elle ne compte pas lui cacher ce fait à présent, pas alors qu'il a lui-même été honnête avec elle deux ans plus tôt. Non, ce n'est pas le moment de parler de tout cela, tout de suite, elle plante son regard dans le sien pour revenir au sujet de sa mutation enfin révélée. « Maintenant qu'on met tout sur le tapis, tu veux même pas savoir c'est quoi ma mutation ? Tu veux pas savoir pourquoi je t'en ai pas parlé ? » Ne croit-il pas qu'il y a une raison pourquoi elle a gardé sa nature secrète ? « Tu pensais que je te connaissais mieux que ça ? Je pourrais dire la même chose. J'ai pas gardé le secret pour te faire mal ou parce que je te faisais pas confiance. » Ayant osé le ton, elle hurle presque. Elle est blessée qu'il ait une seule seconde pensé que c'était la raison pour laquelle le secret a toujours été bien gardé. C'est un flic, il est censé prendre en compte tous les faits, non ? Visiblement, quand ça vient aux affaires du coeur, même eux se perdent dans des élans d'impulsivité. « Je vais te dire pourquoi j'ai rien dit. Parce que mon pouvoir me permet de ressentir l'état physique de ceux qui m'entourent. Ce qui inclut savoir quand on me ment par l'état de stress et les battements d'coeur. » Elle laisse tomber ses bras de chaque côté de son corps, serrant à son tour les jointures jusqu'à ce qu'elles deviennent blanches. Lentement, elle réussit à se contenir et c'est d'une voix brisée qu'elle ajoute ; « J'ai rien dit parce que j'aimais comment t'étais honnête avec moi. J'aimais que - pas une seule fois tu m'as menti, même quand c'était pour me dire que t'es allé voir ailleurs. Ça me donnait l'impression d'être normale, de jamais avoir à utiliser mon pouvoir quand j'étais avec toi. » Elle a été égoïste. Son pouvoir gardé secret pour avoir des instants véritables sans être influencés par son don. Sans être mutante. Qu'il la blâme pour cela, elle ne regrette pas parce que les années passées avec Russell ont été les plus belles de sa vie. Elle ne se rappelle pas des instants plus heureux que lors de leur mariage avant que tout ne tombe en morceaux suite à la disparition de Lydia. « Ma maladie ne me tuera pas, non. Mais, elle me rend dingue alors ouais, j'ai rien dit parce que ça me permettait de l'oublier. » Blake n'arrive plus à se tenir debout. Elle appuie ses mains sur le comptoir pour garder l'équilibre. Pour un court instant, elle reste muette et laisse le silence s'installer entre eux avant de retrouver contenance et se redresser pour faire face à Russell et s'préparer à recevoir une nouvelle vague de reproche. Après tout, il est humain, il ne peut pas comprendre ce que c'est de vivre avec un don s'apparentant bien plus à une malédiction.

» (alec) ≡ sinking to the bottom.

(fst, russake) hopelessness is sinking in.

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