I'll poke you out of your confort zone

- TU M ATTRAPERAS PASSSSS AHAHAAHAHAHAH

L’éclat de rire de l’enfant résonna dans toute maison endormie, tant et si bien que certaines portes de chambre s’ouvrir pour laisser dépasser quelques têtes ébouriffées de mutants curieux de voir le petit garçon cavaler à travers l’immense couloir de l’étage, suivi d’un Malachi on ne peut plus déterminé. Peter dévala l’escalier avec une agilité de petit singe, suivi de près par son père donc la prothèse n’empêchait en rien de descendre les marches 2 à 2 à la poursuite de la tornade de boucles brunes que venait de déraper sur le tapis pour venir se cacher sous le plaid poser sur le canapé du salon. C’est bien connu, une fois caché sous un drap quelconque, les enfants disparaissent aux yeux des adultes, c’est scientifique. Malachi s’approcha a pas de loup du plaid gigotant, une paire de chaussettes à la main : il était 7h30 du matin, et la maman d’une des petites camarades de Peter allait se présenter à la porte du Manoir dans exactement 6 minutes pour l’emmener et d’autres enfants du quartier à l’école. Cet espèce de roulement arrangeait bien Malachi, à part quand, comme ce matin, le gamin était d’humeur joueuse : au réveil d’abord, il lui avait sauté dessus alors que le motiopathe ouvrait la porte de sa chambre, planqué en embuscade dans le placard. Ensuite, il s’était mis à animer ses biscuits au petit déjeuner, des dinosaurus dont le représentant tricératops entama un duel à mort avec un T-rex en chocolat au lait. Malachi du même froncer les sourcils pour que Pete’ accepte de manger la tête décapiter du dinosaure perdant. Plus tard, il anima sa brosse à dents, prétextant que c’était bien plus rigolo de faire ainsi, jusqu’à ce que l’objet s’attaque au nettoyage de ses narines, barbouillant son petit nez de dentifrice.

L’énergie du petit garçon avait forcé Malachi à boire son premier thé du matin tellement rapidement qu’il ne saurait vous dire s’il était vert ou noir. Il avait enfilé un pantalon et un pull en quatrième vitesse pendant que le petit se lavait les dents, avant d’aller l’habiller, et que l’épisode des chaussettes intervint : L’enfant avait décidé en effet que ses chaussures étaient bien suffisantes pour protéger ses pieds de la terre et des cailloux, et que par conséquent, le port de chaussettes devenait totalement obsolète, malgré les explications de son paternel. Ce qui nous ramène à la course, aux cris dans le couloir, à la cachette sous le plaid. Malachi finit par attraper le petit garçon qui éclata de rire à nouveau, remplissant tout l’espace de sa joie claire et communicative. Le motiopathe le souleva comme il l’aurait fait avec une sac de pommes de terre, le faisait tournoyer en l’amenant dans la cuisine pour le déposer sur la banque, et lui enfiler sa paire de chaussettes rayés rose et jaune. Pas bien heureux comme accord de couleur, mais c’était les préférés de l’enfant. Peter ronchonna un peu, juste pour la forme puis sauta de la table pour aller chercher son petit cartable et son manteau en chantonnant. Malachi passa la main dans ses cheveux encore décoiffés, un sourire aux lèvres : ce môme finirait par le tuer, mais au moins, il mourrait heureux. Le mutant avait pris le petit garçon dans ses bras pour l’embrasser avant son départ à l’école, rituel rassurant pour le petit mutant comme pour le grand : un bisou sur la joue droite, puis la joue gauche, et un baiser eskimo du tout petit nez sur le sien. Sans tout ça, aucune journée ne pouvait commencer décemment.

Quand on sonna à la porte, Malachi tenait toujours le petit garçon sur sa hanche, qui s’accroche au cou de son père alors que ce dernier ouvrait la porte, s’attendant à voir l’une des mères derrière celle-ci. Perdu. A la place, se tenait Mikael Hartman, Un des membres d’Uprising que Malachi n’affectionnait que très moyennement : trop agressif, trop rentre dedans, il n’était pas vraiment le genre de personne que le tranquille motiopathe aimait fréquenter. Mais ils étaient dans le même camps, alors il ne pouvait pas vraiment faire autrement que le tolérer. Il déposa l’enfant au sol, lui caressant doucement la joue

- Pete’, va mettre tes chaussures s’il te plait, et en faisant les lacets tout seul comme un grand, pas de triche !

Le petit obtempéra sans un mot, un peu intimidé par ce grand adulte qu’il ne connaissait pas. Instinctivement, il avait ressenti la raideur de son père quand il avait vu Mikael sur le palier, et il savait que ce n’était pas vraiment une bonne chose. L’enfant hors de portée de voix, le motiopathe croisa les bras, toujours fermement planté sur ses deux pieds. Enfin, un vrai et un faux.

- Que me vaut ta présence ? Il est un peu tôt pour demander l’asile pour le couvre feu … Et je ne prend pas de réservation.

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Le motiopathe ne portait pas pour ainsi dire Hartman dans son cœur. Ce n’était pas qu’il le détestait, cependant il était tout ce que Malachi dépréciait chez quelqu’un, en dehors de sa fidélité pour la cause mutante : c’était un homme grossier, bruyant, mal dégrossi, et sans scrupule. D’ailleurs, Malachi s’était immédiatement interposé entre le mutant et son fils, tout à fait conscient que ce dernier oserait tout à fait s’en prendre au petit pour aucune raison. C’est pourquoi il avait envoyé l’enfant plus loin, pour se retrouver face à un Mika dont l’aura ne lui disait rien qui vaille : il était excité, et il ne savait pas pourquoi. Alors il le fixa d’un regard glacial, les bras toujours croisées, la voix descendant d’une octave sans bouger d’un pouce face à l’énergumène :

- Il n’a pas besoin de moi pour ça, figure toi que les gens d’une intelligence moyenne savent lacer leurs lacets son âge, Hartman, ne prend pas ton cas pour une généralité…

Il était rare d’entendre des paroles aussi acides de la part du placide professeur d’histoire, mais Mikael avait le don de lui hérisser le poil. Pire encore, l’idée simplement que ce taré puisse s’approcher de Peter lui donnait juste envie de lui bouter le derrière hors de son jardin, et de lui foutre la frousse de sa vie, qu’il n’ait plus jamais envie de mettre les pieds ici. Quand il s’agissait du petit garçon, Malachi devenait un véritable lion, et pas de ceux à qui Mika pouvait murmurer à l’oreille…

La chance de Mika fut que Peter ne l’entendit pas, et attendit sagement que son père lui dise de revenir pour bouger du salon, ce que Malachi ne fit pas avant que la mère devant chercher l’enfant ne vienne les déranger, Mika et lui, empêchant ce dernier de se servir de l’enfant pour… Pour dieu savait quoi. Mika avait une étrange obsession concernant le don de Malachi, un intérêt qui ne plaisait que moyennement à l’intéressé. L’enfant hors de portée de Mikael, Malachi sembla se détendre un tout petit peu. Mais vraiment légèrement, alors qu’il soufflait à Mika :

- Il faut vraiment que tu te trouves des occupations saines, je sais pas, le tricot, quoi que non, je ne laisserai personne te mettre des aiguilles dans les mains… les puzzles, la philatélie, quelque chose de calme et inoffensif à la rigueur, parce que tu as l’air encore plus taré que la dernière fois que je t’ai vu. Et tu en tenais déjà une couche.

Etonnement, le grand brun ne craignait pas les réactions de Mika, ni même d’heurter ses sentiments. S’il devait collaborer avec Mikael, c’était parce que Sheldon le lui avait demandé, et c’est tout. Pour lui, le cas Hartman relevait d’une bonne psychanalyse, avec internement en HP quelques semaines même, ce ne serait pas foncièrement du luxe. Il recula d’un pas, puis de deux, sans baisser les yeux de ceux du tueur à gage : s’il voulait jouer à ce petit jeu d’intimidation, il savait parfaitement qu’il était très fort aussi, quand il le fallait. Préférant éviter de faire une esclandre dehors, au regard d’éventuels passants, il referma la porte de l’entrée derrière eux avant de reprendre d’un air plus froid que la banquise :

- J’avais d’autres choses de prévu que de jouer les marionnettes pour psychopathe oisif. Alors à moi que tu n’ais sérieusement envie que je t’éteigne quelques heures avant de te ramener à Pietra et Seth, je te conseille de cracher ce que tu as à me dire vite, ou à rentrer discuter avec un chien dans un parc.

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Mika lui faisait parfois penser à un mélange de plusieurs personnages étranges de littérature : un peu chat du cheshire, un peu joker, avec une pincée de Robin de bois qui aurait mal tourné… Il ne niait pas son efficacité dans ce qu’il faisait pour la cause, simplement, l’incapacité quasi-totale du mutant à se plier à une hiérarchie, à des décisions raisonnables qui auraient été prises par quelqu’un d’autres que lui, en faisait pour le professeur quelqu’un à qui il ne pouvait pas faire totalement confiance. La porte close derrière Mikael, Malachi prenait garde à ne jamais le quitter des yeux, et encore moins à lui tourner le dos. Il avait appris d’une jeune mutante à moitié traumatisée que le grand blond s’était mis en tête de les former pour contrôler leurs pouvoirs… Ce qui lui paraissait proprement aberrant. Comment pouvait il se considérer comme légitime pour donner des leçons, avec un don si peu … dangereux et aux risques si limités que le sien ? Comment un télépathe animalier pouvait apprendre la vie à un pyrurgiste ou une absorbeuse d’énergie ? Au moins Andréas, et lui dans une moindre mesure, avait des dons qui avaient nécessité de nombreux efforts pour arriver à une maitrise parfaite, des dons potentiellement dangereux s’ils dépassaient les limites. Alors que Mikael …

- Mouais. *grogna t’il* Ou qu’il manque clairement de discernement te concernant.

Parce que c’était bien beau de traumatiser des mômes avec ses méthodes de GI Joe, mais c’était pas lui qui les retrouvait dans un état émotionnel désastreux et qui devait les retaper de ses propres mains. Peut être que c’était ce que Sheldon voulait au final, qu’ils travaillent en binôme sans le savoir : Mikael pour les bousculer, Malachi pour les renforcer derrière, allez savoir… Malachi le voit traverser le couloir pour passer dans la cuisine comme s’il était maitre en sa demeure, ce qui l’irritait passablement, alors que le motiopathe le suivait jusqu’à l’encadrement de la porte. Ses oreilles lui donnaient l’impression de se mettre à saigner dès que Mika utilisait se langage si châtié que le professeur ne supportait pas. A croire qu’il le faisait exprès, en plus. Malachi prit le verre de bière mousseuse pour le reposer directement sur la table. Il n’était pas encore neuf heures du matin, Seigneur, il n’allait pas se mettre à boire de si bon matin. Grinçant, il fixa Mika d’un air qui en disait long sur le peu d’estime qu’il portait à ce chat de gouttière d’Hartman :

- Je maitrise un peu mieux … Comme je suis flatté d’un tel jugement de ta part, cela me va droit au cœur …

Que Sheldon puisse lui avoir envoyé Mikael décontenançait le professeur bien plus qu’il ne voulait bien l’avouer. Il était en mission d’infiltration parmi les chasseurs depuis maintenant plus d’un mois : lentement, il mettait le doigt dans l’engrenage de l’organisation, grâce à un Rafael Demaggio curieux et avide de ses connaissances, qui voyait en lui un précieux allié pour débusquer le moindre mutant du comté, sans savoir qu’il était précisément celui qui les cachait à son nez et à sa barbe. Cependant, à mesure qu’il entrait un peu plus dans le cercle, il craignait de se faire démasquer à tout moment, de se retrouver au milieu de dix, vingt chasseurs affutés comme des machettes et d’être incapable de faire quoi que ce soit pour se défendre. Il soupira, avant de reprendre d’un ton un tout petit moins agressif que plus tôt :

- Hartman, il est 9 heures du matin, j’ai des copies à corriger, des cours à préparer, on ne peut pas faire ça plus tard ? Parce que là, j’ai clairement d’autres choses sur le feu …

Il ne doutait pas que le blond ne le lacherait pas si facilement, mais bon, ça valait toujours le coup d’essayer…

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Après un temps de réflexion, relativement court d’ailleurs, Malachi parvint à la conclusion que, non, vraiment, laisser Hartman entrer dans la maison n’avait pas été une bonne idée. Il était un peu son antithèse, tout ce que Malachi n’était pas et avait le plus grand mal à tolérer dans son entourage : brutal, grossier, Mikael n’avait pour lui que le respect de Sheldon, et c’était tout. Aussi, quand Mikael s’approcha des copies de ses terminales, le motiopathe se raidit, prit d’un mauvais pressentiment :

- Mikael, si tu touches à mes copies, je …

Trop tard. Déjà Mikael avait froissé une copie, puis une seconde en le singeant vulgairement, s’agitant comme un macaque surexcité qui, à défaut d’agiter ses fesses rouges pour marquer son amusement, ravageait son long travail de correction en renversant sa bière dessus. Le professeur n’eut même pas le temps de réagir que le mutant jetait le verre par terre pour le faire exploser en millier de morceaux minuscules. Malachi souffla, serrant un peu plus les mâchoires. Ok, il avait compris : Mikael allait se comporter comme un demeuré jusqu’à ce qu’il perde patience et qu’il l’éteigne. Il en avait envie, oh que oui, mais il n’était pas sur que cela soit des plus constructifs. Ce qu’il aurait aimé, ce serait que Mikael le raye de sa mémoire une bonne fois pour toute, oublie son nom, et surtout son adresse, alors qu’il grondait dans une menace à peine voilée :

- Je me demande comment on s’occupera de toi une fois que Sheldon se sera lassé de tes cabrioles … M’est d’avis qu’une dose de vaccin pourrait te donner matière à réfléchir sur le respect que tu dois à tes pairs … A moins que je propose à Pietra de voir, une bonne fois pour toute, à quoi ressemble l’effet de nos deux dons combinés dans une optique plus … Agressive …

Il était au courant que Pietra appréciait Hartman bien sur, pour autant, la menace n’était pas dénuée de sens, et si la jolie Nelson Byrd renaclait à le suivre dans son idée, il était tout à fait capable de souffler l’idée à Néréa qui, de toute évidence, avait besoin de se défouler en ce moment. Ça ne lui ressemblait pas de penser ainsi, mais il y avait quelque chose chez Hartman qui le dérangeait profondément, et le UP commençait lentement à jouer sur son esprit, ou plutôt sur sa tolérance à la contrariété : s’il n’avait aucun mal à supporter les cris d’enfant et les angoisses d’autres mutants, les rodomontades de Mikael lui donnait envie de lui sauter a la gorge et de serrer, serrer, serrer jusqu’à ce que le regard du mutant perde cet éclat moqueur et insupportable. Il secoua la tête pour chasser cette idée tentante de son esprit –de toute façon Mikael se battait mille fois mieux que lui, jamais sa main n’arriverait assez vite à sa gorge sans qu’il s’en prenne une - avant d’asséner un ultime remarque froide :

- Je ne te mettrai en garde qu’une seule fois. Sors de chez moi ou je serais contraint d’utiliser mes capacités sur toi et, malgré tes capacités émotionnelles dépassant à peine celles d’une petite cuillère, je peux d’assurer d’expérience que c’est tout, sauf agréable.

Joignant le geste à la parole, il empoigna mentalement l’aura froide de Mikael pour y insuffler un mal être qu’il sentait sous jacent, quelque chose qui nouait l’estomac et faisait monter les larmes aux yeux, quelque chose que Malachi devinait être un savant mélange de traumatisme ancien et de haine de soi. Avec une si belle matière, Mika risquait de passer un sale quart d’heure …

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Malachi avait beaucoup, beaucoup de mal à garder son sang froid en présence de Mikael : il avait cette capacité exceptionnelle à le faire sorte de ses gonds à la vitesse de la lumière, là où les étudiants les plus insupportables n’y arrivaient pas. Il s’agitait, l’étouffait avec sa mauvaise éducation et sa vulgarité, et si Malachi avait la possibilité de le rayer de sa vie définitivement, il le ferait sans aucune hésitation. Seulement voilà, pour l’instant il devait composer avec, ce qui ne lui plaisait pas, du tout. D’ailleurs, même la réponse à sa mise en gare, somme toute encore inoffensive, acculait le professeur dans un état d’agacement et de stress qui ne lui était pas vraiment habituel.

- Tu m’emmerdes Mikael, je ne t’ai pas demandé de venir jouer les mentors, je ne t’ai rien demandé du tout.

La fatigue mêlée à l’inimitié et au mépris profond qu’il ressentait pour le psychopathe mutant faisait son chemin dans le cerveau du motiopathe, qui fixait ce dernier d’un regard sombre, à l’inverse de ses iris qui se mettaient à étinceler. Il voulait vraiment, vraiment jouer à ça ? Parfait, très bien. Mikael voulait s’en prendre plein la figure ? Il n’avait peut être pas tout à fait conscience de la profondeur des dégats qu’il pouvait lui infliger. Le motiopathe avança un peu plus vers Mika qui était toujours assis sur sa chaise, à l’envers – une habitude que Malachi détestait d’ailleurs -, un sourire vaguement inquiétant sur le visage, loin de celui si doux qui flottait dessus en temps normal.

- Je vois … Je suppose qu’il faut réfléchir au problème différente. Je te demanderai bien si je peux, mais en fait, le concept de consentement te parait tellement étranger que je ne suis pas sure qu’il y en ait besoin.

Il attrapa mika à la gorge, sans même appuyer sur cette dernière, simplement pour entrer en contact avec la peau du mutant. Instantanément, il sentit son pouvoir se déverser dans l’aura de Mikael comme un torrent furieux, avide de tout détruire sur son passage. Mais il ne voulait pas éteindre complètement Mika, c’était bien trop facile. A la place, il effaça, méthodiquement et non sans plaisir, toute trace de colère et de culpabilité dans l’aura émotionnelle du mutant. Il aspira littéralement toute velléité dans le cœur de ce dernier, pour ne plus en laisser la moindre goutte. Il observa le visage de Mika se décomposer avec une certaine satisfaction, alors que ses doigts quittaient lentement la peau de Mikael, avant de céder à la tentation de s’attaquer un peu plus à l’intimité émotionnelle du mutant. Il recula un peu, le dardant de son regard à présent luminescent et inhumain, murmurant d’une voix grave.

- … La prochaine fois que tu parles de toucher à mon fils, il est possible que je te tue, d’une manière ou d’une autre. Là, voilà, sans cette rage et cette colère qui te caractérisent, que reste t’il de toi, Mikael Hartman ? Vas y, exprime toi, je suis curieux… Es tu déjà une coquille vide, ou y a-t-il un peu de profondeur en toi malgré tout ?

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Il n’en croyait pas ses yeux. Mikael, ce psychopathe d’Hartman qu’il prenait tant de soin à éviter au quotidien, était allé au dela de la raison, au-delà de la bêtise qui le caractérise pourtant. Devant lui, des enfants, de jeunes enfants, à peine plus vieux que Peter, qui déboulaient dans son salon comme une portée de chiots terrorisés, hurlant et s’agitant de sanglots bruyants. Il resta un instant bouche bée, paralysé par la détresse de ses pauvres mômes qui couraient de partout, appelaient leurs parents, puis se pelotonnaient les uns contre les autres comme des agneaux au fond de la bergerie. Lentement, Malachi tourna la tête vers Mikael, alors que son regard flamboyait toujours d’un éclat surnaturel et peu rassurant, un peu moins encore vu l’expression de fureur qui déformait ses traits :

- Tu es un malade Hartman, un putain de grand malade et je te jure que cela te coutera très très cher. Si ce n’est pas de ma main, ce sera de celle d’un autre, tu en as ma parole. Tu kidnappes des gamins, tu les ramènes chez MOI dans un lieu qui doit être tenu secret pour la sécurité de DIZAINES de personnes, et tu espères peut être que ça me fasse rire ? Je peux les calmer, Mikael, mais pas leur effacer la mémoire, espèce de connard de psychopathe.

S’il avait pu, à ce moment précis, se saisir de l’aura du mutant, il aurait probablement commis l’irréparable : il se serait emparé des émotions de Mikael, et il l’aurait réduit en cendres, pour toujours. Il aurait tout consumé, tout fait crâmer, jusqu’à ce que Mikael ne soit plus qu’une coquille vide, incapable de la moindre volonté, de la moindre réaction, comme ces gens poly traumatisés qui ne réagissent plus au moindre stimulus. Sauf que Mikael n’était pas sa priorité à cet instant, et c’était bien la chance de ce dernier. Malachi savait que l’urgence, c’était les enfants : si il ne les calmait pas, vite, très vite, les pauvres petits allaient rester traumatisés à vie, et il n’imaginait même pas ce qu’ils pourraient raconter à leurs parents une fois sortis de là. Il s’accroupit en face des enfants, qui eurent un mouvement de recul devant l’intensité de son regard : les yeux fluos, ah oui, pas rassurant pour eux. Il soupira, puis se mit à leur parler, doucement, tout doucement. Il essaya, pendant quelques minutes, de trouver le plus inquiet pour le calmer le premier : il espérait qu’en sentant l’un d’entre eux se détendre, le reste de la troupe suivrait : il n’était pas un surhomme, il ne pouvait PAS tous les calmer en même temps. Il leva les yeux vers Mikael qui le fixait avec intensité : ce malade voulait qu’il en arrive à là ? Qu’il se tue à la tache pour calmer les gamins ? Très bien. Il aurait probablement une mort de plus sur la conscience.

Tout en continuant de parler aux enfants, dont certains avaient recommencé à pleurer, Malachi s’était mis à les fixer comme un tout, une seule et unique énorme aura de panique et de détresse, qu’il devait apaiser à tout prix. Il était incapable de s’en emparer, c’était trop gros, même dans sa tête. Il essaya de projeter ses propres émotions sur l’aura des enfants, en vain d’abord. Il se sentait paniquer, lentement mais surement, bien trop conscient des conséquences de la situation. Soudain, il sentit sa respiration se couper, ses yeux se révulser alors qu’une puissante onde d’apaisement vint frapper les enfants et Mikael comme les vagues sur une digue. Les pleurs cessèrent soudain, alors que les enfants fixaient Malachi et Mikael d’un air ébahi, curieux, mais bien plus rassurés. Malachi se détourna pour tituber vers Mika, l’attrapant par le col en s’effondrant à moitié sur lui :

- Ramène… Les enfants… A l’école… C’est un ordre …

Sur ces mots, un épais voile sombre passa devant les yeux de Malachi, alors que son cœur ratait un battement. Il était proprement exténué, alors que sa poigne déjà hésitante s’affaiblissait sur le col du mutant, avant de le lacher complètement. Malachi venait de s’effondrer sur le sol, terrassé par la fatigue et l’énergie qui avait quitté son corps en même temps que l’onde émotionnelle qui avait calmer les enfants et Mikael. Malachi ne se réveillerait pas avant l’arrivée d’Elsa au manoir, une dizaine d’heures plus tard. Et il ne se souviendrait pas de tout….