-malachi & andreas-

All I want is...

Tout, Andreas avait tout fait pour qu’on ne le trouve pas dans cet état mais il n’y avait pas plus têtu que Moira. Son état l’avait rendu imprudent et il avait mal enfoncé ses clefs dans la serrure. Cependant, s’il voulait être honnête, elle aurait trouvé un autre moyen d’entrer et le résultat aurait été exactement le même. Elle l’avait trouvé dans un piètre état, tout comme la maison. Il aurait tout fait pour qu’elle n’assiste pas à pareil spectacle mais, il n’avait juste plus la force. Artur avait sapé ce qui restait des fondements de sa personne, son propre fils. C’était ça qui l’avait mis à terre. N’importe qui d’autre, c’aurait pu être n’importe qui mais, il avait fallu que ce soit lui, la chair de sa chair.
Moira ne lui avait pas laissé le choix après ça. Elle avait prévenu Malachi et l’avait emmené chez lui. De lui-même, Andreas n’aurait jamais poussé ces portes, aurait refusé toute aide. Il ne savait que trop bien que Malachi aurait beaucoup de mal à supporter le tumulte auquel il faisait face, en particulier lui. Il avait toujours museler ses émotions, avait toujours contenu avec un soin infini ses ressentis en sa présence mais aujourd’hui, il n’en était tout simplement pas capable. Tout ce qui lui permettait de le faire, il n’y avait pas accès. Aucune sensation... Le froid, le chaud, la douleur, la douceur. Il était devenu insensible au monde. En trois jours, il s’était coupé plusieurs fois, s’était brûlé également. Il connaissait pourtant ces effets, ces symptômes, il avait tout de l’insensibilité congénitale. Et s’il ne trouvait pas un moyen d’inverser les effets du vaccin un jour. Il vivrait comme ça jusqu’à la fin de ses jours. Hors, vivre de la sorte, sans cette part de lui qu’était sa mutation, sans être capable de ressentir la moindre chose, Andreas ne le pouvait pas, il savait qu’il ne le supporterait. C’était peut-être ça qui avait effrayé sa fille. Le fait que rien ne semblait plus le déranger, encore moins la perspective de se blesser gravement. Elle avait compris seule et s’il était fier, il n’en était pas pour autant ravi.
Absente depuis trop longtemps, après quelques minutes au manoir Porter, elle était retournée chez Marius. Il lui avait assuré, un brin ironique qu’il ne risquait sans doute pas grand-chose avec un motiopathe dans les parages mais, à dire vrai, il se serait bien passé d’une surveillance qu’il savait pourtant nécessaire à cause des effets secondaires. Pour l’heure, tout ce dont il était parfaitement conscient ne collait pas forcément avec ce qu’il était capable d’accepter ou d’endurer et c’était bien la première fois de sa vie depuis qu’il avait appris à se maîtriser, qu’il était incapable de faire plier son corps face à son esprit.

Assis dans le salon, il fixait un point fixe. Il entendait les bruits inhérents à un tel endroit. Il entendait le jeune Peter aussi. Et il entendait Malachi dont la démarche caractéristique se rapprochait de lui. Avec une lenteur détachée, Andreas releva les yeux vers lui et il sentit soudain qu’il devait réellement paraître son âge en cet instant voire même plus. Il tenta de contenir ses émotions, de les museler comme il le faisait toujours, en vain. Lui-même était incapable de jongler avec elles alors qu’elles ne cessaient de le tourmenter. Colère, impuissance, tristesse, rage, abattement, résignation, haine, solitude, ... le cocktail était sans doute très loin d’être agréable pour l’homme qui était en train d’arrive.

- « Ne t’inflige pas ça Malachi. Nous savons toi et moi que tu risques d’avoir la migraine en ma présence. Je ne risque rien, retourne t’occuper de ton fils. »

Il n’avait jamais vraiment cru à ça mais, il jouait le jeu, ne cherchant pas à savoir quels étaient les tenants et aboutissants de cette affaire. Tout ce qu’il savait, c’était que progressivement, il se remettait de son propre drame et qu’il lui souhaitait sincèrement tout le bonheur qu’il pouvait obtenir. De son côté, il n’était tout simplement plus capable de renoncer à sa vengeance. Plus que jamais, il chercherait le responsable et s’en occuperait. Mourir dans le processus l’indifférait désormais. Moira était entourée, Alana également si elle était toujours en vie, quant à Artur, il avait été on ne peut plus clair. Andreas en avait assez vu, assez fait. Sa famille lui survivrait mais lui ne survivrait pas aux siens.

-malachi & andreas-

What happened to you ...?

Malachi avait la nette impression, ces derniers temps que la dynamique des chasseurs était passée à une vitesse supérieure en matière de vaccination : la plupart de ses invités temporaires étaient des vaccinés temporaires ou permanents qui avaient besoin d’un lieu sur pour évaluer l’étendue des effets secondaires de leur vaccination, ou qui étaient justement trop atteints pour rester autonomes, seuls chez eux. Preuve en était en moins de deux mois, il avait récupéré tour à tour chez lui une Moïra aveugle, un Seth totalement paranoïaque et une Elsa dont la vaccination sauvage avait « coupé » les deux jambes. Les chasseurs de Radcliff devaient sentir le vent tourner, avec l’élection d’Isolde en tant que nouveau maire, il était certain que leurs petites entreprises nocturnes allaient devenir de plus en plus dures à poursuivre en toute quiétude. Alors ils avaient accéléré la cadence, se montrant plus agressifs, moins subtiles aussi : quand le meurtre devenait trop compliqué à organiser, ils vaccinaient à tour de bras, sans égard pour leurs victimes, considérant probablement qu’un mutant privé de ses pouvoirs serait une cible plus facile, pour plus tard. Or, rien n’était moins sur : il avait vu des mutants avec de nouveaux pouvoirs, voire des pouvoirs décuplés à cause de ce poison de NH24. Ce genre de petit jeu risquait bien de leur retomber dessus, un jour ou l’autre
Malachi était dans la salle de bain à nettoyer la plaie sur sa joue, quand Moira sonna à la porte : il avait récolté de bien belles égratignures lors de l’attentat à la mairie, et s’il ne voulait pas se retrouver balafré à vie, il devait prendre soin de la plaie pour avoir la cicatrice la plus fine possible. Il avait eu des points de sutures faits avec soin par Scarlett, mais il devait tout de même faire attention. Il était descendu rapidement au rez de chaussée, Jumbo sur les talons, pour accueillir Moïra et Andreas, son ami, celui qui fut si longtemps son mentor et son professeur de mutation. La grande rousse ne s’éternisa pas, le serrant prestement dans ses bras en promettant de venir voir Peter à l’occasion, avant de disparaitre comme elle était venue, laissant son paternel comme un animal abandonné sur l’un des fauteuils du salon

- « Ne t’inflige pas ça Malachi. Nous savons toi et moi que tu risques d’avoir la migraine en ma présence. Je ne risque rien, retourne t’occuper de ton fils. »

Instinctivement Malachi tourna la tête vers l’encadrement de la porte pour voir si Peter se tenait derrière lui, ce qui n’était pas le cas : heureusement, parce qu’Andreas était amoché, plus que lui-même d’ailleurs. Mais il savait le petit garçon dans sa chambre, à jouer avec ses petits animaux animés : là où il était, il ne craignait pas de surprendre la conversation entre les deux adultes, et s’il lui venait l’idée de descendre, ils l’entendraient venir de loin dans les escaliers. Ce n’est qu’une fois cette certitude-là acquise qu’il se concentra sur la première partie du conseil d’Andréas, qui lui fit plisser les yeux : en effet, c’était … Le bordel. Il n’y avait pas d’autre terme pour décrire tout ça :

- … Je vois …

Pour voir, ça il voyait : l’aura émotionnelle d’Andréas était une espèce de marmite de magma en fusion menaçant d’exploser à tout instant, un mélange tellement épais d’émotions diverses et varier qu’il ne pouvait que compatir avec la lutte intérieure qui devait faire rage au sein du mutant, enfin, ex-mutant si il avait bien compris ce que lui avait dit Moïra : il n’avait aucune info de plus, si ce n’était que l’homme avait été vacciné contre son gré, et que personne ne savait si c’était permanent ou pas. C’était étrange d’envisager quelqu’un comme Andréas privé de ses capacités : il était l’un des mutants les plus « en contrôle » que le professeur connaissait, et sa mutation faisait partie intégrante de lui-même, de sa personnalité, de sa façon de voir le monde, et Malachi ne pouvait s’empêcher de compatir en imaginant ce que cela devait être d’être ainsi dépossédé d’une partie de soi. Lui-même ne savait pas comment il réagirait si un jour on lui arrachait ses pouvoirs. Il aurait surement l’impression d’être en partie aveugle, comme une personne devenant subitement daltonienne sans explication. Il prit place dans un des fauteuils en face du généticien, s’efforçant dans le regarder dans les yeux plutôt que de se perdre dans le miasme hypnotisant de son aura en décomposition :

- Et bien, je crois que tu en as, des choses à me raconter, depuis notre dernière rencontre … Puis je savoir qui t’a fait ça, et depuis combien de temps tu es dans cet état ?

Un état, comme quand on était malade … Parce que ce n’était pas la transmutance, la maladie, c’était d’en être privée quand on était né avec. Aurait on l’idée de couper l’oreille ou le nez de quelqu’un parce qu’il est légèrement différent de la moyen, plus efficace, plus sensible ? Certainement pas. Malachi avait parlé avec douceur, mais sans pitié superflue. Il savait qu’en général, l’apitoiement agaçait le Kovalainen plus que tout.

-malachi & andreas-

All I want is...

Andreas savait Malachi parfaitement capable de garder un œil sur lui et c’était bien ça qui le dérangeait. Il avait tout fait pour ne pas être un poids, pour ne pas que l’on sache ce qui était arrivé. Au-delà de préserver ses proches et ses amis, il l’avait également fait pour protéger Artur, encore. Malgré toute la colère qu’il pouvait ressentir à son égard, il avait voulu aire ce geste. Pourtant, dès qu’il était question de son fils, Andreas était incapable de contenir sa rage. Il ne voulait même plus en entendre parler et pourtant, il savait qu’il n’aurait guère le choix, encore cette fois.
Il n’en voulait pas à Moira d’avoir si rapidement déserté alors qu’il avait déjà mis ses nerfs à rudes épreuve, il ne lui en voulait pas de ne pas vouloir affronter les humeurs inégales d’un père qu’elle voyait s’effondrer sous ses yeux à cause de son propre frère. Il lui en voulait juste de l’avoir débusquer. Le reste, le généticien n’en avait cure. Pour être parfaitement honnête, épuisé comme il l’était par les événements, la mort pourrait venir le cueillir demain qu’il la remercierait. Aujourd’hui, tout ce qu’Andreas souhaitait, c’était rejoindre sa femme. À cinquante-trois ans, il avait l’impression d’avoir vécu trop de vies.

Il voyait... Bien sûr qu’il voyait. Malachi avait la chance de n’être que motiopathe. En sa présence, un empathe aurait eu tôt fait de s’écrouler, ça Andreas le savait pour en avoir aidé quelques uns. Malgré tous ses efforts, il ne pouvait rien pour épargner son ancien élève, ses émotions lui échappaient et lui qui avait toujours été difficile à décrypter était à présent un livre ouvert. Il osait à peine imaginer ce que cela devait être pour le plus jeune mais, au fond, s’il voulait être parfaitement honnête, il n’avait pas vraiment l’occasion de s’inquiéter. Même d’un si petit geste, il en était incapable. Par habitude, Andreas frotta ses doigts les uns contre les autres mais aucune sensation ne vint, le frustrant toujours plus alors qu’il savait pertinemment qu’il ne ressentirait plus jamais quoi que ce soit de cette façon.

- « J’ai beaucoup de choses à te raconter oui mais je doute que qui que soit ait réellement envie d’entendre ça. Je suis fatigué Malachi. Épuisé de me battre contre mon propre sang. » Il sera les poings, tentant d’endiguer une colère grandissant qu’il savait ne pas pouvoir réellement freiner. « Je n’aurai jamais laissé à un chasseur l’occasion de m’approcher. Il serait mort bien avant d’avoir pu sortir une seringue. » Pour la première fois, il révélait concrètement qui il était et de quoi il était capable. Il parlait. « Je me suis mis dans cet état. Je m’y suis mis pour qu’Artur vive, pour qu’il lâche la lame qu’il avait entre les mains, pour qu’il n’en finisse pas. »

La fin de sa phrase, bien malgré lui, résonnait d’une colère à peine contenue. Les poings serrés, Andreas s’était levé pour poser ses mains sur le rebord de la cheminée. L’aurait-il réellement fait ? il n’avait pas pu prendre le risque de le savoir. Il ne voulait certes plus en entendre parler mais, il ne l’aimait pas moins, c’était ce qui le mettait véritablement à terre. Pourtant, il s’était juré que ce qu’il avait fait, sauver son fils, il l’avait fait pour la dernière fois au détriment des autres, de lui. Il ne voulait de toute façon plus rien savoir, plus rien apprendre à propos d’Artur. C’en était fini. Tout ce qu’il voulait réellement à présent, c’était mettre la main sur le nom du responsable de la mort d’Aisling et le précipiter dans la tombe, avec lui si nécessaire. Ensuite... advienne que pourra. Tentant de se calmer, de faire refluer la rage qui grandissait en même temps que sa tristesse de père, il retourna s’asseoir, soupirant, à bout.

- « Que veux-tu que je te dise Malachi ? Ma vie aurait dû prendre fin le jour où ma femme est morte. Ça devait être moi ce jour-là. Cette balle m’était destinée et ce n’est pas un effet de style. Aisling est morte parce que j’ai protégé des mutants et tué des hunters toute ma vie quand j’ai eu connaissance de leur existence, le tout sans qu’elle n’en sache rien. À présent, ma fille a failli mourir à cause des actes de son frère, mon autre fille a disparu et est peut-être morte pour ce que j’en sais, quand à leur frère... il n’y a rien à en dire. »

Leur frère, son frère, Artur... Il n’avait plus prononcé à voix haute « mon fils ».

-malachi & andreas-

What happened to you ...?

Cela lui faisait mal au cœur de voir celui qui avait été son mentor pendant tant d’années dans un tel état d’abattement. Pour Malachi Andréas était le genre de mutants qu’il avait aspiré à être, enfant, adolescent, et qu’il espérait être à présent : confiant de ses capacités, conscient qu’elles ne le rendent ni meilleur, ni différent, mais simplement unique en tant qu’être humain. Andréas n’était pas un suprêmassiste de la cause mutante, tout en embrassant totalement sa nature, et c’était ce qui avait poussé Malachi à lui faire confiance en premier lieu, en dehors du fait qu’il soit le père d’une de ses plus vieilles amies. Il avait appris au jeune Porter à garder le secret de sa mutation, et surtout à s’en servir d’une manière saine et raisonnable. Certes, il était capable de beaucoup de choses, certaines pouvant aller contre toute morale, tout éthique. Simplement, comme toute personne raisonnable, il était capable de faire un choix, le choix de se servir de ses capacités pour aider les gens, et non pour les détruire. C’est comme ça que le faiseur d’orage était devenu faiseur de pluie et de miracle dans des zones en proie à la sécheresse, qu’il avait aidé à éteindre des incendies menaçant des habitations, sans forcément demander quoi que ce soit en retour. Pour tout ça, Malachi avait énormément de respect et d’affection pour le généticien, et c’était un crève cœur que de le voir assis ainsi sur sa chaise, les mâchoires serrés, en proie à tant de démons intérieurs profitant de sa faiblesse de moment pour l’assaillir sans répit.  Il aurait aimé pouvoir faire comme il le faisait pour Peter, le serrer dans ses bras, fort, et lui dire que ce n’était pas grave, que ça allait passer, que tout finissait toujours par aller mieux. Simplement, cette fois ci, il n’en était pas totalement sur…

- Je suis simplement soulagé qu’il n’y ait pas d’empathe au manoir en ce moment, sinon j’aurai du l’enjoindre d’aller s’isoler dans le grenier, tu irradies d’obscurité comme un trou noir… Ne le prends pas mal bien sur.

Bien sur, Malachi pouvait écouter, avec attention même, mais évidemment il ne pouvait pas comprendre tout ce que ressentait Andreas à ce moment là, le sentiment de trahison, la solitude, la perte d’une partie de son identité, diluée dans son corps en même temps que le poison qu’on lui avait injecté. Peter était encore bien trop jeune pour risquer de le décevoir, il avait encore une petite dizaine d’années de tranquillité là-dessus, il avait le temps de voir venir. Quant à se battre contre son propre sang … Il avait la chance de ne pas avoir de Chasseur dans sa famille, et le pire que sa sœur ait fait était d’avoir effacé la mémoire de Peter pour qu’il soit en sécurité à Radcliff. Enfin, la sécurité à Radcliff demeurait un concept tout à fait relatif, mais enfin…

- Tu as besoin de repos Andréas. De véritable repos, peut être même avec l’aide d’un peu de médication. De dormir, beaucoup, et d’avoir l’esprit clair pour réfléchir à la suite. Si Moïra t’a amené à moi, c’est qu’elle doit être terriblement inquiète pour toi, pour ta santé physique et mentale. Ce qu’a fait Artur est … Symptomatique des hunters du coin. Ton fils a été embrigadé, comme certains mutants en embrigadent d’autres à croire qu’ils sont les dieux d’une future humanité.

Il ne voulait pas laisser reposer toute la faute sur les épaules du fils Kovalainen, qu’il connaissait lui aussi depuis l’enfance. Artur n’était pas profondément mauvais, en revanche ses fréquentations étaient tout à fait déplorables, et leur influence avec. Etre capable de menacer à son père de se supprimer pour le contraindre à se vacciner, c’était malsain, très malsain, mais il était à peu près sur que ce genre de chantage était monnaie courante parmi les chasseurs parents ou enfants de mutants. Ce monde était décidément totalement fou. Le motiopathe secoua la tête alors que le généticien répétait qu’il aurait du mourir en même temps que sa femme, il y a longtemps. C’était faux, et il le savait : jamais cette dernière n’aurait voulu qu’il la suive dans la tombe, pas avec leurs petits encore en vie, pas comme ça, sans se battre.

- Non, tu ne peux pas dire ça. Pour une vie de perdue, tu en as sauvé des dizaines, peut être des centaines. Ce n’est pas de TA faute si elle est morte, c’est la faute du hunter qui a appuyé sur la détente, et de personne d’autre. Moïra est en vie, Alana… On la retrouvera, saine et sauve. Si un corps ressemblant à sa description avait été trouvé, on le saurait. On a du monde à l’hopital, chez les pompiers, les Insurgency parmi les forces de l’ordre … Si on ne l’a pas trouvé, c’est qu’elle est vivante, quelque part. Et pour Artur … *Il soupira* Aucune cause n’est perdue. Il suffit d’un déclic, d’une petite amie mutante, d’une menace vis-à-vis de ses sœurs, et tout peut encore changer …

Il se passa la main sur le visage, oubliant un instant la balafre encore à vif sur sa joue, grimaçant à son contact piquant.

- Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là. Si tu penses avoir besoin que je … J’ôte ou rajoute certaines choses, je peux le faire, même si je ne suis pas tout à fait convaincu que ce soit le bon moment. Je peux le faire pour toi, et tu sais que tu peux tout me dire, même le moins avouable …

-malachi & andreas-

All I want is...

Malachi, tout comme Moira avaient une vision biaisée de l’homme qu’il était. Jamais Andreas ne leur avait offert une autre facette de sa personne que celle qu’il voulait qu’ils voient. Celle d’un homme bien, d’un homme responsable, d’un homme qui aidait et cherchait à le faire. Hors, ce n’était qu’une partie de la vérité et cette façade ne tiendrait pas, certainement pas vu l’état dans lequel il était pour l’instant. Un pauvre sourire sur les lèvres, il ne pouvait qu’être d’accord. Un empathe aurait très mal vécu sa présence en ces lieux, il y avait d’ailleurs pensé. Alors qu’il allait répondre au motiopathe, il entendit un râle, pas franchement un grognement, de la part de son chien qui s’était dissimulé sous le fauteuil. Il ne pouvait décemment pas le laisser alors que Moira avait Biscuit à gérer. De quoi avait-il l’air, incapable de s’occuper de lui mais à devoir s’occuper d’un animal.

- « Je te présente le cadeau de Moira, Mendel. Pas vraiment le meilleur moment mais, il est là. J’espère que ça ne t’ennuie pas et qu’il n’y aura pas de problème avec Jumbo. » Il se pencha un peu pour lui gratter le haut du crâne. Ce geste, il ne le faisait pas pour lui mais, pour son chien. « Et pour te répondre. Je ne suis pas étonné par ce que je dégage, c’est ce que tu aurais dû percevoir, de façon probablement plus diffuse, si je n’avais pas été maître de moi-même quand je suis arrivé à Radcliff. Ma présence ici n’a fait qu’empirer ce que tu perçois. »

Il énonçait juste les faits, froidement, comme il aurait pu réciter une formule ou n’importe quoi d’autre. S’étendre là-dessus n’était dès lors plus nécessaire. Après tout, Andreas était certes présent mais, il n’était pas prêt pour autant à parler de ce dont il ne parlait jamais à personne. Colère, rage et abattement mis à part, seul ses réactions étaient désormais visible, il n’était juste pas tout à fait lui-même ni à même de s’empêcher de réagir comme il l’aurait fait en temps normal.
Comme avec Moira, quand Malachi évoqua Artur, la colère le reprit aussitôt. Il n’était pas son fils, il refusait d’être le père d’un garçon capable de tuer un autre être humain et de lui porter préjudice volontairement sans autre objectif qu’effacer une différence. Non, cet enfant n’était pas le sien, Aisling et lui n’avait pas pu rater son éducation à ce point. Lui, peut-être mais, pas sa femme.

- « Il n’est pas mon fils. Je ne veux rien savoir de ses raisons ou de ses relations. J’ai eu un fils mais il n’existe plus. S’il s’avise de mettre en danger encore une fois la vie de quelqu’un et que je l’apprends, ce sera son dernier geste. »

La colère d’Andreas sonnait comme une sentence. L’intensité avec laquelle il ressentait cette trahison était aussi efficace qu’un coup de poignard. Il avait été amputé d’un membre, et ce membre, sa mutation avait laissé un gouffre, un gouffre qui était en train de l’engloutir, aidé par des événements déjà marquant. Alors oui, l’ancien mutant était persuadé que s’il avait été présent, Aisling s’en serait sortie et il n’y aurait pas eu autant de problème. Elle aurait pu gérer Artur, elle aurait pu épargner Moira et même trouver les mots juste pour Alana. Lui, qu’avait-il fait ? Rien de concluant, pas concernant sa famille.
C’est un regard fatigué, presque moqueur quoi qu’indulgent qui se posa sur Malachi. Il était temps de briser l’image édulcorée qu’il avait de lui. Ça n’aiderait personne s’il ne le faisait pas, il était temps que les faux semblants cessent, pour l’instant du moins.

- « Et pour les vies que j’ai sauvées j’en ai pris d’autres Malachi. Ce hunter a tué ma femme parce que j’ai moi-même tué des hunters. Je ne pouvais pas toujours résoudre les choses pacifiquement. » Oh, il avait bien essayé pendant un temps mais, cette façon de voir les choses lui avait valu de cuisant échec et des pertes. « Artur est déjà limite avec Moira, comment crois-tu qu’il va réagir s’il devait se retrouver en face d’Alana qui n’est sa sœur que par mon sang et qui est une ancienne mutant pro-mutant ? Si tu veux croire en lui, libre à toi... Avec Moira vous aurez foi pour les autres. Je refuse de laisser passer ses actes désormais. »

Pendant quelques secondes, il ferma les yeux, ayant besoin de se couper le plus possible du monde pour retrouver un minimum contenance, une obligation désormais s’il voulait être capable de se contenir un minimum. Intrigué, Mendel posa sa truffe sur sa main, contact auquel il ne réagit pas. Ce n’est que lorsqu’il poussa sa main et qu’il en ressentit le mouvement qu’il revint à lui pour se mettre à caresser l’animal.

- « Nous savons tous les deux que si tu fais ça, les choses seront pires ensuite. Je ne peux que te conseiller de le faire si... je n’étais plus maître de moi-même ce qui n’est pas improbable. Je ne sens rien Malachi, mes colères sont aussi dangereuses pour les autres que pour moi. Tu sais déjà que je suis capable de tuer et malgré la promesse que j’ai fait à Moira, je recommencerai probablement parce que je suis pragmatique, parce que parfois, c’est la seule chose à faire. Sache donc que si d’aventure, j’obtenais le nom du responsable de la mort de ma femme, personne ne m’empêchera de sortir d’ici, pas même toi. »

Son désir de vengeance était bien plus oppressant que jamais. Il avait besoin de canaliser sa rage et il ne le pouvait pas.

-malachi & andreas-

What happened to you ...?

Malachi baissa les yeux vers une petite boule de poils qu’il n’avait pas remarqué avant : normal, vu la taille, il s’était imaginé que c’était Jumbo qui était venu se cacher sous le fauteuil d’Andréas, mais il n’en était rien : ce chiot là était d’un blanc immaculé, bien plus poilu que le jeune Dalmatien, encore plus petit encore. Ce petit là devait avoir quelques mois de moins que Jumbo, et ne laissait que son museau dépasser de dessous le fauteuil, comme si cela ne suffisait pas à le faire repérer. Le motiopathe sourit, attirant de la main le petit chien vers lui pour lui flatter l’encolure alors qu’Andreas concédait être dans un état… peu reluisant. Il ne répondit rien quand il lui avoua être plus ou moins constamment dans cet état : il se doutait bien qu’Andy contrôlait énormément ses émotions, peut-être même trop pour sa propre sanité, mais en l’occurrence pour le moment, il ne contrôlait plus grand-chose, et c’était flagrant pour le mutant des émotions. Les mains plongés dans le pelage tellement doux de Mendel, il décida de répondre à sa question la plus légère, avait de surenchérir :

- Jumbo est très amical avec les autres animaux, ça ne devrait pas poser de problèmes. Je pense plutôt que c’est ta perte de sens qui entraine ta perte de contrôle sur ta gestion de tes émotions, sans vouloir te vexer. La frustration d’une perte en entraine une autre, pour compenser, ce qui est plutôt logique, je n’imagine pas qui que ce soit rester stoïque face à la perte de ses pouvoirs et de ses sens, à moins que cela soit une fuite mentale qui relève de la psychiatrie.

A force de se confronter à des gestions des émotions tellement diverses et variées, Malachi s’était énormément instruit sur cette facette de la psychologie humaine : aussi les comportements d’Andréas lui paraissaient légitimes, à défaut d’être totalement compréhensibles. Il fronça en revanche les sourcils devant la colère qui surgit brutalement de la poitrine d’Andreas à la mention du nom d’Artur : Seigneur, il avait compris qu’il lui en voulait, pas besoin de lui envoyer quelque chose d’aussi éclatant et aveuglant de haine au visage. Il détourna le regard pour fixer autre chose, n’importe quoi, incapable de fixer le rougeoiement furieux du vacciné alors qu’il annonçait la mort symbolique de son fils à ses yeux. Malachi soupira, songeant qu’il était bien facile de parler ainsi, sous le coup de la colère, de la frustration ou dieu savait-il encore. Mais Artur était sa chair et son sang, et plus encore, le fruit de son amour avec feue son épouse. Occire Artur, c’était effacer une nouvelle trace de cette dernière sur terre. Et puis il n’était pas dupe : s’il osait aller jusqu’au bout, il perdrait Moïra sur le chemin, jamais la douce rouquine ne supporterait un tel infanticide sans broncher.

- Ton fils, parce que c’est ton fils, que tu le veuilles ou non, a été mis sous surveillance, j’en suis persuadé. Il n’est pas assez bête pour réitérer ses agissements tout de suite, en se sentant épié. Il sait que Moïra et toi avez des soutiens en villes, et avec la tension entre les mutants et les chasseurs à l’approche des élections, il suffit qu’il bouge une oreille trop vite pour qu’il se retrouve enfermé quelque part, il n'y a aucun doute à avoir là dessus.

Malachi se fit violence pour replonger son regard dans celui du quinqua, alors qu’il évitait soigneusement de descendre les yeux vers la poitrine de ce dernier, malgré son rayonnement hypnotisant. Il souffrait de voir son ami et mentor dans un tel état d’apitoiement et de fatalité. Andreas semblait avoir puisé dans ses ultimes réserves, et continuer à creuser encore pour trouver de quoi avancer. Il se savait dangereux, pour lui et les autres, et ce pessimisme ne faisait que confirmer à Malachi qu’il avait bel et bien besoin d’un coup de main, et surtout, de la certitude que quelqu’un serait là pour l’arrêter, s’il le fallait.

- Tu sais très bien que si je ne veux pas que tu sortes d’ici, tu n’en sortiras jamais, ne t’imagine pas que c’est ta carcasse de pré-vétéran qui m’empêchera de te retenir ici, insensibilité ou pas. S’il faut que je t’éteigne pour le bien de tes enfants et le tien, le temps que l’on trouve un moyen de te soigner, je le ferais, pour toi, et pour Moïra. Je n’ai pas spécialement envie d’en arriver à ce genre d’extrémité, mais si tu ne te montres pas raisonnable, je n’aurais aucune scrupule, et toi aucune chance.

Le ton de Malachi était calme, presque doux. Il n’avait aucune envie de prendre le risque de briser Andréas, malgré le fait qu’il gère de mieux en mieux les subtilités de l’anesthésie émotionnelle totale. Ils n’en étaient pas encore à là, et heureusement d’ailleurs. Il espérait d’ailleurs qu’ils n’y arriveraient jamais. Il prit les mains d’Andreas et ferma les yeux : il ne pourrait pas éteindre toute la rage de son ami, tout simplement parce qu’elle était trop légitime pour être éradiquer comme ça, sans que son esprit ne réagisse en contre partie. Cependant, il tâcha de l’alléger un peu, de quoi la rendre légèrement plus supportable, qu’Andy n’ait plus à clore les paupières ainsi pour reprendre son calme.

- On a une gamine d’à peine une vingtaine d’années à mettre à la tête de cette ville, avant qu’un mutant ne sépare la sienne du reste de son corps. Concentre toi sur ça, Andréas, et sur tout ce que cela pourrait apporter à notre cause… Tu sais que c’est important, plus important que beaucoup de choses …

-malachi & andreas-

All I want is...

Le fait que Moira lui offre un animal, il aurait préféré l’éviter. Il n’était clairement pas en état de pourvoir correctement aux besoins de l’animal mais, il s’y efforcerait. Non seulement parce que cette pauvre bête n’avait rien fait mais aussi parce que ce chiot avait besoin de lui. Extrêmement fidèle, l’animal le suivait partout, il lui avait été impossible de s’en séparer, Mendel le suivait partout, incapable de rester dans une pièce s’il la quittait. Il allait pourtant falloir qu’il trouve une solution car il ne pourrait clairement pas l’emmener partout. Il devait aussi y faire attention pour la bonne et simple raison qu’il était incapable de ressentir quoi que ce soit et donc de le blesser sans le vouloir. Si le chiot avait une présence relativement calmante, ça ne suffisait guère, il n’était pas dupe, ses bienfaits n’étaient que d’une très courte durée. Mendel ayant obtenu les caresses qu’il avait recherchées revint s’étaler aux pieds d’Andreas, inquiété par ses inflexions de voix, non sans mâchouiller légèrement ses lacets, un dressage dont il faudrait qu’il s’occupe, plus tard.
Parfaitement conscient qu’il était fort probable que Malachi ait raison, Andreas ne releva pas. Oui, la perte de ses sensations lui posait un énorme problème. Coupé de tout, il ne trouvait de réconfort dans rien, non pas qu’il en trouvait auparavant et ne parvenait à se focaliser sur ce qu’il avait dans la tête, un endroit où personne n’aurait apprécié se trouver, surtout pas maintenant. Il était devenu incapable d’éluder ses problèmes, son deuil, sa colère, sa rage, sa frustration, sa solitude et tout ce qui avait fini par le mener ici, le traîner à terre sans ménagement. Et, le responsable du dernier événement en date qui avait terminé de l’achever était son propre fils, à peine mentionné par Malachi qui insistait sur le fait que c’était pourtant son fils.

- « Qu’Isolde ait gagné ne changera pas Artur ou ses convictions, ça ne changera pas sa façon de voir le monde, ni sa façon de me voir moi. La seule personne qu’il aurait pu écouter, c’est sa mère et un chasseur, un homme de son espèce la lui a enlevée. Quoi que je puisse dire ou faire, ça ne ramènera jamais Artur à de meilleurs sentiments. J’ai perdu mon fils il y a longtemps déjà et il n’y a rien que je puisse faire pour rectifier cette erreur. Sa sœur conserve ses bonnes grâces et encore... pour combien de temps au juste ? Si tu crois sincèrement qu’il peut être aidé, tu te trompes. Il n’y a rien à espérer. Quant à un possible enfermement, il n’y a plus que toi pour croire en la justice Malachi. Toi et Moira. »

Andreas n’était pas dupe, il était en partie responsable de ce qu’était devenu Artur, il en avait eu conscience dès le début et plus encore lorsqu’il avait appris qu’il était un hunter. Au bord du gouffre ou non, la rage qu’il ressentait était bien réelle, aussi réelle que la perte de sa femme qui l’affectait de plus en plus et qui le rapprochait chaque jour d’une chute inévitable à l’heure d’aujourd’hui. Oui, il voulait être arrêté, très probablement mais, pas pour lui, pour Moira, pour Alana si elle était en vie parce que peut-être, peut-être que s’il parvenait à être mis à terre par son ancien protégé, la résistance qu’il pourrait manifester finirait de l’épuiser, de le mettre hors jeu. Il refusait que Malachi l’éteigne mais, en même temps, il ne voulait plus rien ressentir, il voulait se perdre mais ne plus jamais se retrouver. De sourire, il n’en esquissa même pas parce qu’il savait que c’était tout à fait vrai.

- « N’oublie jamais que ce sera peut-être quelque chose qui arrivera dans un futur plus ou moins proche Malachi. Je ne t’offrirai pas la possibilité de te faciliter la tâche. »

Parce qu’il obtenait réellement le nom qu’il recherchait, il ne laisserait pas à Malachi le loisir d’hésiter. Il ferait tout, absolument tout pour sortir de là. Il ne pouvait pas toujours être présent, pas toujours veiller. Andreas était instable, dangereux mais il n’en était pas moins intelligent et toujours lui-même, d’une certaine manière, d’une effrayante manière.
Bon gré mal gré, il laissa le motiopathe faire son office. Sa rage était toujours là, il la ressentait toujours mais, il avait au moins l’impression de pouvoir respirer normalement, sans être à deux doigts d’exploser d’une quelconque façon, à s’inquiéter des répercussions d’un orage qui ne viendrait jamais. Sa rage apaisée, il luta contre sa peine. C’était sans fin.

- « Je le sais et tu sais ce qui est précisément problématique Malachi ? Je me fiche des combats que j’ai mené, des causes que j’ai défendues, des désaccords que j’ai eu avec Isolde, de ce qu’elle me reprochera très bientôt quand elle pourra faire le point. Je ne suis pas un conseiller et tu le sais. Des décisions contraires, je continuerai d’en prendre mais, aujourd’hui, l’avenir, ce n’est certainement pas moi qui le bâtirai. Le futur n’est plus mon problème. »

Il estimait avoir donné bien assez, il était épuisé, fatigué par tout ça et pourtant, même si elle n’était pas tout à fait là, il avait toujours autant de rage à revendre, toujours des combats qu’il voulait mener mais, de force, il n’en avait plus.

-malachi & andreas-

What happened to you ...?

Malachi aurait vraiment voulu avoir les mots qu’il fallait pour réconforter son ami, mais il était conscient que ce n’était pas de mots dont Andréas avait besoin, en tout cas pas des siens. L’homme las et aigri qu’il avait en face de lui en avait marre de se battre contre des chimères, des fantômes de son entourage qui venaient le hanter, maudissant ses actions passées et le faisant ressasser sa culpabilité encore et encore. Alors tout ce qu’il pouvait faire, Malachi, c’était écouter son vieil ami parler, parler encore, deverser sa bile acide sur le monde, sur le futur, qu’il noircissait en même temps que son cœur. Andréas était de ces vieux guerriers qui avaient combattu trop longtemps, trop seul, et qui finissaient par oublier la raison pour laquelle ils refusaient de lâcher les armes. Andréas avait commencé par lutter contre les hunters pour faire comprendre au monde que les mutants n’étaient pas une menace, et avait fini dévoré par son esprit de vengeance, qui le poussait à commettre l’irréparable. Malachi ne pouvait que comprendre ce qui consumait le mutant de l’intérieur, lui qui avait céder aux ténèbres le jour où il avait laissé le corps froid de Sloane St James dans cette ruelle sombre après l’avoir abattu de sang froid. Sauf que la différence entre eux, c’était que Malachi ne s’imaginait pas une seule seconde réitérée cette erreur. Andréas, lui, ne rêvait que de ça.

- Des Moiras, il y en a des dizaines rien que cette ville. Je sais que ça peut paraitre terriblement niais, Andréas, mais l’espoir n’est pas mort, pour personne. Les gens changent, pour de bonnes et de mauvaises raisons, mais personne n’est gravé dans le marbre, et seuls les morts restent pour toujours ce qu’ils sont.

Le motiopathe se releva, et sa jambe grinça avec un bruit de métal rouillé qui lui tira une grimace : il n’avait pas eu le temps d’aller à l’hopital pour lui-même depuis un moment, et elle était probablement un peu déréglée, avec le temps. Il s’en occuperait plus tard. Il invita Andréas à faire de même, avant de reprendre d’une voix qui ressemblait à celle qu’il utilisait avec Peter pour se faire obéir :

- Pour l’instant néanmoins, tu vas me faire le plaisir de me suivre sans résistance, parce que tu n’as aucune raison légitime de ne pas le faire. Allez, zou.

Il se pencha pour prendre le petit chiot dans ses bras, puis amena le généticien jusqu’à une immense chambre avec un lit à baldaquin aux épais rideaux, où tout invitait au repos et au relachement :c’était, de l’avis de ses invités, l’une des chambres les plus confortables du manoir, celle où on dormait le mieux. Certains expliquaient la sérénité de la chambre par le fait qu’elle jouxtait le bureau et la chambre du maitre des lieux, et que celui-ci dégageait naturellement des ondes de calme et de sérénité quand il travaillait, tard le soir.

- Je m’occupe de Mendel, je suis sur qu’il appréciera de jouer dehors avec Jumbo. Toi, tu te reposes, allonges toi ou non, qu’importe, mais je pense qu’un peu de calme et de sommeil te ferait le plus grand bien, vraiment. Ce soir j’ai Peter et Elsa uniquement à la maison, tu peux rester avec nous, le petit sera ravi de te voir, et c’est surement la meilleure façon de se sentir vivant, que de s’occuper de celui là. Reste aussi longtemps que tu le veux ou que tu le supporte, tu sais que ma maison est ta maison …

Il serra la bras d’Andy du sien, le chien toujours dans l’autre, et se dirigea vers la porte de sortie. Peu avant de la refermer derrière lui, il releva la tête, et termina dans un sourire :

- Au fait … tu avais raison pour ma mutation. Il semblerait qu’il soit encore possible de passer à un stade supérieur, je l’ai vécu récemment. Je t’en dirais plus, plus tard …

-malachi & andreas-

All I want is...

Andreas appréciait l’aide de Malachi, du moins, celle qu’il tentait de lui apporter. Il ne l’avait pas demandée et il était par obligation mais, ça ne voulait pas dire pour autant qu’il se devait d’être désagréable avec le motiopathe. Sa colère toute entière était destinée à Artur, son abattement à la situation, sa solitude à la perte d’Aisling, ses angoisses à Moira et Alana. Le chaos qui régnait aussi bien dans son esprit que dans son cœur l’épuisait et tout ce qu’il avait traversé et vécu ces derniers mois n’avait fait qu’éroder un peu plus les solides fondations qui l’avaient jusqu’à présent aidées à traverser tous les problèmes qu’il avait rencontré. Le monstre d’intransigeance, le mentor, la personnalité qu’avait été le généticien était à présent replié, perdu même dans un labyrinthe de ressentis dont il ne semblait plus capable de trouver la sortie, se confrontant sans cesse à un gouffre.
Que les jeunes restent optimistes pour lui, qu’ils espèrent encore si cela pouvait les aider à avancer mais, tout ça n’aidait guère Andreas. La justice ne lui rendrait pas sa femme, la mort du hunter non plus mais, il serait soulagé, au moins quelques instants. Tuer ne lui avait jamais posé de problème et, s’il s’était interrogé sur cette facilité quand Aisling était en vie, il ne le faisait plus. Elle avait inconsciemment museler la bête. Elle n’était malheureusement plus là pour rappeler à l’ordre ses plus bas penchants.

- « Je vous laisse l’espoir et la justice. Je récolterai en temps voulu le fruit de mes actions. Certaines personnes, mieux vaut qu’elles ne changent plus. »

Il était clair qu’il entendait par là bel et bien mettre un terme à la vie du meurtrier de la mère de ses enfants. Cet objectif restait dans sa ligne de mire et qu’importe les promesses qu’il avait faites à Moira, cet homme-là ne vivrait pas et, avec un peu de chance, il ne lui survivrait pas non plus. Les comptes seraient remis à zéro et la prochaine génération trouverait bien comment se défendre et apprendre à vivre.
Un instant, il avisa Malachi et entendit sa prothèse protester. Il haussa un sourcil et l’observa un moment. Il oubliait souvent que son ancien protégé avait ce problème. Il se leva, Mendel sur les talons, interloqués.

- « Tu devrais t’occuper de ça. Avec un enfant et les responsabilités qui sont les siennes, tu dois rester au mieux de ta forme et ça comprend ta prothèse également. »

L’ancien mutant choisissait volontairement de se mettre en retrait et de conseiller encore le motiopathe. Il était un protecteur alors que lui était un croque-mitaine. Ainsi étaient les choses et à présent qu’il en était rendu à ne plus être capable de contrôler ses humeurs et qu’il avait perdu son essence, il mettrait les évidences en avant. Ultimes conseils d’un prédateur à bout de force.
Sans broncher, Mendel se laissa attraper, léchant avec un enthousiasme certain la manche du mutant, se tortillant un peu pour lui lécher la main. Si un sourire se serait profilé sur ses lèvres en temps normal, rien n’apparut et il suivit Malachi à l’étage, pénétrant dans la chambre bien plus tape à l’œil que ce qu’il aurait songé. Enfin... l’hospitalité lui était offerte, il n’allait pas protester. Mis au lit comme un enfant, il ne dit toujours rien et se tourna ensuite vers lui, fronçant les sourcils.

- « Je viendrai. »

Ne fut-ce que par curiosité à propos d’Elsa, apprendre à connaître un peu mieux Peter et son don. À aucun moment, Andreas ne fut convaincu que ça l’aiderait à avancer mais, il n’allait de toute manière pas rester planté dans cette chambre indéfiniment. Pour l’heure, il pouvait toujours se reposer, laisser le chiot s’amuser, la vie reprendre son cours autour de lui sans qu’il n’ait à s’en soucier. Malachi lui donnant pourtant du grain à moudre sans lui apporter une quelconque réponse.

- « J’y compte bien. À plus tard Malachi. »