Sujet: Give it to me I worth it (Rafalachi) Lun 14 Déc 2015 - 22:50
Prove me that I'm not gonna waste my time
Malachi & Rafael
Malachi terminait sa seconde coupette de champagne, et considéra qu’il avait bu juste ce qu’il fallait pour avoir l’œil brillant et la langue suffisamment déliée fasciner son auditoire. S’il avait besoin d’être sobre et dispo pour donner ses cours magistraux, un peu d’alcool dans le sang lui facilitait la tâche quand il s’agissait de conversations mondaines, ou sa timidité naturelle avait tendance à le faire rester en retrait. Sauf que voilà, ce soir il était là pour briller, en mettre plein la vue et se faire remarquer, parce tous, et certains en particulier. Malachi était en mission et maintenant qu’il connaissait ses cibles, il n’allait pas s’en détourner. La soirée était de celle qui émoustillait les bourgeois qui avaient dépassé la trentaine et qui, ennuyés dans leurs grands bureaux immaculés, se rêvaient artistes une fois la nuit tombée : une exposition d’art moderne avec une représentation d’art vivant, avec une performance d’art vivant au centre de l’image salle d’exposition, une femme qui touchait le visage des invités, les yeux bandés, puis tentait d’en reproduire le portrait en peignant uniquement avec ses doigts et de la gouache. De ce que le professeur en avait vu, en effet, c’était très, très conceptuel, pas vraiment son délire. Il était encore tôt bien sur mais il faisait déjà nuit, et chaque invité serait raccompagné en voiture par les services de ce cher monsieur le maire pour pouvoir traverser la ville durant le couvre-feu. D’ailleurs, Malachi avait repéré plusieurs chasseurs connus en ville, et surtout, un membre de la gunpowdersquad en goguette, en civil sans son brassard. Le loup déguisé en agneau, avec ses chaussures italiennes impeccablement cirées et son costume taillé probablement sur mesure à sa taille. Il fallait avouer que Rafael Demaggio avait de la gueule, il était difficile de le dire autrement, et pourtant, le motiopathe était tout sauf impressionné : il avait demandé à Ellie de faire des recherches sur le patriarche des Demaggio qu’il ne connaissait que de nom et pour être à la tête d’une entreprise de vente d’armes on ne peut plus opaque : dieu seul savait ce qu’il faisait réellement, et à priori, il ne fournissait pas les scouts en pâte à cookie. Finalement, Malachi n’avait pas appris grand-chose de plus sur le grand brun, si ce n’était que sa fille était morte quelques mois plus tôt, et qu’apparemment, l’homme tirait discrètement les ficelles d’une enquête pour déterminer les circonstances de son assassinat. Ce qui tombait plutôt bien, puisque lui-même avait eu l’info par les plus hautes sphères de l’organisation, et savait exactement ce que l’homme cherchait à découvrir. A présent, il ne lui restait plus qu’à trouver un moyen de l’aborder, et surtout qu’il vienne spontanément lui parler de sa fille. Et ça, c’était une toute autre paire de manche. Pour l’instant, il devait se mêler à la foule de ces pseudo bobos aux idées pourtant tout sauf progressistes, et il s’essaya à la conversation d’une femme blonde au brushing tellement haut qu’il se demanda combien de bombes de laque son coiffeur avait sacrifié sur l’autel de cette prouesse capillaire. La lady en question était la femme de … qu’importe d’ailleurs, en tout cas elle riait fort tout en posant constamment sa main sur son généreux décolleté, exposant sensiblement l’énorme rubis qu’elle portait à l’annulaire. Malachi trouvait ça ostensiblement déplacé, mais se contentait de sourire à la greluche tapageuse qui le deshabillait du regard sans la moindre gêne. La cougar finit de raconter une anecdote absolument passionnante sur son dernier achat lors d’une vente au profit d’un organisme de charité quelconque, elle ne se souvenait plus, il y en a tellement vous savez, puis s’était décidée à s’enquérir de la profession de celui qu’elle espérait coincer dans un coin sombre un peu plus tard dans la soirée. Le britannique, courtois, se présenta brièvement, alors que la blonde poussait des petits cris d’orfraie en l’entendant parler de sa spécialité, l’histoire de la transmutance .C’était exactement ce qu’il cherchait, qu’elle le répète, bien fort si possible, alors qu’il la rassurait d’un petit sourire prétendument bienveillant : Evidemment, très chère, il était tout à fait possible d’étudier les mutants sans en être uns, on étudie bien les insectes sans que des mandibules vous poussent des gencives dans votre sommeil. La blonde éclata de son rire insupportable, attrapant son bras comme si elle menaçait de se casser la figure si elle ne s’agrippait pas à lui. Brrrr… L’hameçon lancé, le motiopathe se libéra de son bruyant faire valoir, prétextant d’aller remplir à nouveau son verre de pétillant, avant de s’arrêter près d’un immense tableau au cinquante nuances de … Pourpres, comme une sorte de massacre d’amarantes… Un peu étrange en réalité. Il prit une gorgée de champagne, la dernière, promis, puis attendit. 5, 4, 3, 2 … Il allait venir, il le sentait, il le savait. Il l’avait vu dans son aura, cet intérêt discret mais présent qui s’était allumé en Lui, il n’avait plus qu’à patienter pour qu’il se jette dans ses filets.
Sujet: Re: Give it to me I worth it (Rafalachi) Mer 23 Déc 2015 - 0:30
Prove me that I'm not gonna waste my time...
Rafael DeMaggio & Malachi Porter
L'ennui. Un vaste concept qui s'apparentait à quelque chose de désagréable, la sensation de perdre son temps, de se fatiguer à ne rien faire... L'ennui était définitivement le pire poison au monde. S'il l'avait pu, Rafael aurait été étranglé l'ennui à mains nues. Si tant est que l'on puisse tuer un état d'esprit. Les soirées mondaines l'ennuyaient, la plupart du temps. Tous ces bourgeois endimanchés qui ne venaient là que pour se pavaner, qui se fichaient bien de la situation déplorable du pays, qui sortaient leurs plus beaux atours pour impressionner le voisin... Bande d'idiots... Lui même avait troqué son habituelle tenue de combat contre un élégant costume taillé sur mesure, et ses rangers contre des chaussures impeccablement cirées. C'est qu'il impressionnait, le DeMaggio ! C'était certes un militaire dans l'âme, mais il avait appris à se tenir et à garder la tête haute en toute circonstances... C'était pourtant certainement son regard noir et son aura antipathique qui faisaient fuir les autres convives. Ou peut-être simplement parce qu'il n'était absolument pas disposé à discuter avec qui que ce soit ce soir. C'était la troisième coupe de champagne qu'il terminait, et commençait à se dire que les petits fours seraient définitivement plus intéressants que les blabla insipides qu'il saisissait au vil par ci par là. Saviez-vous qu'une riche héritière venait d'acquérir cette hideuse toile composée d'un nombre incroyable de nuances de rouge ? Lui non plus. A vrai dire, Rafael venait de l'apprendre malgré lui et s'en fichait royalement. Tout ce qu'il savait, c'était que tout ce rouge avait quelque chose de... Oui c'est ça. On avait l'impression que l'artiste avait vidé quelqu'un de son sang sur la toile. Du bon goût et de la finesse.
Finalement, Rafael se décida à s'approcher d'un petit groupe, lesquels l'accueillir à bras ouverts comme s'il faisait partie intégrante de leur petit club. A vrai dire, ça le faisait bien rire. S'il en connaissait deux pour avoir supporter maintes fois de les voir lui cirer les pompes, il ignorait totalement qui était le dernier. Ce qui n'empêchait pas cet homme de se comporter comme s'il saluait un vieil ami. C'était là toute l'ironie et l'hypocrisie des réceptions mondaines : Personne ne connaissait réellement celui ou celle avec qui il parlait, mais chacun jouait le jeu en prétendant connaître son interlocuteur depuis des années. Et les voilà qui conversaient poliment, les uns s'enquérant des affaires du voisin, les autres cherchant d'éventuels partenariats. C'était la course au plus gros portefeuille, chacun étalait avec vantardise ses recettes de l'année... Rafael se contentait d'un sourire aimable, plaçant par ci, par là quelques mots. Lui n'avait vraiment pas de quoi se vanter depuis que Cesare lui avait volé plusieurs milliers de dollars. Son fils ne perdait rien pour attendre... Il lui ferait la peau, tôt ou tard... Une fois qu'il aurait réussi à l'amadouer suffisamment pour endormir suffisamment sa vigilance.
Lassé du discours de ses interlocuteurs, Rafael laissa vagabonder son esprit et ses oreilles parmi les autres convives. Mais qui donc gloussait aussi fort ? Un coup d'oeil à sa gauche et il remarqua un homme, au bras du quel était pendue une véritable autruche, gloussante et se trémoussant en roulant des yeux de merlan vers son cavalier. Pauvre de lui... Il semblait avoir du mal à se débarrasser de cette vieille bique, laquelle avait jeté son dévolu sur lui comme s'il était une appétissante sucrerie. A force d'entendre cette dinde hurler, Rafael saisissait quelques bribes de leurs discussion. Porter, c'était bien ça, son nom ? Il n'en était pas certain, mais ce sont il était sûr, c'était que ce type était professeur. Professeur de quoi, ça... Minute... Ses oreilles lui jouaient-elle un tour ? Rafael prétexta un appel auprès de ses indésirables camarades et s'éloigna pour mieux s'approcher de la poupée Barbie et de son compagnon improvisé pour l'occasion. Blablabla, la voilà qui recommençait à glousser et... Il avait bien entendu. Un spécialiste des transmutants. Depuis le temps qu'il chassait, Rafael n'avait encore jamais entendu parler de ce genre de spécialité. Curieux, il fit mine de se resservir du champagne en écoutant d'une oreille attentive. Peut-être ce professeur pourrait-il le renseigner, qui sait ? D'autant que Rafael avait beau se creuser les méninges, il ne se souvenait pas d'avoir jamais vu un Porter ou un nom s'y apparentant dans la liste des mutants déclarés à Radcliff. Ce pouvait être aussi bien un humain curieux qu'un chasseur zélé... Mais là aussi, il ne se souvenait pas l'avoir jamais croisé pendant l'une des ses chasses.
Lorsque le professeur parvint enfin à se libérer de son pot de colle endiamanté pour aller se chercher une nouvelle coupe de champagne, Rafael attendit quelques instants avant de s'approche. Le tout était de ne pas avoir l'air trop intrusif. Mais il avait besoin de réponses, et ce rapidement. Avec un peu de chance, ce type-là connaissait peut-être bien plus de choses que lui sur les mutants... Peut-être saurait-il lui dire s'il existait un moyen pour contrer une mutation comme celle de Cesare... Pour l'heure, Rafael était loin de se douter qui était réellement ce professeur, et encore moins qu'il en savait beaucoup au sujet de la mort de sa fille. Tout ce qu'il savait, c'est que pour une raison totalement obscure, ce type lui était sympathique. Chose rare, chez Rafael. Finalement, il s'approcha pour se servir à son tour une nouvelle coupe de champagne.
- Difficile de se débarrasser de ce genre d'énergumène, n'est ce pas ? Puis il lui tendit une main. Rafael DeMaggio... Je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre ce que piaillait votre amie... C'est qu'elle parle fort...
Il porta la coupe de champagne à ses lèvres et en but une gorgée avant de reprendre.
- D'un autre côté, ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre un spécialiste des transmutants... Vous êtes ?
Subtilité et délicatesse avaient tendance à fuir le vocabulaire de Rafael lorsqu'il voulait quelque chose. Et là, il partait en quête de réponses. Il était parfaitement poli et courtois, mais il ne pouvait pleinement masquer cette lueur d'avidité dans son regard.
acidbrain
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Sujet: Re: Give it to me I worth it (Rafalachi) Dim 27 Déc 2015 - 15:23
Prove me that I'm not gonna waste my time
Malachi & Rafael
Malachi savait qu’il allait devoir la jouer fine, très fine avec Rafael Demaggio : l’homme n’était probablement pas du genre à s’en laisser compter, et son aura émotionnelle ne faisait rien pour détourner le professeur de sa première impression : l’homme avait une espèce de froideur intériorisée qui couvait un entrelacs d’émotions complexes, que le motiopathe ne pouvait deviner sans fixer l’homme d’un air tout sauf naturel. Alors il devrait naviguer à vue, en priant pour que le chasseur ne le voit pas suer à grosses gouttes. Il avait certes une certaine aisance dans les milieux mondains, mais pour ce qui était de converser tranquillement avec un homme qui, s’il avait su, se serait fait une joie toute particulière de lui trouer la tête d’une balle bien placée. Pas de quoi vous mettre en confiance, vraiment. Il inspira profondément juste avant que Rafael entre dans son champ de vision, tâchant de de calmer les battements accélérés de son cœur anxieux. Il pouvait le faire, ce n’était qu’une mission d’approche pour le moment. Il lui suffisait de se montrer aussi charmant et spirituel que d’habitude, ce n’était pas compliqué, si ?
- Oh vous savez, il y a un moment, ça devient comme une sorte de bourdonnement au fond de l’oreille, on ne sent presque plus compte. Et le terme amie me parlait … Très diplomatique, en l’occurrence.
Il saisit la main de l’homme en souriant légèrement. Pas trop non plus, calquant sa réserve sur celle du marchand d’armes.
- Malachi Porter, enchanté. Spécialiste des transmutants est peut être un peu surfait … Je suis simplement historien. Je me suis rapidement intéressé à l’apparition de la transmutance dans les populations humaines et sa gestion par les différentes sociétés.
Il imita Rafael d’une gorgée qui effleura à peine ses lèvres, alors que l’aura du hunter s’allumait dans ses yeux de convoitise et d’intérêt. Malachi avait l’impression d’avoir agité un morceau de viande sanguinolent devant le nez d’un énorme loup. Le Demaggio transpirait le pouvoir, le danger, il était de ces hommes pour qui le pouvoir était inné, et qui ne souffrait probablement pas de la moindre contrariété. Heureusement l’homme était encore en position d’attente et d’observation, et le mutant devait en profiter avant qu’il se détourne de lui.
- Radcliff est un terrain d’observation assez fascinant dans le domaine pour tout dire. Il apparaitrait que la concentration d’individus … Différents est plus importante ici que dans la plupart des villes de taille équivalente. Intéressant n’est ce pas ?
Bien sur que ça l’était, intéressant, il suffisait d’un coup d’œil en direction du visage à priori impénétrable de Demaggio pour que le motiopathe devine qu’il avait réveillé quelque chose chez le quinqua. Il laissa un moment passer sans rajouter un mot. Il ne fallait pas qu’il ait l’air d’avoir envie d’accaparer la conversation, le regard perdu dans le tableau en face de lui alors que son cerveau carburait comme un moteur de formule 1 avant le départ des stands. Il n’avait décidément pas l’habitude de ce genre de situation, et il espérait vraiment que Demaggio trouverait les bribes d’informations qu’il lui avait laché suffisamment intéressantes pour le relancer sur le même sujet .En attendant, il devait continuer les mondanités les plus affligeantes, à défaut d’être trop rapidement dans le vif du sujet.
- On m’avait dit que monsieur le maire passerait pour faire un discours pour remercier l’artiste qui a organisé cette exposition… Mais je crois qu’il a eu un meilleur pressentiment que nous et a préféré se trouver une occupation plus productive… Seigneur, je crois que je n’ai pas vu autant de brushings verticaux et de robes empire depuis ma remise de doctorat … Et pourtant il y avait de la noblesse anglaise, et ces femmes là ne plaisantent pas avec leur coiffeur …
Sujet: Re: Give it to me I worth it (Rafalachi) Lun 11 Jan 2016 - 15:27
Prove me that I'm not gonna waste my time...
Rafael DeMaggio & Malachi Porter
Un motiopathe. Si Rafael avait su de quoi était capable l'homme qui lui faisait face, il aurait pu s'y intéresser. S'il avait eu un quelconque intérêt scientifique ou de la curiosité mal placée pour les mutants, bien évidemment. Rafael ne faisait pas partie de ces pseudo chercheurs du dimanche qui voulaient comprendre les dégénérés, qui voulaient les étudier pour mieux comprendre le fonctionnement de leur organisme. Lui faisait partie de ceux qui ne s'embarrassaient pas du moindre scrupule, de ceux qui ne voyaient aucun autre salut que la mort pour les dégénérés. C'était triste pour eux, ils étaient nés avec une tares. Et la nature n'aimait pas les imperfections, les ratés, les différents... Aux yeux du patriarche DeMaggio, c'était rendre service à l'humanité toute entière, que de détruire la race mutante. Evolution humaine ? Balivernes ! Des monstres, voilà ce qu'ils étaient ! Il en avait vu bien trop se servir de leurs dons pour faire le mal pour accepter de leur laisser une chance. Aussi, s'il avait su que Malachi était un mutant, il n'aurait pas hésité une seule seconde : Il aurait sortit son revolver et lui aurait mis une balle dans le crâne, et tant pis pour les témoins. Qui lui en voudrait d'avoir tué un dégénéré, après tout ?
Seulement... Et bien seulement Rafael ignorait cela. Ce qu'il voyait devant lui, c'était un humain tout à fait ordinaire, un homme qui avait eu toutes les peines du monde à s'arracher aux griffes acérées d'une insupportable pintade gloussante... Et un type particulièrement poli, avec cet accent britannique qui lui donnait un charme aristocratique.
- Vous êtes chanceux... Ce n'est pas donné à tout le monde d'être aussi patient avec ce genre de... Personne.
Rafael lui serra la main en lui accordant ce demi sourire hautain qui devait donner envie à la quasi totalité de ses congénères de lui mettre trois paires de claques. Malachi Porter... Ce nom ne lui disait rien et pourtant, Rafael vivait à Radcliff depuis longtemps. Il était certain de plusieurs choses : Il ne figurait ni sur sa liste personnelle de gens à abattre, ni sur celle de ses potentiels alliés ou camarades de chasse. Autrement dit, il était inconnu au bataillon. Poliment, Rafael laissa Malachi parler, sans l'interrompre, portant simplement sa coupe de champagne à ses lèvres par moments. Malgré son sourire aimable, il ressemblait davantage à un prédateur affamé en quête d'une proie juteuse, proie qu'il avait à présent cernée. C'était lui, le type qu'il fallait avoir dans ses petits papiers quand on voulait en savoir plus sur les transmutants, lui qui pourrait peut-être lui donner les réponses qu'il attendait tant. Alors il avait ce regard suintant d'avidité tandis qu'il fixait son interlocuteur sans ciller. Si tout cela était intéressant ? Pour sûr, ça l'était !
- Fascinant, en effet... Je n'ai encore jamais rencontré personne qui s'intéresse à ce point aux personnes pourvues d'un... Don, si je puis me permettre cette appellation. Vous dites que vous êtes historien, mais vous enseignez ici, à Radcliff ?
Un don... Voilà bien un terme qui lui arrachait la langue dès qu'il le prononçait. Comment pouvait-on parler de don pour de telles monstruosités ? Il avait reçu une éducation religieuse exemplaire, et son père lui avait maintes fois répété que tous les mutants étaient l'oeuvre du démon... S'il avait longtemps cru à cela, sa foi s'était depuis longtemps tarie, emportée par une haine si viscérale qu'elle l'aveuglait complètement. Un don... Et puis quoi encore ?
- Dites m'en plus... Je vous avoue que je suis curieux ! Nous ne savons pas grand chose des mutants, et encore moins pourquoi ils sont attirés ici... Peut-être sauriez-vous me dire d'où ils viennent ? Et ce que Radcliff a de plus que les autres villes ?
Un intérêt polie, une note de curiosité dans la voix, on aurait simplement pu penser que Rafael faisait partie de ces riches investisseurs qui s'ennuyaient dès qu'ils ne brassaient plus de l'argent, et qui avaient besoin d'un peu de piment dans leur vie pour se changer les idées. Mais son avidité, sa haine, sa cruauté... Il les cachait derrière un rôle savamment maîtrisé. Seulement son masque, Malachi pouvait le faire voler en éclats d'un claquement de doigts, avec un don comme le sien !
Et puis l'historien repris, commentant la soirée et l'absence évidente de Lancaster. En effet, le maire n'avait pas pris la peine de venir ne serait-ce que remercier le cinglé qui avait accouché de si vilaines toiles. Il plissa les yeux en se tournant à nouveau vers Malachi. Des mots, des mots, encore des mots... Un changement de sujet soudain... Etait-il nerveux ou cherchait-il à noyer le poisson ? Légèrement surpris, Rafael pris le parti de le suivre. Ils auraient bien le temps de revenir à ce sujet qui les passionnaient tous les deux... Mais certainement pas de la même manière.
- Mr le maire est un homme très pris, et je crois que les derniers événements l'ont quelque peu refroidis... La ré-inauguration de la mairie a été un fiasco, sans parler de la fête de l'hiver, il y a quelques mois... Mais dites-moi, c'est peut-être un peu présomptueux de ma part, mais ne viendrez-vous pas du vieux continent ? Votre accent ne fait pas très américain, et pour que la noblesse anglaise se déplace à une remise de doctorat, j'imagine que vous avez étudié dans une bonne université britannique ?
Pas besoin de s'appeler Sherlock Holmes pour comprendre cela, mais Rafael aimait relever ce genre de détail qui lui permettaient plus ou moins de dresser un portrait de mystérieux historien spécialiste des mutants. S'intéresser à lui, à ce qu'il disait, c'était peut-être le meilleur moyen de glaner les informations qui lui manquaient.
- J'ignorais qu'en Angleterre la cause des mutants préoccupait à ce point les universitaires...
A vrai dire, il ne savait pas grand chose de l'Angleterre, si ce n'est tout les à priori qu'il pouvait avoir des anglais...
acidbrain
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Sujet: Re: Give it to me I worth it (Rafalachi) Lun 18 Jan 2016 - 18:55
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Malachi & Rafael
Rafael Demaggio était de ces hommes qui ne vous laissent pas indifférents, en bien comme en mal. Il faisait exactement la même taille que le professeur, mais Malachi avait l’impression qu’il occupait bien plus l’espace que lui. Probablement une histoire de port de tête, ou de posture, mais le marchand d’armes en imposait vraiment, et il fallait tout le courage du monde au pauvre professeur pour feindre la confiance et la décontraction à ses cotés. Alors il se répétait, comme un mantra, que l’homme n’était rien d’autre qu’un fou déguisé en homme respectable, un assassin dans un costume très bien taillé. Il ne méritait pas de lui faire forte impression, ce n’était qu’un monstre. Oui, voilà, un monstre, avec une coupe de cheveux coutant le salaire mensuel d’une serveuse. Il fallait qu’il garde bien ça en tête, pour ne pas se laisser embobiner par le charisme magnétique du chasseur. Ce n’était pas qu’il était impressionnable, Malachi, mais Rafael Demaggio n’était pas du menu fretin. Malachi lui sourit d’un air vaguement complaisant :
- La patience vient proportionnellement aux besoins de donateurs et de mécènes pour la chaire que l’on occupe à l’université. Et je peux avouer sans trop de honte que l’histoire n’attire pas autant les multi nationales que les sciences pures. Alors nous trouvons nos bienfaiteurs parmi quelques romantiques qui rêvent parfois plus de chevaliers en armure et de duellistes que de recherches austères sur l’origine de telles ou telles modifications génétiques….
Il reprit d’un air tranquille, comme s’il avait déjà expliqué tout ceci des milliers de fois. Ce n’était pas tout à fait vrai, ni tout à fait faux, mais cette fois ci il devait se montrer précautionneux dans sa manière de … Présenter les choses :
- Disons que c’est un pan de l’histoire qui n’a été dévoilé qu’avec l’existence de cette … Catégorie d’individus. A l’instar de la zoologie, on étudie pas des créatures dont on a pas la preuve de l’existence. Alors nécessairement, nous sommes encore peu nombreux à disposer d’une expertise dans ce domaine. En réalité, je travaille à l’université de Louisville et au lycée de Radcliff, mais uniquement sur de l’histoire classique. Je garde le reste pour ma chaire et mes recherches personnelles. Je ne souhaite pas provoquer de débats inutiles sur un sujet aussi brûlant actuellement. En revanche, je n’ai aucune réticence à partager mon travail avec ceux que cela interesse. Ma thèse sur le sujet a été éditée plusieurs fois dans plusieurs pays d’ailleurs.
Pour l’instant, il n’avait rien dit de bien scandaleux, tout cela se trouvait sur sa page wikipédia ou encore sur le site de la faculté de Louisville. Il profita du passage d’un serveur portant un plateau d’amuses bouches pour faire une pause, le temps que le Demaggio puisse assimiler les informations qu’il venait de lui délivrer. Il croqua délicatement dans un toast de faux gras, un simili foie gras au gout douteux, avant de reprendre d’un ton tranquille :
- Hm, pour tout vous dire, je ne pense pas que Radcliff soit un « nid ». En revanche, je pense que la communication des groupes de soutien pro mutants est plus … évoluée ici que dans d’autres villes ou Etats. Il ne suffit parfois que d’un leader charismatique et de quelques discours bien rôdés pour créer un sentiment … D’appartenance. De communautés, notamment parmi des minorités devenus récemment plus visibles, ou plus … Dérangeantes. C’est quelque chose d’assez courant dans les cycles historiques.
Il tachait d’ignorer les émotions agressives du marchand d’armes, alors qu’il l’instruisait sur de l’histoire politique basique : de toute évidence, la seule mention de l’existence de mutant était parfaitement insupportable à l’homme qui se tenait droit comme un I en face de lui. Intéressant. D’où venait cette haine viscérale ? une éducation éminemment raciste, une vengeance personnelle, un amour déçu ? Il y avait tellement de possibilités au final, et aucun moyen, pour le moment en tout cas, pour le mutant d’en avoir le fin mot. En attendant, il était condamné à jouer l’invité parfait et dispo pour le chasseur assoiffé de sang génétiquement modifié :
- Je suppose oui que pour sa propre sécurité et celle des gens présents ici, il est plus raisonnable qu’il se fasse plus … Discret. Et, oui, vous avez raison, je suis gallois plus précisément. Quelques années à Radcliff ont un peu étouffé mon accent, mais il parait que cela remonte de temps en temps, surtout avec un peu de ceci.
Il remonta sa flute de champagne au niveau de ses yeux avec un sourire contrit.
- L’Angleterre elle-même n’a pas grand-chose à faire des mutants, si ce n’est que les êtres disposant de « pouvoirs surnaturelles » font partie du folklore de notre beau pays. Alors nécessairement, cela permet à quelques excentriques comme votre serviteur de poursuivre des études qui, parfois, se montre plus proche de la vérité que la masse populaire veut bien l’envisager. Un rôle de précurseur, je suppose.
Cela n’apparaissait pas vraiment aussi prétentieux qu’on pouvait le croire : le professeur Porter avait l’air plus gêné et intimidé qu’autre chose, et c’était tout un art pour Malachi que de paraitre le plus maladroit et inoffensif possible, considérant qu’il était capable de rendre fou un homme d’un seul regard. Il toussota comme pour masquer sa gêne, et reprit d’une voix légèrement plus aigue.
- A mon tour, si vous me le permettez. Demaggio, comme dans l’entreprise Demaggio ? Je ne sais pas si c’est un nom courant ici, mais je crois l’avoir déjà lu sur la liste des mécènes de l’université… Mais je me trompe peut être, bien sur …
Sujet: Re: Give it to me I worth it (Rafalachi) Mar 26 Jan 2016 - 0:42
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Rafael DeMaggio & Malachi Porter
Il y avait quelque chose chez l'historien qui faisait sourire Rafael. Cette façon de parler emprunte de calme et de politesse, mais dans laquelle il décelait un agaçant parfum de réchauffé. Comme s'il avait préparé son texte et se contentait de le débiter sans accroc mais sans trop y croire à la fois. Peut-être était-ce cela, ou peut-être Rafael était-il définitivement paranoïaque. Fixant toujours son vis à vis comme un gros chat aurait regardé une souris, il se contenta de renchérir.
- Il faut avouer que les investisseurs préfèrent souvent se focaliser sur l'avenir que sur le passé... Sur la recherche médicale, sur la technologie plutôt que sur des fossiles, si vous me pardonnez l'expression.
Et sur les armes. Ça, il en savait long sur le sujet, le DeMaggio ! Ce qui faisait sa fortune, c'était le commerce d'armes en tous genres et de munitions. Ils vendaient mort et destruction à ses clients, mais ça ne l'empêchait pas de dormir correctement le soir. Ça, c'était le rôle réservé aux dégénérés. Malgré tout, il n'allait pas dénigrer la noble matière qu'enseignait Malachi. Après tout, c'était de ses erreurs que l'Homme apprenait, et sans histoire, il aurait été condamné à les répéter encore et encore. Et puis, il y avait trop peu de littérature sur le sujet mutant, Rafael comptait bien poursuivre cette discussion pour en savoir un peu plus. Refusant poliment les petits fours que lui proposait un serveur en costume blanc, le chasseur préféra opter pour une dernière coupe de champagne. Il ne parvint d'ailleurs à dissimuler son sourire carnassier qu'en en avalant une gorgée. Si ce n'était pas une invitation à partager ses connaissances avec lui, il ne savait pas ce que c'était !
- J'imagine que vous devez rencontrer bien des détracteurs à ce sujet... Et je vous avoue que je suis curieux ! J'aimerais en savoir plus sur le sujet, et qui mieux qu'un érudit pourrait éclairer ma lanterne ? Dites-moi un peu... Comment avez-vous réussi à focaliser vos recherches sur ce qui était un mythe jusqu'à il y a quelques années ?
C'était une façon plus ou moins subtile de lui demander s'il avait travaillé sur de véritables sujets ou sur des écrits obscurs et des fables. Avoir un dégénéré sous les yeux, c'était autre chose que de rêver en imaginant des super héros ou des créatures de légende, c'était certain. Mais surtout, Rafael était curieux de connaître l'avis de Porter sur la question. Etait-il un sympathisant mutant ou farouchement opposé à leur existence ? D'un autre côté, il aurait peut-être simplement l'attitude objective d'un chercheur, toujours tourné vers la neutralité.
Mais déjà, l'historien commençait à lui exposer sa vision de la condition mutante à Radcliff, et Rafael tiqua. Bon sang ! Trop de neutralité, trop d'objectivité chez ce type, il ne voulait voir qu'une chose : Son discours s'orienter d'un côté ou de l'autre de la balance.
- Hum... Certes, il y a ici plus de sympathisants mutants que n'importe où ailleurs aux Etats Unis, mais... Ne croyez-vous pas que leurs actions sont néfastes pour notre ville ? Je veux dire... Toutes ces explosions, ces attentats qu'ils revendiquent... Leader charismatique ou nom, je n'ai pas l'impression que ses intentions soient louables.
Tout se faisait dans la finesse et le choix des mots, Rafael tâtait le terrain pour mieux comprendre à qui il avait affaire : Éventuel allié ? Ou source d'informations dont il devrait se méfier ? Difficile à dire, vraiment... Ses émotions étaient complexes. Il était à la fois calme et agacé, la simple évocation des dégénérés attisait sa colère, et il ne pouvait dissimuler à un motiopathe que l'allégresse qu'il ressentait n'était destinée qu'à la longue liste de mutants qu'il avait abattu depuis son adolescence.
- A votre avis, on se dirige vers un rejet total de cette minorité, ou une acceptation de leur existence au sein de notre société ?
Une question que Rafael se posait régulièrement. La cause des hunters serait-elle saluée dans tous le pays ou bientôt décriée ? Bientôt, la discussion pris une autre direction, plus calme, plus posée : Les origines de Malachi. Nul doute que sur ce sujet, ils ne risqueraient pas de se prendre le bec, même si bien évidemment il était moins cher au chasseur que celui des dégénérés. Il sourit aimablement au propos de l'historien, hochant simplement la tête au premier abord.
- J'imagine qu'à vos débuts, vous avez du passer pour un original et un excentrique... Il faut dire que ce n'est pas tous les jours qu'un étudiant choisi de s'intéresser à un sujet de ce genre sans... Preuves matérielles.
Il la voulait, sa confirmation. Sympathisant oui ou non ? On ne choisissait pas de se passionner pour les mutants du jour au lendemain comme cela. Au moins que son interlocuteur aime simplement les défis étranges, ce qui n'aurait pas étonné le DeMaggion venant d'un britannique. Et d'un curieux, qui maintenant retournait sa veste pour lui poser à son tour des questions. Rafael termina sa coupe de champagne, et pris le temps de la reposer sur le plateau d'un serveur qui passait avant de répondre.
- C'est cela, en effet. Mon père mettait un point d'honneur à donner une partie de ses recettes à l'université, afin d'offrir aux jeunes la meilleure éducation qui soit. J'ai toujours suivi son exemple, je reste persuadé que nos enfants ont besoin du meilleur apprentissage qui soit. Même si... Je ne vous cache pas que certains voient mes donations d'un très mauvais œil.
Il esquissa un sourire en marquant une pause. Vendeur de mort, charlatan, monstre avare et cupide... On lui en avait donné, des surnoms ! Mais jamais on n'avait refusé son argent, étrangement. Les chèques, il les signait du sang de ses victimes et de celles de ses clients, et ça personne n'allait le lui reprocher. Car après tout, l'argent n'avait pas d'odeur, pas même celle de la honte.
- Les États-Unis sont un pays libre, mais vendre des armes restent un sujet tabou encore aujourd'hui... Je n'ai pas honte de dire que mon argent sert à financer les bourses de certains étudiants.
Oh ça non, il n'en avait pas honte ! En revanche, ça lui arrachait les tripes de verser autant de dollars à des inconnus. Pour apaiser les tensions et les reproches qu'on lui faisait, Rafael n'avait trouvé que le mécénat, mais il aurait encore préféré donner cet argent à des causes qui le touchaient d'un peu plus près. Nul doute que si Cesare l'avait entendu parler, il se serait étouffé de rire.
- Vous m'avez l'air bien au courant, je serais curieux de savoir ce qu'on a pu vous dire de mon entreprise.
Sûrement pas du bien, se retint-il d'ajouter.
acidbrain
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Sujet: Re: Give it to me I worth it (Rafalachi) Dim 31 Jan 2016 - 23:39
Prove me that I'm not gonna waste my time
Malachi & Rafael
A défaut d’être excellent, Malachi sentait qu’il n’était pas totalement mauvais : Rafael DeMaggio était encore devant lui et n’avait pas encore pris congé de sa présence, ce qui, en un sens, était presque une victoire. Bien sur, leur conversation n’avait pas atteint son climax, mais pouvait on véritablement avoir un échange agréable et instructif dans un tel environnement, alors que les gens passaient et repassaient devant vous, vous bousculaient parfois, que les serveurs venaient vous interrompre poliment toutes les cinq minutes et qu’un jazz de mauvais facture vous bourdonnait en fond sonore dans les oreilles. En tout cas, cela augure un certain intérêt de Rafael pour sa modeste personne, et c’était toujours ça de pris. Pour l’instant, il n’avait même pas eu à agir sur l’humeur de son interlocuteur pour l’intéresser à la conversation non plus, ce qui le rassurait un peu sur ses qualités d’orateur. Ça manquait peut être un chouïa de spontanéité, mais cela collait à son personnage d’universitaire un peu coincé en société, alors pourquoi pas…
- Disons qu’en l’espèce, la facette de l’histoire dite anthropologique que j’étudie intéresse de plus en plus de monde parce qu’elle reflète les peurs et fantasmes d’un pan presque inconnu de l’histoire… Chacun à sa petite version du « début », je ne fais pour ma part que tracer les arbres généalogiques, j’étudie les écrits pour recouper les témoignages permettant de certifier de l’existence d’individus porteurs du gène X dans telle ou telle zone géographique, à telle ou telle période.
Il voyait l’aura du marchand de mort s’échauffer d’intérêt, ce qui ne l’étonnait pas : même chez une personne « normale », ce genre de discours attisait la curiosité, et donnait envie d’en savoir plus : c’était d’ailleurs le but de ce laïus, qu’il servait depuis plusieurs années à ses étudiants dans cette matière encore assez confidentielle. Il laissa Rafael boire encore une gorgée –c’est ça, enivre toi, ça n’en seras que plus facile-, avant de reprendre avec la passion caractéristique des gens dont on demande des informations sur leur métier :
- A vrai dire, cela a commencé assez classiquement sur une étude de la mythologie celte, un thème assez commun dans les études d’histoire. Puis en étudiant la résonnance de ce genre de mythes dans la civilisation globalisée moderne, je suis tombée sur beaucoup de faits divers relatant des suspicions de « pouvoirs » chez de jeunes enfants, et une émergence d’une espèce de culture alternative autour de l’idée de « surhomme », dans la poursuite de la théorie de Darwin … D’une lecture à une autre, je me suis pris au jeu. C’était il y a près de dix ans, alors la transmutance n’avait pas encore été dévoilée officiellement au grand jour, il y avait un peu de tout, du vrai, du faux, des témoignages éclairants comme des fanatiques qui s’imaginaient télépathes alors qu’ils souffraient simplement de schizophrénie …
Cette réponse là, il l’avait peaufiné pendant des années durant, jusqu’à la rendre implacable : il se voyait mal annoncer, de but en blanc, qu’étant lui-même mutant, mari d’une mutante, oncle d’un mutant et ami avec nombre d’entre eux, le sujet lui était venu tout naturellement. Peu importait l’interlocuteur, ce genre de réponse aurait toujours une réaction excessive, en bien comme en mal. Alors autant éviter, quand on ne savait pas à qui on s’adressait, ou à l’inverse, quand on ne le savait que trop bien. Il sentit d’ailleurs l’homme s’agacer légèrement de sa réponse un peu lisse concernant la situation à Radcliff, et son visage s’assombrit légèrement : il était peut être un bon conversationniste, mais un piètre menteur. Il devait la jouer fine.
- Je suis d’accord avec vous, toute personne capable intenter à l’intégrité d’une autre sous couvert de revendication politique ou idéologique est condamnable…
A ces mots, il envoya une première salve de satisfaction au DeMaggio. Rien de triomphal, juste assez pour qu’il comprenne bien ce qu’il voulait dans cette demi réponse un peu flou. Après tout, il était honnête : les Up ne tuaient pas de chasseurs, ils protégeaient des mutants, travaillaient sur la communication auprès de l’opinion publique, bref, ils étaient pacifistes. Il condamnait totalement les actions coups de poing des Insurgency : les dommages collatéraux n’étaient pas tolérables.
- C’est une bonne question. Pour être totalement honnête, je pense que cela dépendra largement de l’évolution de la généralisation ou non du gêne au sein même de la population. Aujourd’hui, moins d’un individu sur mille serait porteur du génome, activé ou dormant, et les études scientifiques sur le sujet n’ont pas encore déterminé si le gène est récessif ou non… J’aurais tendance à dire que tant que la science n’aura pas décortiqué ce phénomène et déterminer le potentiel de dangerosité de ce dernier, la méfiance sera la réaction naturelle au sein de la population … A tort ou à raison.
Il rit doucement à la remarque de ce dernier sur son sujet de thèse, avant de lever un sourcil d’un air entendu :
- Vous savez, il y a des doctorants qui planchent sur des sujets bien plus originaux que ça… Parce que faire trois cents pages sur l’existence des licornes ou encore l’influence du folklore celte dans les musiques contemporaines, ça rend mes centres d’intérêt bien moins exotiques que l’on pourrait se l’imaginer.
Hop, un petit cul sec de son interlocuteur, qui posa sa coupette sans en reprendre. Dommage. Malachi tachait de retenir la moindre bribe d’informations que DeMaggio voulait bien lui céder : L’existence du père, la fortune basée sur le marché très controversée de la vente d’armes dans un pays où les fusillades entre civils se multipliaient comme les pains sur la table de cène, sa fierté de permettre à des jeunes désargentés de pouvoir accéder à l’enseignement supérieur. Bon, il ne se faisait pas trop d’illusions sur ce genre de mécénat : c’était bon pour l’image de l’entreprise, et les déductions fiscales étaient plus qu’appréciables pour ce genre de business. Rafael n’était clairement pas un bon samaritain sans aucune arrière-pensée. La dernière question de ce dernier lui tira un petit sourire presque narquois : c’était le moment où Rafael DeMaggio testait son potentiel de cirage de botte, et il ne doutait pas que ce n’était pas le genre de l’animal de se laisser caresser dans le sens du poil :
- Honnêtement, Pas du bien. Il faut dire que le monde de l’université des sciences humaines est plutôt … Démocrate. Dieu m’en garde, en tant que sujet de sa Majesté, je n’ai pas à me mêler de votre politique, mais disons que mon entourage professionnel proche est un peu … frileux concernant le bien fondé de vos activités. Ma foi, ça ne les empêche pas d’avoir un fusil de chasse chez eux « au cas où ». Alors franchement … *il balaya la salle des yeux, soupirant presque tragiquement* Bon, je crains de devoir vous laisser, il va falloir que j’aille chercher mes sponsors auprès de ces chères dames en mal de romantisme arthurien … Vous aurez été surement mon interlocuteur le plus intéressant, Monsieur DeMaggio …
Retiens moi, Retiens moi, Retiens moi …. Alors qu'il faisait mine de se retourner, le sentiment d’urgence apparut comme un flash dans l’aura de l’impressionnant cinquantenaire. Parfait.
Sujet: Re: Give it to me I worth it (Rafalachi) Dim 14 Fév 2016 - 23:26
Prove me that I'm not gonna waste my time...
Rafael DeMaggio & Malachi Porter
Ce n'était pas dans la nature de Rafael de parler avec n'importe qui, et surtout plus de deux minutes. En général, il économisait sa salive plutôt que d'avoir à réfléchir à une réponse politiquement correcte, quand tout ce qu'il souhaitait, c'était envoyer balader son interlocuteur. Porter avait le mérite d'avoir une discussion censée, intéressante... Et quelque chose dans son discours qui maintenant le DeMaggio attentif. Heureusement pour eux-deux, finalement, que le chasseur ignorait qu'il avait affaire à un mutant. Et plus le professeur venait nourrir la discussion de son précieux savoir, plus Rafael s'y intéressait, son esprit fourmillant d'idées et de questions. Pour lui, la connaissance des mutants ne relevait ni de la curiosité, ni d'une volonté altruiste de les aider. Ce qu'il voulait, c'était les connaître sur le bout des doigts pour pouvoir les détruire à la racine.
- Justement, s'agissant des arbres généalogiques... En avez-vous des précis, pour la région de Radcliff ? Ce serait tout de même fascinant de comprendre s'il n'y a pas ici une des sources de l'espèce mutante, vous ne croyez pas ?
Il était inconcevable que Radcliff accueille une telle population de mutants sans une raison particulière. Et Rafael aurait été curieux de savoir quelles étaient les familles presque exclusivement constituées de dégénérés... Si les hunters cultivaient farouchement un patrimoine génétique cent pour cent humain, l'inverse se voyait également chez les mutants. Il veilla à ne pas trop animer son discours et à garder un ton neutre, même si son avidité était palpable. Une telle mine d'informations au sujet des mutants, on n'en trouvait pas tous les jours.
- Hum... Si je comprends bien, et pardonnez-moi l'expression, on a dû vous prendre pour un illuminé, à vos débuts, n'est ce pas ? Travailler sur des mythes ou des légendes, c'est toujours assez bancales et il est difficile de se faire prendre au sérieux. Vous devez donc savoir à quand remonte les origines de la transmutance, j'imagine ?
Lui-même était un homme de terrain, un chasseur qui ne se contentait pas d'observer l'évolution des mutants, il les traquait et les tuait, c'était aussi simple que ça. Si bien qu'il n'avait jamais pris le temps de se pencher sur des écrits ou de découvrir par lui-même l'origine des mutants. Le chasseur se montrait moins bavard que son interlocuteur, mais il assimilait chaque information, chaque détail qu'il rangeait dans un coin de son esprit. Et parce que la remarque de Malachi allait dans son sens, il ne s'étonna pas de s'en sentir satisfait. Sans méfiance pour lui mettre la puce à l'oreille, il était à la merci de sa mutation. Rafael avait beau être quelqu'un de relativement paranoïaque, il n'était pas non plus fou au point d'accuser le premier venu d'être un mutant ni de lui mettre un couteau sous la gorge. Aussi ne broncha-t-il pas en sentant la mutation du professeur faire son œuvre.
- Justement... S'il n'y a qu'un individu sur mille qui est porteur du gène, c'est tout de même étonnant que l'on trouve autant de mutants. La nature n'est pas très friande des exceptions, elle aime quand tout le monde suit le même modèle... Si le gène est récessif, il tendra à disparaître dans les années à venir, c'est une certitude mathématique. Quant au potentiel de dangerosité de la chose, comme vous dites... Permettez-moi d'être sceptique. Si j'ai du mal à imaginer le potentiel dangereux d'un mutant capable de créer des bulles de savon par la force de sa pensée, j'aurais tendance à penser le contraire d'un pyrugiste ou d'un manipulateur de l'esprit...
Seulement, dans le cas de Rafael, dangereux ou pas, un mutant restait un mutant. Et un dégénéré soit disant pacifique, avec une mutation aussi ridicule qu'inutile pouvait parfaitement engendrer un malade avec un don profondément létal. Et chaque fois qu'il croisait le regard d'un mutant qui le suppliait de l'épargner, lui promettant de ne pas faire de mal à qui que ce soit, il repensait à son frère et son père, sauvagement assassinés et dévorés par un dégénéré. Pour lui, un porteur du gène X était un mort en sursis. Malachi poursuivit et Rafael haussa un sourcil tandis que ses lèvres s'étiraient en un sourire amusé. Il y avait vraiment des cinglés, parmi les universitaires... Des licornes et des considérations folkloriques. Et dire que l'on offrait parfois des bourses d'études à ce genre d'illuminés !
Après avoir reposé sa coupe de champagne, Rafael eut droit à la fameuse « réponse qui fâche ». Au moins, Porter avait eu le mérite d'être honnête. Un sourire s'étira sur les lèvres du marchand d'arme, mais il ne se vexa ni ne se formalisa pas de sa la réponse de son interlocuteur. Il était habitué à ce qu'on lui dise bien pire au sujet de ses activités, et avait appris depuis longtemps à ne plus craindre ni les menaces, ni les avis négatifs. Seulement, il n'eut pas le temps d'en faire part à Malachi, qui déjà faisait volte face en prétendant devoir retourner trouver un peu de soutien financier auprès de quelques riches illuminées. Rafael fronça le nez. Il avait presque l'impression de voir un saltimbanque faisant le clown pour amuser la galerie et récolter quelques piécettes qui ne lui suffiraient même pas à survivre.
- Attendez une seconde !
Il ne l'avait pas laissé s'éloigner de plus de quelques mètres que déjà, il le rattrapait. Voir ainsi s'envoler sa poule aux œufs d'or sans rien faire pour la retenir, c'était un gâchis sans nom.
- Laissez-moi clarifier une chose, vous voulez ? C'est l'hypocrisie sociale. Car voyez-vous, en société on s'invente toujours une vie de famille exemplaire alors que madame a fichu le camp avec la carte bleue et son amant, on prétend que les affaires marchent à merveille quand la société est au bord de la faillit... Et on se prétend également pacifique, contre les armes, pour la survie des espèces ou que sais-je encore... Regardez un peu par là...
Il lui désigna un petit groupe d'individus, et plus précisément le fanfaron qui semblait être au cœur de l'attention.
- Cet homme, là bas, c'est Rex Cameron, un gamin à peine sorti de l'université et qui a hérité de l'aciérie de son père. Il se dit farouchement opposé aux conflits au Moyen Orient, mais je lui ai vendu tout un arsenal d'armes dernier cri il y a tout juste deux semaines. Et la femme que vous voyez là bas, celle qui porte fièrement une horrible veste en peau de renard... C'est l'une des plus farouches opposantes aux tests cliniques sur des animaux. Je vous épargne le reste, mais au moins une personne sur deux ici m'a déjà acheté des armes, et les autres sont tout aussi menteurs et hypocrites.
Et lui-même en était un, puisque depuis le début de leur entrevue, il s'était bien gardé de dire ce qu'il pensait réellement des mutants. Seulement... Porter avait dit être à la recherche de mécène. Pourquoi ne pas faire d'une pierre, deux coups ?
- Peut-être que si vous arrivez à me convaincre du bien fondé de vos recherches, nous pourrions trouver un arrangement ? A quoi bon aller vous perdre là-bas si ma conversation vous sied davantage, après tout !
Maintenant que la conversation était suffisamment engagée, peut-être pouvait-il s'aventurer sur un terrain glissant ?
- Voyez-vous... Il y a un sujet assez sensible qui me touche de près et dont j'aimerais vous entretenir. Peut-être êtes-vous au courant des événements tragiques qui se sont déroulés pendant la fête de l'hiver ? J'aurais bien besoin de l'avis éclairé d'un connaisseur, car l'enquête n'a jusque là pas donné grand chose...
L'amener peu à peu à parler du sujet qui l'intéressait, voilà ce qui motivait véritablement Rafael. Il se garda bien de sortir les mouchoirs et les violons en ajoutant que sa propre fille était décédée ce soir-là, car il aurait eu toutes les peines du monde à avoir l'air convaincant dans sa douleur. En revanche, s'il voulait avoir une chance de récupérer Cesare, il lui fallait le plus d'informations possible à ce sujet...
acidbrain
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Sujet: Re: Give it to me I worth it (Rafalachi) Ven 19 Fév 2016 - 14:29
Prove me that I'm not gonna waste my time
Malachi & Rafael
Demaggio mordait à l’hameçon, incroyable. Alors que lui-même avait l’impression d’être une espèce d’acteur malgré lui dans une comédie aux relents de drame, le chasseur lui faisait l’effet d’un requin qui tourne autour de son casse croute. Il ne se sentait pas en danger, pas vraiment, parce que ce n’était pas après lui que Rafael en avait, mais plutôt après ses connaissances, son savoir, comme un moyen potentiel d’arriver à ses fins macabres. Evidemment, qu’il avait commencé à étudier les arbres généalogiques des mutants de la ville, et ceux des hunters aussi, d’ailleurs. Certains recoupent étaient même tragiquement surprenants, pour ainsi dire.
- J’ai concentré ma thèse sur le continent européen, ainsi mes bases de données sur le comté de Louisville sont encore bien maigres … de plus, il est difficile de remonter très haut pour le moment, puisque les mutants n’ont commencé à être dépistés que très recemment, alors quand on remonte à deux, trois générations au-dessus de la notre, le travail devient très vite fastidieux, il faut réussir à démêler le vrai du faux, les mutants insoupçonnés et les charlatans…
Il ne mentait pas vraiment en avançant la difficulté de ses investigations, même si l’aide d’Aloys de Miribel l’avait fait grandement avancé sur la détection de certaines familles dans lesquelles le gène semblait prendre une sorte de prévalence sur les autres. Des familles où les mutants devenaient presque courants, où chaque génération offrait plus de mutants que la précédente. A terme, ces familles là, si elles se recoupaient avec d’autres familles portant le gène, n’auraient plus que des descendants transmutants, ce qui était une bonne comme une mauvaise nouvelle, selon le camp où l’on se trouvait. Il sourit à l’expression diplomatique utilisée par l’homme, qui était en réalité bien loin de la réalité : son responsable de chaire à la fac n’était autre que son futur beau père, fier papa d’une métamorphe particulièrement précoce. Alors les accusations d’illuminé, de doux rêveur, il n’avait pas eu à les subir très longtemps…
- Disons que certains collègues de domaines plus scientifiques sont devenus soudain bien plus avenants à mon encore en se rendant compte, une fois la transmutance rendue publique, que les travaux de divers historiens avaient supplanté les leurs d’une demi douzaine d’années… Aujourd’hui encore, j’ai des généticiens et des anthropologues qui viennent me demander de travailler avec eux. Mais je ne suis pas un homme de science, juste quelqu’un qui aime trouver ce qu’il cherche, plutôt que chercher sans savoir ce qu’il va trouver … Et pour répondre à votre question, j’ai pu remonter de manière certaine jusqu’au 18ème siècle, à l’apogée du commerce triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques. Ce détail est à mes yeux importants, parce que les premiers métissages auraient pu être le catalyseur de la mondialisation du gène. Il apparait que chaque zone géographique serait plus propice à l’émergence de telle ou telle capacité, une certaine proximité avec un élément naturel ou encore une nécessité de survivre dans des conditions extrême… mais quand les gens ont commencé à voyager, de gré ou de force, ils ont apporté leur petite singularité avec eux …
Malachi croyait dur comme fer que les premières mutations n’étaient que des outils pour survivre en milieu hostile, qui s’étaient modifiés au fil des ans en outils pour survivre dans la société humaine, tout simplement. Chacun trouvait une nouvelle utilité, une nouvelle excellence à travers sa mutation, et pouvait servir au mieux la communauté, si on le voulait bien. Mais de là à le faire comprendre à quelqu’un comme le Demaggio …
- Honnêtement, Monsieur Demaggio, que Radcliff soit une « source » à mutants me parait tout à fait improbable. Nous serions dans un monde où les migrations humaines seraient moins importantes, on pourrait effectivement envisager le facteur systémique de la transmutance. Mais de nos jours … Je doute qu’il y ait plus d’une dizaine de familles pionnières encore dans cette ville, la plupart des gens vont et viennent selon leurs vies sentimentales, professionnelles … Peut être que dans cinq, dix ans, la population mutante redeviendra tout à fait anecdotique, et ce sera une autre bourgade qui aura la sensation d’être envahie … Les minorités, quand elles sont visibles, font toujours une impression de masse, simplement parce qu’elles détonent …
Il s’était arrêté là, laissant les dernières questions du Demaggio en suspens, juste assez pour voir l’envie et la frustration teinter légèrement l’aura du vendeur de mort alors qu’il s’éloignait d’un pas, de deux, en direction d’un autre groupe de convives. Il allait craquer, Malachi en était à peu près sur. Il en avait trop dit, ou plutôt pas assez, pour satisfaire la curiosité malsaine de l’homme. Il avait touché en plein de le mille, et à peine se retournait il que l’aura nerveuse du Demaggio lui éclaboussait le visage d’excitation. Il ne savait pas trop comment interpréter ce soudain regain d’énergie, mais ce qui était certain, c’était que cet homme là ne ressentait pas les choses à moitié, quand il les ressentait en tout cas. Il l’écouta pester contre l’hypocrisie de cette soirée, des invités, contre l’ambiance feutrée et tout ce qu’elle cachait, un demi sourire un peu surpris aux lèvres : Demaggio évoluait constamment dans cette ambiance étrange, tout en la réprouvant, n’était il donc pas du même acabit que tous ceux sur lesquels il était en train de cracher ? Cet homme ne plaisait décidément pas à Malachi. Il cherchait à le mener par le bout du nez depuis le début de leur échange, sans savoir que le mutant avait une, deux, dix longueurs d’avance sur lui. Tant pis pour lui, ou plutôt bien fait. Il ferait moins le malin, le jour où il se mettrait à cracher tous ses sombres petits secrets sans même s’en rendre compte… Sur ses lèvres s’étira un petit rictus amusé, alors qu’il faisait à nouveau face au chasseur :
- Seriez vous en train de monnayer ma compagnie, monsieur Demaggio ? Je suis chercheur, pas escort …
Derrière eux, un éclat de rire féminin et strident lui tira une grimace, puis un air las :
- Vous êtes probablement l’individu le plus raisonnable que j’eus à croiser ce soir, autant que je le sois un peu moi aussi … Je vous écoute… *un silence* Oui évidemment, tragiques évènements, absolument tragiques, et symptomatiques de l’ambiance qui plane en ville … Je peux donner mon avis sur beaucoup de choses, mais j’ai besoin pour cela que vous soyez plus spécifiques.
Sujet: Re: Give it to me I worth it (Rafalachi) Mer 6 Avr 2016 - 17:50
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Rafael DeMaggio & Malachi Porter
Rafael hocha la tête. S'il était difficile de l'imaginer faire confiance à qui que ce soit, il ne pouvait que croire Porter lorsqu'il lui affirmait que trouver des informations concernant les mutants devenait difficile voire impossible dès lors que l'on remontait trop dans l'arbre généalogique. Et pourtant... Connaître les origines des dégénérés, les grandes familles représentantes aurait probablement permis à quelques chasseurs aussi zélés que lui d'aller détruire le mal à sa source. Si les choses avaient été si simple, les mutants auraient été éradiqués depuis longtemps... Le jeune professeur dû d'ailleurs sentir l'humeur du marchand d'armes changer. Passant de la colère à l'agacement, en passant par la haine et la frustration. S'il avait l'air de parfaitement maîtriser ses émotions, il devait être bien transparent pour un motiopathe tel que Malachi. Au moins, il devait faire partie de ce cercle de personne capable d'affirmer d'un seul coup d'oeil que Rafael sonnait faux, et ce à raison. Ce que le chasseur détestait par-dessus tout, c'était ces imposteurs qui se prenaient pour des dégénérés... Si aujourd'hui le phénomène était moins répandu à cause de l'omniprésence des hunters, il en avait croisé plus d'un qui avait prétendu l'être, et qui avait failli finir avec une balle dans la tête à cause de ça.
Acquiesçant une nouvelle fois alors que Malachi poursuivait, Rafael préférait rester muet que de l’interrompre pour poser davantage de questions. Après tout, il avait clairement l’air d’avoir affaire à un spécialiste de la question, et il fallait bien reconnaître que Porter était pointilleux. Pour être parvenu à remonter jusqu’à 18ème siècle et à avoir fait un rapprochement avec le trafic d’esclaves et les déplacements de populations, c’est qu’il devait avoir passé un certain nombre d’heure à éplucher des écrits divers et variés. Finalement, c’était même presque logique que l’émergence de certaines mutations soit favorisée par certains climats ou milieu de vie difficile. Un pyrugiste serait inévitablement perçu comme le Messie pour une population du nord du Groenland… Cela justifiait-il leur existence ? Absolument pas aux yeux du chasseur.
« Je vois… Et… Avez-vous trouvé une explication à la multiplicité des mutations ? Si je comprends tout à fait que certaines puissent être… Utiles au quotidien, j’ai un peu mal à comprendre ce que la télépathie peut avoir de positif, par exemple… »
Et il semblait avoir réponse à tout, l’historien. A l’abondance de dégénérés à Radcliff, à l’aspect totalement aléatoire de leurs déplacements… D’un autre côté, peut-être valait-il mieux parquer tous les mutants dans un état, pour éviter qu’ils ne se mélangent aux humains et courent le risque de répandre leurs gênes immondes. Ca… C’était la vision de Rafael. Un principe bien américain, une solution de facilité qui lui semblait plus qu’appropriée : Réunir tous les mutants et leur offrir un beau feu de joie nucléaire. Ca règlerait le problème pour les générations à venir, c’était certain ! Seulement, si pour l’heure les hunters disposaient de grandes libertés et d’une influence certaine sur les mutants à Radcliff, ils perdaient la plupart de leurs droits dès lors qu’ils quittaient les frontières de la ville.
Et alors que Porter allait lui filer entre les doigts, Rafael se sentit obligé de le retenir. Déjà parce qu’il avait encore bien des questions à lui poser, mais aussi parce que pour une raison étrange, il éprouvait le besoin de le retenir. C’était subtil, parfaitement maîtrisé, et malgré tout l’entraînement qu’il avait reçu, Rafael aurait été incapable de deviner qu’il avait affaire à un dégénéré. Il allait répondre à la remarque de l’historien, quand un rire de crécelle confirma au chasseur que son interlocuteur préférerait sûrement continuer à discuter avec lui.
« Loin de moi l’idée de monnayer quoi que ce soit, et si je vous ai offensé j’en suis sincèrement navré. »
La sincérité… Probablement le concept qui lui était le plus étranger au monde. Sa haine était sincère, sa rancœur également… Mais ses excuses ? Comme s’il avait réellement besoin de se faire pardonner quoi que ce soit… Il avait besoin de savoir, envie de savoir… Il pouvait rien rajouter un peu de pathos à l’affaire. Et il aurait pu tenir ce rôle à la perfection ! Le visage fermé, le front plissé d’une ride soucieuse, une voix légèrement tremblante sous l’émotion… Il aurait pu avoir l’air réellement peiné par la mort de sa fille, si ses émotions n’avaient pas trahit un total désintérêt pour Aria.
« J’ai perdu quelqu’un qui m’était cher pendant ces attentats. Je sais que de nombreux habitants de la ville ont péris dans les flammes, mais j’ai le sentiment et la conviction que ce n’est pas le résultat de cet odieux attentat qui l’a tué. Je pense plutôt que… Quelqu’un l’y a aidé. Aussi si vous aviez la moindre information à son sujet… Peut-être l’avez-vous croisée ? Une jeune fille brune, la vingtaine… On m’a souvent dit qu’elle me ressemblait. »
Blablabla… Des mièvreries, voilà ce que c’était ! Mais tout ce dont Rafael avait besoin, c’était d’un nom. Ou d’un portrait. Connaître l’assassin d’Aria était probablement la clé pour regagner la confiance de Cesare, et même s’il doutait que Porter ait croisé et reconnu tout le monde lors de la fête foraine… Il ne perdait rien à lui poser la question. Et en parlant de question… Il en était une autre qui le démangeait depuis quelques minutes. Une qui prendrait sûrement le professeur au dépourvu par sa spontanéité. Restait à savoir ce que Rafael lirait sur son visage à ce moment-là.
« Mais d’ailleurs je m’interroge… En êtes-vous un, vous aussi ? Vous semblez avoir un avis très neutre sur la question, aussi je me demandais s’il s’agissait vraiment de curiosité ou si vous étiez aussi un mutant… Simple curiosité… »
Une bête de foire, voilà ce qu’il aurait dû dire…
acidbrain
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Sujet: Re: Give it to me I worth it (Rafalachi) Dim 10 Avr 2016 - 22:06
Prove me that I'm not gonna waste my time
Malachi & Rafael
Rafael continuait de s’interroger, et c’était très bien comme ça. Lentement l’aura de l’homme s’était transformée, avec un peu d’aide de la part du motiopathe, et bientôt il n’y avait plus aucune trace de méfiance : Le Demaggio devait avoir l’impression d’avoir enfin trouvé quelqu’un avec qui partager son avis sur la transmutance, et cette connivence serait le meilleur atout de Malachi, sur le long terme. Alors il laissa Rafael mariner un peu, ruminer ses questions avant de finalement les poser, alors qu’ils continuaient de marcher dans l’immense salle d’exposition, sans plus prendre garde aux tableaux sur les murs ni aux autres invités : Malachi avait ferré le plus gros poisson de la soirée, et il n’avait plus que ses qualités d’orateur pour continuer de l’intéresser. C’est à ce moment là qu’il se rendait compte d’à quel point réussir à tenir une classe en haleine cinquante minutes était un bon exercice pour capturer l’attention d’un des chasseurs les plus dangereux de la ville. Malachi haussa les épaules répondant tranquillement au chasseur, juste assez pour lui donner du grain à moudre :
- Il y a plusieurs théories sur le sujet, mais qui tiennent plus à la spéculation qu’à une véritable étude génétique. Cette multiplicité pourrait venir des « croisement » entre gènes mutants, qui ferait qu’un enfant né de deux parents porteurs du gène aurait plus de chance d’en développer un troisième, différence de celui que portaient ses aïeuls… Un mélange de rouge et de bleu qui créerait un violet inédit. L’autre théorie est que les mutations auraient été, à leur apparition, intrinsèquement liées au caractère de leur porteur originel… On peut donc, en reprenant votre exemple, envisager que le premier télépathe était une personne particulièrement empathique, et que ce trait de caractère a été exacerbé à l’excès … Là encore, ce ne sont que des pistes, les études sur le sujet sont encore au stade embryonnaire malheureusement …
Malachi lui supposait que la vérité se trouvait un peu au milieu des deux théories : les différents croisements, à l’instar d’un métissage prolongé, avaient dilué les capacités qui s’étaient elles même déclinées en plusieurs catégories. Et puis il y avait le caractère des gens, qui influait naturellement sur la capacité, à moins que cela soit cette dernière qui conditionnait la personnalité de son porteur : d’expérience, il savait que les pyrurgistes aimaient le danger, que les télépathes étaient souvent des personnes d’une sensibilité à fleur de peau et que les manipulateurs d’esprit avaient souvent un problème de distinction des valeurs morales. Il y avait des exceptions bien sur, comme de partout, mais les corrélations étaient parfois si grossières et flagrantes qu’il ne pouvait les ignorer. Malachi répondit à la tentative d’excuse de Rafael avec un sourire conciliant :
- Pas d’offense prise, je vous en prie, poursuivez.
Etre affable n’était pas difficile pour l’historien, malgré le malaise que lui provoquait la présence du chasseur à ses cotés. Il se concentrait donc sur son récit, qu’il savait partiel et totalement orienté. Le Demaggio était bon acteur, tant et si bien que Malachi aurait pu être sincèrement touché par son histoire, si il ne voyait pas ce dernier se consumer d’une colère froide dénuée du moindre chagrin. Ce type n’était que haine et violence, et sa fille mutante, il l’aurait surement abattu si cela n’avait pas été fait plus tôt par un autre traqueur. Le Porter secoua la tête d’un air désolé :
- Il y avait énormément de monde ce soir là, et je ne suis pas resté très longtemps, pour être tout à fait honnête… Mes sincères condoléances pour votre perte néanmoins… La perte d’un être aussi jeune doit être un véritable déchirement …
Du blabla, mais il fallait bien qu’il se montre compatissant, sans quoi le chasseur risquait de s’interroger par ce soudain manque d’empathie. La dernière question enfin, Malachi l’attendait depuis le debut de leur conversation. Il applaudissait même l’effort du chasseur de ne pas la lui avoir posé plus tot, parce qu’il sentait bien que ça le démangeait depuis un bon moment. Un rictus passa sur ses lèvres, comme si la réponse était suffisamment évidente pour que la question puisse l’amuser.
- Aucun de mes tests ne s’est révélé positif, si c’est ce qui vous interpelle … Je suis un peu plus que curieux cela dit, j’avoue avoir développé une certaine fascination pour le phénomène, malgré mes nombreuses réserves sur ce dernier … Enfin, il faut toujours s’informer sur ce qui se développe autour de nous … On ne guérit pas une maladie en prétendant qu’elle n’existe pas.
Concernant les test, il ne mentait même pas vraiment : aucun ne s’était révélé positif, dans le sens où il n’en avait jamais effectué aucun. Ça aidait donc considérablement à le mettre au dessus de tout soupçon, puisqu’il ne trouverait rien, si lui venait l’idée de faire des recherches sur sa personne. Pour le reste… Il n’avait fait que ressortir une expression infecte qu’il avait déjà entendu dans la bouche d’un pseudo scientifique se servant d’échantillons génétiques de transmutants pour quelques expériences malsaines. Aucun doute qu’elle ferait mouche auprès du chasseur….
Sujet: Re: Give it to me I worth it (Rafalachi) Lun 4 Juil 2016 - 0:30
Prove me that I'm not gonna waste my time...
Rafael DeMaggio & Malachi Porter
Rafael avait trouvé en Malachi une source d'informations précieuses, et se savait prêt à utiliser tout le savoir de l'universitaire pour servir ses propres desseins. Seulement, malgré toute la méfiance qui l'animait, il ne se savait pas manipulé comme une grossière marionnette, sa paranoïa endormie par le talent du motiopathe. Si le DeMaggio haïssait les mutants, il exécrait plus encore ceux qui possédait la capacité de plier l'esprit humain à leur volonté. Qui donc étaient-ils pour se croire capable d'asservir leur entourage de la sorte ? Nul doute que le chasseur n'aurait eu aucun scrupule à ouvrir le feu et risquer de déclencher un scandale si la nature de Porter avait été avérée, mais pour l'heure, il se contentait de converser gentiment avec. Avec certes toute l'hypocrisie du monde dans la voix, mais une certaine aisance teintée de confiance. Oui... Finalement, il commençait à l'apprécier, ce rat de bibliothèque. Ses théories sur les mutations étaient intéressantes, avaient probablement de l'avenir, mais elles ne plaisaient guère au chasseur. A ses yeux, les mutants ne devaient être étudiés dans l'optique de les éradiquer, pas de les comprendre ni de les copier. Connaître leur origine donnerait inévitablement envie à certains scientifiques peu scrupuleux de créer artificiellement des mutations génétiques. C'était, aux yeux de Rafael, la pire chose qui puisse arriver à l'humanité toute entière : voir son beau et pur patrimoine souillé par les dégénérés. Cependant, il hocha la tête, attentif.
« Deux théories intéressantes, en effet... Il conviendrait cependant de pouvoir étudier le mutant 0, si je puis dire... Le point de départ du phénomène, pour le comprendre. »
Le premier monstre, celui qui avait engendré toute une population d'aliens mais qui devait sûrement manger les pissenlits par la racine depuis bien longtemps. Discutant de choses et d'autres, ils en vinrent à parler de l'effroyable incident qui avait eu lieu pendant la fête foraine. Prenant son plus bel air peiné, Rafael lui confia avoir perdu sa fille Aria ce soir-là. Si son front se plissa et sa voix se brisa en relatant les faits, il n'était en réalité que colère et haine, désireux qu'il était d'en savoir plus au sujet de celui qui avait osé s'acquitter d'une mission qui était pourtant la sienne depuis le début. Cette rage là lui crispa la mâchoire, qu'il peina à détendre pour garder intact son masque de douleur.
« Vous ne vous souvenez pas avoir vu une jeune fille brune ? Ou entendu parler d'elle parmi les victimes ? Je suis navré de vous importuner de la sorte, mais c'est un véritable déchirement, oui... Mon épouse est bouleversée depuis cet incident. »
Bouleversée... En voilà un joli mot pour traduire la véritable crise d'hystérie que lui avait fait Isabela ! Pour tout dire, ce que ressentait Rafael était aux antipodes de ce qu'il disait. Tous ces renseignements qu'il traquait ne visait pas à venger Aria mais à s'assurer que Cesare revienne la queue entre les jambes pour le supplier de monnayer ses informations. Et ce qui intéressait maintenant Rafael était de savoir à qui il avait réellement affaire... Qui était Porter ? Mutant ? Chasseur indépendant ? Simple curieux ? La réponse qu'il lui donné interpella immédiatement le DeMaggio, qui plissa les yeux. Une esquive, il ne répondait pas directement à la question mais lui donnait un argument suffisant pour comprendre qu'il n'était pas un mutant. Seulement, la fin de son intervention rasséréna le chasseur. Peu de gens osait parler de maladie au sujet des mutants, à l'exception de ceux qui les méprisaient.
« Là-dessus, je suis on ne peut plus d'accord avec vous... Aucun vaccin bancal ne saurait guérir cette maladie si elle n'est pas traitée à la racine. Mon point de vue en choque certains, mais je ne m'en suis jamais caché. Ah... Je crois que notre hôte va commencer son discours, nous ferions mieux de rejoindre nos tables respectives... »
Rafael reposa sa coupe de champagne et tendit une main qui se voulait amicale à Malachi.
« Ravi de vous avoir rencontré, Mr. Porter. Cette discussion fut vraiment enrichissante... »
Après l'avoir salué, le DeMaggio regagna sa table, prêt à supporter un interminable discours suivit d'un repas qui, il le savait d'avance, serait d'un ennui tout aussi mortel.