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 someone to lean on.

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Celeste Trager
Celeste Trager

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SUR TH DEPUIS : 13/09/2015
MessageSujet: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeSam 14 Nov 2015 - 15:08

Edith sait qu'elle fait une connerie. Elle sait qu'elle joue avec le feu, qu'à partir du moment où elle franchira cette porte, ses ailes vont brûler. Mais elle doit aller le voir. Elle doit prendre des nouvelles de cet homme, l'épauler, s'assurer qu'il commence à reprendre conscience des choses. Lorsque la jeune femme l'a laissé l'autre jour chez lui, affaibli, au petit matin, après des heures entières passées à le soigner de ses mains tremblantes, le mal-être qui l'a gagnée l'a poussée à réfléchir. Devait-elle revenir ? Devait-elle ressentir cette peur au ventre ? Devait-elle même s'autoriser à se poser toutes ces questions ? Pas sûr. Edith s'en est voulue instantanément, mais elle s'est aussi sentie investie d'une mission, voire même de plusieurs : celle d'aider l'homme qu'elle a sauvé, celle de ne pas en parler à Anton, celle de garder son sang-froid. Les images du visage tuméfié, du corps étendu au sol, des mots prononcés avec souffrance, tout revient dans l'esprit de la blonde par flash-backs pétrifiants. Toujours au mauvais moment, lorsqu'elle ne s'y attend pas, lorsqu'elle n'est pas préparée. Edith ferme brièvement les yeux, même si c'est inutile. Depuis l'instant où elle a quitté le chevet du blessé, la jeune femme cherche le bon moment pour faire marche arrière et revenir auprès de lui. Elle sait que le simple fait de l'avoir laissé livré à lui-même dans une telle situation n'est pas sérieux, ni intelligent, mais la serveuse se rappelle aussi qu'elle ne pouvait faire autrement. Si Anton commençait à se poser des questions (déjà qu'il n'a eu de cesse d'en poser pour sa nuit entière passée ailleurs) au sujet du matin où il s'est réveillé sans qu'elle soit à ses côtés, Edith était fichue. Attachant ses longs cheveux dans une couette relevée, Edith perd encore quelques secondes à s'observer dans le miroir. On devine qu'elle dort mal, depuis plusieurs nuits. La fatigue tire ses traits, les cernes commencent à naître sous son regard lumineux. On commence à deviner que quelque chose cloche chez elle et ce n'est pas pas bon. Pas bon du tout. Poussant un soupir, la serveuse s'empresse de sortir de la salle de bain, de s'avancer dans le hall d'entrée de l'appartement pour enfiler une veste puis son sac à l'épaule, avant d'ouvrir la porte qui mène à l'extérieur le plus silencieusement possible. Anton ne doit pas avoir le temps de remarqué sa fuite précipitée, ni même de la retenir plus longtemps en ce début d'après-midi. Une fois que la porte est ouverte de moitié, Edith se glisse dans l'ouverture à pas de loup, avant de laisser son visage se retourner vers le couloir vide derrière elle.« Anton, je travaille tard ce soir, ne m'attend pas ! » , qu'elle indique à l'attention de son petit-ami, avant de se retourner vers la rue et vers son dessein. Des pas rapides se font entendre derrière elle. « Mais tu- », a-t-elle le temps d'entendre, avant de claquer la porte d'un geste brusque et de presser le pas. Si elle ne se dépêche pas, Anton va sortir de cet appartement et lui demander des explications. Et il en est hors de question. En deux, trois enjambées, Edith se retrouve dans la rue, où l'agitation ne règne pas vu le quartier calme de Radcliff qu'ils habitent, et se retrace mentalement le chemin jusqu'à la petite maison de Camille. Dans ses souvenirs flous, ce n'est pas si loin. Au creux de la poche de sa veste, Edith tourne et retourne la petite clé. Celle-là même qu'elle a dérobée lors de son départ de chez le jeune blessé. La serveuse sait que ce sont des choses qui ne se font pas, que ce ne sont pas des manières, mais ce fut plus fort qu'elle. Comment aurait-elle fait pour venir l'aider, comme maintenant, si Camille refuse de lui ouvrir ? Ou s'il s'est évanoui ? Cette clé est sa seule garantie de pouvoir lui porter correctement secours. Du coup, quand Edith l'a aperçue sur le petit meuble près de l'entrée, et qu'une légère hésitation (et un brin de morale ?) a manqué la raisonner, elle s'en est saisie et a fui l'endroit. Sans doute son côté impulsif, celui qui lui insuffle souvent de ne pas réfléchir et d'agir. Les pensées sages et sensées, elles viennent après. Lorsque la petite maison s'amorce dans son champ de vision, la serveuse croise les bras. Elle a le sentiment de revivre cette fameuse soirée bien trop récente. Elle croit sentir le vent frais, la brise qui frôlait le visage de Camille allongé au sol, ou encore l'odeur âcre du sang sur ses vêtements et accroché à sa peau. Tant de détails et de souvenirs corrosifs qui empêchent Edith de passer à autre chose. Impossible, impensable. Ses petits pieds, enfermés dans de minuscules baskets sombres, écrasent enfin les marches du perron. Le bois craque sous son poids peu conséquent, annonce son arrivée proche. Si Camille est éveillé, peut-être l'entendra-t-il revenir. Même s'il ne la reconnaîtra sans doute pas, Edith le devine à l'avance. Sans attendre une seconde de plus, la serveuse élève la clé de la porte d'entrée jusqu'à la serrure et tourne autant de fois qu'il le faut. Les déclics du mécanisme entraînent l'ouverture de la porte. Déposant une main douce contre le bois, la blonde pénètre dans l'entrée, le regard attiré par tant de choses et d'objets qu'elle n'a pas eu le temps de remarquer la première fois. Mais aussi avare de la présence rassurante de Camille dans les parages. « Camille ? », ose-t-elle d'une voix avenante, alors qu'elle laisse son dos s'appuyer contre la porte pour la refermer. Chacun de ses gestes est maîtrisé pour ne pas commettre d'impair. Elle n'a pas envie que le jeune homme prenne peur ; bien que recevoir une visite surprise de la sorte, par une personne qui possède en plus la clé de chez vous, doit déjà représenter un motif d’effroi de la part de n'importe qui. Gardant la clé dans la poche de sa veste, Edith plonge ses mains dans le fin tissu cotonneux. Elle tente de rester le plus calme possible, dans l'éventualité où Camille est supposé être le plus secoué des deux dans l'histoire. « Camille vous êtes là ? », qu'elle questionne une deuxième fois, alors qu'elle s'aventure de sa démarche lente dans le salon, à la recherche du moindre indice pouvant lui indiquer où sa position.
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Silas Barnes
Silas Barnes

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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeDim 15 Nov 2015 - 19:55

Camille émergea de son sommeil comme s’il sortait d’un bac où on lui aurait tenu de force la tête sous l’eau, en inspirant l’air avec angoisse, les mains serrées sur sa poitrine. Il se redressa dans son lit, les yeux écarquillés, pour jeter un regard éperdu autour de lui. La panique intense qui lui oppressait la cage thoracique lui donnait l’impression que le monde était en train de s’écrouler autour de lui, et il fallait qu’il fuie, loin, vite. Dans la pénombre, il sortit de son lit pour s’écrouler presque immédiatement sur le parquet, ses jambes flageolantes incapables de soutenir son poids. Il tâtonna autour de lui, assourdi par le silence qui l’entourait, mais ses doigts ne rencontrèrent rien d’autre que les lames du plancher, et il réalisa peu à peu qu’il venait juste de faire un cauchemar. Juste. Pourtant, son cœur ne cessait pas de battre comme s’il voulait s’échapper de sa poitrine, et l’angoisse ne le quittait pas. Et la douleur … La douleur était bien réelle elle aussi. Pourquoi serait-elle réelle, si les images ne l’avaient pas été ? Si ce n’était qu’un cauchemar, pourquoi avait-il tant de difficultés à respirer, pourquoi son visage le brûlait-il, pourquoi ses doigts avaient-ils du mal à plier complètement ? Il se releva tant bien que mal – bon sang, il avait l’impression d’être passé sous un train – et chercha la poignée de la porte. Il fut ébloui par la lumière dans le couloir, qui raviva un battement sourd sous son crâne douloureux, et il étouffa un juron. Il se rendit dans sa salle de bain presque à l’aveuglette, titubant comme un ivrogne trop imbibé, et se laissa tomber sous le jet de la douche, tout habillé. L’eau brûlante lui tira un gémissement, mais il ne bougea pas. Il regardait le sang couler le long de son visage sur sa chemise déjà tâchée, il regardait ses doigts bleuis, et les hématomes qu’il découvrait au fur et à mesure partout ailleurs sur sa peau. Il ne comprenait pas. Il ne se souvenait pas. Il sentait encore la panique lui tordre le ventre, et il revoyait en boucle le visage d’Elisa tordu par la souffrance … C’était impossible. Ca ne s’était pas passé hier, ni la semaine dernière. Dans cette maison, avec l’eau chaude qui coulait sans discontinuer, il était impossible que la mort d’Elisa ait eu lieu récemment … Pourtant ça lui avait paru si réel ! Et il avait mal partout, comme quand elle était morte, quand ses assassins l’avaient passé à tabac juste pour le plaisir, parce que sa peine n’était sans doute pas assez à supporter … Mais il ne se trouvait plus dans la même époque. Ca, il le savait. Alors c’était juste un cauchemar. Il se prit la tête entre les mains, une nouvelle fois assailli par l’affolement. Ce genre de cauchemar, il savait très bien comment les éviter, il était particulièrement doué pour ça. Il dormait toujours d’un sommeil de plomb et ne se réveillait jamais dans une telle panique, c’était devenu en quelque sorte sa règle d’or. Il ne voulait plus être dérangé par ses démons quand il dormait. Et pourtant … Il n’avait pas su maîtriser son sommeil, cette nuit. Qu’avait-il fait, hier soir ? Comment s’était-il couché ? Pourquoi n’avait-il rien fait pour empêcher ça ? Il commençait à se souvenir …

« Camille ? » Il sursauta et regarda autour de lui, perdu. A essayer de démêler les souvenirs réels des cauchemars qui l’avaient assaillis, il avait oublié où il se trouvait. Il avait tellement perdu l’habitude des terreurs nocturnes qu’il ne savait plus trop ce qui était réel de ce qui ne l’était pas … Et cette voix qu’il venait d’entendre, l’avait-il inventée ? Il se redressa, grimaça en sentant ses muscles protester, et arrêta le jet d’eau. Il n’y avait plus aucun bruit dans la maison, mais une peur irrationnelle le gagnait déjà. Il attrapa une serviette, et essaya de s’essuyer le plus délicatement possible, mais elle finit bien vite tachée de sang et il l’abandonna par terre. Sa raison tentait de le persuader qu’il était idiot de s’être imaginé quoi que ce soit, il était seul ici comme il l’avait toujours été … « Camille vous êtes là ? » A nouveau il sursauta. Il était certain cette fois qu’il n’avait pas rêvé. Il y avait quelqu’un chez lui ! Et il ne reconnaissait pas cette voix. La dernière personne à être venue ici … Il se souvenait d’elle. C’était la raison pour laquelle il était si mal. A cause d’elle qu’il avait été tabassé par les hommes en noir. Oui, il s’en souvenait, ça lui revenait très bien. Mais cette voix qui venait de l’appeler, ce n’était pas elle. Elle était partie et ne reviendrait pas. Alors, qui … ? Il sortit de la salle de bain, s’appuyant contre le mur pour ne pas s’écrouler. Il laissait une traînée humide derrière lui, il aurait sans doute du changer de vêtements, mais il ne s’en souciait plus. Qui était chez lui ?? Qui l’appelait par son prénom alors qu’il ne connaissait personne, qui se permettait d’entrer chez lui ? Il la trouva dans le salon, lui tournant le dos. Une femme blonde dont il ne voyait pas le visage. « Qu’est-ce que vous faites là ? » Sa voix était éraillée, et résonna faiblement. Il ne pouvait pas faire mieux, visiblement. Elle se tourna vers lui, et il eut la confirmation qu’il ne la connaissait pas. « Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous … » Non, ça il l’avait déjà demandé. Mais il avait encore du mal à aligner ses pensées correctement, c’était extrêmement pénible. Il se sentait diminué, faible. C’était quelque chose de nouveau pour lui. Il n’avait jamais été un surhomme, mais il connaissait ses capacités, et il avait toujours su compter sur son corps. On le sous-estimait, souvent, justement parce qu’il ne payait pas de mine, mais il était capable de bien plus que ce que les gens imaginaient au premier coup d’œil. Du moins, c’était le cas avant. Aujourd’hui, il était à peine capable de tenir debout, ses jambes tremblaient sous son poids et il avait juste envie de dormir … Vraiment dormir. Pas comme cette nuit, où il avait vraisemblablement fait une erreur de manipulation pour avoir une nuit aussi agitée et éreintante. « Vous êtes entrée comment ? » Il allait devoir sérieusement revoir la sécurité de cette maison. « Sortez d’ici. » Et vite, aurait-il voulu ajouter. Il agrippait le chambranle de la porte comme si sa vie en dépendait, juste pour ne pas tomber devant cette inconnue, mais ça ne durerait pas. Il tremblait de tous ses membres …
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Celeste Trager
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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeJeu 19 Nov 2015 - 0:45

Le temps lui semble long, à Edith, au beau milieu de ce salon. Elle se sent à la fois étrangère et familière des lieux, ose un pas avant de reculer de deux. Elle doute de son comportement, de la démarche correcte à adopter, et elle s'inquiète plus qu'autre chose. Elle commence à réaliser qu'il peut être parti à son réveil, que les choses n'ont pas aussi bien tourné qu'elle ne le pensait en le laissant seul, ou pire, qu'elle va peut-être le retrouver dans sa chambre et que... La question, corrosive dans son dos, mais pourtant si douce, car prononcée d'une voix faible, fait tambouriner le cœur de la jeune femme d'un rythme nouveau. Poussant un soupir, ses épaules s'affaissent, dans le même temps qu'elle se retourne lentement dans sa direction. Le spectacle qui s'offre à elle lui glace le sang. Camille dégouline, ses vêtements sont trempes, tandis que son visage est blême. Est-il en train de trembler ? « Mon dieu, Camille... », qu'elle ne peut s'empêcher de prononcer face à cette image saisissante qu'il lui renvoie. Edith regrette. Immédiatement. Elle s'en veut d'être partie, elle se mord les doigts de l'avoir quitté, de l'avoir laissé seul tout ce temps, elle se maudit pour ne jamais prendre les bonnes décisions. Le pauvre homme n'a pas eu de chance en tombant sur elle, ou plutôt lorsqu'elle est tombée sur lui, l'autre soir, au cœur de la nuit. A l'intérieur, la raison de la serveuse plaint d'une sincérité détonante Camille pour cette crasse que lui a faite la vie. Malheureusement, il est trop tard pour faire machine arrière. Edith est là, pour lui, devant lui, à ses côtés, et ce, jusqu'au bout. Faisant un pas vers lui, même si ses bras restent croisés pour éviter tout mouvement brusque, la jeune femme adresse au jeune homme un sourire doux, se voulant aussi tendre que du coton. Elle doit le rassurer. Mettre le doigt sur l'attitude qui lui fera tomber un maximum de barrière pour qu'elle puisse l'épauler au mieux. Peut-être que la meilleure chose à faire, pour le moment et dans cette idée-là, est de répondre à toutes ces questions qui viennent de passer ses lèvres à une vitesse surprenante pour son état qui semble faible, ainsi que cet ordre faible ayant résonné comme le point final de son intervention. « Je suis Edith. On- on s'est rencontrés, l'autre soir... » Si on peut appeler cela une rencontre. Croiser le corps abîmé d'un homme dans la rue, dont le sang s'évade d'ici et là, avant d'essayer de le ramener à corps perdu jusqu'à chez lui et de le soigner par la suite, n'est pas, en théorie, synonyme direct de ce qu'on appelle une « rencontre ». Edith préfère juste calmer les choses pour le moment. Si elle se met à balancer toutes les images qui lui reviennent peu à peu en tête, celles qui perturbent son esprit déjà tourmenté depuis qu'elle l'a laissé seul, elle n'est pas certaine ne pouvoir mettre fin à la nervosité qui l'étreint. Bien au contraire. « Vous ne vous souvenez pas ? », qu'elle souffle d'un ton toujours aussi maîtrisé, bien qu'un peu secoué. Elle ne supporte plus ce corps aux épaules affaissées qui s'offre à elle, elle a besoin de faire quelque chose pour le soulager, ou même pour lui changer les idées. Détournant le regard du sien, la serveuse plonge la main dans la poche de sa veste et en sort la petite clé qui s'y cache toujours. Elle l'impose dans le champ de vision de Camille, avec toujours une petite mine bienveillante pour accompagner sa présence qui se veut réconfortante. « Je l'ai prise avant de partir, la dernière fois que je suis venue. » Ses explications sont brèves, car Edith suppose que c'est tout ce que peut assimiler Camille à l'heure actuelle. « Je... J'avais peur que vous ne m'ouvriez pas... », qu'elle achève, avant de remettre la main dans sa poche. Hors de question qu'il cherche à lui reprendre cette clé, elle n'en a pas fini de venir s'assurer de son état pour les prochaines semaines à venir. Même si, au final, elle se rend compte que Camille est un personnage odieux, elle persistera et signera. Un second pas de sa part réduit à nouveau l'espace entre eux. Son immense regard bleuté capte celui, fuyant et fatigué, de Camille. « Je suis là pour vous aider, Camille, pas pour vous faire du mal. » Enfin, incapable de tenir plus longtemps sa langue, Edith autorise son œil expert à détailler les vêtements mouillés dans lesquels le jeune homme vient de l'accueillir. Elle aimerait comprendre. Elle veut comprendre. Elle est même là pour ça. Seulement, elle ne le connaît pas. Elle ne peut mesurer ses réactions, appréhender ses réponses. Elle ne peut deviner son tempérament, s'il se veut plutôt apaisé, emporté ou dans un entre-deux plus compliqué à définir. Edith n'a pas toutes ces données entre les mains et cela ne facilite en rien son intervention. Néanmoins, elle ne se décourage pas. Elle aura tout le temps d'apprendre à le découvrir plus tard. Pour l'instant, sa mission se résume à une chose bien précise : le recoucher dans son lit pour le voir se reposer autant qu'il le faut. « Vous- vous ne pensez pas qu'il faudrait changer de vêtements ? Vous allez attraper froid. » Sa main s'avance dans une envie folle, furtive, vers son épaule basse, affaiblie, avant de se raviser. Peut-être est-il trop tôt, sans doute. « Si vous acceptez, j'accepte en retour de répondre à toutes vos questions », qu'Edith propose alors, d'une voix qui donne l'impression qu'elle s'adresse à un tout jeune enfant. Elle cherche à le préserver, à lui éviter de s'écraser bien trop vite dans ce monde, cette ville, qui va le bouleverser comme jamais. Elle pense avoir compris, Edith, de quoi retourne cette agression dont il a été victime. Et elle espère sincèrement se tromper. « Je vous le promets. »
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Silas Barnes
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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeMer 25 Nov 2015 - 22:18

Quand la jeune femme se tourna vers Camille, il vit une expression douloureuse se peindre sur ses traits, ainsi qu’une certaine … pitié ? Il n’en était plus très sûr. Ses connaissances en relations humaines étaient rouillées, il ne savait plus déchiffrer les expressions aussi bien qu’il le faisait par le passé, et il n’avait pas franchement envie de se creuser la tête aujourd’hui, elle lui faisait bien assez mal comme ça. « Mon dieu, Camille... » Sa voix ne lui dit rien, mais son ton sous-entendait qu’elle le connaissait. La façon dont elle s’exprimait le fit douter. Qui était cette femme ? Devait-il la connaître ? Il ne voulait pas se poser toutes ces questions, bon sang, il voulait juste retourner se coucher ! Mais elle resta immobile face à lui, ses grands yeux bleus emplis d’horreur fixés sur son visage à tel point qu’il regretta de ne pas s’être regardé dans une glace avant de sortir de la salle de bain. Il avait mal partout, il se savait mal en point, mais le regard qu’elle posait sur lui … Il n’était pas habitué à ce qu’on le regarde comme ça. Il y avait trop d’empathie dans ces yeux là pour qu’il se sente à l’aise sous leur intensité. Il avait envie de disparaître, simplement pour qu’elle arrête de le fixer ainsi. « Je suis Edith. On- on s'est rencontrés, l'autre soir... » Edith. Ce prénom ne lui disait absolument rien. Mais puisque son visage lui était parfaitement inconnu, il ne voyait pas comment il aurait connu son prénom. Et la rencontre dont elle parlait …  « Vous ne vous souvenez pas ? » Il fronça les sourcils. Il devait avoir l’air complètement perdu, mais il ne parvenait pas mettre assez d’ordre dans ses idées pour réfléchir correctement. « Non. » Rien qu’un souffle, qu’il s’était forcé à expirer pour lui répondre, par pure politesse. Ses souvenirs des derniers jours lui semblaient autant de volutes de fumées qui s’évaporaient à chaque fois qu’il essayait de les attraper. Comme s’il essayait de se souvenir d’un rêve au saut du lit … A la différence qu’il se souvenait trop bien du rêve qu’il avait eu, et qu’il était certain à présent que cela n’avait été que ça : un rêve. Mais ce qui s’était réellement déroulé avant qu’il ne s’endorme, il n’en savait rien. Sa réalité avait moins de consistance que ses rêves, était-ce une conséquence d’un quelconque abus de son don ? Il secoua machinalement la tête, ce qu’il regretta immédiatement en sentant un flash douloureux cogner contre ses tempes.

Camille ne comprenait toujours pas ce que cette Edith faisait chez lui, elle avait beau s’être présentée, elle n’avait pas répondu à sa première question, la plus importante. Et quand elle sortit une clé de sa porte pour la lui présenter, il cru un instant que c’était lui-même qui la lui avait donnée, et qu’il était censé comprendre ce geste sans même qu’elle ne s’explique. Un brusque élan de panique fit battre son cœur un peu plus vite. Avait-il vraiment fait ça ? « Je l'ai prise avant de partir, la dernière fois que je suis venue. » Non, elle s’était juste servie. Mais cela ramenait une autre question : qu’est-ce qui justifiait qu’elle se permette une telle chose ? « Je... J'avais peur que vous ne m'ouvriez pas... » Il était perdu. Ses jambes le lançaient de plus en plus et il avait du mal à réfléchir à ce qu’elle disait, son attention constamment détournée par l’épuisement et la douleur, mais il tentait de son mieux de comprendre. Et il échouait constamment. « Est-ce que … Est-ce qu’on a … Est-ce que vous ... » Ca ne sortait pas. Ce qu’il voulait dire, il ne parvenait pas à l’exprimer, parce que l’idée seule lui paraissait trop absurde pour qu’il l’envisage, mais ça restait une possibilité. Peut-être qu’ils avaient passé une nuit ensemble. Elle avait parlé de la dernière fois qu’elle était venue, elle avait dit qu’ils s’étaient rencontré un soir … C’était comme ça que ça marchait. Un soir, un homme, une femme. De l’alcool généralement, ce qui pouvait aussi justifier son trou de mémoire. Mais il ne faisait pas ça. « Je suis là pour vous aider, Camille, pas pour vous faire du mal. » Il fronça les sourcils. L’aider ? Pourquoi l’aider ? Non, ça ne collait pas. « Nous n’avons pas passé la nuit ensemble. » Une question posée comme une affirmation, parce qu’il ne voulait pas le lui demander mais qu’il avait besoin qu’elle le lui confirme. Il refusait l’idée d’avoir couché avec elle. Ou avec qui que ce soit. Ca ne lui ressemblait pas. Et il se souvenait de plus en plus nettement des jours passés … Il n’y avait pas de coucheries là-dedans. Mais pas de femme appelée Edith non plus. Il ne se souvenait pas d’elle. Ce trou de mémoire était bien plus inquiétant que l’idée d’avoir fricoté avec elle d’une façon ou d’une autre. « Je n’ai pas besoin de vous. » Soupira-t-il. Il était à deux doigts de s’effondrer, mais même dans cet état pitoyable, il ne concevait pas de recevoir une aide extérieure, surtout venue d’une femme étrangère. Ou qui semblait le connaître, mais qui n’existait pas dans ses souvenirs. Il avait dédié sa vie à apporter son assistance à d’autres mais il s’occupait seul de lui-même. Il n’avait pas besoin d’elle. Il voulait juste qu’elle s’en aille ! N’avait-il pas été assez clair ? Il ne comprenait pas pourquoi elle s’entêtait à rester là … Elle ne le quittait pas des yeux et ça devenait insupportable. Son regard le brûlait, il avait presque honte qu’elle le fixe ainsi, alors qu’il avait passé tant d’années à devenir transparent au regard des autres. Il n’y était pas habitué, vraiment pas. « Vous- vous ne pensez pas qu'il faudrait changer de vêtements ? Vous allez attraper froid. » Sa timide remarque lui fi quand même réaliser qu’elle avait raison. Il était glacé. Ses membres commençaient à se tétaniser à force de trembler. « Si vous acceptez, j'accepte en retour de répondre à toutes vos questions » Il la contempla avec lassitude, comprenant qu’elle n’avait pas l’intention d’abandonner et de s’en aller sagement comme il le lui avait demandé. « Je vous le promets. » Elle ne savait rien des questions qu’il se posait, et elle n’aurait sans doute aucune réponse à apporter aux principales. Mais il voulait savoir d’où elle venait, qui elle était, ce qu’ils avaient fait ensemble. Et il voulait ensuite qu’elle s’en aille. « Bien. » Capituler lui semblait la seule possibilité qui s’offrait à lui. « Je vais … me changer, et vous me direz … Vous me direz qui vous êtes vraiment. » Il fit une pause pour reprendre son souffle. « Et comment vous me connaissez. » Il se retourna tant bien que mal, toujours appuyé de tout son poids contre le chambranle de la porte. La distance jusqu’à sa salle de bain lui sembla soudain immense, et il inspira profondément. Ce n’était pas insurmontable … Il se détacha du mur, fit un pas, puis deux … Le monde se mit à tourner, sa vue se brouilla, et il s’écroula au sol.
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Celeste Trager
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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeJeu 26 Nov 2015 - 23:11

Edith sent que sa présence contrarie Camille. Il ne saisit pas ce qu'elle fait ici, chez lui, ni pourquoi elle possède la clé. Elle comprend aisément tout ceci à ce regard particulier qu'il dépose sur elle, et aux traits de son visage qui sont plus qu'expressifs malgré les événements récents, qui auraient pu l'affaiblir à tel point qu'elle n'aurait pu interpréter ses mimiques. Toutefois, ce n'est pas de cette manière qu'il réussira à la faire déguerpir. Lorsque la serveuse a une idée en tête, difficile de la faire changer d'avis. Surtout quand cette idée touche à son propre affect à elle, de même qu'à la sécurité d'une autre personne. « D'accord », sourit-elle à ses réclamations. Elle accepte sans mal, et d'une voix paisible, qu'elle espère apaisante, pour qu'enfin il ne cherche plus à la mettre dehors et qu'il commence à avoir confiance en elle. Edith sait qu'il est encore tôt pour parler de confiance, mais elle ne souhaite que cela, que ce lien qu'elle lui impose aujourd'hui deviendra réciproque plus tard, ou qu'ils pourront au moins se considérer l'un l'autre telles des connaissances normales. La serveuse ne pensait cependant pas que Camille désirerait aussi vite en apprendre autant sur elle, ainsi que sur ce qui lui est arrivé. Peut-être est-il encore trop tôt... Au loin, le corps de Camille s'effondre. La blonde a à peine le temps de comprendre que, déjà, elle suit impuissante les membres et la tête du jeune homme échouer, confronter d'une violence inouïe, le sol dur et rêche de la pièce. « Camille ! » C'est dingue comme parfois on a le sentiment d'être dans un film. De vivre les mêmes émotions fortes que nos héros préférés, d'être contraint de subir le destin sans pouvoir rien y changer. Edith a ce sentiment étrange qui l'étreint soudain. Elle se sent comme au ralenti, freinée par une force qui la dépasse. Ses pas s'activent aussi vite qu'ils le peuvent, son cerveau se met en état d'alerte, mais le temps semble s'allonge. Il s'écartèle jusqu'à manquer lui couper le souffle. L'instant est mal choisi pour ne plus se connecter avec la réalité. La serveuse sent son cœur s'affoler dans sa cage thoracique, alors que ses genoux lui donnent l'impression de s'écraser au sol dans une lenteur affolante. Pourquoi est-ce qu'elle aimerait que rien de tout ça n'arrive ? Pourquoi est-ce que cette vague d'inquiétude ne la quitte pas ? Elle est là, elle est à côté de lui, elle peut le toucher, elle peut garder un œil sur lui, elle peut l'épauler. Elle ne partira pas, pas aujourd'hui. Elle a commis une belle erreur la dernière fois et la regrette amèrement. Désormais, Camille va rester sous sa protection, même si elle semble inutile vu ses frêles épaules, car il n'a plus le choix. Edith est bien décidée à s'imposer dans son quotidien jusqu'à ce que les choses aillent mieux pour lui. Et si cela doit prendre du temps, beaucoup de temps, alors qu'il en soit ainsi, la blonde n'est pas prête à faire marche arrière ; qu'importe ce qu'en pensera Anton s'il l'apprend, qu'importe sa famille et tout le reste. La demoiselle est connue pour sa témérité, alors elle fera honneur une fois de plus honneur à cette dernière. La main droite d'Edith s'élève au niveau du visage de Camille. Tremblante, cette dernière hésite à se déposer tout contre sa joue, avant que ses doigts fins n'inaugurent en premier le contact. « Camille ? Est-ce que... Est-ce que vous m'entendez ? », qu'elle demande, d'une petite voix éprouvée. Comment ne peut-elle pas comprendre ce qu'il vit ? Après l'avoir vécu, les premières fois, et pour le vivre encore aujourd'hui. Elle entend cette douleur, la reconnaît, la perçoit comme si elle était sienne. Si seulement Edith pouvait tout prendre pour elle, le délester de ces vagues déferlantes de souffrance qui doivent l'assaillir depuis plusieurs jours, rien que pour apaiser un peu ses tourments... La jeune femme ne sait pas exactement quelle était la mutation de Camille. Elle suppose simplement que cette dernière prenait une place encore plus importante dans le quotidien de ce dernier, au vu de la fatigue qui se lit sur ses traits en l'absence de cette partie de lui-même. Il y a des signes qui ne trompent pas. Poussant un soupir, les prunelles bleutés de la serveuse continuent de dévisager le blessé. Elle cherche à capter son attention, mais aussi à intercepter tout signe annonciateur d'un nouveau mal ou d'un quelconque besoin. Même si elle n'est pas infirmière, Edith veut bien se prétendre un équivalent pour tenter de faire passer la future pilule au mieux. Elle sait d'avance que la tâche ne sera pas simple, mais nécessaire. Bien qu'elle ne soit pas encore certaine de la raison pour laquelle il s'est fait attaquer de la sorte par des chasseurs, les quelques détails qu'elle a repérés tournent dans son esprit et convergent tous vers une seule conclusion : la vaccination. Pour une première rencontre, la blonde se dit qu'elle aurait pu être choisie par le destin pour annoncer autre chose... Quelque chose de plus joyeux, de plus sympathique... « Je vais vous aider à vous relever », annonce Edith d'une voix douce, avant de se pencher vers lui. Ses gestes sont maladroits, peu assurés, mais empreints d'une telle envie de bien faire qu'ils sont pardonnables. Fuyant son regard comme elle le peut, la serveuse parvient à placer un bras fort sous l'épaule de Camille la plus proche et initie un premier mouvement pour le remettre sur pied. Définitivement, bien qu'il soit élancé et au premier abord peser peu, le jeune homme doit quand même être capable d'avaler une quantité astronomique de nourriture pour sembler aussi lourd à relever pour la pauvre Edith. Une fois qu'ils sont tous deux à peu près stables sur leurs pieds, le regard de la blonde retrouve un instant celui, épuisé, de Camille. « Je- A-accrochez-vous... à-à moi », qu'elle bafouille, alors qu'elle sent des gouttes d'eau  atterrir sur le haut de son crâne. De même, chaque endroit où elle est en contact avec lui se retrouve bien vite aussi mouillé que les vêtements du propriétaire des lieux. Avec dans l'idée de ne pas laisser deviner où elle était allée, les choses allaient peut-être être plus compliquées que prévues à mettre en place dans l'esprit curieux d'Anton à son retour. Une fois les premiers pas engagés, l'accord de leurs démarches respectives se fait plus évident. A présent, Edith est obligée de fonctionner à l'instinct. Elle ne connaît plus les lieux, tente de se souvenir du moindre détail de la dernière fois qui pourrait lui servir. Elle sait qu'elle a emprunté ce couloir, que non loin se trouve... La salle de bain. Un soupir lui échappe, sans qu'elle ne puisse le maîtriser. Gênée, elle espère que Camille ne réalise pas encore ce qui se passe après sa chute et qu'il ne lui en voudra pas. D'un, elle est heureuse de pouvoir constater qu'elle possède une assez bonne mémoire, même dans les moments le plus dramatiques, et de deux, elle ne pourra pas plus le soutenir alors elle doit se débrouiller pour le déposer sans encombre, et ce, dans peu de temps. Une fois la porte de la salle de bain franchie, Edith se débrouille pour mener Camille jusqu'au rebord de la baignoire et s'assure qu'il tient en position assise avant de s'écarter avec précaution. Comme auparavant, elle ne peut empêcher ses prunelles de rechercher la nouvelle blessure, le nouvel impact que cette nouvelle vie a laissé sur lui. Passant derrière lui, la blonde observe l'arrière de son crâne. Elle aurait dû s'en douter. Avec cette nouvelle chute au compteur, elle n'est pas étonnée d'apercevoir la formation d'une bosse conséquente. Embêtée, la jeune femme se met à chercher du regard une pommade, ou un produit quelconque, susceptible de l'aider à réduire le gonflement. Dorénavant, elle ne parvient plus à sourire. Elle ne pourra plus tant que Camille sera dans cet état. Durant ses recherches, elle continue de lui jeter des petits coups d'oeil, juste au cas où. C'est alors qu'elle prend une nouvelle fois conscience de cet état second dans lequel il semble plongé, et elle ne peut s'empêcher de se murmurer une seule et unique chose. « Mais qu'est-ce qu'ils vous ont fait... »
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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeSam 5 Déc 2015 - 17:44

Le sol était dur. Froid. Quelle étrange idée de ne penser qu’à ça, d’un coup. Pendant une fraction de seconde, Camille oublia tout le reste, et il n’y eut que le sol dur sous son crâne. La douleur qui résonna, dans le vide de sa tête. Ce n’était pas si mal … Mais déjà sa vision revenait, ainsi que ses autres sens. De loin, il entendit la voix de la jeune inconnue. Edith. Elle était toujours là ? Il avait du mal à croire qu’elle s’accroche ainsi à quelque chose dont il ne se souvenait absolument pas. Pour lui, elle n’existait pas, et de fait, il ne devait pas exister pour elle. Elle ne devait surtout pas s’inquiéter pour lui, ou vouloir l’aider. Il n’avait besoin ni de son aide, ni de sa présence. Mais elle s’inquiétait, c’était la première chose qu’il comprit quand le vertige s’estompa. Sa voix était pleine d’une appréhension déplacée, mais Camille n’avait pas assez d’énergie pour se demander une énième fois ce qui pouvait bien la lier à lui ainsi. Il occulta toutes les questions qui tournaient dans sa tête, il cessa de se torturer avec des choses qui ne trouvaient de toute façon aucune réponse dans l’immédiat. Il essaya de se redresser, et trouva presque instantanément Edith qui glissait déjà un bras sous ses épaules. Tous ses muscles protestèrent quand il se releva tant bien que mal, et il ne put faire autrement que s’appuyer lourdement sur elle. Il n’avait aucune force pour se soulever tout seul, et la présence de la jeune femme était une aide inattendue. Et pourtant, elle était la bienvenue. Il le réalisait peu à peu, il aurait eu bien du mal à s’en sortir sans elle et il lui était presque reconnaissant d’être là. De ne pas être seul. La solitude, il la connaissait trop bien, il s’en était accommodé pendant des années et il savait comment mener sa vie malgré elle, mais il en avait oublié ce que c’était que d’avoir une présence attentionnée à ses côtés. A moins qu’il ne l’ait jamais su.

Ils avancèrent avec difficultés dans le couloir, Camille appuyé sur la frêle Edith qui devait supporter une bonne partie de son poids. Il ne fit pas attention à la destination, trop concentré sur la marche en elle-même, un pied devant l’autre, encore, et encore, la tâche était déjà bien assez ardue pour qu’il s’encombre de quoi que ce soit d’autre. Ce fut quand elle l’assit sur un rebord froid qu’il vit où ils étaient : dans sa salle de bain. Au sol, sa serviette tachée de sang gisait encore, et il y avait de l’eau partout. Des détails qu’il nota dans un coin de sa tête sans y faire attention, mais sans pouvoir s’en empêcher : il n’aimait pas le désordre, il faudrait qu’il nettoie tout ça. Quand il serait capable de tenir debout sans assistance. Mais en position assise, il avait plus de facilité à réfléchir, et ses idées s’éclaircirent. La douleur était moindre que quand il tentait de se tenir debout, et il faisait encore une chaleur à crever dans cette salle de bain, grâce à l’interminable douche brûlante qu’il avait prise quelques minutes plus tôt. Ses vêtements froids étaient moins pénibles à supporter ainsi. Camille se sentait un peu mieux, plus conscient de ce qui l’entourait, et il reposa finalement ses yeux sur Edith, se rappelant enfin de sa présence avec lui. Que faisait-elle ? Elle avait tourné autour de lui, et maintenant elle jetait des regards anxieux dans la salle de bain, comme si elle cherchait quelque chose. Le sourire qu’elle lui avait présenté dans le salon s’était bel et bien envolé de son visage délicat. « Mais qu'est-ce qu'ils vous ont fait... » Une toute petite question, et Camille se crispa. Ses mains agrippèrent le rebord de la baignoire tandis qu’il se replongeait dans ses souvenirs. Qu’est-ce qu’ils lui avaient fait ? Il se souvenait des coups. Inlassablement, ils avaient frappé, ne lui laissant de répit que pour reprendre son souffle quand il devait répondre à leurs questions. « Ils m’ont interrogé. » Souffla-t-il, comme répondant à une question qu’il se serait posé lui-même pour remettre de l’ordre dans sa mémoire incertaine. Ils étaient brutaux et directs, mais ils n’avaient que de vagues notions de torture, et il s’en était très bien sorti, finalement. Ils auraient pu lui faire bien pire, s’ils avaient su comment s’y prendre … Mais ils avaient juste frappé. Aveuglément. « Pourquoi est-ce qu’ils m’auraient laissé partir ? » Se demanda-t-il à haute voix, toujours plongé dans ses pensées, sans plus songer à Edith. Camille était resté muet, il avait prétexté ne rien savoir de ce qu’ils souhaitaient, et ils avaient du finir par se lasser … Mais non. Ils ne s’étaient pas lassés. Il se passa une main tremblante sur le visage, se massa les tempes comme pour faire affluer les souvenirs. Il y avait une fin qui restait floue, mais ce n’était pas aussi simple qu’il voulait le croire. Ils ne l’avaient pas juste relâché. A un moment, ils avaient arrêté de frapper, et il avait effectivement cru qu’ils allaient finir par le laisser partir, à moins qu’ils ne le tuent pour en terminer avec lui. Il avait aussi pensé qu’ils allaient passer à d’autres méthodes plus efficaces pour le faire parler, parce qu’ils avaient sorti une seringue … Un brusque élan de panique lui étreignit la poitrine et il releva la tête, le cœur battant la chamade. Ses yeux tombèrent sur Edith, sur ses traits emprunts d’inquiétude, et il la revit nettement se pencher sur lui dans la ruelle sombre. Il se releva brusquement, s’appuyant sur le rebord du lavabo, et il chercha la trace sur son cou. Elle était perdue au milieu des hématomes, mais elle était bien là. Une si petite marque, insignifiante à côté de tout le reste, mais elle le terrifia proprement. Il se retourna vers Edith, un air presque suppliant sur le visage. « Vous étiez là. Quand ils m’ont relâché, vous étiez là, je me souviens de vous. » Bon sang, il avait la sensation qu’une chose terrible venait d’arriver, sans pouvoir trouver de quoi il s’agissait. « Qu’est-ce qu’ils m’ont fait ? » Elle avait la réponse. Elle l’avait dit, elle pouvait répondre à toutes ses questions, et celle-ci … Celle-ci était la seule qui comptait vraiment, et il le réalisait seulement maintenant.
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Celeste Trager
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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeMer 23 Déc 2015 - 1:01

Ses mains tremblent. La gauche se saisit d'un premier produit, tandis que l'autre cherche à se saisir de ce qui pourra soulager au mieux la douleur de Camille. Edith n'a aucun repère en ces lieux. Ses pensées trébuchent à chaque nouvel espoir d'avoir trouvé le remède miracle, son cœur sursaute lorsqu'elle croit se munir de la meilleure arme. Mais non. La blonde commet une erreur après l'autre, sans interruption. Elle s'agace contre elle-même, marmonne dans son esprit des centaines d'insultes à sa propre encontre, sans se douter que ce n'est pas de cette façon qu'elle trouvera plus vite. Ça ne sert à rien de s'empêcher de réfléchir de la sorte, ça ne fait même qu'empirer la situation. La serveuse en a bien conscience mais elle a le sentiment d'être incapable de s'arrêter. Elle aimerait tellement être une petite fée, avec une jolie baguette et un petit chapeau pointu, pour avoir le privilège de prononcer une adorable incantation et faire disparaître tous les maux du jeune homme assis non loin d'elle. Ce qu'elle donnerait pour pouvoir guérir sa peine, son incompréhension, ses blessures physiques mais surtout mentales, au moins le temps de quelques secondes, car elle sait qu'à un moment ou à un autre, elle aura la lourde tâche de lui en dire plus, de lui en dire trop. Et, à ce moment-là, même les mots les plus précautionneux n'aideront pas Camille à s'apaiser. Edith semble s'éveiller à la réponse du propriétaire des lieux. Elle sursaute avec nervosité, avant de lui accorder toute son attention. S'il peut parler, mais qui plus est être assez lucide pour entendre, comprendre et répondre à sa question qui se voulait transparente dans l'ambiance pesante de la pièce, alors la serveuse ne peut qu'être (ne serait-ce qu'un peu) rassurée. Un maigre sourire vient tordre ses lèvres. Les prunelles de la blonde font des aller-retours entre le visage de Camille et la pharmacie qui s'ébranle sous ses gestes maladroits, jusqu'à ce qu'enfin elle parvienne à mettre la main sur une pommade qui semble appropriée à la blessure de Camille. Soulagée, Edith ferme un instant les yeux avant d'être ramenée à l'instant présent par la question du blessé. En l'espace de quelques secondes, ce dernier est debout, face au lavabo, en train de chercher quelque chose à même sa peau grâce au reflet du miroir. Les mâchoires de la jeune femme se contractent. Pas maintenant, il est trop tôt... Mais Camille prend les devants. Il ne lui laisse pas le choix, aucunement. Il accroche son regard du sien, prononce les mots qu'Edith redoutait et espère une réponse rapide de sa part. « Oui j'étais là... », souffle-t-elle sans parvenir à délaisser son regard. Elle aimerait pourtant s'en détourner, pour reprendre ses esprits, pour trouver les mots justes sans être troublée par l'angoisse qu'elle y décèle avec douleur, mais elle s'en sent incapable. « Je... », débute-t-elle, sans que la suite n'arrive ensuite. Comment lui présenter les choses ? Comment faire pour ne pas donner l'impression de détruire une partie de sa vie ? Comment réussir à le rassurer, rien qu'un tout petit peu ? Comment lui assurer que tout va bien se passer à présent qu'on l'a défait d'une part de son être sans qu'il n'ait rien demandé ? Enfin, tout cela, la serveuse le suppose. Elle pense que les choses se sont déroulées de la sorte, que cette piqûre qui se trouve au cœur de son cou n'est pas anodine et qu'il n'a pas provoqué qui que ce soit pour la mériter... Elle espère se tromper. Elle espère qu'elle n'est pas face à un mutant qui a été privé de sa mutation sans son consentement. Seulement, elle l'a reconnue. Lorsqu'Edith a ramené Camille jusqu'ici et qu'elle a tout fait pour soigner les blessures les plus conséquentes sur l'ensemble de son corps, elle n'a pas pu faire autrement que de remarquer cette marque si singulière à même sa peau. La même qu'elle avait eu de longues semaines au creux de son coude... « Je crois qu'ils n'ont pas fait que vous interroger Camille... », reprend-elle, se décidant enfin à briser le silence. « Votre... » Doit-elle employer des termes aussi... techniques ? Après tout, elle n'est pas certaine de qui se trouve en face d'elle. Ni même si cette personne est un minimum sensible à ce qui se passe à Radcliff, mais aussi dans le monde entier au sujet des personnes comme... comme elle avant qu'elle ne fasse disparaître sa mutation par les soins d'Anton. Toutefois, Edith se persuade qu'il n'y a que comme ça que les choses seront claires entre eux, mais surtout pour lui. « Votre mutation. Ils- Ils ont fait disparaître votre mutation. Enfin, c'est ce que je crois, s'il faut vous n'avez jamais eu de mutation et je me trompe... Si c'est le cas j'en suis vraiment désolée, mais vous étiez étendu dans la rue, je passais par là et j'ai deviné que ce qui vous était arrivé n'était pas normal, je- j'ai eu tellement peur qu'ils reviennent pour vous faire bien pire que j'ai essayé de vous ramener au plus vite chez vous et... » Fermant les yeux, car sentant de minuscules larmes venir se loger sous ses paupières, la jeune Holloway s'avance vers lui. Elle se positionne à ses côtés et observer avec appréhension la marque qui se distingue au milieu des hématomes, sur son cou. Pour elle, le doute n'est plus vraiment possible. « Je pense que c'est ici qu'ils ont injecté le vaccin », qu'elle annonce, d'une petite voix légèrement tremblante, mais qu'elle garde au mieux maîtrisée. « Du NH25. » Une fois que son champ de vision ne supporte plus la vue de la marque du vaccin, Edith laisse en silence ses talons retrouver la terre ferme. Camille est tellement grand qu'elle a dû s'élever un peu pour confirmer ses dires par elle-même. Ses prunelles croisent un instant les siennes, avant qu'elle ne s'éloigne pour venir attendre près de la baignoire, où il était encore assis quelques minutes plus tôt. Elle patiente, silencieuse et respectueuse, le temps que ce qu'elle vient de suppose gravite de façon convenable dans le cerveau de son interlocuteur, avant de reprendre la parole, et d'indiquer d'un mouvement de la tête la baignoire à ses côtés. « Camille, venez vous asseoir, il faut que je vous passe ça avant que la bosse ne prenne plus de place... »
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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeDim 10 Jan 2016 - 14:47

Sa mémoire commençait à revenir, par bribes. Camille se souvenait très bien des coups, de l’interrogatoire, de ce qu’ils avaient demandé et de ce qu’il avait répondu, mais il avait plus de mal à se rappeler de ce qui s’était passé ensuite. A présent, il revoyait la seringue, mais il ne comprenait toujours pas sa signification. Il restait un blanc dans sa mémoire, quelque chose qui lui semblait extrêmement important mais qui refusait de revenir, comme si son esprit lui-même préférait rester dans l’ignorance. Mais Camille ne voulait pas rester ainsi. Son cœur battait furieusement dans sa poitrine, en proie à une peur indéfinissable. Tout était terminé, l’interrogatoire était derrière lui et il n’avait aucune raison d’en avoir peur. Il savait très bien faire ça, reléguer le passé aux oubliettes, faire table rase et avancer. Il avait vécu trop de scènes traumatisantes pour accepter d’y rester bloqué, il savait comment survivre à tout ça. Et pourtant, il avait toujours aussi peur, sans comprendre pourquoi. Il avait besoin de comprendre. Il fallait qu’il sache ce qui s’était passé, ce qui lui était arrivé. Ce qui justifiait une telle peur. Il y avait peu de choses qui parvenaient à l’effrayer, et il croyait réellement s’être débarrassé de toute attache qu’il aurait craint de perdre. Alors quoi ? Il fallait qu’il sache. Edith semblait avoir les réponses. Elle était apparue de nulle part, mais il se souvenait vaguement d’elle à présent. Elle avait été là, elle devait savoir ce qui s’était passé. Il la fixait intensément, attendant qu’elle l’éclaire. Il ne pouvait compter que sur elle. Et elle semblait si inquiète sous son regard, si fébrile, qu’il sentit son malaise s’accentuer encore. « Je...  Je crois qu'ils n'ont pas fait que vous interroger Camille... » L’hésitation de la jeune fille était en train de mettre la patience de Camille à rude épreuve, mais il resta silencieux, attendant la suite sans bouger, les membres tremblant, les gouttes d’eau coulant le long de son échine en se mêlant à la sueur glacée que son appréhension faisait apparaître sur son épiderme. « Votre... Votre mutation. Ils- Ils ont fait disparaître votre mutation. Enfin, c'est ce que je crois, s'il faut vous n'avez jamais eu de mutation et je me trompe... Si c'est le cas j'en suis vraiment désolée, mais vous étiez étendu dans la rue, je passais par là et j'ai deviné que ce qui vous était arrivé n'était pas normal, je- j'ai eu tellement peur qu'ils reviennent pour vous faire bien pire que j'ai essayé de vous ramener au plus vite chez vous et... » Sa mutation. Pendant une fraction de seconde, ces quelques mots n’eurent aucune signification pour Camille. Il n’avait pas encore pris l’habitude de considérer sa faculté spéciale comme une mutation, bien qu’il ait appris rapidement lors de son dernier réveil que c’était ainsi qu’il devait l’appeler. Une fraction de seconde, donc, pendant laquelle il resta impassible, sans se sentir réellement concerné. Et puis la compréhension le frappa avec violence et il vacilla. « Ma … mutation ? » C’était impossible. Sa vision se brouilla et il s’agrippa au rebord du lavabo pour ne pas retomber sur le carrelage. Mutant, c’était comme ça qu’ils l’avaient appelé. Et dégénéré, et d’autres noms du même genre, des insultes dans leur bouche, qui n’avaient eu aucun impact sur lui. Il se fichait bien de ce qu’ils pensaient de lui. Son don, ça ne regardait que lui, et ces hommes n’avaient aucun pouvoir sur lui. Ainsi l’avait-il cru pendant un bon moment. « Je pense que c'est ici qu'ils ont injecté le vaccin. Du NH25. » Il reposa les yeux sur Edith, suivant son regard vers son cou, vers la trace qu’il y avait vue … Là où ils avaient enfoncé leur aiguille. NH25, il avait déjà entendu ce mot. Juste avant qu’ils ne sortent cette seringue, justement. Camille eut envie de vomir, et il secoua la tête dans un geste qui trahissait son angoisse. « Non … » Il ne se souvenait toujours pas de ce qui s’était passé juste après l’injection, mais il n’avait plus envie de le savoir. Il était sous le choc. Il ne parvenait pas à croire à ce qu’Edith venait de dire, il ne voulait pas y croire. « Camille, venez vous asseoir, il faut que je vous passe ça avant que la bosse ne prenne plus de place... » L’ordre était direct, et ce fut par automatisme que Camille y obéit, sans même comprendre ce qu’elle lui demandait. Il alla s’asseoir sur le rebord de la baignoire, à côté d’elle, les yeux toujours fixés sur un point devant lui, son esprit bloqué sur la vision de la seringue et les paroles d’Edith à propos du vaccin. Mais quand elle leva les mains pour le toucher, il lui attrapa vivement les poignets et les écarta de lui. Il n’y avait qu’une seule façon de savoir si elle avait dit la vérité. Il tourna la tête vers elle, puis posa les yeux sur leurs mains. Quelques secondes s’écoulèrent, pendant lesquelles il retint son souffle, son regard toujours fixé sur les mains de la jeune femme. Soudain, il les relâcha, aussi brusquement qu’il les avait attrapées. « Non ! Ce n’est pas possible. Vous … Vous devriez … » Elle était toujours éveillée, il n’était pas parvenu à l’endormir, mais il n’avait pas fait ça sur autrui depuis des dizaines d’années, peut-être était-il simplement rouillé … Il se prit le visage entre les mains. Il n’avait pas besoin de contact pour que cela fonctionne sur lui, mais ainsi, ce serait plus facile. Il faisait ça tout le temps. Il n’avait même pas besoin d’y penser … Mais rien. Rien du tout. Il ne s’endormit pas, il ne ressentit même pas la moindre petite touche de fatigue sur ses paupières. « Non !! » Il secoua à nouveau la tête, sans se soucier de la douleur qu’il réveilla ainsi sous son crâne, et posa la main sur la joue d’Edith. Il y mit tout son cœur, toute sa volonté, mais elle ne cilla même pas et il laissa retomber sa main, une expression de pur désespoir peinte sur le visage. Il ne savait plus comment faire pour provoquer le sommeil, alors qu’il avait su faire ça toute sa vie. Toujours, et de façon inconsciente. Cela faisait partie de lui, aussi naturellement que respirer ou boire. Instinctivement, sa main vint se serrer sur son torse, là où il sentait un étau lui enserrer la cage thoracique. Panique, panique. Il peinait à réaliser l’atroce réalité, et tout ce qu’elle engendrait. « Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’ils m’ont fait ça ? » Balbutia-t-il. « Vous … Vous savez ? Vous les connaissez ? » Il prononça la dernière question avec une dureté qui détonnait par rapport à ses balbutiement précédents, et il planta ses yeux dans les siens. Elle savait ce qu’ils lui avaient fait, alors que la femme qu’il avait hébergée chez lui pendant des semaines ne lui en avait jamais parlé, pas une seule fois. Elle avait parlé de beaucoup de choses, de hunters, de massacres, mais jamais d’une substance capable de supprimer une mutation, pourtant elle semblait au cœur de ce conflit qui faisait rage en ville. Mais elle, Edith, elle savait. Et elle avait été là juste après qu’il ait été rejeté dans la rue. Il n’en fallait pas plus à Camille pour que ses soupçons naissent.
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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeMar 12 Jan 2016 - 16:21

Edith observe le visage de Camille un instant. A présent qu'il est assis, un peu plus à sa hauteur, elle peut apercevoir ce regard perdu qu'il arbore. Il fixe l'horizon. Un horizon qui ne bouge juste devant lui ; il donne le sentiment de s'être perdu au loin. Et la jeune femme a l'impression de se revoir, il y a quelques mois. Même si elle a choisi de faire disparaître sa mutation, elle a ressenti un vide. Elle a senti qu'une petite partie d'elle manquait à l'appel malgré toute l'aversion qu'elle pouvait avoir pour cette dernière, et elle est restée quelques jours dans une torpeur identique. Entrecoupée de moments où elle avait l'impression de sortir la tête de l'eau, cette sensation de ne plus être du tout la même a perduré par phases, d'environ une ou deux minutes, qui l'empêchait de faire quoi que ce soit d'autre. Son corps criait le manque, la perte. La prise de conscience doit être encore plus difficile et douloureuse pour Camille qui n'a rien demandé. Détournant ses prunelles de son visage, la serveuse entreprend de vider une petite quantité de pommade sur le bout de ses doigts avant de vouloir soulever les cheveux bruns du jeune homme pour y voir plus clair. Mais à peine a-t-elle le temps de l'approcher que les mains de ce dernier viennent se saisir de ses poignets. Surprise, elle ne bouge pas et fixe son regard sur son visage à lui, concentré à observer leurs mains proches. Que cherche-t-il à faire ? Est-ce que sa mutation fonctionnait pas le toucher ? Edith confirme ses soupçons lorsqu'elle le voit s'énerver d'échouer même sur lui, et qu'il dépose une main tout contre sa joue. Le contact l'électrise mais elle est trop préoccupée par l'état de Camille que par ce détail insignifiant. « Camille, qu'est-ce que vous- ne faites pas ça... » Il se blesse. Il se fait du mal en tentant de renouer avec une mutation qui n'est plus. Son cœur va se morfondre plus que de raison et il ne peut pas faire ça, ou du moins pas maintenant. Son corps faible ne va pas pouvoir endurer les déceptions et les remords, même si Edith sait que c'est plus facile à dire qu'à faire. Sa voix suppliante ne semble pas le ramener à lui. Les questions fusent, affectant le cœur de la jeune femme. Ce dernier se contracte sous l'assaut mais aussi sous la douleur et l'incompréhension qui se devinent au cœur des mots du brun. Edith fait partie de ceux qui ne savent plus vraiment comment se positionner quant aux nouvelles méthodes des chasseurs, mais elle sait qu'elle ne tolère pas qu'un mutant soit vacciné sans son accord. Cependant, à la question de savoir si elle connaît les personnes qui ont fait ça à Camille, elle secoue la tête de droite à gauche en fuyant son regard. Elle ne connaît pas personnellement les chasseurs qui ont commis cette faute impardonnable à son sujet, mais elle connaît une famille qui est peut-être proche de ces derniers, ou qui est possiblement la famille qui lui a fait ça. Deuxième possibilité qu'Edith espère impossible. « Non, je... », qu'elle souffle doucement. Son regard se perd dans celui de Camille. Elle aimerait pouvoir le rassurer, lui dire que tout va bien se passer, qu'il va se relever, et même qu'il va pouvoir passer au-dessus de tout ça, mais il n'est pas elle.  Il n'a pas choisi ce qui vient de lui arriver, ça ne relève pas de sa décision, il n'a même pas eu le temps de s'y préparer, alors elle ne peut prédire l'avenir. Et elle ne veut en aucun cas qu'il se fasse de faux espoirs ; hors de question qu'elle soit responsable de telles horreurs. « Je ne sais pas pourquoi ils vous ont fait ça. » Son aveu rebondie contre les murs. C'est la preuve ultime de sa faiblesse, et des limites de l'aide ridicule qu'elle peut lui apporter. Edith ne possède pas les réponses à ses questions et ça la bouffe de l'intérieur. Ses lèvres se serrent, elle retient les larmes qui menacent de sortir de leur cachette, à l'abri sous ses fines paupières. Elle fixe bêtement la pommade qu'elle tient toujours dans la main, comme si cette dernière pouvait l'aider à se sortir de cette situation périlleuse. Elle n'a pas envie de Camille la repousse s'il n'est pas satisfait de ce qu'il va entendre ; malheureusement, elle n'a que cette explication futile à lui donner. Rien d'autre. « Même si c'est triste à dire, je crois que vous vous trouviez au mauvais endroit au mauvais moment. » Ses iris bleutés rencontrent à nouveau les siennes, nerveuses et sérieuses à la fois, et ses épaules s'abaissent encore, comme si c'était physiquement possible. La serveuse aimerait se faire toute petite, disparaître même, mais elle sait que ce n'est pas possible. Elle l'a su dès l'instant où ses yeux se sont déposés sur le corps inconscient de Camille en pleine rue. « Normalement ils n'ont pas le droit de s'en prendre à- à nous sans raison. » Un soupir lui échappe. Il lui permet de retrouver un peu ses esprits, et d'essayer de bien choisir ses mots pour la suite. Elle ne veut pas le blesser, ni lui faire plus de mal, mais elle doit savoir, elle aussi. Elle doit tenter d'obtenir quelques réponses pour combler les pièces manquantes de ce puzzle étrange qu'est la mésaventure de Camille, puzzle qui n'a pour sûr ni queue ni tête dans l'esprit de la blonde.  « Vous vous souvenez les avoir attaqués ? Sans le vouloir, par accident ? », qu'elle demande d'une toute petite voix, semblable à un murmure. Avant qu'elle ne secoue la tête face à sa propre bêtise. Bien qu'elle le connaisse à peine (pour ne pas dire « pas »), Camille ne semble pas capable de faire quoi que ce soit, à personne. Et surtout pas s'en prendre à plusieurs hommes en même temps munis d'armes ou de provocations supposées leur allouer une réplique violente et perfide. « Je ne sais pas quelle était votre mutation mais je suppose que vous n'avez jamais fait de mal à personne. » Edith accompagne son aveu d'un sourire, censé l'apaiser. Puis déposant la pommade sur le premier meuble à sa portée, la jeune femme entreprend de se débarrasser de la crème toujours sur le bout de ses doigts avec un papier trouvé ici et là, avant de dégager ses cheveux de son cou lentement. Elle ne veut pas que le moindre geste mal maîtrisé affole son blessé. « Camille re... regardez. » S'approchant de lui une fois que tous ses cheveux sont regroupés sur son autre épaule, la jeune Holloway tend le cou vers lui. Elle serre les dents un instant, dans l'espoir qu'il comprenne qu'elle ne lui veut pas de mal et lui prouve en affichant sous ses yeux la seule preuve qui, à ses yeux, reste légitime de sa bonne foi. « J'ai aussi été vaccinée. »
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Silas Barnes
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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeJeu 14 Jan 2016 - 20:43

L’ampleur de ce qu’Edith venait de révéler à Camille semblait impossible à appréhender. Trop énorme, trop inattendu. Trop inconcevable. Il avait passé des années à se reposer sur ce don qu’il avait en lui – cette mutation, comme ils disaient – et il ne pouvait imaginer vivre sans. Il était comme le rescapé d’un accident terrible, réalisant qu’il n’a pas perdu la vie, mais qu’il devrait rester handicapé pour le restant de ses jours. C’était ça, oui. Handicapé, diminué. Ni aveugle, ni muet ou sourd, capable de marcher, de sentir et de parler mais … Incapable de dormir. Attaché au temps qui passe sans possibilité de fuir. Effroyable perspective qu’il ne pouvait encore appréhender complètement. Et qu’il refusait d’appréhender, d’ailleurs. Il aurait tout le temps de le faire plus tard, bien plus tard, quand il serait confronté à la réalité. Pour l’instant, il essayait juste de comprendre. Pourquoi, comment ? L’enchaînement des évènements le laissait abasourdi. Et la présence de cette jeune femme à ses côtés ne lassait pas de le surprendre, également. La douleur dans ses membres s’estompait peu à peu, et le brouillard dans sa tête s’était définitivement évaporé avec la révélation sordide qu’elle venait de lui faire. Il était de mieux en mieux capable de réfléchir, et il préférait se pencher sur l’énigme de sa présence plutôt que sur la pénible acceptation de la perte de sa mutation. Elle était là, Edith, douce jeune femme, gentille petite étrangère, qui lui était apparue alors qu’on venait de le jeter à la rue, perclus de douleur et ivre de ce poison qui brûlait dans ses veines. Camille avait du mal à croire aux coïncidences, et il était soudain plus enclin à penser que sa présence n’était peut-être pas si hasardeuse que ça. Les connaissait-elle, ces hunters ? Il scruta son visage, et la réaction qu’elle eut ne fut pas des plus convaincantes, tout comme sa réponse. « Non, je... » Elle n’avait plus l’air très sereine, d’un coup. Un peu gênée, peut-être … Ca ne signifiait rien, mais cela n’enlevait en aucun cas la possibilité qu’elle ait participé à sa vaccination. Il en avait connu des bien pires qu’elle, des monstres capables des pires agissements, ravagés ensuite par les remords … Il avait été de ceux-là, capable de tuer sans sourciller, et de rêver ensuite de s’excuser ou de porter secours à ses propres victimes. Il lui était difficile d’imaginer Edith de cette façon, peut-être se faisait-il juste des idées, mais il ne parvenait pas à écarter cette possibilité. Plus maintenant. « Je ne sais pas pourquoi ils vous ont fait ça. » Il ferma les yeux une seconde face à cet aveu qui semblait si dur à prononcer pour elle. « Même si c'est triste à dire, je crois que vous vous trouviez au mauvais endroit au mauvais moment. » Il rouvrit les yeux et la contempla. Y croyait-elle vraiment ? Elle avait l’air sincèrement abattue, et il ne comprenait toujours pas pourquoi elle compatissait autant. Il n’était personne, pour elle. « Normalement ils n'ont pas le droit de s'en prendre à- à nous sans raison. » Il nota l’usage du "nous", mais elle ne lui laissa pas le temps de poser la moindre question. « Vous vous souvenez les avoir attaqués ? Sans le vouloir, par accident ? » Il eut un vague rictus, et secoua la tête. « Non. Je sais pourquoi ils m’ont arrêté. Je sais ce qu’ils attendaient de moi, j’ignore juste … Pourquoi le vaccin. Je n’ai jamais … fait quoi que ce soit … » Il pensait que personne ne savait qu’il était mutant, mais il avait du se tromper. Il n’aurait pas du parler ainsi devant elle, alors qu’il ignorait encore qui elle était, ce qu’elle lui voulait, et les liens qu’elle avait avec les hommes en noir. Mais franchement, il n’en avait plus grand-chose à faire. Si elle les faisait revenir chez lui, il n’aurait pas davantage d’informations à leur donner. Plus que jamais, la perte de ses pouvoirs avait scellé ses lèvres sur ce qu’il avait pu apprendre sur la femme qu’il avait hébergée. « C’est la punition pour avoir refusé de parler, alors. » Lâcha-t-il d’un ton amer, sa main venant se poser une nouvelle fois dans le creux de son cou, là où il avait été piqué. « Je ne sais pas quelle était votre mutation mais je suppose que vous n'avez jamais fait de mal à personne. » Il arqua un sourcil, presque amusé qu’elle le juge aussi rapidement. Mais sur ce point là, elle avait raison. Ce n’était pas avec sa mutation qu’il aurait pu nuire à quiconque. « Même si je l’avais voulu, je n’aurais pas pu faire de mal à qui que ce soit. Je ne savais rien faire de mieux que … C’est ridicule. Ils ne devaient même pas le savoir. Personne n’est au courant. » Il s’était arrêté avant de dévoiler son don, réflexe profondément ancré en lui, et ce depuis bien avant l’avènement de ces gens appelés hunters. Au début du siècle, personne ne parlait de ça, et il savait d’instinct qu’il valait mieux cacher ce genre de faculté plutôt que s’en vanter. Rester discret, c’était la clé. Lysander avait trop abusé de sa chance, au vu et au su de tout le monde, et voilà où ça l’avait mené. Lui, il avait résisté plus longtemps. Pour aboutir au même résultat, évidemment … Lysander était mort, et il ne tarderait plus à le rejoindre à présent qu’il ne savait plus comment retarder l’échéance. « Camille re... regardez. » Il la regarda à nouveau, l’air quelque peu désorienté en la voyant regrouper ses cheveux pour lui dévoiler son cou. « J'ai aussi été vaccinée. » Cette nouvelle eut l’effet immédiat de radoucir Camille, qui effaça pour de bon la possibilité qu’elle ait été dans le camp des hunters. Il la regarda autrement, envisageant enfin qu’elle soit juste une bonne âme, piégée tout comme lui, qui ne voulait rien de plus que l’aider à surmonter une épreuve qu’elle avait déjà vécue. Il était effaré, à vrai dire. Il ne parvenait pas à l’imaginer, torturée par ces monstres avant d’être relâchée, presque morte, seule et abandonnée … « Que leur avez-vous fait pour mériter ça ? Vous n’avez pas l’air de quelqu’un qui ait pu chercher des noises à qui que ce soit. Malgré votre fichue obstination, et votre curiosité. » C’était à lui de juger sur l’apparence, cette fois, mais il avait eu quelques preuves  de son altruisme et de sa gentillesse. Cela ne signifiait pas grand-chose, encore une fois, mais elle semblait innocente. Bien plus que lui. « A moins qu’ils ne fassent ça à tout le monde ? Y a-t-il tant de danger dans les … mutants … qu’ils veuillent tous les effacer, juste par précaution ? » A bien y réfléchir, cela semblait être devenu la politique actuelle. Il ne savait pas grand-chose des évènements extérieurs, mais il en avait appris assez pour comprendre le climat de peur qui régnait dehors. Il leva la main et effleura d’un doigt la minuscule trace sur la peau de la jeune femme. « Je suis navré que vous ayez eu à subir ce traitement. » Il soupira, réellement peiné pour elle. « Vous semblez vous être bien remise. Est-ce pour ça que vous m’avez aidé ? »
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Celeste Trager
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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeVen 15 Jan 2016 - 15:59

Edith espère qu'elle ne le blessera pas. Elle aura aimé que de telles révélations se fassent plus tard, quand Camille aurait été plus apte à tout entendre et tout encaisser, mais s'il désire que tout se décide à présent, qui est-elle pour lui refuser ? Si ce n'est une menteuse, une femme qui préfère lui accorder des réponses pas totalement justes mais pas vraiment fausses non plus. Son regard bleuté se relève dans le sien ; même s'il avait essayé de prétendre le contraire, elle n'aurait pas réussi à le percevoir comme un homme méchant. Il n'a pas la tête de l'emploi, comme on dit. Camille donne le sentiment d'être une personne terre-à-terre et faisant preuve d'une gentillesse peu commune. C'est en tout cas l'image qu'il renvoie à la blonde, qui n'a rien trouvé de mieux à faire pour éviter d'être trop nerveuse que de perdre sa main au creux de ses longs cheveux regroupés sur son épaule. Un sourire étire ses lèvres lorsque le jeune homme évoque sa prétendue obstination, puis sa curiosité certaine. Il est observateur. Edith n'a rien de mystérieux. On comprend parfois où elle veut en venir réellement même dans les instants où elle tente de masquer les choses. Les plus petits secrets se devinent sur ses traits, mais celui qu'elle souhaite préserver de l'âme détective de Camille est entre les deux : il n'est pas vraiment un mensonge tout en en prenant la direction et la forme. Le serveuse a été vaccinée, certes, mais à sa demande. Et elle connaît des chasseurs, oui, un en particulier même, mais elle ne peut imaginer une seule seconde Anton capable d'aller à l'encontre du choix d'une personne. Il n'a jamais forcé Edith à tester quoi que ce soit, et a même proposé de tester le NH25 lorsqu'il a été sûr de la fiabilité du vaccin. C'est pour ces quelques raisons parmi tant d'autres que la confiance s'est installée entre eux et que la jeune femme évite de songer au fait qu'il puisse être capable d'une telle atrocité. Lorsque la peau de Camille entre en contact avec la sienne, un frisson parcourt l'échine de la blonde, alors que son regard se détourne vite du sien avant qu'il ne puisse y deviner une certaine gêne. « J'étais capable de faire trembler n'importe quel environnement proche qui m'entourait », avoue-t-elle d'une petite voix. Edith n'aime pas repenser à cette période de sa vie. Elle n'est pourtant pas si loin, elle est encore bien trop proche même, mais, par moment, la jeune femme se sent tellement libérée de ce fardeau qu'elle n'y songe plus. Dès lors que le vaccin ne fait pas apparaître son satané effet secondaire, elle a le sentiment de pouvoir respirer en paix, de ressentir cette sorte de liberté enfin acquise au bout de tant d'années de repli sur elle-même ou de peur de blesser l'autre. Toutefois, en parler à Camille lui fait du bien. Et si de cette façon Edith peut éviter de lui révéler dans quelles circonstances sa vaccination a eu lieu, voire même si elle peut noyer assez bien le poisson pour qu'il oublie de lui redemander (et qu'elle ne soit donc obligée de lui mentir doublement), elle s'estimera chanceuse.« Une sorte de télékinésie qui se dirigeait dans le sol, involontairement. Je ne savais pas maîtriser cette mutation et je pouvais être dangereuse pour les personnes qui se trouvaient avec moi. La moindre émotion forte devenait délicate à gérer à cause de ça. On va dire que ma mutation s'amusait à retranscrire ce que je ressentais de façon un peu trop... violente. » Les objets, pièces et les rares personnes qui ont eu à s'y confronter s'en souviennent sans doute encore. Anton, son frère, d'autres chasseurs ou encore quelques autres mutants, même si Edith a évité au maximum de se lier à qui que ce soit pour ne pas commettre d'erreur fatale. Hochant la tête doucement, la blonde adresse un nouveau sourire à Camille. Elle entreprend de replacer ses cheveux par-dessus la marque de la piqûre, avant de reprendre : « Oui, je vais mieux. » Après un haussement d'épaules, elle se détourne de lui pour se saisir à nouveau de la pommade qui attend de pouvoir l'aider à soigner Camille plus loin. « Mais je ne suis pas encore totalement remise. » Ses lèvres se tordent dans une moue étrange alors qu'elle cherche les bons mots pour présenter les choses à Camille. Ce qu'elle va lui dire là peut aussi lui arriver. Elle ne sait pas encore quelle était sa mutation avant l'injection du vaccin, mais elle espère que cette dernière n'était pas aussi physique que la sienne pour ne pas qu'il endure dans peu de temps des troubles au cœur de son existence aussi violents que les siens. « Ce vaccin a aussi quelques effets secondaires. » Ses doigts viennent tapoter doucement le côté de sa jambe droite. « Mes jambes refusent de bouger par moment, et je- je n'ai pas encore trouvé le moyen de l'empêcher. » Elle redresse un regard impuissant dans celui du propriétaire des lieux. Elle espère ne pas le paniquer avec une telle annonce ; elle espère aussi surtout qu'il ne souffrira pas autant qu'elle peut souffrir de ses effets secondaires par moment. « Je suppose que certains mutants peuvent être dangereux, comme moi, d'autres non. » Enfin, elle se décide à répondre à sa question. Si elle veut pouvoir enfin l'apaiser et soigner la nouvelle blessure qu'il s'est infligé il y a dix minutes à peine, il faut bien qu'elle concède à répondre franchement à ses questions. « Je n'allais pas vous laisser dans la rue, Camille. Et je suis passée par ce que vous êtes en train de vivre en ce moment... Alors, oui, je crois que c'est pour ça que je vous ai aidé », qu'elle souffle d'une voix teintée d'une tristesse qu'elle ne pensait pas pouvoir encore avoir en elle après sa vaccination. Après tout, c'est bien elle qui a choisi d'en finir avec tout ça, non ? Ou bien est-ce le cas de Camille qui la pousse à la réflexion et la trouble de trop ? Edith n'a pas encore les réponses à ces propres questions internes, mais elle se doute que ces dernières arriveront à un moment ou un autre. « Je viendrai pour vous aider autant qu'il le faudra. »
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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeLun 8 Fév 2016 - 22:15

Apprendre qu’Edith était une mutante, c’était une surprise de taille, pour Camille. Il était encore très peu familier avec ce siècle, et contrairement à la plupart des gens (supposait-il), il n’était pas prompt à voir des mutants un peu partout autour de lui. Il fallait déjà qu’il intègre le fait que les personnes aux dons un peu particuliers étaient rendus publics, et qu’ils ne se cachaient plus comme c’était le cas au début des années 1900 … Et voilà qu’elle lui apprenait en plus qu’elle était passée par les mêmes épreuves que lui. Ca avait de quoi le radoucir, cette idée là. Personne ne méritait un traitement pareil, et elle encore moins. Mais il devait se forcer pour garder un peu de réserve : après tout, il ne la connaissait pas. La gentillesse dont elle faisait preuve avec lui n’effaçait pas la façon un peu étrange qu’elle avait eu de répondre à certaines de ses questions. Mais elle avait été mutante, et elle avait été vaccinée. Il pouvait déjà mieux comprendre pourquoi elle était à ses côtés, sortie de nulle part, même si cela méritait encore des éclaircissements. « J'étais capable de faire trembler n'importe quel environnement proche qui m'entourait » Il ne s’attendait pas à ce qu’elle en parle aussi librement, et il l’écouta avec une attention redoublée. C’était la première fois qu’il entendait qui que ce soit parler de sa mutation, en réalité, et il ressentait une certaine fascination pour ce sujet. Cela dépassait son imagination, lui qui avait été bien trop terre à terre tout le long de son existence …  « Une sorte de télékinésie qui se dirigeait dans le sol, involontairement. Je ne savais pas maîtriser cette mutation et je pouvais être dangereuse pour les personnes qui se trouvaient avec moi. La moindre émotion forte devenait délicate à gérer à cause de ça. On va dire que ma mutation s'amusait à retranscrire ce que je ressentais de façon un peu trop... violente. » Si Camille était fasciné, Edith, elle, semblait plutôt gênée de l’aveu qu’elle lui faisait, et il dut se forcer à se mettre à sa place, à ne plus seulement voir ça comme une extraordinaire façon de défier les lois de la nature. Contrairement à lui, elle semblait avoir souffert de ce don. Elle le décrivait comme dangereux, parce qu’elle ne le contrôlait pas. Encore une fois, c’était nouveau pour Camille. Lysander et lui maîtrisaient parfaitement leurs pouvoirs, et il avait cru que tout le monde s’en sortirait aussi bien qu’eux. C’était faux, et il le savait depuis qu’il avait appris l’existence des mutants et des hunters, néanmoins il avait un peu de mal à s’imaginer doté d’une telle puissance sans pouvoir la contrôler. Quel gâchis, et quelle frustration cela devait être … « Et vous êtes soulagée d’en être débarrassée. » Fit-il doucement, interprétant tout haut ce qu’elle ne disait pas. Il en était persuadé. Elle aurait eu un tout autre discours si cela n’avait pas été le cas. Camille respectait ce point de vue, mais il ne le comprenait pas. Il ne pouvait pas le comprendre. Passer à travers tout ça, subir cette injection, cet abaissement, pour se retrouver amputé d’une partie de soi … Comment était-ce possible ? « Oui, je vais mieux. Mais je ne suis pas encore totalement remise. » Camille fronça imperceptiblement les sourcils face au malaise soudain d’Edith. « Ce vaccin a aussi quelques effets secondaires. Mes jambes refusent de bouger par moment, et je- je n'ai pas encore trouvé le moyen de l'empêcher. » Cette fois, il eut l’air franchement choqué. « Par l’effet du vaccin ? » Répéta-t-il en secouant la tête. Camille ne songeait même pas aux éventuels effets qui pourraient apparaître sur lui, il contemplait Edith, le regard noir, comme si le simple fait qu’on ait voulu la vacciner et lui infliger un handicap aussi énorme, lui causait un préjudice personnel. « Je suppose que certains mutants peuvent être dangereux, comme moi, d'autres non. » Bien entendu. Il n’était pas réveillé depuis très longtemps, et pourtant Camille avait déjà entendu ce genre de discours plusieurs. La dangerosité des mutants et la nécessité de les brider pour éviter trop de débordements … « Et cela justifie de vous handicaper, sans votre consentement. Parce que maintenant vous n’êtes plus un danger pour personne, mais vous n’avez plus le contrôle de votre propre corps. Et vous trouvez ça normal. » Il ne voulait pas l’accuser de quoi que ce soit, et il réalisa un peu tard que sa phrase pouvait sonner assez négativement, mais elle paraissait tout à fait en paix avec sa vaccination, et ça, il ne le comprenait pas.

Tout comme il ne comprenait pas qu’elle soit à ses côtés, si ce n’est parce qu’elle avait vécu la même chose que lui. Etait-ce suffisant pour secourir un total inconnu ? Pas à ses yeux. Vraiment pas à ses yeux. « Je n'allais pas vous laisser dans la rue, Camille. Et je suis passée par ce que vous êtes en train de vivre en ce moment... Alors, oui, je crois que c'est pour ça que je vous ai aidé. Je viendrai pour vous aider autant qu'il le faudra. » Il esquissa un sourire en coin. Il trouvait ce raisonnement très beau, dans sa naïve simplicité. Pourquoi fallait-il qu’il cherche toujours le négatif, même derrière une telle déclaration ? Il la contempla un instant sans rien dire, cherchant à déterminer ce qu’elle voulait vraiment. Sans trouver de réponse, malheureusement. « J’étais capable d’endormir les gens. Rien de plus. Il suffisait que je vous touche … » Il leva la main comme pour la poser sur la joue d’Edith, mais s’arrêta avant de la toucher, et la laissa retomber sur son genou. « … pour que vous plongiez dans le sommeil. Je n’ai plus fait ça sur d’autre que moi depuis très longtemps. » Il haussa les épaules d’un geste las. « Ce n’est sûrement pas la raison pour laquelle j’ai été vacciné. J’ai eu chez moi quelqu’un que mes bourreaux recherchaient. » Il eut un rictus narquois, presque mauvais. La finaude petite rebelle s’était échappée avant que les hunters ne viennent fouiller chez lui, et lui-même avait gardé les lèvres closes tout le long de son interrogatoire. Leur frustration avait été jouissive. « J’espère que vous n’êtes pas recherchée, je ne donne plus dans le social et je n’ai plus envie d’être passé à tabac pour les beaux yeux d’une inconnue. Et vous devriez sérieusement réfléchir aux conséquences de votre présence ici. Je ne serais pas responsable s’il vous arrive quoi que ce soit parce que vous m’avez suivi. » Les conditions étaient posées. « Cela étant dit, si vous voulez vous occupez de moi, faites le. Vous avez l’air d’y tenir. » Ajouta-t-il d’un ton moqueur en désignant la pommade qu’elle prenait, reposait et rattrapait sans cesse depuis qu’ils étaient arrivés dans cette salle de bain. « J’aimerais juste savoir ce que vous en retirez. J’ai passé ma vie … » Il soupira. Non, il n’allait pas parler de sa vie ni de son ancienne servilité aveugle. Il n’était plus le larbin de personne. La gentillesse gratuite, très peu pour lui, plus maintenant. Il ne voulait plus être ainsi, il ne voulait plus dépendre de personne, et surtout, il ne voulait plus que qui que ce soit dépende de lui, même de façon infime. « … peu importe. Je ne comprends pas ce qui vous lie à moi, si ce n’est cette injection. Je ne crois plus à la générosité humaine, j'en ai bien peur. Excusez-moi pour ça. » Ajouta-t-il avec un rictus désabusé.
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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeMar 16 Fév 2016 - 0:38

Edith ne sait pas comment réagir lorsque Camille répond par un simple sourire. Elle se doute que se faire vacciner puis entendre que la vaccination d'une autre personne est considérée presque comme « normale » par le ou la principal(e) intéressé(e) – elle en l'occurrence – n'est pas une situation agréable à vivre. La serveuse se dit même que ça doit être particulièrement dérangeant à expérimenter. Sauf que son discours reprend forcément le dessus, malgré le fait qu'elle préfère préserver Camille du fait qu'elle ait choisi depuis toujours de tout faire pour se débarrasser de sa mutation. Une nouvelle fois, le jeune homme poursuit et manque déposer sa main contre sa joue. Une nouvelle fois, elle ne bouge pas et écoute. Elle cherche à glaner la moindre information susceptible de lui faire comprendre pourquoi Camille ? Pourquoi lui ? Pourquoi cet homme qui lui donne tout sauf l'impression de pouvoir lui faire du mal, même dans l'incompréhension ? Sa mutation n'est même pas une raison valable. Il pouvait endormir les gens. Qui lui en voudrait pour ça ? Ce n'est pas comme sa mutation à elle, qui pouvait faire beaucoup trop de mal ou de dégât, il- il pouvait juste endormir les gens, même peut-être les aider s'il le voulait par moment ! La surprise doit se lire dans le regard bleuté d'Edith. Elle s'attendait à autre chose, c'est vrai. Elle s'imaginait quelque chose de plus impressionnant, plus terrifiant, une mutation capable de soulever le cœur des hunters et de les décider à l'attaquer en pleine rue comme ils l'ont fait... Toutefois Camille ne met pas longtemps à assimiler ce qui lui est arrivé et un nouvel indice qui éclaire soudain la lanterne de la blonde. Elle aimerait en savoir pour sur la fameuse personne à l'origine de son malheur à lui, mais la question ne vient pas. Peut-être parce qu'ils ne se connaissent pas encore assez bien, ou alors parce qu'Edith devine que Camille est encore méfiant à son égard, ce qu'elle comprend presque mieux que lui. « Je vois... », qu'elle souffle doucement sans quitter le blessé des yeux. Elle continue à le faire alors qu'elle accuse le coup. J'espère que vous n'êtes pas recherchée. Vous devriez réfléchir aux conséquences de votre présence ici. Si seulement elle était capable de s'écouter. Si seulement elle n'avait pas cette envie de bien faire, de s'assurer que tout va bien pour lui, de perdurer dans cette pièce à ses côtés alors qu'il la prévient d'avance qu'il ne veut plus être blessé comme il a pu l'être. En ce qui la concerne, elle n'est pas recherchée. Non, elle est juste amoureuse d'un homme qui aurait pu faire ce que ces autres chasseurs ont fait à Camille. Et elle ment à cet homme. Comme elle s'apprête à mentir à Camille - comme elle lui ment, d'ailleurs, en secouant la tête enfin. Elle fait un tout petit signe, elle bascule de gauche à droite de façon à peine perceptible, et la serveuse n'ajoute rien. Elle ne précise pas d'où elle vient, qui elle est, qui elle fréquente, qui la surveille, qui se méfie d'elle et de son comportement ces derniers temps, surtout depuis le soir où elle est revenue à une heure suspecte de sa rencontre paranormale avec Camille en pleine rue, lui blessé et elle bouleversée. Edith garde tout ça pour elle et elle ose le regarder droit dans les yeux sans ciller. Parfois, elle parvient à mieux mentir. Elle se perfectionne d'un coup, en particulier au contact des personnes qui ne la connaissent pas. Elle peut faire croire de nombreuses choses, mais ce n'est jamais mauvais. Elle ne peut pas lui parler de tout ça aujourd'hui car elle appréhende une réaction qui pourrait plus le blesser lui qu'elle. S'il se met à la repousser, à vouloir en savoir plus peut-être aussi, la jeune femme ne saura pas comment gérer la situation et elle ne veut pas que les choses finissent comme ça. Elle a cette attache qui se développe pour Camille au creux de son cœur et elle n'a pas envie que cela cesse. Elle reconnaît que c'est tôt, qu'il voudra la voir de moins en moins après cette discussion, ce qu'elle trouverait logique car il ne lui doit rien, mais elle a l'impression de se voir dans certaines de ses réactions, dans ses mots, dans ses questions. Elle se souvient avoir dégager d'une main fébrile son visage après l'avoir couché sur son lit la dernière fois qu'elle est venue jusqu'ici, et elle n'avait placé que son côté le plus protecteur et bienveillant dans son geste. Cette façon de faire est celle qui prime encore à présent. Même si Edith sait qu'il ne mérite que la vérité pour ce qu'il a vécu, le mensonge reste encore son plus gros défaut. Un tort qu'elle reproduit à longueur de temps pour ne pas voir les autres la fuir, comme ça a pu être le cas lorsque sa mutation la privait de vie. Camille devient malgré lui une victime de sa tendance à faire de beaucoup de moments de simples mirages, et la blonde s'en veut d'avance. Elle secoue la tête lorsqu'il se moque ouvertement de ce geste qu'elle n'arrête pas de répéter depuis de longues minutes : mettre en enlever cette satanée pommade de ses doigts. « A part si vous avez envie qu'une deuxième tête vous pousse à l'arrière du crâne. » Elle se permet un bref sourire, une mimique qui témoigne d'un certain soulagement. Ce dernier passe même pas son regard bleuté qu'elle laisse couler une dernière fois sur les traits du jeune homme avant qu'elle ne vienne se placer derrière lui pour avoir accès à sa blessure. Les sortes d'aveux qui passent alors les lèvres du propriétaire des lieux la font ralentir des ses gestes. Elle ressent un coup au cœur étrange lorsqu'il ponctue son intervention d'un petit rire qu'elle perçoit comme nerveux, et elle est bien contente de se trouver dorénavant derrière lui pour ne pas avoir à être confrontée à son air observateur. Au départ, la serveuse ne sait pas exactement quoi répondre. Elle cherche à mettre la main sur les bons mots, ceux qui satisferont le besoin de réponses concrètes du brun, mais le tout forme un nœud si incompréhensible rien que dans l'esprit d'Edith qu'elle se décide à tout balancer comme les choses ont envie de venir. Elle espère juste que ce ne sera pas trop brusque ou direct pour lui, malgré le fait qu'ils aient l'air proches sur ce point. « Vous avez le droit de ne pas y croire Camille. Et rien ne nous lie. Rien du tout. Mais le jour où j'ai été vaccinée, j'ai eu besoin qu'on m'aide, même si je n'aime pas ça. Je n'ai pas réussi à rester seule, même si c'était ce que je voulais. » Edith laisse échapper un petit soupir et se ravance dans le champ de vision de Camille. Elle a besoin qu'il comprenne que, même s'il n'est pas au courant pour le semi-mensonge qu'elle s'est permise de lui balancer à la figure auparavant, ce qu'elle va dire n'a rien d'une bêtise. Elle le pense. Du premier au dernier mot, elle n'a pas besoin d'insister sur un plus qu'un autre parce que ce qu'elle va lui avouer n'est que pure vérité, et qu'il peut en douter s'il le veut, mais qu'elle elle ne peut pas. Pas quand elle perçoit les choses de façon si évidente. « Et je me suis surtout fait la promesse en vous trouvant tout sanguinolent sur le trottoir de voir ce qu'il en serait pour vous. Voir s'il était possible que vous restiez seul sans vous blesser, sans vous poser de question, sans que les effets secondaires du vaccin ne soient déjà trop difficiles à gérer à votre réveil. Je crois que je n'ai pas besoin de vous démontrer que vous avez déjà failli à deux de ces observations. » Un sourire satisfait balaye ses traits. Ça, c'est pour la remarque sur la pommade juste avant. Haussant les épaules, la jeune femme observe une dernière fois son travail avant de repasser devant lui pour aller se laver les mains. « Lorsque vous n'aurez plus besoin de mon aide, je partirai. Je parle de quand votre corps aura retrouvé des forces et que vous aurez appréhendé l'effet secondaire qui va peut-être découler de votre vaccination, pas quand vous l'aurez décidé sur un coup de tête. » Elle entreprend de se sécher les mains, tout en se retournant vers lui, prenant appui contre le lavabo. « Vous n'avez pas achevé votre phrase. Vous avez passé votre vie à ? » Edith insiste, ne sait pas si c'est une bonne idée de le faire, mais elle se dit que ça fait partie de tout ce qui se passe après le vaccin. On a besoin de parler, de choses et d'autres, on ressent l'envie d'extérioriser des souvenirs qui nous ont laissés en paix depuis longtemps et on n'arrive pas à lutter contre. Edith avait Anton, Camille peut l'avoir elle.
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Silas Barnes
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MessageSujet: Re: someone to lean on.   someone to lean on. Icon_minitimeSam 5 Mar 2016 - 22:12

Il l’avait mise en garde, il avait planté le décor. Maintenant, Camille ne se sentirait plus responsable si Edith voulait rester auprès de lui malgré tout. Du moins, il espérait que ce serait le cas, mais dans sa longue vie, il avait abandonné l’idée de ne plus se sentir responsable pour qui que ce soit. Il avait trop pris l’habitude de s’engager corps et âme pour des gens qu’il ne connaissait qu’à peine, suivant par là les préceptes d’un père qui l’avait façonné à la perfection comme des générations de Caldwell avant lui. Pendant longtemps il avait cru qu’il n’avait pas le choix, que c’était dans ses gènes et que sa vie n’était vouée qu’à ça : être responsable de la vie d’autres que lui. Donner sa vie pour celle des autres. Mais il ne voulait plus de cette existence là, et il faisait de son mieux pour s’en dépêtrer, pour la renier. Il n’y arrivait jamais, le naturel revenait trop rapidement pour qu’il s’en rende même compte – et ensuite, c’était trop tard. Il refaisait l’essai aujourd’hui, avec Edith. Il jouait à l’insensible, il la prévenait qu’il n’était personne pour elle et surtout, surtout, qu’elle n’était personne pour lui. De là, il ne prendrait aucun risque pour elle. Mais si elle voulait rester, elle pouvait … Il aurait pu la jeter dehors, même si physiquement il n’en était sans doute pas encore capable, il avait la capacité, cachée quelque part au fond de lui, de se montrer suffisamment impressionnant pour qu’elle prenne ses cliques et ses claques d’elle-même et qu’elle ne revienne jamais. Ca ne lui aurait pas demandé beaucoup d’efforts d’y parvenir. Etre odieux, c’était la chose la plus simple qui soit. Et il aurait été débarrassé d’elle, il aurait retrouvé sa solitude. Cette si familière solitude qui l’avait accompagné depuis des dizaines d’années … Il fallait croire qu’au fond, il ne désirait pas tant que ça la retrouver trop vite, cette solitude. Sinon, pourquoi aurait-il parlé si librement ? Pourquoi se serait-il confié à cette parfaite étrangère qu’il n’avait de toute façon pas l’intention de revoir après aujourd’hui ? Il ressentait le besoin de parler, c’était humain. Humain … Il avait du mal à se reconnaître comme tel. Mais au contact d’Edith, il retrouvait des réflexes qu’il pensait avoir fait disparaître. Des réflexes humains.

Il esquissa un mince sourire quand elle plaisanta sur la bosse qui risquait de pousser sur son crâne, mais il se figea quand elle commença à lui appliquer la pommade. Il n’en eut conscience que quand ses doigts s’éloignèrent de lui, et alors seulement il se remit à respirer. Encore quelque chose qui le démarquait des autres êtres humains : il n’était pas habitué aux contacts si doux envers lui, d’autant plus quand ils venaient d’une femme. « Vous avez le droit de ne pas y croire Camille. Et rien ne nous lie. Rien du tout. Mais le jour où j'ai été vaccinée, j'ai eu besoin qu'on m'aide, même si je n'aime pas ça. Je n'ai pas réussi à rester seule, même si c'était ce que je voulais. » Les mots de la jeune femme trouvèrent un écho étrange en Camille, et il commença enfin à comprendre la raison de sa présence auprès de lui. C’était plus facile de l’imaginer, elle, seule après avoir subi une épreuve aussi difficile, et c’était naturel de penser qu’elle avait eu besoin d’une présence. Sa famille, un petit ami … Quelqu’un qui soit là et qui l’aide, qui la rassure, qui lui montre que peu importait la difficulté de ce qu’elle allait traverser, elle ne serait pas seule. C’était ça qu’elle voulait lui donner, alors ? Camille fut étrangement remué à cette idée. La dernière inconnue à qui il avait ouvert sa porte l’avait plongé dans les ennuis jusqu’au cou et ne s’était pas souciée de revenir s’inquiéter de son état. Mais Edith, elle, n’était pas responsable de ce qui lui était arrivé, et pourtant elle s’inquiétait pour lui. « Et je me suis surtout fait la promesse en vous trouvant tout sanguinolent sur le trottoir de voir ce qu'il en serait pour vous. Voir s'il était possible que vous restiez seul sans vous blesser, sans vous poser de question, sans que les effets secondaires du vaccin ne soient déjà trop difficiles à gérer à votre réveil. Je crois que je n'ai pas besoin de vous démontrer que vous avez déjà failli à deux de ces observations. » Camille haussa les sourcils, presque surpris qu’elle fasse de l’humour de cette façon, mais il se mit à sourire à son tour. S’il avait été seul, il ne savait pas comment il se serait occupé de lui, mais d’une façon ou d’une autre, il s’en serait sorti. Il s’en sortait toujours. Et pourtant, avoir la jeune femme auprès de lui avait quelque chose de … rassurant. Ne serait-ce que pour avoir répondu à ses interrogations, sa présence avait été bénéfique. Seul, il aurait mis bien plus de temps à comprendre ce qui lui arrivait. « Lorsque vous n'aurez plus besoin de mon aide, je partirai. Je parle de quand votre corps aura retrouvé des forces et que vous aurez appréhendé l'effet secondaire qui va peut-être découler de votre vaccination, pas quand vous l'aurez décidé sur un coup de tête. » Elle remettait encore cet effet secondaire sur la table. Camille n’avait pas l’impression de subir un quelconque effet de sa vaccination, mis à part les contusions qu’il garderait encore longtemps, et son incapacité à s’endormir à volonté. Mais rien que ce dernier point serait difficile à gérer, il le savait. Il le redoutait. C’était la seule chose qui lui faisait peur, et soudain il accueilli la présence d’Edith avec bien plus de soulagement. Pendant un temps, elle lui permettait de ne pas se retrouver seul face à la perte de son don. Elle lui permettait de penser à autre chose. Il hocha la tête, lui adressant un regard malicieux. « Bien, chef. Vous me trouvez si tyrannique que ça ? Je n’ai pas essayé de vous mettre à la porte depuis au moins une demi-heure, je fais des progrès. » Il n’avait même plus envie de la mettre à la porte, il avait presque accepté sa présence et sans même avoir besoin de se forcer. Bientôt, il allait même l’apprécier. « Vous n'avez pas achevé votre phrase. Vous avez passé votre vie à ? » Camille s’assombrit à cette question. « Vous êtes infirmière, Edith ? J’ai connu une infirmière qui était comme vous, elle ne payait pas de mine au premier abord, mais elle ne lâchait jamais le morceau tant qu’elle n’avait pas obtenu ce qu’elle voulait : garder le lit, avaler ses cachets, répondre aux questions … une vraie terreur. » Il en avait connu des plus coriaces, mais c’était toujours la douceur qui le faisait flancher. Il pouvait rester muet comme une tombe, buté et imperméable à tout ce qui lui tombait dessus avec un peu de violence, comme avec les hunters qui l’avaient cueilli, mais quand il voulait faire plaisir, il s’ouvrait sans trop de difficultés. Pourtant, ce sujet là, c’était celui qu’il refusait d’aborder. Comme si cela pouvait faire réapparaître, comme un sceau au beau milieu du front, son appartenance à une certaine classe de gens. Cela n’existait plus vraiment, à cette époque, mais il ne voulait plus être assimilé à tout ça. Comme la marque qu’il avait sur le bras le lui rappelait trop souvent, il était corps et âme lié à une condition dont il ne parvenait pas à se défaire. C’était ridicule de craindre qu’en parler lui repasserait la corde au cou … Mais comme un ancien esclave, il gardait cette crainte qu’un jour, un maître revienne exiger ses droits sur lui. « J’ai passé ma vie à servir. Aveuglément, on ne me demandait pas d’y réfléchir de toute façon. Je ne demandais pas d’explication à ce qu’on me demandait de faire, puisque c’était la raison pour laquelle j’étais né. C’était il y a longtemps, et c’est terminé. » Il prononça ces derniers mots avec une certaine rudesse, comme pour la mettre en garde de jamais compter sur un éventuel retour à ses anciennes habitudes. Aucune raison pour qu’elle y songe, bien évidemment, mais pour Camille c’était important de le souligner. « Mais la plupart des gens … ont besoin d’une raison pour aider leur prochain. Ce n’est ni naturel, ni gratuit. Mon travail, je le faisais parce que j’étais né pour ça, mais aussi parce que j’étais payé pour le faire. Et j’avais de … l’affection pour certaines personnes. Au début. » Son visage se ferma et il regretta immédiatement cette dernière confession. C’était bien plus que de l’affection qui l’avait lié à Lysander et à Elisa, mais c’était du passé, et il ne fallait plus y toucher. « Personne ne va s’inquiéter que vous soyez absente ? » Demanda-t-il soudain, changeant de sujet abruptement. Il se fichait bien qu’elle le remarque, d’ailleurs. Mais c’était une façon comme une autre d’en savoir plus sur elle, à présent.
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