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| ≈ forgive the children we once were. (isoléda) | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: ≈ forgive the children we once were. (isoléda) Dim 21 Fév 2016 - 0:54 | |
| we grew up in golden light every chance to get it right what did we do with it ?
La nuit avait été longue. Pourtant, la métisse n’aurait pas pensé une seule seconde à s’en plaindre. Clara ne faisait pas ses nuits, c’était un fait ; mais s’occuper d’un enfant lui avait manqué. Chaque geste tendre qu’elle pouvait avoir pour la petite Saddler-DeMaggio lui rappelait ceux qu’elle avait donnés à son propre fils. La nostalgie maternelle s’emparait d’elle dès qu’on lui laissait le bébé à s’occuper ; pourtant, paradoxalement, elle s’en retrouvait également apaisée. Prendre soin de l’enfant ne la dérangeait pas. Et si cela pouvait permettre à Isolde de faire ses nuits et de récupérer, eh bien soit ; après tout, Clara ou pas, les heures nocturnes de la vie de Léda étaient bien généralement chaotiques et difficiles à endurer. Un bébé n’était qu’un prétexte supplémentaire à ce genre d’épopée ; une bonne excuse pour pouvoir dire, en se levant : « j’ai mal dormi ». Il y avait une heure déjà que la petite s’était rendormie. La Altman, elle, en avait été incapable. Elle était restée couchée pendant quelques dizaines de minutes, avant de se lever. La cafetière était en train de finir de chauffer, et la tasse était déjà posée à côté, attendant le liquide noir et bouillant qui se chargerait d’officiellement faire commencer la journée. Alana dormait encore, elle aussi. Il n’y avait qu’elle pour être réveillée avant même le soleil, et attendre de le voir poindre à l’horizon pour décider de se lever. Les premiers rayons filtraient par la fenêtre de la cuisine. Pas de stores, pas de volets. La lumière chaude lui procurait une sensation de douceur sur la peau. Elle ressentait l’harmonie de la pièce autour d’elle, l’odeur du café qui montait jusqu’à son nez, la douceur du comptoir propre sous ses mains. De légers moments comme celui-ci lui prouvaient que le monde pouvait résister à l’absurdité de la guerre. La beauté n’en serait jamais complètement gommée, et les petites choses méritaient d’être soulignées, remarquées. Une infinité de détails apaisants et réconfortants pouvaient faire la différence, mis bout à bout. Faire réaliser que certaines choses, dans ce monde, méritaient encore qu’on se batte pour elles. Des trêves dans une vie férocement agitée, pour mieux se souvenir des raisons pour lesquelles on mène son combat. Des raisons pour lesquelles on fait tout ça. Un break, une bouffée d’air frais, pour ensuite mieux repartir à la charge. Quelle que soit la durée de ces petites inspirations régénératrices, il fallait en profiter. Et c’était ce qu’elle avait décidé de faire, ce matin-là. Le café coula dans la tasse, resta noir. Mug en main, elle se dirigea vers la porte d’entrée de la maison, l’ouvrant. Sur le perron, la chaise en osier l’attendait. Cheikh et Ptolémée lui emboîtèrent le pas rapidement, s’élançant à l’extérieur pour leur petit tour de jardin matinal. Elle prit place dans son fauteuil, laissa son regard dériver autour d’elle, au gré de ses pensées. Son don activé en sourdine, captant le moindre bruit provenant de l’intérieur de la maison ; guettant l’éventuel réveil de Clara, ou celui d’Alana. Isolde n’avait pas donné d’heure, la veille au soir. Elle s’était contentée, à dire vrai, de signaler qu’elle ne passerait finalement pas avant le lendemain. Le couvre-feu avait l’inconvénient de remplir les rues de hunters, et mieux valait ne pas prendre trop de risques. Une fois de temps en temps, il était envisageable de se mettre en danger — mais pas tous les soirs. Pas alors qu’on venait juste de mettre au monde une douce petite chose, créature sensible et fragile qui aurait besoin de sa mère pour grandir. À cet égard, la louisianaise préférait encore passer la nuit à se lever pour s’occuper de l’enfant, tandis qu’elle savait la mère en sécurité loin d’elles. Ne pas prendre le risque de priver Clara d’un amour qu’elle, Léda, ne pouvait plus donner à son fils depuis de trop nombreux mois déjà. Elle ne remarqua même pas Cheikh revenir se coucher à ses pieds. Ses pensées étaient parties vers Jules, envolées vers les longs débuts de matinée où elle avait pu rester assise sur un perron comme celui-ci, à le regarder jouer dans le jardin. Tout comme elle, c’était un lève-tôt. Peut-être changerait-il en grandissant, épousant davantage les habitudes des enfants de son âge que celles que sa grand-tante partageait avec sa mère. Cette pensée lui serra le cœur. Elle n’avait pas la moindre certitude quant à ce de quoi demain serait fait pour Jules. Elle ne pouvait qu’espérer avoir fait le bon choix, et l’avoir réellement mis en sécurité. Mais bien qu’il ne se passât pas un jour sans qu’elle ne pense à lui et ne remette en doute sa décision, elle n’arrivait pas à ôter l’idée d’abandon de son esprit. Les reproches l’avaient blessée, mais elle avait fait mine de ne rien ressentir. Comme aujourd’hui, lorsque sa fierté lui faisait cacher sa peine derrière des traits tranquilles et un front lisse de toute ride d’inquiétude. Ses doigts se glissèrent dans la fourrure de Ptolémée, qui revenait se coucher aux côtés de son compagnon à trois pattes, au pied de la chaise sur laquelle son humaine s’était installée. Elle porta le café à ses lèvres, en sirota une ou deux gorgées. Ses sens étaient toujours maintenus en éveil par sa mutation, mais ce ne fut pas des pleurs ou des pas qui retinrent pourtant son attention. Le son d’un moteur retint son attention, et elle leva les yeux vers le chemin unique qui reliait la route à la maison dont elle avait pris possession. Les réponses à ses questions se firent d’elles-mêmes lorsqu’elle vit la tignasse blonde sortir de l’habitacle. Son regard perçant suivit Isolde, alors que celle-ci s’approchait. Elle la détailla sans commentaires, se contentant de la saluer. « Bon matin. » Un léger sourire, alors qu’elle se levait de sa chaise, tasse en main, enjambant le corps à trois pattes de Cheikh, qui relevait la tête vers l’intruse. « Clara dort encore. J’peux t’offrir un café ? » Les questions viendraient après. Pour le moment, la journée ne faisait que commencer. Et du point de vue de la métisse, elle ne pouvait décemment pas bien commencer sans une bonne dose de café. |
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| Sujet: Re: ≈ forgive the children we once were. (isoléda) Mer 24 Fév 2016 - 18:11 | |
| so many hearts in great demand — léda altman & isolde saddler — and now my sorrow seems so far away, until I'm taken by these bolts of pain; But I turn them off, and tuck them away, until those rainy days that make them stay; And then I'll cry so hard to these sad songs, and the words still ring, once here, now gone; And they echo through my head everyday, and I don't think they'll ever go away; Just like thinking of your childhood home, but we can't go back, we're on our own. — november. Malgré les premiers rayons de soleil qui tapaient sur la ville de Radcliff, il faisait encore froid, la matinée venait à peine de commencer et dès lors qu’Isolde avait quitté le bâtiment dans lequel se situait l’appartement de Cesare, alla avait senti le froid l’englober de toute part. Elle avait l’impression d’être au beau milieu de l’hiver, quand bien même tout semblait annoncer l’arrivée imminente de l’été. Même sa veste serrée contre ses épaules ne semblait pas suffisante pour la réchauffer. Il fallait qu’elle bouge, sans doute que ça aiderait, au lieu de rester plantée devant le bâtiment, comme retenue par une force invisible. La même force qui l’avait poussée dans les bras de Cesare la veille, celle qui aurait voulu le retenir contre lui autant que possible, ne jamais quitter cet appartement et continuer d’ignorer le reste du monde. Ce monde pour lequel elle se battait depuis trop longtemps maintenant, sans que ça ne fasse jamais la moindre différence. Elle pourrait bien mourir pour Insurgency que le monde il n’aurait pas changé d’un pouce. Au moins, elle avait sauvé la vie de cette fille hier soir, ce n’était pas grand-chose, mais ça représentait une petite victoire qu’il aurait été idiot de négliger. Elle l’avait sauvée, malgré l’hésitation qui s’était emparée de ses veines, quand elle avait entendu ce cri résonner dans la nuit. Y avait eu cette envie en elle, faire marche arrière, tourner le dos à cette fille et courir à en perdre haleine, pour aller retrouver sa fille. Pour Clara, tout aurait pu être justifié sans doute. Mais c’était injuste. Cette fille aurait pu mourir, alors qu’avec ou sans elle, hier soir, Clara avait été en sécurité. Elle avait toujours cru qu’y aurait jamais rien pour la faire douter de toutes ces choses qui avaient rythmées sa vie jusqu’à présent. Insurgency, la justice, la volonté d’aider les autres. Et pourtant de plus en plus, elle avait la sensation que ses convictions étaient en train de tomber, au profit de Clara et de ses rêves inaccessibles que la nuit passée avec Cesare avait réveillée en elle. L’idée d’être heureuse, d’avoir une famille, de construire autre chose qu’une organisation qu’on qualifiait sans soucis de terroriste. Faire quelque chose de bien, de beau, plutôt que de tout perdre dans les flammes de cette guerre qui détruisait peu à peu Radcliff. Ce n’était qu’un rêve probablement, qu’elle avait pu toucher du bout du doigt avec Cesare, pendant ces quelques heures où le monde avait semblé meilleur. Mais il ne l’était et il ne le serait jamais si personne ne se donnait la peine de faire quelque chose. Alors abandonner, ce n’était pas une option, ni pour elle, ni pour Cesare.
Mais, ça lui brisait le cœur d’être obligée de partir sans se retourner. Elle l’aimait et il l’aimait et pourtant, ils n’avaient aucune idée de combien de temps s’écouleraient avant qu’ils ne puissent se revoir et chaque seconde qui s’écoulait depuis qu’elle avait quitté cet appartement, ressemblait à une seconde de trop passée loin de lui. Ça avait été tellement plus simple, l’époque où ils ne faisaient que s’engueuler, comme deux imbéciles qui semblaient camper sur leurs positions dans le seul et unique but de ne pas être d’accord avec l’autre, de ne pas apaiser les tensions. Partir énervée, ça faisait quand même moins mal que de partir le cœur en morceaux. Elle avançait lentement dans les rues de Radcliff, avec l’envie d’aller jusqu’à chez Léda à pieds. Ça lui faisait faire de l’exercice, c’était bon pour la santé et elle était bien la dernière à rechigner face à l’activité physique, mais la maison de Léda, elle était loin, loin de tout et à la vitesse à laquelle elle avançait, sans doute qu’elle n’y serait pas avant des heures. Finalement, prise par cette impression qu’elle était soudainement complètement épuisée, elle se laissa tomber sur un banc. Elle n’avait pas beaucoup dormi, ni cette nuit, ni les nuit d’avance et son air apathique lié aux cernes sous ses yeux, ça devait donner l’impression qu’elle s’était pris une grosse cuite la veille et qu’elle n’avait pas encore décuver. Pourtant elle était sobre, bien qu’elle ne dirait pas non à quelques verres, histoire de faire passer tout ça, d’oublier aussi, quelques minutes à quel point elle pouvait avoir mal. Elle fixait la rue en face d’elle, l’agitation matinale qui commençait, alors que Radcliff reprenait peu à peu une vie normale – ou du moins, normale selon le fonctionnement de Radcliff. Elle avait adoré cette ville, elle était née ici, elle avait grandi ici et elle avait de bons souvenirs dans à peu près chacune des rues de cette ville. Elle adorait Radcliff. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui elle la détestait, comme elle détestait tout le reste du monde et la vie aussi, cette fichue vie qui était bien décidée à être complètement pourrie, à faire en sorte qu’elle ne puisse pas avoir une vie semblable à celles des autres. Elle aurait voulu être cette fille dont les préoccupations n’allaient pas vers l’organisation qu’un groupe qui traquait les hunters, une fille qui n’était pas obligée de renoncer à l’amour, parce que toutes les merdes possibles et imaginables semblaient vouloir se glisser entre elle et celui qu’elle aimait. Elle aurait voulu avoir des inquiétudes pour Clara qui ne se résumait pas à se demander si quelqu’un aurait un jour l’idée de venir la tuer, parce qu’elle sa fille ou parce qu’il y avait de fortes chances pour qu’elle soit une transmutante. Une fille normale, dans une ville normale, mais c’était loin d’être ce qu’elle était.
Un soupire passa le seuil de ses lèvres alors qu’elle se levait enfin du banc. Quitter Cesare, ça faisait mal, mais peut-être que retrouver Clara, ça l’aiderait à apaiser un peu de cette douleur qui la bouffait de l’intérieur. Clara, elle était la seule personne à qui elle devait penser, ça irait mieux comme ça. Elle était sa fille et elle l’aimait plus que tout au monde. Elle voulait la retrouver et rapidement, alors, elle était montée dans le premier taxi qu’elle avait réussi à attraper, répondant vaguement au chauffeur qui essayait de faire la conversation, quand bien même, elle n’était pas franchement motivée à lui parler elle. Elle fut soulagée en apercevant la maison de son amie. Elle allait revoir sa fille et dans ses grands yeux bleus, peut-être qu’elle pourrait oublier le regard sombre de Cesare. Pour l’instant en tout cas, d’ici quelques mois, ce n’était pas impossible qu’elle ait plus les yeux de Cesare que les siens. Elle quitta rapidement le taxi, après avoir laissé quelques billets au chauffeur avant de s’avancer vers la maison de Léda. Y avait bien qu’elle pour habiter si loin du reste du monde. Un truc qu’Isolde avait du mal à comprendre. Faut dire que elle, sans le permis, c’était plus simple d’habiter en centre-ville. Peut-être qu’il faudrait qu’elle songe à le repasser un jour son permis, ce serait plus pratique pour tout le monde. Elle adressa un léger sourire à Léda. « Hey. Désolée pour hier soir … » Elle l’avait lâchée avec un bébé sur les bras toute la nuit et pas le bébé mignon qui dormait à poings fermés toute la nuit. Non, Clara, c’était plutôt l’emmerdeuse de service la nuit et l’ange qu’on osait pas réveiller la journée. Certains diraient sans doute que ça devait être génétique et qu’elle était aussi chiante que sa mère. « Ouais, un café, je veux bien s’il te plait. » Celui qu’elle avait avalé avant de quitter l’appartement de Cesare n’avait de toute évidence pas suffit à la réveiller convenablement. Rien que cette histoire de café, ça la faisait penser à Cesare. Elle n’allait pas s’en sortir c’était certain. « Je t’ai pas dit pour pas qu’tu t’inquiètes hier, mais j’ai eu un petit accrochage avec un chasseur alors, si t’as cinq minutes, tu pourrais regarder un peu l’étendue des dégâts ? » La plaie avait été recousue par Cesare. Encore lui. Ce n’était pas qu’elle ne lui faisait pas confiance, juste qu’elle était quand même certaine que Léda était mieux formée de ce point de vu là que Cesare. C’était elle qui était infirmière après tout pas lui.
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| | | | Sujet: Re: ≈ forgive the children we once were. (isoléda) Ven 26 Fév 2016 - 19:53 | |
| all our lives we feel this young sorry for the things we should have done
Les excuses n’étaient pas nécessaires, et le sourire doux de Léda se chargea de le faire comprendre à la Saddler, bien vite. Un bébé était un bébé : la plupart ne dormaient que peu la nuit, ou se réveillaient régulièrement, la faim au ventre. La métisse savait ce que c’était, pour avoir élevé plus d’enfants qu’elle n’aurait pu l’imaginer en venant au monde. Son propre fils n’avait été qu’une petite tête de plus à prendre en charge ; bien avant lui, il y avait eu nombre de frères et sœurs qui avaient requis ses soins, et dont elle s’était occupé comme s’ils avaient été ses propres enfants. Ne pas avoir l’âge d’une mère ne l’avait jamais freinée. Elle avait appris sur le tas, comme la plupart des gens. Appris à survivre, appris à se dépêtrer des couches sales, du vomi, des biberons et des pleurs. Les berceuses le soir, la chaleur des bras pour les calmer. Les caresses sur la tête, baisers sur le front. Les mots doux, voix rassurante pour tenter de calmer la fureur des larmes. Il n’y avait pas à dire : elle savait y faire. Elle avait appris tôt, et elle n’avait jamais oublié. Lorsque les enfants n’avaient plus été sa priorité, et qu’elle avait pu faire tourner pleinement sa vie autour d’autre chose que ses frères et sœurs, le plaisir avait été de courte durée. Rapidement, elle était tombée enceinte. Et après les nombreux et charmants coups d’essai auprès de la tribu Altman, il avait fallu qu’elle prenne soin de son propre bambin. Alors une nuit de chaos comme celle-ci, elle comprenait. Clara était encore petite. Elle aurait besoin de temps avant de faire un tour de cadran complet en dormant à poings fermés. Et d’ici là, si la louisianaise pouvait soulager la jeune mère d’une nuit par-ci par-là, elle ne risquait sûrement pas de râler. De toute manière, elle était la dernière à avoir des cycles de sommeil normaux — alors autant en profiter. « T’en fais pas. » Non sans se départir de son sourire, elle s’était levée pour prendre la direction de l’intérieur de la maison, proposant un café à la blondinette. Celle-ci avait l’air d’avoir passé une nuit pour le moins agitée. Et si les interrogations légères s’accumulaient à la surface de l’esprit de Léda, elle ne se lança néanmoins pas dans de grandes questions. Isolde parlerait si elle en avait envie, et ce n’était clairement pas du genre de la métisse de la pousser à s’expliquer. Les empêchements, ça arrivait. En réponse à l’affirmative d’Isolde, elle avait poussé ses pas jusqu’à la cuisine. Ptolémée leur avait emboîté le pas, faisant le tour de la maison rapidement, avant de retourner à l’extérieur se faire dorer par le soleil. La basanée ne lui prêta pas plus attention que cela, sortant une tasse pour la remplir, la tendant à la petite Saddler. « Tiens. J’espère que c’est encore assez chaud. Petit-déjeuner ? » Elle retourna face au comptoir, sortant du pain pour le mettre à griller, attrapant au passage une poêle et quelques œufs dans le réfrigérateur, du fromage, du jambon fumé et des poivrons. Même si son hôte n’en voulait pas, ça n’empêchait pas la Altman d’en avoir envie. Les mots d’Isolde ne tombèrent pas dans l’oreille d’une sourde, bien qu’elle ne se retournât pas vers elle immédiatement. Un accrochage avec un chasseur — voilà qui pouvait expliquer la mine usée et fatiguée de la jeune femme, en partie à tout le moins. Voilà, aussi, qui expliquait son absence à récupérer Clara. « Bien sûr. » L’infirmière abandonna ses provisions pour le déjeuner, se passant rapidement les mains à l’eau et au savon. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Il n’y avait pas le moindre ton accusateur. Elle se mit à se sécher les mains, doucement, se tournant vers la jeune femme. Les altercations du genre arrivaient — surtout dans une ville comme Radcliff, depuis la mise en quarantaine et l’apparition des patrouilles de nuit. À vrai dire, elle s’estimait heureuse que les dégâts ne se voient pas à l’œil nu, et qu’il ait fallu qu’Isolde les annonce pour qu’elle n’en apprenne l’existence. Bien que ça ne fasse pas tout, cela contribuait à alimenter l’espoir que les plaies n’étaient pas trop graves. « Assieds-toi, montre-moi ça. » Le déjeuner pouvait attendre. Mieux valait s’occuper en premier lieu de ce qui comptait vraiment — avant qu’Alana ne débarque, avant que Clara ne se mette à pleurer. Faire l’urgent, et prendre ensuite le temps de se poser et de s’arrêter pour souffler. Affront volontaire et nécessaire au rythme effréné que la vie avait pris depuis quelque temps. |
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| Sujet: Re: ≈ forgive the children we once were. (isoléda) Dim 28 Fév 2016 - 14:31 | |
| so many hearts in great demand — léda altman & isolde saddler — and now my sorrow seems so far away, until I'm taken by these bolts of pain; But I turn them off, and tuck them away, until those rainy days that make them stay; And then I'll cry so hard to these sad songs, and the words still ring, once here, now gone; And they echo through my head everyday, and I don't think they'll ever go away; Just like thinking of your childhood home, but we can't go back, we're on our own. — november. A chaque pas qu’elle avait fait à travers la ville de Radcliff, Isolde avait senti son cœur se faire un peu plus lourd, comme si la distance qui la séparait de Cesare devenait de plus en plus insupportable. C’était dur, peut-être plus encore que tout ce qu’elle avait pu imaginer à chaque fous qu’au cours de cette nuit, elle avait été confrontée à la réalité. Elle avait su qu’il faudrait qu’elle parte et qu’ils seraient séparés encore longtemps. Qu’ils devraient faire comme ils avaient dit et ne plus se voir pendant quelque temps. Ils l’avaient déjà dit cette nuit-là à l’hôpital sans être capables de s’y tenir. Cette fois il le faudrait. Céder à la tentation, c’était prendre un risque dont ni lui ni elle n’avait besoin. C’était encore plus difficile, de s’éloigner de lui avec cette pensée en tête. S’ils avaient été sûrs de se revoir, le lendemain, le jour suivant ou même dans le courant de la semaine prochaine, ça aurait été déjà moins difficile. Là, elle faisait face à l’inconnu, et la seule chose qui pouvait encore la guider vers Cesare, ou guider Cesare vers elle, ce serait le hasard, un événement inattendu. Peut-être même pas un coup de couteau cette fois, parce qu’y avait peu de chance pour qu’elle l’appelle lui, une seconde fois, si elle devait se retrouver de nouveau blessée. Partir en s’engueulant, ça avait été tellement plus simple que de partir en s’aimant. Déjà, ils lui manquaient les bras de Cesare, ses baisers et toutes ses caresses. Dès qu’elle fermait les paupières, elle pouvait s’y revoir, lovée tout contre lui, isolée du monde et de ses malheurs, saine et sauf tout contre lui. Un bien être qui n’avait été qu’éphémère et déjà, il fallait qu’elle reprenne mieux, qu’elle se défasse des rêves qui avaient pu naitre dans son esprit au cours de cette nuit et qu’elle se confronte de nouveau à la réalité. Elle n’avait pas le temps, pas le droit même, de se laisser bercer par l’amour d’un homme alors même qu’elle avait du boulot. Y avait Insurgency, y avait ce combat qu’elle avait choisi avant tout le reste, alors faudrait bien qu’elle évacue Cesare de ses pensées pour reprendre son combat. Elle le devait à tous ceux qui avaient décidé de la suivre, mais aussi à Clara, sa fille qu’elle aurait voulu voir grandir dans un monde meilleur et, ce n’était pas les instants volés à la réalité dans les bras de Cesare, qui allaient pouvoir changer le monde.
Rejoindre Léda, retrouver Clara, peut-être que ça l’aiderait à se défaire d’un peu de la douleur qui s’était emparée de son cœur au moment où elle avait franchi la porte de cet appartement. Elle avait rejoint son ami, d’un pas lent, difficile, avec cette envie de s’effondrer, une bonne fois pour toute. Elle lui accorda un léger sourire, pour répondre au sien. Au moins, elle ne lui en voulait pas de lui avoir imposé une nuit avec Clara alors que ça n’avait pas du tout était prévu. Elle la suivit à l’intérieur de la maison, jusque dans la cuisine. Elle attrapa la tasse tendue par Léda, un café ça devrait lui faire du bien non ? Effacer la fatigue, lui donner la force de se battre contre toutes les émotions qui étaient en train de s’emparer de son corps. Elle aurait voulu que le café suffise, mais peut-être qu’y avait pas grand-chose à faire pour lutter contre tout ça. Le temps peut-être, devrait finir par faire son effet. Ou l’alcool sans doute, mais il était encore beaucoup trop tôt pour se prendre une bonne cuite. « Tu me connais, je ne dis jamais non à la bouffe. » Pourtant là, elle avait l’estomac tordu, elle n’était pas certaine de pouvoir avaler quelque chose, quand bien même elle avait faim. Elle n’avait pas mangé la veille après tout, ils avaient passé trop de temps à commenter un plat de lasagnes qui n’avaient pas l’air fameux, avant de l’abandonner sur la table pour s’enfuir vers la chambre. Elle avait faim, c’était certain, mais pour ce qui représentait une rare fois dans sa vie, elle n’était pas vraiment certaine d’avoir envie de manger. Sans doute que ça en disait long sur son état d’esprit, parce qu’y avait pas grand-chose qui pouvait lui couper l’appétit. Il suffisait de la connaitre ne serait-ce qu’un petit peu pour savoir qu’elle adorait manger et il n’était pas franchement rare de la voir avec quelque chose dans le bec. Les calories étant le dernier de ses soucis, elle ne manquait de toute façon pas une occasion de se dépenser pour les éliminer. Si bien qu’une fois Clara mise au monde, elle n’avait pas perdu de temps avant de se remettre au sport et éliminer les traces les plus flagrantes de sa grossesse, il lui restait encore du boulot, mais elle y travaillait.
Elle avait parlé de sa blessure à Léda, parce qu’il fallait bien que quelqu’un jette un coup d’œil là-dessus et si elle ne doutait pas des points de suture de Cesare, elle pouvait facilement douter de sa propre capacité à s’occuper de la blessure à présent. « Je me suis endormie dans mon bureau. Y avait le couvre-feu et j’ai cru que je pourrais quand même venir. Mais j’ai entendu cette fille crier et … » Et elle avait hésité à aller l’aider, parce qu’y avait eu une partie d’elle qui préférait largement retourner vers sa fille que d’aller risquer sa vie pour une parfaite inconnue. « Je l’ai sauvée, mais je me suis pris un coup de couteau. » Parce qu’elle n’avait pas été assez concentrée sur ce qu’elle faisait sans doute. En train de penser à Clara, du temps qui s’écoulait sans qu’elle ne soit avec elle. Au moins, elle s’en était tiré et le chasseur ne viendrait plus jamais lui chercher des ennuis, ni à elle ni à personne d’autre. Elle s’installa sur une chaise avant de retirer sa veste, puis son t-shirt. Celui de la petite sœur de Cesare en vérité, celui qui sentait encore son odeur à lui, celle qui semblait être imprégnée sur chaque partie de sa peau. Etre en soutien-gorge devant son amie, c’était un peu le cadet de ses soucis, elle était presque comme sa sœur alors y avait pas de mal. Elle retira tant bien que mal le pansement sur son flanc gauche, laissant apparaitre la plaie recousue avec les moyens du bord. « On m’a déjà aidée, alors c’est pas si affreux que ça … nan ? » Après tout, elle n’y connaissait rien elle, mais fallait quand même admettre que Cesare avait eu l’air de savoir ce qu’il faisait. Une question d’habitude qu’elle n’avait pas eu la moindre envie d’interroger. Mais elle préférait quand même attendre l’avis de l’infirmière avant de complètement admettre que tout allait bien. Dans le fond, ça ne faisait même pas mal, c’était comme si la douleur physique, ce n’était rien en comparaison au mal qui s’était glissé dans son cœur. Cette coupure, elle y survivrait plus facilement qu’à la séparation avec Cesare, c’était certain. |
| | | | Sujet: Re: ≈ forgive the children we once were. (isoléda) Dim 27 Mar 2016 - 18:43 | |
| Il était clair qu’un déjeuner leur ferait le plus grand bien, à l’une comme à l’autre. Même si l’appétit manquait, il ne faisait pas bon de sauter un repas. Surtout lorsqu’on avait un enfant sur les bras, ce qui était — depuis peu — le cas de la Saddler. La Altman était passée par là, elle aussi. S’occuper d’un bébé, ce n’était pas une mince affaire. Ça prenait du temps, de la patience. C’était être dévoué et attentif au moindre des besoins que pouvait avoir ce petit être, qui devenait subitement moins adorable lorsque ses traits se fronçaient et que ses hurlements se répercutaient sur tous les murs du lieu où il se trouvait. Avoir un enfant, c’était trouver nécessairement du temps à lui consacrer. Un temps qu’Isolde avait l’habitude de mettre ailleurs — dans son boulot, dans Insurgency. Un temps qu’elle avait dû dégager pour Clara, même s’il lui manquait parfois. Léda, elle, était là pour faire en sorte que même lorsqu’il manquait, il y avait lieu de combler les lacunes. Elle avait beau avoir, elle aussi, beaucoup de choses à faire, elle ne rechignerait jamais à prendre soin de la fille de son amie, si besoin était. Les enfants la contenaient, la soulageaient. Son seul moyen de survivre à Radcliff avait été de se faire engager pour travailler dans les écoles. Et à défaut de pouvoir avoir son fils avec elle, elle l’avait remplacé par deux adorables molosses, qui ne la quittaient désormais plus. Elle faisait comme elle pouvait pour distribuer l’attention qu’elle avait toujours eu besoin de donner ; tendre, maternelle. Dévouée et impliquée. Être la marraine de Clara lui offrait de nouvelles possibilités. Elle avait l’impression d’avoir gagné une fille à temps partiel — bien qu’elle n’aurait jamais fait l’affront à la blondinette de prétendre avoir quelque part de maternité ou de responsabilité dans l’éducation et la vie de la petite Saddler-DeMaggio. Cette enfant, elle l’aimait. Elle aurait très certainement donné sa vie pour elle — comme pour son fils. Les étiquettes n’étaient pas son fort, et rien ne lui importait davantage que de s’occuper correctement d’elle lorsqu’on le lui demandait.
Pourtant, ce matin-là, ce n’était pas Clara qui demandait soins et attention. Isolde avait les traits tirés et la mine fatiguée. Elle venait d’avouer avoir eu une altercation avec un hunter la veille au soir, et probablement nécessiter quelques soins de plus que ce qu’on lui avait donné. La Altman écoutait ses explications, la laissant se débarrasser de sa veste et prendre place sur une chaise dans le même temps. Un coup de couteau… Isolde n’avait pas l’air de trop mal s’en tirer, à première vue. Elle avait quelques couleurs, et n’était pas trop mal en point : selon toute vraisemblance, l’entaille devait avoir évité les organes vitaux, ou ne pas être d’une profondeur trop risquée. « La prochaine fois, si le couvre-feu est déjà tombé, ne prends pas de risques, d’accord ? Clara est en sécurité ici. » Un léger sourire au coin des lèvres, elle dévisagea la petite leader d’Insurgency, avant de poser son regard sur le pansement que le t-shirt ôté venait de dévoiler. Elle la laissa enlever elle-même le pansement de premiers soins, guettant avec attention la découverte de la plaie. « Non, ça va. Tu t’en tires bien. » Les points avaient été faits grossièrement, mais la plupart feraient l’affaire. Seuls quelques-uns semblaient un peu précaires, à l’extrémité droite de la plaie, et nécessiteraient sûrement d’être refaits, par précaution. « Tu m’autorises à refaire quelques points ? » Dans tous les cas, elle aurait le droit à une désinfection et un nouveau pansement, c’était chose sûre. Un suivi régulier, également. Juste pour vérifier que tout allait bien, et que la guérison était en bonne voie.
Elle sentait la distance dans les yeux d’Isolde, dans son cœur. Rien de personnel, rien de dirigé contre elle. Une simple douleur qu’elle avait l’impression de connaître, d’avoir déjà vécue. Alors qu’elle finissait d’examiner rapidement la plaie, les mots vinrent doucement flotter autour d’elles, curieux mais respectueux des secrets que la petite Saddler auraient pu vouloir garder. « Qui t’a aidée ? » Si la petite blonde ne voulait pas parler, son amie le respecterait. Mais il semblait y avoir autre chose pour la tracasser qu’une simple plaie. La jeune mère était visiblement ailleurs, et le cœur de Léda ne pouvait s’empêcher d’être mis à l’épreuve par son empathie. Quelque chose ne tournait pas rond. Quelque chose avait besoin d’émerger, d’éclater. Et depuis bien longtemps maintenant, elle s’était habituée à ce qu’il soit de son bienveillant devoir de réparer les cœurs brisés autant que les blessures grossièrement rafistolées. Autant profiter que le monde s’étirait encore, peinant à se réveiller, pour crever les abcès et soulager les âmes, tant qu’on le pouvait.
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| | | Isolde Saddler ADMIN - master of evolution MESSAGES : 46349
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ≈ forgive the children we once were. (isoléda) Mar 29 Mar 2016 - 17:41 | |
| so many hearts in great demand — léda altman & isolde saddler — and now my sorrow seems so far away, until I'm taken by these bolts of pain; But I turn them off, and tuck them away, until those rainy days that make them stay; And then I'll cry so hard to these sad songs, and the words still ring, once here, now gone; And they echo through my head everyday, and I don't think they'll ever go away; Just like thinking of your childhood home, but we can't go back, we're on our own. — november. Tout aurait été plus simple sans doute, si la veille, elle n’avait pas appelé Cesare à la rescousse. Elle aurait pu continuer à fouiller jusqu’à trouver ce dont elle avait besoin. Elle aurait bien fini par la trouver cette trousse de soin et elle aurait pu en faire quelque chose d’elle-même de cette plaie. Dans le pire des cas, elle aurait bien été fichue d’attraper une agrafeuse pour s’occuper de refermer la plaie. Quoi que, vu qu’il n’avait pas grand-chose dans son appartement, elle n’aurait probablement pas trouvé d’agrafeuse là-dedans. Le fait était qu’elle aurait fait avec les moyens du bord pour s’en occuper de cette plaie et elle serait venue de la même façon retrouver Léda le matin, pour lui demander de faire quelque chose de mieux avec le carnage qu’elle aurait fait. Peut-être que ça aurait été moche à voir, une plaie bien plus abimée qu’elle ne l’était là. Mais au moins, elle se serait épargné cette douleur au cœur au moment de quitter Cesare. Tout le reste, toute la nuit, tout ce qu’ils avaient vécu durant ces quelques heures ensemble, elle ne le regrettait pas, bien au contraire. Mais s’ils s’étaient tenus à leurs propos, à ce qu’ils avaient dit cette nuit-là à l’hôpital et qu’ils avaient évité de se voir, ça aurait été beaucoup plus simple pour eux. Au sortir de l’hôpital, elle n’avait pas eu l’impression d’avoir ce besoin fou de le revoir, ils venaient juste d’avoir leur première discussion depuis des mois, sans que le ton ne monte jusqu’à l’explosion. Ils venaient juste de se mettre d’accord sur leurs sentiments, de se faire des premières promesses, mais ça avait été plus simple de le voir partir. Plus simple aussi de reprendre sa vie sans se focaliser là-dessus, sans doute parce qu’y avait eu Clara, pour la première fois dans sa vie et que ce changement dans sa vie avait nécessité toute son attention. Se retrouver avec un bébé, alors qu’elle était toute seule et qu’elle avait du mal à s’occuper d’elle-même, ça avait vite été très compliqué. Mais, la nuit dernière, avec Cesare, ça avait tout changé. Elle l’avait retrouvé, ils étaient retombés dans ce qu’ils avaient été, des mois plus tôt. Ils avaient retrouvé et ramassé les miettes de leur romance et s’en séparer après ça, c’était vraiment compliqué ; si encore elle avait pu avoir une idée du moment où elle pourrait le revoir, peut-être que ça aurait pu simplifier l’épreuve, mais elle n’en avait pas la moindre idée.
Cette idée l’avait tracassée pendant tout le trajet jusqu’à chez Léda et maintenant qu’elle était arrivée, ça ne la quittait plus non plus. Ça ne la quitterait probablement pas jusqu’à ce qu’elle puisse le savoir, Dieu seul savait quand. Fallait mieux pas qu’elle s’amuse encore à trainer dans les rues de la ville à la poursuite de hunter, juste histoire de se blesser et de pouvoir faire de nouveau appel à Cesare. Mais non. Même si elle était de nouveau blessée, elle ne ferait pas appel de nouveau à lui, même s’il avait dit qu’il lui en voudrait davantage si elle ne prenait pas le temps de le prévenir plutôt que si elle rompait leur accord en le poussant encore à venir vers elle. Elle pourrait faire appel à Léda en cas de blessure et ne prévenir Cesare que quand elle irait mieux, si jamais ça pouvait l’intéresser. De toute façon, elle ferait mieux de ne pas rester dehors après le couvre-feu, Léda avait bien raison sur ça. Mais c’était compliqué. C’était l’idée de passer la nuit loin de sa fille qui l’avait poussée à quitter le QG quand bien même elle savait que revenir jusqu’à chez Léda allait être compliqué. D’autant plus que de toute façon, elle n’avait pas réussi à retourner auprès de sa fille, sa nuit, elle l’avait passée auprès de Cesare. Elle ne s’inquiétait pas de la sécurité de Clara quand elle était avec Léda, là n’était pas le problème. « Je sais bien qu’elle est en sécurité … C’est juste que c’était la première fois que je passais la nuit loin d’elle et je voulais pas, alors … » Alors elle avait essayé de traverser la ville en ignorant le couvre-feu. Elle avait aussi failli l’abandonner à son sort cette pauvre fille qui avait besoin d’aide, parce qu’elle avait voulu retourner auprès de sa fille. Au moins, elle l’avait quand même sauvée, même si ça lui avait valu une blessure. Elle s’en remettrait, bien plus que s’il avait fallu qu’elle apprenne dans le journal que cette fille était morte, juste parce qu’elle avait décidé de tracer sa route. D’après Léda à qui elle avait montré la plaie, elle s’en tirait bien, alors ça allait. Et même si elle respectait le travail de Cesare, elle pouvait bien refaire des points si elle le voulait, dans le fond, ça n’avait rien de surprenant que certains aient pu lâcher, vu la nuit qu’ils avaient passé, sans doute qu’un médecin lui aurait conseillé de rester au repos, ce qu’elle n’avait clairement pas fait, elle avait dû dormir trois heures tout au plus, mais si c’était à cause de ça que les fils avaient lâcher, tant pis, elle ne le regrettait absolument pas. « Ouais, vas-y, fais toi plaisir. » Elle la laissait faire ce qu’elle voulait, si elle jugeait que c’était nécessaire, et puis si fallait recommencer comme la veille, sans la moindre anesthésie, alors très bien, elle serrait les dents et puis c’est tout.
De toute façon cette blessure, c’était clairement pas le truc qui l’inquiétait le plus pour le moment. Elle s’en remettrait tellement facilement, comparé à cette fichue douleur qui lui prenait le cœur. D’ici quelques semaines, cette blessure, ce ne serait plus qu’une cicatrice dont elle ne se soucierait plus, mais son cœur lui, il souffrirait toujours de l’absence de Cesare à ses côtés. Il était reparti auprès de sa famille de grands tarés où elle n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait faire et vivre et elle ne savait pas combien de temps il devrait y rester, aussi longtemps qu’il le faudrait pour qu’il venge sa sœur sans doute. Un soupire passa le seuil de ses lèvres suite à la question de Léda. C’était Cesare qui l’avait aidée et elle sentait que le dire à haute voix, ce serait encore plus compliqué. Ce que Léda savait de Cesare en plus, c’était probablement que c’était le connard qui l’avait engrossée avant de buter l’intégralité de ses amis en faisant exploser un entrepôt. Qu’il l’avait trahie, qu’il s’était probablement servie d’elle du début jusqu’à la fin, qu’elle était tombée amoureuse comme la plus grosse débile de la planète et qu’elle le détestait à présent. Et le tout agrémenté de tous les noms d’oiseaux possibles et imaginable. Elle l’avait démonté plus d’une fois sans doute quand elle avait été en colère après lui, ou qu’elle avait été décidée à faire tout ce qui était en son pouvoir pour le détester sans jamais y arriver. Parce qu’elle l’aimait, qu’elle l’avait toujours aimé et l’insulter, l’engueuler, ça n’avait jamais rien changé à tout ça et peut-être qu’au-delà de ses explosions de colère, Léda l’avait remarqué plus qu’elle ne l’avait fait. « Cesare ... T’sais le père de Clara. » Elle baissa les yeux vers le sol. C’était peut-être la première fois qu’elle le qualifier de père de Clara, parce qu’avant tout ça, avant l’hôpital, ça avait plutôt été quelque chose genre Cesare, tu sais, l’autre gros con qui a buté mes amis. Mais plus maintenant, parce qu’elle l’aimait et qu’elle le savait maintenant.
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| | | | Sujet: Re: ≈ forgive the children we once were. (isoléda) Jeu 28 Avr 2016 - 7:20 | |
| Il ne faisait aucun doute que Clara était en sécurité ici ; et Isolde le savait sans que son amie n’ait à le lui dire. C’était la raison pour laquelle elle parvenait à laisser sa fille entre ses mains, la raison qui faisait qu’elle pouvait s’éloigner sans trop jeter de coups d’œil par-dessus son épaule. Le coin était paisible, bien aménagé ; sécurisé par les soins de sa propriétaire, qui était bien plus ingénieuse et prévenante que beaucoup ne pouvaient l’imaginer. Et si certains croyaient que vivre dans une vieille maison excluait nécessairement les systèmes de surveillance, ils auraient quelques très mauvaises surprises en s’approchant du terrain. La Altman travaillait les bombes dans son sous-sol depuis le début d’Insurgency, et il était impensable de laisser l’endroit sans la moindre protection. Le cas échéant, elle n’osait imaginer ce qu’un visiteur mal avisé aurait été capable de faire. Ses armes étaient certes toujours démontées, et aucun composant trop dangereux n’était laissé assemblé, mais un voleur aurait fait tout autant de dégâts que tout autre perturbateur. Mieux valait ne pas prendre de risques supplémentaires, et faire en sorte que les choses soient surveillées. Qui plus était, accueillir Clara dans la maison forçait également la louisianaise à revoir ses démontages, et à vérifier que tout était sécurisé. Dans son esprit, les choses tournaient et se retournaient, inlassablement ; elle voulait être sûre de n’avoir rien oublié, sûre que la maison ne risquait pas d’exploser. Quand elle était seule dedans, ce n’était qu’un souci de second plan ; mais elle n’aurait pas permis qu’il arrive quoi que ce soit à la petite DeMaggio-Saddler. Une résolution dont Isolde avait parfaitement connaissance, et qui permettait à la blondinette de pouvoir passer des soirées l’esprit plus tranquille, à savoir sa progéniture entre de bonnes mains.
Mais cette fois, la question n’était pas là. La question, c’était celle de l’éloignement. Passer la nuit loin de la petite, dans les circonstances actuelles de Radcliff, était aussi stressant que de la laisser entre des mains dont on n’était pas sûres. Il y avait un lien entre une mère et son enfant, un lien que Léda connaissait tout particulièrement. Elle s’en souvenait, malgré la distance qui la séparait de son propre fils ; et les mots que prononça Isolde firent naître un sourire léger sur ses lèvres. Elle tenta d’y déloger la tristesse et la nostalgie, tant bien que mal ; mais la douleur stagnait en son cœur, relent d’une plaie à vif depuis plus d’un an déjà. Lorsqu’elle avait quitté Jules, elle avait cru qu’elle finirait par s’habituer. Peut-être que quelque part, c’était vrai ; peut-être qu’elle avait réussi à s’accoutumer à la souffrance. Mais rien ne disparaissait pour autant : elle avait davantage appris à vivre avec les épaules alourdies par l’absence qu’elle ne s’y était réellement habituée. C’était, dans tous les cas, un coup à prendre. Un fardeau à accepter de devoir porter, un poids que lui avaient refilé les choix qu’elle avait fait. Elle n’avait pas le droit de se plaindre, et elle le savait ; mais elle rêvait du jour où les choses seraient suffisamment calmes pour que l’enfant puisse venir la rejoindre, et continuer sa vie à ses côtés. Elle doutait que cela ne puisse se faire « comme si de rien n’était » un jour, mais elle se prenait parfois à espérer. Espérer qu’elle n’avait pas détruit leur lien, espérer que les choses pouvaient encore s’arranger. Espérer qu’au fond de lui, son fils aurait toujours le même amour pour qu’elle que celui qui l’avait jusqu’à lors toujours habité.
Lorsque la petite Saddler l’autorisa à refaire les points, la Altman se redressa, posant rapidement sa main sur son épaule avant de passer à ses côtés. « Je vais chercher de quoi faire ça, alors. Je reviens. » En quelques pas rapides, elle fut dans la salle de bain. Elle sortit sa trousse de soins, attrapa du fil et une aiguille stériles, des compresses, une paire de ciseaux, et rapporta le tout sur un petit plateau. Elle le déposa sur la table, tira une chaise et s’installa. Et puis, alors qu’elle tirait une paire de gants chirurgicaux de la boîte qu’elle avait attrapée au passage, elle ne put s’empêcher d’interroger Isolde sur l’identité de la personne qui avait exécuté ces premiers soins. Lorsque la réponse s’échappa, elle ne sut si elle était ou non réellement surprise. Une part d’elle s’y attendait, sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi. Les derniers mots que lui avait jetés Isolde à propos de Cesare étaient peu flatteurs, et plus haineux qu’autre chose. Mais il semblait que de ce côté-là aussi, les choses se soient mises à changer. Et son petit doigt lui disait que Clara n’était sûrement pas étrangère à tout ça.
« Il s’en est plutôt bien tiré. » Pourquoi commencer à juger ? Elle était assez maligne pour se douter que la préoccupation qui habitait les yeux d’Isolde était liée à ce fameux Cesare. Suffisamment futée pour sentir que le sujet était délicat, mais aussi trop instinctive pour se permettre de vraiment l’éviter. Les gants entre les mains, elle n’osait se pencher sur les points de suture pour le moment. Elle sentait la jeune femme sur le fil du rasoir, et ne parvenait pas à vriller son regard ailleurs que dans ses yeux clairs. Elle laissa un léger silence préparer le terrain à sa question, avant de finalement amorcer les choses d’une voix calme et posée. « Qu’est-ce qui s’est passé qui puisse te tracasser autant, hein ? » Qu’est-ce qu’il y a, Isolde ? Pourquoi ce regard, pourquoi cette mine ? « Est-ce que c'est à propos de Cesare ? » Tu l’sais que je suis là. Tu sais que je t’écouterai. Ne garde pas tout ça pour toi. Dis-moi. |
| | | Isolde Saddler ADMIN - master of evolution MESSAGES : 46349
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ≈ forgive the children we once were. (isoléda) Ven 27 Mai 2016 - 18:38 | |
| so many hearts in great demand — léda altman & isolde saddler — and now my sorrow seems so far away, until I'm taken by these bolts of pain; But I turn them off, and tuck them away, until those rainy days that make them stay; And then I'll cry so hard to these sad songs, and the words still ring, once here, now gone; And they echo through my head everyday, and I don't think they'll ever go away; Just like thinking of your childhood home, but we can't go back, we're on our own. — november. Clara était encore un tout petit bébé, elle n’était venu au monde qu’une poignée de semaine plus tôt et quand bien même au début de sa grossesse, Isolde avait cru qu’elle ne serait jamais capable d’aimer ce bébé ou d’être une bonne mère, aujourd’hui, Clara était la chose la plus importante au monde aux yeux d’Isolde. Certes, pendant les premiers mois, elle n’en avait pas voulu de ce bébé, elle avait pensé à toutes les options possibles pour s’en débarrasser et finalement, elle avait fini par renoncer à cette idée. Finalement, elle l’avait gardé ce bébé qui grandissait au fond de ses entrailles et elle était convaincue qu’elle avait fait le meilleur choix du monde. Elle n’était pas avec elle depuis longtemps Clara et pourtant, elle n’imaginait déjà plus sa vie sans elle. Elle avait encore du mal à se détacher d’elle. Le faire pendant quelques heures, c’était déjà un effort monumental, alors la laisser pendant toute une nuit, ça ne lui avait encore jamais traversé l’esprit. La veille, ça avait été une évidence pour elle qu’il fallait qu’elle se dépêche de rejoindre sa fille. Elle savait dans le fond que si elle ne s’était pas arrêtée pour aider cette fille, elle aurait pu rejoindre le domicile de Léda, comment, elle n’en savait rien, puisque ça fait une petite trotte pour rejoindre la maison de Léda, mais elle savait qu’elle aurait pu le faire, même à pied. Blessée en revanche, elle n’avait pas été assez idiote pour croire qu’elle y parviendrait. Alors elle était allée jusqu’à l’appartement de Cesare, parce qu’il était moins loin que le sien et il lui avait dit qu’elle pouvait s’y rendre si elle avait besoin. Là, elle en avait eu besoin. Mais peut-être que ça avait été une erreur, elle n’en savait rien. Tout ce qu’elle savait c’était que maintenant, elle était complètement perdue et qu’elle avait senti son cœur se briser contre sa poitrine quand elle avait été obligée de quitter Cesare quelques instants plus tôt. Ça faisait un mal de chien. Bien plus mal que cette plaie sur son abdomen ou le fait de savoir qu’il allait falloir refaire des points, cette fois encore sans anesthésie avant. Elle y avait survécu la veille, alors ça irait ce matin aussi. Elle s’en remettrait bien plus facilement que de cette douleur dans son cœur. Elle, elle allait rester aussi longtemps qu’elle serait obligée de rester loin de Cesare et elle ne savait même pas combien de temps est-ce que ça pouvait représenter.
Elle avait regardé Léda s’éloigner quelques instants pour revenir avec le matériel nécessaire pour s’occuper de cette plaie. Elle avait su que Léda lui demanderait qui est-ce qui s’était occupé de cette plaie. Elle aurait presque voulu être capable de lui mentir, raconter n’importe quoi rien que pour ne pas avoir à prononcer le nom de Cesare, parce que rien que ça, ça lui faisait mal au cœur. La vie était sacrément mal faite, ils auraient pu être ensemble à une époque, mais ils avaient passé leur temps à se gueuler dessus. Maintenant que les choses allaient mieux ensemble, il fallait qu’ils évitent de se voir. C’était ce qu’ils avaient dit à l’hôpital quand il était venu la voir après la naissance de Clara et c’était ce qu’ils avaient redit ce matin, peu de temps avant de se quitter. C’était mieux comme ça, pour lui et les objectifs qu’il s’était fixé, pour elle et la façon dont elle vivait sa vie. Pour Clara aussi peut-être, parce que c’était forcément mieux pour la petite fille si le reste des DeMaggio ignoraient son existence. Mais ça ressemblait quand même bien à une foutu torture. « Ouais … Il est doué. Jveux dire, j’crois qu’il a l’habitude, avec … la vie qu’il a … » Sa famille de timbrés, la chasse et tout ça, elle supposait que ça demandait sa savoir s’occuper de ses blessures. Sans doute que ce n’était pas facile d’expliquer certaines blessures qu’on récoltait en allant assassiner des gens, alors, vu son passé et les cicatrices qu’elle avait déjà vues de nombreuses fois sur son corps – dont elle avait pu remarquer que le nombre avait augmenté depuis qu’ils s’étaient séparés – elle pouvait bien deviner qu’il avait dû en recoudre un certain nombre tout seul. Il avait très bien su ce qu’il faisait, au moins jusqu’au moment où ils avaient commencé à se sauter dessus, parce que sans doute que ça, d’un point de vue médical, ce n’était clairement pas conseillé et c’était très certainement pour ça que certains fils avaient fini par lâcher. Y avait une partie d’elle qui se disait qu’ils n’auraient jamais dû franchir ce pas et l’autre qui n’en regrettait pas une seule miette. Etre avec lui, ça avait clairement rendu la nuit moins compliquée, quand bien même Clara avait été loin d’elle. Dans les bras de Cesare, ça n’avait pas été si difficile que ça d’oublier Clara pendant quelques instants.
Elle aurait voulu qu’avec Clara elle soit capable d’oublier Cesare, mais dans ce sens-là, ça semblait complètement impossible. Parce que Clara elle avait beaucoup de Cesare en elle, après tout il était son père et ça se voyait déjà à la couleur de sa peau qu’elle allait lui ressembler. Elle avait la peau moins claire que la sienne et ça lui venait bien des origines de son père, certainement pas des siennes. Elle, elle était tellement blanche qu’on se demandait pas si elle n’était pas allergique au soleil. C’était impossible pour elle de ne pas penser à Cesare en regardant Clara. Ça avait déjà été le cas souvent, quand elle avait porté sa main sur son ventre rebondit pendant sa grossesse, si bien qu’elle avait passé un temps fou à se demander si elle devait lui donner son nom et celui de Cesare ou juste le sien. Elle laissa échapper un soupire suite à la réplique de son amie, alors qu’elle continuait à fixer le sol et qu’elle mit probablement trop de temps avant de relever la tête vers elle et de venir briser le silence qui s’était installée entre elles deux. « Je … Je l’aime toujours … » C’était bien la première fois qu’elle disait ces mots à quelqu’un d’autre qu’à Cesare lui-même et ça semblait rendre ses sentiments encore plus réels, encore plus tortionnaires au creux de ses tripes, alors que c’était censé être beau et agréable l’amour , mais là c’était vraiment douloureux, alors qu’elle voulait juste être avec lui, mais elle ne pouvait pas. « Mais y a plein de trucs compliqués et du coup, on peut pas être ensemble. » Ils auraient pu l’être tellement de fois pourtant dans le passé, s’ils avaient arrêté de s’engueuler plus tôt, mais il avait fallu Clara pour ça, mais c’était trop tard, il était retourné auprès de sa famille pour aller chercher une vengeance qu’il méritait. « J’étais blessée hier et son appartement il était juste à côté alors j’y suis allée et il m’a aidée … J’ai essayé, j’ai vraiment essayé de résister mais il était là et y avait que nous deux alors … » Elle n’allait pas lui faire un dessin non plus, ils avaient une fille ensemble, ça rendait limpides les choses qu’ils pouvaient faire quand ils n’étaient que tous les deux, les choses auxquelles elle avait crue qu’elle devait résister. Elle ne savait pas si ça aurait été moins compliqué s’ils n’avaient pas couché ensemble la veille, mais il lui semblait quand même, que ça avait été le truc qui avait fait s’effondrer leurs dernières barrières, celles qui rendait la distance entre eux encore un peu supportable. « Et maintenant je sais pas quand ou si on se reverra et ça fait trop mal … » Elle avait confiance en lui et il lui avait promis qu’il reviendrait vers elle, qu’un jour, ils pourraient être ensemble, mais elle n’avait pas confiance en sa famille, alors elle ne savait pas ce qui pouvait arriver. Elle laissa échapper un soupire tremblant avant de venir, d’un revers de la main, sécher les larmes qui avaient commencées à couler sur ses joues. |
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