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 you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur

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Artur Kovalainen
Artur Kovalainen

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SUR TH DEPUIS : 25/08/2015
MessageSujet: you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur   you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur Icon_minitimeDim 31 Jan 2016 - 1:01

you could be the greatest, you could be the best
Ciaran & Artur



Depuis combien de temps n’avait il pas posé autant de jours de congé d’affilé ? Il n’osait pas se poser réellement devant cette question, de crainte de voir des mois s’étirer devant lui, l’air goguenard. Trois jours, voilà trois jours qu’il errait dans son appartement sans oser en sortir, sans vouloir en sortir non plus. Trois jours, neuf allaient encore se poser devant lui avant son retour dans les laboratoires de la police scientifique. Il avait fini par se faire une raison : il était incapable de travail, incapable de se concentrer. Pire encore : il était incapable de maintenir le masque qui s’était pourtant collé sur son visage au fil des années. Comme s’il s’était définitivement fendu, au même titre que ses pensées. Et que rien ne pourrait réparer les éclats que l’Irlandais tenait entre ses poings. Un soupir, Artur laissa ses doigts frôler les livres de sa bibliothèque, comme à la recherche d’un centre d’intérêt quelconque, d’un attrait inattendu dans les longues listes de titres qui vallonnaient ses doigts. Il les avait réclamés, ces jours de congé, il était allé les demander en personne auprès de son supérieur, avait même pris le temps de discuter avec Kingsley à ce propos pour mettre en pause le temps de quelques jours leurs entraînements hebdomadaires. Il les avait réclamés ces jours de congé. Pour prendre le temps de rassembler les débris de ses convictions et savoir ce qu’il convenait de faire à présent.

Sa sœur. DeMaggio. Son père. Ellie. Ellie. Son univers n’avait toujours été stable que grâce à sa volonté farouche de garder le contrôle sur tous les paramètres. Rien n’était plus simple qu’une vie dans laquelle il contrôlait le moindre souffle de vent, se préparait à toutes les éventualités et rien n’était pire, à ses yeux, que les dernières semaines qui venaient de s’écouler. S’il n’avait aucun doute quant à la menace mutante, il devait bien reconnaître qu’il ne parvenait plus à démêler dans son esprit ce qu’il devait de ce qu’il voulait faire. Et aucun de ses si nombreux ni de ses si précieux livres ne pouvait lui offrir de réponse. Et il ne pouvait qu’en avoir conscience. Un nouveau soupir, Artur finit par trouver refuge dans un coin de son salon, assis à même le sol, la tête enfouie dans ses bras. Oui, il les avait réclamés ces congés. Oui, il avait volontairement éteint son téléphone portable, éteint son ordinateur. Oui, il s’était volontairement reclus dans son appartement à défaut de pouvoir quitter facilement la ville, à défaut de le vouloir, aussi. Oui, Artur était seul, et il l’avait voulu. Mais cette solitude n’était en rien une solution, ce n’était même pas l’ombre d’un réconfort. C’était une angoisse oppressante, des sanglots qui se logeaient dans sa gorge, y pourrissaient et qui finissaient par devenir une bile acide qu’il vomissait tous les matins. Et tous les matins, lorsque son regard cerné l’observait dans le miroir, il ne pouvait s’empêcher d’y reconnaître les traits de sa sœur lorsqu’il l’avait revue, le jour où il l’avait vaccinée. Amaigrie, malade, elle portait en elle les stigmates d’un profond mal-être et il devait se rendre à l’évidence : il les portait à son tour, et il ne les portait guère mieux.

L’indécision, l’errance, Artur était fait pour avoir un cap, un but et une raison d’agir. Seulement… son gouvernail était en morceaux et malgré tous ses efforts, ses doigts nerveux tremblaient trop pour le maintenir suffisamment longtemps en place et le recoller. Et ses voiles battaient au rythme du vent, oscillait sous la houle. Un sanglot sans larmes secoua à ses épaules, fit remonter un peu plus de la bile de son estomac vide. Ses joues creusées se heurtèrent à sa mâchoire qu’il contracta jusqu’à sentir un peu de sang sur sa langue, dans un goût aussi amer que métallique, aussi sucré que douloureux. Pourtant, il refusa de se lever, il refusa de bouger. Il préférait attendre. Que ça passe. Même si ça ne passait pas. Ellie avait beau être venue, elle n’avait fait que renforcer son indécision, détacher lambeaux par lambeaux ce qu’il lui restait de certitudes. Artur avait la chair à vif, ses pensées se détériorant au contact de l’air.

Le temps sembla se faufiler entre ses doigts, se dilapider dans ses pensées car lorsqu’il releva la tête, il s’aperçut qu’il avait dormi. Et qu’il faisait jour désormais. Un jour timide, un jour bien présent. Le quatrième jour de congé. Le quatrième jour de solitude. Qui commençait à peine. Lentement, Artur délia ses muscles pour reprendre son errance. Une mécanique bien huilée, une mécanique qui lui permettait d’arrêter un instant de réfléchir. Se lever, bouger, se traîner dans la cuisine avaler un verre de lait, se perdre dans la salle de bain pour recracher le peu qu’il venait de boire. Les mains posées sur le lavabo, il fixa inévitablement la glace. Ce n’était certes lui qui avait fait couler le sang de Moira, mais c’était lui qui l’avait tuée au final. Et même si par un quelconque miracle de la génétique ses jours n’étaient désormais plus en danger… Il avait tué sa sœur. Et un mutant l’avait tuée à son tour. S’il n’avait jamais haï les mutants autant qu’à présent, il ne pouvait que se rendre à l’évidence : sa sœur en était une. Ellie en était une. Son père, son propre père, en était un. Et sa mère, en avait été elle une aussi, le laissant seul humain dans cette famille de monstre, le laissant être l’intrus, finalement ? Sa jalousie était vivace, autant que sa haine. Sa jalousie se lovait dans ses reins, envenimait son cœur, mais laissait malgré tout une petite place à une culpabilité aussi létale que non désirée. Artur ferma les yeux, détourna le regard, coupa court à sa toilette en séchant son visage avec précipitation pour ne plus avoir à observer son reflet dans la glace. Il sortait à peine de la salle-de-bain lorsqu’un son discordant heurta ses tympans bien trop sensibles. Il avait éteint son téléphone oui, mais son téléphone personnel. Pas celui qui l’appelait malgré lui sur des scènes de crime lorsqu’ils n’avaient personne d’autres sous la main ou que le coupable n’était clairement pas un être humain. Les rétines hagardes d’Artur se perdirent un instant avant qu’une claque ne l’extirpe de ses pensées. Il ne lui en fallut guère plus pour attraper le mobile et le coller à son oreille. Une voix agacée, une voix fatiguée, une voix artificielle : ce ne fut pas sa voix qui répondit mais celle d’un autre. « Quoi ? Je suis en congé, si vous n’êtes pas capable de trouver un scientifique disponible, posez vous des… » Il n’eut pas le temps d’achever sa phrase que déjà son interlocuteur perdit patience et le coupa. Meurtre, scène, analyse d’un expert. Les ordres étaient clairs. Et Artur obtempéra sans attendre.

Parce que s’il n’affichait en rien une bonne humeur en arrivant sur les lieux, une heure après, ce n’était qu’illusion. Artur avait beau avoir un teint cadavérique et quelques kilos en moins, Artur avait beau refuser de jouer l’aimable collègue, il n’en respirait pas moins l’air frais pour la première fois depuis le début de ses congés, il n’en concédait pas moins que cela lui faisait du bine de prendre l’air. Même si au premier regard sur le cadavre, au visage pourtant pudiquement voilà, même si à la seule odeur du sang séché, il ne put s’empêcher de faire marcher arrière pour s’appuyer contre un mur et inspirer profondément. C’était sa sœur qu’il voyait étalée sur le sol, c’était le sang de sa sœur qu’il voyait répandu. L’Irlandais ignora les regards inquiets de ses collègues pour se diriger sans attendre en direction de l’inspecteur de police qui l’avait fait venir. Qu’il lui accorde deux minutes, il ne se sentait pas bien, conséquence à n’en pas douter de ce maudit virus qu’il trainait depuis quelques jours. Ses pas le menèrent à quelques mètres, ceux qu’il fut capable de franchir, et paume appuyée contre le mur, plié en deux, Artur tenta de cracher la bile qui lui brûlait l’œsophage. Lorsqu’il releva la tête, ce fut pour s’apercevoir qu’une ombre se détachait sur le mur, jusqu’à sa droite. Une vague de lassitude marqua ses traits, de la colère et de l’agacement s’emparant de son regard et de ses muscles. « Serait-il possible d’avoir juste quelques minutes de tranquillité ou est-ce trop demander ? » Toujours sans se retourner, il souffla d’une voix pâle. « Rendez-vous utile, s’il vous plaît, trouvez moi une bouteille d’eau et dites à l’inspecteur que j’arrive d’ici deux minutes. » Se redressant complètement, Artur chercha dans sa poche de quoi essuyer sa bouche bien trop acide. Et finit par se retourner.

S’il songeait très sincèrement à insulter la personne, ses yeux se posèrent tout juste sur la silhouette que déjà ce n’était plus une option. Il fronça les sourcils. Il n’était pas supposé être à Radcliff. Pas sans le prévenir avant. « Ciaran ? Je… désolé, je pensais que c’était un… qu’est ce que tu fais là ? »

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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur   you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur Icon_minitimeMer 3 Fév 2016 - 22:58

you could be the greatest, you could be the best
Ciaran & Artur



Saviez-vous que l'endroit le plus risqué au monde, celui où vous avez le plus de « chance » de mourir... Est votre lit ? Fascinant, n'est ce pas ! Lui non plus ne le savait pas, jusqu'à ce qu'il ouvre le journal ce matin-là, tout en buvant un délicieux moka caramel accompagné d'un énorme beignet à la framboise couvert de sucre glace. Tout petit déjà, sa grand mère se demandait où cet enfant chétif pouvait bien cacher les quantités astronomiques de gâteaux qu'ils engloutissait... Et croyez-le ou non, ce mystère là était autrement plus complexe que celui des dizaines d'êtres humains que l'on retrouvait un jour, aléas de la vie aidant, endormis pour de bon dans leur lit. Finalement, c'était ce que l'on pouvait appeler une belle mort, si tant est que l'on puisse considérer l'idée d'un corps inerte et blafard comme belle, bien sûr. Or, tout le monde n'avait pas cette... Chance, non. Certains passaient l'arme à gauche après avoir lutté contre un virus quelconque, d'autres ne supportaient plus la vie terrestre et s'en chargeaient eux-même... Et puis il y avait les plus malchanceux du lot. Ceux qui avait un peu trop titillé le karma et négligé certains risques, ceux qui se trouvaient « au mauvais endroit au mauvais moment »... Ceux-là connaissaient un sort à nul autre enviable.

Pourquoi une introduction si macabre, me direz-vous ? Tout simplement parce qu'en une dizaine de lignes, je suis parvenue à vous intéresser à autre chose qu'à l'odieux personnage qui nous intéresser ce soir. Mais nous y reviendrons plus tard, car l'individu a tant d'amour pour sa personne qu'il ne saurait tarder à ramener les projecteurs sur lui. S'il trouvait ce matin-là l'information coquasse, c'est parce qu'il ne s'était pas installé à cette table par hasard. S'il l'avait pu, il aurait préféré pouvoir siroter tranquillement son café au fond de son lit, tout en regardant je ne sais quelle série idiote à la télé. Au lieu de cela, il avait revêtu un élégant costume bleu marine, qu'une cravate ornée de gros smileys jaunes égayait un peu. Bien peigné, les chaussures cirées, on aurait aisément pu le prendre pour un avocat ou un homme d'affaire... En réalité, il était psychiatre. Et ce qui l'amenait dans ce coin reculé de la ville où l'on servait – soit dit en passant – un moka absolument divin, c'était les bas fonds de l'espèce humain, son gagne pain, ce qui faisait palpiter son petit cœur de pierre, ce qui éclairait son regard d'une lueur de curiosité malsaine : Un meurtre.

Étrange, n'est ce pas ? La plupart des individus présents sur des scènes de crime avec cet air lugubre et sévère de circonstance, on entendait les témoins pleurer ou geindre... Et puis il y avait cet individu, ce type étrange, dont le sourire radieux éclairait la scène comme un phare en pleine nuit. Mais un phare qui aurait dirigé tous les pauvres navires vers les récifs, malheureusement. Ce sourire, aussi factice que ses bienveillantes paroles à l'égard des civils présents sur les lieux d'un crime, c'était une façade : Lorsque l'on grattait un peu la surface, on était frappé par l'odeur écœurante de la malveillance qui empoisonnait son âme, on en avait la nausée rien que de songer à tout ce vice et cette malhonnêteté bouillonnant sous une carapace de sympathie.

Ciaran O'Doherty, c'était cela. Un homme propre sur lui, charmeur, avenant, à qui vous auriez donné le bon Dieu sans confession ! Imaginez-vous que ce même homme, si avenant, à qui vous auriez confier vos plus noires idées, vos plus atroces cauchemars lors d'une thérapie... Imaginez un seul instant qu'il soit en réalité ce monstre tapi sous votre lit, attendant le bon moment pour happer goulûment votre âme. L'irlandais avec tout du manipulateur sadique et narcissique : A l'air de quelques pirouettes et phrases toutes faites, il ralliait n'importe qui à sa cause. Mais soyons honnête, il recevait depuis toujours une aide plus que précieuse. Car il n'était pas aussi humain qu'il le prétendait, loin de là ! Ciaran était un mutant, un être capable d'influencer les sentiments d'autrui à son égard ou à ceux des autres. Et il fallait avouer que pour ce marionnettiste aguerri, c'était un atout de choix !

Le voilà donc débarquant sur une scène de crime au beau milieu de la zone industrielle... Classique, cliché, vu et revu. Arrivant en sirotant son reste de café, il commença par aller saluer l'officier chargé de l'affaire.

- Eh bien eh bien, inspecteur Beckett... Vous avez mauvaise mine... Ça ne doit pas être facile tous les jours, de travailler si tard et d'essayer d'élever seul un si jeune enfant..., dit-il sur un ton qui se voulait compatissant.

L'autre le regarda d'un air à la fois interloqué et impressionné.

- Comment vous... ?
- Oh vous savez, nous les psys nous sommes un peu devin ! Bien ! Où est notre macchabée ?

Un devin... Et puis quoi encore ? Un peu d'observation, voilà ce que c'était. L'inspecteur avait des cernes de six pieds de long, le visage pâle, avait assorti une hideuse chemise orange avec un pantalon gris tout aussi laid, et la tâche de purée d'un légume quelconque sur sa cravate trahissait la nervosité d'un jeune père tentant de combiner son emploi de policier avec la vivacité d'un enfant en bas âge. N'importe qui d'un peu observateur l'aurait deviné ! Après qu'on lui eu montré où se trouvait le corps, Ciaran l'observa distraitement, notant quelques éléments dans un coin de son esprit. Seulement, ce n'était pas vraiment ça qui l'intéressait. Il était pour autre chose. Ou plutôt pour quelqu'un d'autre. Pour un jeune technicien de la police scientifique qu'il ne connaissait que trop bien, et qu'il lui tardait de retrouver. C'est finalement lorsqu'il reconnu cette silhouette élancée, échangeant quelques mots avec l'inspecteur, que Ciaran su qu'il avait bien fait de se lever ce matin là. Un fin sourire s'étira sur ses lèvres tandis qu'il s'approchait de son petit protéger, lequel s'était isolé pour mieux... Reprendre ses esprits ? L'irlandais ne l'avait pas connu si chochotte, à croire que le Kentucky avait fait de lui une véritable lavette !

Et comme il s'y attendait, la verve d'Artur était toujours la même. S'il adoptait la plupart du temps la même attitude profondément hypocrite et mielleuse de son mentor, il était rarement tendre lorsque quelque chose le contrariait.

- Tu va me briser le cœur, Artur... Moi qui pensais que tu m'accueillerais à bras ouverts...

Il sourit de plus belle, un profond sentiment d'amitié et de compassion émanant de son être et s'insinuant dans l'esprit du jeune homme.

- Et bien... Je voulais te faire une surprise ! Tadaaam ! Je viens d'arriver ici, et comme la police n'avait pas d'autre criminologue sous la main, ils ont fait appel à moi... Je suis surpris de te voir ici !

Surprise feinte, surprise bien imitée. Il tendit une main à Artur pour la lui serrer, plissant les yeux d'un air soucieux.

- Tu as mauvaise mine, Artur... Tu es sûr que tout va bien ? Je crois que tu as beaucoup de choses à me raconter...

Derrière eux, le regard de l'inspecteur s'était fait insistant et pressant. Il attendait des résultats, et les deux irlandais étaient les seuls capables de faire avancer l'enquête à cet instant. Seulement, Ciaran était bien trop heureux de retrouver son jeune élève ! Ou son jouet... A vrai dire, il n'avait pas encore statué sur le terme qui saillait le plus à Artur Kovalainen.
© Grey WIND.
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Artur Kovalainen
Artur Kovalainen

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MessageSujet: Re: you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur   you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur Icon_minitimeSam 20 Fév 2016 - 13:58

you could be the greatest, you could be the best
Ciaran & Artur



Ce n’était pas qu’il n’avait pas envie de sortir, c’était plutôt qu’il avait de l’urticaire à la seule idée de se mêler à une foule, d’être contraint de sociabiliser dans une hypocrisie qui lui collait à la peau et de supporter les regards et les questions stupides et sans intérêt de ses collègues ; c’était plutôt que tout cela lui semblait présentement insurmontable. Pourtant, l’air frais qui se glissait dans sa nuque l’extirpait de ses songes, le forçait à ouvrir les yeux et à s’intéresser au reste. Pourtant, aussi, quelque part, Artur se réjouissait d’axer ses pensées amorphes et errantes sur une problématique donnée. Pourtant, enfin, cette solitude qu’il avait sciemment cherchée comme une punition qu’il s’imposait, le rongeait et même le contact humain le plus exaspérant au possible, comme celui qu’il était actuellement obligé de subir, lui semblait agréable.

Il aurait pu, très certainement, apprécier cette sortie à sa juste valeur en ignorant son caractère morbide, puisqu’il était ni plus ni moins question d’un meurtre, mais dès que son regard fatigué frôla le cadavre voilé pudiquement, le sang d’Artur sembla se glacer dans ses veines et quitter son visage. Aussitôt, un haut-le-cœur saisit ses tripes, le forçant à reculer, le forçant aussi à détourner ses yeux de la scène et du sang toujours présent qui venait d’imprégner ses rétines, comme une tache de Rorschach venue le narguer. C’était sa sœur, étalée devant lui. C’était Moira, étendue sous ce tissu, c’était sa sœur, dans cette odeur aseptisée de mort et de violence. Le mur le plus proche réceptionna son dos, la bile monta à ses lèvres comme un condensé de sa culpabilité somatisée. Sous le regard de ses collègues, Artur se força au calme, se força au contrôle le plus élémentaire le temps d’aller réclamer quelques minutes de répit auprès de son supérieur. N’était-il pas, après tout, en congé parce que souffrant d’un virus qui refusait de passer ? Ses excuses étaient à l’image de ses mensonges, aussi crédibles qu’ancrés dans la réalité. A quelques pas de là, il trouva appui à un mur, ses paumes se creusant du crépi. Mal, il était mal. Et si on pouvait cesser de l’importuner, il ne pourrait s’en porter que mieux. Sa voix fatiguée se teinta d’agacement, il considéra l’ombre sans la moindre douceur. Las, Artur n’avait plus la force d’être hypocrite et sa colère somme toute justifiée par sa réquisition forcée se trouva pervertie de sarcasme. Une main passa sur son visage, son mouchoir nettoya ses lèvres et il consentit à se retourner lorsqu’il s’aperçut que la personne était toujours présente.

S’il songea un instant à se faire plus acide encore, toute volonté s’envola lorsqu’il reconnut la personne. - Tu vas me briser le cœur, Artur... Moi qui pensais que tu m'accueillerais à bras ouverts... L’esprit du scientifique fronça les sourcils, le temps d’additionner les variables et de composer avec la tempête d’émotions qui le submergea sans attendre. Ciaran ? Son sourire se heurta au visage incrédule du plus jeune. - Et bien... Je voulais te faire une surprise ! Tadaaam ! Je viens d'arriver ici, et comme la police n'avait pas d'autre criminologue sous la main, ils ont fait appel à moi... Je suis surpris de te voir ici ! Toujours inerte, Artur laissa guider sa main vers celle de son mentor pour la serrer, ferme mais sans force. - Tu as mauvaise mine, Artur... Tu es sûr que tout va bien ? Je crois que tu as beaucoup de choses à me raconter... Lentement, Artur eut l’impression d’émerger d’un songe angoissant. La solitude, voilà ce qui lui pesait depuis des jours et des semaines, depuis des années. La solitude, cette certitude d’être le seul à pouvoir se comprendre, le seul à pouvoir se connaître. Si Moira avait longtemps joué le rôle de confidente, c’était Ciaran qui avait pris le relai lorsqu’elle l’avait abandonné. Lorsqu’elle l’avait laissé seul, c’était Ciaran qui avait été là pour recoller les morceaux, pour s’intéresser à lui, pour lui donner une identité autre que celle du fils et celle du nouvel élève. Et Moira l’avait à nouveau abandonné. Moira l’avait à nouveau laissé partir, s’était à nouveau éloignée de lui. Et son père était à nouveau un étranger, un de ces monstres qu’il chassait, une de ces abominations qu’il craignait autant qu’il enviait, qu’il méprisait autant qu’il jalousait. Et Ciaran était à nouveau là. Au bon moment.

Artur n’était pas quelqu’un de stupide, loin de là. Trop même, mais c’était un autre problème. Loin d’être un imbécile naïf et crédule, Artur avait depuis toujours cette capacité à analyser les situations et à en tirer contre son gré des conclusions objectives, douloureuses ou rassurantes, mais des conclusions logiques. Mais Artur, aussi, avait depuis toujours cette faiblesse psychologique qui le laissait totalement vulnérable à toute influence perverse et discrète. Et ce sentiment de reconnaissance qui le saisit à la gorge parvint en quelques secondes à faire monter à ses yeux des larmes de détresse qu’il n’aurait voulu, en d’autres circonstances, confier à personne d’autre que son reflet dans le miroir. Tu as mauvaise mine. « Il… il s’est passé beaucoup de choses. » L’anglais le fuyait. Le gaélique était depuis toujours à ses oreilles la langue de sa mère, la langue de la sécurité, la langue des confidences et des secrets qu’il partageait avec Moira dans des regards complices et des sourires silencieux. Moira. Une main broya sa poitrine. « Tu… tu es aux Etats-Unis depuis longtemps ? » La confiance… Elle était là, entre eux deux renouée comme un réflexe conditionné depuis le temps. Artur se souvenait encore de la convocation chez un psychologue qu’il avait reçue quelques mois avant ses seize ans. Il se souvenait encore de son mépris pour l’homme qui se tenait devant lui. Il se souvient encore, aussi, avec un certain malaise, de son arrogance face à Ciaran. Et de cette relation si particulière qui les liait, entre le mentor et le père, entre l’ami et le confident. « Tu m’as manqué, je… » Une boule se forma dans sa gorge, il reprit ses esprits en croisant malgré lui le regard de l’inspecteur. « Réglons rapidement les prises d’échantillon pour le labo et je t’offre un café. Enfin… » Artur inspira. Mal à l’aise. Si éloigné du Artur qu’il affichait en règle générale que cela pouvait être plus que déstabilisant pour ses collègues : inquiétant. « … si tu as un peu de temps ? Et tu as un logement j’imagine ? Mon appartement a une chambre supplémentaire, si jamais tu as besoin de quoique ce soit. Est-ce que Moren est au courant de ta venue ? Tu restes combien de temps ? » Cela faisait plus de mots prononcés en deux phrases qu’en deux semaines, assurément. Cela faisait aussi plus de questions et d’inquiétude que tout ce qu’Artur daignait octroyer aux autres en temps normal.

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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur   you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur Icon_minitimeSam 27 Fév 2016 - 22:17

you could be the greatest, you could be the best
Ciaran & Artur



Parfois, il se demandait ce qu'aurait été sa vie s'il avait été honnête et altruiste... S'il s'était dévoué corps et âme à sauver la veuve et l'orphelin, s'il avait mis son don au service de la communauté, pour redonner le sourire aux déprimés ou se la joueur Cupidon en distribuant de l'amour ça et là... Peut-être aurait-il était un héros, une personne dont on se souviendrait avec un sourire nostalgique, peut-être même aurait-il eu droit à son adaptation en bande dessinée ! ….... Seigneur que la vie aurait été ennuyeuse. Point de vilaines pensées, rien que des papillons, du soleil et une gamine à couette dansant gaiement au son du fiddle. Il détestait les mioches à couettes, ce qui déjà compromettait grandement cette histoire... Enfin non, rectifions : Il détestait les chiards tout court. Trop francs, trop innocents, trop... Trop tout. Et que du négatif. Dès qu'il en voyait un entrer dans son bureau, il soupirait et s'imaginait à des kilomètres de là, sur une plage paradisiaque et en plaisante compagnie pour résister à la tentation de vider l'encre de son stylo dans les yeux du gamins braillard. D'un autre côté, il n'aimait pas plus les adolescents et leurs inévitables peines de cœur... Et ce qu'il détestait par dessus tout, c'était le stéréotype de la ménagère frustrée trompée par son mari. Ah ça ! Il en voyait défiler dans son bureau ! En général, le seul conseil qu'il leur donnait subtilement était le suivant : Un peu d'arsenic dans la tisane du soir et on en parle plus ! Combien avait suivies son conseil ? Il n'en savait rien et s'en fichait royalement. Après tout, il n'était pas peu fier d'être un tueur en série aux mains aussi blanches et immaculées que celles d'un nourrisson.

Finalement, Ciaran était un psy qui détestait les humains. Rien que ce principe relevait du paradoxe le plus extrême. C'était même à se demander si qui que ce soit trouvait grâce à ses yeux... Sa petite sœur, en quelque sorte. Au fond, elle lui aurait manqué... Les premiers temps... Peut-être... Artur, aussi ! Qu'aurait-il fait sans sa précieuse marionnette ? Il aurait put chercher à s'en construire une autre, mais elle n'aurait jamais été aussi belle, aussi bien apprêtée ni aussi torturée que la première... Il l'avait façonné avec le plus grand soin, son jeune apprenti. Taillant dans le plus beau des bois un corps qu'il pourrait manipuler à sa guise, le parant d'une hypocrisie savamment maîtrisé... Il lui avait appris mille et un tours de magie pour bluffer son auditoire, il en était fier et pour rien au monde il ne l'aurait échangé contre un autre. Artur était sa propriété, son jouet, et l'égoïsme du mutant n'avait d'égal que sa cruauté envers le jeune homme. Tous les remparts de son esprit, il les abattu un à un pour les replacer comme bon lui semblait, il avait éloigné ceux qui lui voulait du bien pour l'isoler, jusqu'à ce que, finalement, le jeune homme ne vienne de lui même se jeter dans la gueule du loup.

En l'absence de loup, c'était avec l'expression d'un chat ayant flairé une proie juteuse, que Ciaran fixait Artur. Le jeune homme avait l'air bien mal en point, et c'est avec une moue dégoûtée que le mutant fini par détourner le regard en le voyant vomir ses tripes sur le sol. Puis, avec son hypocrisie naturelle et bien rodée, il s'approcha pour s'enquérir de l'état de santé de son poulain. Comme si ça l'intéressait vraiment de savoir pourquoi Artur avait une mine d'enterrement... Sur le plan de la curiosité morbide, peut-être, mais sur le plan sentimental... Encore aurait-il fallu que Ciaran comprenne ce que c'était que la compassion. Qu'on lui en parle et il aurait pris un malin plaisir à demander si ça n'était pas un plat exotique ou quelque chose du même genre !

Seulement cette fois, il comprenait que quelque chose n'allait pas. Il sentait de la colère et du ressentiment dans les gestes d'Artur, du soulagement, aussi... Soulagé de le voir ? Petit naïf... Intérieurement, Ciaran jubilait et se sentait déjà comme un enfant pourrit gâté le matin de Noël. Et puis il y avait ces hésitations dans le discours d'Artur, ce phrasé décousu, ce ton peu assuré... Beaucoup de choses, disait-il ? Ciaran avait davantage l'impression qu'il s'était passé une seule chose, laquelle avait balayé sur son passages toutes les convictions du jeune homme. Il était grand temps d'y mettre de l'ordre !

- Tu bégayes, Artur... Ça ne te ressemble pas... Il va falloir que tu me racontes tout ça, je n'aime pas te savoir aussi mal en point... Je me fais beaucoup de soucis pour toi...

Il n'en faisait ni trop – autant ne pas tomber dans la caricature – ni pas assez pour avoir l'air crédible. Il avait simplement l'air d'un ami se préoccupant de la santé d'un proche, un léger tremblement dans sa voix attestant de son inquiétude et le tour était joué !

- Je suis arrivé il y a à peine une semaine, en réalité ! Je voulais prendre contact avec toi, mais j'ai été très occupé, entre de la paperasse pour l'hôpital qui m'a recruté et le contrat avec la police... C'est dingue ce que les américains sont paranoïaques ! J'ai presque cru qu'ils allaient me demander si je n'étais pas un transmutant terroriste déterminé à raser la ville...

Un sourire fendit son visage pour illustrer sa première intervention à 90% honnête. Les 10% restant venant du fait qu'il était bel et bien un mutant. En revanche, il avait véritablement manqué de temps pour tout, et s'était impatienté à l'idée de retrouver Artur. Mais voilà qu'il lui lançait d'une petite voix qu'il lui avait manqué... Pitié, pour l'amour de tous les leprechauns d'Irlande, tout sauf le refrain tire larmes ! Ciaran ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel, tant la situation lui donnait envie de vomir. Bon sang mais Kingsley en avait vraiment fit une chochotte ? Où était passé ce gamin arrogant qui lui tenait tête ? Que lui était-il arrivé pour qu'il se change soudain en véritable madeleine prête à pleurer ? Il lui fut même tenter de demander à Artur s'il ne voulait pas un mouchoir et un lait chaud sucré avant d'aller faire sa sieste... Au lieu de cela, il répondit simplement par un sourire, hochant la tête suite à l'invitation du jeune homme.

- Oh ne t'en fais pas ! Du temps je vais en avoir, cette affaire sera vite résolue... Un endroit isolé, le macchabée a eu la tête scalpée et la langue coupée... Post ou ante-mortem, je l'ignore – ça c'est ta spécialité – mais je peux t'assurer que ce n'est ni un crime passionnel, ni un tueur en série. Ça c'est un règlement de compte. Probablement un mercenaire qui aura abattu le type en question et ramener deux ou trois touffes de cheveux à son commanditaire... Il y a vraiment des cinglés qui font n'importe quoi pour quelques dollars...

Il y avait aussi des cinglés qui parlaient de ce genre de chose sans broncher, sur un ton léger et badin... Ciaran aurait presque put donner à Artur la recette des pancakes au chocolat sur le même ton ! Il fit signe à Artur de l'attendre un moment, griffonna ses déductions sur le reçu de son café du matin et le fourra dans les mains de l'inspecteur en charge de l'enquête. Son travail était terminé, il n'avait plus qu'à Artur ait fini le sien !

- Alooors... Pour répondre à tes nombreuses questions, je n'ai pas encore de logement, non. Comme je te disais, je suis arrivé il y a peu, et je loge pour le moment dans un hôtel aussi accueillant que le manoir de la famille Addams... Oh je ne voudrais pas m'imposer chez toi, tu sais...

« Aller... Tu as une chambre supplémentaire et elle n'attend que moi ! Insiste donc un peu, que je puisse céder sans que ça paraisse louche... » C'est qu'il en serait presque devenu malsain, le psy ! Il n'avait qu'une envie, qu'Artur se sente obligé, redevable vis à vis de lui... Même si ce ne serait que l'affaire de quelques jours, ce serait suffisant pour le remettre sur les rails et pervertir à nouveau son esprit. Son visage se fit plus sombre, sa voix plus grave... Il optait maintenant pour le sérieux.

- Je n'ai pas prévenu Kingsley, non... Il faudrait que j'aille le voir, il va bien ? En réalité, Artur, je ne sais pas combien de temps je vais rester. Tes derniers messages m'ont inquiété, tu avais l'air plus mal que jamais, et je me rend bien compte maintenant que j'ai eu raison de venir. Je ne partirai pas tant que je n'aurais pas la certitude que tu vas bien.

On ne pouvait que croire à son discours, le penser sincère... Un rôle maîtrisé à la personne et une vague de reconnaissance lancée au visage du jeune homme, c'était probablement tout ce qu'il fallait à Artur pour être rassuré. En réalité... Et bien Ciaran se faisait réellement du souci. Du souci car il perdait le contrôle sur Artur, il le sentait lui filer entre les doigts depuis quelques temps et ne pouvait tolérer cela. Alors qu'il l'éloignait d'une scène de crime qui semblait profondément le mettre mal à l'aise, Ciaran pris le jeune homme par les épaules et plongea son regard dans le sien.

- Tu sais que tu peux tout me dire, Artur... Tu dis qu'il s'est passé beaucoup de choses, mais je te connais assez pour savoir qu'il en faut beaucoup pour t'ébranler... A mon avis, c'est un événement en particulier qui t'a mis dans cet état... Je me trompe ?

Après la reconnaissance, c'est un sentiment de confiance envers lui, qu'il distilla dans l'esprit d'Artur, pour l'amener à se confier à lui sans réserve et sans retenue. Enfin sans retenue... S'il pouvait éviter de pleurer sur son épaule et salir son impeccable et coûteux costume taillé sur mesure, ça l'arrangerait aussi.

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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur   you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur Icon_minitimeDim 6 Mar 2016 - 15:46

you could be the greatest, you could be the best
Ciaran & Artur



Il s’en souvenait avec exactitude de cette convocation recue un mardi matin au début du deuxième trimestre. Il s’en souvenait sans avoir à chercher parce qu’à chaque fois qu’il se retrouvait face à Ciaran, ces instants lui revenaient en mémoire. De sa colère à son exaspération, de son impatience à son incompréhension, de ce sentiment aigu de solitude à cette incapacité à savoir quoi faire. Convoqué par le directeur puis invité à aller discuter avec un psychologue tout spécialement détaché pour lui. Oh, bien sûr, ça n’avait pas été précisé, loin de là, le directeur avait même mis un point d’honneur à assurer Artur que plusieurs lycéens étaient dans le même cas que lui, mais déjà à l’époque, il était délicat de leurrer l’Irlandais aussi maladroitement. Convocation, donc, qui l’avait laissé perplexe. Son premier réflexe ? Appeler Moira, en parler avec Moira, avoir l’avis de Moira et l’éclairage de Moira. Puis il s’était souvenu qu’elle l’avait abandonné. Et que discuter par téléphone était loin d’avoir la même efficacité. Il avait ensuite envisagé de transmettre le courrier à ses parents avant de se souvenir, encore, qu’ils n’étaient pas là. Et qu’ils n’en avaient très certainement rien à faire des problèmes de leur fils cadet pour lequel tout allait d’ordinaire bien. C’était Moira, après tout, qui était une mutante, c’était Moira, après tout, qui était concertiste, c’était Moira, après tout qui retenait et gangrenait leur attention. Sans en toucher mot à ses parents, donc, Artur s’était rendu dans le bureau de Ciaran. Froid, clairement hostile, presque agressif et provoquant, il avait décidé de couper court à ces entrevues dès le début afin que l’autre ne se fasse pas la moindre illusion.

Et en quelques séances, Artur avait compris à quel point son comportement était puéril et qu’il venait de rencontrer l’une des personnes les plus compréhensives qu’il soit et celui qui allait devenir l’homme le plus important de sa vie. Presque toujours présent lorsqu’il avait besoin de lui, oreille constamment attentive, conseils particulièrement avisés… Ciaran était tout ce qu’Artur pouvait rêver en termes de mentorat. Et encore une fois, alors qu’il ne s’y attendait pas le moins du monde, Ciaran ne le décevait pas. Mal en point, blafard et fatigué, Artur était sur les nerfs depuis trop de temps maintenant pour ne pas se détendre immanquablement dans cette poignée de main ferme qu’ils s’offrirent. Lentement, Artur émergea de sa catatonie. Un sentiment de reconnaissance et de soulagement, de confiance et d’amitié le saisit à la gorge, balbutia ses mots et bégaya ses phrases. Beaucoup de choses, oui. Et des questions, articulées avec difficulté. L’Irlandais si sûr de lui, si fier, si arrogant, ce manipulateur et éloquent, l’Irlandais trébuchait sur ces phrases comme un homme ivre mort sur les pavés d’une rue. - Tu bégayes, Artur... Ça ne te ressemble pas... Il va falloir que tu me racontes tout ça, je n'aime pas te savoir aussi mal en point... Je me fais beaucoup de soucis pour toi... Artur inspira difficilement face à ce qu’il perçut comme un reproche tout à fait justifié. Et tenta de faire la part des choses pour ne pas franchir la ligne délicate et fragile qui subsistait entre sa maîtrise de soi et ces larmes qui ne demandaient qu’à jaillir.

S’il pouvait sans aucune hésitation qualifier Ciaran de mentor, ce n’était pas uniquement pour le terme et la relation complexe qui les liait. C’était aussi parce que même si sa froideur, sa patience et son impassibilité étaient un héritage de son père patiemment copié et reproduit, son hypocrisie et sa tendance à manipuler avaient été longuement perfectionnées au contact prolongé du psychologue, lui aussi maître en la matière. Mais si Artur se doutait une seule seconde être la cible et la victime privilégiée de ce qu’il avait élevé au rang d’art dans son comportement ? Absolument pas. En revanche, il ne pouvait s’imaginer craquer totalement face à Ciaran. Le décevoir ? Non, surtout pas. Il y avait chez Artur ce besoin contrenature de plaire à Ciaran, de le rendre fier, de rembourser cette dette immatérielle dont il avait une conscience aiguë… et artificielle. Prenant sur lui, Artur tenta de réfléchir, de laisser son esprit d’analyser écarter les parasites pour ne se concentrer que sur le principal. - Je suis arrivé il y a à peine une semaine, en réalité ! Je voulais prendre contact avec toi, mais j'ai été très occupé, entre de la paperasse pour l'hôpital qui m'a recruté et le contrat avec la police... C'est dingue ce que les américains sont paranoïaques ! J'ai presque cru qu'ils allaient me demander si je n'étais pas un transmutant terroriste déterminé à raser la ville... Un petit sourire naquit à la commissure des lèvres du plus jeune à la seule idée que l’on puisse confondre Ciaran avec un mutant. Non, s’il y avait bien une seule personne au monde dénuée de toute anormalité, Artur était convaincu que c’était l’homme face à lui. Après tout, n’était-ce pas Ciaran qui avait fait de lui le Hunter qu’il était ? La chose seule suffisait à prouver l’innocence de son mentor. « J’imagine, oui… c’est risible mais avec la proportion de dégénérés en ville, ils ne peuvent qu’être prudent. Pas la peine d’en rajouter, ils se reproduisent déjà comme des lapins… » Que ce fusse grâce au contact de Ciaran ou au simple fait de sociabiliser, Artur retrouvait un peu de son assurance et de son sarcasme habituel. Il n’avait, au final, qu’à se concentrer pour éjecter Moira de ses pensées et n’axer sa réflexion, au final, que sur ce qu’il pouvait ressentir pour Ciaran : l’important actuellement. Tu m’as manqué. Qui d’autre, qui d’autre pouvait se targuer avoir réussi à faire prononcer au Kovalainen cet aveu de manière aussi sincère et dénuée d’hypocrisie ? Il n’y avait au final que Moira qui eut pu se vanter de cet espoir. Sauf qu’il avait tué Moira. Et que rien ne pourrait changer cela. Le regard d’Artur croisa celui de l’inspecteur, il eut brutalement envie de classer rapidement l’affaire pour discuter plus longuement avec son mentor.

- Oh ne t'en fais pas ! Du temps je vais en avoir, cette affaire sera vite résolue... Un endroit isolé, le macchabée a eu la tête scalpée et la langue coupée... Post ou ante-mortem, je l'ignore – ça c'est ta spécialité – mais je peux t'assurer que ce n'est ni un crime passionnel, ni un tueur en série. Ça c'est un règlement de compte. Probablement un mercenaire qui aura abattu le type en question et ramener deux ou trois touffes de cheveux à son commanditaire... Il y a vraiment des cinglés qui font n'importe quoi pour quelques dollars... A nouveau, un sourire discret s’étira sur les lèvres d’Artur qui se raccrochant au ton léger et badin de Ciaran comme à une corde de survie pour se concentrer à son tour sur le cadavre qu’il n’arrivait toujours pas à regarder en face. Laissant Ciaran allait faire un compte-rendu de l’ensemble, le plus jeune tituba en direct du mort, aussi pâle que le cadavre, légèrement réveillé cependant par ces quelques minutes. La tête ailleurs, il tenta de rassembler ses conclusions et surtout de collecter les échantillons nécessaires et suffisants pour une analyse post-mortem. Rapidement, il rendit les armes et réclama que l’on prenne des clichés d’un maximum de points de vue. Conscient d’être incapable de tirer les bonnes déductions ou même de fonder sa réflexion sur des hypothèses convenables pour le moment, Artur était bien trop professionnel pour s’obstiner dans une voie de raccourcis et d’erreurs plus que pénalisantes pour la suite de l’enquête. On pouvait lui reprocher bien des choses, et surtout une arrogance sans limite, on ne pouvait lui reprocher un certain savoir-faire et une certaine conscience professionnelle. Mieux valait indiquer les endroits où regarder et laisser faire à d’autres experts tout le travail d’observation plutôt que de tirer de mauvaises déductions.

Rapidement, du mieux qu’il put du moins, Artur rejoignit Ciaran, non sans avoir touché deux mots à l’inspecteur sur la faiblesse du travail fourni jusque là. Il était malade, argumenta-t-il sans scrupule. Malade et en congé maladie, on ne pouvait donc exiger de lui un travail aussi parfait que d’ordinaire et il valait mieux envoyer tout cela au labo que d’attendre de sa part des conclusions miracles. Oui, son instinct lui clamait qu’il y avait derrière ce meurtre un mutant, et un mutant dangereux. Mais non, il ne pouvait sans une semaine de congé et de repos donner davantage d’éléments. Et oui, il serait là lundi sans faute, et ferait du mieux qu’il pourra en l’état actuel des choses, quitte à devoir écourter ses congés en l’absence d’autre ingénieur capable.

- Alooors... Pour répondre à tes nombreuses questions, je n'ai pas encore de logement, non. Comme je te disais, je suis arrivé il y a peu, et je loge pour le moment dans un hôtel aussi accueillant que le manoir de la famille Addams... Oh je ne voudrais pas m'imposer chez toi, tu sais... Artur fronça les sourcils, peinant dans un sourire aussi discret que sincère à rassembler ses pensées tout en suivant Ciaran vers l’extérieur de la zone industrielle et en direction de la ville. S’imposer ? Un lourd sentiment de culpabilité envers Ciaran se logea dans les tripes du plus jeune, un sentiment de malaise aussi face à son mentor. « Non, bien sûr que non, si je te propose… Ce serait bien malheureux que je te refuse cela tout de même. Installe-toi chez moi, le temps de trouver quelque chose, ce sera mieux. » En d’autres circonstances, jamais Artur n’aurait laissé à ce point quelqu’un s’immiscer dans sa vie, dans son espace vital. Mais Ciaran, dans l’esprit de l’Irlandais, n’était pas une personne lambda et parfois, sans qu’il ne parvienne à saisir l’incohérence complète de la situation, il se sentait incapable de lui refuser quoique ce soit. En somme, sa proposition semblait couler autant de source que le reste, sans qu’il ne parvienne à entendre à quel point elle entrait en dissonance avec son réel caractère porté sur la solitude.

Le sérieux qu’opta par la suite Ciaran stimula davantage encore les pensées d’Artur. Kingsley, connaissance commune, ami commun, autre mentor… - Je n'ai pas prévenu Kingsley, non... Il faudrait que j'aille le voir, il va bien ? En réalité, Artur, je ne sais pas combien de temps je vais rester. Tes derniers messages m'ont inquiété, tu avais l'air plus mal que jamais, et je me rends bien compte maintenant que j'ai eu raison de venir. Je ne partirai pas tant que je n'aurais pas la certitude que tu vas bien. La scène du crime était à présent derrière eux, mais le malaise qui étreignait Artur était loin de n’être plus qu’un mauvais souvenir. Bien au contraire, il s’accentua de culpabilité. Si Kingsley allait bien… Artur détourna le regard. Cela faisait depuis… et bien depuis la mort de Moira qu’Artur esquivait prudemment l’avocat, perturbé dans ses pensées, perdu dans ses convictions, perclus de douleur et de doutes. Mais comment confier cela à Ciaran sans s’attirer un regard empli de déception ? Les mains de Ciaran se posèrent, justement sur les épaules d’Artur pour forcer le regard visuel. - Tu sais que tu peux tout me dire, Artur... Tu dis qu'il s'est passé beaucoup de choses, mais je te connais assez pour savoir qu'il en faut beaucoup pour t'ébranler... A mon avis, c'est un événement en particulier qui t'a mis dans cet état... Je me trompe ?

Bien contre son gré, Artur se mit à trembler. Le cœur au bord des lèvres. Des semaines de tension, de culpabilité, de somatisation douloureuse de son mal-être se déversant en lui, digues abattues par la présence de Ciaran. C’était une confiance aveugle qu’il avait en son mentor, c’était une reconnaissance si intense et un soulagement plus fort encore, c’était une foule de sentiments bien trop contrenatures pour qu’il puisse lutter contre. Ses tremblements s’accentuant, il ferma les yeux pour se concentrer sur sa respiration de plus en plus laborieuse. Tu sais que tu peux tout me dire, Artur. Indifférent au reste du monde, Artur tenta de se concentrer sur le seul point tangible et solide, finalement, de son univers qui se délitait autour de lui depuis bien trop de mois. Tu avais l’air plus mal que jamais. « C’est Moira… » finit-il par concéder. « C’est mon père, je… » Artur se passa une main sur le front, se demandant s’il n’avait pas de la fièvre. Mais non. « Je ne sais plus où j’en suis Ciaran, je… je pensais… je pensais faire le bien, aider, travailler pour la justice mais… je ne sais plus du tout. Tu fais bien d’être là parce que… pourquoi tuons nous les mutants, Ciaran ? » La question se posa, d’autorité, entre lui et son mentor. Elle se posa, se cristallisa, réverbéra sa culpabilité comme un prisme de détresse. Ce n’était pas tant ses convictions de Hunter qu’il remettait en question, c’était le bien fondé de son raisonnement et la raison d’être de cette chute de dominos qui, entraînant les uns après les autres ces petits objets, avaient conduit la mort d’une dégénérée de bas étages à la mort de sa sœur. Par sa faute. Et celle d’un dégénéré, fils de Hunter. Et la survie miraculeuse de sa sœur par l’action d’un dégénéré sorti de nulle part par son dégénéré de père. Trop de mutants avaient surgi d’un coup, rompant le fragile équilibre d’Artur, déjà lézardé par la seule existence d’Ellie. Un murmure, un aveu. Guidé par une confiance aussi artificielle qu’aveugle. « Mon père est un mutant, Ciaran. Pas seulement ma sœur, mon père aussi… »

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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur   you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur Icon_minitimeVen 15 Avr 2016 - 0:33

you could be the greatest, you could be the best
Ciaran & Artur



Artur, le gentil Artur, l'innocent Artur, l'influençable Artur... Souvent, Ciaran se félicitait d'avoir un apprenti aussi dévoué et réceptif à son enseignement. Car non content d'être d'un narcissisme épouvantable, Ciaran avait aussi et surtout besoin de se lancer des fleurs en permanence. Ah ça... Il l'aimait bien, son jeune disciple, il s'amusait à le voir pendu à ses lèvres en quête de son approbation, il prenait un malin plaisir à le voir emprunter une voie qu'il pensait juste mais qui le mènerait tôt ou tard au bord d'un gouffre dans lequel celui qu'il pensait être son mentor et ami le jetterait sans hésitation. C'était là toute la dimension perverse et malsaine de Ciaran : Il ne frappait pas, ne rabrouait pas... Il se faisait passer à merveille pour un type respectable et agréable, il prétendait même souvent aider son prochain, de tel sorte qu'il masquait à merveille tout le sadisme dont il était capable de faire preuve. Car on ne pouvait appeler ça autrement. Prendre un malin plaisir à voir son prochain se débattre entre le bien et le mal, on pouvait difficilement considérer que c'était quelque chose de louable. Et il devait se contenir, le mutant, de ne pas sourire en voyant ce pli soucieux sur le front d'Artur... Il devait se faire violence pour ne pas hurler de rire tant il s'amusait de sa détresse. C'était finalement ça qui le mettait en joie le matin... Savoir qu'il allait pouvoir piétiner quelqu'un plutôt que de lui tendre une main salvatrice.

Ah qu'il était aimable et charmant, l'irlandais... On ne l'aurait d'ailleurs pas soupçonné un seul instant ! Le psychiatre propre sur lui, avec son regard d'un bleu à tomber par terre et ce sourire à vous en faire chavirer le... Non ça c'était son avis à lui. Toujours est-il que si Ciaran avait été mouillé dans une affaire de meurtre, il aurait su comment retomber sur ses pattes. Il se sentait même capable d'analyser son propre mode opératoire s'il était amené à tuer, dressant le portrait extrapolé d'un tueur fictif pour s'en sortir sans égratignure... Mais là encore, la question ne se posait pas. Car Ciaran ne tuait pas. Jamais il n'avait eu de sang sur les mains, à part lorsqu'il se coupait malencontreusement en se rasant le matin. Il faisait tuer, à l'insu de ceux qu'il prétendait aider. Il distiller la haine dans les esprits, attisait la violence, et ses petits protégés faisaient le reste. N'importe quel jury l'aurait déclaré coupable, fou à lier et bon à enfermer, s'il avait tout avoué à voix haute. Quoi que les choses étaient si grosses qu'on ne l'aurait probablement jamais cru !

Ah Artur... S'il avait su... S'il avait été capable de lire dans les pensées de son ami, s'il avait pu y lire le dédain, la moquerie et l'envie évidente de le voir croupir au fond du trou, aurait-il toujours dardé sur lui ce regard empli de gratitude et d'admiration ? Ciaran se plaisait à croire qu'il avait si bien endoctriné Artur, et tellement réduit ses véritables sentiments en charpie que quoi qu'il se passe, le jeune homme lui serait resté dévoué. Après tout, Ciaran savait à quel point Artur l'estimait... Ne l'avait-il pas écouté, quand sa sœur l'avait lâchement abandonné ? Quand elle avait préféré sa carrière et embrassé sa condition de dégénérée plutôt que de rester pour aider son frère qui en avait bien besoin ? N'était-ce pas lui qui avait été là pour comprendre et aiguiller le jeune homme alors que son père n'avait jamais fait que l'éviter ? Au final... Ciaran ne s'était-il pas montré plus présent dans la vie d'Artur que ses propres géniteurs ? Quoi que... S'il y avait bien une personne que Ciaran n'était jamais parvenu à détourner d'Artur, c'était bien sa mère. Il n'avait eu aucun mal à semer les graines de la discorde avec son père, avait réussi à en quelques mois à semer le doute concernant sa sœur, mais sa mère... Rien à faire !

Relançant la conversation, Ciaran décida de tâter le terrain en plaisantant sur le fait qu'on aurait pu le penser mutant... Au sourire amusé que lui fit Artur, il était à peu près certain que celui-ci avait entièrement confiance en lui et pouvait attesté qu'il n'avait rien d'un dégénéré. Finalement, Ciaran était bien content de posséder une mutation totalement invisible. Et ce discours acide qu'avait le jeune homme à l'égard des transmutants... C'était tout à fait celui d'un chasseur ayant côtoyé plus d'une fois Kingsley Moren. Son vieil ami n'avait pas perdu ses bonnes habitudes, finalement !

« C'est là tout le problème du phénomène mutant... Ils ont tendance à se croire tout permis et répandent leurs gênes défaillants un peu partout... Mais à moins de tester la population mondiale et d'éradiquer le phénomène de mutation à sa source, on n'en viendra pas à bout si facilement ! »

Ca le faisait toujours un peu rire, Ciaran, de parler ainsi des gens de son espèce... Le fait est qu'il se sentait plus légitime que n'importe qui de disposer d'une mutation, et qu'il considérait que le monde était déjà bien trop envahit par les mutants. Au sommet de la chaîne alimentaire, il n'y avait plus assez de place pour lui, son ego démesuré et le reste des dégénérés. D'autant qu'avec l'éducation qu'il avait reçu, Ciaran avait appris à les haïr et les mépriser dès son plus jeune âge. Il suffisait de voir sa sœur, l'impitoyable Helen, qui maniait mieux que n'importe qui les armes... Et la manipulation. Elle avait été à bonne école, encore l'apprentissage du combat avec le paternel et l'étude des sentiments humains avec son frère... Elle était sa plus belle réussite, avec Artur, et ce n'était pas peu dire !

En parlant d'Artur, Ciaran le trouvait encore plus laconique qu'à l'accoutumé... Comme s'il refoulait quelque chose qu'il n'osait dire à son ami. Et en impatient notoire, l'irlandais trépignait à l'idée de savoir de quoi il s'agissait. Pour l'heure, il lui fallait un toit ou résider, et quoi de mieux que de jouer la carte de celui qui ne sait pas où dormir pour qu'Artur se sente obligé de lui proposer sa seconde chambre ?

« Merci, Artur... Je te revaudrai ça, tu as ma parole ! »

Ce ne serait qu'une question de jours, ou peut-être de semaines... Juste le temps pour Ciaran de retrouver son influence néfaste sur Artur, et il lui rendrait en partie sa liberté... C'était bien plus jouissif de lui donner l'illusion qu'il le relâchait pour mieux le capturer à nouveau. Une fois la question du logement réglée, c'est celle de l'état évident d'Artur qui vint sur le tapis. Ciaran avait besoin de savoir, envie de savoir... Posant ses mains sur les épaules d'une jeune homme, c'est un sentiment de confiance aveugle qu'il lui insuffla pour le pousser à se confier. Quoi qu'il lui arrive, Artur pouvait tout lui dire, tout lui raconter, Ciaran n'irait pas le répéter à qui que ce soit... Chaque mot était bien trop précieux pour qu'il le partage. Et alors qu'Artur ouvrait la bouche pour répondre, Ciaran se retint de lever les yeux au ciel.

Moira. Bien sûr, Moira. Toujours Moira... Moira ceci, Moira cela... Bon sang mais allait-il un jour cesser de revenir vers sa sœur comme s'il était attiré par un aimant ? Qu'avait-elle encore fait... ? S'enticher d'un mutant et filer le parfait amour avec ? Et alors ? Sa sœur était une idiote tout juste bonne à faire grincer un archet sur des cordes, il n'y avait pas de quoi en faire un drame... Seulement, la suite était autrement plus intéressante, et Ciaran écarquilla les yeux de surprise. Ainsi donc, le gêne mutant chez les Kovalainen n'était pas apparu spontanément chez l'aînée, il était également présent chez le père... Intérieurement, Ciaran jubilait. C'était encore la carte qui lui manquait, l'excuse supplémentaire pour éloigner définitivement Artur de son père. Et ce soulagement dans la voix du jeune homme, cette question murmurée, comme un doute dans son esprit... C'était Noël avant l'heure pour Ciaran ! Il regarda un long moment Artur, retenant à grand peine ce qu'il mourait d'envie de lui dire...

« Pourquoi tuons-nous les mutants ? Parce que la vie est un jeu, Artur... Une vie humaine, c'est un jouet que tu peux manipuler à ta guise, faire évoluer comme bon te semble... Casser si ça t'amuse... Tu t'en fiches, tu en as des milliards d'autres à ta disposition. Nous ne tuons pas. Tu tues. Moi je me contente de te regarder briser tes jouets un à un. Parce que je sais que quoi qu'il arrive, quand tu ouvriras les yeux, il sera trop tard... Tu auras trop de sang sur les mains, trop de morts sur la conscience pour faire machine arrière... Parce que quoi qu'il arrive, c'est moi qui gagnerai la partie. Echec et mat... »

Il en mourait d'envie, de lui dire ça... Il voulait voir la désillusion sur le visage d'Artur, mais il fallait qu'il continue à aller dans son sens, à le soutenir, à se présenter comme son unique soutien. Il fallait... Il fallait qu'il lui donne ce qu'il avait envie d'entendre.

« Pourquoi ? Parce que ce sont des abominations... Parce que les mutants se prennent pour des créatures supérieures, parce que les télépathes trichent, les télékinésistes volent et les pyrokinésistes tuent... Parce qu'ils sont la gangrène de l'humanité, Artur... Regarde ton père... Il ne t'a jamais dit la vérité, il t'a laissé 27 ans dans l'ignorance pour quoi ? Parce qu'il a dû juger que ton absence de mutation te rendait indigne de son savoir... Voilà pourquoi il t'a toujours dénigré et mis ta sœur sur un piédestal, voilà pourquoi il la préfère... Elle est comme lui, il est comme elle, ils se ressemblent... Et toi tu es différent. Ton père ne devrait pas avoir droit à un traitement de faveur, tu le sais n'est ce pas ? »

Se redressant, Ciaran marqua une pause et croisa les bras. S'il avait l'air parfaitement sérieux, c'était pour mieux cacher à quel point il jubilait intérieurement. Artur... En plein doute... Qui ne demandait qu'à être aiguiller, qui n'avait besoin que du feu vert de son mentor... Oh qu'il était fier, l'irlandais !

« Pose-toi les bonnes questions, Artur... Qu'aurais-tu fait pour un autre mutant ? Aurais-tu laissé le doute d'envahir ? Aurais-tu accepté de le laisser s'enfuir ? Si la mutation de ton père est dangereuse, tu sais d'autant plus ce qu'il te reste à faire... », dit-il en insufflant la haine dans le cœur d'Artur par petites touches.

Il ne lui suggérait ni le meurtre, ni la vaccination... Il laissait simplement assez d'ouverture à Artur pour choisir quelle méthode il choisirait d'employer. Seulement, il était clair que pour asseoir ses convictions, Artur ne pouvait laisser son père utiliser sa mutation en toute impunité. Car si le jeune homme commençait à montrer des signes de faiblesse, Ciaran savait qu'il perdrait de son influence sur lui.

« Ton père est un mutant, c'est une chose... Mais quel est le problème, avec ta sœur ? Pour que tu sois préoccupé à ce point par eux deux, c'est qu'il doit y avoir une raison, je me trompe ? »

Il était à des années lumière de se douter que Moira était décédée... Ou du moins qu'elle avait été déclarée morte. Tuée par un mutant, qui plus est... Si cet argument ne suffisait pas à Artur, que lui fallait-il de plus ? Si la mort d'Andreas n'aurait pas peiné Ciaran plus que cela, il avait encore besoin de la carte de la frangine dépendante de son petit frère, et l'annonce risquait de fortement le contrarier...

© Grey WIND.
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur   you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur Icon_minitimeLun 18 Avr 2016 - 20:44

you could be the greatest, you could be the best
Ciaran & Artur



Il lui fallait des points de repère. Il lui en avait même toujours fallu. Que ce fusse sa sœur, sa mère, son père ou ses terreurs nocturnes qui allaient en s’amplifiant, Artur avait toujours eu besoin de quelque chose auquel se raccrocher pendant leurs multiples déménagements pour mieux se construire une identité, ancrer sa vie quelque part et lui éviter ainsi une dérive mortifère. Pendant des années, son point de repère avait été Moira. Toujours présente, toujours là pour l’aider, le soutenir, partager avec lui des moments de complicité qu’il chérissait autant qu’il craignait à présent. Pendant des années, sa vie avait gravité autour de Moira et de leurs rires, de leur fraternité aussi solide que la jalousie du plus jeune le permettait. Puis elle était partie, ils avaient déménagé à Dublin et Artur s’était retrouvé complètement seul, perdu, sans la moindre attache à laquelle se raccrocher pour lui éviter d’être emporté dans par le courant. Si Artur n’avait ni peur de l’eau, ni l’intention de se noyer un jour, la violence des fleuves et les masses d’eau brassées par les ressacs l’avaient toujours fasciné au point qu’il lui était facile de rapprocher perdition et noyade. Et Ciaran, au final, avait été un ponton salvateur, une bouée de sauvetage lancée à tâtons qu’il avait saisi bras le corps dans tout son désespoir. Inutile de dire à quel point, pour la deuxième fois de sa vie, Ciaran le sauvait de la noyade, vider ses poumons de l’eau croupie de la culpabilité et lui faisait un bouche-à-bouche libérateur par sa seule présence à Radcliff.

Au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient de la scène de crime, loin de diminuer, le mal-être d’Artur allait en grandissant. Et cherchant à le combler du mieux qu’il pouvait, à le réduire, à l’endiguer, à trouver un cap dans le maelstrom qui broyait ses pensées, il proposa tout naturellement à son mentor de loger chez lui. Oh, pas longtemps, Artur était bien trop solitaire et indépendant pour supporter la présence d’une tierce personne dans son espace vital, mais… « Merci, Artur... Je te revaudrai ça, tu as ma parole ! » Un profond soulagement s’empara du plus jeune face à ce remerciement qui tombait à point nommé. Une chose qu’il faisait de bien, au final. Une once de gratitude alors que les reproches n’avaient cessé de pleuvoir sur ses épaules depuis des semaines, un peu de baume sur la culpabilité à vif qui consumait ses poumons, rongeait son esprit, le broyait dans une autodestruction aussi implacable que le poignard qu’il avait pu faire glisser le long de la gorge de cette dégénérée, il y avait de cela plus d’une éternité. Artur sentit sa gorge se nouer devant la suite de la conversation ; indécis. Il n’avait encore que trop en mémoire le bref échange qu’ils venaient d’avoir sur les mutants pour ne pas se sentir extrêmement mal à l’aise à la seule idée de ne pas mentionner Ellie à Ciaran, à l’idée que bien trop de dégénérés l’entouraient sans qu’il ne parvienne à s’en débarrasser définitivement. Que ce fusse sa sœur, Ellie ou son père, finalement, ils gravitaient, empoisonnaient son existence de bien des manières différentes et… et tout cela n’avait fini que par conduire à une seule et même conclusion : ses traits émaciés, ses doutes et ces tremblements qui l’agitaient maintenant que Ciaran posait le doigt sur le nœud du problème.

Tu sais que tu peux tout me dire. Oh, oui, il le savait Artur, il ne le savait même que trop bien. Les mains de Ciaran posées sur ses épaules le forcèrent au contact visuel, Artur, mortifié, se rendit compte que loin d’être simple un ami et un mentor, Ciaran restait malgré toutes ces années son psychologue. Celui qui lui permettait encore de se confier, d’avoir l’esprit clair et d’apaiser ses doutes. Une première concession, la voix étranglée de fatigue. Moira. Toujours Moira. Il en avait parlé à Ciaran, à de nombreuses reprises. De sa jalousie, de sa rancœur, de sa colère, de l’absence de sa sœur et du vide qu’elle creusait autour de lui. Un deuxième aveu suivit, tout aussi douloureux mais bien moins difficile, une fois les vannes ouvertes. Et enfin une question, cristal coupant, fiché dans son cœur et pétri d’incertitude. Les cris d’Ellie résonnaient dans son crâne, la douleur de Moira se plantait dans ses muscles, sa propre vulnérabilité l’empêchait de contrôler ces tremblements qui refusaient de disparaître, ces frissons de désespoir qui l’emmenaient lentement mais sûrement au bord du gouffre. Pourquoi tuer, pourquoi éliminer aussi violemment des abominations lorsque le vaccin pouvait remplacer cela ? Pourquoi, aussi, était-il incapable de ressentir le moindre remord, la moindre culpabilité à l’idée d’avoir tué une mutante mais s’autodétruisait-il à la seule pensée d’avoir pu faire tomber le premier domino d’une réaction en chaîne qui avait mené à la mort, même temporaire, de sa sœur ? Artur plongea son regard dans les yeux de Ciaran à la recherche de soutien et surtout de réponse.

Il était dépendant, finalement, le cadet Kovalainen, de ce que pourrait lui dire le psychologue. Dépendant de cette confiance à sens unique, dépendant de ce sentiment diffus qu’il était compris au moins par une personne, compris et soutenu, dépendant de ce point de repère. Incroyablement dépendant, aussi de ces convictions qui le maintenaient à flots quand Ellie, Moira et son père n’étaient que des poids accrochés à ses chevilles pour mieux l’entraîner vers le fond. Les yeux fixé sur Ciaran, sentant sur ses épaules les mains fermes, présentes, tangibles d’un homme qui sans être son père avait réussi à en devenir l’illusion par un tour de force, Artur était incapable de voir que la réalité était justement l’exact contraire et que c’était son mentor qui le noyait par sa seule présence, par son seul contact. Aveugle, il était suffisamment perdu et désespéré, errant et dépressif pour chercher de la force où il pouvait. Et actuellement, c’était en Ciaran qu’il en puisait, un sauveur venu une nouvelle fois l’extraire de la masse grouillante, venu une nouvelle fois lui rendre autant sa fierté que sa lucidité. « Pourquoi ? Parce que ce sont des abominations... Parce que les mutants se prennent pour des créatures supérieures, parce que les télépathes trichent, les télékinésistes volent et les pyrokinésistes tuent... Parce qu'ils sont la gangrène de l'humanité, Artur... Regarde ton père... Il ne t'a jamais dit la vérité, il t'a laissé 27 ans dans l'ignorance pour quoi ? Parce qu'il a dû juger que ton absence de mutation te rendait indigne de son savoir... Voilà pourquoi il t'a toujours dénigré et mis ta sœur sur un piédestal, voilà pourquoi il la préfère... Elle est comme lui, il est comme elle, ils se ressemblent... Et toi tu es différent. Ton père ne devrait pas avoir droit à un traitement de faveur, tu le sais n'est ce pas ? »

Des coups de poignard à répétition, Artur laissa Ciaran se redresser, déglutit en regardant le vide, laissant son esprit réfléchir, accepter l’évidence, interpréter et comprendre la justesse des propos du psychologue. Oui, les mutants étaient des abominations. Il n’y avait qu’à voir l’anormalité évidente de ces dons dont ils étaient pourvus et de la perversité avec laquelle ils en usaient au quotidien. Oui, les mutants se prenaient pour des créatures supérieures. Il n’avait qu’à voir avec quelle facilité DeMaggio s’était transformé en juge, juré et bourreau pour venger son abomination de sœur. Et oui, son père… Artur serra le poing à cette seule pensée, douloureusement contrebalancé par l’attention qu’Andreas avait pu lui porter en l’amenant à l’hôpital. Avant de retourner veiller sa si précieuse fille. La douleur augmenta d’un cran encore. Moira n’était plus seulement une mutante, elle était aussi désormais plus proche d’Andreas que de lui. Moira n’était plus seulement un monstre, elle était aussi la fille d’Andreas. « Pose-toi les bonnes questions, Artur... Qu'aurais-tu fait pour un autre mutant ? Aurais-tu laissé le doute d'envahir ? Aurais-tu accepté de le laisser s'enfuir ? Si la mutation de ton père est dangereuse, tu sais d'autant plus ce qu'il te reste à faire... » Un frisson glacé électrisa le Kovalainen, stimulée par une haine à l’égard de son paternel qu’il n’avait jamais ressentie. Jamais aussi intense, non. Tiraillé entre le poids de l’alliance confiée par son père et cette haine, Artur se sentit un instant écartelé, à ne savoir si son père méritait réellement cette haine ou si elle était pleinement justifiée. Avant de ployer, comme toujours, devant l’évidence. Se poser les bonnes questions, encore une fois Ciaran était dans le juste. Artur inspira. « Ton père est un mutant, c'est une chose... Mais quel est le problème, avec ta sœur ? Pour que tu sois préoccupé à ce point par eux deux, c'est qu'il doit y avoir une raison, je me trompe ? » Une grimace, Artur se passa une main devant les yeux sans réellement savoir par où commencer. Qu’aurais-tu fais pour un autre mutant ? La bile lui monta à la gorge, acide. Aurais-tu laissé le doute t’envahir ? N’avait-il pas promis pas plus tard qu’hier qu’il protégerait Ellie ? N’avait-il pas cédé à autre chose que la haine et la raison, juste le temps d’un aparté, juste le temps de se perdre davantage encore ? « Moira… » Artur s’interrompit, avant de désigner d’un mouvement de tête la route qui s’étirait devait eux, conduisant à petits pas vers la périphérie de la ville, puis son centre. « peut on… » Inutile d’achever sa question, Artur la jugea suffisamment explicite pour que l’invitation à se déplacer vers la ville soit superflue. « A la fête… Il y a… » Par où commencer ? Artur était perdu. Fermant les yeux un trop bref instant, il se gifla mentalement pour retrouver ses points de repère et cesser d’être aussi pitoyable et pathétique. Tout n’excusait pas un tel laisser-aller. Surtout pas des mutants. Il inspira, expira lentement. Technique d’hypnose pour dénouer ses muscles, dénouer ses angoisses. « Kingsley m’a guidé dans une chasse, il y a quelques mois. Propre, rapidement réglée, j’avais tourné la page. Mais le frère de la dégénérée a retrouvé ma piste sans que je ne sache comment, tout avait été effacé, et… il s’en est pris à Moira. » Ses phalanges ressortir, cadavériques, sur son poing bien trop serré. « J’avais vacciné Moira, pour ne pas la laisser… dans la nature. Elle n’a pas pu se défendre. Il m’a appelé, pour que je voie Moira mourir. Je n’ai eu que le temps d’appeler mon père pour qu’il prévienne la police, afin que je ne sois pas directement impliqué dans tout cela. » Intelligent, Artur, il couvrait ses traces avec une minutie exemplaire. Qui ne faisait que ressortir l’inexplicable faiblesse d’esprit dont il était capable face aux manipulations. « Sauf qu’Andreas n’a pas appelé les flics. Il a préféré réglé le problème seul. Avec sa mutation. Sauf qu’il est arrivé trop tard. » Il cracha le mot, laissant son esprit combler les trous qui le menaient à une haine inconditionnelle pour celui qu’il n’allait pas tarder à juger coupable de la mort de sa sœur. Irrationnel Artur. Il eut brutalement l’impression qu’un rideau venait de tomber, laissant apparaître la réalité sans voile, sans illusion, juste brute et nue. « Tu as raison, Ciaran, je ne me pose pas les bonnes questions. Il faut que je l’arrête. Il faut absolument que je le neutralise, Ciaran, avant que son complexe de supériorité ne coûte la vie à quelqu’un d’autre. Avant que je n’en sois une victime collatérale. » Il secoua la tête, comme pour chasser les lambeaux d’incertitude qui subsistaient. Il ne fallait pas qu’il faiblisse parce qu’il était question de son père. « Mais… je ne sais pas quelle est exactement la dégénérescence affichée par Andreas, quelque chose de puissant, en rapport avec l’atmosphère. Me penses-tu capable de jouer suffisamment finement pour m’approcher et l’achever avant qu’il ne se doute de quelque chose ? » La mort, voilà ce qui était pour le moment la seule option possible dans l’esprit violent d’Artur. Une mort, une agonie, quelque chose de long et de douloureux si possible. Pour lui faire payer son mensonge, pour lui faire payer la mort de Moira, pour lui faire payer son mal-être et cette chute libre brutalement interrompue par la présence de Ciaran.

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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur   you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur Icon_minitimeLun 4 Juil 2016 - 0:29

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Ciaran & Artur



Aussi étonnant que cela puisse paraître, Ciaran était patient. Enfin patient... Il détestait devoir attendre son café le matin, ne supportait pas le retard de ses patients et haïssait par-dessus tout les insupportables pages publicitaires qui venaient ruiner son feuilleton du dimanche soir. Car oui, croyez-le ou non, l'irlandais ne ratait jamais un seul épisode de Gilmore Girls... Ce qui impliquait inévitablement les dix minutes syndicales de spots imbuvables sur les produits de beauté miracle et autres conneries réservées à toute une bande de greluches prêtes à mettre des centaines de dollars dans ce genre d'artifices. Oui je sais... Beaucoup de digressions pour vous dire que Ciaran O'Doherty avait pour péché mignon une série d'une niaiserie rarement égalée, qu'il regardait en mangeant du pop-corn et en se moquant allègrement des protagonistes qui tentaient désespérément de s'en sortir. Alors non, pour la publicité et les importuns, Ciaran n'avait aucune patience.

Mais pour le reste... Il était d'une patience d'ange, minutieux, mesuré, discret... Il aurait pu brûler les étapes avec Artur, vouloir tout de suite l'avoir à ses pieds... Il n'aurait fait que le faire fuir, ou attiser la méfiance de ses géniteurs, à l'époque. Il aurait couru le risque d'être démasqué d'entrée de jeu et ainsi perdre son plus joli poulain. Au lieu de cela, il avait supporté vaillamment le mépris de l'adolescence, son mutisme, l'avait progressivement amené à s'ouvrir... Ce n'est qu'au bout de plusieurs séances qu'Artur avait accepté de commencer à parler au psychiatre, et il avait fallu attendre plusieurs années et un acharnement thérapeutique à grand renfort de mutation pour qu'il lui fasse pleinement confiance. Le jeune homme était influençable, certes, mais il était aussi plus futé que la moyenne. Manipuler quelqu'un d'intelligent et de méfiant, c'était comme marcher sur des œufs en permanence tout en sachant que la chute serait mortelle. Alors Ciaran avait pris son temps, enfilant ce costume du bon ami qui lui allait tant, masquant son propre sadisme sous un masque de bonté et d'écoute, jusqu'à s'assurer d'être la seule épaule sur laquelle Artur viendrait pleurer. Un à un, il avait écarté chaque pion se trouvant sur l'échiquier, éloignant les tours, projetant reine et cavaliers hors du plateau de jeu d'une pichenette... Il était maintenant seul face à un roi n'ayant même pas conscience d'avoir été mis en échec depuis des années. Elle était si belle, cette nuance de gratitude dans les yeux d'Artur, si plaisante à regarder lorsqu'il cherchait l'approbation de son ami... C'était si agréable d'avoir une marionnette aussi docile entre les mains. Fort heureusement, Ciaran avait mis tant de temps à plier le jeune homme à sa volonté qu'il ne s'était pas encore lassé de le voir lui lécher les bottes. En revanche quand ça serait le cas... Il ne donnait pas cher de la stabilité mentale de son petit protégé. Si ça dérangeait Ciaran ? Pas vraiment. Il n'y songeait pas, en réalité. Pour l'heure, Artur était clairement perturbé et mal en point, et jouer la carte du fidèle compagnon venant hisser son ami sur ses épaules pour le sortir d'un champ de bataille lui semblait être une bonne option.

Alors, serein, toujours aussi patient, Ciaran distilla son venin dans un discours mielleux aux accents grandiloquent, assaisonnant le tout de cette nuance de haine qu'il insufflait depuis si longtemps dans l'esprit du jeune homme à l'égard de son père. Lorsqu'il eut fini, l'irlandais attendit fébrilement que son petit protégé réponde, luttant contre l'envie de le secouer et de lui donner deux paires de claques. Hochant simplement la tête lorsqu'Artur lui l'invita à quitter les lieux pour retourner vers la ville, Ciaran écouta, attentif.

Il fut alors question de Kingsley, d'une chasse, de représailles... Et Ciaran leva les yeux au ciel. Bon sang ne savaient-ils pas tous les deux que le meilleur moyen pour éviter ce genre de désagréments était justement de se débarrasser de la famille entière ? Le frère, la sœur, et pourquoi pas tout le reste de la fratrie s'il existait encore ! Et quelle cruauté d'inviter Artur à se joindre à lui pour voir sa sœur mourir... Du grand art, vraiment ! Lui-même aurait applaudit la performance, si perdre sa détestable frangine n'avait pas ébranlé à ce point le jeune homme. Pourtant, Ciaran ne pouvait que saluer l'intelligence qu'avait eu Artur en appelant son père et non directement la police mais... Sa foi en son paternel avait causé la mort de sa sœur, c'était évident. Ou du moins Artur avait-il besoin d'en être persuadé. Si pendant des années Ciaran avait du composer avec la rouquine sans parvenir à pousser son frère à se détacher réellement d'elle, ce n'était désormais plus un problème. Ne restait finalement qu'Andreas, qui ne serait bientôt plus un obstacle, puisqu'Artur n'avait plus besoin que d'une pichenette pour se lancer et faire le grand saut. Soupirant, Ciaran se passa une main dans les cheveux.

« Kingsley, pauvre fou... Il devrait savoir mieux que quiconque qu'on ne prend jamais à un cas isolé... Il aurait dû se débarrasser du reste de la famille, pour éviter ça. Je suis navré, Artur, vraiment. Je sais à quel point tu tenais à ta sœur... C'est injuste ce qui lui est arrivé. Mais tu ne dois surtout pas te sentir coupable. »

Au rythme de ses pas pulsaient les vibrations de haine qu'il insufflait à Artur, perçant son esprit jusqu'à lui vriller le crâne pour qu'il ne pense plus qu'à ça.

« Tu l'as dis toi-même, c'est ton père le responsable. S'il n'avait pas joué au héros, ta sœur serait peut-être toujours en vie et son assassin derrière les barreaux. Quelque part... Même s'il n'a pas levé l'arme qui l'a tuée, il est tout aussi responsable. »

C'était faux.. Ô combien faux. C'était bien plus facile d'accuser un père qui n'avait fait que tenter de sauver ses enfants plutôt que de chercher le vrai coupable. Seulement c'était peut-être là la seule occasion qu'aurait Ciaran de rompre les derniers liens qui unissaient Artur à sa famille. A la question que lui posa le jeune homme, l'irlandais prit un moment pour réfléchir. Après le fiasco de sa première chasse avec Kingsley, était-il vraiment capable de se mesurer à son propre père ? Etait-il seulement capable de porter le coup fatal sans se dégonfler ? Rien n'était moins sûr.

« A vrai dire... Je ne suis pas certain que l'achever soit une solution. Tu as perdu ta mère récemment, Artur, et maintenant ta sœur... Pense-tu réellement être capable d'aller tuer ton père de tes propres mains ? Allons... Un vaccin vaut mieux qu'un parricide, crois-moi. »

Il aurait aimé pouvoir mettre un poignard dans les mains d'Artur et le guider jusqu'à ce que la lame rencontre le cœur de son paternel mais... C'aurait été jouer avec le feu, pécher par orgueil et menacer la stabilité qu'il était parvenu à donner à l'esprit d'Artur. Il valait donc mieux lui suggérer une solution différente mais tout aussi radical, d'un certain point de vue.

« Tu as dis que ton père était dangereux, que sa mutation était dangereuse... En quoi consiste-t-elle ? Si d'une manière ou d'une autre tu le penses capable de causer la mort d'autres personnes, tu sais aussi bien que moi que le NH25 est la réponse à ton problème. Reste à savoir comment tu pourrais l'amadouer pour l'approcher suffisamment et lui planter l'aiguille dans le cou... Je t'offre un café ? »

L'art et la manière de passer du coq à l'âne, c'était inné chez Ciaran. D'un sujet gravissime, il en venait à évoquer la légèreté d'une boisson dégustée à la terrasse du premier café venu. Se tournant vers Artur avant d'entrer dans l'établissement, il lui fit un clin d'oeil.

« J'ai confiance en tes capacités, Artur. Je sais que tu es capable de faire ce qui est juste, et de le faire bien. C'est à toi d'avoir confiance, maintenant. »

Confiance en soi qu'il substitua à la haine pour appuyer ses propos. De leur poignée de main échangée à cet instant, Ciaran n'avait pas relâché un seul instant l'influence de sa mutation sur le jeune homme, et s'il commençait à sentir un mal de crâne pointer le bout de son nez, il s'amusait bien trop pour y faire attention pour le moment.

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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur   you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur Icon_minitimeSam 30 Juil 2016 - 11:06

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Ciaran & Artur



Moira. Omniprésente dans les pensées d’Artur depuis qu’il l’avait vue en sang, depuis qu’il s’était senti effroyablement impuissant, à contempler de ses yeux affolés les ravages causés par des mutations, par ce mutant qui représentait toute son espèce dans sa dangerosité, dans sa monstruosité. Omniprésente, depuis que son cœur avait cessé de battre, depuis que les joues d’Artur avaient commencé à se creuser sous les angoisses, ses cernes, à s’agrandir sous ses nuits blanches, ses traits, s’émacier au fur et à mesure que l’angoisse et le choc persistaient dans ses veines avec la lenteur traînante d’un poison drainé dans ses veines et renvoyé dans ses artères par un cœur au battement aussi lourd qu’une pierre et aussi rythmé que le glas d’un enterrement. Omniprésente mais désespérément absente désormais, malgré sa résurrection inespérée. Moira. Artur était mal, et sortir de son appartement pour contempler un cadavre et, surtout, faire son travail, l’avait certes forcément à prendre l’air et à cesser de ressasser le tout en croupissant dans l’atmosphère lourde de son chez-lui, l’effet bénéfique d’une telle sortie s’était si vite dissipée qu’il aurait même douté de son existence, s’il n’y avait eu Ciaran. Venu comme un deus ex macchina, lui aussi inespéré dans son retour. Ciaran envers lequel Artur ressentait une gratitude et une affection, un respect et une admiration d’une telle force qu’il était incapable de concevoir le tout. il acceptait la chose, voilà, tout, cessant de se poser des questions auxquelles il n’aurait, de toute manière, pas eu de réponse.

Lentement, le plus jeune commença à parler, à expliquer, à se confier sans même s’en rendre compte. L’incohérence de ces derniers mois, son premier vrai meurtre, les conséquences, Moira, son père, Moira, encore Moira. Omniprésente même dans ses explications, preuve indéniable que tout son mal-être ne gravitait, finalement, qu’autour d’elle. Et de personne d’autre. D’une inspiration angoissée, Artur croisa le regard de Ciaran, ou plutôt tenta de croiser les yeux levés au ciel de son mentor. Une erreur, bien sûr qu’il avait fait une erreur, il n’était pas stupide au point de croire qu’avoir fait confiance à Kingsley pour gérer la famille de la dégénérée n’était pas une erreur de débutant, une erreur aussi grossière que, justement, d’avoir eu confiance en quelqu’un. Une erreur qu’Artur ne comptait pas reproduire de sitôt. A l’exception de Ciaran. Toujours de Ciaran. Le plus jeune croisa ses bras sur sa poitrine au fur et à mesure qu’ils marchaient le long de la route en direction du cœur de ville, quittant la périphérie industrielle de Radcliff. Le soupir du psychiatre agita une nouvelle fois une angoisse dans les tripes d’Artur. « Kingsley, pauvre fou... Il devrait savoir mieux que quiconque qu'on ne prend jamais à un cas isolé... Il aurait dû se débarrasser du reste de la famille, pour éviter ça. Je suis navré, Artur, vraiment. Je sais à quel point tu tenais à ta sœur... C'est injuste ce qui lui est arrivé. Mais tu ne dois surtout pas te sentir coupable. » Une montée de bile lui brûla la trachée, satura ses sens, une montée de bile et une montée de haine. De haine franche, oui. Parce que, finalement, la colère supplantait petit à petit et douloureusement l’hébétement. Une colère dont Artur ne sut déterminer l’origine mais qu’il attribua sans l’ombre d’une hésitation à Kingsley, à l’ombre d’Andreas, à celle du DeMaggio dégénéré. Tu ne dois surtout pas te sentir coupable. Malheureusement, les choses étaient bien plus compliquées que cela mais si Artur était tout bonnement incapable de ne pas culpabiliser pour l’enchevêtrement de catastrophes, il pouvait malgré tout partager généreusement la responsabilité avec les trois hommes qui y avaient contribués. « Tu l'as dis toi-même, c'est ton père le responsable. S'il n'avait pas joué au héros, ta sœur serait peut-être toujours en vie et son assassin derrière les barreaux. Quelque part... Même s'il n'a pas levé l'arme qui l'a tuée, il est tout aussi responsable. » S’il n’avait pas joué au héros.

Non. La situation n’avait plus rien de compliqué. Un voile se leva dans le regard d’Artur qui marqua une fraction de seconde un temps d’arrêt, avant de reprendre leur marche tranquille. Ton père le responsable. Une nouvelle bouffée de haine. Et une nouvelle certitude : il fallait, c’était un devoir, une nécessité, il fallait qu’il arrête son père. Il fallait, désormais, qu’il le neutralise. Mais avant de s’y attaquer, l’intelligence d’Artur lui intimait d’en savoir plus. Sur la mutation de l’homme qui l’avait élevé, sur la manière de l’approcher, sur…. La réflexion creusa ses traits, concentration à son acmé pour mieux refouler au loin, bien au loin, cette bile qui noyait toujours sa gorge de culpabilité. Et de douleur. Toujours la douleur. Ciaran avait toujours eu sur Artur cette influence bipolaire de montées de haine tempérée par une confiance et une affection à toute épreuve. « A vrai dire... Je ne suis pas certain que l'achever soit une solution. Tu as perdu ta mère récemment, Artur, et maintenant ta sœur... Penses-tu réellement être capable d'aller tuer ton père de tes propres mains ? Allons... Un vaccin vaut mieux qu'un parricide, crois-moi. » Les mains d’Artur se croisèrent sur ses bras pour mieux les serrer et tenter de dissiper cette nervosité qui courrait sur sa peau comme une malédiction soufflée par les Erinyes sur sa vie. Un de leurs battements d’ailes pour le faire vaciller, le sang poisseux de leurs yeux coulant sur ses épaules pour mieux l’engluer dans son errance intellectuelle, leurs serpents capillaires se lovant dans sa nuque pour l’étrangler et torches et fouets claquaient dans son dos, l’aveuglaient pour mieux le forcer à suivre non plus sa réflexion mais son instinct. Elles étaient là, ces Erinyes mythiques, de toute leur présence, troublant ses pensées, s’infiltrant dans ses émotions et ses sentiments pour mieux les pervertir. Un vaccin vaut mieux qu’un parricide. L’écœurement s’accentua. « Le vaccin équivaudra pour lui à un parricide, à n’en pas douter. Et je doute que… » L’une de ses mains libéra son bras pour frotter ses yeux et chasser un vestige de larmes. « Tu as dis que ton père était dangereux, que sa mutation était dangereuse... En quoi consiste-t-elle ? Si d'une manière ou d'une autre tu le penses capable de causer la mort d'autres personnes, tu sais aussi bien que moi que le NH25 est la réponse à ton problème. Reste à savoir comment tu pourrais l'amadouer pour l'approcher suffisamment et lui planter l'aiguille dans le cou... Je t'offre un café ? » Perdu dans ses réflexions, Artur mit un temps à saisir que la dernière question de Ciaran n’avait plus le moindre rapport avec leur conversation. La mutation de son père ? Il venait de le dire, pourtant, qu’il n’avait que quelques pistes sur ce qu’elle était, sur ce en quoi elle consistait, mais aucune vérité tangible, aucune certitude sur laquelle s’appuyer. Non, vraiment, s’il devait s’occuper rapidement de ce problème, Artur allait devoir jouer finement, allait devoir battre son père sur le terrain des mensonges, allait devoir composer des vérités dans des vérités, des hypocrisies dans des manipulations pour ne jamais s’exposer vulnérable même lorsqu’Andreas allait creuser sous les couches et tenter de l’acculer dans un cul-de-sac intellectuel. Une partie d’échecs, voilà quoi allait ressembler leur discussion. Une partie qu’Artur n’était pas certain de gagner.

Relevant la tête, le cadet considéra la terrasse et l’établissement auquel ils étaient parvenus et surtout devant lequel ils venaient de s’arrêter. Je t’offre un café ? Un froncement de sourcil, Artur se retint de parler pour ne pas bégayer. « J'ai confiance en tes capacités, Artur. Je sais que tu es capable de faire ce qui est juste, et de le faire bien. C'est à toi d'avoir confiance, maintenant. » Confiance. La haine se retrouva éclipsée en une poignée de main par la confiance. En soi. En Ciaran. En eux. Les sentiments d’Artur pour son environnement, pour cet homme face à lui, pour son géniteur mutant, à quelques quartiers de là, les sentiments qui broyaient la conscience d’Artur n’étaient plus qu’un ballet organisé, chorégraphié sans même qu’il ne s’en rende compte, sans même qu’il ne puisse s’en rendre compte. Et dans cet amas d’artificiel jaillit soudain du spontané. Une profonde reconnaissance, naturelle mais initiée par l’artificiel. Une profonde reconnaissance pour Ciaran qui venait de l’extirper d’un gouffre et de le ramener à sa surface, qui venait de l’arracher aux ténèbres pour l’exposer en pleine lumière, l’exposer au feu d’une confiance en soi dont Artur contemplait les cendres depuis quelques jours. J’ai confiance en tes capacités. De la confiance, finalement, c’était tout ce dont il avait réellement besoin. Et ce dont il manquait cruellement de la part d’autrui. Andreas le rejetait. Moira devait le haïr. Ellie… était un autre sujet. Sa mère quant à elle était désormais absente. Il était seul, seul contre tous, dans une conviction égoïste, égocentrique, égotiste, arrogante, prétentieuse, narcissique et si pleurnicharde qu’elle lui ressemblait sans lui correspondre tout à fait. Son orgueil se mêlait à sa tendance au mélodrame, la vie n’était qu’un amas d’injustice dont il était la principale victime. Et sa jalousie n’en était que plus renforcée encore, lorsqu’il contemplait à quel point il était seul dans cette famille de mutants aux vices aussi abjects que leur indifférence face à sa propre détresse. Alors oui, Artur agrippa la main de Ciaran avec force et conviction, mais aussi avec l’énergie du désespoir. Et de la reconnaissance. « Merci. Merci beaucoup Ciaran. Je… je vais réfléchir à tout cela. Mais tu as raison, Andreas a beau ne pas mériter le titre de père, trouver un moyen de le neutraliser sans m’encombrer des affaires d’héritage sera le mieux. Et… quelque part… il est actuellement tout ce qu’il me reste dans un sens. » Il prit son inspiration. « Mais si tu penses que je peux le faire et bien… j’imagine que c’est le cas. Andreas a beau être d’une dangerosité sans égale, même sans sa dégénérescence, j’ai été formé à bonne école. » Le petit sourire, qu’il concéda à Ciaran, eut le mérite non seulement d’être le premier mais aussi de se nourrir d’une goutte de sincérité.

Artur prit son inspiration avant d'entrer à son tour dans le bâtiment. « Je prendrais un café noir. Serré. Sans sucre. »

RP TERMINE

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you could be the greatest, you could be the best ~ Ciartur

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