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 Rusted and weathered (Russels)

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MessageSujet: Rusted and weathered (Russels)   Rusted and weathered (Russels) Icon_minitimeSam 5 Mar 2016 - 22:19

-russell & elspeth-
Rusted and weathered
Elspeth ne savait pas trop si elle devait aller à ce repas-ci. Après tout, la semaine dernière, son oncle n’était pas venu et avait oublié de la prévenir. Ne voulant pas s’imposer, elle n’avait pas envoyé de message, pas appelé non plus. Els voulait beaucoup de choses mais, certainement pas être un poids dans la vie d’une famille avec qui elle avait renoué depuis à peine une année. Environ. Sans plus de nouvelles depuis, elle voulait quand même aller à son rendez-vous habituel. Elle espérait juste que son oncle serait là cette fois.

Ils avaient mis en place ce petit rituel quelques mois plus tôt, bien après qu’elle l’ait vu pour la première fois. Au début, elle avait été réticente. Elle avait l’impression de profiter parce qu’il refusait qu’elle paie sa part du repas. Elle s’était finalement rendue compte qu’elle n’aurait pas le dernier mot parce que ça lui faisait plaisir et que, quoi qu’elle puisse dire, il trouverait un argument à opposer. Elle ignorait que c’était aussi sa façon de s’assurer qu’elle mange assez, au moins une fois dans la semaine.
Si, les premières fois, leurs conversations avaient été franchement communes, ils avaient commencé à vraiment discuter au fur et à mesure et l’un comme l’autre à s’ouvrir. Bien entendu, elle n’avait jamais parlé de ce qui était arrivé à sa mère, elle n’avait pas non plus voulu beaucoup parler de son père. D’elle, elle avait fini par parler en évitant les sujets sensibles. Elle lui avait parlé de ses boulots, de ce qu’elle avait fait, de ce qu’elle aimait faire aussi un peu. Il y avait des interrogations bien sûr, beaucoup et elle avait eu peur que Russell creuse à cause de son boulot de flic mais, il n’avait jamais cherché à savoir, ne l’avait jamais mis devant le fait accompli non plus. Il respectait ses non-dits et elle appréciait ça, ce qui était d’autant plus vrai puisqu’elle n’aimait pas beaucoup plus les flics que les militaires.

Comme toutes les semaines, elle se dirigeait donc vers Chez Lucy. Elspeth s’était toujours demandé pourquoi là mais, elle s’était rapidement rendue compte que c’était plus calme que tous les endroits où elle pouvait manger dans lesquels son boss l’embarquait en semaine. Ça aussi c’était un autre rituel qu’elle n’avait pas vu venir. En attendant, elle quitta le bus qu’elle avait pris pour se presser un peu, elle n’était pas en avance. Elle avait beaucoup hésité à rejoindre Russell de peur de se retrouver seule encore une fois. La semaine dernière, elle s’était sentir obligée de commander après avoir attendu là des plombes. Quand elle l’aperçut déjà assis à leur table habituelle, elle poussa un soupire de soulagement, se rendant compte jusque là qu’elle avait été anxieuse, bien plus qu’elle ne l’avait cru. Elle poussa donc les portes pour le rejoindre et s’installer en face de lui. Un peu confuse tout en se disant qu’il l’avait quand même plantée la semaine précédente. Pas qu’elle était particulièrement en colère mais, elle aimerait savoir ce qui s’était passé.

- « Bonjour Russ. Désolé du retard, j’ai... j’ai un peu traîné et j’ai raté le bus d’avant. »

Elle ne l’avait jamais appelé tonton, elle ne s’en était jamais sentie capable, pas alors qu’elle ne le connaissait que depuis peu de temps finalement. Après tout, il avait tout ignoré d’elle jusqu’à ce qu’elle se pointe chez lui un après-midi. Elle avait laissé tomber son prénom complet depuis quelques semaines maintenant et se contentait de l’appeler Russ, ce qui n’avait pas semblé perturber son oncle. Ça l’avait rassurée.

- « Tu vas bien ? »

Peut-être qu’elle aurait ainsi en partie une réponse à son interrogation. Si pas... et bien il serait temps plus tard de lui demander pourquoi il n’était pas venu alors qu’il n’avait jamais été celui à rater ce petit repas. Elle par contre... il lui était arrivé de le rater une fois ou deux. Souvent pour bosser un peu en extra d’ailleurs. Elle s’était toujours excusée et avait toujours prévenu mais, elle se sentait coupable à chaque fois qu’elle avait dû annuler. Après tout, il était une des rares personnes à se soucier d’elle depuis des années et elle se voyait mal le décevoir.
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MessageSujet: Re: Rusted and weathered (Russels)   Rusted and weathered (Russels) Icon_minitimeSam 26 Mar 2016 - 5:48

Elle était en retard. Peut-être avait-elle finalement décidé de ne pas venir. Peut-être avait-elle cru que son absence de la semaine passée se plaçait sous le signe de la fin de ce rituel qu'ils avaient instauré depuis quelques mois déjà. Il s'en voulait. Assis sur son habituelle banquette de Chez Lucy, il regardait ses mains sans les voir. Les yeux bercés d'un voile opaque, il laissait la culpabilité faire chalouper son coeur, noyer progressivement ses pensées. Ses excuses auraient eu beau être les plus limpides et les meilleures au monde, rien ne pourrait ôter le sentiment d'indignité qui l'habitait depuis qu'il s'était rendu compte du faux-bond qu'il avait fait à Elspeth. Toute la semaine, il avait été tenté d'entrer en contact avec elle, de s'excuser et de s'assurer qu'elle viendrait au prochain déjeuner – à défaut, sûrement, de lui demander son pardon et sa compréhension. Pourtant, il n'avait rien fait. Peut-être par lâcheté, par crainte qu'elle ne le repousse. Peut-être qu'il avait tenté, tant bien que mal, d'occuper ses journées à en oublier à la fois sa fille et sa nièce – à la fois ce qu'il n'avait pu protéger, et ce qu'il venait nouvellement de faillir à protéger.

Il était possible qu'elle ne vienne pas. Qu'elle prenne l'absence passée pour un présage de toutes celles à venir, et qu'elle croit leur chemin à nouveau rompu. Pourtant, quand le jour et l'heure étaient venus, il n'avait pas hésité un seul instant à prendre son habituelle pause pour traîner des pieds jusqu'au petit dinner où il se tenait désormais. La crainte rongeant la moindre de ses cellules, les excuses tournant et retournant dans sa tête. Réfléchissant, sur la route, à ce qu'il pourrait bien dire à la jolie blonde – pour peu qu'elle ne fasse le déplacement. Lorsque les pneus avaient crissé sur le gravier en arrêtant leurs tours enragés, lorsque les semelles de ses chaussures avaient fait craquer les pépins de béton sur le chemin qui menait à la porte vitrée, et lorsque la clochette avait tinté à son entrée, il avait senti son coeur battre d'impatience et de peur, à l'idée de trouver leur habituelle table vide. Ses épaules s'étaient relâchées en constatant l'absence de la petite Fitzgerald, tandis que son myocarde se serrait entre ses côtes. Immédiatement, il s'était trouvé stupide d'avoir pu imaginer qu'elle viendrait. Il s'était néanmoins assis, une petite pensée pour l'hypothèse du retard naissant dans son esprit. Lucy l'avait aperçu, et ne s'était approchée que pour lui apporter une première tasse de café. La p'tite t'a attendu, la semaine passée. Lui rappelant son erreur, lui rappelant son inexcusable trahison de l'habitude. J'lui ai pas fait payer. J'ai mis ça sur ta note. Un remerciement, englobant à la fois café et attention. La culpabilité qui griffe l'esprit, mord le coeur. Lucy avait tourné les talons et l'avait laissé à ses pensées, sans plus en demander. L'idée de devoir payer pour le déjeuner qu'Elspeth avait pu consommer la semaine passée ne lui provoquait ni stress ni irritation ; bien à l'inverse, il se sentait soulagé que Lucy ait pris cette initiative. Peut-être la jeune fille aurait-elle eu les moyens de payer ; néanmoins, il se doutait qu'elle avait bien d'autres dépenses à assurer, plus urgentes que celle de payer un déjeuner auquel on l'avait conviée et abandonnée. Prendre cette dette à sa charge tendait également à amoindrir – dans d'infimes proportions – la culpabilité qui l'habitait.

Sûrement ne viendrait-elle pas. C'était tout à son honneur de lui rendre aujourd'hui la pareille. Il aurait mérité d'attendre jusqu'à ce que ne finisse sa pause, sans que jamais elle ne montre le bout de son nez. Ainsi, ils seraient quittes. Cela n'empêcherait pas le Fitzgerald de quitter son poste à l'heure imposée par son chiffre hebdomadaire, et de se rendre au motel où sa nièce résidait pour lui présenter excuses et inquiétude. Cela ne l'empêcherait pas de tenter de réparer les pots cassés, et de suggérer un rétablissement de cette habitude dès la semaine qui suivrait. Les plans se dressaient dans son esprit. Son corps, lui, se redressait également. Son dos se dépliait, alors que sa main venait passer sur ses traits tirés et fatigués. Le café refroidissait devant lui. Le boire allait devenir une urgence, s'il ne voulait pas le goûter froid. Pourtant, il ne s'en souciait pas.

Une énième fois, la clochette tinta. Une énième fois, les yeux de l'homme se levèrent vers la porte, mécaniquement, automatiquement. Mais cette fois-ci, il reprit son souffle. Le visage familier d'Elspeth distilla dans ses veines un soulagement qu'il se surprenait à ressentir aussi intensément. Il la regarda s'approcher, la laissa s'asseoir. L'écouta formuler quelques excuses rapides et secoua doucement la tête, un léger sourire naissant à la commissure de ses lèvres. « C'est bon, ne t'en fais pas. Si tu veux que je vienne te chercher, la prochaine fois, ça me ferait plaisir. On peut aussi se retrouver plus près de chez toi, si tu préfères. » À la question qu'elle lui posa, il hocha brièvement le menton. Difficulté à soutenir son regard, difficulté à occuper la place qui lui était due. La culpabilité revenait, faisait surgir un stress nouveau – celui du besoin d'explications. « Ça va. » Léger silence. Songeur, instable et hésitant. Une brève inspiration, et un regard : droit, franc. « Je suis désolé pour la semaine passée. Je suis content que tu sois venue aujourd'hui quand même. Qu'est-ce que tu veux manger ? » Les justifications viendraient. Elles lui brûlaient les lèvres, lui consumaient l'esprit. Pourtant, il tenait à ne pas l'assommer dès son arrivée. À tester sa réaction, et à ne pas en dire plus que ce qu'elle ne voulait entendre. Elle lui paraissait réservée, secrète. Peu désireuse de s'épancher sur ses petits secrets ; et, à juste réciproque, peu curieuse sur les tréfonds de sa vie à lui. Il n'avait aucune envie de l'absorber dans sa misère et sa peine. Elle avait sûrement bien d'autres chats à fouetter. Bien d'autres soucis à régler.

Pourtant, sans qu'il ne puisse l'expliquer, son coeur battait de la sensation qu'elle était à la fois la seule capable d'écouter, et la seule à qui il eût vraiment envie de parler.
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MessageSujet: Re: Rusted and weathered (Russels)   Rusted and weathered (Russels) Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 17:16

-russell & elspeth-
Rusted and weathered
Eslpeth n’aimait vraiment pas être en retard. Ça n’était pas dans ses habitudes et ça la mettait généralement mal à l’aise. Cette fois plus que d’habitude, à cause de l’absence de son oncle la semaine précédente. Elle avait vraiment craint qu’il ne soit pas là, qu’il ne se présente pas cette fois encore sans savoir pourquoi. Pourtant, il était là, à leur table habituelle. Il ne l’avait pas laissé tomber. Tout en s’asseyant devant lui, elle ne put que remarquer qu’il avait l’air vraiment fatigué, stressé aussi. Ça l’inquiétait même si ça n’était pas la première fois, ça l’inquiétait parce que c’était bien pire que d’habitude.
Elle secoua la tête, en tout cas pour manger ailleurs. C’était idiot mais, elle avait pris l’habitude que ce soit là et pas ailleurs. Elle n’avait pas envie de changer ce petit rituel. Qu’il vienne la chercher, pourquoi pas par contre... Elle s’étira un peu, légèrement courbaturée après avoir passé la matinée penchée sur de la paperasse.

- « J’aime bien manger ici. Sauf si tu veux changer. Et puis j’veux pas te déranger pour le trajet, ça te ferait un détour. »

Dire qu’elle aurait apprécié était un euphémisme mais, Els n’aurait jamais vraiment demandé ou dit oui ouvertement. Il y avait toujours des choses qu’elle avait du mal à faire, demander de l’aide en faisait partie, accepter d’être aidée aussi. Aspen avait trouvé le truc elle, elle agissait sans lui demander son avis souvent, ça résolvait le problème et ça marchait comme ça. Si vraiment elle ne voulait pas quelque chose, elle le disait et c’était bon comme ça. Si elle capitulait, c’était qu’elle était d’accord.
En attendant, son oncle semblait particulièrement mal et elle ne savait pas pourquoi. Sa réponse n’avait rien de convainquant, vraiment rien. Il s’excusait pour la semaine dernière, elle savait qu’il s’excusait de ne pas être venu mais, elle ne savait pas pourquoi il n’était pas venu et même si elle n’était pas la plus douée pour comprendre ce qui se passait dans la tête des autres, elle se doutait que ça avait un rapport vu comment il avait expédié ça comme on arrache un pansement. Elle se mordit la lèvre un moment et réfléchit à ce qu’elle voulait manger. Elle lui poserait des questions après, en attendant, autant se débarrasser de ça. Après quelques secondes, elle opta pour un bn vieux steak arrosé de sauce avec des potatoes. Elle ne mangeait pas énormément de viande vu son budget, elle en profitait un peu, surtout depuis que Russ s’était mis à surveillait ce qu’elle mangeait, un peu comme Aspen. Ce qui ne l’empêchait pas de manger un peu n’importe comment quand ils n’étaient pas là. Cuisiner, ça n’était pas son fort, vraiment pas. Une fois sa commande passée, elle regarda un peu son oncle en se mordant l’intérieur de la joue.

- « Et si tu me disais ce qui va pas. T’as l’air vraiment crevé et pas du tout dans ton assiette. Pire que d’habitude. Si tu veux pas en parler j’comprends mais... j’te jure Russ, tu fais peur à voir, j’ai l’impression que tu vas juste t’écrouler. J’aime pas ça. »

C’était peut-être pas la meilleure entrée en matière du monde mais, elle était vraiment inquiète pour lui. Il avait l’air au bout du rouleau et ça lui faisait peu parce qu’elle avait appris à l’apprécier et l’aimer son oncle. Elle avait encore un peu de mal à se lâcher mais, elle apprenait à le connaître doucement et lui aussi et elle voulait savoir ce qui le mettait dans cet état parce qu’elle n’aimait pas ça, parce que ça lui faisait peur. Elle avait vécu avec un fantôme, elle n’avait pas envie de le voir faire pareil. C’était quoi cette sale manie de se laisser s’effondrer chez les Fitzgerald ? Sérieusement ?
Est-ce qu’elle s’écroulait elle ? Non. Elle en avait eu des raisons pourtant mais elle préférait se battre parce qu’elle voulait que sa mère soit fière d’elle, où qu’elle soit même si elle ne croyait pas vraiment en ces choses-là. Elle ne pouvait juste pas se laisser aller, abandonner, surtout pas alors qu’elle venait à peine de commencer à vivre pour elle-même, sans personne pour l’obliger à abandonner sa vie.
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MessageSujet: Re: Rusted and weathered (Russels)   Rusted and weathered (Russels) Icon_minitimeJeu 28 Avr 2016 - 20:59


everything i know
goes away in the end


L’affection qu’il avait pour Elspeth grandissait à chaque rencontre. Il appréciait la solidité de la petite blonde, son caractère déterminé et sa tendance à ne pas poser trop de questions. Il aimait qu’elle respecte son silence, et à ce titre, il le lui rendait bien. Il avait passé plus de vingt-cinq ans sans voir Aldrich, et voir sa nièce ainsi débarquer dans sa vie lui avait fait un drôle d’effet. Une part de lui doutait que son frère ait beaucoup parlé de lui ; la présence d’Els’ dans les parages lui avait donc laissé penser à un conflit entre Aldrich et sa fille, sans qu’il ne parvienne à avoir suffisamment de preuves pour étayer ses propos. Il n’avait néanmoins pas cherché à comprendre, pas cherché à aller plus avant dans la quête de réponses : elle était là, et c’était tout ce qui comptait.

Il sentait bien qu’une part de lui avait développé un certain instinct de protection à son égard, bien qu’il ne le manifestât pas de manière étouffante. Il était plutôt du genre prévenant, plutôt du style à poser çà et là des petites attentions qu’on n’avait pas réclamées, et qui facilitaient la vie. Prendre trop de place ne l’attirait pas ; depuis la disparition de Lydia, il s’effaçait autant que possible de la vie des gens. Il était devenu l’ombre qui emboîtait leur pas, ce reflet dans le miroir qui se retournait pour être sûr que personne ne les suivait. Il manifestait son affection avec un calme et une douceur qui pouvaient aisément passer pour de la froideur, et personne ne semblait s’en plaindre. Alors il continuait, avec ce même air traînant et lessivé qu’il arborait depuis deux ans déjà.

« Ça me fait plaisir. Et toi, ça te fera gagner du temps, et sauver de l’argent. » Il lui adressa un sourire en coin, poli mais fatigué. Il ne servait à rien que sa nièce proteste : il n’avait pas l’intention de céder, et il s’arrangerait pour la récupérer chaque fois que venait l’heure de leur déjeuner hebdomadaire. « Je passerai te chercher vers midi, ça te va ? » Midi. Chaque mercredi. Le genre d’habitude qui rendait sa vie un peu plus figée, mais aussi un peu plus rassurante. Les petites choses du genre creusaient un chemin face à lui, prolongeaient la route qu’il essayait de suivre depuis la disparition de sa fille. C’était des petits cailloux dispersés çà et là, minuscules roches qui lui donnaient la force de continuer. Qui lui montraient que demain existerait bien, et que certaines choses valaient la peine d’être suivies. La présence d’Elspeth était arrivée comme un miracle dans sa vie : alors qu’il ne pensait plus jamais entendre parler de son frère, voilà que sa fille venait toquer à sa porte, des plus simplement. Elle était la goutte d’espoir et de vie qu’il lui avait fallu pour reprendre la construction d’un chemin temporairement laissé de côté. Entre elle et Samuel, il arrivait à faire le point et à se calmer. Tout ne s’effondrait pas pour tout le monde.

Il laissa la blondinette passer commande, avant de demander la même assiette, néanmoins accompagnée d’une salade. Le silence s’était réinstallé entre les deux Fitzgerald, et l’homme était retombé dans ses pensées. Il n’osait donner des explications à Elspeth, ne parvenait pas à mettre des mots sur les tracas qui l’habitaient. Revoir Blake l’avait profondément secoué, et fêter les deux ans de la disparition de Lydia l’avait plus anéanti qu’il ne le laissait paraître. Pourtant, si sa nièce était d’ordinaire peu curieuse, elle semblait aujourd’hui avoir décidé de crever les abcès. Les traits tirés de son oncle, son regard fuyant et ses épaules affaissées lui avait mis la puce à l’oreille d’une manière plus franche qu’il n’aurait pu l’imaginer. Et la voilà qui réveillait les questions, qui réclamait des explications. En temps normal, sûrement aurait-il refusé ; il l’aurait éconduite poliment, poursuivant le mensonge, laissant croire que tout allait bien, et qu’il avait juste passé une énième mauvaise nuit. Mais la semaine dernière, il lui avait posé un lapin. La semaine dernière, il ne s’était pas pointé, et elle méritait de savoir ce qui était arrivé.

Ses yeux se reposèrent sur elle, alors qu’un sourire pâle se traçait sur ses lèvres. « T’en fais pas. J’vais pas m’écrouler. J’ai survécu à bien pire que ça. » Physiquement, c’était vrai. Psychologiquement, néanmoins, le refrain était tout à fait différent. Le visage de Blake se confondait à celui de Lydia, et les deux tournaient en boucle dans ses pensées, à l’en rendre fou. Il n’était d’ordinaire jamais prêt à en parler ; mais il semblait que cette fois, l’opportunité était à saisir. Les secrets devenaient trop lourds, les pensées trop noires. La lumière au bout du tunnel s’éloignait, et il se sentait progressivement suffoquer. Et les petits détails du quotidien qui d’habitude formaient un filet étaient en train de se désagréger. Fallait faire quelque chose, fallait y remédier. Et peut-être que l’attention qu’était en train de lui porter Elspeth était un bon premier pas. Un long soupir s’échappa d’entre ses lèvres ; sa main balaya son visage, alors qu’il calait ses coudes sur la table. Épuisé. « La s’maine dernière, c’était… » Quoi ? L’moment où il a bien cru que tout allait à nouveau s’effondrer, la journée où fallait forcément que tout devienne encore un peu plus compliqué. La semaine dernière, c’était un peu comme s’il avait renouvelé son contrat, et à nouveau signé pour une année de misère. « … Ça a fait deux ans depuis que j’ai vu ma fille pour la dernière fois. » Rien de personnel, et pas le moindre reproche dans le fond de sa voix. Ce n’était que la confession d’un homme brisé, qui ne savait plus si l’espoir était encore permis.  Incapable de lui donner plus de détails de lui-même, mais aussi incapable de retenir le pli soucieux et harassé sur son front. Ce n’était que les mots d’un type qui n’arrivait pas à énoncer une banale et terrible vérité : la semaine dernière, ça a fait deux ans que ma fille a disparu.
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MessageSujet: Re: Rusted and weathered (Russels)   Rusted and weathered (Russels) Icon_minitimeLun 9 Mai 2016 - 12:14

-russell & elspeth-
Rusted and weathered
Ce dîner, une fois par semaine avec son oncle, c’était quelque chose qui lui faisait du bien. Elle ne savait pas trop pourquoi, ils n’étaient pas très loquaces et on ne pouvait pas dire qu’ils parlaient à cœur ouvert de ce qui se passait dans leur vie. C’était peut-être d’ailleurs pour cette raison qu’Elspeth se sentait aussi bien. Russell ne la poussait pas à parler d’elle, il ne cherchait pas à savoir ce qui se passait non plus et pour ça, elle lui en était reconnaissante. Après tout, son père était son frère, il aurait pu vouloir savoir mais non. Il s’abstenait de toutes questions gênantes et c’était ce qui l’avait mise en confiance. Pour toutes ces raisons aussi, elle s’était inquiétée de ne pas le voir la semaine dernière, inquiétée autant qu’elle s’était demandée s’il n’en avait pas eu marre. Mais elle était venue, elle avait eu besoin d’en avoir le cœur net. Elle avait été soulagée de le voir arriver mais, inquiète de le voir dans cet état. Il avait l’air éteint et ça, elle ne connaissait que trop bien, elle l’avait trop vu. Qu’est-ce qu’il avait ?

- « Alors on fait comme ça si ça ne t’ennuie vraiment pas de passer me prendre. »

Ils trouveraient sûrement des trucs à dire au garage, ils poseraient mille questions au moins mais elle n’en avait rien à faire, comme toujours, elle les laisserait mariner sans aucune réponse et ils finiraient par apprendre que c’était son oncle. Elle sourit et acquiesça, oui, ça lui allait très bien, c’était de toute façon plus ou moins l’heure à laquelle elle prenait sa pause quand ils mangeaient ensemble.

- « C’est parfait oui »

Quelque part, c’était une routine qu’elle n’avait jamais eue avec son père et qu’elle découvrait avec Russell. C’était rassurant, un peu comme quand Aspen débarquait au garage avec un repas monstrueusement trop grand. Elle avait toujours soupçonné son amie de le faire exprès pour qu’il en reste quand elle rentrait. Même Alta s’y mettait parfois, empêchant les morphales du garage de piller le frigo de la salle de repos. Parfois, elle avait l’impression de leur faire pitié et puis à d’autres moments, elle profitait juste de l’attention qu’on lui portait. C’était toujours difficile pour elle de croire qu’on se souciait d’elle.
Elle commanda son repas, toujours le même et pas trop cher. Elle s’attendait à chaque fois à ce que Russell lui fasse un commentaire mais il n’était jamais venu. En fait, il l’avait poussé dès le début à manger plus. Elle avait donc pris l’habitude de prendre quelque chose de copieux mais pas coûteux. La valeur de l’argent, c’était quelque chose de profondément ancré en elle, un peu trop même. Voyons que son oncle n’était pas prêt à parler, elle laissa le silence s’installer un moment. Il allait mal, c’était évident et cette fois, juste cette fois, elle avait l’intuition qu’il fallait peut-être l’inciter un peu à parler, qu’il en avait besoin. Elle, bien entendu, ne parlait jamais même quand on lui tendait la perche et ça n’était pas très juste mais, c’était comme ça…

- « J’en doute pas tu sais. T’as l’air d’avoir vu pire. Mais t’as aussi l’air de pas aller bien du tout et ça m’inquiète. »

C’était clair qu’il allait mal, même elle, pas la plus observatrice, elle s’en rendait bien compte. Il pouvait bien dire qu’il n’allait pas s’écrouler, il n’allait clairement pas bien. Ce qui le mettait dans un tel état devait être grave, au minimum. Personne ne tirait une tronche pareille parce qu’il avait perdu son chat. À moins de vraiment vénérer le chat. Non, ça, c’était de l’abattement, du vrai, le visage familial de la tristesse et elle en avait eu un comme ça sous le nez assez longtemps pour ne pas pouvoir se tromper. Et quand finalement, il lui avoua ce qui lui trottait dans la tête et ce qui le bouffait comme ça, son cœur rata un battement. Décidément, cette famille ne pouvait pas être heureuse. À croire qu’on leur avait balancer un mauvais sort. Si seulement elle avait cru à un truc pareil. Sans réfléchir, elle posa ses mains sur les siennes par-dessus la table.

- « Je… j’sais pas quoi dire. Je suis vraiment désolée. Pourquoi t’as rien dit ? J’aurais pu rester avec toi. Te tenir au moins compagnie. »

Elle savait mieux que personne que s’isoler dans des circonstances pareilles, c’était une mauvaise idée. Là encore, elle en avait eu l’exemple parfait pendant des années. Elle n’avait aucune envie que son oncle vire comme son père. Aucune.
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MessageSujet: Re: Rusted and weathered (Russels)   Rusted and weathered (Russels) Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 7:58

Un simple hochement de tête scella la modification des paramètres de leur déjeuner quotidien. Le sujet s’éloigna par la suite rapidement, alors qu’elle commençait à s’inquiéter de sa mauvaise mine — et par extension, de son absence la semaine passée. Et c’était bien naturel qu’elle se fasse du souci, bien naturel qu’elle ne relève les traits tirés et les cernes noirs qui pochaient ses yeux. Y avait pas moyen de s’y tromper : il allait mal, et toutes les bonnes intentions du monde de paraître dans une forme correcte n’y feraient rien. Après deux ans à souffrir, son visage était trop creusé, trop ridé. Il avait vieilli comme jamais, et il semblait presque en avoir oublié comment sourire. L’habitude de tout garder pour lui ne menaça cependant pas de sévir, alors que la petite blonde s’inquiétait de ses soucis et de son air abattu. Pour une fois, il n’eut pas envie de mentir. Pas envie de passer l’éponge, pas envie de faire comme si de rien n’était. De toute manière, si elle continuait de le voir et de le fréquenter, elle ne mettrait plus très longtemps avant d’apprendre ce qui s’était passé. Mieux valait peut-être provoquer les choses maintenant, et les lui confier de sa bouche, plutôt que d’attendre que quelqu’un d’autre ne s’en charge, et ne devoir ensuite affronter son regard bleuté. Il ne la pensait pas capable de lui en vouloir de garder des secrets, mais cacher la vérité n’avait pas été dans ses habitudes. Tout au plus était-il du genre à la voiler, à l’atténuer — mais la taire, jamais.

« C’est pas un anniversaire que j’ai l’habitude de fêter. » L’ombre d’un sourire passa sur son visage, alors que son pouce venait doucement s’appuyer contre la main qu’elle avait posée sur la sienne. Le contact lui faisait plaisir, et le réconfort léger qu’il lui procurait ne pouvait pas être nié. Ce n’était néanmoins qu’une bouée dans l’océan, et la mer était trop vaste pour qu’elle soit suffisante à le sauver. « J’avais rendez-vous avec mon ex-femme, elle avait quelque chose à me donner. Quand je l’ai fixé le jour, j’avais oublié de regarder la date, et… Je l’avoue, j’avais complètement oublié que le mercredi c’était le jour de notre repas. » Un rire légèrement nerveux, alors qu’il passe sa deuxième main sur son visage, désolé. « J’ai juste tendance à tout oublier quand il s’agit de Blake. » Il renifle, se frotte le nez. Force un nouveau sourire, relevant ses yeux vers sa nièce. « Enfin bref, je les ai cumulées la semaine passée. Je tiens vraiment à m’excuser de t’avoir oubliée. Encore une fois. C’était vraiment rien contre toi. Peut-être qu’au contraire, ça m’aurait fait du bien si c’était avec toi que j’avais déjeuné, à la place. » Autant être honnête : le repas avec Blake avait été des plus mouvementés, et n’avait fait qu’empirer son ressentiment de cette journée. Peut-être Elspeth aurait-elle au moins pu adoucir les choses par sa présence — il ne le saurait sûrement jamais.

Et alors qu’il prend une grande inspiration, décidé à changer de sujet de conversation et à profiter au mieux de ce déjeuner, une petite sonnerie bien trop familière attire son attention. Ses yeux tombent sur son téléphone professionnel, alors qu’il serre les dents. « Et merde… Excuse-moi. » Se lever, s’éloigner de quelques pas. Trop peu de temps au bout du fil, mais suffisamment pour comprendre qu’une fois de plus, il va devoir lui fausser compagnie. Et lorsqu’il revient, c’est une expression fermée mais désolée sur les traits. Il sort son portefeuille, osant à peine la regarder. « C’est une urgance, faut vraiment que j’y aille… Je suis désolé. On se reprend la semaine prochaine ? Je passe te chercher à midi. » Quelques billets sur la table, pour payer la dette de la semaine passée, et le repas de cette semaine. Un sourire rapide. « Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas à appeler. » Il déglutit, doucement. Peu à l’aise à s’enfuir ainsi — mais incapable de contrevenir à l’urgence pour laquelle on l’a appelé. « Prends soin de toi, ok ? » Avec un dernier sourire bref, il s’éloigne finalement. La culpabilité qui lui tord le ventre, et l’impression d’encore lui faire faux bond ne faisant que l’amplifier. Il trouverait quelque chose pour se rattraper, tôt ou tard. Elle l’aurait bien mérité.


( the end )
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