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 I look life around me, and see sweet (Ivoys)

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MessageSujet: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeSam 14 Nov 2015 - 17:24

I look life around me, and see sweet
- And I sing along, I sing along, then I sing along -
Faire les courses, ce truc atrocement banal et chiant à mourir. Un peu comme pour la vaisselle... C’est indispensable mais pas l’activité du siècle. En d’autres termes, Ivory se faisait royalement chier à faire le tour des rayons à la recherche de la sacro sainte bouffe de la semaine, soupirant presque à en fendre l’âme tant elle avait l’air dépitée rien qu’à y penser. Elle adorait manger mais, faire les courses... brrr. Atroce. Rien n’aurait pu être pire que ça -à part se taper un coup de stress de transmutance dans un local fermé à clef bien sûr- mais, le destin ou quoi que ce soit d’autre en avait décidé autrement. Pile à côté d’elle, une femme venait de se racler la gorge en la regardant intensément, les yeux désapprobateurs. La sœur de sa mère. Génial. Pas le genre de personne qu’elle voulait croiser, voir ou pire... parler. Ça n’était pas sans raison qu’elle esquivait volontairement tous les appels susceptibles de provenir de ses proches. Proches... quelle blague.
L’espace d’un instant, elle hésita entre l’insulter copieusement ou tourner les talons. Finalement, elle opta pour un haussement de sourcils sarcastique avec un petit sourire en coin. Une fois qu’elle eut fait son petit effet, elle tourna les talons, le dos bien droit et le menton relevé. Manque de bol, la famille, ça colle souvent, un peu comme un chewing gum sous les chaussures. C’est relou, c’est chiant de s’en débarrasser et en plus c’est dégueulasse. La main qui se posa sur son épaule, elle s’en dégagea aussi sec.

- « Je n’ai rien à te dire. »

- « Ta mère est inquiète et moi aussi. »

- « Elle m’a envoyé ici, qu’elle se débrouille avec sa conscience et toi, tu m’oublies très bien quand ça t’arrange alors continue. Salut. »

Ses achats à moitié terminés, elle prit le chemin de la caisse, paya tout en vitesse une fois son tour arrivé et elle prit la porte comme si elle avait le diable aux trousses ce qui, au final, n’était pas tout à fait faux à ses yeux.
La situation était plus qu’énervante. Plantée devant le magasin à se dire que cette fichue garce avait gagné une manche, elle avait une furieuse envie d’une cigarette. Elle ! Elle qui ne fumait pas bordel ! Ou presque pas. À nouveau, elle tourna les talons mais, pour retourner à l’intérieur et finir ses courses. D’un pas décidé, lancée comme un train à pleine vitesse, elle termina les achats, lui repassant devant en lui intimant de se taire d’un geste de la main en la recroisant juste au moment où elle faisait mine d’ouvrir la bouche.

- « Je ne veux rien entendre, ta gueule. »

Vulgaire, Ivory l’était parfois et là, elle était clairement soft. Elle inspira un grand coup une fois sa liste de courses achevée et reprit à nouveau sa place dans une file, la même caissière. Elle offrit un sourire bienveillant à la femme derrière sa caisse, elle ne méritait pas la colère qu’elle ressentait pour d’autre.
Dehors, elle inspira encore, petit exercice de respiration histoire de retrouver ses moyens. Comme quoi, elle pouvait très bien garder le contrôle d’elle-même. Elle se posa sur un banc quelque part entre le magasin et l’hôpital, les courses à ses pieds. Après une petite fouille des sacs, elle se saisit du cul du pain et le mâchonna distraitement. Mieux valait ça que du chocolat ou des chips. Elle avait tendance à grignoter quand elle était agacée. Dans la foulée, elle éteignit carrément son téléphone. Ça valait mieux. Il ne manquait plus qu’on tente de lui faire la morale. Ce serait vraiment le pompom.
Longuement, elle fixa les environs, cherchant un sujet de contemplation quelconque. Malheureusement, le quartier ne se prêtait pas vraiment à ça et l’église était un peu trop loin pour qu’elle puisse l’étudier, l’analyser comme elle avait envie de le faire. L’art était souvent un refuge pour elle, même s’il était de pierres et pas de toile.



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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeMer 18 Nov 2015 - 23:27

I look life around me, and see sweet
Aloys & Ivory
Il a besoin de prendre l’air, il a besoin de s’arrêter, de respirer. Si on veut être plus honnête : l’hôpital l’a contraint à prendre quarante-huit heures de congés pour qu’il puisse enfin s’autoriser à dormir. Un chirurgien qui ne connait plus ses propres limites, voilà qui peut surprendre. Mais avec la mortalité, c’est la fatigue et l’épuisement qu’Aloys a réappris à connaître. Non pas, bien évidemment, que cela faisait plus de cent-trente années qu’il n’avait pas côtoyé ces deux états mais disons plutôt qu’il y était bien moins sensible ou bien plus résistant, choisissez le terme et le point de vue vous plaisant le plus pour décrire cette aptitude unique qu’il avait de ne pas compter ses heures et de se ressourcer uniquement dans des sourires.

Aloys a besoin de prendre l’air, il ne supporte pas l’atmosphère confiné de son appartement. Il ne supporte de toute manière plus la solitude depuis sa séquestration : il préfère de loin partir errer dans la ville et s’abreuver du contact humain sur la terrasse d’un café. Dormir, se reposer, Aloys l’a fait. Quatre ou cinq heures, ce qu’il peut faire de mieux. Son écharpe s’enroule autour de son coup, son bonnet s’enfonce sur ses oreilles, ses gants en cuir masquent ses doigts pâles et frigorifiés. Si on approche du printemps, il aime le confort et la chaleur que lui procurent la laine et les vêtements d’hiver. Un nuage de buée s’échappe de ses lèvres lorsqu’il s’extirpe de l’immeuble. Où aller, que faire, il n’a pas encore de réponse à ces questions mais il doute d’en trouver. Il préfère se laisser porter par ses regards et son instinct. Ce n’est que lorsqu’il arrive à proximité de l’hôpital qu’il se rend compte que c’est là et uniquement là que son instinct peut le mener. Au centre de sa vie, au centre de son univers. Sa plus grande faiblesse, de toute évidence, puisqu’il est toujours incapable d’opérer qui que ce soit. Il se sent pitoyable, dans des circonstances comme celles-là. Ses pas ralentissent, il se fige face au bâtiment.

Non, il est hors de question qu’il y mette les pieds. Il doit se discipliner, il doit se forcer à se détendre et à profiter du bon temps. Sauf qu’il ignore comment faire. Son regard suit les passants, vibre sous leurs pas précipités, il cherche à les comprendre et un peu d’inspiration. Et il voit le commerce juste à côté de lui. Pourquoi pas, il peut toujours s’y perdre et y chercher un peu d’amusement. Les portes s’ouvrent automatiquement devant lui, son sourire s’élargit tout naturellement. La technologie le dépasse et l’émerveille. Aloys est un enfant, on ne peut le nier, lorsqu’il est ainsi. Entré dans le magasin, il commence à parcourir les étagères. - « Je ne veux rien entendre, ta gueule. » Il sursaute. Cette voix, il la connait. Curieux, Aloys se pince les lèvres, monte sur la pointe des pieds pour attraper une boite de thé et jeter un coup d’œil de l’autre côté du rayonnage. Il sait qu’il la connait, il lui faut juste quelques minutes pour retrouver d’où. La galerie d’art, l’hôpital… Ivory. Il sait qu’elle n’a pas une histoire familiale facile, il sait aussi qu’il peut l’aider en étant là quand elle en a besoin. Comme maintenant. Il la voit repartir dans le magasin, il la voit ressortir, il la voit passer à la caisse et payer ses achats. Un mordillement de lèvres, sa décision est prise en un soupir. Il n’y a même pas à hésiter, en réalité, il sait ce qu’il doit faire depuis le moment où il l’a entendue parler.

A quelques minutes d’intervalle, ils sortent tous les deux du commerce de proximité. Aloys n’a rien acheté, finalement, trop soucieux de ce qu’il se passe dans la tête d’Ivory. Il voit bien qu’elle est perturbée et agacée. Sur les nerfs, même, peut-être. Lorsqu’il la retrouve, elle fixe l’église, sa structure, son architecture, son clocher élancé vers le ciel.

« Ivory ? Tout va bien ? Je t’ai entendue t’agacer, dans le magasin… » Sa voix inquiète se teinte d’une assurance polie et d’une question implicite. Il lui laisse le droit de lui demander de la laisser. Il lui laisse le droit de partir, de ne pas vouloir lui parler. Mais il préfère être là pour lui tenir compagnie, au cas où. N’est-il pas après tout son médecin traitant, en quelque sorte ? Le belge se place à côté d’elle sans rajouter le moindre mot supplémentaire, laissant entre eux une distance respectable.

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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeVen 20 Nov 2015 - 19:19

I look life around me, and see sweet
- And I sing along, I sing along, then I sing along -
Le calme dans la contemplation. La sérénité dans la concentration. Son regard s’arrêta net sur l’église même si elle était trop loin. C’était le bâtiment le plus remarquable dans les environs et ses yeux y restaient accrochés avec obstinations. À aucun moment, Ivory n’avait réalisé qu’Aloys avait été témoin de son accrochage avec sa tante, trop emportée par son énervement pour le remarquer. Elle sursauta presque lorsqu’il lui parla et qu’il s’installa ensuite.
Est-ce que ça allait bien ? Non, loin de là. Ça n’allait pas, elle en avait assez de ces rappels constants de son ancienne vie de la part de ces gens qui auraient dû veiller sur elle et non pas détruire la fin de son adolescence. Il y avait mieux comme période, quoi que... s’ils avaient voulu ça volontairement, ils avaient choisi la meilleure, celle où on a besoin d’avoir une oreille, une épaule. Elle soupira et hocha la tête en signe de négation.

- « Pas vraiment. J’aimerais trouver un moyen de me faire oublier de certaines personnes parfois. »

En particulier sa famille, bien évidemment. Ces gens qui étaient de son sang lui avait fait vivre le rejet et elle ne l’oublierait jamais. Son père était parti du jour au lendemain. Elle avait souffert de multiples rumeurs à San Francisco. Son frère et sa sœur avaient des nouvelles régulières de leur père mais elle, elle n’avait jamais rien eu. Sa mère lui jetait à peine quelques regards. Elle avait vécu en isolation quasi parfaite dans la maison où elle avait grandi jusqu’à ce qu’elle soit envoyée chez sa tante à Radcliff. Une tante qui l’avait toujours regardé avec de la peur au fond des yeux, la maintenant à distance tout en l’enfermant presque. Une vermine en cage, pendant trois ans, voilà ce qu’elle avait l’impression d’avoir été. Et ces gens, tous à l’exception de son père, se permettaient à l’occasion de se rappeler à elle et de lui faire une pseudo leçon de morale voire même l’affront de s’inquiéter. Des hypocrites sans nom, voilà ce qu’ils étaient. Donc non, décidement non, ça n’allait pas et ça n’irait pas tant que ça continuait comme ça.
Elle inspira profondément et se tourna vers Aloys. Il avait l’air fatigué, pas super en forme ou du moins, elle l’avait vu en meilleur état que ça. Elle fronça les sourcils et pinça les lèvres. Elle n’aimait pas trop ce qu’elle voyait et en oublia provisoirement son agacement et la rancune tenace qu’elle nourrissait envers tous les autres Weston et affiliés de son sang.

- « Et toi, comment tu vas ? T’as pas l’air en super forme Aly. »

Aly... on avait vu plus classe comme surnom mais, c’était celui qu’elle utilisait pour nommer Aloys, il était d’ailleurs sous ce nom dans son téléphone. En vérité, quasiment tout le monde était enregistré sous un pseudo plus ou moins idiot ou ridicule dans son répertoire. Personne n’échappait à sa manie des surnoms... Quoi qu’elle avait eu du mal avec Seth, un nom déjà court de base.

Si elle posait la question, ça n’était pas uniquement par politesse, elle s’inquiétait réellement pour lui. Elle l’avait vu passer par une drôle de période sans savoir de quoi il retournait mais, elle n’avait jamais vraiment osé se montrer curieuse, elle n’avait pas non plus osé aller le voir. Le culot qu’elle avait concernant Seth, elle ne l’avait pas concernant Aloys. Ces deux relations étaient d’une importance capitale pour elle mais, elles étaient très loin de se ressembler. Ses réactions différaient donc, ce qui ne voulait pas dire qu’elle n’était pas inquiète.
Le plus surprenant, c’était qu’il était toujours là quand elle avait besoin de lui alors qu’elle ne l’appelait même pas, comme maintenant. Elle avait besoin de se calmer, de parler et il était arrivé, venu de nulle part. Elle ne savait pas si c’était le hasard ou bien s’il avait un feeling, un pouvoir, quoi que ce soit mais, elle était infiniment reconnaissante. Elle ne comptait plus le nombre de fois où il avait été là pour discuter et lui remonter le moral.

- « Comment tu fais, pour toujours être là quand il faut ? »

La question tombait un peu de façon inattendue mais, quand on la connaissait, ça n’avait rien de si surprenant. Le flot de pensées d’Ivory était chaotique, rarement organisé et niveau priorité, elle avait aussi des choses à revoir. Il avait dû s’y faire puisqu’il ne semblait pas particulièrement ennuyé par le phénomène.



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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeMar 24 Nov 2015 - 18:02

I look life around me, and see sweet
Aloys & Ivory
Lorsqu’on demande à Aloys s’il compte un jour arrêter d’être systématiquement naïf et candide voire totalement crédule dans sa gentillesse, et s’il a conscient d’être parfaitement niais et risible, il prend le temps de respirer avant de répondre que ses choix ne regardent que lui, et qu’il préfère vivre en voyant chez l’Homme ce qu’il y a de meilleur plutôt que de céder à la facilité de la colère. Parfois, il va même jusqu’à expliciter le fond de sa pensée en articulant posément un Non, je ne compte pas arrêter d’être celui que je suis.

Il suit son instinct lorsqu’il suit Ivory, il suit son inquiétude lorsqu’il suit la jeune fille avec discrétion et tranquillité. Il ne veut pas s’imposer, ça non, mais il ne veut surtout pas lui refuser le droit de parler à un ami. Il s’en voudrait trop d’apprendre par la suite qu’elle avait besoin de lui et que sa seule crainte de la déranger l’en avait privé. Aloys faisait partie de ces personnes qui préféraient donner le choix aux gens de l’accepter ou de le rejeter plutôt que de présumer de lui-même de leur décision. Il la rejoint, son regard glisse sur l’église qu’elle observe. Sa voix inquiète rompt le silence, son attitude respire la sérénité et le souci lorsqu’elle se tourne vers lui. Le simplement fait qu’elle soupire le conforte, il fait quelques pas et s’installe à côté d’elle sans rajouter un mot. Il la quitte du regard et se met lui aussi à ausculter les formes du bâtiment religieux. « Pas vraiment. J’aimerais trouver un moyen de me faire oublier de certaines personnes parfois. » Le voilà qui hausse un sourcil.

Il sait très bien, et depuis des années maintenant, que les relations entre Ivory et sa famille sont tendues voire pleinement conflictuelles. Ca le désole de voir une famille déchirée de la sorte, il n’a que trop en mémoire son dernier divorce qui remonte à présente à plus de quarante cinq ans. Il n’a que trop en mémoire, aussi, le rejet de ses deux dernières femmes, la crainte dans leur regard en s’apercevant qu’il ne pouvait vieillir et était condamné, à l’époque, à l’immortalité. Se faire oublier, ce n’est pas la bonne solution, il en est certain. Et pourtant… comment peut-il être crédible en disant ça alors qu’il a lui-même mis nombre de frontières et d’années entre lui et les siens. Certes, il reste très attaché avec les de Miribel, mais il ne foule que deux fois par an les terres de son domaine. Et de sa troisième épouse, nulles nouvelles depuis qu’elle lui a ordonné de partir et de disparaître de sa vie. Se faire oublier… Cent soixante deux ans, ça permet à un homme d’accumuler les conflits autant que les réconciliations. « Tu sais, se faire oublier ce n’est que fermer les yeux sur un conflit qui risque de s’infecter. Ce n’est en rien une solution, bien que je la respecte. » S’il ne veut pas être agressif, il ne veut pas pour autant mentir. Son soupir et sa crispation sont notables dans sa voix, tout comme son anxiété à l’idée de voir ses propos être mal perçues par la jeune fille.

Aloys inspire lentement, soupire et se masse le cou endolori par le manque de sommeil et ses heures de garde un peu trop multipliées. Il sait que l’hôpital a raison de le forcer à prendre des congés mais il ne peut s’empêcher de se dire que ce n’est pas en restant oisif qu’il parviendra à retourner au bloc opératoire. « Et toi, comment tu vas ? T’as pas l’air en super forme Aly. Comment tu fais, pour toujours être là quand il faut ? » Le surnom, la question, la remarque : la succession des trois parcourent le dos d’Aloys dans un frisson d’angoisse. C’est étrange de la voir se faire du souci pour lui. Il croit d’ailleurs se souvenir avec ses vingt-six ans, elle s’est rapprochée au fil des saisons de ses vingt-huit ans théorique ce qui rend leur amitié assez étrange sur ce plan là. De jeune patiente, la voilà passée au rang d’ami de son âge, à plus d’une centaine d’années près.

Aly. Aloys n’a jamais eu de surnom. En réalité, ce n’était guère l’usage à la fin du dix-neuvième siècle et ça n’a jamais été spécialement dans son caractère que de se composer d’éventuels alias. Même les premières décennies ne l’ont pas vu s’affubler d’un pseudonyme. Aly. Ce surnom l’amuse autant qu’il le perturbe parce qu’Aloys est trop déphasé pour répondre à une autre appellation que la sienne. Mais il les aime bien tout de même, ces deux syllabes. Elles ont quelque chose de rafraîchissant, quelque chose qui le force à ne pas avoir cent-soixante-deux ans mais seulement vingt-huit. T’as pas l’air en super forme. Est-ce si évident ? Comment tu fais, pour être là quand il faut ? Un haussement d’épaule finit par échouer. « Il faut croire que le hasard est heureux ou les coïncidences nombreuses. Mais quoiqu’il en soit, je suis heureux d’être toujours là quand il faut. » Un petit soupir. « Je vais bien, ne t’en fais pas. Quelques nuits difficiles à l’hôpital, une succession de gardes, il y a trop d’hospitalisés et pas assez de personnels malheureusement. Et je pense que tu me connais un peu : j’ai du mal à connaître les limites de ma fatigue. » Surtout depuis qu’il a été vacciné, rajoute-t-il en silence. Mais assez parlé de lui, il préfère s’intéresser à elle et à ce qui la trouble, à ce qui la met de mauvaise humeur. « Ivory, je… » Il cherche le meilleur moyen de la faire évacuer ce qui l’énerve à ce point. « Je ne crois pas t’avoir déjà parlé de ma dernière femme. Nous avons divorcé il y a de cela une quar.. » Comme toujours, il vit si bien avec son immortalité qu’il ne s’aperçoit qu’un peu tard de son étourderie. Et bien soit, qu’il achève sa phrase puisqu’il est bien parti. « quarantaine d’années. C’est elle qui a demandé le divorce et bien plus que ça : elle m’a interdit de revenir dans sa vie, de voir mon fils, d’exister tout simplement. Je me suis exécuté parce que j’ignorai quoi faire d’autre. Sais-tu ce que je regrette ? C’est de ne pas avoir pu ou voulu discuter avec elle avant. Le dialogue, c’est la clé de bien des choses. Sans dialogue, il n’y a que des non-dits et c’est ce qui s’infecte le plus vite, comme une plaie qu’on refuse de voir et qu’on veut oublier. » Aloys sent bien qu’il s’exprime comme un grand père moralisateur, mais il espère que la jeune fille va surtout comprendre qu’il ne veut ni la forcer à aller vers sa famille, ni la faire culpabiliser, seulement lui donner les clés pour réfléchir. « Que leur reproches-tu exactement ? »

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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeLun 30 Nov 2015 - 22:59

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Parler à Aloys avait toujours été facile, d’aussi loin qu’elle se souvienne en fait. Il était calme, posé. Il aurait probablement réussi à calmer un hyperactif. Ou alors, c’était juste sur elle que son aura de tranquillité fonctionnait, elle n’en savait rien. Quand il parlait, elle écoutait juste et surtout, elle était capable de lui parler presque posément quand il s’agissait de sa famille, ce qui n’était pas rien. Il a toujours su qu’elle avait des problèmes avec eux, il n’a pu que savoir aussi quand elle a appris que son enfoiré de père était en ville. Seth s’était empressé de le lui annoncé pour qu’elle ne tombe pas dessus par hasard et aussi pour qu’elle se prépare. Sauf qu’elle, elle n’en avait rien à foutre, elle ne voulait surtout pas le voir, quoi qu’il foute là et tant qu’il restait bien loin.
Alors oui, elle voulait juste que sa famille l’oublie, elle en avait une autre de famille finalement, une qu’elle avait choisi elle-même et une sur laquelle elle pouvait compter. Ils n’étaient pas bien nombreux ces gens mais, ça lui allait comme ça. Elle avait son petit monde et tant qu’à faire, si elle pouvait s’y enfermer, c’était encore mieux. Elle soupira, Aly la sagesse le retour de la vengeance du sage.

- « Si tu le dis. Mais tu sais, je ne suis pas certaine qu’il reste encore quelque chose à envenimer dans cette famille ou même dans ses relations. »

Elle n’en voulait pas à Aloys, pour certaines personnes, la famille était quelque chose de sacré qu’il fallait protéger. La sienne n’avait juste jamais eu ce rôle ou en tout cas, l’avait perdu au pire moment et elle avait dû faire avec. La notion de liens du sang ne lui parlait pas. Elle s’en fichait. Ni son frère ni sa sœur ne comptaient vraiment, quant à sa mère ou pire... son père, n’en parlons même pas. Alors Ivory s’inquiétait de ceux qui en valaient la peine, comme son ami à côté d’elle et ça n’était pas feint, elle était juste sincèrement inquiète. Il ne répondit pas tout de suite pourtant, comme s’il réfléchissait à quelque chose en même temps. Elle avait souvent remarqué ça avec lui, il semblait parfois ailleurs, déconnecté même si finalement, il revenait toujours sur terre à un moment ou un autre.
En tout cas, si le hasard faisait bien les choses concernant Aloys, il en faisait des belles des boulettes sur le reste, le hasard.

- « Tu sais Aly, tu ne peux pas sauver tout le monde, tu n’es pas non plus tout seul. Tu dois te reposer ou tu vas te tuer à la tâche. »

Ce n’était pas comme si cette conversation n’avait pas déjà eu lieue. Ivy estimait qu’Aloys en faisait trop et qu’il ne vivait pas assez pour lui et elle trouvait ça triste. En même temps, elle se voyait mal l’inviter chez elle pour craquer un pétard. Elle était à peu près certaine que ça n’était pas son genre et c’était pareil pour le partage d’une bière ou d’un bon verre. Elle aurait bien aimé faire quelque chose pour lui mais, elle ne savait pas quoi.

Quand il mentionna son nom sur un ton qui appelait à l’écoute, elle tendit l’oreille, fronçant les sourcils. Par deux fois, il s’était arrêté, comme s’il cherchait ses mots ou les redirigeait. Ça n’était pas la première fois que ça arrivait mais, c’était la première qu’il hésitait autant. Quand elle reprit, elle fronça d’autant plus les sourcils et le dévisagea. Quarante ans ? Est-ce qu’il se fichait d’elle ? Bien sûr la personnalité d’Aloys était un peu décalée, son discours souvent emprunt de nostalgie ou même d’une certaine certitude quand à ce qu’il avançait alors que les faits dataient. Elle avait eu des conversations passionnantes sur l’art avec lui, comme s’il avait vu passé les courants et ça l’avait fascinée mais... Bon sang, il n’avait pas l’air de plaisanter. Un fils. Ben merde. Et... il était comme elle. Du moins, il avait un don, c’était obligé. Il avait quoi, même pas la trentaine à vue de nez !

- « Tu... »

Elle se passa une main sur la nuque, comprenant un peu mieux certaines choses et elle soupira. Il lui avait lâché une bombe, c’était son tour de le faire. Elle inspira profondément et regarda tout de même aux alentours. Personne d’assez proche pour écouter leur conversation. À Radcliff, mieux valait faire attention à tout.

- « De m’avoie abandonnée ? De m’avoir chassée ? J’ai été envoyée ici, à Radcliff par ma mère qui... j’en sais rien. Elle ne pouvait sans doute plus supporter d’avoir engendré un monstre. Mon frère et ma sœur ne me parlaient pas. Mon père s’est tiré peu après mes dix-huit ans sans que je sache pourquoi, quoi que j’ai un doute, tout en continuant à parler avec mon frère et ma sœur mais, pas moi. J’ai été reniée, en quelque sorte, par les gens qui étaient censé prendre soin de moi. Comment j’dois prendre qu’on s’inquiète soudainement pour moi alors que personne n’en a jamais rien eu à faire dans la famille ? Encore moins la sœur de ma mère qui avait peur de moi. »

D’autres avaient sûrement vu pire mais, elle avait été entourée, élevée avec un certain regard sur le monde. Et puis, tout d’un coup, tous les jolis principes qu’on lui avait mis dans le crâne n’avaient plus eu aucun sens et ne voulait plus rien dire pour elle juste parce qu’elle était différente. Elle avait perdu sa famille, ses amis, ses repères, son innocence, son optimisme et sa foi, le tout, en l’espace de quelques mois. Alors oui, elle était parfois cynique et sarcastique, franchement pessimiste mais, il y avait de quoi.
Elle avait gardé une intonation basse mais, il n’était pas difficile de deviner que tout ça continuer à lui peser encore et encore. D’autant plus qu’elle venait d’avouer à mi-mot ce qu’elle était sans le dire vraiment.



Dernière édition par Ivory Weston le Dim 13 Déc 2015 - 1:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeMar 8 Déc 2015 - 23:34

I look life around me, and see sweet
Aloys & Ivory
L’une des principales qualités d’Aloys est sans nul doute sa sincérité teintée de diplomatie. Il sait que les vérités crues peuvent être blessantes mais connait encore mieux la perversion induite par le mensonge. Et il sait aussi que mentir par action ou par omission n’a jamais été une solution réellement durable. C’est ce qu’il tente d’expliquer à Ivory avec ce naturel doux et calme qui le caractérise, c’est que garder la distance avec sa famille n’arrangera rien entre eux. Que c’est juste une fuite, un rapport à une date ultérieure de cette confrontation inévitable. Ce n’est en rien une solution murmure-t-il sans vouloir la blesser. D’ailleurs, le belge s’empresse de rajouter qu’il respecte tout à fait le choix de la jeune fille, pour la simple raison qu’il aurait tendance à faire de même, lui aussi. N’est-ce d’ailleurs pas ce qu’il a fait avec sa troisième épouse ? Fuir, sans demander son reste, préférer la simplicité à une discussion aussi délicate que douloureuse ? « Si tu le dis. Mais tu sais, je ne suis pas certaine qu’il reste encore quelque chose à envenimer dans cette famille ou même dans ses relations. » C’est un sourire triste qu’il lui offre en retour. Son éternel optimisme et sa foi inébranlable en l’être humain lui interdisent tous deux d’être aussi catégorique, mais il ne peut en vouloir à celle qu’il a tendance à considérer comme sa protégée – comme la plupart de ses pairs, soit dit en passant – de ne pas avoir la même confiance. Entre vingt-six et cent-soixante-deux ans, plus d’une vie s’intercale après tout et change la perception du monde.

Un soupir, Aloys reste dans ses pensées, se perd dans ses réflexions et profite pendant quelques secondes de ce congé qu’on lui a imposé. Il souffle, le chirurgien, en regardant devant lui la haute stature de l’église et un peu plus loin dans le quartier, celle bien plus imposante encore de l’hôpital. Son lieu de travail, son lieu de vie. T’as pas l’air en super forme. La question extirpe Aloys de ses pensées avec violence. S’il n’a pas l’air en super forme ? Voilà qui est définitivement l’avis de bien des personnes, c’est regrettable. Et Aloys n’est pas homme à se plonger facilement dans le déni : il est conscient que ces dernières semaines, il a poussé son corps dans ses retranchements et que ces cernes n’ont plus rien d’anodin désormais. Ses traits tirés non plus. Mais il veut travailler, il veut s’occuper l’esprit, il veut retrouver le chemin du bloc opératoire et surtout se sentir utile auprès de la population. « Tu sais Aly, tu ne peux pas sauver tout le monde, tu n’es pas non plus tout seul. Tu dois te reposer ou tu vas te tuer à la tâche. » Tu vas te tuer à la tâche. Cette phrase, simple, le frappe plus que tout le reste et vide ses poumons de tout oxygène. Il sent de l’inquiétude dans les yeux d’Ivory mais plus que tout, il est forcé de regarder la vérité en face. Il peut mourir. Véritablement. Il a toujours eu tendance à beaucoup trop travail, prompt comme il est à se donner aux autres avec naturel et spontanéité. La seule différence, c’est que maintenant… ce n’est plus seulement une façon de parler, c’est une réalité. Et qu’il a beau avoir tendance à l’oublier, il doit s’habituer à cet état de fait. Aloys soupire une nouvelle fois et préfère se concentrer sur ce que vit Ivory et sur ce qui la trouble à ce point. Pendant quelques instants, il cherche une façon de la mettre en confiance pour l’aider à se confier si elle en ressent le besoin. Ivory, je… Aloys opte pour la façon la plus simple de parler : commencer à lui confier quelque chose de lui afin que l’échange soit équitable. Sa femme. Sa troisième femme, très exactement. Ils ont divorcé il y a une quarantaine d’années maintenant, il a un fils : aucune prudence dans les propos du chirurgien qui a bien souvent du mal à faire la part des choses entre ce qu’il sait et ce qui est loin d’embrasser la normalité. Une femme, un fils, un adulte. Aloys est très sérieux, il ne laisse pas seulement son instinct parler mais aussi sa réflexion. Il lui confie ce qu’il regrette, ce départ du Brésil et cet abandon bien contre son gré de son fils, ou de sa fille d’ailleurs bien que son instinct lui hurle que son deuxième né est un garçon. Sais-tu ce que je regrette ? Une pointe de douleur fait trembler sa voix. Le manque de dialogue, le mensonge par omission dans lequel il s’était enveloppé jusqu’à ne plus laisser le choix à son épouse. Son immortalité lui a coûté bien plus que ce que l’on pourrait croire. « Tu... » Le regard d’Aloys glisse sur Ivory avec une patience paternelle. Intérieurement, il réfléchit : autant à ce qu’il vient de dire qu’à ce qu’il sait de la jeune fille depuis tout ce temps. Que leur reproche-t-elle exactement ? La question est légèrement indiscrète mais Aloys espère qu’elle ne se sent pas obligée de répondre. Et que si elle lui fait l’honneur de le faire, c’est parce qu’elle a confiance en lui et qu’elle pense qu’il pourrait l’aiguiller vers une réconciliation ou du moins vers une certaine paix intérieure. « De m’avoir abandonnée ? De m’avoir chassée ? J’ai été envoyée ici, à Radcliff par ma mère qui... j’en sais rien. Elle ne pouvait sans doute plus supporter d’avoir engendré un monstre. Mon frère et ma sœur ne me parlaient pas. Mon père s’est tiré peu après mes dix-huit ans sans que je sache pourquoi, quoi que j’ai un doute, tout en continuant à parler avec mon frère et ma sœur mais, pas moi. J’ai été reniée, en quelque sorte, par les gens qui étaient censé prendre soin de moi. Comment j’dois prendre qu’on s’inquiète soudainement pour moi alors que personne n’en a jamais rien eu à faire dans la famille ? Encore moins la sœur de ma mère qui avait peur de moi. »

Une petite moue désolée se loge sur les lèvres du vieil homme au corps de jeune adulte. Il s’excuse en silence d’avoir fait remonté autant de rancœur, de vieilles blessures mal cicatrisées. Et il culpabilise, aussi, parce que quelque part, il a l’impression qu’il pourrait entendre son deuxième enfant s’exprimer. Il a l’impression, aussi, qu’il pourrait s’exprimer lui aussi de cette manière. Qui l’a chassé ? Sa femme, ses femmes, son fils aîné aussi. Dans un accord qu’ils ont passé tous les deux, d’homme à homme, tous les deux âgés de la vingtaine en apparence. D’avoir engendré un monstre. Un frisson parcourt la colonne vertébrale d’Aloys qui se rend compte pour la première fois en treize décennies de ce que ses gênes portent. Une main fraternelle se pose sur l’épaule d’Ivory, dans un contact qui se veut léger pour ne s’imposer et devenir intrusif. Nul besoin d’heures de réflexion pour prendre une décision, Aloys sait ce qu’il a à faire et ce qu’il a à dire. Et plus encore : il comprend ce qu’il y a à comprendre, mis sous ses yeux depuis des années, placé en évidence devant lui pour qu’il n’ait pas besoin de poser la moindre question indélicate. « Tu n’es pas un monstre, j’espère que tu le sais. Tu es juste légèrement différente, sans que ce ne le soit en mal. Vois-tu… » Il fait une pause, cherchant le bon mot, la bonne formulation. « … je doute que cela t’étonne mais je ne suis pas aussi jeune qu’il n’y parait. Je suis… j’étais… immortel. » Le voilà qui navigue véritablement à vue. « Les premières années, ça ne se voyait pas, bien sûr. Mais lorsque tu vois ta femme vieillir, rendre ride, lorsque tu vois ton fils grandir et que devant le miroir, aucun de tes traits ne se figent… cela devient évident. Je suis un monstre. J’étais un monstre à leurs yeux pour la simple raison que je n’étais pas explicable. » Qu’il est dur pour lui de parler aussi simplement de faits vieux de treize décennies. « Il n’a fallu que cinq ans pour qu’on en vienne à simuler ma mort et pendant dix ans, j’ai été enfermé dans une des ailes de mon manoir avec interdiction de paraître. Finalement, il a été plus simple pour mon fils de me chasser de la propriété. » Il la regarde dans les yeux maintenant, se déplaçant pour se retrouver face à elle. Sans un mouvement brusque, il pose ses deux mains sur les épaules d’Ivory. « Je ne cherche pas à les excuser, je ne cherche pas à te faire accepter les actions de ta famille, ce n’est pas mon rôle et ce serait même malvenu de ma part, mais… essaye peut être de voir les choses de leur point de vue et en ayant fait cela, il te sera peut être plus simple dans un premier temps de leur pardonner, et dans un second temps peut être te sera-t-il possible de leur faire ouvrir les yeux. » Il se recule d’un pas, haussant les épaules, se mordillant la lèvre, se passant une main dans les cheveux. « Tu ne penses pas ? »

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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeMer 9 Déc 2015 - 23:58

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Le sujet de la famille était toujours délicat à aborder pour Ivory. Elle n’avait jamais digérer ce qu’ils avaient fait et n’était certainement pas prête à le faire. Ils en avaient tantôt trop fait, tantôt pas assez. Ils l’avaient abandonnée à bien des niveaux et elle avait du faire avec, que ça leur plaise ou non, elle ne leur devait plus rien du tout depuis des années maintenant. Elle trouvait on ne peut plus hypocrite de la part de sa tante d’oser dire qu’elles étaient inquiètes, elles s’en foutaient. Quand on s’inquiète pour les gens, on les appelle, on leur écrit. Elle savait pour leur avoir donné son adresse et son numéro qu’elles n’avaient aucun problème pour la joindre et c’était pareil pour son frère et sa sœur. Ils n’avaient jamais appelé, écrit, n’étaient jamais passé. Il n’y avait plus de questions à se poser à ce stade. Elle avait sa propre famille en quelque sorte, les quelques amis en qui elle avait une confiance aveugle même si elle ne leur disait pas tout parce qu’elle avait juste bêtement peur. Elle avait compris qu’à force de craindre, on gardait des réflexes et ces réflexes étaient profondément ancrés en elle. Elle avait compartimenté sa vie pour mieux la vivre. Elle savait qu’il lui faudrait résoudre et rassembler les pièces un jour mais, elle n’était certainement pas prête à le faire. Elle avait besoin de ça pour continuer à avancer dans ce monde qui devenait de plus en plus dégueulasse, c’était sa douleur et sa force, son générateur de colère faute de trouver la bonne nuance de déclencheur et surtout de maîtriser. Avec Malachi, elle avait bien compris qu’elle ne faisait pas les choses correctement pour gérer sa mutation mais, elle ne se voyait certainement pas demander à quelqu’un de l’aider. Comment pouvait-on aider d’ailleurs ? Chacun avait sa propre mutation, sa propre façon de gérer. C’était ce dont elle était convaincue en tout cas.
Aloys, c’était son contraire, il était optimiste lui, il voyait les belles choses, elle le savait. Il trouverait sûrement un moyen de lui dire qu’il y avait encore quelque chose à faire ou elle ne savait trop quoi. Elle l’enviait parfois, de voir les choses comme ça, ça devait être reposant. Ils étaient deux peluches de nature différente et à la fois identique. Il lui rendait foi en l’humanité, parfois en tout cas... ça ne marchait malheureusement pas toujours. Elle comprenait encore moins comment il parvenait à garder un tel optimisme alors qu’il vivait depuis si longtemps.

Elle lâcha un soupire à fendre l’âme quand il lui assura ne pas être un monstre. Elle en avait douté pendant longtemps mais, elle savait aujourd’hui qu’elle n’en était pas un, qu’elle avait juste, effectivement, quelque chose de différent. Elle comprenait très bien que certains mutants pouvaient foutre les jetons, que d’autres étaient dangereux. Elle ne niait pas la véracité de la situation. Elle en avait juste assez des amalgames. Elle ne voulait que vivre après tout, rien de plus, juste être tranquille, faire la fête, sortir, s’amuser et même retomber amoureuse. Pourquoi pas après tout ? Elle n’allait pas renoncer à cause d’un connard qui l’avait frappée parce qu’il n’avait pas accepté qu’elle soit différente de lui.
Ivy, tout en écoutant Aloys remonta ses jambes sur le banc, enlaçant ses jambes fléchies, se blottissant contre elles. Elle avait saisi qu’il n’avait pas exactement l’âge qu’il prétendait avoir quand il avait dit qu’il avait divorcé il y avait quarante ans, en revanche, elle n’avait pas saisi ce qu’impliquait cet aveux. Il avait été immortel. Il était... Quelqu’un avait vacciné Aloys, un être profondément bon et gentil. Les hunters ne reculaient devant rien. Elle enragea intérieurement, ne comprenant vraiment pas comment il arrivait à garder une telle foi en l’humanité. Quand il bougea, elle releva la tête et les yeux, fixant les siens.

- « Je ne peux pas les pardonner... J’avais besoin d’eux. Besoin de soutien. Je peux comprendre qu’ils avaient peur, qu’ils ne comprenaient pas mais, tout ce qu’ils m’ont fait, la façon dont ils m’ont traitée, je ne peux pas balayer ça. Je pourrais peut-être oublier un jour, au moins tourner la page mais pas pardonner. Quant à leur faire ouvrir les yeux... Mon dieu... » Elle se passa un pouce sur un sourcil. « Je ne crois pas que ce soit possible. Je n’ai pas envie de me battre contre des moulins à vent. C’est épuisant, une tâche interminable et je n’en ai ni l’envie ni la force. » Elle se détendit un peu et soupira encore. Aloys avait cet effet apaisant. Il était tellement posé, calme, c’était communication. Pour elle en tout cas. « J’aimerai que ce soit possible, vraiment. Ce serai véritablement génial qu’ils comprennent, de pouvoir leur pardonner, leur parler, leur expliquer à quel point ça m’a blessé mais... Je n’y crois pas. Je ne sais pas comment tu fais pour être si optimiste. Tu en as tellement vu, on t’a volé une partie de toi-même et toi tu... On dirait que tu gardes foi en l’être humain, même le pire. »

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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeSam 19 Déc 2015 - 11:02

I look life around me, and see sweet
Aloys & Ivory
Si Aloys a conscience de marcher sur des œufs, ce n'est pas pour autant qu'il va faire demi-tour. Non. Au contraire, il se montre bien plus prudent et délicat, se contente d'être dans le constat et le conseil plutôt que dans l'accusation et effleure avec douceur le sujet sensible pour tenter de crever l'abcès et d'apporter écoute et réconfort à sa petite protégée. Tu n'es pas un monstre commence-t-il. Non, elle n'est pas un monstre, et il faut qu'elle le comprenne, qu'elle l'assimile, qu'elle en soit convaincu. Si lui aussi il s'est cru monstrueux à une époque ? Bien évidemment. Personne ne savait ce qu'il était, ce qu'il avait, personne ne parvenait à justifier son incapacité évidente à mourir et à être atteint par l'âge ou les blessures. Tu n'es pas un monstre : cette évidence se revêt d'une importance capitale dans leur cas.

Le soupir d'Ivory quand il le lui assure est éloquent, le contact qu'il lui propose, d'une main posée sur l'épaule, se raffermit comme pour véhiculer sa propre sérénité. Il n'est certes pas doué de la même habileté que le professeur Porter pour transmettre cette paix intérieure mais il espère être suffisamment rassurant pour que nulle mutation ne soit nécessaire. Nulle mutation, juste des mots, choisis avec soin et soucis. Elle n'est pas un monstre, elle est juste différente. Il n'est pas aussi jeune qu'il n'y paraît, il est, il était immortel. Aloys ne sait pas ce qu'il veut lui dire, il se contente de naviguer à vue et de suivre son instinct et des décennies de gentillesse. Il en vient à parler de lui-même, avec une simplicité qui le caractérise. Il n'a pas l'habitude de parler de faits aussi vieux et il  peine presque à les exprimer en anglais et non dans son français natal. Il parle de son immortalité, des premières années… Il ne cherche pas d'excuses au comportement de sa famille, il ne demande même pas à Ivory de justifier ce que ses proches ont pu lui faire, ce que leurs proches ont pu leur faire… Aloys, au final, n'émet qu'une seule demande voire un seul conseil : il faut essayer de comprendre, de se mettre à la place des autres pour mieux éviter les quiproquos et découvrir, aussi, comment communiquer avec eux. Aloys sait tout à fait que ce n'est pas facile, que ça n'a rien d'aisé que de se mettre dans la peau des autres, mais il sait aussi que c'est l'une des seules façons de réellement être en paix, autant avec soi-même qu'avec son entourage.

Il y a plus de douze décennies, Aloys aurait pu mal le vivre que d'être enfermé dans son manoir pendant qu'on célébrait ses funérailles et que la vie continuait son cours sans qu'il n'ait le droit d'exister, mais ca lui semblait si évident à l'époque que c'était la meilleure solution qu'il était incapable d'en vouloir à son fils d'en être venu à cette extrémité. Tout comme son bannissement de leurs terres. Aloys aurait pu leur en vouloir, il aurait pu ressasser une certaine rancoeur contre cette injustice qui lui a interdit et une vie normale, et une mort normale. Mais… la vie est ainsi, il ne peut reprocher à qui que ce soit leurs décisions puisqu'elles n'étaient fondées que sur une volonté de bien faire et résultaient toute d'une intense réflexion sur ce qu'il y avait de mieux à faire.

Du coin de l'oeil, Aloys observe Ivory. S'éloigne pour prendre du champ, du recul, pour ne pas s'imposer davantage. Il se comporte comme un grand-père moralisateur, il le sait, mais il ne parvient pas non plus à agir autrement. Il aimerait tant chasser des yeux de la jeune fille cette lueur de colère. Elle relève la tête, leurs pupilles se heurtent et le chirurgien comprend que s'il n'a pas vexé sa protégée, il n'a pas pour autant réussi à la convaincre. « Je ne peux pas les pardonner... J’avais besoin d’eux. Besoin de soutien. Je peux comprendre qu’ils avaient peur, qu’ils ne comprenaient pas mais, tout ce qu’ils m’ont fait, la façon dont ils m’ont traitée, je ne peux pas balayer ça. Je pourrais peut-être oublier un jour, au moins tourner la page mais pas pardonner. Quant à leur faire ouvrir les yeux... Mon dieu... Je ne crois pas que ce soit possible. Je n’ai pas envie de me battre contre des moulins à vent. C’est épuisant, une tâche interminable et je n’en ai ni l’envie ni la force. » Il est déçu, bien sûr, mais il chasse sa déception dans un sourire compréhensif. Il est déçu tout en sachant pertinemment qu'il ne pouvait s'attendre à une autre réaction. Il espère juste qu'un jour elle parviendra à surmonter sa colère pour laisser une chance à sa famille de jouer le rôle qu'elle n'a pas su jouer au moment critique. Et il espère plus encore que la famille d'Ivory prendra et assumera elle aussi sa responsabilité et rendra les armes pour que ce qui ne doit pas être en conflit soit en paix, et que ce noyau sacré se ressoude. « J’aimerais que ce soit possible, vraiment. Ce serai véritablement génial qu’ils comprennent, de pouvoir leur pardonner, leur parler, leur expliquer à quel point ça m’a blessé mais... Je n’y crois pas. Je ne sais pas comment tu fais pour être si optimiste. Tu en as tellement vu, on t’a volé une partie de toi-même et toi tu... On dirait que tu gardes foi en l’être humain, même le pire. » Aloys hausse les épaules avec une maladresse qui lui ressemble sans pour autant lui être habituelle. Il revient à côté d'Ivory, avec ce maintien qui le fait souvent détonner dans une foule. Aloys mélange sans le savoir une douceur et une nonchalance qui le pousse à être accessible avec une droiture et un maintien d'un autre siècle.

« Je comprends, ce n'est pas grave, ça viendra peut être avec le temps, tu as la vie devant toi… et eux aussi. » Il ne veut pas qu'elle puisse croire qu'elle est la seule à devoir faire des efforts, Aloys compte aussi sur sa tante, ses cousins, ses parents pour faire eux aussi des pas en avant et davantage encore. Mais ils ont le reste de leur vie, ils ont du temps. Comme lui en a eu. Tu gardes foi en l'être humain, même le pire. Aloys laisse son regard se perdre sur un point invisible. Même le pire. Même le pire. « Il n'y a pas de pire, Ivory, il n'y a que des personnes… perdues. Qui ont besoin d'aide. Je ne sais pas si c'est une question d'avoir foi ou non, c'est juste que… je préfère penser que toutes les personnes qui agissent mal pensent agir bien et oeuvrent donc mal en pensant être dans le juste plutôt que de les croire capable de faire le mal pour faire le mal. Les monstres n'existent pas, il n'y a que des... » Il cherche le mot juste. « Il n'y a que des égarés et c'est en restant nous même, en montrant l'exemple qu'on peut les faire ouvrir les yeux sur la seule manière de cohabiter en paix et de se révéler pleinement en être humain : par la bonté. » Il en est très sincèrement convaincu. Personne n'est un cas désespéré, il n'y a pas de pires personnes. Il refuse de le croire. « Tu sais… je... » On t'a volé une partie de toi-même  Un frisson, sa voix de brise et s'éteint lorsqu'il songe à cela. On lui a volé une partie de lui même, on lui a ôté sa particularité… S'il est en colère ? Non. Il serait plus juste de le décrire comme profondément marqué, profondément blessé, handicapé.  « Ivory, ceux qui m'ont fait ça... » La douleur se diffuse dans ses veines, se perd dans ses muscles, dégringole ses os, trouble son regard. Il est obligé d'inspirer posément pour ne pas paniquer. « Ce ne sont que des gamins. Des enfants… Je… » Une nouvelle interruption, il cherche encore ses mots. « Je ne dors plus. Je mange à peine. Je suis incapable d'opérer sans… sans inverser les rôles, sans me souvenir… Ivory, si je commence à penser qu'il n'y a pas d'espoir pour ceux qui ont cru agir correctement en me… en quoi puis-je avoir la foi ? Si je refuse de croire qu'ils peuvent changer, comment puis-je espérer moi-même guérir ? »

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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeDim 27 Déc 2015 - 12:54

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Aloys avait toujours cette tendance à voir les choses du bon côté qu’Ivory ne comprenait pas. Il était d’une diplomatie rare, ce qu’elle, elle n’avait jamais été. Elle avait une inclinaison très nette à dire les choses comme elles étaient sans passer par des détours et ça lui jouait parfois des tours mais, avec lui, elle se retenait. Elle essayait. Il était toujours adorable et réconfortant, toujours là quand elle en avait besoin sans qu’elle ne sache comme il faisait pour trouver les mots justes. Et c’était d’autant plus vrai maintenant qu’elle savait ce qui lui était arrivé. Oh, bien sûr, ses conseils concernant sa famille étaient à son image. C’était de la gentillesse pure, de la gentillesse incarnée même et elle aurait aimé pouvoir les appliquer ses conseils sauf qu’elle ne pouvait pas. Ivy ne pouvait tout simplement pas se résoudre à leur pardonner ce qu’ils avaient fait, c’était trop dur. Au-delà de l’éducation, ils avaient agi de façon ignoble et parfois même bien plus que ça encore à son égard. Oui, oublier, elle le pourrait peut-être, comme elle le lui avait dit mais, pardonner, elle n’en était tout simplement pas capable. Évidemment qu’Aloys aurait aimé entendre qu’elle les pardonnerait, il était comme ça, cette fameuse gentillesse incarnée, cette eau tranquille et calme sauf qu’elle ne pouvait pas lui mentir en lui disant qu’elle le ferait. Ça n’était pas honnête et avec lui, elle l’était.

Elle sourit, un peu amer. La vie devant elle hein ? Oui, si un malade ne la lui prenait pas avant. À Radcliff, trop de choses étaient possible et parfois, elle avait effectivement peur. Peur qu’on l’abatte en pleine rue. Ce ne serait pas la première fois que ça arriverait à un mutant sans que beaucoup de monde n’en soit chagriné. À nouveau, elle esquissa un sourire mais un peu plus amusé. Il était incorrigible. Des personnes perdues. Bon sang, certaines étaient plus que perdues. C’était bien au-delà du bien et du mal, d’agir mal pour le bien ou l’inverse même, car elle ne doutait pas que les deux cas de figures étaient plus que probable à Radcliff. De plus, elle n’était pas d’accord, les monstres existaient. Mais pouvait-elle vraiment le dire comme ça ? Aussi crûment ? Il ne valait mieux pas.
Ivory admirait vraiment Aloys et elle se refusait à lui mettre le moral dans les chaussettes à cause de son pessimisme latent. Ce qui était le plus surprenant, c’était qu’il prenait la défense de ceux qui lui avait retiré cette part de lui-même. Il y arrivait juste comme ça, sans se forcer. Il avait raison quelque part. Pas dans son pardon, du moins en était-elle convaincue mais, dans ce qu’il disait sur eux. Comparé à lui, ils étaient des enfants. Elle soupira.

- « Tu n’es pas comme eux. Qu’ils changent ou non ne peut pas t’empêcher d’aller mieux. Vous êtes différents Aloys. » Elle posa sa tête contre son épaule. « Tu guériras, j’en suis sûre. Tu retrouveras le sommeil et l’appétit et quand ce sera le moment, tu pourras de nouveau faire ton travail, aider les gens. Mais tout ça ne dépend pas de leur capacité à révéler leur bonté ou que sais-je. Je sais que tu es certainement plus sage que moi mais, tu devrais peut-être vraiment en profiter de ta vie maintenant non ? J’suis pas vraiment la mieux placée avec mon pessimisme mais, tu pourrais venir courir avec moi de temps en temps ou venir manger chez moi. J’ai pas envie de me dire que ta guérison dépend des gens qui t’ont fait ça. »

Parce qu’elle n’y croyait pas en leur rédemption. Elle ne pouvait pas y croire parce que c’était croire que son père était capable de changer et elle ne voulait pas se le dire. Ivory ne pouvait déjà par vraiment supporter qu’il soit présent, en ville. Rien que de le savoir ici, elle pouvait en être malade. Elle n’avait d’ailleurs jamais cherché à le croiser ne sachant pas du tout comme elle réagirait. Alors non, il était hors de question pour elle d’arrêter de haït ces gens-là, ces monstres. Arrêté voulait dire renoncer à son moteur. Il n’y avait pas que la colère et la haine bien sûr mais, elle n’avait presque que ça pour le moment. C’était un peu sa façon de survivre. Haïr a toujours été plus facile que de pardonner. Là-dessus, elle n’avait rien à contredire.

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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeMer 13 Jan 2016 - 22:18

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Aloys & Ivory
Ce n’est pas une nécessité, c’est davantage que cela. Si Aloys cesse un instant d’avoir foi en l’Humanité, il sait qu’il ne s’en remettra pas. Pas maintenant, pas à son âge, pas à ce point là de sa vie. S’il n’a pas tout vécu et encore moins tout traversé, il en a assez vu pour savoir que l’homme est capable autant du pire que du meilleur. Simplement… il refuse de croire à un seul instant que des hommes se sont égarés si loin dans la méchanceté et la perversion qu’il n’y a plus rien à attendre d’eux. Ce n’est même pas que ça lui semble inconcevable, c’est que c’est pour lui totalement impensable de perdre à ce point espoir en la bonté humaine. Lui qui a vu le pire, il pense encore que malgré toutes les belles choses qu’il a pu contempler, le meilleur est encore à venir, et ce meilleur, peut être qu’il viendra de personnes comme ces Hunters, s’excusant pour tout ce qu’ils ont pu commettre. Oui, ceux qui l’ont torturé, séquestré, vacciné, ce ne sont que des enfants qui se sont égarés en chemin. Ce ne sont que des gamins. Il peine, le petit Aloys, à parler et à poursuivre ses phrases. Il peine, pour la simple raison qu’il n’en parle pas, habituellement, mais qu’il veut tellement la convaincre de ne pas perdre espoir que s’il doit pour cela se replonger dans des souvenirs pénibles et bien soit, il le fera. Et il prend sur lui. Il ne dort plus, il ne mange qu’à peine, que le strict nécessaire pour ne pas inquiéter ses collègues le midi. Il sursaute au moindre bruit et l’idée même d’opérer quelqu’un le fait trembler. On t’a volé une partie de toi-même. Dans un murmure, il lui confesse que malgré tout ce qu’il tente de dire et de faire, il n’arrive pas à aller de l’avant, il n’arrive pas à mettre de côté ces derniers mois. Ce n’est pas qu’il ne l’a dit à personne, c’est qu’il ne l’a jamais dit de lui-même. Mais Ivory… Ivory pourrait être sa fille, pourrait être sa petite-fille, pourrait être de sa famille. Elle soupire, Aloys tente de faire un léger sourire malgré tout. Si je refuse de croire qu’ils peuvent changer, comment puis-je espérer moi-même guérir ? Sa question est peut être un raccourci hasardeux, elle n’en reste pas moins pertinente selon lui.

« Tu n’es pas comme eux. Qu’ils changent ou non ne peut pas t’empêcher d’aller mieux. Vous êtes différents Aloys. » Il n’est pas convaincu, le chirurgien. Il n’est certes pas comme eux, il est certes différent, mais cela ne nie pas pour autant sa question. « Tu guériras, j’en suis sûre. Tu retrouveras le sommeil et l’appétit et quand ce sera le moment, tu pourras de nouveau faire ton travail, aider les gens. Mais tout ça ne dépend pas de leur capacité à révéler leur bonté ou que sais-je. Je sais que tu es certainement plus sage que moi mais, tu devrais peut-être vraiment en profiter de ta vie maintenant non ? » Il ferme les yeux, crispé. Profiter de sa vie ? « J’suis pas vraiment la mieux placée avec mon pessimisme mais, tu pourrais venir courir avec moi de temps en temps ou venir manger chez moi. J’ai pas envie de me dire que ta guérison dépend des gens qui t’ont fait ça. » Une moue désolée nait sur ses lèvres, moue qu’elle ne peut pas voir dans sa position. Il passe un bras protecteur autour de l’épaule de la jeune fille pour toute réponse. Aller courir avec elle ? Il n’y a jamais songé. A dire vrai… a-t-il déjà mis autre chose que ces pantalons, ces chemises, ce manteau hors du temps ? A-t-il déjà tenté de s’intégrer à cette époque ? Au final… depuis quand n’a-t-il pas réellement vécu ? « C’est gentil. » commence-t-il, maladroitement. « Je… c’est étrange. Tu sais, je… je ne pense pas être assez sportif pour ça, mais je veux bien venir t’encourager si tu le souhaites. » S’il n’est pas assez sportif ? Très certainement. Mais là n’est pas le problème. Ce n’est pas qu’il n’est pas assez social, c’est qu’il est simplement, en quelque sort, socialement inadapté à cette époque désormais. Tu devrais peut être vraiment profiter de ta vie maintenant, non ? « Ivory… je… je vais avoir cent soixante trois ans. J’ai visité un nombre incalculable de pays, j’ai deux enfants, des petits enfants, des arrières petits enfants et bien plus encore. J’ai été peintre, comte, gérant d’entreprise, de domaine, de fortune. J’ai été infirmier, obstétricien, chirurgien, urgentiste, anesthésiste, cardiologue, kinésithérapeute, pharmacien, pédiatre, dentiste même à une époque. Je… j’ai déjà profité de la vie. Que puis-je désirer de plus maintenant en dehors d’aider ceux dans le besoin ? Et puis… ma guérison passe par tes sourires, ceux des petits que je soigne, c’est tout ce que je désire. Ma vie est à son déclin, et c’est très bien ainsi parce qu’elle a été bien remplie. C’est à toi de profiter de ta vie, de la remplir. Mais pas de colère. »

Il se tait, prenant conscience un peu tard, certainement, du côté légèrement pessimiste et cynique de son discours. Il a l’impression de ne pas avoir retranscrit ses pensées et fait une légère grimace. Avant de se reprendre. « Mais tu peux toujours me faire découvrir ce que tu aimes dans ta vie, tes amis, tes plats préférés, les films que tu aimes bien regarder, les cassettes que tu aimes bien écouter. »


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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeVen 22 Jan 2016 - 15:53

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Ivory ne pouvait pas ne pas vouloir aider, à sa façon Aloys. Elle savait bien qu’il était... perdu. Ça se voyait. Elle n’aimait pas ça parce qu’elle l’appréciait vraiment. Comme un ami, ou plus un frère. Très vieux le grand-frère mais, elle n’aimait pas voir cet air triste sur son visage. Tout comme il n’aimait probablement pas voir la tristesse sur le sien. Ou la colère. Elle ne trouvait pas qu’il avait l’air épanoui, encore moins heureux. Et si elle était pessimiste, elle était au moins heureuse malgré tout. Même si parfois, elle se demandait comment c’était possible. Ne pas être seule devait fatalement aider.
Elle se cala contre lui quand il l’entoura de son bras et posa la main sur la sienne. Elle sourit un peu. Comment pouvait-on être autrement que gentil en présence d’Aloys ? Il était l’incarnation de la gentillesse et de la patience. Trop prompt à croire que le monde pouvait tourner rond mais, elle n’allait pas lui enlever ça. S’il en avait besoin, il en avait besoin. Point. Elle rit un peu en l’entendant.

- « Tu te trouves des excuses Aly. N’importe qui peut se mettre à courir et toi aussi. On ira doucement, c’est juré. Des petites distances, tranquillement en trottinant, en racontant des bêtises. Si t’aimes pas, j’trouverai autre chose à te faire faire mais pas question que j’te laisse comme ça. »

Elle voulait le faire bouger, le sortir de sa routine, lui faire voir le monde autrement, en dehors du filtre de ses très longues années de vie. Il vivait dans le passé, elle en était quasiment sûre rien qu’en l’écoutant. Elle ignorait peut-être tout jusqu’à il y a peu mais, c’était évidement maintenant. Certaines choses prenaient tout leur sens. Sans l’interrompe, elle l’écouta parlé, dire ce qu’il avait à dire même si la moue pointait le bout de son nez à l’horizon. Elle n’aimait pas ce qu’elle entendait. C’était les mots de quelqu’un qui se fichait de vivre encore ses dernières années. Comme si plus rien n’était intéressant mais là, tout ce qu’elle entendait, c’était relatif au boulot, à la famille, pas à lui vraiment. Il venait d’une autre époque, d’accord mais, ça sonnait tellement... triste. Passif.

- « Tu te goures. Ok. T’as déjà pas mal vécu et le temps qui passe t’as fait souffrir. Normal, t’as vu des gens que tu aimais mourir. Mais la vie aujourd’hui, c’est pas que ça même si les gens meurent toujours mais c’est comme ça que ça marche... C’est pas qu’avoir une famille et un boulot. Il te reste que quelques dizaines d’années ? Bien, ça fait un sacré paquet d’années quand même ! Ta vie n’est pas sur le déclin, pas encore. C’est des conneries. Avec tout ce temps-là, tu peux encore faire un tas de trucs. Aider les gens, oui mais, aussi vivre pour toi tout seul. Mes sourires, tu les auras toujours et ceux des gamins aussi. Donc oui, j’vais te faire voir le monde comme moi j’le vois mais on va creuser pour voir comment toi tu veux le voir. Flash info Aly, à ce propos, on est passé au CD, y a même eu des mini disques à un moment mais c’était franchement pas terrible. Va falloir qu’on t’actualise un peu. T’es pas à jour vieillard. »

Elle lui colla un baiser sur la joue en souriant avant de se décaler et de se planter devant lui. Elle pencha la tête sur le côté pour le détailler, légèrement pensive et dans l’exagération.

- « Etape numéro un, dis-moi ce que tu aimes faire pour passer le temps, quand t’es pas au travail, quand tu t’ennuies, quand t’as rien à faire. Et me réponds pas que t’as toujours un truc à faire, personne a toujours un truc à faire. Te défile pas, j’te vois venir avec ton bagage d’années derrière. N’importe quoi, la première chose qui te vient à l’esprit. Parce que si tu réfléchis, ça veut dire que t’aimes vraiment ça. »

Elle était sûre Ivy, que des choses lui plaisaient, récentes ou anciennes. C’était obligé, il ne pouvait pas juste bosser, bosser et encore bosser. Il finirait pas disjoncter s’il agissait comme ça, d’autant qu’il avait l’air d’avoir du mal à gérer son temps. Dans tout ce qu’il avait dit, c’était ce qui ressortait le plus. À quel point ? Elle n’en savait rien mais, elle était bien décidée à l’aider.

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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeSam 6 Fév 2016 - 23:05

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Il n’aime pas trop lorsque les gens s’inquiètent pour lui. Déjà parce que sans être excessivement timide, il n’apprécie guère être mis au devant de la scène ; ensuite parce que… réservé, peu enclin à parler de lui, Aloys préfère de loin s’attacher au bien-être des autres. Après tout, n’a-t-il pas derrière lui plus de cent-soixante années de vie bien remplies, avec leur lot de joies, de peines, d’espoirs et de bonheur ? Aloys est touché par l’attention d’Ivory, il remarque d’ailleurs sans peine que le fait qu’elle s’inquiète pour lui de la sorte éloigne sa colère, apaise sa tension. Il est touché par le souci qu’elle se fait et même la proposition qu’elle lui offre. Mais… un sourire désolé trace son chemin sur ses lèvres. C’est gentil commence-t-il, avant de décliner l’invitation. Courir lui semble incongru, sortir de sa routine, briser ses habitudes, s’activer et sortir de cette léthargie qui l’emprisonne depuis des décennies… il y a quelque chose de gênant à cette idée. Aloys se sent vieux, à cet instant, lorsqu’il est contraint de regarder cette jeune fille dans les yeux et qu’il se rend compte que malgré leurs âges respectifs apparents, il ne parvient pas à se comporter comme elle le fait. Je ne pense pas être assez sportif glisse-t-il en excuse. Ce n’est certes pas faux, ce n’est pour autant pas le problème. Sa sociabilité non plus, le manque de temps encore moi. C’est peut être l’envie qui n’est pas là, ou ce soupçon d’aventure qu’il ne veut goûter. Et… elle n’est pas dupe. Son rire tire les fossettes du chirurgien qui rougissent légèrement, comme celles d’un enfant timide pris sur le fait d’une maladresse. « Tu te trouves des excuses Aly. N’importe qui peut se mettre à courir et toi aussi. On ira doucement, c’est juré. Des petites distances, tranquillement en trottinant, en racontant des bêtises. Si t’aimes pas, j’trouverai autre chose à te faire faire mais pas question que j’te laisse comme ça. » Il rentre imperceptiblement la tête entre ses épaules, vacillant entre son centenaire et son âme d’enfant. Si tu n’aimes pas lui dit elle avec naturel. Pas question que je te laisse comme ça insiste-t-elle. Aloys est indécis, Aloys est incertain. Il a certes réussi à chasser les idées noires de la jeune femme, il ignore ce qu’il convient de faire maintenant que son attention est portée sur lui-même. C’était peut être une diversion efficace, mais une diversion qui va lui coûter à l’avenir, il le sent.

Avec ses mots, Aloys tente de s’expliquer. De faire comprendre à Ivory qu’il est non pas une cause perdue, mais qu’elle n’a pas besoin de faire tant d’efforts. Il est âgé, le chirurgien, et le poids des années n’est certes pas posé sur ses traits et ne voûte peut être pas son dos, mais c’est son esprit fatigué qui traîne malgré lui bien trop de souvenirs, bien trop d’expérience. Il a déjà vécu, il a eu une vie bien remplie, il a atteint les objectifs qu’il se fixait lorsqu’allongé dans l’herbe et les bras croisés dans la nuque, il se surprenait à observer le ciel du haut de ses dix ans. Il s’imaginait vieux, il s’imaginait tranquille, il s’imaginait soignant les gens et les aidant comme il le pouvait. Et c’est ce qu’il a été amené à faire. Plus d’une fois. Sa vie, il ne l’envisage pas autrement que par le biais d’un enchaînement de matins et de soirs, de jours et de nuits, de travail et de repos. Et le fait que maintenant ses heures soient comptées n’y changera rien. Il se tait, Aloys. Il finit par se taire lorsqu’il finit de dire ce qu’il avait à dire. Et comme il a conscience que son discours n’a rien de joyeux et peut être mal perçu, il se sent obligé de rajouter d’une voix enthousiaste. Il veut qu’elle lui parle d’elle, il veut que la discussion s’éloigne de lui, il veut, comme à son habitude, sourire et se sentir vivant en l’entendant parler de sa vie à elle.

Sauf que tout n’est pas aussi simple. « Tu te goures. » Ses sourcils se froncent devant l’expression dont il ne parvient à saisir le sens. « Ok. T’as déjà pas mal vécu et le temps qui passe t’a fait souffrir. Normal, t’as vu des gens que tu aimais mourir. Mais la vie aujourd’hui, c’est pas que ça même si les gens meurent toujours mais c’est comme ça que ça marche... » Lentement, Aloys secoue la tête. Il ne pouvait que le prévoir mais… elle n’a pas compris ce qu’il voulait dire. Et il ne peut le lui reprocher, il est difficile d’appréhender l’éternité lorsqu’on n’a que vingt-six petites années. Perdre son fils, perdre sa femme, perdre ses petits enfants, perdre ses sœurs… il a vécu des guerres, Aloys, il est même né à une époque où la mortalité infantile n’était pas anecdotique. Mais comment pourrait-elle concevoir que ce n’est pas tant la mort mais la survie qui le fatigue ? « C’est pas qu’avoir une famille et un boulot. Il te reste que quelques dizaines d’années ? Bien, ça fait un sacré paquet d’années quand même ! Ta vie n’est pas sur le déclin, pas encore. C’est des conneries. Avec tout ce temps-là, tu peux encore faire un tas de trucs. Aider les gens, oui mais, aussi vivre pour toi tout seul. Mes sourires, tu les auras toujours et ceux des gamins aussi. Donc oui, j’vais te faire voir le monde comme moi j’le vois mais on va creuser pour voir comment toi tu veux le voir. Flash info Aly, à ce propos, on est passé au CD, y a même eu des mini disques à un moment mais c’était franchement pas terrible. Va falloir qu’on t’actualise un peu. T’es pas à jour vieillard. » S’il a un petit sourire sur les lèvres, ce n’est qu’une façade. Parce qu’Aloys écoute, Aloys se rend compte qu’elle a beau s’égarer sur de nombreux sujets, c’est lui qui s’est égaré sur un en particulier : Ca fait un sacré paquet d’années quand même. Une soixantaine, s’il compte bien. Voire plus puisque son organisme, malgré sa mutation, ne semble pas enclin à tomber malade où à se fragiliser excessivement. Seules ses plaquettes refusent de coaguler, seul son sang refuse de s’agglomérer. Il essaye de s’arracher à ses pensées comme il le peut, se demandant s’il peut trouver un moyen d’expliquer à Ivory que mourir ne l’effraye pas, qu’il est habitué à côtoyer la mort et que le jour venu, il ne craindra pas de la suivre, bras dessus, bras dessous, comme une vieille amie qui n’a que trop tarder. Avoir encore un paquet d’années à vivre ne l’intéresse pas et même s’il sent la pitié qu’inspire cette pensée, il ne parvient pas à la faire taire. « Tout va trop vite, je me perds dans cette technologie… excuse donc le grand-père que je suis… » Un petit sourire, il l’observe s’éloigner, il l’observe marquer sa joue d’une trace d’affection. « Etape numéro un, dis-moi ce que tu aimes faire pour passer le temps, quand t’es pas au travail, quand tu t’ennuies, quand t’as rien à faire. Et me réponds pas que t’as toujours un truc à faire, personne a toujours un truc à faire. Te défile pas, j’te vois venir avec ton bagage d’années derrière. N’importe quoi, la première chose qui te vient à l’esprit. Parce que si tu réfléchis, ça veut dire que t’aimes vraiment ça. » Ce qu’il aime ? N’importe quoi, la première chose qui te vient à l’esprit

Son sourire se fait rêveur, son sourire le transporte dans ses pensées. Ne réfléchis pas, sous-entend-elle. Une lèvre mordillée, son regard se perd sur l’architecture face à lui, au-delà d’Ivory. « Peindre. Tenir un petit enfant dans mes bras, le regarder s’ouvrir au monde, l’entendre rire aux éclats. Me promener, m’asseoir dans un parc et observer le ballet de personnes qui vivent, s’épanouissent, grandissent. » Ses yeux se reposent sur celle qui a été il y a des années de cela, sa patiente. « Tu sais, rien ne détend plus que de s’asseoir sur un banc et de nourrir les pigeons qui s’éparpillent sous le rire d’un enfant. J’ai cessé de vivre pour moi-même il y a… » Il y a des années. Sa voix se brise, lorsqu’ayant remonté le temps, il est parvenu à ce point de rupture. « Tu sais, je n’ai pas toujours été comme ça. Je ne suis pas malheureux, ne te trompe pas. Mais… pendant des années… » Ses jambes se mettent mécaniquement en marche, il désigne un petit square à quelques pas de là. « Cela te dérange-t-il si nous marchons quelques temps ? » Il prend son inspiration. « Vois-tu, Ivory, j’ai été marié. Trois fois, au total. Une fois avant que mon… immortalité se révèle. Ma femme est morte en couche malheureusement, pour mon fils premier né. C’était en 1876, le vingt-quatre juin très exactement, et… » Aloys s’interrompt, offre une petite grimace d’excuse. « Je suis sincèrement confus, te voilà à devoir écouter le babillage d’un vieillard… Je disais donc, j’ai été marié trois fois. Ma première femme est morte en couche, la seconde est morte de vieillesse. La troisième enfin… Je l’ai rencontrée au Brésil, il n’y a qu’une petite cinquantaine d’années. Je pensais pouvoir vivre normalement, je l’aimais, vraiment… » Son sourire s’intensifie à cette pensée. Et disparait tout aussi vite. « Seulement, elle m’a permis de comprendre que je ne peux vivre comme elle, comme toi. Il est vain, Ivory, de croire que je peux avoir d’autre occupation que celle qui consiste à nourrir des pigeons et à aider de jeunes gens. Je n’ai pas vingt-huit ans, je ne fais que sembler avoir cet âge. En réalité… j’ai fait une croix sur tout cela lorsqu’on m’a dit qu’il était irresponsable de ma part que je puisse ne serait-ce qu’envisager être père, dans ma… condition. »

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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeMer 10 Fév 2016 - 21:25

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S’il avait voulu hurler qu’il ne voulait pas que l’on parle de lui, ce cher Aloys n’aurait pas pu mieux s’y prendre et Ivory trouvait ça aussi adorable que triste. Tout ce qu’elle voulait au fond, c’était qu’il essaie de voir un peu les choses autrement. Elle comprenait qu’il avait vécu, peut-être trop et que c’était un peu chiant à force de toujours vivre et perdre des gens, ne plus savoir quoi faire. Sauf qu’elle ne parvenait forcément pas à appréhender ce qu’il vivait, subissait même d’une certaine façon. Sauf qu’elle ne voulait pas qu’il se laisse aller. Elle trouvait ça dommage, triste même. Au fond, Ivo voulait vraiment croire qu’il puisse vivre une vie tranquille, en profiter vraiment de celle-là. Elle avait du mal à concevoir un seul instant qu’on ne puisse pas avoir envie de s’éclater dans la vie, vivre tout à fond. Elle adorait la vie même si elle était salement pessimiste mais, elle aimait profiter. Pour preuve avec Seth, aucune soirée ne finissait sans excès de boisson ou d’herbe. C’était presque rituel.
Pourtant, Aloys finit par se prêter au jeu. La peinture. Ah ça, c’était un domaine qu’elle connaissait en plus. Les enfants... Elle masqua sa peine avec un sourire faux mais crédible. Elle ne voulait plus souffrir, remettre ça. Elle se perdit un moment mais revint vite à elle quand elle se rendit compte qu’il la regardait. Elle avait cette sensation atroce, désagréable d’avoir fait une bêtise en l’obligeant à parler. Tout ce qu’elle avait voulu, c’était essayer de lui faire voir la vie autrement. Et maintenant... elle écoutait, un peu gênée, triste, blessée aussi mais, elle écoutait. Elle lui devait ça alors qu’elle lui avait fait ressasser tout ça. Elle secoua la tête et se mit à marcher avec lui.

- « Arrête tes bêtises, continue. Raconte-moi. »

Parce qu’elle avait envie de l’entendre raconter son histoire. Aloys était beaucoup plus vieux qu’elle, plus vieux qu’il n’y paraissait, c’était facile à oublier pour elle qui avait tendance à ne pas traiter les informations dans le bon ordre. À présent, elle ne pourrait plus oublier et ça n’était pas une mauvaise chose. Ça lui plombait un peu le moral d’entendre parler de tout ça mais c’était la moindre des choses. Elle n’avait qu’une envie, serrer Aloys dans ses bras, lui montrer qu’elle était là. Elle se retint pourtant, marchant avec lui. Quant il eut fini, elle se planta devant et fit ce qu’elle voulait faire quelques minutes plus tôt. Parce que c’était la chose à faire. Il y avait pourtant quelque chose qu’il avait oublié à ses yeux.

- « J’suis désolé que t’aies eu à vivre ça comme ça. C’est triste même si ça se voit que t’as été heureux. N’empêche que maintenant, tu ne verras plus défiler les générations. C’est pas toi qui disais qu’il fallait voir le bon côté des choses ? Tu peux l’avoir cette vie maintenant. Tu peux trouver quelqu’un, tu peux te marier, faire des enfants, peindre jusqu’à l’épuisement tout ce que tu veux, même nourrir les pigeons si ça t’amuse. Tu pourrais même le faire avec tes enfants et tes petits enfants alors que tu seras un vieux croulant qui ne pourra même plus leur courir après. C’est pas irresponsable d’avoir une famille. Ce qui est irresponsable, c’est d’en avoir une et de ne pas vouloir l’assumer. Toi, t’en veux une ! Alors fonce ! Y a rien qui te retient, même plus quelques gènes un peu chelous. T’as le droit de profiter de la dernière vie qui te reste. On peut pas te retirer ça, on peut pas t’en empêcher. »

Si elle insistait tellement, c’était parce qu’elle avait réellement de la peine de le voir se morfondre, pris dans des considérations qui n’existaient plus. Il avait parfaitement le droit de faire tout ce qu’il voulait, il pouvait être tout ce qu’il voulait. Et apparemment, Aloys, son truc, c’était de devenir père. Ah ça, elle aurait voulu en avoir un comme lui. Au lieu de ça... elle avait eu un père qui s’était tiré à la première occasion quand elle avait eu dix-huit ans. Un père qui n’en avait tellement rien eu à cirer qu’il l’avait tout simplement écartée de sa vie et de sa famille. Franchement, elle aurait préféré éviter le sujet des enfants mais, c’était trop tard pour ça. Il serait toujours temps de tout enfouir bien profondément et de tout recouvrir plus tard, quand elle serait rentrée.

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MessageSujet: Re: I look life around me, and see sweet (Ivoys)   I look life around me, and see sweet (Ivoys) Icon_minitimeSam 27 Fév 2016 - 17:20

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Ce qui est assez amusant, et déconcertant, chez Aloys, si on oublie sa tendance à se comporter comme un comte du début du dix-neuvième siècle, c’est son caractère calme, posé, et légèrement grabataire, et sa tendance à se perdre dans des monologues tranquilles lorsqu’on lui en laisse la possibilité. La discussion entre Aloys et Ivory prend une tournure plus personnelle, conséquence inévitable du changement de conversation opéré par le chirurgien pour distraire Ivory de ses propres démons. Immanquablement, donc, le sujet de la conversation devient le belge, devient ce qu’il aime, sa conception de la vie et cette petite indifférence touchante avec laquelle il considère les années qu’il lui reste. Fort peu, lorsqu’on les met en comparaison avec celles qu’il a déjà vécues, mais bien assez pour que celle qu’il voit comme une fille et amie ne puisse tolérer qu’il ne puisse pas les vivre avant autant d’intensité qu’elle. En théorie, d’ailleurs, ils ont physiquement presque le même âge. Dis moi ce que tu aimes faire pour passer le temps. Aloys se mordille la lèvre, le regard perdu sur un point invisible. Ce qu’il aime faire ? Il n’a jamais réellement pris le temps de regarder son nombril et de se demander ce qu’il voulait faire, lui. Oh, si, il l’a fait une fois. Il y a plus de cent vingt ans, lorsqu’avec son fils ils ont compris que la situation ne pourrait pas durer et qu’il a quitté Miribel définitivement. Un frisson, il s’extirpe de justesse de cette nasse de souvenirs. Ce qu’il aime… Aloys décide de cesser de réfléchir et de se prêter au jeu. La peinture, bien évidemment, voilà une réalité tangible, une passion qu’il ne peut nier : les multiples tableaux qui font du château de Miribel l’une des plus vieilles et hétéroclites galeries de Belgique en sont la preuve. La peinture, déjà, les enfants, ses enfants, ses descendants qu’il tient dans ses bras chaque année lors de la réunion annuelle organisée pour son anniversaire. Aloys a toujours eu une certaine tendresse pour les enfants, pour cette innocence incarnée dans un sourire, dans un rire joyeux et des regards plus purs que le cristal. S’il y a bien une chose capable de faire naître chez Aloys une réelle agressivité et colère violente, c’est bien la souffrance que l’on peut créer chez les enfants. Plus sensible que quiconque, donc, Aloys est des plus doux qu’il puisse exister avec eux.

Le rire d’un enfant, voilà ce qu’il pourrait écouter des heures entières. Peut être est-ce pour cela, aussi, qu’il aime à se promener dans les parcs, à s’asseoir sur des bancs pour nourrir des volatiles… Sa voix s’éteint, devient murmure lorsqu’il songe à cela. Il est vieux. Plus qu’il n’y parait, bien trop. Il n’a plus cette fougue de la jeunesse, l’a-t-il déjà eue ?, et il ne cherche pas à la faire renaître. Après tout… pourquoi ? Il n’est pas malheureux, s’entend-il rassurer Ivory qui pourrait se méprendre sur ses mots. Il n’est pas malheureux, il a juste il y a quarante cinq ans définitivement cessé de croire qu’il pourrait se fondre dans la population pour se faire véritablement passer pour un jeune de vingt-huit ans. Il erre, Aloys, il ne tourne pas, il ne voltige pas, il ne court pas. Pas malheureux, la question inverse se pose : est-il heureux ? Les voilà à marcher pour dégourdir leurs jambes dans des pas aussi lents que vifs. Il a été marié, il se perd dans les détails, s’excuse, confus, auprès de la jeune femme qui subit ainsi contre son gré le babillage d’un vieillard. « Arrête tes bêtises, continue. Raconte-moi. » Un petit sourire, Aloys la remercie et reprend son monologue. Il a été marié, trois fois. Mais la dernière a sonné le glas de tous ses espoirs sur une hypothétique vie amoureuse. En a-t-il besoin, d’ailleurs ? Aloys a été marié par trois fois, mais n’a connu que deux fois l’amour. Ses tripes se serrent, une nostalgie de désir naît au creux de ses reins lorsqu’il redessine en pensée ce qui n’est plus que des vestiges de parfum, de mots doux, de sourire. La mère de son deuxième enfant, c’était un coup de foudre. Une histoire d’amour qui l’avait sorti de sa torpeur, qui lui avait enserré le cœur, une bouffée d’oxygène. Il était retombé en enfance le temps de quelques années. Puis le divorce. La conclusion est hâtive, Aloys s’excuserait presque auprès d’Ivory pour s’être épanché sur ce sujet délicat.

Un regard calme, tranquille, légèrement triste, voilà tout ce qu’il parvient à lui offrir lorsqu’il résume les tristes aléas de sa vie d’un mot, condition et cristallise ses regrets de père. Les bras d’Ivory qui l’enserrent sont une maigre consolation qu’il enlace à bras le corps, comme une nouvelle bouffée d’oxygène. C’est dans des actes comme celui là qu’Aloys tire son bonheur, c’est dans cette nature profondément généreuse de l’homme qu’il garde espoir, c’est grâce à elle qu’il renaît, revit, qu’il poursuit sa route. « J’suis désolé que t’aies eu à vivre ça comme ça. C’est triste même si ça se voit que t’as été heureux. N’empêche que maintenant, tu ne verras plus défiler les générations. C’est pas toi qui disais qu’il fallait voir le bon côté des choses ? Tu peux l’avoir cette vie maintenant. Tu peux trouver quelqu’un, tu peux te marier, faire des enfants, peindre jusqu’à l’épuisement tout ce que tu veux, même nourrir les pigeons si ça t’amuse. Tu pourrais même le faire avec tes enfants et tes petits enfants alors que tu seras un vieux croulant qui ne pourra même plus leur courir après. C’est pas irresponsable d’avoir une famille. Ce qui est irresponsable, c’est d’en avoir une et de ne pas vouloir l’assumer. Toi, t’en veux une ! Alors fonce ! Y a rien qui te retient, même plus quelques gènes un peu chelous. T’as le droit de profiter de la dernière vie qui te reste. On peut pas te retirer ça, on peut pas t’en empêcher. » Aloys fait un pas en arrière, les yeux grands ouverts, troublé par la virulence des propos de la jeune fille. Tu peux l’avoir cette vie, maintenant. Le peut-il vraiment ? Sa conscience lui hurle que non, sa raison lui hurle que oui. Il est mortel, désormais, le temps a repris son cours…

Sauf que le temps ne s’est jamais arrêté réellement pour lui, il l’a juste vu défilé sous ses yeux comme un ruisseau qui ne pouvait l’emporter. Il a plongé sa main dans le courant, a tenté de s’y immergé à plusieurs reprises mais ne pouvait y rester, ne pouvait prétendre être un poisson remontant le courant. A présent, il a perdu ses poumons, il se retrouve à nouveau sous l’eau du courant du temps, il… Aloys inspire lentement. Le mensonge ne lui a jamais été réellement familier, ou du moins ne l’est plus depuis des années lorsqu’on oublie ses fausses cartes d’identité que sa famille gère. Il n’envisage donc pas une seule seconde de simuler la compréhension et l’accord, il n’envisage même pas de se taire en conservant ses doutes pour lui-même. En revanche… « Je comprends ce que tu veux dire. C’est juste que… je ne sais pas si je peux… te sentirais-tu capable, Ivory, de te mêler à une foule d’enfants en bas âge et de retrouver leur état d’esprit simple et sans souci ? Tenter de me comporter comme l’exigerait mon apparence… c’est accomplir le même travail je le crains. Et j’ignore même si l’envie… je suis… » Une vibration à son côté, une sonnerie, Aloys ne met que quelques fractions de seconde à comprendre que c’est son téléphone qui émet de tels sons. Une alerte. Aloys s’excuse dans un sourire désolé auprès d’Ivory. « Désolé, c’est l’hôpital, ils… » Nul besoin d’achever sa phrase, il décroche aussitôt en s’éloignant de quelques pas. « Oui, de Miribel. Maintenant ? Mais je croyais que… il me semblait du moins… vous êtes certains ? Bien, j’arrive, je ne suis qu’à deux pas de… oui… oui… j’arrive tout de suite, surtout, contenez l’hémorragie. » Aussitôt, Aloys s’électrise d’énergie. Lui qui ne marche qu’au pas, qui erre, qui flâne, qui fait tout dans la lenteur et la précision, le voilà qui s’anime et que ses sourcils se froncent d’inquiétude. Son regard se déploie en direction de l’hôpital, à quelques mètres de là, de l’autre côté de la rue. « Je suis sincèrement désolé Ivory, les urgences se sont trompés de numéro mais ils ont besoin d’un médecin, surtout d’un chirurgien aux urgences, et… » Il enserre les mains de la jeune fille comme pour mieux véhiculer ses excuses. Aloys est un médecin depuis toujours. Dévoué aux plus faibles, aux blessés, il ne peut refuser lorsqu’on réclame de l’aide et surtout lorsque la vie d’un homme est en jeu. Le voilà qui dépose un délicat baiser sur la joue d’Ivory. « Promets moi de bien te porter, et songe à ce que j’ai dit sur le pardon et aller de l’avant, ça t’apporterait beaucoup de ne plus te laisser ronger par tout cela. » Sans attendre, à l’extrême limite d’une impolitesse pour laquelle il s’en voudra très certainement, le voilà qui court en direction de l’hôpital, ne se souvenant que de justesse de regarder avant de traverser, prompt qu’il est à oublier que désormais, le moindre choc lui serait fatal.

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