La dernière chose dont elle se rappelait c'était les cris, les coups de feu tirés. Puis la douleur insupportable et le noir avait envahit la pièce. Un attentat de hunters... c'était la dernière chose qu'elle avait pensé et elle avait cru que son heure était venue. On dit qu'avant de mourir, on voit défiler sa vie devant ses yeux ? Et la vie de la belle Alana, ça s'résumait à quoi au juste ? Des années passées en compagnie de sa mère. Aucun père dans le portrait, sa mère n'ayant jamais fait sa vie avec personne. Et son visage lui revenait sans cesse. Puis, ses années à l'école. De belles années pour la gamine qui se faisait si facilement des amis. La puberté et l'apparition de son pouvoir suite à son premier baiser qui avait finit avec son petit ami à l'hôpital. L'apprentissage long pour vivre avec un tel don, obéissant seulement à ses émotions et aucun ordre. La période de questions qui avait suivie. D'où lui venait ce don ? De son père ? Et qui était son père au juste ? Une période où elle avait eu envie de fuir, de parcourir le monde à la recherche de son géniteur pour qu'il l'aide avec son pouvoir s'il le pouvait. Sa mère qui avait toujours été là pour elle. Qui l'avait convaincue de rester et d'étudier à la place. Avec son aide, elle s'était acceptée, avait apprivoisé sa nature de mutante et en était bientôt devenue fière. Les études de droit. La vie politique. Lancaster. Les images avaient défilées à toute vitesse sous ses yeux avant l'abysse totale. Quand elle avait ouvert doucement les yeux, tout autour d'elle lui semblait flou... trop aveuglant. Elle entendait un bruit régulier, strident.

Prenant lentement conscience qu'elle était dans un hôpital, elle fut surprise de ne trouver personne à son chevet. Connaissant sa mère, cette dernière aurait établi un camp auprès d'elle tant qu'elle ne serait pas réveillée. Il y avait quelque chose qui clochait, elle le sentait dans ses tripes. Elle ne faisait même pas attention à son propre état. Elle ne pensait qu'à sa mère. Elle était en train d'arracher ses perfusions, de se redresser quand une infirmière se pressa à son lit. « Vous ne pouvez pas vous lever madame, on ignore la gravité de votre état. » « Je vais très bien, j'vous assure. J'aimerais parler à ma mère. Sonya MacTyr ? » L'infirmière sembla hésiter un instant, ne sachant visiblement pas comment annoncer la nouvelle à Alana. « Madame MacTyr a été admise en soins intensifs il y a une semaine après s'être évanouie ici-même. » Le choc frappa la Kovalainen de plein fouet. D'abord que sa mère était malade, dans un mauvais état suffisait à faire paniquer la jeune femme mais en plus, cela faisait plus d'une semaine qu'elle était inconsciente... En réalité plusieurs mois mais déjà, l'idée qu'elle avait été dans le brouillard plus de deux jours la chamboulait complètement. « Je veux la voir, s'il vous plaît. » La soignante secoua la tête en guise de non tout en répondant. « Désolée, nous devons faire quelque test pour nous assurer que vous êtes rétablie et qu'il n'y a pas de complications. » Alana tenta de garder son calme, sachant très bien que la jeune femme ne faisait que son travail. « Vous pourrez faire tous les test que vous voulez... Après avoir vu ma mère. Je dois la voir, s'il vous plaît. » Après hésitation, l'infirmière hocha la tête. Alana avait toujours su être diplomate, amener les gens à approuver ses requêtes, ses idées. Et aussitôt, elle suivit la jeune femme qui la traîna dans l'hôpital sur une chaise roulante. Quand la Kovalainen entra dans la chambre de sa mère, elle fut frappée par son état alarmant. Entubée, visage couvert d'un masque, les bras minces. Elle semblait à l'article de la mort. Voyant l'incompréhension sur le visage d'Alana car après tout, la dernière fois qu'elle l'avait vu sa mère était en parfaite santé, l'infirmière lui expliqua brièvement la situation. « En réalité, vous étiez dans le coma depuis plusieurs mois déjà. Avec le temps, Madame MacTyr a commencé à s'affaiblir. Nous croyons que votre pouvoir - vos sécrétions de toxines - ont détruit son système immunitaire avec les années. Malheureusement, en passant ses journées à l'hôpital ses derniers mois, les médecins pensent qu'elle a attrapé un virus... et... » Alana leva les yeux vers l'infirmière qui se stoppa dans sa phrase. Et quoi ? Qu'elle va mourir ? Quoi ? L'infirmière hésita encore avant d'ajouter. « Il n'y a malheureusement plus rien à faire. Je suis désolée. Je vais aller chercher Docteur Samuels. » Poussant lentement la mutante vers le lit, Alana attrapa la main de sa mère dès qu'elle fut à sa portée, les larmes perlant déjà sur ses joues. Non... Elle ne pouvait pas perdre sa mère, sa meilleure amie. Et à cause d'elle en plus... à cause de son pouvoir ? Elle avait toujours su qu'il était dangereux mais elle n'aurait jamais cru qu'il lui aurait arraché la seule personne qui comptait pour elle.

Alana passa ainsi les jours suivants au chevet de sa mère mourante. La voyant dépérir à vue d'oeil. Quand Sonya se réveillait, la politicienne profitait de chaque seconde de ses moments éveillés. Des moments paisibles. Sereins. Moments durant lesquels Sonya lui racontait des moments de sa vie. Des larmes, il y en avait tellement qu'à un certain moment, la belle Kovalainen n'arrivant plus à pleurer tellement ses yeux étaient sèches et rougis. Mais des rires aussi. Sa mère avait toujours su la rassurer. Lui faire voir le bon côté des choses. Dans ses derniers jours, Alana se présenta à son chevet comme d'habitude et Sonya semblait songeuse. Ne voulant pas la presque, la fille resta silencieuse, se contentant de lui enlacer les doigts. Après un moment, sa mère tourna les yeux vers elle. Un air grave dessinait ses traits si semblables aux siens. « Je... Je crois qu'il est temps que je te parles de ton père. » Alana ouvrit grand les yeux. Sa mère lui avait toujours dit qu'il n'était pas un homme bien. Qu'elles étaient mieux sans lui. C'était tout ce qu'elle avait jamais voulu lui dire. La jeune femme n'avait jamais vraiment compris ce qui s'était passé entre sa mère et cet homme qui lui avait donné la vie et au final, sa mère l'avait aimée pour eux deux alors elle n'avait que rarement senti le besoin de retrouver le Kovalainen de qui elle tirait son premier patronyme. « Je ne sais pas si essayer de le connaître va t'apporter la paix, un peu de bonheur si je ne suis plus là mais je préfère ne pas t'en priver avant... » Avant de mourir. La MacTyr n'avait pas besoin de continuer pour que sa fille comprenne tout de suite ce qu'elle voulait dire. Dire les mots rendaient la situation trop réelle. « Il s'appelle Andreas. Kovalainen comme tu peux t'en douter. » Un sourire faible apparut sur ses lèvres malades et Alana eut un petit rire étouffé. « Quand je l'ai connu, il était ignoble, j'ai préféré partir de Dublin et t'élever seule. Il ne sait pas. Pour toi. » La jeune femme essayait d'assimiler le plus possible ses premières paroles que sa mère osait enfin partager sur ce Andreas sans visage. « Mais le plus ironique.. c'est qu'il est ici en ce moment. À Radcliff. Il est un professeur à l'université. » La vie avait un drôle de sens de l'humour en effet. Lui arracher sa mère pour lui donner un père... Sonya continua ainsi à discuter sur cet homme, puis de quelques autres moments de sa vie sans plus le mentionner. Et quelques jours plus tard, elle rendit son dernier souffle... ayant au moins eu le temps de lui donner le nom de son géniteur avant de mourir. Maintenant, elle devait retourner vivre. Sans sa mère. Sans ses pouvoirs.

Une nouvelle vie... Mais au fond, elle allait toujours rester la même Alana...