Sujet: (lilith), ultimately… we’re all alone. Dim 7 Fév 2016 - 18:16
heartstrings pull me backwards back to you
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this time i will be, louder than my words. walk with lessons that i have learnt. show the scars i've earned in the light of day. shadows will be found, i will hunt them down. hard time forgiving, even harder forgetting. this here ends today. w/lilith raeken & alec lynch.
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Lilith Raeken. Le nom imprimé sur le voile de ses paupières, et toute la vérité qui coulait comme un torrent sur son esprit ; des idées pernicieuses, traitresses, qui le privaient de sommeil et de tout repos. En quelques clics, Calista avait réussi à en savoir plus sur la mère d’Alec que le fils lui-même – était-ce celle-ci, l’idée la plus insupportable qui lui tordait les tripes ? Internet avait une façon bien froide de délivrer la vérité, la réalité et des faits et les jours qui s’étaient succédés lors de ces quatorze dernières années. Quatorze années pendant lesquelles ils auraient pu retracé tout le trajet de vie de la Raeken, du cœur d’Elizabethtown à l’Europe, la France, ces coins de monde où elle s’était faite oublier – internet n’disait pas si elle avait refait sa vie, aimé un autre homme, eu d’autres enfants. Mais combien d’pensées, combien de théories toutes plus insupportables les unes que les autres traversaient les chairs du chasseur comme des lames de poignard glacées ? Et les jours qu’il avait passés chez Insurgency, semaine après semaine, l’impuissance battant ses veines – tout ça semblait presque désuet au beau milieu de la rage qui était née d’ces quatorze putains de longues années à battre du vent. Venger un cadavre qui n’était pas un cadavre. Ressasser des souvenirs qui n’en étaient pas vraiment. Un passé, ouais, un passé auquel il avait donné une saveur à mille kilomètres du réel. Alec Lynch, le fils chéri survivant au sacrifice de ses parents pour le bien de la communauté ; devenu Alec Lynch, l’homme qui avait été abandonné, et aveuglé par une vengeance qui n’aurait – peut-être – même pas eu lieu d’être. Comment les Lecter avaient-ils pu passer à côté de ça ? Après tout, pendant sept longues années, ils avaient cherché, cherché à travers toutes les archives possibles et imaginables, à la recherche du nom de Lewis Duncan. Comment est-ce que le patronyme Raeken avait-il fait pour demeurer dans l’ombre si longtemps ? Et pourquoi – pourquoi maintenant ? Pourquoi ici, au beau milieu d’un Radcliff prêt à se déchirer ? Pourquoi aujourd’hui, alors que la mutation répugnante qui battait les veines du hunter avait déjà remis trop de choses en question ? Pourquoi pas quatorze ans plus tôt ? Il en avait des questions, des interrogations qui lui filaient la nausée – le rendaient bien trop souvent impulsif, froid, distant ; silencieux, pendant des heures et des heures, alors même que tous ses instincts semblaient irrépressiblement le ramener vers ce dossier soigneusement amassé par la Wolstenholme. Tant d’choses qu’il avait ignorées au sujet de sa génitrice – son père avait-il seulement su tout ça ? Y avait-il eu une quelconque saveur de réelle dans leur vie ? Les espoirs du Lynch n’étaient que de faibles îlots de survivance, au milieu d’un désert aride d’incompréhension : alors toutes les paroles de sa mère, toutes les promesses de Lilith à son fils – tout ça, les vingt premières années de sa vie, n’avait-ce été qu’un épais, sadique et venimeux mensonge ? Ses prunelles claires accrochées à l’écran du téléphone, Alec s’accrochait vertement à l’espoir que le plan ne marche pas. Il avait pourtant tout pour marcher, soigneusement confectionné par Calista et lui – ses savoirs en informatique à elle, son efficacité à lui sur le terrain ; ç’avait toujours prouvé faire des merveilles. Jusqu’à y’a pas si longtemps, ils n’avaient jamais été des parias aux yeux des autres hunters, bien au contraire – organiser tout ça, pourtant, avait cette saveur âcre bien différente d’antan. Ils n’étaient plus c’qu’ils avaient été ; le Lynch disgracié à cause de sa mutation, et la Wolstenholme en prise avec ses propres démons. Somme toute, organiser tout ça avait presque été une distraction bienvenue : la pratique, en revanche, emportait déjà le palpitant du chasseur et le sang à ses veines, dans une course effrénée.
Et le silence répondit à ses doutes, l’appréhension incandescente qui détruisait chacune de ses convictions : pourquoi, au fond, sentait-il si ardemment le besoin de confronter sa génitrice ? Y avait-il une quelconque réponse à ses questionnements intérieurs, qui le satisferait ? Il y avait des chances, somme toute, que les scénarii tous plus irréels les uns que les autres aient plus de sens que les mots qui sortiraient de la bouche de la femme qui avait abandonné mari, fils, vie et origines derrière elle. Ses motivations… ses motivations, au fond, il n’voulait pas les entendre – alors quoi ? Alors que ses doigts enserraient douloureusement le petit téléphone portable, y’avait une évidence qui pointait sur son visage fermé, et qu’personne ne pouvait saisir. Le Lynch avait toujours eu l’habitude de fuir plus que d’affronter les démons qui se lovaient dans son sillage, et s’logeaient dans son âme – plus maintenant. Fallait croire que ç’avait tout du courage, ou peut-être juste du caprice d’enfant ; l’fait de mettre sa mère aux pieds du mur, qu’elle se retourne dans un volte-face pour dévisager toute l’ampleur de ses actes, comme ça, avec la surprise et la détresse d’une mort certaine pour seule compagnie. Et comme dernier recours, ultime répit, il eut un nouveau soupir – les ultimes souffles de doute qu’il balaya en retournant sur ses pas, quittant l’air frais extérieur pour entrer dans l’entrepôt poussiéreux, dégueulasse et humide où il avait fixé un lieu de rendez-vous. A croire c’lieu, lugubre à souhait, glacial jusque dans ses fondations, était la parfaite matérialisation de leur histoire, leur lien de mère à fils, d’étrangère à étranger : officiellement parlant, du moins, c’n’était pas lui qui avait fixé le lieu du rendez-vous, mais bien l’informateur vers lequel Lilith Raeken avait souvent tendance à remonter depuis son arrivée à Radcliff. Il n’avait pas fallu longtemps à la Wolstenholme, pour détourner toutes les sécurités du téléphone du fameux type, et envoyer au contact anonyme qu’était Lilith Raeken, un lieu de rendez-vous avec la promesse d’informations croustillantes. Y paraissait que celle-ci cherchait des informations au sujet de la mort de sa famille ; l’incendie du manoir où elle avait grandi – de ce qu’elle avait raconté à Alec, ç’avait été un accident, rien de plus qu’un lugubre accident qui avait coûté la vie à toute sa famille. S’ensuivaient des années, pendant lesquelles la mère de famille avait grandi en Europe, en France avant de revenir dans son pays d’origine, sa ville d’origine pour y construire sa propre vie. La réalité, dégueulasse vérité – toujours cette même thématique envoutante – elle, était toute autre ; et alors quoi ? L’héritière des Raeken avait-elle tué son mari, abandonné son fils rien que pour remonter les traces des tueurs de sa famille ?! Etait-ce pour ça, juste pour ça, la vengeance glaciale et impétueuse, qu’elle s’était complètement déracinée de ce qu’ils avaient vécu, partagé, pour mener cette vie de louve solitaire ? Savait-elle seulement c’qu’il était devenu lui, fils abandonné, fils esseulé, fils délaissé ? Au fond, le même schéma qui s’était imposé à la pauvre Lilith Raeken, unique survivante de l’incendie qui avait décimé sa famille, elle l’avait répété, sur son propre fils. Y’avait de l’ironie partout, sans doute ; même dans le fait que le fameux informateur de la Raeken ait reconnu son assaillant aussitôt lui était-il tombé dessus ; Alec Lynch, il avait eu tout juste le temps de dire que quelqu’un le cherchait, que quelqu’un avait demandé des informations à son sujet, avant que le chasseur ne lui balance son poing au milieu de la figure, l’assommant sans manquer de lui exploser l’arête du nez. Et voilà où ils en étaient, chaque élément en place ; l’informateur appât, dommage collatéral semi-conscient, ficelé sur une chaise au beau milieu des ténèbres toujours plus oppressants de l’entrepôt dégueulasse où ils se trouvaient. Et Lilith Raeken, la proie, quelque part. Et Alec Lynch, le chasseur, le prédateur, indécis et juste silencieux, glacial à nouveau, après c’que le Destin avait jugé être de trop longs jours d’imprudence délicate.
Il était loin, maintenant, le temps où il avait réussi à trouver les mots pour rassurer Calista ; chasser ses démons à elle alors même que les siens menaçaient de le dévorer d’l’intérieur, c’était de plus en plus difficile. Il en arrivait parfois à s’impatienter, à disparaître au cœur de la nuit sans prudence aucune simplement pour prendre l’air – pour chaque fois mieux le regretter sur le chemin du retour, lorsqu’il craignait les conséquences de ses actes. Combien de fois l’avait-il imaginée, s’faire attaquer une nouvelle fois alors qu’il avait eu le dos tourné ? Une vibration dans la poche de sa veste sembla répondre par réflexe à cette question ; des mots d’encouragement, accompagnés de quelques smileys de la part de la chasseuse – une rare échappée, avant que le réel ne revienne jusqu’à lui. Le crépuscule dehors, qui s’épaississait de minute en minute ; l’heure, l’heure qui courait dans le silence le plus pesant. et chaque seconde le rapprochant du moment fatidique, contractant ses muscles comme s’il s’était agi de plomb. En remettant son téléphone dans la poche, le chasseur vint ramasser l’arc qu’il avait délaissé pendant ces dernières dizaines de minutes – l’arme lui allait toujours aussi bien à la main, et l’art semblait être de ces vieux réflexes desquels il était impossible de se défaire. Mais régénération cellulaire ou non, passer des mois sans pratiquer avait laissé une indéniable empreinte au bout de ses doigts et tout le long de son bras – c’n’était pas comme s’il avait l’intention de s’en servir comme autrefois, une flèche dans le cœur ou dans la jugulaire avant de disparaître dans le néant. On n’voulait plus de lui parmi les chasseurs, et les dégénérés demeuraient ces sempiternels ennemis tout désignés par les circonstances. Insurgency, ou d’autres, le simple fait d’avoir son arme fétiche pour se défendre quoiqu’il en soit, était un poids en moins dans ses entrailles. Il avait à peine recommencé à triturer l’objet, à tendre l’épais filin entre ses doigts, qu’un bruit de moteur de voiture le stoppa net. Et la nuit, la traque, les ténèbres revinrent s’imprimer sur le faciès du jeune homme, ainsi que dans tous ses réflexes : il se fondit dans les recoins poussiéreux et baignés d’ombre du bâtiment, laissant tout le loisir à la cible tant attendue de faire son chemin jusqu’à la zone toute désignée, morne et triste, de leurs retrouvailles – on n’peut plus historiques, incroyablement inattendues. Lilith Raeken, revenue d’entre les morts, n’en déplaise à certains : comment avaient-ils faits, pour en arriver au point où Alec regrettait l’époque où elle avait été morte, juste morte dans sa tête ? Il entendit d’abord ses pas, sur les graviers puis sur le béton grisâtre du bâtiment dans lequel elle s’enfonçait : et l’adrénaline courant dans ses muscles, la hargne embrouillant son esprit, l’archer aurait pu sentir son palpitant repartir dans une course effrénée – ce ne fut pourtant pas le cas ; le cavalier glacial au fond de son poitrail, tambourinait à son propre rythme, un chant de guerre baigné d’une motivation, de l’immuable, de l’inévitable. Et à chacun des pas qu’elle commettait, Lilith Raeken se rapprochait du fameux indic qu’elle s’attendait à retrouver – le nez en sang et l’esprit ailleurs, celui-ci n’était pourtant pas en mesure de faire quoique ce soit. Persuadé d’être en parfait contrôle des circonstances et de ses émotions, Alec quitta la noirceur où il avait disparu, pour se dresser entre la silhouette lointaine, et pourtant jamais aussi proche, de sa propre mère et l’unique sortie de cet endroit. Et la seule réponse que Lilith recueillit à ses questionnements, ses doutes et ses craintes, fut le son glacé, indélicat et meurtrier de la flèche qu’il encocha. Droit dans sa direction, au moindre faux pas, au moindre geste inconsidéré – au moindre mot d’travers. Au moindre regard qu’elle aventurerait dans sa direction, grondaient les pulsions du Lynch, l’arc bandé dans une position impeccable. C’était son père qui lui avait appris, au départ un simple loisir – une véritable arme mortelle désormais, entre les mains du fils vengeur. Serait-ce venger son père, que d’abattre sa mère ici ? C’n’était qu’enfin, enfin que le chasseur, le traqueur s’rendait compte qu’il n’avait rien eu du prédateur avisé, calme et calculé : pendant tout ce temps, son cœur s’était calqué sur une toute nouvelle allure. Précipitée, empressée, désespérée contre sa cage thoracique – ou au creux de sa gorge, en ce nœud qui pulsait, pulsait à lui en couper la respiration et la voix. Est-c’que le frisson, qui le traversa de part en part fut réel ? « Tu sais c’que les gens disent- à propos du karma. Il a un putain d’sens de l’humour. » mâchoires crispées en réponse à tout son corps, ses chairs tendues jusque dans la plus infime de leurs fibres, il avait marmonné ces mots sans même pouvoir les entendre : son esprit, déjà déchiré par une tempête impétueuse et contradictoire. Que ce n’soit pas elle – que tout ça n’ait été qu’un mensonge, une illusion, un faux espoir. Que ce n’soit pas elle ; l’appel de ses tripes, la supplication de sa raison, adressée à il n’savait qui – sa mère, celle de ses souvenirs, celle qui l’avait aimé, ou avait vraiment bien fait semblant d’le faire.
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Sujet: Re: (lilith), ultimately… we’re all alone. Ven 12 Fév 2016 - 2:54
ultimately… we’re all alone
— Alec Lynch & Lilith Raeken —
Consumed by my rage, I ran far from the words that you say. By the way, I searched my heart to feel something But when you come to mind, My love is blind. Because of you I am unkind With my head full of lies. Deep abyss Pulling you in, Running through your veins like sin. A fatal spin Beneath your skin, residue flows within. — Head Full Of Lies.
Lentement, l'étau se resserait autour de ceux qui avaient allumé le feu qui avait emporté toute une famille. Jacqueline, sa mère. Peter, son père. Henry, Jonathan et Kelly, des frères et soeur plus qui avaient été consumés dans les flammes là-bas, plus de quarante ans plus tôt. Ou peut-être bien qu'ils avaient fini une balle dans la tête ? Qui pouvait le savoir ? Ceux qui avaient été là bien sûr. Ceux qui n'avaient pas eu l'esprit embrumé, les sens engourdis par les flammes. Les responsables, de qui elle s'approchait lentement. Elle avait bêtement vécu les années d'son adolescence sans se douter que des meurtriers couraient toujours. Des Chasseurs qui avaient choisis de faire des Raeken que des noms sur de jolies tombes. Parmi tant d'autres. Anonymes. Que la jeune Lily pour se rappeler. Lily, ce surnom qui avait sonné si doucement à ses oreilles à chaque encouragement d'son père. Chaque main sur l'épaule accompagnée d'un sourire et regard bienveillant. Combien d'années avait-il fallu aux cicatrices des brûlures sur ses bras pour disparaître et ne jamais avoir plus saignées que maintenant. Maintenant que la vérité lui avait claqué en pleine figure pour ne pas la laisser tranquille. Combien de personnes pouvait-elle continuer à perdre avant de n'être plus rien ? En réalité, n'était-elle déjà plus rien ? Qu'un fantôme, que le spectre de la mère aimante, de l'épouse attentive qu'elle avait été. Un prénom de plus à ajouter sur le tombeau familial. La seule personne qui aurait pu se souvenir de ce nom, c'était son fils. Lui qu'elle avait cru enterré comme les autres. Pourtant, elle avait été là, à quelques mètres d'elle dans les sous-sols du Château sans qu'elle n'ose s'approcher. Dévoiler qu'ce coeur qui l'avait tant aimé battait encore dans sa poitrine. Mais pour le moment, elle n'avait pas le temps de s'préoccuper du fils vengeur qu'elle avait aperçu dans des images à jamais imprimées à son esprit d'mère outrée. Non, ce soir, elle ne cherchait que les responsables de ceux qui avaient arrachés les vies à Janice, Peter, Henry, Jonathan et Kelly Raeken, enterrés depuis longtemps mais jamais oubliés par la seule survivante du même nom. Un coup d'oeil au téléphone pour réaliser que l'informateur des plus mystérieux qu'elle traînait dans son ombre l’attendrait dans la nuit dans cette ville usine abandonnée et crasse. L'endroit pour une rencontre des ombres, destinée qu'à ne durer quelques minutes avant de retourner se terrer à la base et retourner sans arrêt toutes les horreurs qu'elle s'imaginait. Sur le passé, le présent. Le futur. Si incertain et effrayant. Indomptable... ce qui est inacceptable pour la mutante si fière de ne jamais perdre le contrôle de sa vie. Une vie partie dans tous les sens. Et elle n'a rien pu y faire.
Ce soir, elle croyait bien rectifier le tir. Son chauffeur la conduisit au point de rendez-vous et après lui avoir fait savoir de l'attendre là, elle s'engagea dans la ruine. Un silence envahissant faisait vibrer le bruit de ses pas sur le sol. Elle apercevait bien l'informateur assis à une chaise, se contentant de faire son bout de chemin pour aller le rejoindre sans se douter du prédateur ayant les yeux rivés sur elle. Après un moment, elle se rendit compte que quelque chose clochait. Son informateur était souvent le premier à l’accueillir de gestes grandioses et courbures généreuses. Pas immobile au fond de cet endroit des plus lugubres. N'avait-elle pas réalisé que le danger guettait qu'elle entendit dans son dos le bruit d'une corde que l'on tend, lentement. Avec minutie, affection même. Un arc pointé sur elle, elle pouvait le sentir, la sensation hurlant dans chaque pores de sa peau. Elle se stoppa net quand le son menaçant s'accompagnait d'une voix bien familière.
" Tu sais c’que les gens disent- à propos du karma. Il a un putain d’sens de l’humour. "
C'était bien cette voix, oui, celle du fils, celle du Chasseur. Des rôles qui semblaient s'entremêler dans le ton qu'il avait employé, comme s'il ne savait pas sur quel pied danser. Droite et s'assurant de rester calme, elle se retourna lentement pour ne pas le brusquer. Elle avait su reconnaître le bruit particulier d'un arc tendu, elle n'avait pas l'envie de se faire transpercer d'un projectile. Quelque part au fond d'elle, elle trouvait cette situation ridicule. Jamais son propre fils ne se retournerait contre elle. Jamais ce gamin qu'elle avait tant chéri se retrouvait à lui envoyer une flèche en plein coeur. Mais l'homme qu'il était devenu, elle ne le connaissait pas. De ce fait, elle préférait ne pas prendre de chances. Venant entrelacer ses doigts devant elle, dans une position des plus posées, comme si aucune menace ne planait au dessous de sa tête, elle se retrouva enfin face à face. Alec. C'était bien lui, oui. L'arc pointé sur elle comme si elle ne fut qu'une simple proie, un simple mutant de plus à abattre pour lui. Cette image la révoltait, un voile sombre plana sur ses traits délicats avant de retrouver sa contenance habituelle.
" Les gens disent des tas d'trucs idiots, ça veut pas dire que j'les écoute. " Mais fallait bien l'avouer, si le karma existait, elle se foutait bien de leur gueule présentement. " Si on m'avait dit par contre que je me retrouverais ce soir devant mon propre fils qui me menace comme ça, ouais, j'aurais carrément cru à une blague. Et de bien mauvais goût. "
Elle les avaient rêvés ses retrouvailles. Se présenter devant son fils, bien vivante. Le serrer dans ses bras plutôt que de regarder à une petite photo froide et représentant un jeune Alec adolescent. Mais l'homme qu'elle avait devant elle, qu'elle prit le temps de détailler de la tête au pied ressemblait bien plus à un guerrier - un Chasseur - qu'au gamin qu'elle avait bordé tous les soirs ou consolé avec ses ennuis de jeune délinquant. Délinquant qu'elle avait trouvé le moyen de trouver attendrissant. Ce soir, dans cette usine froide, il n'avait rien de ce gamin-là. Il n'avait rien d'un fils.
" Baisse ton arc, Alec. " Le ton sec mais tremblant à la fois. " ... À moins que tu comptais t'en servir... "
Le doute planait dans ses mots car elle ignorait tout de ce nouveau Alec devant elle. Déchirée par un tas de sentiments contradictoires. Parce qu'elle ignorait ce qu'elle avait devant elle, ouais, et pourant... s'acharnant à s'imaginer son fils bien aimé alors que ses yeux ne lui renvoyaient que l'image d'un tueur. C'qui était sûr, c'était qu'elle s'était préparée pendant des jours, des semaines... des mois à essayer de trouver un moyen de retrouver le jeune homme. Apparemment, elle avait trop attendu et le destin avait décidé de le faire pour elle et d'une bien cruelle manière. Figée, n'osant pas bouger, le regard planté dans celui du fils qui l'avait en joue.
Alec Lynch
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Sujet: Re: (lilith), ultimately… we’re all alone. Sam 13 Fév 2016 - 2:36
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Y’avait eu un soleil radieux, le jour où il avait enterré ses parents ; le genre de beau temps qui semblait s’foutre de la gueule du monde, en de telles circonstances. Alec se souvenait encore aujourd’hui, avoir détesté avec ardeur la chaleur suffocante de cette journée-là, l’odeur que la terre avait dégagée lorsqu’il en avait pris une poignée entre ses doigts. C’avait été insupportable – insupportable de porter un costume noir qui avait semblé irradier de chaleur. C’avait été insupportable de dévisager tous ces inconnus qui étaient venus lui présenter leurs condoléances, parce qu’ils avaient connu son père par un biais, sa mère par un autre. Insupportable, la simple idée qu’il fasse aussi beau au début de l’automne. Quatorze ans plus tard ou presque, le fils Lynch se souvenait exactement de tous les moments cruciaux de cette journée-là ; la difficulté que ç’avait été, toute cette histoire d’enterrement. Felix qui n’avait pas quitté son côté pendant tout ce temps, pourtant incapable de prononcer une phrase à même de chasser la réalité. La réalité qui frappait de plein fouet, comme ça, sans prévenir et sans merci, l’existence d’un pauvre type qui avait toujours vécu à mille kilomètres de celle-ci : protégé, choyé, sagement lové sous l’aura de ses deux parents. Lynch et Raeken, ç’avait été comme si deux superpuissances s’étaient alliées contre le reste du monde, pour enfanter un petit empire capricieux desquels ils auraient eu la tutelle. A bien des égards, Alec avait su c’jour-là, au combien il avait été le fils indigne de deux personnes qui auraient mérité mieux. Et l’temps avait passé depuis, la preuve irréfutable qu’il n’pouvait rien faire contre les événements, ceux qui avaient à jamais fermé les yeux de ses géniteurs, et n’lui permettrait jamais de réparer ses erreurs, redorer le blason du fils sans espoir qu’il avait pu être à leurs yeux. Ils avaient fait pourtant, tous les efforts du monde pour cacher leur déception, l’incessante fureur que les rixes du jeune Lynch devaient faire naître en eux. Ils avaient mérité mieux, et jamais d’leur vivant il n’avait été, ce mieux. L’arc au poing, toutes ses convictions orientées dans une seule et même destination – celle-là même désignée par la pointe acérée de sa flèche, même adulte, Alec Lynch était incapable d’savoir s’il était mieux maintenant. Mieux qu’un esprit capricieux, fuyard et impulsif. L’errance avait remplacé toutes ses assurances de jeunesse : des années et des années, voilà c’qu’il avait fallu pour le reconstruire, le façonner en autre chose. Un phénix, renaissant des cendres laissées par le tueur de ses parents. Le père Lecter avait souvent reconnu la volonté du tout nouveau novice qui se plaçait à ses services ; l’ardeur avec laquelle il s’était voué à la chasse, il n’l’avait jamais ressentie pour rien avant. Quelque chose à faire de ses dix doigts, une destination grande ouverte, offerte devant lui : ç’avait été à lui de la saisir, s’il voulait enfin prendre son avenir à la gorge et le soumettre à ses propres ambitions. Tout ça pour ça. Tout ça pour Radcliff, et Lancaster, le marionnettiste qui gouvernait toutes les vies ici-bas ; tout ça pour n’plus savoir où il en était, où étaient ses alliés, où étaient ses ennemis. Tout ça pour que Felix et lui n’s’adressent plus qu’à peine la parole, en des échanges fuyards et gâchés par les circonstances. La guerre, la hargne. La rage. Tout ça pour être devenu un transmutant. Ça faisait décidément bien longtemps que les cieux avaient eu une dent contre lui ; et pour quoi, au fond ? La réponse n’était pas prête de s’offrir à lui, sans concession et sans détour. Et pour l’heure, ceux-ci avaient toute l’éternité pour s’acharner sur lui. L’éternité et l’âme du Lynch, offerte à tant de douleurs qu’il n’aurait jamais cru ressentir à nouveau : aimer était une faiblesse. Et l’pire, résidait dans l’fait que c’était un visage familier, atrocement familier, qui lui rappelait cette leçon.
Il aurait voulu que Lilith Raeken se retourne, pour n’être finalement qu’un facies inconnu ; un mensonge qui aurait fait miroiter des espoirs empoisonnés à ses prunelles. Une trahison, commise par un inconnu qui se ramasserait une flèche dans la gorge avant d’avoir pu ciller. Tous ses muscles tendus par l’effort, c’était sûrement comme ça uniquement, qu’Alec pouvait encore tenir debout – les réflexes du hunter, qui pulsaient à la vitesse de son cœur à travers tout son corps, et le forçaient à se maintenir fier et impérieux face à sa victime. Son adversaire. Cette réminiscence tortionnaire d’un passé qu’il répugnait – Elizabethtown, cet Alec-là : tant d’éléments qui tournaient trop souvent à la frontière de ses songes sans qu’il n’parvienne complètement à s’en débarrasser. Quatorze ans – quatorze putains d’années à les porter à bout de bras, ces souvenirs, ces regrets, ces envies qui n’se concrétiseraient jamais. Ces plans tombés en pic droit dans les abysses. Il en avait eues, quelques-unes, des ambitions ; et chacune d’elles avaient subi le sort de tout son autrefois, balayées, oubliées, saccagées par les pulsions vengeresses du fils orphelin. Abandonné. Abandonné, ouais, c’était la réalité que lui offrait le masque froid de sa mère à quelques pas de là : une fraction de seconde, qui remettait plus d’une décennie de sa vie en question. Ce petit rien, qui faisait s’effondrer un peu plus les murailles d’assurance qu’il avait crues si profondément ancrées en lui. Lancaster, Felix, les Lecter, les Hodgins. Calista, Calista – les transmutants ; combien d’autres croyances allait-il devoir sentir glisser entre ses doigts avec toute l’impuissance du monde ? L’impuissance, il n’voulait pas la ressentir – capricieux à nouveau, ses doigts s’enserrant autour de son arc dès qu’elle ouvrit la bouche. Oh cette voix, cette voix aux relents d’autrefois, cette voix qui lui filait la nausée aussi efficacement que la pensée de son corps décomposé au fond d’une tombe vieille de près de quinze ans. « Les gens disent des tas d'trucs idiots, ça veut pas dire que j'les écoute. » que voyait-elle avant tout le reste, Lilith ? Le regard haineux qui léchait le moindre des détails de son visage, le moindre de ses gestes ? La façon dont l’énergie glissait, impétueuse et imprévisible, le long du corps de son fils indécis ? L’éclair de douleur, une douleur incommensurable et insupportable, qui parcourut le faciès du hunter alors que les derniers petits doutes s’envolaient pour eux deux ? C’était sa mère. Et il était son fils, l’assaillant dans son dos qui pointait une flèche droit dans sa direction : non pas vers sa jambe juste pour la blesser, ni vers son cœur dans une symbolique stupide. Vers sa tête, à croire qu’il pouvait simplement raisonner et agir comme le hunter précis et meurtrier qu’il était – avec elle, comme avec tous les autres. Car finalement, dans la chronologie des événements, tous les noms et les visages ennemis que le Lynch avait affrontés dans leur dernier souffle de vie, Lilith était celle qui lui avait causé le plus de torts. « Si on m'avait dit par contre que je me retrouverais ce soir devant mon propre fils qui me menace comme ça, ouais, j'aurais carrément cru à une blague. Et de bien mauvais goût. » et comme un animal sauvage, blessé, le Lynch lâcha un souffle qui ressembla à un grondement, le mépris remplaçant la peine incontrôlable qui avait gouvernée tout le reste, mais que sa vis-à-vis ne méritait pas. « Baisse ton arc, Alec. » remarqua-t-elle, le spasme réflexe qui tendit tout le corps du jeune homme à peine eut-elle prononcé ces mots ? Alec s’était arrêté une fraction de seconde, une fraction d’seconde à peine avant de lâcher la flèche dans sa direction. Baisser son arme, c’n’était pas à l’ordre du jour, c’n’était pas c’qu’il voulait faire – c’n’était pas c’qu’il ferait : car quelque part, il n’savait pas qui était la personne face à lui. Sa mère, une traitresse, un ennemi – une dégénérée. L’idée l’avait déjà torturé en boucle, au moins mille fois dans les jours qui avaient passé : une interrogation qui ne daignerait pas passer ses lèvres. Pas maintenant. « ... À moins que tu comptais t'en servir... » et il en avait envie. Il en avait envie comme il n’avait jamais eu envie d’abattre personne d’autre auparavant. Rien qu’pour la blesser, savoir qu’il pouvait l’faire – lui ficher un mal glacé et indélogeable entre les côtes ; qu’elle sache c’que ça faisait, qu’elle ressente un millième de c’qu’il avait enduré. Pendant combien d’temps, combien d’temps ? Son palpitant avait adopté un rythme hypnotique, cavalier échevelé, cognant, cognant en un torrent assourdissant de sang à ses tempes. Alec, sourd, parfaitement sourd à tout ce qui s’éloignait un tant soit peu de ses instincts. Sa fureur – il n’avait jamais autant détesté quelqu’un.
« La ferme- » s’il avait cru qu’une éternité avait couru suite aux paroles de sa mère, une fraction de seconde à peine s’était écoulée ; le sifflement dédaigneux du Lynch répondant en un éclair à l’ordre que la génitrice désavouée n’avait plus le droit de prononcer. « T’arrives un peu tard pour m’donner des ordres. » ou essayer de l’attendrir d’une quelconque façon. Et pourtant ; pourtant, le chasseur si impeccablement positionné pour tirer, peinait à parler autrement que les dents serrées, les frontières de ses paupières flouées par c’qu’il prenait volontiers pour de la colère, plus qu’autre chose. Rien d’autre, n’pouvait ressortir du sentiment de quatorze années d’sa vie, venaient de s’envoler dans une fumée âcre et toxique. Sept années, sept années à poursuivre Lewis Duncan sans jamais faillir, sans jamais s’arrêter – sept ans à croire qu’il n’y avait rien d’autre qui comptait. Quatorze ans, à fermer son cœur, son âme, son esprit à tout contact avec le monde. Quatorze ans de solitude ; une traversée du désert qui n’avait plus aucune grâce, rien d’autre que la trahison à la fin. Le poison était amer, servile, aussi meurtrier que celui du plus toxique des serpents. Sa mère, le serpent. Y’avait tant de choses qu’il voulait dire, qu’il voulait déclamer à haute voix, qu’il voulait hurler en plein visage de sa mère – ces déclarations douloureuses qu’il n’avait même pas pris la peine de balancer à l’assassin de ses géniteurs. « Peut-être que j’peux pas te tuer... » lâcha-t-il comme une confession qu’il regrettait, la froideur germant au fond de ses prunelles, tandis qu’il reconsolidait ses masques d’assurance à lui : « Mais lui, c’est pas ça qui va m’empêcher de dormir. » et la pointe de sa flèche avait doucement dévié, en direction du type ficelé à sa chaise, comme si c’était plus facile de le menacer lui que de flirter avec l’idée de prendre la vie de sa mère. C’était l’cas, quand bien même Alec n’tuait pas les humains – quand bien même il avait toujours marché selon ce code de conduite indispensable à la survie de son esprit, d’sa raison, d’sa conscience humaine. Il n’tuait pas les innocents – les gens comme ses parents, victimes collatérales des caprices d’un putain de dégénéré. Il avait eu faux sur toute la ligne. « Alors t’es quoi ? Capable de t’régénérer ? » comme lui. « Ou peut-être que tu ressuscites à l’infini, tout simplement. » c’était presque un sujet trivial, un questionnement mineur au milieu du flot d’interrogations qui le submergeait littéralement – et pourtant, peut-être bien que de là découlaient d’autres réponses. « Ou alors tu m’as laissé enterrer un cercueil vide ? » le dégoût, la véhémence déformant son visage alors qu’il relevait enfin les yeux vers sa mère, sans que son bras n’ait faibli, fléchi, ou détourné la flèche de sa cible toute nouvelle. « REPONDS-MOI. » il s’impatientait subitement, alors même que seulement quelques secondes s’étaient écoulées, à la vitesse d’une éternité insupportable. « Tu vas m’dire pourquoi c’était si important qu’tu m’laisses pendant quatorze ans à croire que t’étais morte- et tu vas me l’dire sans essayer d’te défiler, sinon j’te jure que ton informateur s’prend une flèche dans la tête et qu’tu peux dire adieu à ta précieuse vengeance. » car il en savait des choses sur elle finalement ; Alec et Lilith, enfermés dans des cercles vicieux qui s’ressemblaient terriblement – la vengeance, la vengeance pure et dure pour moteur. Elle, presque quarante ans plus tard. Et lui, lui, si prompt à la lui arracher, comme ça, d’un geste un seul, rien qu’parce qu’il savait que ça la briserait aussi efficacement qu’elle l’avait brisé lui.
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Sujet: Re: (lilith), ultimately… we’re all alone. Sam 20 Fév 2016 - 6:24
ultimately… we’re all alone
— Alec Lynch & Lilith Raeken —
Consumed by my rage, I ran far from the words that you say. By the way, I searched my heart to feel something But when you come to mind, My love is blind. Because of you I am unkind With my head full of lies. Deep abyss Pulling you in, Running through your veins like sin. A fatal spin Beneath your skin, residue flows within. — Head Full Of Lies.
Son monde lui filait entre les doigts à chaque seconde que ce fils qu'elle avait mis au monde, chérit et aimé continuait de pointer cette flèche tendue vers elle.Sa propre mère. Comme elle aurait préféré ne jamais le retrouver pour ainsi garder l'image du fils tant adulé malgré les conneries accumulées de fêtard insouciant et irresponsable alors que lorsqu'elle le croyait mort, elle aurait tout donné pour le serrer une nouvelle fois dans ses bras. L'ancienne image qu'elle avait de lui, c'était cent fois mieux que le meurtrier qu'elle avait sous les yeux depuis son arrivée à Radcliff. Raison même pourquoi elle ne s'était toujours pas manifestée à lui. Raison pour laquelle la Raeken était restée dans l'ombre. Elle avait redouté des retrouvailles alors que pendant quatorze ans, ce fut la seule chose dont elle rêvait. Maintenant, elle s'était surprise à le détester quelques instants en réalisant ce qu'il était devenu. Hunter, meurtrier et pourtant mutant lui aussi. Elle avait regretté partager le même sang que lui. Le fils indigne devenu tout ce qu'elle détestait avec toute la passion du monde. Son existence entière ne se résumait qu'à des regrets, oui. Et la haine de ceux qui avaient condamné ses parents aux flammes. Comme de ces chasses aux sorcières. Seulement, les Raeken n'avaient rien eu de magiciens. Simplement des citoyens sans histoires, dévoués non seulement à leurs sembables mutants mais aussi à l'humanité. La magicienne, c'était elle. L'illusionniste qui avait feint sa propre mort. Par peur de son mari et de ses nouveaux amis. Craignant qu'on s'en prenne à elle et ce fils haineux qu'elle détaillait intensément malgré le peu de lumière qui les entourait. Fils qui lui dit aussitôt de la fermer. Lilith fronça les sourcils, offusquée qu'il lui parle ainsi. Où était-il passé ce gamin qu'elle avait couvert de tout l'amour du monde, même pendant les années tortureuses à le croire mort. Tout de même, elle obéit et garda le silence, n'ayant aucune envie de le provoquer. Pas alors qu'il continuait de la menacer du projectile meurtrier. Trop tard pour lui donner des ordres ? Ça, il ne pouvait avoir plus tort. Qu'il le veuille ou non, elle restait sa mère. L'inverse étant aussi vrai. De le voir comme ça lui déchirait le coeur, enflammait sa hargne. Outrée que son fils soit devenu tout ce qu'elle déteste. Pourtant quelque part, loin, enfoui dans un étau de sentiments contradictoires, elle l'aimait ce fils indigne. Peut-être bien que c'était de sa faute qu'il soit tombé si bas à ses yeux mais la blonde était bien trop revancharde pour accepter toute part de responsabilité. Parce qu'elle ne regrettait pas d'avoir fait tuer monsieur Lynch, son époux. Elle l'avait fait pour se protéger qu'elle se répétait. Le protéger ; lui. Son fils. Lui qui avouait ce qu'elle avait déjà deviné : il serait incapable de l'abattre aussi froidement.
" Peut-être que j’peux pas te tuer... Mais lui, c’est pas ça qui va m’empêcher de dormir. "
La trajectoire de l'arc tendu dévia vers son informateur du même coup. Et la Raeken serra les poings par le fait même, réprimant le désir de jouer de quelques illusions pour dissimuler l'homme inconscient aux yeux de son fils. Elle se retenait pourtant, n'ayant pas envie de se dévoiler mutante. Pas maintenant, pas tant qu'elle n'était pas certaine que cette révélation ne lui mériterait pas une frèche en plein coeur comme ses semblables qu'Alec chassait. L'ironie allait plus loin qu'un fils et sa mère s'opposant sur les champs de ruines que le Destin avait laissé derrière eux, mais se révélait plus absurde encore à la lumière du fait qu'il était lui-même l'un de ceux qu'il qualifiait de dégénéré. Lilith restait immobile. Silencieuse et les dents serrées pour éviter de cracher le mépris que lui inspirait son fils, à menacer ainsi l'informateur innocent. Elle tentait de garder son calme, sa mutation un secret aussi mais elle réalisa bien vite que son fils en était déjà arrivé à cette conclusion.
" Alors t’es quoi ? Capable de t’régénérer ? Ou peut-être que tu ressuscites à l’infini, tout simplement. Ou alors tu m’as laissé enterrer un cercueil vide ? "
Le voile d'un sourire fier apparut sur les lèvres de la mutante. Au moins, elle n'avait pas élevé un idiot, elle pouvait s'en consoler. Cependant, elle n'eut pas le temps de répondre, le jeune homme se montrant impatient. Rageur même.
" REPONDS-MOI. Tu vas m’dire pourquoi c’était si important qu’tu m’laisses pendant quatorze ans à croire que t’étais morte- et tu vas me l’dire sans essayer d’te défiler, sinon j’te jure que ton informateur s’prend une flèche dans la tête et qu’tu peux dire adieu à ta précieuse vengeance. "
Cette fois, toute ombre de sourire l'avait quittée. Non, elle ne riait plus. Qu'il la menace était une chose. Qu'il menace sa vendetta que le temps n'avait su enterrer avec les cendres de ses parents en était une autre. Lilith se fichait pas mal de la vie de son informateur en elle-même mais, elle ne se fichait pas des nouvelles données qu'il gardait précieusement en tête. Que son propre fils - plutôt bien informé lui-même - menace de tout lui arracher la fit grincer des dents une nouvelle fois. Elle avait d'abord voulu l'apaiser, l'amadouer si c'était possible. Elle avait bien fait attention de ne pas lui donner une raison de tirer mais de son côté, il ne semblait pas se soucier s'il la provoquait ou non. Ce qui n'était pas une bonne idée non plus. Les pensées de la mutante se bousculaient, hésitant à répondre. Ne sachant pas par où commencer, et le dédain de lui donner satisfaction d'assouvir sa curiosité sous le coup de la menace. Un moment de silence rompu seulement par le long souffle lassé qu'elle relâcha en réalisant qu'elle avait cessé de respirer normalement depuis qu'Alec était sorti de l'ombre.
" Se régénérer, c'est ton pouvoir, pas le mien. " Elle marqua une pause, le temps de croiser les bras sur sa poitrine. " Y'avait bien un corps dans ma tombe. Seulement, pas le mien mais plutôt celui d'une servante que j'ai fait passer pour moi alors que je revêtais son visage. "
Il avait été impossible de feindre sa mort seulement avec des images car au final, elles restaient immatérielles. Pour s'assurer que sa mort soit la plus réelle possible, elle avait planifié chaque détails, chaque aspects devant les limites de son don. Alec ne devait probablement rien comprendre de ce qu'elle racontait alors, elle s'empressa de clarifier.
" Feindre ma mort n'était qu'une illusion. Convaincante certes, mais il ne faut pas toujours se fier à ce que l'on voit. Surtout avec moi puisque je peux créer des illusions. "
Voilà, c'était dit. Noir sur blanc, résistant aussi à la tentation de lui faire une démonstration pour se défiler aux flèches ou encore le désorienter. Parce qu'une partie d'elle continuait à se convaincre qu'il n'oserait jamais lui faire du mal alors son don lui serait inutile. La Raeken ne voulait tout simplement pas croire qu'ils en étaient arrivés là où elle devrait aussi jouer d'illusions pour se protéger de son fils, comme elle l'avait fait à son mari et le spectacle de sa fausse mort. Une chose qu'Alec semblait avoir clairement sur le coeur. Quoi ? Croyait-il réellement qu'elle l'avait abandonné ? Il n'avait aucune idée à quel point les quatorze dernières années lui avaient été insupprtables à le croire mort. Comment pouvait-il s'imaginer qu'elle ne l'avait pas aimé, préfrant fuir. Ça l'enrageait et ce fut d'un ton hargneux qu'elle ajouta :
" Tu ne crois pas sérieusement que je me serais donné tout ce mal seulement pour t'abandonner. Tu penses vraiment que je me serais condamnée à vivre telle une ombre pour le reste de mes jours seulement pour partir ? Tout ce que j'ai fait, c'est pour toi ! "
Pour ne pas s'emporter, elle dût se taire et prendre une profonde inspiration sans laisser le flot d'émotions que ranimait le souvenir de ses actions passées.
" J'ai toujours su que tu serais un mutant comme moi et ton père, ton précieux père -- " Le dégoût se devinait facilement à l'évocation de Lynch Senior. " J'ai découvert qu'il s'était associé à des Chasseurs alors qu'il était censé représenter la loi. Alors, je l'ai fait tuer pour m'assurer qu'il ne puisse jamais nous faire de mal, Te faire du mal. J'ai fait semblant de le rejoindre dans la tombe pour que personne ne se doute de rien. "
Voilà, maintenant il savait tout et elle espérait qu'il laisse son informateur tranquille. Elle avait été honnête, il n'avait plus de raisons de les menacer. Qu'il abaisse son arc, bordel... Parce que cette vision l'insupportait plus que le simple danger en lui-même. Elle en avait la nausée même. Dégoûtée, un regard noir posé sur lui. Fils, Chasseur, ennemi, être aimé ? Elle ne savait plus comment le considérer et voyant qu'il continuait de planter ses flèches sur son collègue, sur eux, elle en perdait tous ses repères.
" Je voulais te protéger et maintenant, regarde-toi. Devenu un Hunter toi-même. Comment as-tu pu ? Je suis déçue Alec... Endurer tes bêtises d'héritier c'était une chose. Ça faisait même ton charme. Maintenant... tu es... Je ne sais même pas ce que tu as. Qui tu es. Il est passé où le Alec que j'aimais tant, hein ? "
Reproches, tristesse, colère, accablement... Le mal qui la rongeait se lisait partaitement dans sa voix à la fois vindicative et brisée. Deux mondes qui s'entrechoquaient au creux de ses entrailles. Lilith avait cru pouvoir garder le contrôle de sa situation mais cela devenait de plus en plus difficle face à la seule envie qu'elle avait ; hurler.