I. The Past Made Me...
Elle essuya la buée du miroir d’un mouvement de la main, observant quelques minutes son reflet. Elle se sentait aussi différente moralement que physiquement, sa blondeur solaire avait laissé place à une couleur tirant sur le brun. Tout son être semblait s’être assombri : personne ne pourrait désormais la reconnaître. Elle avait volé ce visage à une femme aperçue dans le métro : jolie, souriante elle tenait la main à sa fille et, dans son malheur, Eve s’était sentie attirée par cet éclat de bonheur, comme si revêtir le visage de cette femme lui permettrait également de lui emprunter sa vie. Mais elle devrait savoir depuis le temps que ça n’était jamais le cas : que malgré les visages empruntés depuis l’attaque, l’éclat de bonheur ne revenait jamais. Seuls subsistaient la vengeance, la rage et le désespoir.
Pourtant elle s’était attachée à ce visage, synonyme de nouveau départ, comme si elle fuyait les traits qui apparaissaient sur les photos aux côtés de Malachi. Comme si son ancien visage, son vrai visage n’avait plus lieux d’être sans lui.

Comme chaque jour, les flashs de son passé lui revenaient en masse forçant Eve à s’asperger le visage d’eau froide. Elle se souvenait des hivers à Cardiff, passés avec un bouquin devant la cheminée, son doyen de père dans la pièce d’à côté, de cette impression d’être au chaud et protégée. Lui revenait aussi les multiples disputes avec ce dernier quand Eva avait décidé sur un coup de tête de sécher les cours au profit d’activités un peu tordus. Au cours de sa scolarité, Eva s’était introduit dans la maison d’un professeur, voler des clés de voiture, enfermer un élève dans une réserve, photocopier et afficher des photos peu avantageuse d’une fille qu’elle détestait... Evangeline n’avait pourtant pas un mauvais fond : elle avait toujours été une élève brillante mais elle ne tenait pas en place, l’inactivité l’effrayait et ce trop plein d’énergie finissait toujours par lui attirer des ennuis. Elle était franche, réactive et ne supportait guère l’injustice. Si elle faisait une chose, aussi terrible soit-elle, c'est qu'elle avait une bonne raison.

Un sourire apparut sur ses traits emprunt de nostalgie, elle se demandait comment allait ses parents : tenaient-ils le coup face à la perte de leurs deux enfants ? Depuis l’attaque elle ne leur avait pas donné de nouvelles, craignant de mener les hunters jusqu’à eux et plus exactement jusqu’à sa mère, mutante elle aussi. Eva s’était contentée de disparaître avec Elijah, afin de reprendre des forces, de se reconstruire pour mener à bien une mission des plus importantes : la vengeance.

Une fois ses souvenirs envolés, Evangeline descendit les escaliers du manoir d’Elijah pour rejoindre l’espace de tir. « Luke » et un coup de feu résonna, « Zoey » suivit de près d’un deuxième, « Zack » un troisième et « Malachi » un dernier. Eva laissa échapper un soupir et baissa son arme, laissant retomber la tension qui lui fusillait les épaules et les bras avant de s’approcher de la cible pour observer les impacts de balles. Les quatre coups étaient proches du centre de la cible : elle s’améliorait. Tant mieux. Bientôt Sloan, celle qui lui avait volé Malachi, et tous les autres hunters ne seront plus de ce monde.

II. And I can't be the one you loved
Evangeline a rejoint Radcliff aux côtés d’Elijah, rebutant tout d’abord à aller dans la ville où Malachi avait grandis, craignant de trouver un peu de lui à chaque coin de rue. Mais jamais elle ne se serait attendue à un si grand choc : Malachi bel et bien vivant après avoir passé 7 ans à pleurer son décès. L’incompréhension laissa finalement place à la joie des retrouvailles et si Eva est soulagée et heureuse de ce retournement de situation, elle reste cependant sur la défensive : elle n’est plus la même et les sentiments de Malachi pourraient changer face à ce qu’elle est devenue. La jeune femme craint plus que jamais de le perdre mais est incapable de renier ce qu’elle est devenue : son but est de se débarrasser des hunters et de tous ceux qui se mettront en travers du chemin de la rébellion.