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 (morenos), then we're alone, and we'll die alone together.

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Nissa Moreno
Nissa Moreno

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SUR TH DEPUIS : 29/10/2015
MessageSujet: (morenos), then we're alone, and we'll die alone together.   (morenos), then we're alone, and we'll die alone together. Icon_minitimeLun 16 Nov 2015 - 2:47


and you crash down to the earth when you're incomplete
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love me when i look the worse for wear, with my darkness in the darkness there. we're alone, and we'll die alone together after all our days are counted up and gone. in the evening when the world is old and the sun has chased the sky to bed, we can whisper one more chapter into this book that never will be read ‘til the final little page falls out, and we struggle to recover it; trying to read what we forgot. w/nissa moreno & benjamin moreno.

Caresse glaciale sur son âme, courant le long de son échine aussi avidement qu’une main baignée de sang, la solitude était l’alliée de tous ses jours, de toutes ses nuits. De toutes ses errances hasardeuses ; ici, là, échouée dans un silence épais qui l’entourait. Elle s’y berçait, s’y lovait dans l’illusion que ça finirait par suffire : que quelque-chose agirait sur elle pour apaiser son cœur meurtris. Le transformer en une glace plus épaisse qui ferait d’elle un être indestructible. Elle l’était déjà sûrement : car il n’y avait plus rien que ses ennemis pourraient lui prendre désormais. Ces démons fichés dans l’ombre de ses prunelles noires. Plus d’mari, plus d’fils. Plus d’vie. Plus d’passé. Plus d’avenir. Chaque estafilade de la vie avait l’allure d’une balle de métal, qu’elle coinçait au creux du réservoir de son arme : une, une dizaine, plus, moins. Dans ces gestes mécaniques qui occupaient ses doigts presque autant que son esprit, la Moreno avait cessé de compter : cessé de compter les vies qu’elle prenait au gré de ses gestes – un doigt pressant la détente, si simplement – la mort qui sifflait à une vitesse ahurissante, le temps d’un battement de palpitant brisé en mille morceaux. Nissa préférait se concentrer sur ça ; elle préférait penser à ça, observer la mort se mettre en marche sous l’impulsion de ses propres mains plutôt que de jeter un œil par-dessus son épaule. La solitude était familière ; elle était ce vide abyssal dans ses entrailles, cette roche rugueuse au creux de son estomac – la jeune femme la sentait plus présente que jamais. Elle qui n’avait pas cru que Benjamin avait été assez, qu’il n’avait pas su faire quelque chose, n’importe quoi, pour alléger le poids de l’absence d’Aaron. Elle avait eu tort ; et c’n’était que désormais qu’elle s’en rendait compte. Trop fière pour l’admettre, trop détruite pour daigner baisser les armes – son époux, tout c’qu’ils avaient été, elle l’avait laissé au bord de la route en se cassant de la bagnole qu’ils avaient volée ensemble, traçant son chemin en solitaire jusqu’à Radcliff. En solitaire ; ça n’serait enfin plus que ça, toute sa vie. Elle n’devait pas perdre ça, cette détermination grondant en flots continus à travers toutes ses veines : l’empreinte du jadis sur elle, tout juste suffisante pour alimenter sa rage. Sa volonté de continuer, peu importaient les âmes qu’elle laissait derrière elle – ou celles qui pesaient à présent sur ses épaules solitaires. Une énième fois, elle inspecta de ses prunelles les photographies qu’elle avait elle-même prise, depuis des jours déjà – traquant un homme en particulier. Un type qui n’payait pas de mine au premier abord, mais était un dégénéré avéré, qui n’avait pas peur d’utiliser sa mutation et s’montrait presque imprudent. Quelqu’un qui faisait partie d’quelque-chose, un d’ces organismes qui pourrissaient la ville de Radcliff. Un d’ces types qui avaient participé à poser des bombes ici et là, à travers toutes les fêtes de la ville : combien de mômes étaient morts là-dedans ? Et les relents de sa hargne étaient inlassablement réveillés par ces mots se répétant en écho en elle ; la mère meurtrie pouvait si aisément revoir ces instants décisifs. Ils s’étaient marqué dans son esprit avec la force d’un fer incandescent gravant des initiales sur sa peau : Nissa se souvenait de la police sur le pas de sa porte. De l’annonce qu’ils avaient faite, du bout des lèvres. De la main de Benjamin, enserrant son épaule. Le claquement sec de l’arme chargée – enfin – brisa la tornade impétueuse de ses souvenirs ; et la brune fut reconnectée à la réalité.

Là, juste sous la lumière blafarde, jaunâtre d’une lampe, ses doigts n’tremblant plus sous la prescience de l’arme à feu, sa lourdeur, son aspect lugubre. La prolongation de sa main, qui allait apposer la mort – quelque part, prochainement. Elle savait où il était, où il serait ; la Moreno l’avait traqué en boucle jusqu’à connaître ses habitudes les plus infimes – monsieur trompait sa femme, monsieur allait bien trop souvent boire des verres en compagnie de ses amis, probablement tous des monstres comme lui. Monsieur flirtait avec ces groupes de l’ombre dont elle avait cure : qu’ils appartiennent à un organisme terroriste ou qu’ils n’soient que des fous isolés, les dégénérés étaient un danger quoiqu’il en soit. Sa main vint s’échouer à la surface de son abdomen, la douleur lancinante, éternelle revenant enflammer son intérieur ; Nissa se souvenait aussi de ça. D’au combien l’errance avait été profonde en elle. Profonde, jusqu’à ce qu’elle voue sa confiance à n’importe qui – un type qui n’payait pas de mine, et lui avait fait toutes les promesses possibles et imaginables. De rage en le retrouvant enfin, la belle meurtrière lui avait offert une fin emplie de supplices et de tortures – la démone embrassant l’Enfer auquel elle était destinée. Ca n’faisait qu’un an à peine, que son bonheur tout entier avait disparu en cendres : et pourtant, elle avait l’âpre sentiment que ça faisait plus longtemps. Bien plus longtemps. Plus longtemps que Benjamin n’était plus là à ses côtés, abandonné elle n’savait où. Elle n’voulait pas s’en préoccuper – de toute la force qu’elle pouvait vouer dans son esprit et ses tripes tout à la fois, la Moreno fuyait avidement cette réalité-là en particulier. Le fait qu’elle avait tout perdu, jusqu’au bout, au nom de l’existence de ces monstres ; ces monstres comme son mari. Il avait fallu que Benjamin se révèle être un transmutant, trente-six années trop tard. Il était trop tard pour accepter. Trop tard pour faire marche-arrière. Sous la lumière gardienne du firmament, la ténébreuse créature avait quitté l’inconfort de sa chambre de motel ; miteuse, avec un sel lit unique, une petite table sur laquelle ne trainait plus rien – aucune vie, nulle part, simplement l’omniprésence de la survie. Coûte que coûte, sur les cendres des autres. Sur les cadavres auxquels elle survivait inlassablement. Sous sa veste, se cachait son arme favorite, ce même modèle qu’elle avait rapporté de ses années dans l’armée : ce même flingue qui avait arraché les premières vies que l’innocente du bout des doigts, avait rechigné à prendre. Elle, si bonne, si prompte à sauver des vies : c’était y’a longtemps déjà. Une éternité plus tôt. Une autre Nissa. Celle avec des éclats de lumière et de bonté plein les yeux : celle qui aurait aisément pu prendre Aaron dans ses bras, le serrer amoureusement et ne vivre que comme ça. Mère, épouse pour le restant de ses jours ; vouée à ça uniquement. Qui était le fou qui lui avait arraché tout cela ? Ne pas savoir était le pire, ne pas savoir lui déchirait l’intérieur plus efficacement encore que la maladie pernicieuse et inconnue qui la vouait à une mort certaine. Moreno se lâchait désormais sur le terrain telle une guerrière sans plus rien à perdre – parce que c’était l’cas. Parce que c’était comme ça : elle n’avait plus rien à perdre, et ses ennemis eux, perdraient tout également. Sous sa main à elle. Et ils finiraient tous tôt ou tard par regretter de n’pas lui avoir foutu la paix. De n’pas lui avoir laissé son bonheur intact, intouché, sauf.

Sous la pénombre, la brune prit sa voiture – qui n’était pas vraiment la sienne – inspectant l’heure une ultime fois. Il n’restait qu’une demi-heure avant que le couvre-feu officiel de Radcliff n’vienne perturber la marche de ses volontés. La Moreno n’en avait cure, n’craignait en rien le courroux de qui que ce soit – mais tout dégénéré qui se respectait tendait désormais à se planquer une fois les chasseurs lâchés en pleine rue, avec le droit de vie et de mort sur n’importe qui. Il fallait qu’elle fasse vite : l’endroit où elle s’était échouée était pourtant si petit, si insignifiant et déserté, qu’elle n’eut aucun mal à rejoindre le centre-ville. Un bâtiment qui n’payait pas de mine, auquel le type dont elle n’avait guère daigné retenir le nom se rendait tous les soirs. Elle n’savait pas pourquoi, elle n’savait pas pour voir qui. Et elle s’en fichait comme de sa première culotte. Comme Dieu lui-même, l’Destin, ou l’reste de l’humanité à part entière. Phares éteints, moteur coupé, la brune compta les secondes, les minutes, chaque instant qui la séparait de l’effusion de sang – la distraction dont elle avait tant besoin. Chaque moment de plénitude n’était que torture, torture imposée à son âme, toujours rattrapée par les démons souffreteux de son passé. Nissa n’voulait pas vivre comme ça, elle n’voulait plus depuis des mois déjà ; quitte à se vouer à n’importe qui, n’importe quoi. Tout c’qui pouvait enterrer plus profondément encore celle qu’elle avait été – la laisser là-bas, loin, disparue avec son fils. Disparue avec sa foi, ses croyances, sa naïveté. Sa bonté. On lui avait appris que ça n’servait à rien ; et elle s’occupait désormais d’l’apprendre à tous les autres, peu importaient leurs visages, leurs origines, leurs façons d’concevoir les choses. Deux silhouettes se détachèrent de la pénombre, juste sous l’éclat doré d’un lampadaire au détour d’une rue – le connard était accompagné, c’était à croire que les circonstances voulaient s’amuser avec elle. Qu’il en soit ainsi, songea-t-elle, la rage au bord de la bouche, accompagnée de l’odeur ferreuse de son sang : c’n’était pas ça qui l’arrêterait. Agile, furtive tout autant que déterminée, la brune quitta l’habitacle de la voiture, traversant la rue à quelques pas de là, sans faire attention au silence pesant, à la présence du dommage collatéral – sans doute un autre transmutant, d’quoi faire une pierre deux coups. Sans prévenir, la gigantesque gifle du destin vint s’imposer sur la tronche de l’inconnue ; Nissa, les doigts serrés autour de la crosse de son arme, tirant une balle qui siffla pour venir se ficher dans sa cuisse – de quoi le calmer. Lui, le premier. Et le deuxième ; son arme ne trembla guère, ne faiblit guère dans sa marche inévitable : elle avait levé le canon de celle-ci, prête à tirer. A régler le tout en une seconde – mais le visage familier la glaça. Effroi, regret. Remords. Rancune. Haine. Naquit en elle une envie, irrésistible envie de tirer. Ses doigts y étaient presque, là, soumis par la rage qui brûlait tout en elle. Nissa dévisagea Benjamin pour ce qui lui sembla être une éternité : ce ne fut que quelques secondes, pendant lesquelles l’autre se roulait par terre, ses deux mains enserrées autour de sa cuisse ensanglantée, le temps de reprendre ses esprits. Une respiration. Un battement précipité de son cœur, s’échouant sur les berges du désespoir. Elle devait tirer, elle voulait tirer. Mais y fallait croire que son palpitant était toujours vaillant, voué à quelque chose. Quelqu’un. Dans un cri de hargne renouvelée, le transmutant blessé se jeta sur elle, l’envoyant au sol comme si elle avait été une brindille poussée par le vent – une pauvre folle qui s’était lancée à la gorge de deux dégénérés sans savoir c’qu’elle faisait. Elle savait pourtant – en temps normal – mais tout s’était envolé. Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Lancinante question dont elle n’connaissait que trop bien la réponse : une mélopée qui vibrait dans tout son corps secoué par la volonté de vivre. Vivre malgré tout. Vivre pour ces démons horribles qui l’alimentaient : la vengeance, la mort, la violence – rien d’autre. Elle n’pouvait plus rien être d’autre. Rien ; sauf quand elle se plongeait dans les prunelles de son époux – presque contre son gré, elle se sentait humaine à nouveau. Humaine faible. Faible à en crever là, sur le goudron glacé d’une rue inconnue, ayant à peine touché la victoire. Victoire sur elle n’savait plus quoi ; les mains du transmutant s’étaient déjà enserré autour de son cou depuis de longues secondes, coupant sa respiration par à-coups rageurs. La frontière de ses paupières bordée de larmes, suffocant, la chasseuse cherchait à tâtons l’arme qu’elle avait lâchée dans l’inconscience de l’instant. Elle était là, là, quelque part, à quelques centimètres à peine du bout de ses doigts. Elle voulait mourir. Elle voulait vivre ; elle n’savait plus. Sa main se refermant sur du vide à nouveau, la Moreno chercha une énième respiration – l’éternel n’étant finalement qu’un filet de secondes à peine ; juste le temps que Benjamin ne réagisse, mû par ces mêmes faiblesses, ces mêmes devoirs qui la paralysaient elle. La prise de l’ennemi se desserra bien assez vite de contre son cou, dégageant la chasseuse qui rampa pour les quelques centimètres qui la séparaient de son flingue. Un volte-face dans la nuit, avec sa plus fidèle alliée, elle tira presque sans regarder : trois coups – qui se fichèrent elle n’savait où. Une part d’elle espéra en Benjamin lui-même : que l’empressement et la folie aient eu raison d’eux, de lui. D’eux. De ces regards qui brûlaient toutes ses convictions, la faisaient flancher. Flancher au devoir qu’elle avait – envers son fils, leur fils. Seule sa cible initiale pourtant s’écroula, le torse criblé de balles, ensanglantée, trahie. Contre le sol froid, il agonisa pour une seconde à peine, avant d’trouver la mort : le chanceux venait de rejoindre Aaron bien avant elle. Avant eux deux.
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Benjamin Moreno
Benjamin Moreno

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MessageSujet: Re: (morenos), then we're alone, and we'll die alone together.   (morenos), then we're alone, and we'll die alone together. Icon_minitimeLun 23 Nov 2015 - 20:07

we're washing off the blood
— nissa moreno & benjamin moreno —
And I've tried to give you what you want What is it that you want ? Day spent with not a word to say Routine, red lie. So jump, we'll sit and burn a lie We'd rather burn than fight. But I ain't gonna be here too long, too long, No I ain't gonna be here too long, too long. We've become so good at fooling all So good, we often fool ourselves We think twice and always turn around, A comfortable frown. — tonight, tonight, tonight.

Y avait plus rien qu’il n’avait envie de faire, si ce n’était resté dans son coin avec comme seule compagnie celle d’un verre. Il y passait trop de temps en face de son verre. Si une balle dans le crâne de pouvait pas lui offrir son salut, ce n’était pas la même chose pour une cirrhose du foie. Quoi que, peut-être qu’à l’intérieur, y avait ses organes qui se protégeaient comme le faisait son épiderme. Il n’en savait rien, il n’avait aucune idée de comment cette malédiction marchait et il ne voulait même pas chercher à comprendre, il voulait juste boire. Trop boire. Au point d’être complètement bourré, ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Il pouvait picoler autant qu’i le voulait, ce n’était pas comme s’il avait grand-chose à perdre. Sa vie était complètement détruite. Il avait perdu son fils, tué par une saloperie de transmutant, il avait envoyé balader sa carrière dans le seul but de se venger, puis il avait perdu sa femme, qui lui avait tourné le dos en voyant ce qu’il était devenu, un transmutant ; un monstre, comme les autres. Peut-être qu’il l’avait perdue bien avant ça, dans la folie dans laquelle elle s’était laissée sombrer, sur cette route sinueuse sur laquelle elle s’était engagée sans même qu’il ne cherche à la retenir. L’idée de vengeance elle était agréable, elle leur donnait un but malgré cette merde qui leur était tombée dessus. C’était devenu leur raison de vivre, mais c’était allé beaucoup trop loin. C’était un transmutant dont ils avaient voulu la tête et pourtant des dizaines de corps laissées dans leur sillage. Comment ils en étaient arrivés là hein ? Ils avaient été heureux pourtant à une autre époque. Ils n’auraient jamais dû tomber là dedans, parce que faire marche arrière aujourd’hui, c’était impossible. Tuer les transmutants parce qu’ils étaient dangereux, est-ce que c’était vraiment ça le but ? Ou bien est-ce que ce qu’ils avaient fait jusqu’à présent, ça avait été uniquement déchargé leur frustration sur des personnes innocentes ? Il ne savait plus. Cette mutation qu’il portait en lui, elle avait tout rendu trop compliqué. Tellement compliqué qu’il aurait juste voulu en finir. Se tirer une balle dans la tête une bonne fois pour toute et en finir avec tout cet enfer. Ça aurait été tellement simple. Mais c’était impossible, cette mutation semblait décidée à lui pourrir la vie jusqu’au bout. Elle lui avait pris sa femme, la seule chose bien qui lui restait et elle ne voulait pas lui accorder le repos eternel, alors il était obligé de continuer, tant bien que mal malgré l’enfer dans lequel il baignait. Alors, sans doute qu’un verre de plus, ça ne pourrait pas lui faire de mal.

Il n’était pas tout seul. Y avait bien des gens qui lui avaient tenu la main. Uprising. Cette organisation qu’il avait les moyens de réduire en cendres s’il le désirait, parce qu’ils avaient commis l’erreur de lui faire confiance. Mais est-ce qu’il pouvait vraiment les trahir ? Il en avait tué des transmutants, souvent sans se soucier des conséquences. Mais là c’était trop compliqué. Il avait déjà le sang de leur médecin sur les mains, il ne voulait pas en faire couler davantage parmi leur rang. Ça avait été une erreur ce meurtre, un accident. Jamais il n’avait voulu tuer ce type qui essayait simplement de lui sauver la vie. Forcément, il avait fallu que sa putain de mutation fasse des siennes. C’était peut-être comme un signe pour lui dire d’arrêter de jouer au con. Y avait eu une fraction de seconde pendant laquelle sa mutation n’avait pas marché et ça s’était terminé avec une balle logée dans le bide. Il aurait voulu mourir sur le coup, au moins, il n’en serait pas là. Mais il avait pété un câble, pendant quelques secondes, il juste perdu pied et il s’était jeté au cou de ce mec qui était en train de le triturer sans anesthésie. Le temps qu’il réalise ce qu’il était en train de faire et qu’il desserre ses mains, le type était mort. Ça n’avait été que quelques minutes pendant lesquels son cerveau n’était clairement pas connecté à la réalité, une poignée de secondes pendant lesquels l’instinct avait pris le dessus sur la raison et il avait tué un mec qui avait juste voulu l’aider. Il aurait voulu qu’on le laisse crever après ça, mais il fallait croire que chez Uprising, y avait toujours moyen d’aider les autres, y avait même moyen de pardonner les erreurs. Bien-sûr ils l’avaient enfermé dans un coin pendant un moment et il aurait préféré y rester dans son trou. Parce qu’il s’en voulait d’avoir tué ce mec et qu’il était un putain de traitre quoi qu’ils puissent en penser. Du sang de transmutant il en avait déjà des litres sur les mains. C’était clair qu’il ne méritait pas la compassion de ces gens. Sérieusement, qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez eux  pour qu’ils soient si compréhensifs ? C’était clairement ce qui finirait par les tuer, leur volonté d’aider les autres, même les cas les plus désespérés. Les gens comme lui qui, de toute évidence, n’avaient plus toute leur tête. Si seulement ils l’avaient laissé mourir, ce serait bien plus simple. Ou peut-être que c’était leur façon de le punir, parce que tout ce qu’il voulait lui, c’était crever et ça aurait le laisser mourir, ça aurait été lui offrir une chance qu’il ne méritait pas.

Finalement, il quitta le bar alors que le couvre feu obligé les propriétaires à fermer plus tôt qu’ils ne l’auraient voulu. Ça devait craindre pour les affaires cette histoire de couvre feu. Là, dans la rue, il croisa la route d’un type qu’il connaissait. Encore un type trop gentil d’Uprising. Ils avaient fait un bout de chemin ensemble, apparemment, il était en mission. Benjamin avait prévu de faire un bout de chemin avec lui avant de se barrer, parce qu’il avait juste envie de rentrer chez lui et de se vautrer dans son lit. Il n’était pas forcément très impliqué dans Uprising, il ne pouvait pas s’y résoudre, parce qu’il n’était pas vraiment des leurs. Il était surtout le cas dépressif qui faisait la gueule dans un coin de la pièce et la situation lui convenait comme ça. Il aurait pu partir une bonne dizaine de fois et pourtant, il avait continué d’avancer avec ce type. Et s’il lui arrivait quelque chose hein ? Il aurait voulu se dire que ce n’était pas son problème et que si on devait retrouver son cadavre dans une ruelle le lendemain matin, ce serait le cadet de ses soucis. Mais, à l’heure actuelle, cet homme était ce qu’il avait de plus ressemblant à un ami. Alors il avait continué de le suivre. Peut-être que ça pourrait faire une différence si sa mission devait se compliquer. Puis c’était peut-être pas si affreux que ça d’avoir quelqu’un avec qui parler un petit peu. Pas de sa vie, pas de ce qui avait pu le conduire là où il en était, mais de trucs insignifiants, sans importance et qui pourtant semblaient le soulager d’un poids. Depuis combien de temps il n’avait pas parlé du dernier match avec quelqu’un ? Ça semblait faire une éternité. Trop vite sans doute, on les avait coupés dans leur discussion. Y avait quelqu’un qui les suivait. Y avait eu des coups de feu et son camarade était tombé à terre. Son regard se porta vers celle qui avait tiré. En une fraction de seconde il l’avait reconnue. Nissa. Et voilà qu’il perdait ses moyens. Qu’est-ce qu’il pouvait faire hein ? Il n’avait pas la force de s’en prendre à Nissa, mais il ne pouvait pas laissé ce type mourir. Confus, il avait reculé d’un pas puis de deux. Incapable d’agir. L’homme s’était jeté au coup de Nissa. Fallait qu’il les empêche de s’entretuer. « Arrête ça ! » Il avait attrapé son camarade pour l’empêcher d’étrangler Nissa, mais d’un coup rapide et incontrôlé sûrement, il l’avait repoussé plus loin. Tout était allé trop vite et quand il s’était relevé s’était pour voir son pseudo ami s’écouler par terre, le torse troué par les balles. « Non ! » Il s’était précipité vers le type pour le voir pousser son dernier souffle, ses mains sur son torse pour empêcher les saignements ne servaient déjà plus à rien. Il était mort ce type qui pourtant s’était montré carrément cool avec lui et il ne connaissait même pas son nom. C’était pas qu’il ne le lui avait pas dit, c’était qu’il ne s’était pas donné la peine de l’écouter. Ils s’étaient rencontrés chez Uprising, il s’était présenté en lui serrant la main, mais, il s’en fichait tellement qu’il n’avait pas pris me temps de se souvenir.  Les mains ensanglantés il se releva tout en fixant celle qu’il avait épousé et qu’il peinait pourtant à reconnaitre. « T’es complètement folle Nissa. » Y avait rien d’autre à dire, elle avait définitivement perdu la raison. « Qu’est-ce qu’il t’avait fait ce type hein ? » La réponse était simple : Rien. Pour le peu qu’il le connaissait, il pouvait l’affirmer, c’était un type bien. Il s’avança vers Nissa, elle pouvait lui tirer dessus si elle voulait, ce n’était pas comme s’il craignait la mort ou comme si ça allait lui faire quelque chose. « Ça n’a pas de sens ce que tu fais. Ce type, il avait une femme, des enfants, et tu viens de le tuer pour rien du tout. » Il venait tout juste d’en parler de sa femme de ses enfants et du fait que malgré sa famille, il était dans les rues de Radcliff pour aider ceux que les hunters traquaient injustement. Il avait eu du courage, bien plus que Nissa et lui n’en avait jamais eu. Il continuait d’avancer vers elle. « Et maintenant, qu’est-ce que tu vas faire. Me tirer dessus ? » Qu’elle le fasse si elle en était vraiment réduite là. Y avait pas de raison pour qu’elle ne le fasse pas après tout, puisqu’elle devait de descendre un innocent dans cette ruelle, elle pouvait le descendre lui aussi. Il le méritait bien plus que ce type. Mais lui, évidemment, il se relèverait, parce que la vie était comme ça, tellement injuste.
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Nissa Moreno
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MessageSujet: Re: (morenos), then we're alone, and we'll die alone together.   (morenos), then we're alone, and we'll die alone together. Icon_minitimeDim 6 Déc 2015 - 16:58


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love me when i look the worse for wear, with my darkness in the darkness there. we're alone, and we'll die alone together after all our days are counted up and gone. in the evening when the world is old and the sun has chased the sky to bed, we can whisper one more chapter into this book that never will be read ‘til the final little page falls out, and we struggle to recover it; trying to read what we forgot. w/nissa moreno & benjamin moreno.

La mort, l’étrange phénomène par excellence. L’inexplicable prescience sur toute vie humaine ; l’inévitable fin à laquelle tous étaient voués. Elle avait une de ces façons d’faire, de s’introduire dans la vie de chacun, pernicieuse et violente, elle perturbait tout sans qu’on ne la voit venir, et ne laissait qu’un trou béant. Une estafilade meurtrière de laquelle ne cessaient jamais de couleur le sang, la douleur, le manque. Une lente agonie, c’était ça qui prenait le reste du monde, aussitôt que la mort frappait quelque part ; il y avait à la mémoire de la Moreno, de trop nombreux souvenirs emprunts de ténèbres, et rattachés à la Faucheuse, qui apparaissait comme ça, pour prendre son dû, sans même penser à tous ceux laissés derrière. Elle avait été laissée derrière ; et on lui avait souvent dit qu’il n’y avait sûrement aucune douleur pire que celle qu’elle avait eue à traverser – perdre son enfant. C’n’était pas dans l’ordre naturel des choses : les choses se faisaient ainsi, la génération future apte à accepter la perte de la précédente, comme s’ils avaient été préparés à cela toute leur vie durant. Mais l’inverse n’était pas censé arriver ; pas comme ça, pas comme ça. Une sentence emplie de chagrin et de peines, que Nissa n’avait eu de cesse de se répéter, observant son reflet dans le miroir sans se sentir la force de le dévisager plus d’infimes secondes. Supporter son regard perdu, supporter les cernes sous ses yeux, supporter les marques inévitables du deuil, inscrit partout sur son faciès usé. A Radcliff, elle était désormais à des milliers de kilomètres de tout ce qui l’avait rattachée à sa vie d’antan – sa famille, sa maison, son job, la tombe de son fils. Chacun des petits bouts de paysage qui lui avaient semblé devenir familiers, presque réconfortants, au fil des années. Le deuil l’avait pourtant poursuivie, jusqu’ici, jusqu’au bout du monde, jusque dans les profondeurs de sa solitude la plus grandiose. Il lui collait à la peau, s’était sûrement incrusté sous celle-ci tel un poison acide, détruisant chacune des dernières parcelles d’âme qu’elle avait pu encore posséder, le lendemain du jour de la mort d’Aaron. Tant de souvenirs qu’elle tentait de fuir, sans y parvenir d’une quelconque manière : désormais, sur le voile de ses paupières, dans ces cauchemars dont elle avait toujours tu l’existence, c’était le décor d’une morgue glaciale qui avait pris la place d’un champ de bataille en plein désert aride. Peut-être bien qu’elle n’aurait jamais dû rentrer de la guerre, qu’elle n’aurait jamais dû retrouver Benjamin. Qu’elle n’aurait jamais dû l’épouser. Qu’ils n’auraient jamais dû avoir d’enfant. Qu’ils n’auraient jamais dû s’aimer. Qu’ils n’auraient jamais dû supporter le regard l’un de l’autre plus d’une seconde – avant de passer à autre chose. Tout, elle avait déjà tout remis en question, chaque infime détail de son existence, chacun des pas qu’elle avait choisi d’accomplir dans un sens plutôt que dans l’autre. Qu’avait-elle fait de mal ? Qu’avait-elle commis comme faux pas, pour mériter le sort qui s’était abattu sur elle ? Qu’avait-elle fait pour attirer la mort et son aura assassine autour d’eux ? Sur son fils, la chair de sa chair ? L’enfant qu’elle aurait dû protéger au péril de sa propre vie ; le bébé qu’elle avait été la première à tenir dans ses bras, à enserrer contre sa peau chaude. Celui avec qui elle avait partagé son corps, son essence, son énergie, chaque souffle d’oxygène qu’elle avait avalé. Au bonheur s’était supplanté le chagrin à l’état pur, la souffrance la plus extrême qui soit ; et rien, rien n’parvenait à épancher la rage qui était née de tout ça. Qu’on lui rende son fils, et elle baisserait les armes, probablement, enfin.

Mais c’était trop tard désormais, et ils, le reste du monde, seraient les premiers à le regretter. Y’avait eu en elle, une hargne assez pernicieuse et lancinante pour l’engager dans une telle voie ; celle qui ressemblait à s’y méprendre à de la vengeance toute bête. Contre un fantôme, une entité sans visage plus qu’autre chose, car ils avaient été tristement incapables d’identifier le coupable : jamais personne n’avait été puni pour la mort de leur fils. Jamais aucun tribunal n’avait jugé le meurtrier d’Aaron Moreno. Jamais la police n’avait arrêté qui que ce soit, ni eu la moindre piste. Au bout d’un moment, la piste avait été gelée jusqu’à l’os, et les services de police avaient décidé de fermer l’enquête – comme ça, sans crier gare, comme si faire son deuil, tourner la page n’avait pas eu la moindre importance. Comme si ça pouvait ressembler un tant soit peu au pays qu’elle avait voulu défendre, protéger, aider, lorsqu’elle était partie à l’armée des années plus tôt. Comme si c’était un tant soit peu juste, que la vie de leur fils se finisse comme ça. Comme si, comme si, comme si c’n’était pas une horrible injustice, que tout cela. Ils l’avaient tous transformée en une bête sauvage, une créature sans conscience autre que celle de la rage, jetée droit sur tous ceux qui l’entouraient – somme toute, s’il n’y avait pas eu de transmutants, elle aurait probablement passé le restant de son existence à se défouler sur les autres, les pédophiles, les tueurs, les fous, peu aurait importé. Il avait pourtant été avéré qu’Aaron n’était pas mort dans des circonstances normales, tant de mystères qui avaient orienté Nissa et son époux à découvrir l’existence des transmutants, et à savoir de quoi il en retournait vraiment. Et dire qu’on leur donnait des droits aujourd’hui ; et dire que certains s’disaient qu’il faudrait les considérer comme des humains, comme tous les autres. Et dire que Benjamin en avait été un – depuis toujours. Depuis toujours. Même lorsqu’ils n’s’étaient qu’à peine connus. Même lorsqu’elle l’avait retrouvé à l’aéroport, surprise, après son retour du front. Même lorsqu’elle était tombée enceinte. Même lorsqu’ils avaient pleuré leur fils. Même lorsqu’ils avaient crié vengeance, de toute la force de leurs tripes. Les souvenirs d’antan, aussi doux que du miel, réconfortants comme ils avaient pu l’être au milieu de la torpeur et des tempêtes incessantes de hargne, n’étaient désormais plus que cendre. Cendre incandescente, brûlant la surface de son épiderme dans une culpabilité toute nouvelle ; elle avait aimé l’un d’eux. Un de ceux si semblables au meurtrier de leur fils. Un de ces monstres si aptes à tenir la vie des autres dans la paume de leurs mains. Et au moment de le dévisager au beau milieu de la pénombre de cette ruelle, elle était bien incapable d’savoir, de dire clairement si elle le haïssait plus qu’elle ne l’avait aimé. Avait aimé ; parce qu’il n’pouvait en être autrement – derrière les mensonges, la trahison, les signes inévitables du reste du monde, qui leur hurlait qu’ils n’devaient plus être ensemble, qu’ils n’amenaient rien d’autre que la misère. Partout. Leur fils était mort, leur mariage avait explosé en mille morceaux impossibles à raccommoder, et à s’observer l’un l’autre, ils s’étaient profondément détruits. Il aurait dû s’prendre une balle, s’effondrer au sol comme une fin de tout, un achèvement qu’ils attendaient tous les deux sans clairement se l’avouer. La pulsion était là, ordonnant à ses muscles de se crisper aussitôt que Benjamin ouvrit la bouche – c’était comme s’il avait changé du tout au tout, comme si plus rien de la dernière année de leurs existences n’avait existé. Comme s’il lui enfonçait un énième poignard entre les côtes, encore une trahison. A elle, A Aaron. A tout ce qu’ils avaient eu ensemble, tout ce qu’ils avaient connu. Tout ce qu’ils avaient perdu, comme ça, à cause de l’existence des dégénérés. A cause d’eux. Des gens comme lui. D’ces gens pour qui il ressentait tant de bonté désormais. Qu’il les rejoigne, crève avec eux, qu’il la renie, les renie, renie leur fils. Et elle était la folle – ses mâchoires s’entrechoquèrent, s’enserrèrent brusquement dans une tension imperceptible, à travers le voile de la nuit qui les séparait.

Et il s’avançait vers elle l’imprudent ; elle ne recula pas, par défiance plus qu’autre chose, bien peu déterminée à lui laisser l’occasion d’entrevoir qu’elle le craignait, lui et son courroux hypocrite. C’n’était pas le cas, il la dégoûtait ; un peu plus à chaque mot qu’il prononçait. « J’suis la folle, c’est ça ? » l’ironie avait glissé dans sa gorge comme un venin assassin qu’elle aurait bien voulu lui cracher en plein visage ; qu’il tombe, là maintenant juste devant elle, rien que par la force de ses mots et de son dédain. Qu’elle n’ait pas d’autre choix que d’tourner la page : parce que tout autant qu’elle en était incapable malgré la haine, c’était tout ce qu’elle voulait. Tout ce à quoi ils pouvaient être voués. Car ils étaient morts bien plus tôt qu’ils ne l’avaient cru ; Nissa, elle, elle avait poussé son dernier soupir avec son fils. « Est-c’que tu t’écoutes au moins ?! Ca fait quoi, une s’maine que t’es avec ces types et tu parles déjà comme eux ?! » qu’il les avait oubliés, eux deux et leur cause, leur fils. Elle. Et il continuait de s’avancer, défiant, comme si ça pouvait faire quelque chose ; la Moreno leva son arme pour illustrer sa volonté farouche – c’n’était pas pour lui qu’elle était venue, mais s’il devait continuer à baver son blabla moralisateur, elle préférait largement lui tirer une balle entre les deux yeux. « J’pourrai te tirer dessus ouais. Alors tu sais quoi ? Tes discours de saint, tu peux t’les garder. » et malgré le froid qui paralysait le bout de ses doigts, la hargne qui grondait dans ses entrailles, le nœud au creux de sa gorge, sa main ne tremblait pas – la force de l’habitude, la pulsion meurtrière qui courait dans ses veines et ses muscles. « T’es pas un saint, Benjamin. » impossible sûrement, que la haine puisse transpirer plus encore dans une phrase que dans celle-ci. Il n’en était pas un ; sinon il ne l’aurait jamais abandonnée, il n’aurait jamais tracé un trait si définitif sur leur fils. Il n’serait jamais devenu celui qu’il était. « J’l’ai vraiment tué pour rien, hein ? C’type était prêt à m’étrangler, aux dernières nouvelles. Faut croire que c’est comme ça, la vie ici, que t’aies des gosses ou non. C’est tuer ou être tué. » elle n’se justifiait pas ; s’ramenait surtout un an en arrière – si on lui avait proposé de tuer un innocent pour épargner son fils, elle l’aurait fait sans hésiter une seule seconde. C’monde-là, brut et impardonnable, n’était pas fait d’innocents. Il n’était que survie, combat, trahisons. « Faut croire que t’as tout oublié quand t’es devenu l’un d’eux. » clairement, elle ne lui laissa pas même l’occasion de répondre, s’défendre, ouvrir la bouche – si c’était pour prononcer ces mêmes mots que ceux qu’il venait de dire jusque-là, mieux valait qu’il ferme sa gueule. « Que t’as même oublié ton fils ; au moment d’considérer ces monstres comme des innocents. » et là, là, elle aurait pu lui tirer dessus, l’abattre froidement comme elle avait abattu tous les autres. Que Benjamin trahisse la mémoire de leur fils, oublie Aaron au profit de ces créatures qui n’avaient aucune place dans c’monde, c’était pire que tout. Pire que le deuil, pire que la prescience injuste de la mort. Plus que le sort, qui choisissait ses victimes dans un jeu de hasard sadique. Plus que tout, tout. Est-c’que son époux sembla avoir encore un geste dans sa direction ? Dans les larmes traitresses qui flirtaient déjà aux frontières de ses paupières, Nissa crut le saisir, elle recula d’un pas, ramenée à la réalité glaciale de cette rue miteuse. « Reste loin d’moi ! Fous-moi la paix, okay ?! » elle n’l’aimait plus, n’voulait plus l’aimer. N’voulait plus chérir leur jadis comme la seule chose la rattachant encore à une quelconque humanité. Parce que tout n’avait été qu’un vaste mensonge ; que Benjamin et Nissa n’avaient toujours nagé que dans un épais brouillard, et que dans tout ça, l’homme matérialisait désormais tout c’qu’il y avait eu de démoniaque, de mauvais, de brutal dans leur vie.
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Benjamin Moreno
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MessageSujet: Re: (morenos), then we're alone, and we'll die alone together.   (morenos), then we're alone, and we'll die alone together. Icon_minitimeVen 1 Jan 2016 - 20:28

we're washing off the blood
— nissa moreno & benjamin moreno —
And I've tried to give you what you want What is it that you want ? Day spent with not a word to say Routine, red lie. So jump, we'll sit and burn a lie We'd rather burn than fight. But I ain't gonna be here too long, too long, No I ain't gonna be here too long, too long. We've become so good at fooling all So good, we often fool ourselves We think twice and always turn around, A comfortable frown. — tonight, tonight, tonight.

Benjamin avait cru que la vengeance pourrait mener avec quelque chose. Il y avait cru à chaque fois qu’il s’était retrouvé avec le sang d’un transmutant sur les mains. Ça lui avait même paru juste, parce qu’il voyait des monstres dans chacun de ces êtres, parce qu’ils avaient des pouvoirs complètement fous qui avaient menés à la mort de son fils. Il lui semblait logique de continuer cette quête pourtant complètement folle. Plus ils tueraient de transmutants, plus ils auraient de chance d’éviter aux autres de connaitre le même drame qu’eux. Ce que Nissa et lui avaient connu, c’était le genre de chose qu’aucun parent ne devrait avoir à subir. Ne disait-on pas après tout que les parents devaient partir avant leurs enfants ? Ça n’avait pas été leur cas à eux. Aaron était mort et eux, ils étaient encore là, bien en vie. Ce n’était pas normal. Mais tuer des transmutants à tour de bras, ce n’était pas ça qui allait ramener leur fils. Quant à la justice ? C’était absurde. S’ils avaient vraiment voulu justice pour leur fils, ils auraient traqué celui qui leur avait ôté leur enfant plutôt que tuer tous ceux qu’ils pouvaient croiser. C’était qu’il avait eu le temps de réfléchir, enfermé dans une cellule par les membres d’Uprising. Il avait pu réfléchir à tout ce qu’il avait pu faire jusqu’à présent et ses certitudes avaient commencées à se morceler. Tout ça, ça n’avait rien de juste. Il pensait à ce type qui avait juste voulu lui sauver la vie et qu’il avait tué dans un moment de pure folie. Ce type était médecin, père de famille. Sa vie, il l’avait passée à sauver d’autres personnes et lui, il l’avait tué sans raison. C’était injuste. Il y en avait combien des transmutants qu’il avait pu tuer avec Nissa qui ne méritaient pas leur sort. Des innocents qui n’avaient jamais rien fait de mal. N’étaient-ce pas eux les monstres dans l’histoire. C’était trop facile de dire que les transmutants étaient des monstres et les hunters le bien venu triompher sur le mal. C’était une idée toute faite que les hunters se répétaient pour pouvoir encore se regarder dans le miroir, mais ça n’avait pas de sens. Ils tuaient des gens, fin de l’histoire. C’était quoi ce délire ? Tuer pour protéger ? C’était absurde. Régler le meurtre par le meurtre, ce n’était pas ça la justice et surtout, y avait rien qui pouvait prouver qu’un transmutant allait tuer quelqu’un simplement parce qu’il était un transmutant. Certes, ils avaient des pouvoirs qui pouvaient faire peur. Ils avaient des pouvoirs qui pouvaient faire des ravages. Mais ce n’était pas le cas de tous les transmutants. Il y en avait qui étaient assez cinglés pour tuer un petit garçon comme Aaron. Mais il y avait aussi des psychopathes, des pédophiles, des violeurs. La cruauté était humaine, alors transmutants, hunters, c’était du pareil au même ; tous des êtres humains, juste plus ou moins fous. Alors la justice dans ce cas, est-ce qu’elle reviendrait à tuer tous les êtres humains ? Sans doute que le monde ne s’en porterait que mieux.

Les humains ils étaient juste bons à trouver une bonne raison de s’entretuer. Maintenant c’était cette histoire de transmutants, mais il y avait eu bien d’autres choses dans le passé. A croire que ça les amusait de s’entretuer. Plus le temps passait, plus Benjamin avait du mal à trouver du sens à ce combat. Il aurait limite voulu que les membres d’Uprising le laisse pourrir au fin fond de sa cellule, au moins, il aurait fini par mourir et comme c’était à peu près la seule chose qu’on il avait envie ces derniers temps, il serait en vie. Il avait chassé les transmutants pendant un certain temps et voilà qu’il se découvrait un don. C’était peut-être le destin, le hasard, une punition divine après tout. Ça lui était tombé dessus sans qu’il ne comprenne rien à ce qui lui arrivait à un moment où à ses yeux, il n’y avait rien eu de plus horrible que cette mutation. Maintenant, il ne savait plus, il n’était plus sûr de rien. Mais il avait vu la haine dans les yeux de son épouse au moment où cette mutation lui était tombée dessus. Elle s’était mise à le détester et elle l’avait laissé tomber comme si cette mutation remettait en cause tout ce qu’ils avaient pu connaitre depuis tellement d’années. Elle l’avait complètement abandonné, alors que chez Uprising, il y avait des gens qui lui avaient tendu la main malgré ce qu’il avait pu faire. Il y avait des gens pour essayer de lui prouver que cette mutation, ce n’était pas la fin du monde, qu’il pouvait très bien vivre avec. Il n’était pas bien sûr de croire en leurs paroles, mais au moins, ils étaient là eux. Des gens qu’il ne connaissait absolument pas, alors que son épouse s’était barrée, dégoutée par ce qu’il était. Ils s’étaient promis pourtant, qu’ils seraient l’un là pour l’autre qu’importaient les épreuves. Mais ça n’avait été apparemment que de belles paroles déjà oubliées. Il ne pensait même pas qu’il la reverrait un jour. Il aurait peut-être préféré ne jamais la revoir, puisque les conditions de leurs retrouvailles n’étaient pas très joyeuses. Elle avait tué cet homme sans se poser de question. Tout comme elle l’avait déjà fait avec tellement d’autres transmutants, quand ils avaient été ensemble tout comme ces dernières semaines, alors qu’elle était seule. Elle s’en fichait de savoir qui était cet homme, ce qu’il pouvait avoir comme pouvoir, ce qu’il pouvait faire de sa vie. Est-ce qu’il avait déjà tué quelqu’un ? Benjamin non plus il n’en savait rien, mais à première vue, il avait l’air d’un homme droit qui voulait juste aider ses semblables. Mais Nissa l’avait tué. Sans doute qu’il n’aurait même pas dû être surpris, il avait l’habitude. Il la connaissait comme ça. C’était ce qu’elle était devenue depuis la mort d’Aaron. C’était ce qu’ils avaient été. Il n’était pas sûr d’avoir un jour envie de redevenir ça. Parce que ça n’avait, tout simplement aucun sens.

Est-ce qu’elle n’en avait vraiment plus rien à faire des vies qu’elle ôtait, des familles qu’elle détruisait ? Où est-ce qu’elle pensait aller comme ça ? Elle ne ramènerait pas Aaron. Elle s’était perdue bien loin de tout ce qu’elle avait pu être. Alors oui, elle était folle. Il n’y avait plus rien d’autre pour la définir. Elle était devenue complètement cinglée. « Au moins, ces types ils m’ont pas laissé tomber en un clin d’œil à cause d’une mutation. » Alors sans doute qu’il avait plus de raison de parler comme eux plutôt que comme elle. Parce qu’il semblait qu’il n’y avait plus rien pour les rapprocher à présent. Du jour au lendemain, elle s’était mise à le détester pour une mutation qui pourtant avait dû être la depuis leur rencontre. Son raisonnement, il n’avait pas de sens non plus. C’était qu’elle détestait les transmutants autant que lui. Lui aussi, il se détestait pour ce qu’il était, mais il était persuadé que si les rôles avaient été inversé, il serait resté à ses côtés, parce qu’il l’aimait plus que tout au monde et qu’elle avait été la seule chose qui lui restait dans l’enfer qu’il traversait. Dans cet enfer qu’ils traversaient. « J’ai jamais prétendu en être un. Je dis juste que t’as dépassé les limites. Est-ce que tu sais au moins pourquoi tu fais ça ? Et ne viens pas m’dire que c’est pour Aaron, parce qu’on sait tous les deux que c’est faux. » Ce type qu’elle venait d’abattre, il n’avait clairement rien à voir avec Aaron. Il ne l’avait jamais connu et il ne le connaitrait jamais. Alors, elle ne pouvait pas mettre ça sur les épaules de leur pauvre fils. Ce n’était pas une question de vengeance, ni même une histoire de justice. C’était de la folie tout simplement. « Il a essayé de défendre sa vie. Il t’aurait jamais touchée si tu avais pas essayé de le buter ! On était pas obligés d’en arriver là. Personne ne l’est, c’est juste de la folie. » Le monde était fou, c’était un fait qu’il ne cherchait même plus à démentir. Mais eux, ils auraient pu avoir une vie loin de tout ça, ils auraient pu faire autrement. Ils avaient fait le mauvais choix et clairement, Nissa s’était complètement perdue là-dedans. « J’ai pas oublié Aaron. Je l’oublierai jamais ! » Qu’elle ne prétende pas de nouveau le contraire, parce qu’il souffrait de cette perte autant qu’elle. « J’ai juste vu des transmutants qui essayaient de sauver des vies, plutôt que d’en détruire. Ils sont pas les monstres qu’on aurait voulu qu’ils soient. » Ça aurait été si simple pourtant de ne voir en ces gens là que des monstres, ça aurait été l’explication miraculeuse pour la mort d’Aaron. Mais c’était tellement plus compliqué que ça. « Peut-être que c’est toi le monstre Nissa. » Celle qui en tout cas abattait les gens en pleine rue, c’était elle. Dans le fond, ça ne valait pas mieux que ce que ce transmutant avait pu faire a Aaron. Il n’allait pas la retenir, si elle ne voulait plus qu’il soit près d’elle, alors qu’elle parte. Lui fallait croire qu’il avait un autre corps à ramener à Uprising à présent.

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Nissa Moreno
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MessageSujet: Re: (morenos), then we're alone, and we'll die alone together.   (morenos), then we're alone, and we'll die alone together. Icon_minitimeDim 31 Jan 2016 - 3:51


and you crash down to the earth when you're incomplete
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Les choses qu’elle aurait pu faire. Les choses auxquelles elle aurait pu croire. Toute sa vie remise en question, comme ça, du jour au lendemain. Son fils, son mari, tout son monde qui s’était effondré entre ses doigts. Et comme finalité, la vie qui s’enfuyait peu à peu entre ses mains. De tous les tableaux désespérants dépeints dans les tragédies les plus grandioses de l’histoire, y’en avait aucune que Nissa n’ressentait d’la même façon qu’elle ressentait la vie – la vie et les secondes de celle-ci qui défilaient invisibles et impérieuses à travers son âme, son être, son corps tout entier. Elle avait porté son cœur dans ses mains, pendant si longtemps : et l’monde ne l’avait pas épargnée. Elle qui avait cru en la nature humaine au point d’prendre les armes, d’aller défendre la vie et la survie contre tous ceux qui avaient tant essayé de la mater. Combien d’idéaux, combien d’croyances si évidentes en elle, avaient éclaté en mille morceaux droit dans ses entrailles ? Comment vivre comme ça, comment subsister comme ça ? Comment continuer ? Dans les prunelles de son époux, elle n’avait jamais trouvé les réponses. Elle n’avait jamais daigné les chercher plus que de mesure : c’était à croire qu’elle avait toujours su, qu’elle le perdrait lui aussi. Qu’on l’prendrait à lui, sûrement – pas qu’il lui tournerait le dos si aisément. Dans sa génétique tout autant que dans sa façon d’penser, l’aisance avec laquelle il ressentait la cause transmutante… comme ça, comme ça en quoi, hein ?! Quelques poignées de semaines à peine ?! Tout ça pour ça. Une décennie à ramasser le linge et les affaires de Benjamin, une décennie à éduquer leur fils ensemble. Près d’quinze ans après s’être offert des vœux qu’ils n’avaient donné à personne d’autres : combien d’expériences désastreuses avait-il bravées ? La guerre, l’absence, le silence – la Solak n’avait pas daigné y croire, n’avait pas osé y croire histoire de n’pas s’brûler les ailes et se consumer sur place. Dans toute son expérience, toute sa naïveté, ses espérances inconsidérées, peut-être bien qu’il y avait toujours eu une part d’elle qui s’était attendue à ce que les choses arrivent ainsi. L’monde tournait comme ça, engendrant destruction sur destruction, misère sur misère et l’espèce humaine n’avançait pas : elle l’avait vu, comme ça, au front, les yeux grands ouverts sur un univers hostile qui n’avait jamais rien eu de bien différent de son pays natal. Les Etats-Unis ou ailleurs, y’avait toujours eu une part de chaos dans l’espèce humaine – Aaron avait été celui qui en avait fait les frais. Du haut de ses huit ans, toute la vie devant lui, l’innocence au bord des lèvres : comment pouvait-elle se souvenir encore de son sourire ? De son rire ? Après des mois et des mois, qui s’étaient enchainés dans le sang et le carnage. L’oppression du silence, la prescience de l’absence. Aaron, disparu à jamais ; elle avait refermé ses doigts sur la terre friable qui avait recouvert la tombe de son bébé. Elle avait respiré l’air de sa chambre, le parfum à la surface des draps de son lit. Mais jamais, jamais son fils ne lui était revenu. Uniquement dans des rêves tortionnaires, dans lesquels trop souvent elle avait vu un ennemi sans visage abattre froidement l’enfant sans défense qu’il avait été. Ni fils de hunter, ni fils de transmutants – juste un enfant, comme ça, qui s’était retrouvé dans une rue à jouer. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Ouais, ç’aurait pu être une voiture. Un accident. C’aurait pu être sur un lit d’hôpital, agonisant à cause d’une maladie, que leur fils se serait éteint. Mais sous les couches de hargne, sous la couverture de rage dans laquelle elle s’était enroulée, la chasseuse savait déjà. Elle savait, que ce serait moins douloureux. Moins dévastateur que la simple idée que c’était l’humain, l’humain dans toute sa splendeur et toute son inhumanité qui lui avait fait ça. Peut-être ce visage-là, parmi la foule ; peut-être un autre visage parmi une autre foule. Ici à Radcliff, là-bas à l’autre bout du pays – comment vivre, comment survivre, comment continuer avec cette idée ?

Et pourquoi Benjamin semblait-il si prompt à se reconstruire, hein ?! Pourquoi Benjamin était-il là, à la blâmer elle ?! Pourquoi le détestait-elle autant pour ça, sans pour autant avoir la force de lui tirer une balle dans le crâne en rétribution ?! C’n’était pas l’envie qui lui manquait, viscérale et abjecte, un poison pulsant à travers tous ses muscles, à la surface de sa peau et jusqu’aux plus infimes profondeurs d’elle-même. Elle le voulait, elle aurait voulu le frapper – le détruire et s’détruire par la même occasion. Rien que pour s’prouver que ça n’avait pas été déjà fait ; par la vie, par les jours insupportables qui avaient couru. Par l’reste du monde, ce fameux adversaire sans visage. Eux tous, leurs bourreaux, leurs destructeurs. Le flingue au bout des mains, y’avait que ça, que son doigt frissonnant sur la gâchette qui l’empêchait de tirer – retenait, retenait son souffle entre ses poumons, dans sa gorge enserrée. Ca n’aurait jamais dû s’passer comme ça. Eux deux, leur vie. Son retour au pays. Sa reconstruction, lente et difficile. Sa pénitence. Sa seconde chance. Payait-elle pour des crimes qu’elle avait commis là-bas ? Pendant toute sa jeunesse, en choisissant d’se lancer sur le chemin de l’armée, elle n’s’était jamais attendue, ouais, à se retrouver avec tout ce sang sur ses mains. Le sang des camarades qu’elle n’avait pas pu sauver. Le sang de tous ceux qu’elle avait dû tuer. Des noms, des visages, des voix, des regards qui la poursuivaient jusqu’ici, des milliers de kilomètres et une bonne dizaine d’années plus tard. Combien d’noms, combien d’cadavres et combien d’traumatismes dont elle n’avait jamais parlé ? Combien de hantises, que la présence de Benjamin à ses côtés n’avait… n’avait pas effacé, finalement ? Elle y avait cru. Elle y avait cru avec toutes ses entrailles, en la force d’une guérison avec lui. Pour lui. Pour eux deux. Mais les démons de Nissa parcouraient ses veines avec l’intensité de ses cauchemars – la noirceur, fichée droit dans ses prunelles, celles-là même qui dévisageaient l’époux qu’elle avait tant aimé. Et elle portait encore sa bague, son alliance, à son annulaire accroché à la crosse de son arme. Elle la portait – la haïssait, la chérissait. Elle lui torturait la mémoire et les viscères. Lui crevait le cœur. Mais lui rappelait pourquoi elle était là ; à tenir bon, comme ça, à bout d’souffle et avec ses dernières énergies – la vie, s’enfuyant par chacun des pores de sa peau d’une vitesse assassine. Et jamais elle n’baisserait les armes ; parce qu’elle connaissait la guerre. Et Benjamin n’pouvait pas comprendre. Benjamin n’avait jamais compris. Parce qu’elle n’lui en avait jamais laissé la possibilité ? Parce qu’elle n’avait jamais complètement ouvert la porte vers son âme meurtrie par les années où ils avaient été séparés ? Peut-être bien, finalement, qu’il aurait dû n’pas l’attendre. Passer à autre chose, avec une autre fille, dans une autre histoire, comme elle s’y était tant attendue. Parce qu’ouais, elle n’avait pas attendu mieux ; ça faisait bien longtemps qu’elle n’croyait plus en la nature humaine – et cette saloperie le lui rendait bien. Même son mari, pour le meilleur et pour le pire, il n’était pas mieux qu’eux, tous les autres. Tous ceux qu’elle haïssait comme si ça lui était vital. Elle les haïrait, les maudirait, les tuerait avec ses dernières doses d’énergie, s’il le fallait.

« Regarde-toi, à avoir développé assez d’moral pour m’faire une leçon- » ne put-elle retenir, un éclair de colère vibrant au fond de ses yeux. Quelle hypocrisie ; c’était comme si tout avait disparu, les mois qu’ils avaient passés ensemble à chasser, à tuer. Comme si elle était la seule fautive dans cette histoire. « J’devrais croire quoi, hein ?! Que si les rôles étaient inversés, t’aurais fait les choses différemment ? Parce que t’es mieux qu’moi ?! » qu’il s’regarde, là, à la juger, à la condamner, à l’attacher au piloris du condamné après si peu d’temps – était-ce ça, la façon d’parler d’un type qui n’aurait jamais, jamais, jamais ô grand jamais perdu foi en son épouse, même si elle avait dû développer une monstruosité du genre de celle qui avait tué leur fils ?! « Oh j’aurais dû peut-être le remercier pour avoir décidé d’m’ignorer cette fois ?! Et la prochaine fois, hein ? J’parie que dans ta grande foi dans les dégénérés, tu devais tout savoir sur sa vie ou ses intentions, alors forcément qu’tu lui faisais confiance. » et un jour n’aurait-il pas perdu le contrôler de sa tare répugnante et tué des gens ? Et un jour n’aurait-il pas rejoint un de ces groupes de monstres qui marchaient à travers la ville pour faire payer à leurs assaillants le prix du sang ? Le sang contre le sang, ouais, finalement, y’avait peut-être pas d’être plus monstrueux qu’un autre – ils l’étaient tous, une armée de monstres grouillant dans un monde où seule une poignée d’humains devraient vivre. Ceux qui le méritaient le plus, et crevaient toujours en premier. Et comme ça, sans crier gare, le mot de trop sortit – monstre, comme un frisson glacé coulant dans l’air. Brisant, brisant sur son passage des débris de débris, comme un tsunami jeté avec toute l’insensibilité du monde. Comme s’il était trop bien pour ça, le fameux grand transmutant qui s’mettait à découvrir le monde. « Je suis un monstre, moi ?! » ses lèvres tremblant dans un rictus empli de toute la véhémence qu’elle avait pu lui vouer un jour, Nissa avait presque abaissé son arme – plus dans un frisson désagréable que dans une quelconque clémence. « Tu veux voir, UN MONSTRE peut-être ?! » et comme une furie, elle avait balancé son arme dans un coin de la rue, sans tenir compte du potentiel danger que ça pouvait représenter – sans même penser, penser lui était inaccessible. Elle bondit vers Benjamin avec toute la force qu’elle disposait – bien maigre, en comparaison de la tonne de muscles qu’il avait si injustement – c’n’était pas comme s’il les méritait, ce lâche ! « Regarde dans un miroir ! C’est toi le monstre, Benjamin ! » lui qui l’avait trahie elle en premier ! Lui qui avait abandonné leur fils ! Lui qui n’avait pas été là pour Aaron, lui qui n’avait pas été là pour elle. Lui qui était toujours vivant alors que leur fils n’était plus là ! Lui qui l’avait poussée à se raccrocher à la vie alors même qu’elle n’en valait pas la peine ! Lui qui l’avait faite l’aimer, alors même que l’existence, la nature humaine répugnante, l’horreur du monde n’en valait pas la peine. « C’est toi, TOI Benjamin qui les rejoins comme si de rien n’était ! » et hurlait-elle autant qu’elle pleurait ? Pleurait-elle seulement ? Ses joues lui brûlaient, ses yeux irradiaient d’une chaleur viscérale, consumante, l’Enfer qui dévorait sa vie et son âme depuis si longtemps. « C’est TOI qui es parmi EUX ! C’est toi qui as développé cette MONSTRUOSITÉ et qui crois qu’ça change tout ! Tout ! » mais ça n’changeait rien – un d’eux avait tué leur fils, et quoi alors ?! « C’est toi qui un jour, trouvera qu’y’avait un prétexte acceptable pour que l’un de ces MONSTRES tue notre fils. C’est toi qui leur pardonne ! PAS MOI ! » et l’air manquait à ses poumons, c’n’était pas ça qui l’arrêtait – pas ça qui l’empêchait d’abattre ses poings sur le torse du transmutant, sans savoir si elle se pétait plus les doigts qu’elle ne lui faisait mal – oh la douleur, elle connaissait trop bien ça pour la ressentir encore. « Ils défendent pas leur vie, Benjamin ! ILS TUENT DES GENS ! Et si c’est c’qu’on doit faire, alors j’le ferai ! Et j’ai pas b’soin d’toi ! » et sans qu’elle s’en rende compte, sa voix s’était enraillée, brisée en mille morceaux au creux de sa gorge – l’arôme métallique du sang était revenu glisser dans sa bouche. Là, contre Benjamin, elle sentit ses jambes faiblir, malgré toute sa hargne et tout son orgueil. Elle la sentait, maintenant, la douleur comme un poignard chauffé à blanc, qui la faisait se plier en deux alors que sur sa langue avait glissé des crachats vermeil de son propre sang. Son mari, son fils. Sa vie. Sa santé. Sa raison. Ses maigres espoirs de rédemption. Ils lui avaient tout pris, tout. Et elle n’pouvait pas s’arrêter, elle n’pourrait jamais s’arrêter. Ils avaient cherché la guerre en premier, après tout.
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Benjamin Moreno
Benjamin Moreno

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MessageSujet: Re: (morenos), then we're alone, and we'll die alone together.   (morenos), then we're alone, and we'll die alone together. Icon_minitimeDim 28 Fév 2016 - 14:48

we're washing off the blood
— nissa moreno & benjamin moreno —
And I've tried to give you what you want What is it that you want ? Day spent with not a word to say Routine, red lie. So jump, we'll sit and burn a lie We'd rather burn than fight. But I ain't gonna be here too long, too long, No I ain't gonna be here too long, too long. We've become so good at fooling all So good, we often fool ourselves We think twice and always turn around, A comfortable frown. — tonight, tonight, tonight.

Les mois qui s’étaient écoulés, le sang qu’ils avaient fait couler, tout ça, ça n’avait rien changé à la situation. Aaron était mort et y avait rien qui le ramènerait. C’était la seule chose à savoir sans doute. Dans le fond, même se venger, ça ne changerait rien, alors pourquoi fallait-il qu’ils soient ancrés dans cette volonté comme s’il s’agissait de la chose la plus importante au monde. C’était stupide. Le monde tout entier l’était et trop souvent il avait envie que ça s’arrête, une bonne fois pour toute. Que la mort l’emporte et qu’il ne soit plus capable de ressentir quoi que ce soit. Ni cette frustration de ne rien pouvoir faire pour son fils, si la peine d’avoir perdu son épouse, ni le dégout de ce qu’il était devenu. Rien du tout. Il avait déjà essayé de mourir tellement de fois tant que ça ne fasse rien, condamné à être protégé par une mutation dont il ne voulait pas et qui le protégeait du reste du monde. Il avait sombré dans un désespoir total dont les seuls personnes qui avaient essayé de le faire sortir avaient été des transmutants. Là-bas à Uprising, y avait des gens qui se souciaient des autres, qui étaient prêts à pardonner leurs erreurs et à leur accorder une nouvelle chance. Y avait des gens bien. Chez les transmutants comme partout ailleurs, y avait des monstres et des personnes censées. Le problème ce n’était pas d’être un hunter ou un transmutant, c’était juste d’être un connard ou quelqu’un de bien. Ce n’était pas la mutation qui était responsable des actions des gens, c’était ce qu’ils étaient. Il avait compris ça grâce à uprising, quand bien même il n’embrassait pas la mutation dont il était victime. Y avait des gens biens, c’était un fait, mais il n’en faisait pas partie lui. Il avait trop de sang sur les mains, trop de rage en lui. Il était irrécupérable, pas pardonnable. Il n’aimait pas ce qu’il était, ni l’homme, ni le transmutant. Il voulait juste en finir, parce que de toute façon, il n’avait plus rien à perdre. Aaron et Nissa avaient été toute sa vie et il avait perdu les deux à présent. Aaron était mort et Nissa, elle le détestait. Y avait tellement de haine dans le regard de la femme qu’il aimait qu’il ne pouvait pas s’en remettre. Il l’aimait encore, il l’aimerait toujours, mais leur histoire s’était envolée en fumée. Leur histoire, elle était morte avec leur fils, avec la folie qu’ils avaient laissé s’emparer d’eux. Ils auraient dû lutter sans doute, se battre pour survivre, continuer à avancer et non pas se laisser glisser sur cette pente trop dangereuse qui avait fait d’eux des tueurs.

Faire marche arrière maintenant, c’était peut-être compliqué, il avait l’impression que c’était trop tard pour lui, qu’il n’y avait plus rien à sauver en lui. Mais Nissa, elle méritait d’être sauvée, elle aurait pu faire les choses autrement. Cet homme qu’elle venait de tuer au beau milieu de cette ruelle, il n’avait rien fait de mal. Il n’aurait jamais rien fait de mal. C’était un mari, un père de famille. Un homme qui avait le courage de sortir après le couvre-feu, risquant ainsi sa vie, pour venir en aide aux autres. Il était mort alors que tout ce qu’il voulait, ça avait été les autres. Il était mort sans raison. Juste parce que quelqu’un quelque part avait décidé que c’était ainsi que devaient se passer les choses. Les hunters tuaient les transmutants, c’était normal, même pas un crime. Mais sans doute qu’un transmutant tuant un hunter, ce serait le plus gros affront du monde. Y avait plus de logique dans la façon dont les choses marchaient. Le monde tout entier était devenu complètement fou, tellement incompréhensible. Tellement dégueulasse qu’il n’avait vraiment pu envie d’en faire partie. Alors, puisque son arme était toujours braquée sur lui, qu’elle tire, il ne la retiendrait pas. Y avait des moments, trop rares, trop courts et trop aléatoires, pendant laquelle sa mutation ne s’exprimait pas. Quelques fois pendant lesquelles on pouvait le tuer. Si ça devait être une de ces fois-là, alors qu’elle tire. Qu’ils en finissent une bonne fois pour toute. Qu’elle tire et peut-être qu’avec un peu de chance, cette fois ça marcherait. Que ce soit elle qui en finisse avec sa vie, ça aurait été la chose la plus logique du monde. Elle qui le détestait sans doute plus encore qu’il se détestait lui-même. Sa femme. Celle avec qui il avait échangé tellement de promesse, tellement de choses. Celle avec qui il avait eu une vie idéale et tellement de projets d’avenir. Sa moitié. Sa vie. Qu’elle le tue, si ça pouvait au moins chasser l’un des démons de son existence, s’il fallait que ce soit tout ce qu’il représente à ses yeux. Qu’elle le tue, si ça pouvait alléger ses peines, sa rage et tout ce qui n’allait pas chez elle. Il s’en fichait, il n’en demandait pas plus lui. Mais y avait rien qui venait, aucun coup de feu, aucune balle pour venir se loger dans sa chaire ou être une nouvelle fois arrêtée par cette fichue mutation. Elle était une chasseuse et il était un transmutant. Elle le détestait alors pourquoi est-ce qu’elle n’appuyait pas tout simplement sur cette détente ? Y avait plus rien pour la retenir à présent.

Il la fixait, les mâchoires serrées. Si les rôles avaient été inversés, ça aurait été différent, c’était certain. La haine que lui il pouvait ressentir pour cette mutation, ce n’était rien en comparaison à l’amour qu’il avait pour elle. Il l’avait aimée quand il n’avait été qu’un pauvre lycéen, il l’avait attendue pendant tellement de temps quand elle était partie dans l’armée et il l’aurait attendue encore plus longtemps si ça avait été nécessaire. Il l’aimait plus que tout au monde. Alors s’il avait fallu qu’elle soit une transmutante, il l’aurait acceptée. Y avait rien d’elle qu’il ne pouvait pas tolérer. Alors, il n’était pas mieux qu’elle, il ne valait pas mieux qu’elle, c’était certain. Mais il l’aurait aimée assez pour se foutre complètement de cette mutation, l’ignorer avec plus de facilité qu’il n’en était capable pour lui lui-même. « Ouais, j’aurais fait les choses différemment. Parce que je t’aime et qu’y a rien au monde qui puisse changer ça. » Pas une mutation débile, ni la mort de leur fils. Pas même cette haine qu’il lisait au fond de ses prunelles. Il l’aimait. C’était à peu près la seule chose dont il était sûr dans ce monde. On lui avait déjà trop pris, ça, on ne le lui arracherait pas. « J’savais au moins qu’il avait une femme et des gosses et qu’malgré ça il risquait sa vie tous les soirs pour aider d’autres personnes ! » Y avait plus monstrueux que ça comme action sans doute. C’était pas un mauvais type, c’était le genre de personne qui voulait faire des choses biens. Alors peut-être bien que c’était Nissa et ceux qui suivaient la même voie qu’elle qui se comportaient dans des monstres. Il l’attrapa par les poignets alors qu’elle était venue se jeter sur lui. « Ouais, je suis un monstre et je le sais ! » Tout ce qu’il avait pu faire depuis la mort d’Aaron, ça faisait de lui un monstre, les vies innocentes qu’il avait prises, tout ça, ça faisait de lui un monstre et sa transmutation, ça ressemblait plus à une punition qu’au truc qui ferait de lui le pire type de la planète. « Est-ce que tu crois que je l’ai choisie cette mutation moi ? Est-ce que tu crois qu’y en a un parmi eux qui a choisi qu’ça leur tombe sur le nez ?! » Nan ce n’était pas un choix, c’était plutôt une malédiction d’après lui il détestait le tueur en lui, tout autant que le transmutant, mais dans les deux options, y en avait qu’une qu’il avait choisie. « C’qui fait des gens des monstres, c’est les choix qu’ils font ! » Et y avait une différence certaine entre le gars qui avait choisi de tuer Aaron et celui qu’elle venait de tuer, qui voulait juste aider les autres. « J’pardonne pas celui qui a tué Aaron. Mais j’sais au moins que tous les tuer ça changera rien. » Ni à la colère, ni à la peine qu’il pouvait ressentir. Ça ne ramènerait pas non plus leur fils, alors à quoi bon ? C’était juste insensé dans le fond. « Ils sont pas tous des tueurs. » Y avait des gens bien aussi de leur côté. « C’est nous les tueurs. » Parce qu’ils l’avaient choisi, parce qu’ils attaquaient les premiers et que, quand bien même un transmutant tuerait un hunter pour se défendre, ça ne ferait pas de lui un tueur, mais un gars essayant de sauver sa peau. C’était logique et pourtant, il avait eu besoin d’uprising pour voir ça. Il lâcha ses poignets pour la rattraper par les épaules. Ce mal qui la rongeait et qui reprenait le dessus, il le connaissait, il le maudissait et il aurait voulu qu’elle n’en soit jamais victime. C’était peut-être une bonne raison pour détester les transmutants, mais c’était encore faire d’un cas une généralité et ils n’étaient pas tous comme ça. Il ma tenait, il la soutenait. Encore et toujours, qu’importait la force avec laquelle elle le détestait.
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