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 (maiken), frozen to the bones.

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Alec Lynch
Alec Lynch

ADMIN - master of evolution
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SUR TH DEPUIS : 26/04/2015
MessageSujet: (maiken), frozen to the bones.   (maiken), frozen to the bones. Icon_minitimeLun 17 Aoû 2015 - 3:35


the bitter taste of the blood on my lips again
deep in the ocean, dead and cast away, where innocence is burned, in flames. a million miles from home, i'm walking ahead, i'm frozen to the bones. i am a soldier on my own, i don't know the way. i'm riding up the heights of shame, i'm waiting for the call, the hand on the chest. i'm ready for the fight, and fate. w/maiken holst & alec lynch.

A une dizaine de mètres de là, la flèche vint se planter droit dans le mur en béton, accrochant au passage la balle de tennis qui avait semblé courir vainement à la recherche de liberté. Seul le bruit mat du choc sembla se répercuter dans le silence de l’endroit, écho d’une quelconque présence illusoire, alors même que c’était la solitude, qui l’embrassait dans ses bras froids. L’installation était on ne peut plus précaire autour de lui, mais Alec tentait de ne pas accrocher ses songes à des pensées trop concrètes : le doute s’immisçait en lui comme un poison aussitôt que sa volonté faiblissait. Elle ne le devait pas pourtant ; sa vie en dépendait – de plus en plus, cette assurance était omniprésente dans son esprit. Alec Lynch n’était pas né pour être un dégénéré ; l’affirmation vibrait dans chaque fibre de son corps, entrant en directe contradiction avec chaque élément qui constituait ses muscles, sa chair et ses os. C’était il n’y a pas si longtemps déjà, que le chasseur avait senti sa fierté s’envoler, au moment de voir ses plaies de guerre se refermer en un clin d’œil grâce à la chose qu’il exécrait le plus dans les lois universelles de ce nouveau monde. Sa vision lui semblait plus vive, ses muscles ne ressentaient ni épuisement, ni tiraillement, son esprit était sans cesse en train de fonctionner, et chaque cicatrice qui avait marqué son expérience avait disparu de son épiderme. Il ne tombait plus malade, et pouvait sauter du haut d’un immeuble de trente étages, sans craindre la mort. Pourrait-il seulement mourir un jour ? La réponse à cette question l’effrayait plus qu’il ne l’admettrait jamais ; depuis combien de temps, le Lynch avait-il fait la paix avec l’éventualité de mourir un jour, pour la cause qui était sienne ? Pour ses parents ? Pour les habitants de Radcliff, s’il le fallait ? A nouveau, sa seule réponse pour ne pas se laisser rattraper par ce torrent d’interrogation, fut de tirer une flèche de son carquois, bandant l’arc comme s’il s’était agi de la chose la plus facile au monde, avant de tout lâcher. Un autre bruit mat, indiquant que celle-ci aussi avait percé l’épaisseur du mur, pour se loger dans le matériau brut. Abaissant son arme, le policier laissa un profond soupir passer ses lèvres, au moment où il enclencha un volte-face pour dévisager la silhouette endormie à quelques pas de là, comme s’il la blâmait pour tout ce qui lui arrivait. Il blâmerait volontiers le reste du monde, ces dégénérés et tous ceux qui croyaient en eux ; c’était pourtant bien plus compliqué que cela. Maiken semblait décidée à dormir aussi profondément qu’une Belle aux Bois Dormant des temps modernes : allait-il devoir l’embrasser pour la réveiller ? ‘Manquait plus que ça. Peut-être était-ce un moyen, que la main du Destin avait choisi, pour faire comprendre au chasseur que son idée était stupide, et qu’il ferait mieux de la ramener chez elle avant de concrètement regretter ses choix. Il avait alpagué la brune aussitôt qu’elle était sortie de son lieu de travail ; à peine arrivée à sa voiture, elle n’avait pu sentir rien d’autre que la panique vibrant dans ses veines au moment où une main vint bloquer sa respiration, l’empêcher de crier. Les gestes du Lynch avaient été rapides, efficaces ; lui, fichant l’aiguille du seringue dans le cou de la brune pour la sentir faiblir, tomber dans ses bras comme une demoiselle en détresse.

C’était lui qui était en détresse cependant, quand bien même il tentait par tous les moyens de conserver ce qui lui restait de dignité, d’orgueil et d’arrogance : des choses qui lui venaient quasi naturellement, quand il se retrouvait face à quelqu’un comme Maiken Holst. La tâche ne serait pas aisée, mais curieusement, elle avait été la première à qui il avait songé, au moment d’échafauder son plan. Non pas parce qu’il voulait qu’elle ait pitié de lui, comprenne un tant soit peu ce qui lui arrivait, les idées qui traversaient son cerveau et le torturaient un peu plus – simplement parce qu’il se foutait carrément de ses états d’âme, de la blesser dans le procédé, ou de l’effrayer plus qu’il ne l’avait déjà fait. Quoique. Il aurait pu se montrer plus cruel déjà ; il connaissait et côtoyait des chasseurs qui n’hésitaient pas à se montrer bien moins cléments que lui. Des gens qui travaillaient pour Thaddeus Lancaster. A cette pensée, tout son être se raccrocha à Calista – il avait pensé à elle aussi, mais avait été totalement incapable de faire le moindre pas vers elle. Il ne voulait pas choisir le chemin de l’acceptation, faire avec ce qu’il était devenu. Il ne voulait pas mettre la Wolstenholme dans une telle position. Il ne voulait pas la côtoyer, alors même qu’il se sentait être de l’intérieur, une maladie contagieuse qui lui pourrirait la vie d’une quelconque manière : et pour quel résultat ? Ce n’était pas comme s’ils pouvaient devenir quelque chose désormais. Il était destiné à ne pas pouvoir mourir, de quelque façon que ce soit ; et Calista… Calista restait celle qu’elle avait toujours été. Plus que jamais, ils gravitaient dans deux univers très différents. Il avait beau essayer, l’attaque de son esprit ne cessait de briser ses défenses : du fond d’une de ses poches, Alec tira une nouvelle balle de tennis, qu’il envoya rebondir au loin. Pour quelques secondes, avant de tirer une autre flèche, pour l’envoyer droit dans le mille. Il n’avait jamais été quelqu’un de très patient : et à vrai dire, si secouer Maiken dans tous les sens avait été une solution efficace pour la faire se réveiller, il l’aurait fait depuis longtemps. Ce n’était pourtant pas la réponse idéale – au contraire ; il était celui qui avait choisi d’agir ainsi, il devait donc attendre. Et attendre. Depuis le temps qu’il fuyait toute compagnie, le brun s’était habitué au silence, à la solitude et à tout ce qui accompagnait cela : il aurait pourtant tout donné à présent pour se retrouver assigné à une chasse et avoir de quoi s’occuper l’esprit. De l’adrénaline, pour ressentir quelque chose, quand bien même, encore une fois, ni rien, ni personne ne semblait apte à le tuer. Quoique. Si quelque part, il existait un transmutant capable d’absorber définitivement les pouvoirs des autres… Si seulement. Abandonnant ses flèches et son arc, Alec commença à faire les cent pas dans l’espace, une grande pièce plutôt haute de plafond, un vieil entrepôt qu’il avait loué sur plusieurs mois sans qu’on ne lui pose la moindre question : plus on ajoutait de zéro à un chèque, moins on se faisait emmerder. Une loi immuable de la nature humaine que le Lynch avait apprise bien assez tôt – et utilisait souvent, quitte à dilapider la fortune construite par sa famille ; il avait encore largement de quoi faire. Enfin, si tant est qu’il ne soit pas condamné à vivre éternellement : car là, même son compte en banque n’y résisterait pas.

Un bruit, à mi-chemin entre le grognement et le gémissement finit par briser sa solitude ; la première réaction du chasseur, fut de pivoter sur ses pieds, pour dévisager la brune à quelques pas de là. Maiken se réveillait lentement mais sûrement, assumant une tronche qui rappelait curieusement la gueule de bois. « Bien, t’es réveillée. » annonça-t-il d’une voix claire, presque enjouée. Non pas qu’il se plaisait déjà à se projeter dans la joute verbale qui allait l’opposer à la jeune femme. Peu à peu, Maiken découvrait les circonstances de sa détention ; une paire de menottes à l’un de ses poignets, qui la rattachait à ce qui pouvait facilement ressembler à la chaise faussement accueillante d’un dentiste, ou quelque chose du genre – probablement de quoi flipper pour quelques secondes. Allait-elle croire qu’il comptait faire des expériences sur elle, ou quelque chose dans ces eaux-là ? Il n’avait aucune formation médicale, et somme toute, aucun intérêt à expérimenter sur elle. Qu’avait-elle de particulier ? Si ce n’est la chance de ne pas voir sa vie complètement baisée de A à Z par l’apparition d’une mutation ? Sur une table à quelques pas de là, le Lynch vint prendre une bouteille d’eau, la tendant à la brune qu’il dévisagea en silence. « C’est pas empoisonné. Et ça devrait aider à dissiper les drogues. » il avait bel et bien soigneusement analysé la situation, avant d’agir. Et comme dans un désir d’apaiser certaines tensions avant même qu’elles ne soient trop prononcées, il leva un doigt, pour attirer l’attention de la jeune femme. « Tu vas faire quelque chose pour moi. Et après tu pourras rentrer chez toi. On est d’accord ? » il avait presque la voix posée d’un pacifiste de nature, pourtant, son visage fermé laissait entendre qu’il n’avait pas l’intention de parlementer pendant un moment trop long. Elle pouvait essayer de sortir, si elle le voulait : la seule et unique porte de sortie à sa portée était soigneusement verrouillée. Personne ne savait où ils étaient. Et en plus, le Lynch avait soigneusement pris soin de louer le local le plus paumé du pays. Ou au moins, de l’état : car s’il n’était pas dans son avantage de voir la jeune femme lui glisser entre les doigts avant même d’avoir obtenu les informations qu’il recherchait, il n’avait pas non plus l’intention de perdre pieds, et de voir son secret ébruité trop rapidement. Il soupira, prêt à faire un effort, plongeant une main dans sa poche pour en sortir les clés des menottes qui la retenaient captive. « T’as qu’à dire la bonne phrase. Et on peut commencer. Bien entendu, on sait tous les deux que tu mens trop mal pour même essayer de me doubler. » cette petite réunion, après tant de temps, ne commençait pas dans les meilleures conditions, pour sûr – et sans doute surtout à cause de lui, puisqu’il n’avait pas franchement laisser place au moindre libre arbitre du côté de Maiken. Il savait, en tout cas, que s’il ne voulait pas que les choses déraillent, à son avantage ou son désavantage, il devait tenter d’apaiser toute tension déjà naissante. Il était dans son avantage à lui tout autant que dans le sien à elle, qu’elle ne quitte pas ces lieux en allant répéter ce qu’elle apprendrait ici, à tout le monde. « Si tu répètes quoique ce soit de ce qui va se passer ici, à qui que ce soit. Je te tuerai. Et je tuerai tous ceux qui seront au courant. » la voix adopta un timbre plus sombre, en accord avec l’expression de son visage, lorsqu’il ficha une œillade impérieuse dans le regard sombre de la jeune femme. Ils n'étaient pas amis, ne le seraient jamais - l'avertissement rappela cette évidence, résonnant comme un bombardement puissant. Il savait qu’elle connaissait Felix, et qu’elle avait réussi à gagner une place importante dans la vie de son meilleur ami – malgré le passif qu’il avait avec le Lecter, Alec s’essayait du mieux possible, à prétendre que cette menace tenait aussi pour lui. Parce qu’après tout, que pouvait-il y avoir de pire, que l’éventualité que Felix apprenne pour sa dégénérescence ?
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MessageSujet: Re: (maiken), frozen to the bones.   (maiken), frozen to the bones. Icon_minitimeDim 23 Aoû 2015 - 15:03

Maiken n’avait rien vu venir. Elle était sortie du laboratoire en retard, agacée d’avoir été retenue par une formalité qui avait pris plus de temps que prévu, et elle s’était dépêchée de boucler ses affaires pour rentrer chez elle au plus vite. Elle n’avait même pas boutonné son manteau, et le froid l’avait saisie dès qu’elle était sortie du bâtiment, mais elle ne s’était pas arrêtée. Elle devait aller chercher sa fille chez la nounou et elle ne voulait pas lui faire faux bond une nouvelle fois. Elle avait déjà sacrifié tant de soirées avec Sigrid pour le compte des hunters d’abord, puis d’Uprising ensuite ! Ce soir, elle n’avait aucune obligation, et elle prévoyait de passer un bon moment avec sa fille. Mais elle avait déjà perdu beaucoup de temps au labo, et il n’était pas question de perdre une minute de plus. Elle ne pensait qu’à ça. Elle n’avait pas vu la silhouette qui la guettait sur le parking, ni l’ombre qui s’était faufilée derrière elle quand elle était sortie. Il était déjà trop tard pour réagir quand la main s’était plaquée sur sa bouche, et quand l’aiguille s’était plantée dans son cou. La panique avait jailli dans tout son être, en un pic d’adrénaline qui lui aurait sans doute donné la force de se battre contre son agresseur en temps normal, mais ce regain d’énergie avait disparu aussi vite qu’il était apparu, dilué dans la drogue qui s’était insinuée dans ses veines au rythme soutenu de son cœur affolé. Ses membres étaient devenus flasques et sa vision s’était obscurcie en un temps record sans qu’elle ne puisse rien faire. Elle avait eu une pensée pour Sigrid, qui allait l’attendre encore longtemps … Et elle avait sombré.

Quand elle reprit conscience, elle eut du mal à remettre ses idées en ordre. Elle avait l’impression que sa tête était emplie de coton, et que ses pensées refusaient de s’aligner correctement. Elle était encore dans le brouillard, elle n’arrivait pas à réfléchir, mais elle se sentait mal. Elle avait envie de vomir, ou de hurler, ou les deux. Quelque part dans sa poitrine, elle sentait un étau qui l’oppressait sans comprendre pourquoi. Elle avait du mal à ouvrir les yeux, elle ne se souvenait pas de s’être couchée mais était certaine d’être chez elle, et quand elle voulut se redresser, sa main droite refusa de lui obéir. Quelque chose la retenait par le poignet, quelque chose de froid. Et elle ne se trouvait pas dans lit, mais sur quelque chose de dur. Tous ces éléments peu à peu atteignirent son cerveau, lui faisant comprendre que la situation n’était pas normale.  Peu à peu elle émergeait, et elle comprit que ce qui lui opprimait la poitrine n’était autre que la panique. Panique parce qu’elle était couchée sur le sol, dans un endroit inconnu, et que sa main était entravée dans une paire de menottes qui la rattachait à un genre de fauteuil … A nouveau elle voulut se redresser, mais cette fois elle fut prise d’un vertige tandis qu’une violente migraine venait frapper son cerveau déjà bien assez embrumé. « Bien, t’es réveillée. » Elle sursauta, une nouvelle onde de peur déferlant en elle quand elle entendit la voix de son ravisseur. Elle leva la tête pour le chercher des yeux, et finit par le voir, à quelques mètres d’elle. Elle n’eut aucun mal à le reconnaître, même si la surprise n’en fut que plus désagréable. Alec Lynch. Immédiatement, Maiken tenta de se souvenir de ce qu’elle avait pu faire pour se retrouver ici, avec lui. Si son ravisseur avait été un hunter inconnu, elle aurait pu croire que cela avait à voir avec son implication chez Uprising, mais elle connaissait Lynch avant même que le groupe de rebelle ne fasse son apparition et il la haïssait si profondément qu’elle ne pouvait croire qu’il s’agisse de ça. Mais pourquoi l’avoir enlevée, alors ? Ca faisait des semaines qu’il ne l’avait pas contactée, et elle était persuadée de ne pas avoir manqué une des tâches qu’il lui avait imposées. Elle ne pouvait pas l’avoir trahi d’aucune sorte, non plus. Enfin, elle n’en était plus très certaine : elle avait encore du mal à réfléchir correctement, ses pensées lui échappaient à chaque fois qu’elle essayait d’en saisir une. Elle eut un mouvement de recul quand il s’approcha d’elle pour lui tendre une bouteille d’eau, et elle la contempla sans esquisser le moindre geste pour l’attraper. Elle avait la gorge râpeuse comme du papier de verre, mais elle n’accepterait rien de lui. « C’est pas empoisonné. Et ça devrait aider à dissiper les drogues. » A contrecœur, elle tendit sa main libre et prit la bouteille, mais elle la laissa à côté d’elle sans l’ouvrir. Il l’avait menacée de mort des centaines de fois. C’était la première fois qu’il agissait concrètement envers elle et qu’il la brutalisait ainsi, alors elle ne voulait pas croire qu’il n’avait rien mis d’autre dans cette bouteille. Il avait sûrement l’intention de la torturer pour quelque chose qu’elle ne se souvenait pas d’avoir fait, ou pour lui faire avouer quelque chose qu’elle devait ignorer – pourquoi l’avoir amenée ici, sinon ?

« Tu vas faire quelque chose pour moi. Et après tu pourras rentrer chez toi. On est d’accord ? » Elle le fusilla du regard, du mieux qu’elle pouvait compte tenu de son état. Il ne l’abusait pas, avec son ton doucereux. Elle savait qui il était vraiment, et ce n’était pas en l’attachant à une espèce de chaise digne d’un film d’horreur qu’il allait lui faire croire en sa bonne foi. Pourtant, il semblait croire qu’il allait l’amadouer, parce qu’il alla même jusqu’à chercher les clés des menottes, qu’il lui agita sous le nez comme un susucre à un toutou. « T’as qu’à dire la bonne phrase. Et on peut commencer. Bien entendu, on sait tous les deux que tu mens trop mal pour même essayer de me doubler. » Le doubler ? Quoi ? Il devait clairement se tromper de personne. Est-ce qu’il croyait qu’elle pouvait s’enfuir d’ici sans qu’il ne la rattrape ? Il surestimait largement ses capacités, la jeune femme était sûrement incapable de faire deux pas sans s’écrouler, et lui était un hunter qui pouvait la tuer d’une balle dans le dos même dans le noir et à dix mètres de là. Maiken ne comprenait rien à ce qu’il attendait d’elle, et elle ne voyait où il voulait en venir. Pourquoi discuter s’il voulait la torturer ? Pourquoi ne pas passer directement au sujet qui l’intéressait s’il voulait quelque chose d’elle ? Elle n’était pas en mesure de marchander, elle ne l’avait jamais été avec lui, mais aujourd’hui encore moins que toutes les autres fois. Elle était à sa merci, mais il se conduisait encore comme si elle pouvait refuser la situation et s’en aller. « Si tu répètes quoique ce soit de ce qui va se passer ici, à qui que ce soit. Je te tuerai. Et je tuerai tous ceux qui seront au courant. » Maiken fut encore plus surprise par cette menace, mais elle tacha de ne pas le montrer. Qu’il lui fasse du chantage, elle y était habituée, mais elle ne voyait vraiment pas ce qu’il voulait cacher ici … Elle essaya de se redresser davantage pour s’asseoir correctement sur le sol, malgré les vertiges et les maux de tête, sa position étant bien assez humiliante comme ça. Elle soupira et se massa les tempes de sa main libre. « Je ne comprends rien de ce que vous me demandez. Si ce sont des listes de personnes mutantes que vous voulez, vous n’aviez pas besoin de me séquestrer pour me les demander. Et vous savez que je ne peux pas en parler à qui que ce soit. » Lui rappela-t-elle d’un ton amer. Elle avait conscience que de son silence dépendait la vie de sa fille, mais c’était ainsi depuis des mois. Enfin, cela avait cessé quand Felix avait promis de s’en occuper … Pourquoi ce revirement de situation ? Qu’est-ce qui poussait Lynch à passer outre la demande de Felix ? « Qu’est-ce que vous attendez de moi, réellement ? Je n’ai rien à vous donner. Vous pouvez me torturer, ça ne vous avancera à rien. » Mais il n’allait pas la torturer. Il n’aurait pas pris toutes ces précautions s’il avait l’intention de lui arracher des aveux de force … Du moins, elle l’espérait de toute son âme.
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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: (maiken), frozen to the bones.   (maiken), frozen to the bones. Icon_minitimeMar 8 Sep 2015 - 23:30


the bitter taste of the blood on my lips again
deep in the ocean, dead and cast away, where innocence is burned, in flames. a million miles from home, i'm walking ahead, i'm frozen to the bones. i am a soldier on my own, i don't know the way. i'm riding up the heights of shame, i'm waiting for the call, the hand on the chest. i'm ready for the fight, and fate. w/maiken holst & alec lynch.

Maiken et Alec. Alec et Maiken. Guère une équation, ni l’équilibre quel qu’il soit : trop différents, construits sur des bases sans doute opposées. Lynch ne s’était jamais donné la peine de comprendre la brune qu’il avait maintes fois menacée déjà : il s’était contenté de saisir les apparences, l’amour logique et immuable d’une mère pour son enfant. Les faiblesses, aspérités à la personnalité de la jeune femme. La détester avait toujours été facile. Avoir besoin d’elle ce soir, ça relevait presque de l’ironie : un coup de karma qui s’abattait sur sa personne, le sort qui revenait en arrière, et rendait au chasseur la gifle qu’il avait maintes fois assénée sur la frêle et fragile Maiken. Charmeur, coureur, beau parleur, volage ; Alec plus jeune déjà, n’avait pas été le plus grand des gentlemen, respectant la caste féminine de la manière la plus idéale qui soit – avec l’humaine, c’était presque un tout autre stade. Elle s’était retrouvée confrontée à l’Alec étouffé par la colère, l’Alec qui s’était patiemment et savamment construit sous le joug des Lecter ; il était curieux de constater que ce qu’elle détestait tant dans son vis-à-vis avait été cultivé et exacerber par le type qu’elle prétendait pouvoir changer. Ou aimer. Ou peu importait, ce qui liait Felix et cette femme aujourd’hui : le lien entre Alec et le fils Lecter semblait s’être délité en peu de temps – le silence d’Alec, peut-être ? Ou était-ce simplement la Holst, qui s’était posée entre eux, comme une frontière définitive ? Les questionnements du chasseur étaient bien loin de cela désormais ; quel intérêt y avait-il, à vouloir rattraper son amitié avec Felix, alors même qu’il était un dégénéré ? Que tout ce qui les lierait ne serait que du mensonge ? Car ce n’était sans doute pas une option qu’ils avaient envisagée tous les deux, l’éventualité qu’un jour, un d’eux deux devienne une de ces créatures qu’ils chassaient. Allaient-ils finir en tragédie ? Alec avait déjà l’âpre sentiment que cette condition avait transformé sa relation avec Calista en une pièce de théâtre avec un tout nouveau décor. Lugubre. Complexe. Ça allait bien plus loin que des histoires de rancœur, de faux rendez-vous, de chasse ou de baiser volé désormais. Il faisait tâche, et ne concordait plus avec aucun élément de son existence. Ni avec Felix. Ni avec Calista. Ni même dans la position de force qu’il avait imposée sur la personne de Maiken : était-il encore le dominant de ce face à face ? La volonté du Lynch était plus puissante que jamais – il était prêt à mettre chacune de ses menaces à exécution, si la brune osait souffler mot de ce qu’ils allaient s’échanger ici, ces révélations qu’il aurait préféré ne jamais avoir à avouer à qui que ce soit. L’isolation n’était plus la solution adéquate : les soupçons se tournaient de plus en plus sur l’absent Alec Lynch – garder la face ne lui semblait pourtant pas possible. Pas tant qu’il était comme ça. Pas tant qu’il brouillait si aisément les frontières entre ce qu’il avait fait, ce qu’il était, la réalité. L’illusion. La haine. La folie. Chanceuse spectatrice qu’elle était, Maiken ne le savait sans doute pas encore, au moment de s’éveiller, de le fusiller du regard : elle serait pourtant la première à assister à cela. La dernière option d’Alec Lynch. Au bord du gouffre, valsant avec le chaos, l’incapacité à accepter, l’incapacité à revenir en arrière.

Allait-il devoir la supplier, ou quoi ?! Ce n’était certainement pas son domaine de prédilection – avait-il déjà eu à demander la permission pour quoique ce soit dans sa vie ? Déjà avant, gamin gâté par la vie, aux parents laxistes, Alec avait été de ces insupportables jet-setteurs qui agissaient sans conséquence et nageaient avec complaisance dans un océan de suffisance. Il n’en était pas encore là, à devoir affronter l’œillade haineuse d’une misérable idiote et à devoir multiplier les politesses. Qu’elle ne boive pas, si elle n’en voulait pas ; peut-être finirait-elle par s’effondrer sous le coup de la déshydratation, ce qui ne ferait que prolonger son séjour ici. Leur entretien secret et exclusif, ce tête à tête si désagréable pour l’un comme pour l’autre. A l’impatience, se mêlait la colère impulsive qui le possédait, comme un réflexe, à chaque petite provocation de la part de la jeune femme. Être dans les petits papiers de Felix Lecter la rendait plus venimeuse qu’elle ne l’aurait été en temps normal ; et pendant un instant, le Lynch poussa le vice à se mettre à la place de son meilleur ami. Son frère d’armes. Que ferait-il, s’il découvrait qu’un connard avait embarqué Calista pour la coincer dans un endroit comme ça ? Etait-ce une trahison pour autant ? « Je ne comprends rien de ce que vous me demandez. Si ce sont des listes de personnes mutantes que vous voulez, vous n’aviez pas besoin de me séquestrer pour me les demander. Et vous savez que je ne peux pas en parler à qui que ce soit. » après avoir sondé pendant de longues secondes les réactions de son interlocutrice, Alec baissa les yeux, un long soupir passant ses lèvres. Peut-être significatif de la lassitude, qui rongeait son intérieur avec de plus en plus de virulence au fil des jours. Ou peut-être était-ce la manifestation d’un agacement certain, coutumier entre eux, que Maiken savait parfaitement piquer à vif. S’il n’était pas du genre patient, ni altruiste, ni amical, Alec n’en était pour autant pas un grand violent qui envoyait balader chaque objet d’une pièce rien que pour se passer les nerfs – mais bon dieu, avec elle. Parfois, c’était tentant. « Qu’est-ce que vous attendez de moi, réellement ? Je n’ai rien à vous donner. Vous pouvez me torturer, ça ne vous avancera à rien. » c’était à son tour de se masser les tempes avec sa main droite ; pourquoi diable devait-il lui expliquer quoique ce soit ? Qu’elle acquiesce et fasse ce qu’il lui demandait, point barre. Pas besoin d’aller chercher des théories là où il n’y en avait pas : menacer, prétendre était une chose ; Alec n’était cependant pas le plus grand fan des longues séances de torture – tuer s’avérait à ses yeux bien plus clément que de faire trainer la douleur pendant des heures. Qu’aurait-il dû attendre d’elle, de toute manière ? « J’vais pas te torturer. J’me serais pas donné autant d’efforts si c’était le cas. » et malgré l’agacement croissant, son ton avait été on ne peut plus habituel, comme s’il parlait de la chose la plus commune au monde – pourquoi devrait-il lui donner une once de vérité ? Pour perdre toute crédibilité par la suite ? Quelque part, dans leur relation, la crainte que Maiken ressentait à chaque passage du chasseur dans sa vie, était vitale. Felix et son honneur de preux chevalier avait fait gagner de l’assurance à la brune. Mais cette conversation, le décor autour d’eux, les circonstances de leurs retrouvailles : tout cela remettait les points sur les i. Pour le moment. S’il continuait de garder pieds. Si elle n’avait aucune chance de saisir l’occasion pour renverser la situation. Tant de si ; tant d’hypothèses : autant être clair et net depuis le début.

C’est ce désir, cette importance cruciale, qui poussa Alec à plaquer une de ses mains sur la joue de la brune : pas une gifle, certainement pas une caresse – une prise qui se resserra autour du menton de Maiken pour faire se rencontre leurs regards. Un défi de prunelles à prunelles, là où elle pouvait lire la différence entre sincérité et mensonge, là où il pouvait saisir tout signe de défiance. « Mais je fais c’que je dis. Alors tu devrais surtout prendre ça au sérieux. Si tu parles de cet endroit, de ta visite ici, ou de quoique ce soit d’autre, tu vivras pour le regretter. » et il n’avait pas envie d’ajouter le nom de Lecter à cet argument : préférerait-il tuer de ses propres mains son meilleur ami plutôt que d’affronter le regard qu’il poserait sur lui en connaissant sa nature de dégénéré ? L’éventualité, aussi répugnante qu’elle était, lui semblait presque palpable. Pris au piège, coincé au pied du mur… Il relâcha son emprise sur Maiken, la laissant là où elle était, menottée, puisqu’elle n’avait pas encore eu la bonne volonté de faire le moindre effort. Il préférait largement qu’elle reste là à moisir sur place plutôt que de laisser la moindre chance qu’elle sorte d’ici et aille colporter toutes les rumeurs possibles et imaginables sur lui. Ou même la vérité. Le voile d’illusions était désormais si fin, si fragile, que même l’humaine vulnérable qu’elle était, pouvait tout détruire. Un semblant de distance, Alec faisant dos à la brune, et les masques tombèrent pour un instant : à nouveau, il lâcha un soupir, attrapant l’un des petits couteaux qu’il ne quittait jamais – ces poignards faciles à cacher, sauveurs de vie, selon les circonstances. L’arc était devenu l’extension de son bras, les flèches étaient ses armes ; mais rien ne pouvait remplacer l’utilité d’un coutelas que trop peu de gens soupçonnaient. Et Maiken allait sans doute croire qu’il avait menti, qu’il l’avait amenée ici pour la découper en petits morceaux avec le couteau le moins efficace de sa gamme – comme s’il avait autant de temps que cela à perdre. Certes, il était en congé, et chassait comme un loup solitaire ; il n’en était pas réduit à aimer le sang, le meurtre et l’agonie, à ce point-là. Dans un volte-face, il repartit en direction de sa seule interlocutrice, ne pouvant s’empêcher de ressentir une certaine fierté, à la voir se tendre de nervosité – s’était-il dressé en une telle menace dans l’esprit de la jeune femme ? L’heure n’était pas à la provocation, ou à la moquerie ; les circonstances étaient sans doute plus sérieuses que ce que Maiken pouvait soupçonner. Il s’accroupit devant elle, la lame d’acier scintillant sous la lumière blanche pour une fraction de seconde. Et comme pour compliquer plus encore les circonstances ; c’est sur sa peau à lui, qu’il fit glisser le poignard, la chair de son avant-bras frémit. Tranchant le muscle d’une entaille significative, qui lui arracha, sur le coup, une infime grimace de douleur ; treize ans de chasse, treize ans de danger. Des dommages en tout genre, os brisés, cicatrices qu’il avait fièrement portées. Avant que sa mutation ne les efface l’une après l’autre – du jour au lendemain. Comme celle qu’il venait de se faire à lui-même : la plaie se referma, ni un mauvais tour de passe-passe, ni une illusion. La réalité pure et dure ; il était de ces dégénérés qu’elle affectionnait tant. « J’ai ton attention maintenant ? » la douleur oubliée, l’entaille effacée, il la dévisagea. « Parce que tu partiras pas d’ici tant que j’aurais ce truc. » désespoir de cause ; désespoir tout court, qui se manifestait dans une voix impérieuse. Et tous ceux qui avaient déjà accepté leur condition de monstre ne comprendraient sans doute pas ; Maiken ne comprendrait pas. Il s’en foutait, c’était pas lui qui se retrouvait à la merci de l’autre. La loi du plus fort.
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MessageSujet: Re: (maiken), frozen to the bones.   (maiken), frozen to the bones. Icon_minitimeSam 3 Oct 2015 - 22:54

Alec Lynch, la pire calamité personnelle de Maiken après Beatrix Lecter. Elle était devenue sa petite victime attitrée, celle qu’il pouvait terroriser sans aucune gêne, dès qu’il le souhaitait. Elle avait été à sa merci si souvent qu’elle en avait perdu le compte, et elle avait très vite appris à haïr cet homme qui se servait d’elle avec un plaisir si évident. Elle n’était rien pour lui, rien qu’un moyen facile d’obtenir des informations utiles aux hunters. Il savait qu’il pouvait l’écraser quand il le souhaitait, réduire sa vie en poussière, détruire tout ce en quoi elle tenait. Il n’aurait qu’un effort minime à faire pour qu’elle perde tout … Elle s’était réveillée si souvent en sursaut après de multiples cauchemars où il apparaissait pour prendre sa fille et lui faire subir des choses si atroces qu’elle en frémissait encore. Il ne se rendait pas compte à quel point il s’était insinué dans sa vie, lui faisant craindre chaque jour qui passait quand elle se demandait s’il allait ressurgir pour la menacer. Il n’avait pas conscience de l’effet qu’il avait sur elle, elle n’était qu’une femme insignifiante, une moins que rien … A ses yeux elle n’était pas une personne avec une réelle existence, des sentiments, une histoire. Elle était un dommage collatéral, au mieux. Et même si elle refusait de se plier à ses règles, même si elle se forgeait une carapace pour être plus forte que ça, plus résistante qu’une simple brindille qu’il casserait quand bon lui semblerait … Que pouvait-elle faire contre lui ? Rien. Absolument rien. Il la tenait entre ses mains et elle n’osait plus respirer quand il posait ses yeux sur elle, pauvre chose sans défenses face à la menace qu’il représentait. Mais elle avait cru que les choses s’étaient calmées, ces dernières semaines … Felix avait promis qu’on la laisserait tranquille, et il avait tenu sa promesse. Elle ne savait pas comment il s’y était pris, mais Beatrix Lecter et Alec Lynch ne s’étaient plus manifestés. Jusqu’à ce soir.

Il attendait quelque chose d’elle, visiblement, mais Maiken ignorait tout à fait de quoi il s’agissait. Jusqu’à maintenant, il avait toujours été très clair à propos de ses requêtes, n’y laissant jamais la moindre ambiguïté, pour qu’elle ne puisse pas essayer de biaiser. C’était blanc ou c’était noir, mais ce n’était jamais entre les deux, avec Alec Lynch. Seulement ce soir, elle ne comprenait pas où il voulait en venir. Il n’avait formulé aucune demande, seulement des mises en gardes plus fumeuses les unes que les autres – et aussi inutiles. Quoi qu’il fasse, elle n’avait pas plus de pouvoir sur lui qu’elle avait pu en avoir avant, alors pourquoi toutes ces précautions ? L’occasion devait être particulière, mais Maiken ne parvenait pas à trouver de quoi il s’agissait. Et sa migraine encore violente ne l’aidait pas à s’y retrouver. « J’vais pas te torturer. J’me serais pas donné autant d’efforts si c’était le cas. » Dieu merci ! Pourtant, cette donnée ne rassurait pas Maiken outre mesure. Pas de torture, très bien, mais il n’y avait pas que la torture physique qu’elle craignait, et dans ce lieu qui semblait reculé, seule avec lui, elle savait qu’elle avait beaucoup à redouter. Ce qu’il allait lui demander ne serait sans doute pas de son goût, sans quoi il n’aurait pas pris autant de précautions. Accroupi en face d’elle, il lui enserra soudain le menton d’une main, la forçant à relever la tête pour le regarder dans les yeux. Elle ne tenta pas de se dégager, mais mit autant de mépris que possible dans son regard. Même si elle était terrorisée, elle devait faire de son mieux pour ne pas le laisser voir l’emprise qu’il avait sur elle. « Mais je fais c’que je dis. Alors tu devrais surtout prendre ça au sérieux. Si tu parles de cet endroit, de ta visite ici, ou de quoique ce soit d’autre, tu vivras pour le regretter. » A nouveau les mêmes menaces, et Maiken serra les dents. « J’avais très bien compris la première fois, pas besoin de vous répéter. » Combien de fois allait-elle devoir lui dire qu’elle ne pouvait de toute façon pas parler ? Mais il semblait avoir besoin de s’en assurer, et cela trahissait une nervosité qu’elle ne lui connaissait pas. Que pouvait-il bien avoir à cacher de plus que ce qu’elle savait déjà ? Il la lâcha finalement et lui tourna le dos, juste le temps d’attraper un petit poignard. Il s’approcha d’elle et elle dut faire un énorme effort sur elle-même pour ne pas avoir de mouvement de recul à cette vue. Elle se répéta qu’il n’allait pas la torturer, mais elle y croyait de moins en moins à mesure que la lame s’approchait.

Contre toute attente, il enfonça la lame dans sa propre chair, y laissant une large estafilade sanglante. Maiken jeta un regard interloqué à Alec, et faillit presque manquer le plus important. Quand elle reposa les yeux sur l’entaille, elle la vit se refermer d’elle-même, et elle eut un hoquet de surprise. Ses yeux s’écarquillèrent et elle fixa le bras du hunter, redevenu aussi lisse que quelques secondes plus tôt. Elle avait vu la lame, elle avait vu le sang, elle avait vu la plaie. Et elle avait vu la guérison s rapide que cela semblait … Magique. Mais ce n’était pas de magie dont il s’agissait. « J’ai ton attention maintenant ? » Il l’avait depuis le début, son attention. Mais là … Là, elle avait l’impression qu’il venait de la pousser dans le terrier du lapin blanc. Tout ce qu’elle avait pu imaginer jusque là venait d’être effacé, et ses certitudes ébranlées par la petite démonstration. « Parce que tu partiras pas d’ici tant que j’aurais ce truc. » Elle releva les yeux quand il prononça ces derniers mots, et elle planta ses yeux dans ceux d’Alec. Il était exactement le même qu’auparavant, le même regard dur, la même expression impérieuse, mais elle le voyait soudain d’une façon totalement différente. « Ce truc ? » Ce truc, ce n’était rien d’autre que ce qui le constituait, son génome complet, et il en parlait comme s’il ne s’agissait que d’un petit détail qu’elle pouvait régler en quelques minutes. Un petit détail qui le rongeait et qui le dégoûtait au plus haut point. Un petit détail qui faisait de lui l’égal de ceux qu’il avait tués jusque là. « Vous voulez que je supprime vos gènes mutants ? Nous sommes dans un hangar poussiéreux, au milieu de nulle part, et vous me demandez d’effectuer un tour de magie. » Constata-t-elle d’un ton las, en secouant légèrement la tête. Ca aurait été risible si ce n’était pas aussi dramatique. Le chasseur devenant la proie. Mais Maiken ne parvenait même pas à trouver un réconfort dans ce retournement de situation. L’ironie du sort lui faisait plutôt pitié, et ça l’agaçait beaucoup de ressentir une telle chose pour lui. « Je ne suis pas mutante, Alec. Je ne suis qu’une humaine avec des moyens humains. Et même si j’ai accès à certaines ressources dont vous vous êtes bien servis jusque là, je ne peux rien pour vous. » Autant être claire dès le début, elle ne voyait pas l’intérêt d’entretenir un espoir quelconque, il comprendrait bien trop vite qu’elle lui avait menti, et ce serait pire encore. « Vous savez peut-être mieux que moi qu’il n’y a rien à faire pour ça. Vous êtes mutant, ça fait partie de vous. Et vous l’avez toujours été, même si vous l’avez sans doute découvert … récemment. » Elle ne pouvait que le supposer, mais cette mise en scène lui laissait croire qu’il n’avait pas toujours eu connaissance de sa mutation. Elle venait sans doute de se réveiller, ce qui expliquait … tout ça. Elle poussa un léger soupir. Dans quelle galère était-elle encore fourrée ? « A chaque fois que je vous ai donné des noms de mutants, j’ai imaginé une scène semblable à celle que vous venez de me jouer. Des fois des menaces, des fois des suppliques. Et à chaque fois … A chaque fois, j’ai détourné les yeux et je les ai laissés mourir de votre main. » Il n’en était sans doute pas encore au stade de la compassion, ce n’était pas du tout son genre, et il n’allait pas apprécier la leçon de morale, mais elle n’allait pas pleurer sur son sort sans essayer de lui faire comprendre certaines choses. « J’ai essayé de protéger les mutants que vous avez tué, j’ai fait de mon mieux pour que leur nom n’arrive jamais entre vos mains, mais j’ai échoué trop souvent. A cause de vous. » Elle se tenait tout aussi responsable de leur mort que si elle avait porté les coups fatals, et elle avait regretté chacun d’entre eux, même sans les connaître personnellement. Des vies humaines, prises en partie par sa faute. A nouveau, elle soupira. « Je ne dirais rien à personne, je n’ai pas envie que vous détruisiez ma vie simplement parce que vous pensez que la vôtre est fichue. Pour une fois, je vais peut-être sauver une vie en vous obéissant. Je finirais peut-être par m’en réjouir … » Même mutant, il restait un chasseur, ou au moins un tueur. Elle n’avait aucun doute sur le fait qu’il tuerait tous ses proches si elle osait dire quoi que ce soit. Il était plus dangereux que jamais, à présent.
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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: (maiken), frozen to the bones.   (maiken), frozen to the bones. Icon_minitimeJeu 8 Oct 2015 - 16:13


the bitter taste of the blood on my lips again
deep in the ocean, dead and cast away, where innocence is burned, in flames. a million miles from home, i'm walking ahead, i'm frozen to the bones. i am a soldier on my own, i don't know the way. i'm riding up the heights of shame, i'm waiting for the call, the hand on the chest. i'm ready for the fight, and fate. w/maiken holst & alec lynch.

Treize années remises en question ; ça n’pouvait pas marcher comme ça. Tout ne pouvait pas basculer dans l’incompréhension aussi vite, sous prétexte qu’une dégénérescence se manifestait finalement en lui – cette évidence, il l’avait fuie ardemment ces derniers mois, s’emprisonnant dans la solitude de son appartement et des chasses en solo. Pourquoi tout questionner ? Pourquoi s’triturer l’esprit à ce point ? Au plus vite il se serait débarrassé de la mutation qui le bouffait de l’intérieur, mieux il pourrait reprendre le cours de sa vie et reconsolider chacune de ses croyances. Il n’avait rien fait de mal – rien qui ne bouleverse le monde et le fasse sombrer dans le chaos du moins, au contraire, dirait-il volontiers. Alec Lynch avait sauvé des vies en choisissant d’en sacrifier d’autres, de ces existences dangereuses, aussi dangereuses que des créatures ayant tout droit sur les êtres humains qui les entouraient. Les dégénérés pouvaient aussi aisément être des menaces que des citoyens normaux : comment un type qui pouvait soumettre n’importe qui à sa volonté rien qu’avec sa voix, pouvait décider de ne pas se servir de sa capacité pour contourner les règles, d’une quelconque manière ? C’n’était pas naturel ; et malgré l’horreur qui vivait désormais sous les couches de sa peau, ça ne changeait rien pour le Lynch – sa famille avait toujours été décimée par l’un de ces êtres, son existence réduite à néant, remise en question bien avant ce jour-là. Les Lecter lui avaient donné un but, des capacités pour l’atteindre – les Lecter lui avaient donné une raison de survivre, de subsister ; la vengeance, peut-être, qui revêtait aujourd’hui le visage de justice. Rien de plus, rien de moins – l’imprenable justice qu’il infligeait de la pointe de ses flèches, traiter le non-naturel avec des moyens particuliers, c’était là la meilleure solution qui soit. L’assurance, petite lueur qui l’avait fait subsister pendant un temps, était devenue un véritable cri de guerre dans les entrailles du chasseur, ce qui guidait chacun de ses instincts, où qu’il aille, quoi qu’il fasse, peu importait la personne face à qui il se trouvait. C’n’était pas Maiken Holst, l’humaine amoureuse des dégénérés qui lui ferait voir un autre chemin ; bien souvent, Alec avait demeuré sourd et imperméable aux bonnes paroles de la brune – elle n’pouvait pas comprendre, elle ne comprendrait jamais. Et probablement que c’était une chance pour elle : une chance qu’il avait eue pendant les vingt premières années de sa vie, avant que celle-ci, paisible, on ne peut plus normale percute brusquement le chemin d’un dégénéré qui s’était pensé avoir le droit de vie et de mort sur n’importe qui. Il ne savait que trop bien que ce dont il était victime aujourd’hui, ce qui vibrait dans ses veines au rythme de son cœur, n’était qu’une grandiose ironie : qui d’autre pouvait se vanter de détester si profondément les dégénérés, et d’en devenir un dans la même foulée ? Qui plus est, atteint d’une mutation qui rendait tous les vaccins des chasseurs totalement inutiles ; une mutation qui défiait la mort, d’où qu’elle vienne, quoiqu’il fasse. Peut-être bien que s’il avait un quelconque contrôle sur son pouvoir, il pourrait stopper cette chose d’agir en lui – juste le temps de s’injecter le remède miracle qui supprimerait tous ses maux. Mais c’était ses cellules qui réagissaient d’elles-mêmes, et il lui était inenvisageable de se voir accepter, faire corps avec ce qui était désormais profondément incrusté dans sa chair.

Chose ; il n’avait en effet, pas de meilleur moyen pour qualifier cette anormalité qui ne l’avait que trop changé : chacune de ses fières blessures de guerre avait disparu, Alec Lynch n’était plus le chasseur qui avait amassé les cicatrices. Il n’était que le menteur qui errait parmi ses pairs sans être comme eux. Celui qui fuyait le moindre entretien avec son meilleur ami, celui qui n’pouvait plus supporter le regard que Calista apposait sur lui. Elle pouvait vouloir fuir l’évidence autant qu’elle le voulait, ne pas en parler, faire comme si de rien n’était ; il y avait ces questions informulées qui brûlaient dans les tréfonds de ses prunelles, et qu’il voyait, à chaque fois qu’il supportait son regard. C’n’était pas lui, c’n’était pas ce qu’il voulait être. C’n’était pas ce qu’on attendait de lui ; une chose qu’il pouvait supporter, accepter d’une quelconque manière. Ni même quelque chose avec quoi il pourrait vivre en niant sa présence ; sa mutation agissait de son plein gré, totalement indépendante de sa volonté, faisant des ravages dont il ne voulait pas. Lui, il n’était pas touché par la capacité de créer des flammes avec le bout de ses doigts, selon ses caprices et ses besoins. Lui, était trahi par son propre corps ; sa nature profonde et ses ambitions s’entrechoquant avec rage au creux de ses entrailles – et l’incapacité d’en crever, l’incapacité de s’en débarrasser. Il ne pouvait que cultiver une rage sans borne, brûlant tout de l’intérieur, mêlée si aisément à une nervosité qu’on ne lui connaissait pas. Lynch avait décidé de prendre le contrôle de sa vie à partir du moment où il était devenu le disciple des Lecter ; mais il perdait pieds. S’noyait, et se retrouvait presque à ce point de départ qu’il avait fui pendant les treize dernières années de sa vie. « Vous voulez que je supprime vos gènes mutants ? Nous sommes dans un hangar poussiéreux, au milieu de nulle part, et vous me demandez d’effectuer un tour de magie. » Oh, il s’était presque attendu à ce qu’elle lui ricane au nez, qu’elle lui crache un venin acerbe qui serait né de l’assurance qu’elle avait gagnée sous la garde de Felix. C’était pourtant autre chose qui résonnait dans sa voix ; presque une arme encore plus affutée que le sarcasme ou toute l’ironie de la vie qui l’entourait – le chasseur la fusilla du regard pour une seconde, était-ce de la pitié ? Il n’voulait pas de sa pitié, aussi infime soit-elle, il n’voulait pas de repentance, de pardon, d’une chance d’expier ses péchés en se confiant à la bonne conscience de la douce Maiken Holst. Celle qui avait changé quelque chose, dans le cœur de Felix. Elle n’était pas là pour ça, certainement pas pour lui murmurer en plein visage des paroles qu’il ne s’était que trop souvent répétées. C’était dans ses gênes, disait une part de raison, un murmure connectant ses neurones les uns avec les autres ; mais ça n’pouvait pas être le cas, pas alors qu’il rejetait ça de tout son être, de toute sa conscience, avec ses tripes, son âme, toute sa force. C’était ce qu’hurlaient ses entrailles, sa résistance sempiternelle. Il détestait ces dégénérés, il n’voulait pas devenir comme eux. « J’te demande pas de faire un tour de magie, crois-moi, t’es la dernière personne vers laquelle j’avais pensé à me tourner. » souffla-t-il, avant d’immédiatement regretter ses paroles – aussi évident était son dédain, il venait tout autant de crier son désarroi au faciès de la jeune femme. Elle ne pouvait pas le voir comme ça, il ne devait pas s’afficher de la sorte. Ses traits se durcirent enfin, après s’être tassés pour une seconde à peine ; « Tout ce dont tu peux avoir besoin, j’trouverai un moyen de te le procurer, si c’est c’que tu crains. » il en avait les moyens, et si ce n’est physiques d’obtenir par le vol ou l’utilisation de ses relations, ils étaient monétaires – l’argent de ses parents dormait sur un compte en banque qu’il ne touchait que trop peu depuis tant de temps ; et s’il y avait une quelconque cause pour laquelle il serait prêt à utiliser ces fonds, c’était bien celui-ci. Ne surtout pas devenir comme lui, comme leur meurtrier.

« Je ne suis pas mutante, Alec. Je ne suis qu’une humaine avec des moyens humains. Et même si j’ai accès à certaines ressources dont vous vous êtes bien servis jusque-là, je ne peux rien pour vous. » il lâcha un ricanement, non pas moqueur, juste amer : « Alors j’te conseille d’au moins essayer, vraiment essayer, parce que t’es pas prête de revoir la lumière du jour si on commence comme ça. » Alec acculé, Alec désespéré de la tête aux pieds, c’était probablement pire que tout ce qu’elle avait connu jusque-là, et Maiken était stupide si elle ne s’en rendait pas encore compte, rien qu’en l’observant. « Vous savez peut-être mieux que moi qu’il n’y a rien à faire pour ça. Vous êtes mutant, ça fait partie de vous. Et vous l’avez toujours été, même si vous l’avez sans doute découvert … récemment. » la phrase électrisa chacun des muscles de son corps, et les doigts du Lynch se resserrèrent autour du manche de son couteau ; il était un dégénéré. Le Jugement quel qu’il soit s’apposait trop tardivement sur son être – il n’en voulait pas, depuis trente-trois ans il avait eu les pleins pouvoirs sur sa vie, c’n’était pas aujourd’hui qu’il comptait les perdre. L’amertume se mêla à chacun des autres ressentiments qui le déchiraient derrière ses apparences d’assurance – Alec signa négativement de la tête, sans pour autant trouver le moindre mot pour la contredire. « A chaque fois que je vous ai donné des noms de mutants, j’ai imaginé une scène semblable à celle que vous venez de me jouer. Des fois des menaces, des fois des suppliques. Et à chaque fois … A chaque fois, j’ai détourné les yeux et je les ai laissés mourir de votre main. » et la rage remporta haut la main le match de ses sentiments ; le chasseur dut se redresser, aussi vif que l’éclair, s’écartant de quelques pas pour s’empêcher de lui envoyer une beigne dans la tronche. C’n’était pas son genre, malgré les apparences ; il chassait les dégénérés et se limitait à ça – prêt à trouver répugnante l’implication des Lecter dans l’incendie chez les Hodgins ; des humains, qui eux, n’avaient rien demandé. Est-ce que Maiken le savait seulement ? Est-c’qu’elle en avait la moindre idée, elle qui livrait le speech le plus passionné sur au combien elle avait frissonné et culpabilisé pour les pauvres transmutants qu’il avait occis ? « J’ai essayé de protéger les mutants que vous avez tué, j’ai fait de mon mieux pour que leur nom n’arrive jamais entre vos mains, mais j’ai échoué trop souvent. A cause de vous. (…) Je ne dirais rien à personne, je n’ai pas envie que vous détruisiez ma vie simplement parce que vous pensez que la vôtre est fichue. Pour une fois, je vais peut-être sauver une vie en vous obéissant. Je finirais peut-être par m’en réjouir… » il fallait qu’elle arrête de parler, qu’elle se la ferme et accepte simplement ce qu’il lui demandait – était-ce si compliqué ? Et dire que les choses auraient presque pu bien se passer, si seulement. Elle aurait dû le savoir, dû s’en rendre compte. Avoir un minimum d’instinct de survie pour fermer sa gueule ; dans un volte-face aussi rapide qu’efficace, Alec ficha la lame de son poignard droit dans la chair de la jeune femme – juste au niveau du muscle sur sa cuisse, douloureux mais certainement pas mortel. Il était temps de remettre les points sur les « i », le temps de reprendre le contrôle de la situation, et lui arracher un cri de douleur quel qu’il soit était toujours mieux que de l’entendre parler des pauvres opprimés qu’il avait laissés derrière lui – morts. Morts comme elle le finirait, six pieds sous terre et oubliée, s’il fallait qu’elle continue à lui taper sur le système : les centimètres glacés fichés sous sa peau étaient un indice assez explicite.

« J’ai pas demandé une leçon de morale, à c’que je sache. T’en fais pas, j’connais déjà ton avis sur la question. » ni sourire goguenard, ni ironie glaciale, ni provocation. Lynch perdait sa place de dominateur, sa toute-puissance sur la personne de Maiken – il n’en était plus à déguster leur face à face comme à un autre temps. Irrémédiablement, ça ne faisait que compliquer les choses. « J’te conseillerais d’arrêter de parler comme si t’étais l’innocente de la situation. T’es plus innocente depuis le jour où t’as décidé de te rallier aux gens comme eux – si tu voulais que les méchants chasseurs te laissent tranquilles, t’avais qu’à continuer de t’occuper de tes affaires. » elle s’était elle-même mêlée à cette guerre, sachant pertinemment qu’elle n’avait ni les armes nécessaires pour se défendre, ni même la capacité de se sauver elle-même. Alors était-elle vraiment une victime ? Un quelconque dommage collatéral ? Non, Maiken était simplement assez stupide pour s’être lancée sur le champ de bataille sans aucune arme sur elle – elle était de la chair à canon ; pour les chasseurs. Mais tout autant pour les dégénérés : qui, parmi ses bons copains, viendrait la chercher, ici ce soir ? Qui défierait Alec Lynch, chasseur au renom meurtrier, pour sortir la pauvre humaine de sa prison miséreuse ? Personne. Et l’évidence aurait toujours dû prouver à Maiken qu’elle aurait dû avant tout se préoccuper de sa vie à elle. De celle de sa fille, des siens avant n’importe quelle cause grandiose. Etait-elle mieux que lui parce qu’elle était stupide et altruiste au point d’en arriver là ? Non ; ça faisait juste d’elle une proie facile. Sans douceur, ni bon sentiment, le Lynch arracha la lame de son couteau de la cuisse de la brune ; laissant une plaie béante, de laquelle déjà glissaient des quantités de sang non négligeables – il prit son temps pourtant, pour faire demi-tour, rejoindre la table sur laquelle il avait pris son arme. Là, il attrapa une seringue, toujours vide, qu’il planta dans son propre bras, juste au niveau d’une vaine qui aurait pu palpiter de rage, si c’était possible. « On est pas amis. J’suis pas déchiré par le doute ou je n’sais quelle connerie. Et j’ressentirai jamais la moindre pitié pour tous les dégénérés que j’ai supprimés. » et presque pour contraster avec ses actes précédents, il attrapa presque avec attention le bras de Maiken, une transfusion de sang qu’il lui imposa – et qu’elle ferait mieux d’accepter, si elle ne voulait pas garder un profond handicap pour le reste de ses jours. « Je te demande pas d’me faire de leçon de morale. Ou de comprendre. Ou d’me parler. » il s’en foutait bien de ce qu’elle ressentait à son égard – c’était simplement de l’ironie pure et dure, venant d’une femme qui s’était amourachée d’un type comme Felix. Combien de cadavres avait-il, lui, laissé dans son sillage ? Malgré les treize années de dévotion d’Alec, malgré sa volonté de fer, leurs tableaux de chasse étaient difficilement comparables. Sous ses yeux, il vit la plaie douloureuse de Maiken se refermer, en quelques secondes à peine, comme les siennes à lui. « J’ai juste besoin de savoir ce que j’ai. Jusqu’où cette mutation va, si j’peux mourir. Si j’peux vieillir. » c’était comme un appel au secours qu’il venait de lancer, presque contre son gré ; mais cette si merveilleuse mutation que Maiken admirait presque, à quelle vie solitaire venait-elle de le promettre ? Rester éternel, immortel, imperméable à toute blessure pour le restant de l’éternité ? Quel miracle de la nature. Un cadeau empoisonné. Une malédiction. « Tu peux utiliser mon sang, tout c’que j’peux te procurer. Ou alors, tu peux être le rat de laboratoire, et j’essayerai de me débrouiller. C’est ton choix. » il marqua une pause. « Tu sais très bien que la ville a développé des moyens de supprimer les mutations. J’vois pas pourquoi la mienne est différente. » il s’était vacciné au bas mot au moins quatre fois, de quatre façons différentes ; rien n’y avait fait. Il s’était tiré une balle dans la tête, avait sauté du haut d’un immeuble. S’était laissé crever d’hypothermie, avait joué avec le feu en chassant tous les dégénérés les plus dangereux qui soient. Rien n’y avait fait, pas même les flammes destructrices de la bombe qui avait ravagé l’hôtel de ville. Tant de questions sans réponse, qui le torturaient lui ; et devaient au moins éveiller la curiosité scientifique de la brune.
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MessageSujet: Re: (maiken), frozen to the bones.   (maiken), frozen to the bones. Icon_minitimeVen 23 Oct 2015 - 21:01

Alec Lynch le transmutant, des mots qui n’avaient rien à faire ensemble. Maiken ne savait rien d’Alec, si ce n’est qu’il était hunter et qu’il prenait son rôle très au sérieux. Sa famille, son enfance, ses amis, ses passions : autant de choses qu’elle ignorait. Ce n’était pas qu’elle avait envie d’en savoir bien plus sur lui, mais elle venait soudain d’apprendre la seule chose qu’il ne voulait dévoiler à personne, la révélation la plus intime qui soit le concernant. Sa mutation. En ces temps incertains, où la violence régnait sur Radcliff comme dans tant d’autres villes à travers le monde, faire une confidence comme celle d’Alec était une décision à peser très sérieusement. Tout le monde ne pouvait pas recevoir ce genre d’information et la garder pour soi. Tous les mutants du monde en avaient pris conscience suite aux évènements des derniers mois : leur condition n’était pas à dévoiler à la légère. Un mutant lambda le savait parfaitement, s’il ne l’apprenait pas à ses dépends avant d’en être conscient. Alors un hunter ? Comment quelqu’un qui avait passé une grande partie de sa vie à traquer et à massacrer des mutants pouvait réagir quand il réalisait qu’il était exactement comme ceux qu’il avait si consciencieusement tenté d’éradiquer ? Ca avait sans doute été la grande angoisse pour tous les hunters du pays quand la campagne de dépistage était arrivée, et qu’ils avaient du se confronter à l’idée que peut-être, ils possédaient le gène mutant mais sans l’avoir encore réveillé. Combien d’entre eux avaient eu une crise de panique en voyant les mots fatidiques et tant redoutés s’afficher sur leurs résultats ? Combien d’entre eux s’étaient dit qu’il y avait du y avoir une erreur de la part du laboratoire ? Et surtout, combien d’entre eux, trop imbus de leur personne et sûrs de leur génome, n’avaient même pas pris la peine d’ouvrir l’enveloppe quand ils l’avaient reçue ? Elle classait Alec Lynch dans cette dernière catégorie sans hésiter. Il ne s’était jamais soucié de savoir s’il était mutant, pour la bonne et simple raison qu’il se pensait au-dessus d’eux. Animé de sa sacro-sainte mission qui consistait à décimer ceux qu’il considérait comme une race inférieure ou juste des dangers pour la société, il ne pouvait s’imaginer leur ressembler. Le tueur invétéré ne valait pas mieux que ses victimes à présent. Et dans son désespoir, il en venait à révéler sa soi-disant monstruosité à une des personnes qui le détestait le plus à Radcliff. Quelle ironie. Quelle pitié. Fallait-il qu’il soit acculé pour n’avoir plus qu’elle vers qui se tourner …

Maiken n’avait aucune envie d’aider Alec Lynch. En aucune façon. Mais comme toutes les autres fois où il avait exigé quelque chose d’elle, elle ne pouvait faire autrement que d’acquiescer, la sécurité de sa fille étant toujours plus importante que le moindre de ses états d’âme. Seulement voilà, cette fois elle ne pouvait rien pour lui. Elle pouvait tourner le problème dans tous les sens, il n’y avait pas de solution à la mutation. C’était dans ses gènes, et personne n’avait encore inventé la solution permettant de changer de génome, à ce qu’elle sache. « J’te demande pas de faire un tour de magie, crois-moi, t’es la dernière personne vers laquelle j’avais pensé à me tourner. » Son désespoir aurait semblé risible à n’importe qui d’autre, et Maiken aurait souhaité avoir la force d’éclater de rire au nez d’Alec pour bien lui signifier à quel point elle le trouvait pathétique. Il lui avouait même qu’elle était son dernier espoir ! Mais elle était bien trop consciente de sa dangerosité, le fait qu’il soit mutant ne supprimait pas, bien au contraire, cette part de lui-même. « Tout ce dont tu peux avoir besoin, j’trouverai un moyen de te le procurer, si c’est c’que tu crains. » Elle haussa les épaules. « Ce n’est pas le problème. » Elle ne voyait simplement pas le début d’une solution, alors elle était bien loin de lui établir une liste de fournitures nécessaires à son tour de passe-passe. Parce que pour elle, ce n’était rien de moins que cela : une manipulation magique, bien au-delà de ses compétences – et de celles de quiconque, de son point de vue. Le ricanement d’Alec lui appris qu’il n’avait rien à faire de ses explications ou de ses refus. « Alors j’te conseille d’au moins essayer, vraiment essayer, parce que t’es pas prête de revoir la lumière du jour si on commence comme ça. » La jeune femme serra les dents, et s’interdit de penser à Sigrid, mais bien entendu, son visage s’imposa à elle et elle dut faire un effort pour repousser les larmes qui lui vinrent. Que faisait sa fille en ce moment ? Etait-elle seule à la maison, ou la nounou avait-elle eu le bon sens de la garder avec elle ? Bon sang, elle aurait donné n’importe quoi pour savoir qu’elle était en sécurité chez une personne bienveillante ! Les menaces d’Alec ne pesaient pas bien lourd à côté de ça …

Maiken savait qu’elle n’avait presque aucune chance de convaincre Alec de la laisser sortir, et essayer de jouer sur sa corde sensible n’était sans doute pas la meilleure des solutions pour y parvenir, mais elle essaya quand même. Elle était foncièrement convaincue que les hunters n’étaient rien d’autre que des personnes terrorisées par la différence, qui préféraient éliminer les mutants plutôt que d’essayer de voir en eux des humains comme les autres. Elle aurait voulu qu’Alec réalise qu’il n’était pas différent de tous les gens qu’elle lui avait vendus … Mais bien entendu, il était totalement hermétique à ce genre d’arguments. Il fallait qu’elle essaye, au moins pour sa conscience, tout en sachant que c’était peine perdue … Elle se doutait qu’il serait agacé par sa tentative, mais elle n’aurait pas imaginé que cela ne ferait qu’attiser sa rage. A peine avait-elle fini de parler qu’il lui enfonça son poignard dans la cuisse. La lame traversa sa chair et se planta profondément dans le muscle, lui arrachant un cri de douleur tandis qu’elle sentait le feu de l’acier la transpercer. Elle se plia en deux, les mains crispées de part et d’autre de la plaie, essayant vaguement de repousser la panique en tentant de se souvenir des quelques notions d’anatomie qu’elle pouvait avoir. Il y avait une artère dans cette zone, et s’il l’avait touchée, elle serait morte dans peu de temps. C’était tout ce auquel elle pouvait penser. « J’ai pas demandé une leçon de morale, à c’que je sache. T’en fais pas, j’connais déjà ton avis sur la question. » Elle ne releva même pas les yeux pour le regarder, haletant sous la douleur. « J’te conseillerais d’arrêter de parler comme si t’étais l’innocente de la situation. T’es plus innocente depuis le jour où t’as décidé de te rallier aux gens comme eux – si tu voulais que les méchants chasseurs te laissent tranquilles, t’avais qu’à continuer de t’occuper de tes affaires. » Bien qu’elle ne portât pas beaucoup d’attention à ce qu’Alec disait, la douleur et la peur réclamant bien assez son attention comme ça, elle nota quand même qu’il la prenait pour une personne engagée, ce qu’elle était loin d’être. A la base, elle n’avait jamais demandé à être mêlée à tout ça, les hunters étaient venus la chercher bien avant qu’elle ne sache même leur existence. Uprising n’était arrivé que bien après. L’indignation et le sentiment d’injustice lui firent relever des yeux furibonds. « J’ai jamais demandé à ce que les chasseurs viennent me voir ! » Cracha-t-elle. « Vous ne m’avez jamais demandé mon avis. Vous vous êtes servis et j’ai bien été obligée de vous obéir ! Sans Beatrix Lecter, je serais restée loin de votre guéguerre. Vous croyez que j’ai voulu tout ça ? Vous pensez vraiment que j’ai voulu vivre comme ça ?? » Elle voulait juste vivre une vie paisible avec sa fille, la protéger des hunters ! Mais Lykke l’avait vendue à son amie hunter, et tout avait dégénéré. Beatrix Lecter était apparue dans la vie de Maiken, puis Felix, puis Alec Lynch. Et tous, tous sans exceptions, lui avaient fait vivre un enfer ! A travers la douleur, Maiken était même prête à blâmer Felix, simplement parce qu’il portait le nom tant haï. Un nouveau cri de souffrance franchit ses lèvres quand Alec retira le poignard de sa chair, libérant des bouillons de sang du plus mauvais augure. D’une main tremblante, Maiken tenta de faire pression sur la blessure, mais elle ne put pas supporter le supplice qui en résulta et qui lui mit le cœur au bord des lèvres. Si par une chance improbable elle ne mourait pas, elle n’aurait plus usage de sa jambe. Elle ne remarqua pas qu’Alec s’était éloigné, pas plus qu’elle ne vit son petit manège avec la seringue, n’ayant plus d’yeux que pour ce sang qui s’écoulait si rapidement de sa blessure, imbibant son pantalon, faisant battre son cœur à ses tempes un rythme effréné. Un nouveau battement, un nouveau volume du fluide vital qui s’écoulait loin d’elle, précipitant sa fin. « On est pas amis. J’suis pas déchiré par le doute ou je n’sais quelle connerie. Et j’ressentirai jamais la moindre pitié pour tous les dégénérés que j’ai supprimés. » Elle l’entendit à peine. Par contre, elle le vit quand il saisit son bras pour y planter une seringue remplie de liquide rouge sombre, et elle tenta faiblement de se dégager. Trop tard … Il avait injecté elle ne savait quoi dans sa veine, et elle se demanda vaguement à quel jeu il pouvait bien jouer. Mourir empoisonnée ou vidée de son sang, cela ne revenait-il pas au même ? « Je te demande pas d’me faire de leçon de morale. Ou de comprendre. Ou d’me parler. » Il continuait de parler, et Maiken ne l’écoutait toujours pas : elle était focalisée sur sa blessure, mais cette fois pour une toute autre raison. La douleur s’estompait significativement de seconde en seconde, et bientôt elle vit la chair se ressouder, le sang arrêter de couler. Ne resta plus que son pantalon déchiré, imbibé de son sang, et une peau aussi indemne que … celle d’Alec quand il s’était entaillé le bras. Il lui avait injecté son propre sang ? Elle lui jeta un regard suspicieux, le malaise grandissant en elle. Elle n’aimait pas du tout la tournure que prenaient les choses, même si elle appréciait grandement de ne plus être en train de mourir à petit feu. Mais jouer à ce jeu là serait très désagréable pour elle si ça devait se reproduire …

« J’ai juste besoin de savoir ce que j’ai. Jusqu’où cette mutation va, si j’peux mourir. Si j’peux vieillir. » Maintenant qu’elle avait retrouvé toute sa capacité d’attention, Maiken fut en mesure de comprendre un peu mieux ce qu’Alec lui demandait. Peut-être qu’elle n’aurait pas à lui retirer sa mutation, juste à en définir les limites ? Ce serait déjà plus raisonnable, et plus ancré dans les limites du faisable. « Tu peux utiliser mon sang, tout c’que j’peux te procurer. Ou alors, tu peux être le rat de laboratoire, et j’essayerai de me débrouiller. C’est ton choix. » L’usage du terme "rat de laboratoire" eut l’effet escompté sur Maiken, qui fut traversée par un frisson de peur. Il pouvait la découper en morceau, l’écorcher vive, la mutiler autant qu’il le souhaitait. Il n’aurait aucune restriction à son sadisme s’il n’avait qu’à lui injecter un peu de sang pour revenir à zéro et tout recommencer. Pas de scrupules. La seule limite serait sa volonté à elle … Elle eut envie de vomir. Elle n’allait même pas mourir ici, elle allait juste souffrir mille morts jusqu’à ce qu’il se lasse de ce jeu. Elle pouvait bien essayer de l’aider, à la moindre erreur, au moindre mot de travers, il planterait son poignard à un autre endroit qu’il jugerait distrayant. « Tu sais très bien que la ville a développé des moyens de supprimer les mutations. J’vois pas pourquoi la mienne est différente. » Maiken fronça les sourcils. « Le NH24 ne fonctionne pas sur vous ? Vos cellules doivent se régénérer avant même qu’il ne puisse faire complètement effet. » C’était prodigieux, à vrai dire. Pour une scientifique comme elle, qui plus est travaillant pour l’hôpital de la ville, sa mutation lui ouvrait des possibilités incroyables et merveilleuses. Elle commençait à peine à comprendre ce dont il était capable. Sa curiosité s’éveillait à mesure qu’elle y réfléchissait. « Quand je pense que vous pourriez guérir des milliers de personnes avec votre sang, et que vous vous plaignez encore ! Ce que vous venez de faire devrait vous avoir ouvert les yeux sur la mutation. Comment pouvez-vous ignorer que votre don n’est pas un danger pour l’humanité ? » Ce n’était sans doute pas la meilleure réflexion à faire si elle voulait éviter qu’il ne prenne un nouvel accès de colère et lui plante son poignard quelque part, mais ça lui avait échappé. Il était d’une stupidité à toute épreuve et elle commençait à en ressentir une certaine exaspération. Elle fit claquer le métal de sa menotte contre le barreau qui la retenait captive. « Détachez-moi si vous voulez que je travaille, je ne pense pas être une grande menace pour vous, même avec mes deux mains libres. » Elle avait décidé qu’elle voulait plancher sur ce sujet, même si elle soupçonnait qu’elle n’en serait jamais libre pour autant. Elle n’allait pas lui trouver de solution miracle, mais elle était dévorée par la curiosité et elle voulait comprendre cette mutation. Si réellement il ne pouvait pas vieillir, ils se retrouveraient avec un Alec Lynch immortel sur le dos, ce qui serait une sacrée calamité, mais avec le temps, peut-être finirait-il par changer d’avis sur ce qu’il considérait comme la pire des malédictions. Il était loin de correspondre à cette description. « Vous avez déjà essayé de vous tuer, alors ? » La question manquait de tact, mais elle n’en avait pas à gaspiller pour lui. « Je vais essayer de voir s’il y a des limites à votre don. Mais à mon avis, la meilleure solution face à votre mutation, c’est une autre mutation. J’ai connu un homme qui pouvait influer sur les mutations de ses semblables … Il est mort il y a des mois, mais il aurait été parfait pour vous aider. » Cet homme, elle ne l’avait pas très bien connu, mais elle savait qu’il avait utilisé ses pouvoirs pour s’amuser un peu avec la ville, dotant les humains de dons incroyables et privant les mutants des leurs. Il avait disparu de la circulation pendant un long moment, puis Urprising avait retrouvé son corps mutilé dans une fosse éloignée de la ville. Il avait été la victime des hunters comme bien d’autres. S’il avait eu ce don de pouvoir altérer les mutations, il y avait sans doute d’autres personnes avec des capacités semblables, qui pouvaient peut-être aider Alec.
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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: (maiken), frozen to the bones.   (maiken), frozen to the bones. Icon_minitimeMar 27 Oct 2015 - 2:37


the bitter taste of the blood on my lips again
deep in the ocean, dead and cast away, where innocence is burned, in flames. a million miles from home, i'm walking ahead, i'm frozen to the bones. i am a soldier on my own, i don't know the way. i'm riding up the heights of shame, i'm waiting for the call, the hand on the chest. i'm ready for the fight, and fate. w/maiken holst & alec lynch.

Bien contre son gré, les mots de la brune trouvaient un écho dramatique à l’esprit du Lynch. Probablement était-ce pour cela, qu’elle avait fini avec la lame de son couteau profondément enfoncée dans la chair de sa cuisse – s’il n’avait pas eu besoin d’elle, il lui aurait volontiers planté l’arme entre les deux yeux, tant l’ironie de la jeune femme le confrontait à ces idées qu’il n’avait de cesse de refouler. C’n’était pas à une personne comme la Holst qu’il avait envie de voir répondre à ses doutes les plus profonds, aux interrogations traitresses qui avaient fini par trouver la surface de son être, treize ans plus tard. Alec Lynch ne savait que trop bien que ce n’était là pas des mots à prononcer à haute voix, de toute manière ; pas avec elle, pas avec n’importe qui. Il les ravalait encore et encore, les étouffant au creux de sa gorge, jusque dans ses entrailles où ils le dévoraient de l’intérieur : c’était sûrement une chance, que sa dégénérescence lui offre la santé éternelle, sans quoi, il se serait déjà ramassé un ulcère à l’estomac – ou pire encore. La jeune femme savait désormais à quoi s’en tenir, au moment fatidique de prononcer des répliques qui les dépasseraient tous les deux : Maiken avait appris de bien des manières, que le chasseur en face d’elle n’était pas l’homme avec lequel elle voulait faire la conversation, peu importaient les circonstances. Ce soir, dans la noirceur qui englobait toute l’âme paumée du Lynch, elle aurait dû écouter ces instincts de toujours, la hiérarchie indéniable qui s’était mise en place entre eux. Si Alec ployait l’échine face à cette tare le bouffant de l’intérieur, c’était uniquement contre son gré : et pas encore au point de renoncer à tout ce en quoi il avait cru, pendant plus d’une décennie. Treize ans, gravitant autour de ça uniquement. Etre un chasseur, être un tueur sûrement ; venger, prévenir, guérir le monde de cette maladie à laquelle il n’avait que trop goûté. Il y avait, dans les rangs des chasseurs, de ces esprits qu’Alec lui-même ne parvenait pas à comprendre : ceux qui dégustaient avidement la souffrance de leur gibier, ceux qui se sustentaient du martyr qu’ils infligeaient aux autres. C’n’était pas son genre à lui : probablement qu’elle ne le savait pas, et ne le saurait jamais, mais dans l’échelle des tarés de Radcliff, Maiken était loin d’être tombée sur le pire. Il n’avait pas besoin de la sympathie de la brune, de sa pitié ou même de sa raison – étaient-ce ces mots, qui avaient fini de détruire les assurances de Felix, vis-à-vis de tout ce qu’ils avaient vécu, ces dix dernières années ? Chaque parole qui passait la bordure des lèvres de la jeune femme était plus douloureuse que n’importe quelle autre, pour ces raisons précises. En Maiken, se matérialisait l’échec irrémédiable du lien indéfectible qu’il avait eu avec le fils Lecter, fut un temps. C’était l’humaine elle-même, avec ses ressources d’humaine, ses paroles d’humaine, ses croyances d’humaine, qui avait réussi à briser une connexion qu’ils avaient crue inatteignable. Qu’elle le déteste, c’n’était rien comparé à la haine dévorante qu’il éprouvait à son égard. Peu importait Felix, peu importait l’attachement que son meilleur ami ressentait pour elle ; Maiken n’avait que trop souvent été le centre de gravité de ces misères qu’il n’avait cru jamais connaître.

« J’ai jamais demandé à ce que les chasseurs viennent me voir ! » L’associer à ces circonstances désastreuses, à cette putain de mutation, c’n’était pas pire que tout ce à quoi elle était rattachée à son esprit déjà : dans les prunelles de son interlocuteur, la jeune femme ne revêtait pas les allures d’une innocente à la vie brisée par les chasseurs. Ni celle d’une humaine qui n’avait rien demandé. Ni celle d’une faiblarde créature qui avait besoin d’être secourue, à chaque fois qu’elle trébuchait. Maiken côtoyait des groupes mutants qui luttaient vertement contre Lancaster et l’ordre qu’il avait mis en place – non, dans cette guerre, elle avait décidé de prendre les armes. Elle n’était plus un dommage collatéral depuis longtemps déjà – et qu’importait qui avait commencé. Silencieux face aux protestations de la jeune femme, Alec la dévisagea, alors qu’elle blâmait tous ceux qui passaient pour le chemin qu’elle avait elle-même décidé de prendre, un jour. « Vous ne m’avez jamais demandé mon avis. Vous vous êtes servis et j’ai bien été obligée de vous obéir ! Sans Beatrix Lecter, je serais restée loin de votre guéguerre. Vous croyez que j’ai voulu tout ça ? Vous pensez vraiment que j’ai voulu vivre comme ça ?? » Il n’était pas Beatrix Lecter, après tout. Sans ouvrir la bouche, il haussa les sourcils d’un air implacable, comme pour faire passer ces termes sans avoir à les mettre à haute voix. Ils n’étaient pas ici pour débattre idées, pour comparer leurs existences de fond en comble – encore moins pour sympathiser, en apprendre plus sur l’autre et ressentir une quelconque pitié sur le miséreux destin qui s’était alourdi sur leurs épaules. Il y avait pourtant des éléments à charge, dans cette histoire. Le chasseur qui devenait mutant ; quelle ironie pire que cela pouvait exister dans ce monde ? Lynch n’en avait pas encore trouvé de plus amère, il essayait encore de digérer celle qui faisait désormais partie intégrante de sa vie. Tous les deux n’savaient que trop bien que leurs débats d’idées ne mèneraient nulle part ; ça n’ferait qu’aggraver leur cas, compliquer les circonstances de ce tête-à-tête déjà bien complexe. La blessure sanglante infligée à Maiken eut au moins l’effet escompté : il avait vu les couleurs disparaître de son visage, il aurait presque cru sentir le cœur de la jeune femme battre à la chamade, se précipiter dans une course désespérée et paniquée. Le sang-froid implacable battait pourtant habituellement dans ses veines à lui : c’était à croire que la brune avait elle-même un don bien particulier, un don qui lui porterait plus préjudice qu’autre chose. Agacer Alec Lynch au point de se retrouver avec le métal glacé d’une arme blanche dans la jambe, c’était un exploit que la plupart des dégénérés n’avaient pas réussi à accomplir. Il était un tueur avisé, rapide et agile ; s’il ne se retournait pas sur les cadavres qu’il laissait derrière, il ne s’attardait pas non plus à faire durer leur fin des heures. Encore une fois, un luxe que d’autres ne leur offraient pas. Dans les circonstances désespérées de cette rencontre, Alec avait tenté de garder le contrôle, de ne pas perdre la face en même temps que sa patience : c’était désormais évident, que les niveaux venaient de s’égaler – Lynch faisait partie de ces désespérés qui avaient été frappés du jour au lendemain, par une mutation à laquelle ils ne connaissaient rien. Sans doute quelque chose que beaucoup de transmutants devaient connaître ; probablement parmi eux certains qu’il avait lui-même traqué, quelques cadavres parmi les dizaines qu’il avait amoncelés sur son chemin. L’ombre du doute n’était toujours que passagère, fragmentant toujours un peu plus efficacement la lourde paroi de ses assurances, celles si profondément ancrées en lui. Comment changer ? Ne serait-ce par renier ce pour quoi il avait commencé ? Ne serait-ce pas accepter l’injustice dont sa propre famille avait été victime, passer l’éponge et faire comme si ces menaces sur pattes n’étaient pas partout autour ?! « Le NH24 ne fonctionne pas sur vous ? Vos cellules doivent se régénérer avant même qu’il ne puisse faire complètement effet. » A défaut d’être compris par la laborantine, il avait au moins fini par attiser sa curiosité – ce qui la rendait presque sympathique ; à croire que voir le phénomène en action avait réussi à la convaincre que tout ceci n’était pas une mascarade pittoresque, un piège sadique qu’il lui tendait pour une raison ou une autre.

« Quand je pense que vous pourriez guérir des milliers de personnes avec votre sang, et que vous vous plaignez encore ! Ce que vous venez de faire devrait vous avoir ouvert les yeux sur la mutation. Comment pouvez-vous ignorer que votre don n’est pas un danger pour l’humanité ? » La réalité était inébranlable et impérieuse : il était un dégénéré, et elle lui déplaisait bien plus à lui qu’à elle, qu’importaient les circonstances dans lesquelles elle s’était retrouvée ici. Sans se faire prier, il la détacha enfin, sans pour autant daigner desceller ses lèvres et répondre aux attaques dangereuses de l’humaine. Elle n’semblait plus craindre la menace omniprésente d’un couteau glacial figé quelque part dans son corps ; ou alors, elle flirtait avec l’imprudence qu’elle n’avait déjà que trop goûté jusque-là. « J’me demande bien comment une scientifique peut parler comme ça. » lâcha-t-il dans un ricanement, avant de dévisager la Holst encore face à lui, au sol. « Comment ça n’peut pas être dangereux, le fait que l’être humain ne puisse plus mourir un jour, comme ça sans crier gare ? Parce que si je suis atteint de cette mutation-là, c’est bien qu’y’a d’autres gens qui l’ont aussi. Et j’crois pas qu’ils aident les hôpitaux, eux non plus. » une œillade appuyée, comme si c’était la seule critique qui avait eu de l’importance. Alec avait songé au côté pratique de sa mutation, indéniablement ; c’n’était pourtant que les phases noires qu’il retenait, parce qu’il détestait ça, et que c’était bien plus aisé de trouver tous les torts possibles et imaginables à cette chose. Sa vie n’avait pas été dessinée par les circonstances pour qu’il devienne un mutant apte à pleinement l’accepter : c’était tout l’inverse et ça, ni Maiken ni personne ne pourrait le comprendre. « J’ai déjà aidé des gens avec ça. Mais j’suis censé faire quoi, hein ? La tournée des hôpitaux et sauver tous les malades, tous les gens blessés ? Est-c’que c’est comme ça que l’monde est censé marcher ?! » c’n’était pas comme ça qu’il le voyait ; pas avec des êtres capables de détenir un droit de vie et de mort surnaturel sur les autres. Pas avec des êtres capables de soumettre d’autres gens à leur volonté rien qu’avec leur voix. Pas avec des êtres capables de produire du feu au bout de leurs doigts, capables d’échapper à toute forme de justice parce que le monde était totalement inapte à les inclure dans le système. Quel fou fallait-il être pour même croire que ce monde était fait pour les gens comme ça ?! Les gens comme lui ?! « Vous avez déjà essayé de vous tuer, alors ? » il se fichait bien du manque évident de sensiblerie de la part de la brune ; Alec se releva malgré tout, arpentant les quelques pas qui le séparaient de la vague table d’analyse qu’il avait mise en place avant d’aller chercher la jeune femme. Il n’avait jamais éprouvé qu’un moindre intérêt pour la biologie et ce genre de domaines, il avait donc fait avec les moyens du bord, incapable de savoir si la scientifique aurait tout ce dont elle avait besoin. « Je vais essayer de voir s’il y a des limites à votre don. Mais à mon avis, la meilleure solution face à votre mutation, c’est une autre mutation. J’ai connu un homme qui pouvait influer sur les mutations de ses semblables … Il est mort il y a des mois, mais il aurait été parfait pour vous aider. » il ne put retenir plus longtemps un nouveau ricanement sardonique : être dépendant d’un mutant, c’était là la pire ironie qui soit – oui, pire encore que l’fait de devenir un dégénéré lui-même. Il n’manquait plus que ça, qu’il ploie les genoux et supplie un de ses ennemis pour être débarrassé de cette chose – il faisait déjà un effort monumentale pour la brune, mais les dégénérés c’était… un tout autre stade qu’il n’était pas prêt à franchir. Question d’orgueil, question de principe.

« Quelques jours après avoir découvert cette… chose, j’ai essayé de m’en défaire du seul moyen que j’connaissais. Les vaccins n’ont pas marché. Alors j’ai opté pour le plus simple. J’me suis tiré une balle dans la tête, persuadé que ça suffirait – ça a pris du temps, mais vingt minutes plus tard c’était comme si de rien n’était. » peut-être moins de temps encore, c’n’était pas comme s’il avait regardé l’heure au moment de se suicider. Si ça avait marché, tout ça n’aurait jamais eu la moindre importance. « J’ai essayé le cœur. Et ça a été encore plus rapide. Alors j’ai essayé avec ce même couteau- » dans sa main il fit tournoyer la lame encore tachée du sang de Maiken, avant de reprendre, d’une voix si neutre que ça donnait presque l’impression qu’il parlait de la pluie et du beau temps, plus que de ses échecs incessants. « Et chaque plaie que je me suis faite, s’est refermée sous mes yeux. J’me suis arrangé pour trouver le plus haut toit à l’extérieur de la ville. Et j’ai sauté, j’me suis probablement fracturé chaque os de mon corps, et ils se sont tous ressoudés comme si de rien n’était. » et dans sa gorge, son pouls battait plus fort désormais, un nœud formé de son orgueil déchu enserrant ses voies respiratoires. « Et avec tous ces incendies et toutes ces bombes, je sais aussi que je n’peux pas mourir asphyxié, ou brûlé. » et il avait l’âpre sentiment d’avoir fait le tour, encore et encore, de chacune des options qui s’étaient offertes à lui. Ses plus fidèles armes, déjouées par ce qui le trahissait de part en part. Dans le silence qui s’ensuivit, Alec fit quelques pas vers le sac qu’il avait emmené, sortant un écrin de seringues pour le présenter à la jeune femme. « Ça c’est le NH24, qui est utilisé pour les circuits officiels. » et il savait déjà qu’il allait trahir tous les préceptes des chasseurs, tous les secrets de la ville, le maire lui-même (pour ce qu’il en avait à faire, de cet homme, c’n’était pas vraiment important), au moment de désigner une autre seringue, presque similaire en tout point, si ce n’est quelques détails. « Ça c’est le NH25, qui a été développé dans le secret : il efface les pouvoirs, définitivement. Je l’ai utilisé sur des… transmutants- » comme s’il avait fait l’effort de dire ce mot plutôt que ceux qui passaient habituellement ses lèvres, presque pour caresser la jeune femme dans le sens du poil, et ne pas réveiller une vague rebelle en elle : « L’effet est rapide, et de mon expérience, j je suis la seule personne totalement immunisée contre ce vaccin. » lui et tous les gens qui étaient atteints de la même tare que la sienne : probablement des dizaines de dégénérés, sur lesquels les chasseurs n’avaient aucune prise. « Tu peux m’détester autant que tu veux. Tu peux n’pas comprendre mes motivations, et n’pas être capable de savoir pourquoi j’veux me débarrasser de cette chose en moi. Mais tu peux plus croire qu’y’a pas des gens dangereux là-dehors. » des transmutants qui faisaient exploser chaque bâtiment de cette ville, à chaque manifestation de masse de la population, rien que pour faire entendre leur point de vue. Quelque chose que les chasseurs, eux, n’avaient jamais fait – pas lui du moins. Il n’faisait pas partie de ceux qui avaient jugé les Hodgins comme tout juste bons à être de vulgaires pions dans l’échiquier de Lancaster. « J’suis certainement pas la pire personne que tu rencontreras dans ta vie. Et qu’est-c’qu’on pourra faire, contre quelqu’un comme moi, qui décide de s’mettre à tuer tout le monde ? » quelqu’un comme lui ; un dégénéré. Un dégénéré capable de survivre à toutes les blessures, capable de défier la mort sous toutes ses formes, les vaccins quels qu’ils soient. La maladie, la vieillesse. Le temps, le cycle naturel de la vie. « On est tous nés pour mourir un jour, Maiken, si y’a au moins une chose à laquelle tu dois croire en tant que scientifique, c’est bien ça. » il n’y avait que les fous religieux qui croyaient à l’immortalité et étaient assez cupides pour la rechercher. Alec Lynch avait toujours vu sa vie comme quelque chose qui filait à toute allure, quelque chose qu’il devait dominer, posséder coûte que coûte pour ne rien en perdre. Il avait embrassé la prescience de la mort depuis longtemps déjà ; et maintenant, c’était elle qui le fuyait ardemment. Encore cette même ironie. Mais qui pouvait se satisfaire de vivre comme ça ? Il s’était déjà imaginé voir Calista mourir, voir Felix mourir, subir encore et encore le poids de l’abandon qui l’avait glacé de la tête aux pieds, lorsqu’il avait découvert les cadavres de ses parents. Il n’voulait pas d’immortalité, il n’voulait pas de dégénérescence ; plus que tout, il n’avait pas l’intention de rester les bras croisés, spectateur de son monde tout entier qui s’effondrait en miettes.
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MessageSujet: Re: (maiken), frozen to the bones.   (maiken), frozen to the bones. Icon_minitimeSam 5 Déc 2015 - 17:36

La nuit risquait d’être longue. Maiken avait du mal à se projeter dans les prochaines heures, et il valait sans doute mieux qu’elle ne le fasse pas. Il fallait qu’elle se concentre sur l’instant présent et sur ce qu’elle pouvait faire pour survivre et essayer de ne pas déclencher d’autres accès de colère de la part d’Alec. La tache de sang sur son pantalon attestait de son impulsivité, et elle ne tenait pas à ce qu’il recommence de si tôt. Elle ne savait plus trop quoi penser de lui, mais une chose était sûre : il était tout aussi dangereux en tant que mutant, qu’en tant que hunter. Peut-être même davantage à présent, car il était acculé et prêt à tout pour trouver une échappatoire. Et c’était à elle d’inventer la solution miracle. Quelle chance ! Elle ne savait vraiment pas si elle réussirait, mais elle allait essayer. Il la détacha et elle se releva tant bien que mal, étirant ses muscles rendus raides et douloureux par sa position inconfortable. Elle jeta un regard vers la table qu’il lui avait préparée, réprimant un soupir. Elle n’avait rien d’une chercheuse, et ses années à travailler en laboratoire proprement dit étaient loin derrière elle. Il avait prit la mauvaise personne pour le sauver, et essayer de le lui faire comprendre serait très dangereux. En attendant, elle voulait quand même essayer de comprendre la façon dont il voyait son pouvoir … Et pourquoi il le détestait autant. « J’me demande bien comment une scientifique peut parler comme ça. » Le mépris dans sa voix était palpable, mais elle resta de marbre. « Comment ça n’peut pas être dangereux, le fait que l’être humain ne puisse plus mourir un jour, comme ça sans crier gare ? Parce que si je suis atteint de cette mutation-là, c’est bien qu’y’a d’autres gens qui l’ont aussi. Et j’crois pas qu’ils aident les hôpitaux, eux non plus. » Elle soutint son regard accusateur sans ciller. Soudain, Alec ne semblait plus du tout le mur froid et sans émotions qu’il avait été jusque là. Elle parvenait quand même à tirer de lui certaines réactions, et visiblement elle avait touché un point sensible en abordant ce sujet. Pour quelqu’un qui se voulait de la race des sauveurs de l’humanité, il avait forcément déjà réfléchi au problème de taille que son pouvoir représentait. Et il n’avait pas du tout envie qu’elle lui jette ça en plein visage … « J’ai déjà aidé des gens avec ça. Mais j’suis censé faire quoi, hein ? La tournée des hôpitaux et sauver tous les malades, tous les gens blessés ? Est-c’que c’est comme ça que l’monde est censé marcher ?! » Elle savait que certains pouvoirs étaient dangereux, mais le sien était loin d’entrer dans cette catégorie. Evidemment, que les immortels n’étaient pas censés fouler cette terre, mais elle pouvait imaginer pire danger pour l’humanité ! D’ici à ce qu’ils remplacent les mortels, il y avait une marge. « Détrompez-vous, il y a plus de mutants qui aident dans les hôpitaux que vous ne croyez. Je ne vois pas en quoi c’est différent d’un médecin qui met au service des autres son savoir et ses compétences. Et ce n’est pas parce que certains égoïstes préfèrent garder leurs capacités pour eux que tout le monde doit en faire autant. Personne ne vous demande de vous transfuser nuits et jours … Quoique visiblement ça ne vous gênerait qu’à peine. » Ajouta-t-elle avec un très léger sourire ironique. Mais dans le fond, elle comprenait où le danger pouvait se tapir dans un raisonnement pareil, et elle n’ignorait pas complètement le bien-fondé de ses craintes. Comme partout, il y avait des gens qui ne verraient aucune limite à exploiter un don pareil, et qui seraient sans doute prêts à mettre en cage les mutants comme Alec Lynch, pour le bien de tous. N’était-ce de toute façon pas ce que les hunters faisaient déjà ? Ils avaient dépecé des mutants pour tirer certains avantages de leurs pouvoirs. Ce n’était plus qu’un secret de polichinelle au sein d’Uprising, depuis qu’Insurgency avait fait sauter le laboratoire Holgersen. « Quel dommage que certaines personnes n’aient pas assez de retenue pour voir les mutants comme des êtres humains et reconnaître qu’ils ont des limites, au lieu de les enfermer dans des labos pour les saigner à blanc ! Je vous rappelle que c’est exactement ce que vous avez menacé de faire à ma fille ces derniers mois, parce qu’elle a un pouvoir du même type que le votre. Si vous trouvez votre mutation dangereuse, c’est votre faute. » Elle s’était une nouvelle fois laissée aller au discours moralisateur et elle se raidit légèrement, attendant la sentence qui allait peut-être tomber.

Pour reprendre une contenance, elle se dirigea vers le petit laboratoire improvisé, et en parcourut le contenu du bout des doigts, de manière distraite. Elle détourna les yeux et reposa son attention sur Alec quand il commença à lui expliquer les façons dont il avait essayé de se tuer. « Quelques jours après avoir découvert cette… chose, j’ai essayé de m’en défaire du seul moyen que j’connaissais. Les vaccins n’ont pas marché. Alors j’ai opté pour le plus simple. J’me suis tiré une balle dans la tête, persuadé que ça suffirait – ça a pris du temps, mais vingt minutes plus tard c’était comme si de rien n’était. » Maiken frissonna tandis qu’il continuait sa litanie, et elle ne put s’empêcher de visualiser chaque tentative, et chaque échec qui en avait découlé. Elle imaginait sans mal la rage et la détresse qu’il avait pu ressentir à chaque fois qu’il se retrouvait bien vivant, encore entier, alors que ses essais auraient tué n’importe qui d’autre. Bien sûr qu’il voulait trouver une solution ! Elle le comprenait sans mal, l’idée de ne pas pouvoir mourir était terrifiante. Mais il y avait d’autres moyens de le faire que de la séquestrer dans un hangar sordide en la menaçant de la saigner à chaque fois qu’elle dirait quelque chose de déplacé … Uprising même aurait peut-être accepté de l’aider, s’il s’y était pris autrement pour demander. Comme il l’avait dit, il y avait d’autres personnes qui devaient avoir le même type de mutation, et qui se trouveraient dans cette même détresse. Ceux-là, Uprising souhaiterait les aider … Mais aider les Alec Lynch, hunters violents et prêts à toutes les extrémités, c’était moins sûr. Maiken le regarda aller chercher un petit écrin, qu’il ouvrit devant elle. Elle reconnut les premières fioles qu’il en sortit, mais pas les secondes. « Ça c’est le NH24, qui est utilisé pour les circuits officiels. » Elle eut un sale pressentiment en regardant les autres fioles. Qu’est-ce que les hunters avaient encore inventé ? « Ça c’est le NH25, qui a été développé dans le secret : il efface les pouvoirs, définitivement. Je l’ai utilisé sur des… transmutants- » Elle écarquilla les yeux. Ils n’avaient tout de même pas osé … ? Effarée, elle se mit déjà à imaginer la réaction de Sheldon s’il apprenait l’existence de ce vaccin. « L’effet est rapide, et de mon expérience, je suis la seule personne totalement immunisée contre ce vaccin. » Maiken retint un soupir désespéré. Qu’était-elle censée faire, si même les scientifiques hunters n’avaient pas réussi à développer un produit efficace sur les pouvoirs d’Alec ? Elle, seule, elle ne pourrait rien pour lui. Elle attrapa la fiole de NH25, et la scruta de son regard préoccupé. « Tu peux m’détester autant que tu veux. Tu peux n’pas comprendre mes motivations, et n’pas être capable de savoir pourquoi j’veux me débarrasser de cette chose en moi. Mais tu peux plus croire qu’y’a pas des gens dangereux là-dehors. » Elle releva les yeux vers lui, et secoua la tête. La prenait-il vraiment pour une demeurée ? « J’suis certainement pas la pire personne que tu rencontreras dans ta vie. Et qu’est-c’qu’on pourra faire, contre quelqu’un comme moi, qui décide de s’mettre à tuer tout le monde ? » Elle savait tout ça, elle le savait ! Il y avait toujours un taré qui voudra faire sauter des lieux publics pour une soi-disant cause divine, ou juste par amour de la violence brute … Est-ce que ça justifiait vraiment de tuer tous les mutants ? Non, bien sûr que non. Où c’était l’humanité entière qu’il faudrait éradiquer. Les hommes n’avaient pas attendu les mutants pour s’entre-tuer. « On est tous nés pour mourir un jour, Maiken, si y’a au moins une chose à laquelle tu dois croire en tant que scientifique, c’est bien ça. » Elle hocha la tête, pour une fois, elle était d’accord avec lui. « Je comprends très bien pourquoi vous voulez vous débarrassez de votre mutation. C’est bien la seule chose que je peux comprendre de tout ce que vous faites. Je me poserais la même question que vous si je réalisais que je ne peux pas mourir. C’est censé être la seule chose certaine dans notre vie … »

Elle attrapa une seringue vide, ainsi qu’un portoir à flacons vides. Elle fit signe à Alec de lui donner son bras. « Je vais vous prélever du sang, et je vais voir ce que je peux faire. Déjà, il va falloir déterminer pourquoi le NH25 ne fonctionne pas sur vous. Il faudra bloquer la réaction cellulaire qui vous régénère plus rapidement que le vaccin n’agit, je pense. » Elle lui attrapa le bras et planta la seringue dans le creux pour recueillir le sang. C’était la partie la plus facile, mais le reste n’était qu’un brouillard flou pour elle. Sa curiosité scientifique s’était éveillée, certes, mais ça ne signifiait pas qu’elle savait ce qu’elle faisait. Elle allait marcher à l’instinct. « Il y a toujours quelque chose à faire, même contre les gens comme vous. Au lieu de vouloir tuer tous les mutants, imaginez ce qu’ils peuvent faire pour maîtriser leurs semblables. Pour un immortel pris d’une frénésie meurtrière, on trouvera un autre immortel qui voudra bien l’arrêter pour le jeter dans un trou où il dépérira le reste de sa longue existence sans plus faire de mal à quiconque. » Fit-elle tout en transvasant le sang dans une fiole, et en commençant sa préparation.  « Arrêtez de vous voir comme une plaie de l’humanité, et essayez d’ouvrir un peu votre esprit. Vous êtes né comme ça. Je n’y peux rien et vous non plus. Je veux bien essayer de trouver quelque chose pour vous aider, et je serais ravie d’y arriver parce que vous avez le droit de mourir un jour. Mais sinon quoi ? Qu’est-ce qu’on est censés faire ? » Ses mains s’activaient, mais elle continuait de parler. Sans plus réfléchir aux conséquences ni à la réaction d’Alec. Elle était toute à son expérience, et elle parlait surtout pour combler le silence, sans réfléchir. « C’est l’évolution qui a créé les mutants, ce n’est pas un quelconque quidam qui s’emmerdait chez lui. Vous aurez beau tuer des mutants à tour de bras, vous ne pourrez pas tous les supprimer, ils continueront à naître à chaque génération. Ils seront comme vous, issus de parents parfaitement normaux, et ils n’y pourront rien. » Elle lui tendit une nouvelle seringue vide. « Faites un nouveau prélèvement, je vais avoir besoin de plus d’échantillon. » Elle vida une fiole de NH24, et une autre de NH25. « Un jour ou l’autre, vous devrez forcément accepter l’existence des mutants. Dans dix ans, dans un siècle ou dans deux, ils seront devenus trop nombreux pour que les hunters puissent tous les décimer. » Ils ne pouvaient pas stopper l’évolution. C’était comme essayer d’empêcher le soleil de se lever. « Et à ce moment là, vous devrez accepter le fait que les anciennes façons de faire ne correspondent plus aux mutants. C’est vrai, pour l’instant nous n’avons pas vraiment de moyen d’arrêter ceux qui veulent vraiment utiliser leurs pouvoirs pour décimer une population, mais ça viendra. C’est une obligation. Le NH24 est un début. Et le … NH25, ça peut être une solution. Mais ça ne peut pas être la solution à tous les cas. » Ajouta-t-elle en désignant la seringue de NH25 vide. Elle n’était pas fondamentalement contre le fait de priver de manière définitive une personne de ses pouvoirs, à partir du moment où cette personne était jugée correctement. Mais ce n’était pas aux hunters d’être les mains de leur justice aveugle.
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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: (maiken), frozen to the bones.   (maiken), frozen to the bones. Icon_minitimeDim 17 Jan 2016 - 2:46


the bitter taste of the blood on my lips again
deep in the ocean, dead and cast away, where innocence is burned, in flames. a million miles from home, i'm walking ahead, i'm frozen to the bones. i am a soldier on my own, i don't know the way. i'm riding up the heights of shame, i'm waiting for the call, the hand on the chest. i'm ready for the fight, and fate. w/maiken holst & alec lynch.

Tous ceux qui avaient connu l’Alec d’Elizabethtown pourraient le dire ; ils n’l’avaient jamais vu soucieux de l’avenir, projeté dans le futur ou préoccupé par les conséquences de ses actes. Il avait suffi d’ça, d’un claquement de doigts et de treize années passées à la vitesse de l’éclair pour que les choses soient différentes du tout au tout : ceux qui le côtoyaient à Radcliff l’avaient saisi comme un homme secret, patibulaire et distant. Tout c’qu’il n’avait jamais été, plus jeune ; il n’aurait jamais dévisagé une femme telle que Maiken, en la considérant comme une étrangère, une ennemie potentielle aux mots aussi tranchants que ses idées. Il n’aurait jamais pensé à tuer qui que ce soit, pour quelque raison que ce soit : c’n’était certainement pas les valeurs qu’on lui avait enseignées. Son père, sa mère, ils avaient toujours essayé d’être les plus justes possibles avec les autres, quoiqu’infiniment rattachés aux rixes de leur fils unique – treize ans et si le chasseur se retrouvait aujourd’hui voué à l’éternité, cet un-peu-plus qu’une décennie ne représenterait qu’un grain de poussière dans l’immense champ de son existence. Y’avait personne ici-bas capable de comprendre c’qu’il traversait, chacune des étapes qui constituaient son existence et l’amenaient jusqu’ici : acculé, désespéré plus qu’il n’daignait bien l’admettre. Car peu importait où il regardait, peu importait c’qu’il faisait, Lynch voyait, sentait, vivait sa mutation au quotidien – pour quel crime devait-il payer un tel prix ? Encore, encore et encore, il n’pouvait s’empêcher de repasser dans sa tête, chaque petit élément de souvenir qu’il gardait des treize ans qui venaient de s’écouler, à la recherche d’un indice. Y avait-il eu un dégénéré qui lui avait refilé un pouvoir en le touchant, comme ça, sans crier gare ? Avait-il avalé une substance inconnue et bizarre qui lui avait coûté toutes ses assurances ? Etait-ce… autre chose ? N’importe quoi ?! Tout était préférable, largement préférable, que d’accepter l’idée que cette tare était écrite dans ses gènes depuis aussi longtemps que la couleur de ses yeux, la teinte de ses cheveux. Il n’avait jamais vu la vie faite ainsi – une destinée toute tracée, encodée dans la génétique et fusant comme ça, quoiqu’il arrive ; plus encore que d’aller à l’encontre de sa fierté, de son orgueil de chasseur, cette mutation contredisait tout c’qu’il avait toujours cru. Qu’la vie n’était pas ça ; pas une ligne toute définie, pas un avenir certain inscrit quelque part et échappant totalement au contrôle de l’être humain qui n’était finalement… qu’une victime des putains d’circonstances qui l’entouraient et le définissaient. Et pourtant, il avait fallu qu’il soit un dégénéré ; et que cette chose, aussi lourde était-elle à porter, se réveille treize ans trop tard, faisant basculer son esprit dans l’horreur. Avec ses cellules se régénérant à toute vitesse, il aurait peut-être pu, trouver un moyen d’sauver sa famille. Avec ses cellules se régénérant à toute vitesse, probablement n’aurait-il jamais été un gamin insouciant qui n’en avait rien eu à faire des autres, des grandes causes qui semblaient préoccuper tant d’gens autour de lui. A vingt ans, l’reste de l’humanité avait eu si peu d’importance aux yeux d’Alec Lynch – c’n’était sûrement pas ça, leur sort à eux, l’sort du monde entier, qui l’avait motivé à prendre les armes lorsqu’il les avait prises. Les motivations du novice avaient été bien plus triviales, pragmatiques – égoïstes. Si elle trouvait un quelconque écho dans les pensées de Felix – ce qu’Alec n’avait aucun mal à imaginer désormais – la litanie de Maiken n’avait aucun impact sur lui ; Lynch n’s’était jamais vu sauver le monde, changer l’espèce humaine, ou être un tant soit peu à la hauteur de l’héritage que ses parents lui avaient laissé.

Au mieux, il l’avait fui, abandonnant le manoir familial derrière lui, le jetant à la poussière tout comme l’entreprise soigneusement construite des mains de son père : et à ses vingt-et-un ans, il avait hérité d’une fortune bien trop importante pour lui, des histoires de business dont il n’avait eu cure, et qu’il avait balancées aux ordures sans s’retourner. « Je comprends très bien pourquoi vous voulez vous débarrassez de votre mutation. C’est bien la seule chose que je peux comprendre de tout ce que vous faites. Je me poserais la même question que vous si je réalisais que je ne peux pas mourir. C’est censé être la seule chose certaine dans notre vie… » s’il y avait bien une loi universelle qui s’appliquerait en toutes circonstances, ce serait celle-là : il était impossible pour Maiken et Alec de comprendre quoique ce soit de l’un et de l’autre. Et c’était mieux ainsi, probablement. Aucun des mots que le Lynch prononçaient n’étaient lâchés pour qu’elle y saisisse quoique ce soit, compatisse avec sa cause ou ressente une quelconque vérité dans ce qu’il disait. Il n’y avait qu’à voir les circonstances dans lesquelles ils avaient cette conversation, pour deviner l’opinion que le hunter avait de sa vis-à-vis. Y’avait eu des choses qui les avait rassemblés, mais c’n’était que synonyme d’horreur, de danger, d’inimitié qui n’les quitterait pas de sitôt. A l’observer, l’humaine, Alec n’pouvait que trop bien comprendre ce qui avait attiré Felix chez elle – elle avait cette allure fragile, gracile ; probablement même que Maiken faisait partie de ces rares franges de populations vraiment généreuses. Somme toute, l’image même des demoiselles en détresse dont on dépeignait le portrait dans toutes les caricatures de la culture populaire : et le fils Lecter, en grand héros d’ce monde, le cœur volé par la vaillante jeune femme. Et cetera. C’qu’il n’pouvait pas saisir, en revanche, c’était l’aisance avec laquelle la brune s’était fait un chemin dans les convictions les plus profondes de son meilleur ami, les changeant trop drastiquement – presque jusqu’à ce qu’eux deux ne s’comprennent plus, ne se retrouvent plus, là où ils avaient passé près de vingt ans à toujours être sur la même longueur d’ondes. Là encore, y’avait des circonstances qui avaient remis en cause une idée, une part de sa vie qu’il aurait crue définie pour toujours. Il s’était trompé, tant de fois. Dans la torpeur de ses idées, il avait tendu son bras de manière mécanique, n’inspectant même pas ce que la Holst faisait avec son sang ; au fond, il lui faisait au moins confiance pour avoir assez d’instinct de survie pour ne pas l’énerver pour pas grand-chose. Et aussi, avait-il assez de foi dans le caractère de la jeune femme pour l’imaginer comme une scientifique convaincue, déterminée à obtenir la réponse à un problème qui se posait devant elle – ouais, Alec n’avait jamais fait beaucoup d’efforts pour connaître Maiken, encore moins pour la comprendre et la saisir, mais dans sa tête, elle revêtait ce visage-là. Quelque chose de beaucoup plus digne, au fond, qu’une simple victime sans importance – ce s’rait tellement si simple, de toujours voir l’autre camp comme ça. C’était malheureusement, physiquement impossible ; sauf pour ces rares personnes inaptes à se lier aux autres : mais malgré les apparences, la froideur qui habitait son âme depuis longtemps déjà, Alec Lynch tel qu’il avait vécu autrefois, avait toujours été tourné vers le monde, vers les autres, les gens qui l’entouraient. Indéniablement apte à saisir des indices, ici et là, en quelques coups d’œil bien placés ; histoire de s’faire quelques idées, d’savoir quelle minette draguer en quelques paroles, avec quel type sympathiser. Et ainsi de suite. C’avait été le cas pour Maiken ; il avait deviné ses points faibles, les zones de pression, les mots à adopter pour lui faire passer un message, l’attitude à adopter avec elle. La façon dont elle répondrait à telle ou telle déclaration de sa part. Il la connaissait, plus qu’elle ne le connaissait lui, indéniablement.

Et toutes ces raisons combinées, le triste décor qui les entourait, les pitoyables circonstances qui avaient poussé Lynch à agir de la sorte – tout ça combiné, ça l’avait poussé à presque oublier de réagir lorsque la scientifique repartit dans ses leçons de moral, par réflexe imprudent plus qu’autre chose. Il n’voyait pas pourquoi elle se donnait la peine, à dire vrai ; rares étaient les personnes qui se croyaient assez bons orateurs pour convaincre un hunter que ce qu’il faisait était profondément mauvais et toxique pour le monde. Comme quoi, peut-être qu’en plus de tout le reste, la Holst était une indécrottable optimiste, c’qui entrait en parfaite opposition avec la personne qu’Alec Lynch était devenu, perché au-dessus des cadavres ensanglantés de ses parents. « Faites un nouveau prélèvement, je vais avoir besoin de plus d’échantillon. » il était resté muet, sans réaction pendant trop longtemps ; et l’assurance de la jeune femme grossissait de seconde en seconde, à chacun des mots qu’elle prononçait sans qu’aucune conséquence ne tombe lourdement sur le coin de sa tronche. Ou peut-être était-ce simplement le résultat d’une mécanique scientifique qui accompagnait ses gestes déterminés ; toujours est-il que le hunter se plia à ses indications sans rechigner, plantant l’aiguille glacée sous sa peau, au niveau de sa veine pour prélever une nouvelle fiole de sang. Tout c’qu’il voulait, c’était des réponses ; pas celles qu’elle lui donnait à l’heure actuelle cependant. Mais c’était comme s’ils partageaient une conversation désormais, d’ego à ego, alors même qu’ils savaient déjà leurs arguments voués à tomber dans l’oreille d’un sourd – alors quoi, était-ce juste de la politesse afin de n’pas laisser que du silence planer entre eux ? Mais toutes les paroles de la brune tombaient à côté, à côté de la personne qu’il était – elle le voyait même plus pieux qu’il ne l’était en réalité, si bien qu’il lâcha un soupir, au moment de lui tendre la seringue remplie de liquide carmin. « J’vais te donner un nom, Maiken. Libre à toi de l’chercher ou pas, mais juste un avant-goût de la réalité. Lewis Duncan. » l’homme qui avait tué ses parents, le nom qui écorchait ses lèvres avec la même prescience qu’il y a treize ans encore ; la hargne bouillonnant dans ses tripes, alors même qu’il avait planté ses flèches vengeresses dans l’homme déjà. « C’était un pyrurgiste. Et Lewis Duncan a pensé qu’y’avait rien de mieux à faire avec son don que d’intimider les gens, faire pression sur eux – ou les tuer – pour obtenir c’qu’il voulait. » et peut-être y avait-il déjà l’empreinte de ses tripes dans l’histoire, Alec se détourna bien vite de la jeune femme, le regard ailleurs, à la recherche d’une quelconque distraction, rien que pour que sa voix garde ce ton mécanique, presque ironique face aux idées si utopiques de son interlocutrice. « Et pendant des années, personne n’a rien fait. Il a fini par s’construire un véritable empire. J’veux dire, trafic de drogues, trafic d’armes. Trafic d’argent, meurtres. Le mec était devenu un réseau à lui tout seul. » c’était l’histoire de sa vie, contée avec c’qui ressemblait presque à de l’indifférence, pour les apparences du moins, son faciès qui se fondait dans les ténèbres qui les englobait, ensemble. « Un jour y’a un homme, un avocat, qui s’est dressé contre lui. Ça lui a pris cinq ans – cinq longues, périlleuses années pour faire tomber Duncan et tout son réseau. » cinq ans qui avaient changé pour toujours, son existence à lui. Alec sentit ses mâchoires se serrer, l’envie de se taire faire surface, comme ça, subitement. « Et il a suffi de quelques mois à peine pour que Duncan trouve un moyen de sortir de prison. Et la seule chose qu’il a trouvé à faire, c’est tuer l’avocat qui l’avait fait condamner. Lui et toute sa famille. » le fils excepté, mais c’était un détail qu’elle n’avait pas besoin de connaître. « Le truc c’est que j’suis arrivé sept ans trop tard, faut croire. Sept ans plus tôt, et Lewis Duncan n’serait pas allé juste en taule, d’où il a pu sortir comme ça, en un claquement d’doigts. » et il revoyait si facilement, treize ans plus tard, à trente-trois ans, les corps sans vie de ses parents, le décor calciné – il entendait si nettement la police dire qu’il n’y avait rien à faire, que c’était sûrement juste un incendie. Et les Lecter, seuls au milieu de l’indifférence à lui donner de véritables réponses. « Tu sais combien d’temps un être humain met à mourir, quand on décide de le cramer vivant ? » peut-être aurait-ce dû être ça, la sentence qu’il aurait dû infliger à Lewis Duncan, le meurtrier de ses parents ; car lui planter des flèches dans le cœur avait encore aujourd’hui un certain arôme d’inachevé. « Les mutants, ils n’représentent pas l’évolution pour moi. C’est juste des êtres humains qui ont toutes les possibilités d’être encore plus dangereux. Et d’vivre au-dessus des lois. » et aux autres d’en subir les conséquences. « J’ai pas l’intention de sauver le monde – cette façon d’voir les choses, c’est Felix. » il eut presque un rictus ironique à cette idée ; il avait toujours vu l’héroïsme de Felix comme un idéalisme, ou une façon d’gérer le monde dans lequel il vivait depuis toujours. Celui de tueurs, rien d’plus. « J’ai juste décidé d’prendre les armes pour agir contre des gens qui le méritent. Parce que crois-moi, personne ne nait avec la possibilité d’intimider les autres, ou d’avoir c’qu’il veut dans un claquement de doigts, sans le faire irrémédiablement. » et d’autres hunters suivraient, comme Alec était le suivant d’autres ; c’était presque tout autant un ordre naturel que les mutations qui se jouaient dans les corps des uns et des autres. Parce que ouais, lui, il était pragmatique comme ça, égoïste comme ça, à surtout penser à lui.
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