Il était une fois un petit village retiré de la civilisation dans le fin fond du Québec.  Cet endroit, loin de tout, un peu perdu, c’était la réserve Fort Tekoa.  Une réserve amérindienne où les canadiens avaient tôt fait d’entasser tout ceux qui correspondaient à certains standards.  Dès qu’elle vit le jour, Elexis fut donc très vite classée selon une certaine catégorie.  Bien que l’on n'était plus à l’époque des sauvages, être amérindienne était encore chargé de préjugés.  Toutefois, lors des premières années de sa vie, la petite brunette n’en vit pas vraiment les conséquences.  Elle passa sa jeunesse dans la réserve, à l’abri du regard désapprobateur des autres.  Elle vivait avec sa mère et sa grand-mère.  Son père, lui, était aux abonnées absents.  Elle n'avait jamais vraiment entendu parler de lui et il représentait toujours un sujet de discorde entre sa grand-mère et sa mère.  Parfois, elle entendait des bribes de conversation qui parvenaient à ses oreilles et ou sa grand-mère reprochait à sa fille d'avoir fait un enfant à un homme qui n'était pas de la tribu.  Cet homme à la peau trop blanche avait souillé le sang de ses ancêtres disait-elle.  Pourtant, malgré son aversion envers son père, la grand-mère de Nayeli était toujours aux petits soins avec sa petite-fille.  Très tôt, elle l'avait initiée aux coutumes de son peuple que sa mère, elle trouvait moins importantes.  Son imaginaire fut donc bordé de la culture et des traditions de son peuple au travers des histoires que sa grand-mère lui contait.  Très tôt, elle apprit donc comment les chamans soignaient les peuples, comment les esprits de la nature ne faisaient qu'Un.  Pour elle, mutation et surnaturel faisaient partit du quotidien.  Depuis des lustres et des lustres, les gènes de mutations animale se transmettaient de mère en fille.  Ce n'était pas à tout les coups, mais en général, les femmes de la famille naissait avec un ADN modifié.  Nayeli ne fut donc pas très surprise lorsqu'un matin, après avoir rêvé de forêt et de nature, elle se réveilla dans le corps d'un oiseau.  Elle avait 6 ans à l'époque.  Pour elle, c'était normal, amusant même.  Elle pouvait se transformer en animal, à sa guise, ce don lui permettant d'explorer une tonne de possibilité.  Elle était contente de pouvoir s'adresser aux animaux et de comprendre leurs désirs.  Pourtant, bien que cela était considéré comme normal dans la société de Fort Tekoa, c'était loin de l'être en dehors de ses frontières.

Elle devait avoir 8 ans lorsque sa mère décida de partir loin de la réserve.  Une colère entre celle-ci et sa grand-mère avait éclatée et mère et fille avaient mis les voiles.  Bien qu'elle était au début, très enchantée de partir voir le monde, Elexis a vite découvert qu'ailleurs, le monde n'était pas aussi concilient.  Elle qui n'avait dès lors jamais été à l'école dut, en plus de s'habituer à une nouvelle maison, apprendre comment les établissements scolaires fonctionnaient.  Elle se retrouvait tout d'un coup au beau milieu d'étudiants de son âge, tous plus cruels les uns que les autres.  Déjà qu'elle était nouvelle, en plus, il fallait qu'elle soit victime de mutations incontrôlables.  Les humains à cette époque ne connaissaient pas encore l’existence des mutants, la jeune fille manqua d'ailleurs de dévoiler sa nature plusieurs fois.  Maintes et maintes fois, elle dut quitter la salle de classe en courant, afin de se cacher aux yeux de tous.  Avec son insouciance de jeune fille, elle n'osait pas à en parler à qui semblait bien vouloir l'écouter.  Ce désir de dévoiler ses secrets lui valu de nombreux sobriquets dégradants.  Au bout d'un moment, elle en vient à se taire, puis lorsqu'elle atteint un âge plus avancé, à complètement enfouir ses valeurs au fond d'elle-même.  Même sa mère, qui n'avait jamais vraiment été une fervente admiratrice de sa nature l'encourageait a oublier se charabia.  Elle fini par contrôler son don, ou du moins arriver à mieux le cacher aux autres et elle se tut, oubliant tout ce qu'elle avait toujours cru pour les remplacer par des croyances plus normales, des croyances plus chrétiennes.

Lorsqu'elle arriva à l'adolescence, elle avait fini par s'intégrer.  Les gens qui l'avaient connus à son arrivé avait oubliés, ou ils avaient simplement trouvé mieux à faire que de l'affliger de qualificatifs dégradants.  Elle était rendue une élève normale, avec un petit ami, une BFF et toutim.  Heureusement pour elle, son père lui avait laissé quelques traits québecois, ce qui adoucissait son air amérindienne et lui permettait de mieux s'intégrer à la masse, car à cet âge là, c'était tout ce qu'elle voulait ; s'intégrer à la masse.  Être comme tout le monde, aimer les mêmes choses que tout le monde, faire comme tout le monde.  Et en somme, elle réussissait assez bien l'objectif.  Fringues branchées et portable dernier cri arrivait à l'intégrer au top de hiérarchie du lycée.  Pourtant, malgré cette parfaite vie de lycéenne branchée, quelque chose persistait.  Un mal-être, qu'elle arrivait pour la plupart du temps à oublier en se plongeant dans sa vie sociale, mais qui restait constamment présent.  Un vestige de son passé, un rappel de sa mutation qu'elle avait tut à la face du monde.  Parfois, quand elle s'y attendait le moins, elle entendait dans le chant d'un oiseau un appel de retrouver sa vrai nature.  Mais elle fermait les yeux, convaincu que c'était mieux ainsi.  Convaincu que paraître normale était la bonne solution.

Cette perspective changea lorsqu'un matin, le téléphone sonna.  Au bout du fil, une voix qu'elle n'avait pas entendu depuis un bail.  Quelqu'un de la réserve, un ancien ami qui lui annonçait que sa grand-mère venait de trépasser.  Sa grand-mère, celle qui avait été comme une mère pendant les premières années de sa vie.  Submergée par les souvenirs, sa tête s'était emplie de flashs, de rappels de son anciennes vie, qui n'était pas si ancienne que ça.  D'un seul coup, elle s'en voulait de tout avoir renié ainsi.  Elexis était allée à l'enterrement, seule, car sa mère avait préférer ne pas remettre les pieds dans cet endroit.  Encore une fois, elle eut droit à une vague de souvenirs, un petit film de son enfance qui se déroulait devant ses yeux pendant qu'un chant amérindien guidait l'esprit de sa grand-mère vers l'au-delà.  À ce moment, elle prit la résolution de redécouvrir ce qu'elle avait perdu de ne plus renier ses origines.

La tête pleine de bonnes intentions, elle s'enfuit aux états-unis, pays qui clamait haut et fort prôner la liberté.  Là-bas, elle espérait qu'elle n'aurait plus à se cacher, qu'elle trouverait des gens qui l'accepterait comme elle était.  Malheureusement pour elle, même aux USA, il y avait des choses que les gens ne pouvaient pas accepter.  Pendant près de trois ans, la brunette fit le tour du pays, étudiant par correspondance, se terrant dans les quartiers dévastés.  Avec la puberté, son don était devenu de plus en plus contrôlable.  Alors qu'avant, elle ressentait des signes avant ses transformations, celles ci arrivaient maintenant sans prévenir.  Obligée de se cacher, sa vie se résumait à étudier et à tenter de contrôler ses mutations.

Maintenant que les gens sont au courant pour elle et les autres, Elexis se sent comme libérée d'un lourd fardeau.  Fini les jours où elle se terrait dans son appartement minable passant de la forme animale à la forme humaine.  Maintenant, elle pouvait vivre au grand jour.  Elle se trouve un job et réussit à s'intégrer. Elle commence à peine à profiter pleinement de la vie, ne se doutant pas que les chasseurs l'attendent dans le détour, près à tout pour mettre fin à sa vie qu'ils qualifient d'abomination.