[Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted "
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Sujet: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Jeu 10 Sep 2015 - 11:48
I've got a gift for you !
Charlie & Roman
Cette journée allait être une bonne journée, Charlie le savait, elle en était même persuadée. Il faisait un froid polaire dehors, mais le soleil était au rendez-vous, et la demoiselle n’était pas du genre frileuse : passer 15 ans de votre vie en Sibérie vous permet de relativiser sur les températures fraiches du Kentucky. Elle n’avait pas dormi de la nuit, ou presque, trop occupée à traquer, chasser, glaner quelques infos sur son obsession du moment : Johan Lachlan. Elle s’était fait une mission, une volonté personnelle de retrouver la Némésis de son mentor, de le débusquer pour ensuite le faire rôtir comme un poulet. Seulement voilà, Johan était du genre hyperactif, et il n’apparaissait jamais deux fois au même endroit. Elle avait passé des soirée entière au Burning Desir où il avait été danseur pendant des mois, éplucher la moindre de ses connections internet en volant les données à Calista, elle ne comptait plus les heures, clope au bec, à essayer de définir son périmètre de maraude sur Radcliff et ses environs. Elle en avait d’ailleurs déduit qu’il était surement protégé par une des associations Pro mutantes du coin, pour pouvoir dormir à tellement d’endroits différent sans jamais utiliser sa propre carte bleue, ni décliner son identité plus tard.
Finalement, elle avait eu vent de la dernière apparition de Johan sur un blog extrémiste anti mutant : ce dernier félicitait un policier d’avoir abattu un mutant explosif à la fête foraine de Radcliff, fête où elle s’était elle-même rendue quelques semaines auparavant, sans succès. Le rédacteur du billet se faisait dithyrambique, mais imprécis : il n’y avait ni le nom du mutant, ni de l’agent des force de l’ordre qui l’avait abattu. Ce n’était peut être qu’une rumeur, qu’une mise en scène, mais ça restait néanmoins sa piste la plus crédible. Elle avait donc passé la nuit dernière à la morgue municipale en compagnie d’Ava Carrington, à lui faire les yeux doux jusqu’à ce que la jeune femme accepte de lui montrer le cadavre qui l’intéressait. Elle avait comparé la photo de Johan qu’elle transportait partout avec elle avec le visage tuméfié de l’homme allongé sur le brancard : c’était lui, sans aucun doute. Elle avait fouillé dans le dossier médical pour trouver sa séquence ADN, un maximum d’informations et, quand Ava était partie leur faire du thé, elle avait pris en photo avec son téléphone portable un maximum de pages du rapport d’autopsie. Puis elle avait passé la soirée avec Ava, à discuter de tout et de rien et à ouvrir des crânes avec le bout de son doigt. Elle n’était rentrée chez elle qu’au petit matin, ses preuves sous le bras, le cœur léger : Roman serait satisfait, elle n’en doutait pas une seule seconde. Bien sur, avant de lui annoncer la bonne nouvelle, il fallait qu’elle se rende présentable. Il n’aimait pas qu’elle soit trop négligée, à moins qu’elle ne rentre d’une chasse éprouvante. Sifflotant sous la douche, elle songeait à la manière dont elle amènerait la révélation à Roman : devait elle jouer le suspens, ou au contraire lui annoncer de but en blanc ? De toute façon elle devait le voir ce matin-là, alors elle aviserait le moment venu. Elle se prépara rapidement, enfilant son pantalon en sautillant devant la glace, la brosse à dent à la bouche, alors qu’elle prévenait par texto Roman qu’elle ne tarderait pas à arriver : elle était en chemin même, c’est pour dire ! Enfilant son dufflecoat et ses bottes, elle claqua la porte derrière elle pour dévaler les escaliers comme une tornade blanche et chantonnante.
Elle s’arrêta au Starbucks en bas de la rue pour prendre deux cafés, des cookies et une salade de fruits, puis fila comme le vent jusqu’à la demeure de Roman : ses paquets à la main, elle appuya sur la sonnette avec le coude, en tirant la langue, et attendit impatiemment que son mentor lui ouvre : Elle avait vraiment, vraiment hâte de lui annoncer la bonne nouvelle, et l’idée même de pouvoir enfin lui annoncer la mort de Lachlan lui faisait l’effet d’un réveillon de noël, à quelques minutes de l’ouverture des cadeaux. A part qu’elle-même n’avait jamais fêté Noel, ni reçu de cadeaux. Mais bon c’était l’intention qui comptait, non ?
Sujet: Re: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Dim 13 Sep 2015 - 0:37
L'ex-russe détaille ses traits dans le miroir. Il n'a pas dormi. Ça se voit, ça se devine sur son visage mordu par les mauvais songes. Ce qu'il déteste lorsque son corps réagit de façon tout à fait détachée par rapport à ce qu'il est. Ça le met hors de lui, mais c'est une chose qu'il ne peut pas contrer. La nature, ça le dépasse ; tout comme l'apparition de tous ces dégénérés en quelques années à peine : ça le dépasse. Et Griske, il abhorre se lever le matin et avoir de telles pensées qui l'assaillent sans lui laisser la moindre chance de lutter. Déposant une main abîmée sur sa joue, il oblige son reflet à tourner la tête, tout en maintenant le contact avec le regard. Ce qu'il est laid, avec l'évidence de s'être fait avoir par un mutant sur la face. Ce qu'il peut être répugnant. Il avale avec difficulté sa salive. Da, il n'est pas beau à voir. Néanmoins, si cela peut l'aider à intimider encore un peu plus ceux qui se mettent sur sa route, pourquoi pas. Devinant une naissance de barbe au niveau de son menton, le quinquagénaire se saisit de sa mousse à raser et de sa lame de rasoir. Après l'avoir aiguisée comme il se doit, il étale d'une main experte la mousse et commence son œuvre. De longues minutes s'écoulent, durant lesquelles les traits de Roman frémissent au contact de la lame au niveau des brûlures encore sensibles. Si seulement il pouvait revenir en arrière, se retrouver à nouveau face à Johan, et s'occuper de son cas pour de bon. Malheureusement, il ne possède aucun moyen pour remonter le temps. Sa concentration est grande, presque tangible tant son regard féroce se dévisage dans la glace, jusqu'à ce que la lame ne dérape, au moment même où la sonnette retentit dans la demeure. Poussant un râle, le chasseur se saisit de la première serviette à proximité et appuie sur la nouvelle plaie qui vient de se matérialiser sous ses yeux. Minime, elle laisse pourtant un léger flot de sang s'évader de sa cachette. Roman lève les yeux au ciel. La personne qui se trouve à sa porte a intérêt à avoir une bonne raison de l'avoir dérangé dans un tel moment. D'une humeur massacrante (comme souvent ces derniers temps), l'homme dévale les escaliers menant au rez-de-chaussée sans grande envie. Vêtu de l'une de ses plus belles tenues sombres, on pourrait presque se demander s'il ne revient pas tout droit d'un enterrement. Si ce dernier avait été la célébration de la mort de dizaines de mutants d'un coup, il n'aurait peut-être pas dit non. Appuyant sans ménagement sur la poignée de la porte après en avoir défait les quelques loquets, sa main lourde vient s'écraser contre l'embrasement. Face à la personne qui se trouve devant lui, il arque un sourcil. Étonné, surpris ? Non. Agacé ? Non plus. Indifférent ? Sans doute. Se décalant sur le côté pour laisser entrer Charlie, Roman se racle la gorge. Geste naturel et concis, souvent usé de sa part pour faire comprendre aux autres sans l'aide des mots qu'il n'est pas très... conciliant, en cette belle journée. La blonde connaît la maison, elle n'a pas besoin de lui pour partir prendre place dans la cuisine. Le Norvégien remonte à l'étage, cherche d'un geste nerveux quelque chose à mettre pour endiguer cette petite plaie venue tenir compagnie aux autres, pour au final se retrouver avec un pansement blanc vers le bas du visage. Un jour, il parviendra peut-être à ne pas se faire blesser par un mutant. Mauvais, le quinquagénaire secoue la tête de gauche à droite et pose ses mains sur les rebords du lavabo, puis patiente quelques minutes. Il ne doit pas s'emporter sur Charlie, elle n'y est pour rien, il aurait dû être plus prudent et moins se laisser avoir par les pensées négatives et emportées qui s'acharnent sur lui depuis plusieurs semaines maintenant. Finalement, à peine sorti de la salle de bain, l'ex-russe part se saisir de son téléphone resté dans sa chambre, constate le message de Charlie et pousse un soupir frustré. La technologie et lui, ça doit faire 1000. Le jour où il apprendra à faire avec n'est pas encore arrivé, mais la jeune femme ne semble pas démériter. Enfin, le hunter traîne sa carcasse jusqu'à la cuisine où l'attend une Charlie étrangement calme. Comme précédemment, Roman ne peut s'empêcher de relever un sourcil, cette fois-ci ouvertement interrogateur. « Salut Charlie », qu'il la salue enfin, tout en prenant place en face d'elle. Son dos s'appuie contre le dossier froid et son regard grisâtre détaille les traits de sa mutante. Qu'est-ce qui lui prend ? « Est-ce que ça va ? », qu'il questionne d'une voix traînante, ce qui ne manque pas de souligner son accent si singulier. En attendant la réponse de la blonde, le Norvégien ne se gêne pas pour attraper d'une main vorace la poche de cookies rapportée par la nouvelle venue, en dégage un du lot puis vient croquer avec brutalité dedans. Une attitude si naturelle et banale chez lui qu'elle ne devrait pas surprendre son invitée, ou plutôt sa colocataire, vu le temps que la blondinette passe dans cette maison. Puis, tel un rituel qu'ils semblent avoir adoptés tous deux depuis longtemps, Roman se saisit du café où son nom symbolique est inscrit, avant de s'autoriser une grande gorgée, peut-être dans le but de faire disparaître ce brouillard qui l'empêche de se montrer sympathique au quotidien. Néanmoins, même si c'est devenu une évidence pour beaucoup, c'est un miracle qui n'arrivera sans doute pas.
Spoiler:
C'est trop nul, je suis désolée.
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Sujet: Re: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Dim 13 Sep 2015 - 21:36
I've got a gift for you !
Charlie & Roman
A peine Roman avait il ouvert la porte que déjà Charlie se faufilait sous son bras pour se diriger vers la grande salle à manger. Les cafés lui brulaient la pulpe des doigts et l’odeur des cookies tièdes lui torturait les narines et l’estomac depuis leur achat. Elle posa son petit déjeuner sur la table sans plus de cérémonie, attrapant sa propre tasse en carton pour avaler une gorgée de café trop chaud, se saisissant d’une chaise pour la retourner, écartant ses jambes de part et d’autre du dossier, le coude appuyé sur ce dernier. Elle ne supportait pas de s’asseoir normalement sur une chaise, ça l’angoissait ce coté… conventionnel de l’objet. Quand Roman entra enfin de la pièce, elle put apercevoir, à la lumière crue des lampes au plafond, les traces encore cuisantes de la dernière altercation de son mentor et de Johan Lachlan : son visage portait des stigmates assez profonds, la peau de sa main était tachée et sèche comme celle d’une momie, et ce n’était que la partie émergé de l’iceberg, elle en était consciente. Si Johan n’avait pas réussi à le tuer, il l’avait brulé de son don démoniaque, avait attaqué sa chair à défaut de pouvoir l’abattre moralement. Cette apparence gâtée ne la dérangeait pas, elle qui elle-même n’était pas un canon de beauté. Si son visage pouvait être au gout du spectateur, il n’y avait qu’à ôter quelques vêtements, et la peau lacérée de cicatrices en tout genre de la jeune femme faisait grimacer l’amant à l’estomac fragile. La peau laiteuse de la mutante ressemblait à une surface lunaire labourée par quelques astronautes peu consciencieux, avec ses marques, ses bleus et ses cratères qui racontaient chacune un des supplices un jour vécu par la jeune femme. Alors les quelques brulures de Roman ne la perturbaient pas, loin s’en fallait. Elle sourit en levant les yeux vers lui, répondant à son air intrigué par un sourire rayonnant :
- Bonjour Roman ! Oui, oui ça va !
Elle faillit dire qu’elle était un peu fatiguée, mais elle savait qu’il n’aimait pas vraiment qu’elle se plaigne. Après tout si elle ne dormait pas assez, ce n’était pas de sa faute à lui, alors pourquoi l’en blâmer hein ? Le regard insistant de Roman indiquait qu’il n’était pas dupe sur son apparition matinale : Charlie ne débarquait pas si tôt le matin si elle n’avait pas quelque chose d’important à lui rapporter. Avalant un bout de cookie à son tour, elle rapprocha son sac à main de ses jambes pour le mettre sur ses genoux en prenant un air affecté :
- Bon, j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle à t’annoncer. Je commence par la mauvaise, en espérant que la bonne compense un peu. * elle fit une pause, baissant les yeux* Bon, après des semaines de recherches, j’ai pas réussi à mettre la main sur Lachlan. Il ne vit même pas chez lui, change de téléphone constamment, n’utilise pas sa carte bancaire, donne des faux noms quand il va à l’hotel … Un vrai fantôme. Il semblerait qu’il soit en cheville avec un groupe de mutants extrémistes qui cherchent à courtcircuiter le pouvoir de l’administration en place, mais j’ai rien de très probant là-dessus, ils sont vachement plus discrets que les Uprisings… Mais vachement plus jusqu’au boutiste aussi. Donc voilà, j’l’ai pas eu Roman, et j’suis désolée… Par contre …
D’un geste théatral, elle sortit le dossier de morgue du mutant de son sac à main, étalant des polaroïds montrant le cadavre de Johan sous la lumière blafarde du crématorium sur la table, époussetant les miettes de cookies au passage :
- Quelqu’un s’en ait chargé pour nous. Lachlan est mort, pas enterré, mais refroidi, ça, je peux te le confirmer pour l’avoir vu de mes propres yeux.
Un large sourire barrait le visage fatigué de la jeune femme, qui ouvrait déjà le dossier avant même que Roman le fasse, pointant des passages du rapport d’autopsie du bout de ses doigts aux ongles rongés :
- « le patient était un mutant de catégorie supérieur, dont les capacités étaient considérées comme particulièrement dangereuses », « mort par balle, un projectile ayant transpercé son foie », « le décès a été quasi immédiat » … Il est mort à la fête foraine, d’après ce que j’ai pu arracher comme info à la thanato. Ce serait un flic qui l’aurait tué, mais la aussi j’suis pas sure du quel … Surement Lynch, ou Townshend, mais j’pencherai pour Lynch, je l’ai croisé ce soir là. (…) Alors ?
Elle fixait Roman avec des yeux brillant et remplis de fierté, attendant le contentement tant espéré de son mentor. Elle avait travaillé dur sur ce dossier, et même si elle n’avait pas collé elle-même cette balle dans le bide de Lachlan, le fait d’apporter à Roman la preuve irréfutable de la mort de l’un de ses pires ennemis la comblait de joie. Elle espérait que Roman se rendrait compte du travail fourni, qu’il la féliciterait, qu’il serait content. Ca n’arrivait pas souvent qu’il soit pleinement satisfait, mais cette fois-ci, il y avait du niveau, non ? De l’extérieur, elle ressemblait probablement à un labrador qui suppliait pour avoir sa tape sur la tête et son susucre, mais tout ce qu’elle voulait, Charlie, c’était qu’il soit content. Il le méritait tellement après tout.
Sujet: Re: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Sam 19 Sep 2015 - 0:22
Roman et Charlie, c'est un peu comme le feu et la glace. Malgré tout ce que pourra dire le hunter, la mutante représente par moment son exact opposé. Alors que l'humeur du Norvégien pourrait mettre à mal une armé de Bisounours déchaînée par un arc-en-ciel, cette dernière ne semble en aucun cas inquiéter la blonde. Le sourire lumineux qu'elle lui adresse depuis son entrée dans la pièce commune le confirme. Cependant, le quinquagénaire n'a pas envie de faire d'effort pour égaler son niveau de bonne humeur. D'ailleurs, il est rare qu'il fasse le moindre effort pour quoi que ce soit. Lorsque Griske a une chose en tête, il change peu d'avis. Se lever du pied gauche est synonyme d'une habitude bien ancrée dans son quotidien et ce n'est pas prêt de changer. Reposant son café sur la table, le Norvégien arque un sourcil. De quoi est-elle en train de parler ? Charlie pense sincèrement que c'est le moment de cause bonne et mauvaise nouvelle avec lui ? Non, vraiment, elle ne retiendra jamais la leçon. Emportée par le flot de paroles de sa mutante, Griske ne se gêne pas pour pousser un soupir avant de concéder à observer les faits. Le dossier de Lachlan est alors étalé sur la table. Les iris grisonnants de Roman paraissent se réduire à sa vue, mais le visage penché (et peut-être, le temps d'une seconde, intéressé) du hunter ne laisse rien deviner. Son champ de vision se met à suivre les indications du bout des doigts qu'exerce Charlie sur les différentes parties du dossier, dont elle donne l'impression d'avoir appris les lignes par cœur. Le truc, c'est que Roman est singulier. Parfois, il peut se laisser happer par les 'bonnes nouvelles' et ne rien demander de plus. Dans ses (rares) bons jours, c'est ainsi qu'il fonctionne. Son cerveau enregistre les infos, les classe de façon tout sauf aléatoire dans une partie de sa mémoire pour pouvoir s'en servir à sa guise et attend la suite avec plus ou moins d'impatience. A quoi bon ne pas récolter un maximum de choses sur les personnes que l'on souhaite voir s'effondrer ? Malheureusement, d'autres fois, Le Norvégien reste bloqué. Une seule chose peut s'avérer capable de l'interpeller et d'effacer tout le reste. Aujourd'hui, il s'agit de Charlie qui lui fait comprendre de façon plus ou moins directe (honnête ?) que ce n'est pas son œuvre. Peut-être aurait-il pu assimiler l'idée lorsqu'elle a prononcé son pitoyable 'désolé' avant de le noyer au milieu de ses longues phrases aux belles sonorités, mais non. Roman ne réagit pas à son 'alors', et ce n'est pas bon. Pas bon du tout. Son regard reste accroché un long moment à ce qui se trouve devant lui. L'envie de balancer le dossier hors de sa vue titille ses poings serrés. Soudain, l'un d'eux s'abat sur le bois de la table. Roman se rapproche par-dessus la table, assez pour venir poser ses deux coudes massifs de chaque côté du dossier Johan Lachlan. « Donc... », souffle-t-il, en déposant un index nerveux sur les pages blanches. Le hunter cherche à adopter une voix maîtrisée, mais qui laisse entendre que quelque chose de plus corsé se prépare. « Ce n'est pas toi ? », qu'il interroge, en daignant enfin relever son regard froid dans celui de la mutante. Son sourcil gauche s'arque, remuant au passage une ou deux cicatrices de brûlure qui parent ses traits. Cela ne rajoute que plus de dégoût à ce qu'il inspire déjà à beaucoup de personnes. Ses prunelles qui s'obstinent à agripper celles de Charlie ne veulent dire qu'une seule chose : T'es venue m'emmerder de bon matin pour ça ? Une certaine colère s'y devine également. Serrant les dents, l'ex-russe se passe une main brève sur le visage, à la fois pour le réveiller pour de bon et pour faire passer ce besoin croissant de frapper sur quelque chose (ou quelqu'un) qui commence à le gagner, alors que son dos revient s'échouer contre le dossier de sa chaise. « Tu me fatigues, Charlie. » Au moins, c'est dit. Roman garde en de rares occasions ce qu'il pense du comportement de la mutante pour lui. Ça ne sert à rien, ce n'est pas le but de la manœuvre. Si sa mutante, son espèce de création à lui, n'est même pas au courant de ce qu'il faut faire ou ne pas faire, alors il est un très mauvais persécuteur. Et ce n'est pas le cas, Roman se sait très bon dans ce domaine-là. Seulement, par moment, les piqûres de rappel font du bien. « Rien d'autre ? », que questionne le quinquagénaire en se saisissant de son café, dont il avale une nouvelle longue gorgée, comme si de rien n'était. « Rien à me dire à propos de tes sorties nocturnes, par exemple ? », qu'il poursuit, avant de se lever de son siège, incapable de rester une seconde de plus face à elle. Ses petites mimiques enjouées commencent à lui taper sur le système, autant que sa fierté mal placée à ne pas avoir réussi l'une des seules choses pour laquelle il avait placé tant d'espoirs en elle. La démarche agacée qu'il adopte n'est qu'un signe supplémentaire que de nombreuses choses sont en en train de tourner dans la tête de Griske. Est-ce que Charlie réussit quelque chose ? Son interrogation est plus que légitime. Depuis qu'ils sont arrivés ici, et même bien avant, Roman n'a jamais douté des capacités de sa mutante à s'attaquer aux autres et à mener à bien ses missions et objectifs. Mais avec cette preuve évidente d'inefficacité, qu'elle vient en plus foutre sous ses yeux plutôt que de la plaquer six pieds sous terre, le Norvégien se dit qu'elle n'est peut-être pas aussi fiable qu'elle le prétend. Ou qu'il ose le penser. Alors, si elle n'est parvenue à rien avec Johan, qu'en est-il de tous les mutants dont elle est supposée se charger sous ses ordres ? La tasse de café (par chance en carton) vient s'écraser avec violence contre les carreaux blancs de la cuisine derrière Charlie. Plaquant ses deux mains sur la table, un air furibond sur les traits, Griske s'autorise l'ultime question qui le taraude désormais. « Est-ce qu'eux aussi, tu les laisses te filer entre les doigts ?! »
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Sujet: Re: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Sam 19 Sep 2015 - 14:45
I never wanted to disappoint you ...
Charlie & Roman
Elle pensait vraiment avoir bien fait les choses cette fois-ci pourtant. Pourtant, Roman n’était pas satisfait, loin de là. Elle le regarda fixer le dossier comme si elle lui avait rapporté un magazine people et l’avait ouvert à la page de l’horoscope, avec ce mélange de lassitude et d’agacement. Alors qu’elle attendait sa prochaine réaction, soudainement bien moins sure d’elle, et sursauta en se recroquevillant légèrement sur sa chaise quand le poing de Roman s’abattait sur la table, son regard métallique venant lui vriller le front comme une perceuse. Elle était pourtant persuadée que la mort de Lachlan lui aurait fait plaisir, peu importait les moyens, tant qu’il avait la fin. Elle s’était manifestement trompée :
- Je … non Roman …
Il fut un temps où elle aurait peut être cherché à se justifier, se défendre, expliquer que le flic avait tué Johan sur un coup de bol, par hasard, alors qu’elle avait remué ciel et terre pour le trouver, et qu’elle aurait fini par l’avoir, s’il n’y avait pas eu le flic pour lui tirer dessus sans savoir qui il était. Elle avait été prise de court par un coup du destin, pourtant elle n’avait pas lambiné. C’était injuste que Roman ne comprenne pas tout le travail qu’elle avait fait, mais pourtant, elle baissa la tête sans rien dire, les jambes remontées sur sa chaise, les yeux fixant le sol, penaude, comme une petite fille qui n’aurait pas fait ses devoirs. Sauf que les petites filles étourdies, on ne les tabassait pas jusqu’à les laisser pour mortes quand elles oubliaient un exo de maths. Charlie, si. Elle baissa un peu plus les épaules alors que Roman passait sa main sur son visage avant de s’asseoir en face d’elle, la dardant de son regard implacable. Elle n’aimait pas quand il faisait ça, avec ses gestes lents et maitrisés, mais pourtant insuffisants pour dissimuler l’agacement et la haine qui faisaient battre la veine de sa tempe droite. Allait il la frapper tout de suite ou plus tard, quand elle ne s’y attendrait pas ? Elle n’osait pas affronter la déception de son mentor, ni sa colère d’ailleurs. Elle déglutit difficilement alors qu’il reprenait la parole, la mutante se montrant bien moins expansive et joviale que quelques minutes auparavant. Elle avait bien comprit qu’il n’était plus vraiment l’heure de fanfaronner, et couina un pauvre :
- Mes sorties … ?
Sa voix était basse, son ton, hésitant. Elle n’était pas tout à fait sure de ce qu’il voulait dire par là : Parlait il de ses nuits à la morgue en compagnie d’Ava et Margo, à fouiner dans les archives et à rigoler autour des cadavres ? De celles qu’elle passait avec Ren, à occire du mutant pour le compte de Thaddéus avant de finir la nuit sur la banquette arrière du chasseur ? non, ça, Roman ne s’était jamais intéressé à sa vie sentimentale ou sexuelle. Tant qu’elle faisait son travail en tout cas. Alors quoi ? Il y avait son élan de générosité envers le mutant dédoublé, dont elle ne se souvenait même plus du nom, mais bon, elle n’avait jamais eu d’ordre clair qu’elle devait le tuer lui aussi. Et puis il y avait Seth. Seth. Cette fameuse soirée qui n’avait jamais existé, mais où elle s’était enfuie avec le mutant dans son sac –littéralement- pour fuir des chasseurs extrémistes. Si cela s’était limité à une fuite, Roman aurait pu comprendre. Mais comment justifier la suite ? Il n’y avait pas d’excuse Valable, elle le savait. Ce qu’elle avait fait était mal, très mal, et elle s’en voulait déjà suffisamment. Elle se sentait … Misérable, si loin de mériter Roman et sa patience envers elle. Elle reste mutique, le regard obstinément baissé alors que le chasseur se levait, tournait autour de la table comme un prédateur. Elle ne le sentait pas, mais pourtant elle tremblait, alors qu’il balança le reste de son café à travers la pièce, frôlant le visage de la jeune femme à quelques centimètres. Elle ferma les yeux avant de les relever anxieusement vers Roman qui lui criait à présent dessus. Ca lui donnait envie de pleurer, mais elle savait que ça ne ferait qu’aggraver son cas : Il ne supportait pas qu’elle chougne comme une enfant. Elle n’était plus une enfant, c’était une chasseuse, une arme. Sa machine de guerre. Elle inspira profondément, tremblant toujours, et dans un effort immense, releva ses yeux pâles dans ceux si orageux de son maitre :
- Je fais bien mon travail Roman, je te le promets. J’ai déjà une dizaine de monstres à mon actif, les hunters de la ville me connaissent et savent que je suis … Que je suis à toi et ils m’appellent même quand ils ont besoin de renfort. J’ai tué un père de famille et vacciné son fils dans la même soirée… la mère a été retrouvée morte quelques jours après, c’était moi … * il y avait un trémolo dans sa voix, bien qu’elle essayait de toutes ses forces de ne pas laisser les larmes couler devant Roman* Je fais de mon mieux Roman, j’te jure … Johan, c’était juste pas de chance, je l’aurai eu, si ce con de flic ne lui avait pas tiré dessus sans savoir qui il était. Moi j’te l’aurais ramené, vivant ou pas mais j’te l’aurais ramené… Crois moi …
Ces deux derniers mots ressemblaient à une supplique, alors que sa voix mourrait dans un murmure et qu’elle guettait la prochaine réaction de son mentor. Elle s’attendait à une bonne mandale dans la gueule, mais si c’était ce qu’il décidait de faire, elle ne se défendrait pas. S’il le décidait, c’était qu’elle le méritait, en monstre inutile qu’elle était. Alors elle fixait Roman craintivement, sans bruit, toujours tremblante sur sa chaise, en attendant sa sentence …
Sujet: Re: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Sam 19 Sep 2015 - 16:45
Roman observe Charlie se recroqueviller sur sa chaise. Elle est irrécupérable. Pense-t-elle vraiment que ce comportement le fera changer d'avis ? Qu'il l'agacera moins ? Ce n'est pas le cas. Plus elle tente de se dérober à son attention, plus les prunelles sombres de l'ex-russe s'immobilisent sur son visage clair. Les mains toujours posées sur la table, presque ancrées au bois robuste de cette dernière, le Norvégien secoue la tête face à la réponse de sa mutante. « Tu fais de ton mieux ?! », qu'il reprend d'un ton ouvertement sarcastique. Se rapprochant de Charlie d'un geste brusque, le chasseur laisse sa main gauche pénétrer sa chevelure. Sa prise est idéale. Ses doigts abîmés par les brûlures l'attirent d'un coup sec vers lui, la soulevant de sa position assise au passage et la forçant à se confronter à lui en ayant les deux pieds au sol. La respiration difficilement contrôlée du Norvégien ne peut signifier qu'une seule chose : ce qu'il vient d'entendre ne lui plaît pas. « MAIS CE N'EST PAS CE QUE JE VEUX CHARLIE ! », qu'il hurle d'une voix rauque aux oreilles de Charlie, avant de la repousser sur le côté comme un vulgaire pantin. Quelques cheveux blonds restent accrochés à ses ongles. Poussant un petit rire mauvais, les iris glacés de Roman se mettent à détailler le corps de la mutante au sol. Il sait qu'elle n'aime pas quand il s'énerve comme ça. Qui aimerait, d'ailleurs ? Mais le quinquagénaire l'a déjà prévenue un nombre incalculable de fois. Les larmes qu'il devine au creux de ses paupières, il ne veut pas les voir, de même qu'entendre sa petite voix plaintive ou ses presque mots suppliants. Roman n'est pas clément. Il n'a pas le temps de l'être, n'a aucune envie d'en perdre à le devenir. La brutalité est parfois la seule façon de faire passer un message. En tout cas, c'est ainsi qu'il perçoit les choses. Chaque fois qu'il s'est comporté de la sorte avec sa mutante, les 'problèmes' se sont envolés – même si d'autres sont apparus ensuite. Pas tellement, mais tout de même, Charlie donne au chasseur le sentiment de les collectionner depuis un certain temps. La première fois où la blonde s'est retrouvée face à lui, sa violence est parvenue à la porter à un autre niveau que la pauvre carcasse de mutante qu'elle peut avoir sur le dos. Elle est devenue plus grâce à lui. L'ex-russe ne tolère donc pas de ressentir que ce pourquoi il l'a entraînée commence à s'estomper au contact de Radcliff ; car c'est bien là que semble résider tout le problème. Ou presque. « J'ai besoin que tu fasses ton travail, pas que tu fasses de ton mieux... », murmure-t-il en laissant plusieurs pas plus calmes, plus apaisés, la guider jusqu'à elle. Se penchant à son niveau, Roman laisse sa poigne venir se saisir de l'un de ses bras et la relève du carrelage. Il la force à relever son regard dans le sien. « Donne-moi tes mains. » Son ordre n'est pas discutable. Rien ne l'est, de toute façon, en sa compagnie. Impatient, le chasseur se met à serrer les poignets de la jeune femme. Il force ses paumes à s'orienter en direction de son regard inquisiteur. « Regarde, regarde-les... », qu'il souffle avec un sourire en coin, agrémenté d'une attention bien trop attentive pour qu'elle en soit saine et normale. « Montre-moi qu'on ne t'a pas vacciné, Charlie. » En d'autres termes : fais ton truc, prouve que tu peux toujours servir à quelque chose avec cette lumière, cette force inaccessible aux autres, mais que Roman Griske trouve encore trop indigne de nommer. Ce que ses mains sont aptes à faire n'est rien d'autre qu'une arme qu'il a appris à manier à sa guise. Pas besoin d'y accorder plus d'importance. Enfin, l'espèce de lumière violette vient éclairer leurs visages. « Bien, tu vois, je ne t'ai pas vacciné, et personne ne le fera tant que je ne l'aurai pas décidé. Compris ? », qu'il l'interroge, en baissant son visage au même niveau que le sien. Comme si le papa était en train d'expliquer une chose essentielle à son enfant. Toutefois, aucun père n'aurait lâché les mains de son gamin pour venir enserrer sa gorge de son pouce et de son index. Aucun, sauf Griske. Devinant la trachée sous la peau blafarde de la mutante, le Norvégien s'autorise à jouer un peu avec sa vie. Il bloque durant de longues secondes l'air qui cherche à entrer dans les poumons de Charlie, s'amuse de l'appel d'air qui se forme sous sa poigne massive. Cette journée commence décidément vraiment mal. « Alors prouve-moi que tu sais t'en servir ! Tu n'es pas née comme ça pour rien ! Tu es comme ça pour servir à quelque chose, blya ! », qu'il balance, avant de la repousser brutalement et de s'éloigner d'elle. De longues minutes s'écoulent, durant lesquelles Roman continue à garder le dos tourné à la mutante. A peine sa minute de folie passée que sa respiration à lui est déjà aussi calme qu'en temps normal. Parfois, on peut se demander si une part d'humanité se cache encore en lui. Puis, on se dit que ça ne sert plus à rien de se poser la question, l'évidence est là, la réponse est claire : non. « Assis », qu'il laisse glisser entre ses mâchoires contractées, comme s'il s'adressait à un simple animal. Ses deux mains massives viennent remuer ses traits figés. Elles tremblent un peu, encore sous le choc de la violence des coups qu'il vient de porter à Charlie, sans pour autant que le Norvégien y prête une quelconque attention. « Si tu faisais si bien ton travail que ça, je n'aurais pas de doute. » Si, si, si... « Je déteste douter de toi, Charlie, tu le sais bien depuis le temps... », que Roman lui rappelle, en se retournant vers elle. « Je ne te crois pas. » Écho lointain à ce qu'elle lui suppliait presque de faire avant qu'il ne s'emporte. « Je veux que tu m'expliques comment c'est possible. » Il fait mine d'hausser les épaules comme si c'était une chose naturelle et banale chez lui. Sur le moment, cela signifie juste que la mutante va devoir bien choisir ses mots pour que la pression qui oppresse la boîte crânienne du propriétaire des lieux disparaisse pour de bon. « Par exemple, je ne sais pas moi, dis-moi comment tu t'es débrouillée pour éliminer Juliet Todd. Je crois que son don était la terrakynésie, c'est bien ça ? », qu'il la questionne d'un petit ton sympathique. Terriblement en décalage avec ses paroles précédentes, comme envolées au loin. Il se souvient de cette autre mutante car elle représentait un danger certain pour la ville. Même si, bien sûr, Roman se souvient de beaucoup de monde. « Comment tu l'as tuée ? », qu'il reprend de façon plus directe. « Si tu l'as bien tuée, s'entend. »
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Sujet: Re: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Sam 19 Sep 2015 - 20:02
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Charlie & Roman
Ca y est, il recommençait. Si elle avait su, elle ne serait pas venue ce matin, elle n’aurait pas veillé toute la nuit pour piquer les documents à Ava, ni acheté de cookies. A la place, elle aurait fait en sorte d’enterrer cette histoire, d’enterrer Johan et , Mieux ! D’assurer qu’elle était bien l’actrice de la chute du mutant explosif. Après tout, qui aurait contredit sa version ? qui aurait bien pu oser ? Seulement voilà, elle ne mentait pas à Roman. Jamais. Déjà parce qu’elle n’aimait pas ça, mais surtout parce que les rares fois où, plus jeune, elle s’y était risquée et qu’il avait découvert la supercherie, la punition avait été … Marquante. Très marquante. Alors elle ne lui mentait pas, jamais. Il lui arrivait parfois de différer un peu le temps de l’information et de la vérité, mais c’était surtout pour ne pas l’inquiéter quand les choses ne se passaient pas tout à fait comme prévues. Quand elle était médiocre, elle préférait rattraper son coup avant de faire son rapport à Roman, il avait bien assez de soucis comme ça pour qu’elle vienne l’accabler un peu plus.
Elle se raidit en voyant Roman se rapprocher, et un peu plus encore en sentant ses doigts secs s’enfoncer dans ses cheveux propres du matin, enroulant des mèches autour de ses phalanges. Elle savait ce que ça signifiait. Elle savait qu’elle allait avoir mal. Elle avait appris, avec le temps, à lâcher prise quand les choses prenaient une tournure … déplaisante. Elle relâchait ses muscles, et laissait l’ire de Roman s’abattre sur elle. Si elle résistait, c’était pire, la moindre lutte était considérée comme un affront, une défiance qu’il ne tardait pas à mater, dans le sang la plupart du temps. Elle se releva en levant le menton, la tête tirée en arrière par la pression de la main de Roman. Elle avait la gorge à découvert, et ça la rendait un peu plus nerveuse encore :
- Oui … Ro … Man…
Elle n’eut as l’occasion de rajouter un mot de plus qu’il la rejetait face contre sol, à l’exact endroit où il avait jeté son café quelques secondes avant : elle glissa dans la flaque de liquide froid qui imprégna son jean propre, la faisant se sentir encore un peu plus misérable encore. Elle réprima comme elle put un autre sanglot qui resta coincé dans sa gorge, la faisant tousser nerveusement, alors qu’elle se forçait à ne pas quitter Roman du regard : quand il était comme ça, c’était suicidaire, littéralement, de le quitter des yeux, il était capable de la trainer par la peau du cou ou les cheveux sur plusieurs mètres, à même le sol, si le contact visuel était rompu. Elle le laissa se rapprocher d’elle, docilement, bien dressée, alors que son instinct lui hurlait de se relever, de s’en aller, de fuir. Sauf que voilà, son cerveau hyper conditionné faisait taire toute pulsion survivaliste pour rester immobile, à la merci de Roman. Le droit de vie et de mort sur sa personne ne lui appartenait pas : c’était une prérogative de Roman et de personne d’autre. Elle l’écoute murmurer des choses qu’elle sait déjà, bien sur, et se fait violence à réprimer ce mouvement de recul involontaire quand Roman lui saisit le bras, la relève sans douceur, comme si elle n’était qu’une sorte de sac de jute sans intérêt. Son regard descend sur son pantalon trempé de café, et elle songe avec amertume qu’on dirait qu’elle s’est faite dessus. Ça lui rappelait quelques sévices sibériens qui avaient eu pour résultats ce genre d’incidents, mais Roman l’empêcha de s’enfoncer dans ses pensées en lui tordant les poignets, lui ordonnant d’utiliser son pouvoir. Elle releva les yeux avec une expression inquiète, alors qu’il la fixait d’un air mauvais. Pourquoi il voulait qu’elle fasse ça, alors que c’était la preuve de son infamie, de la monstruosité de son être ? Elle n’osa même pas lui demander, mais s’exécuta, les yeux toujours plein de larmes. Elle était fatiguée, aussi elle dut emprunter un peu d’énergie à l’une des lampes de la pièce, qui grésilla pour finalement s’éteindre, alors qu’une faible lumière émana des paumes de la mutante. Elle hocha la tête doucement pour répondre à son mentor, battant de ses cils humides qui touchaient presque la peau grêlée du visage de Roman, tant ils étaient proches :
- O…Oui Roman … C… Compris…
Un couinement, encore, lui échappa quand la poigne de fer de Roman lui enserra la gorge comme une serre de rapace implacable. N’importe qui à sa place, doté de ses capacités, aurait envoyé une bonne décharge à Roman, l’expulsant de l’autre coté de la pièce, surtout après avoir chargé ses mains comme deux armes à feu. Et pourtant, elle n’y fit rien, serrant les poings en haletant, ses pupilles se rétrécissant à mesure que l’oxygène commençait à lui manquait. Il avait droit de vie et de mort sur elle, elle ne pouvait qu’attendre, le supplier du regard, comme elle l’avait fait tant, trop de de fois. Et pourtant, elle était incapable de se défendre contre Roman, c’était inconcevable, impossible. Il avait comme éradiqué cette option de ce fonctionnement. Elle pourrait mourir comme un poisson hors de l’eau s’il ne la lachait pas, suffoquant sans mot dire, uniquement parce que Roman Griske en avait décidé ainsi.
Elle profita des quelques minutes d’introspection de son maitre pour reprendre son souffle, haletante, sa main sur la gorge. Elle guetta son prochain geste, son prochain assaut, avec une certaine résignation. Sa gorge la brulait, mais elle se refusa à tousser, craignant que le moindre bruit contrarie encore Roman. Elle aurait voulu rétrécir, devenir invisible, pour ne plus jamais avoir à affronter la honte de décevoir son sauveur. Finalement, elle se releva dans un spasme pour se rasseoir sur sa chaise, comme il faut cette fois-ci. Elle posa ses deux mains bien à plat sur ses genoux qui s’entrechoquaient, alors qu’un peu de sang coulait de son arcade gauche pour se diluer dans sa sueur et ses larmes. Elle acquiesçait muettement à Roman, à chacune de ses phrases, même lorsqu’il lui tournait le dos. Ça lui rappelait tellement, tellement d’autres corrections, tellement d’autres remontrances, qu’elle se traita intérieurement d’imbécile : avec le temps, n’apprendrait elle jamais la leçon ? ne serait elle donc jamais à la hauteur de l’ambition de Roman. Elle n’était pas digne de lui, elle n’y arrivait pas, elle n’était que déception et énergie gaspillée. Elle leva ses yeux dont le maquillage avait légèrement coulé vers Roman, qui semblait s’être vaguement apaisé. Vaguement seulement, et la mutante savait mieux qui quiconque que ça pourrait lui reprendre aussi vite que c’était reparti. Elle devrait être précise, claire, implacable dans sa justification. Pas de blague, pas de fioriture, un rapport militaire qui ne ferait pas perdre son temps, encore, à Roman. Elle inspira profondément, ses poings se serrant sur ses genoux, avant de lui répondre dans un souffle :
- Je l’ai attiré hors de chez elle en laissant son chien s’échapper. Je l’ai suivi alors que le chien l’amenait dans une ruelle. Je l’ai vacciné pour être sur qu’elle n’utilise pas son don contre moi, et ensuite j’ai provoqué une overdose chez elle en lui enfonçant l’équivalent de deux fix d’héroine pure dans les veines. Elle n’avait jamais pris de drogues dures, elle a fait un choc. Pour être sur qu’elle ne survive pas, j’ai tailladé ses poignets pour que la perte de sang affaiblisse son cœur. Elle est morte en moins de 10 minutes, et les rapports d’autopsie ont conclu à un suicide. Elle est morte et je l’ai tué. Comme tu m’as appris à le faire.
Sa voix avant reprit un peu de force et de confiance à mesure qu’elle détaillait son geste. Elle avait très bien travaillé sur ce coup là, elle le savait. La terra n’avait eu aucune chance contre elle, elle n’avait laissé aucune empreinte, il n’y avait pas de trace de lutte. Le crime était parfait, ou presque. Presque, parce qu’il y avait eu un témoin. Un témoin qu’elle n’avait pas tué, parce qu’elle devait partir avant que le chien hurlant n’attire les curieux ou ne réveille les voisins. En pesant le pour, le contre, elle avait préféré laisser vivre cet homme plutôt que de prendre le risque de se faire attraper et de jeter l’opprobre sur son mentor. Elle n’avait pas pu avoir tort là-dessus aussi, non ?
Sujet: Re: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Sam 19 Sep 2015 - 23:33
Sa maigre provocation ne trouve pas d'écho. Pourquoi Charlie ne veut-elle pas lui faire cette fleur ? Après tout, il le mérite. La trahison est un principe difficile à assimiler pour le Norvégien. En temps normal, on reste loyal envers lui. Les ordres qu'il donne sont suivis scrupuleusement, ses conseils appliqués à la lettre. D'habitude, sa mutante est même la première à se plier à ses quatre volontés. Mais pas cette fois. Lorsqu'elle était venue le chercher, le soir de la fête des fondateurs, son dessein avait été clair : elle devait tuer Johan. Rien de plus, rien de moins. Un ordre parmi tant d'autres. Peut-être que cette énième tâche à réaliser a été celle de trop pour la blonde ? Roman ne se pose même pas la question. Là, tout de suite, il veut juste s'amuser de sa plus belle erreur depuis longtemps. A-t-elle tué cette autre mutante ? Comme souvent, les dires de Griske sont légitimes. En lui prouvant que le peu de 'confiance' (le mot étant plutôt fort en ce qui concerne le chasseur) qu'il a bien voulu lui accorder après tant d'années de collaboration est plus fragile qu'autre chose, la mutante est parvenue à éveiller en lui une méfiance nouvelle. Si tu l'as bien tuée, s'entend. La phrase semble rebondir entre les quatre murs de la petite cuisine, incapable de s'enfuir. Le maigre silence qui s'en suit est glaçant. Roman cherche à pousser Charlie dans ses derniers retranchements. C'est aussi simple que ça. Sa voix dure, lointaine, et ce regard qu'elle n'ose plus affronter, sont autant d'armes qu'il utilise à outrance pour que les choses passent, et vite. Même si l'ex-russe n'éprouve aucun remord à se comporter comme il vient de le faire avec la mutante, ce n'est pas non plus sa partie préférée du boulot. Enfin, tout dépend des jours. Avec Charlotte, l'avenir s'avère sans cesse incertain. Néanmoins, en lui mettant la main dessus, le Norvégien savait qu'il n'avait pas choisi la facilité. Elle possédait un certain caractère, un répondant inqualifiable et une force indéniable que le chasseur s'était mis en tête de maîtriser, et ce, par tous les moyens. La violence avait fait son bout de chemin au bout d'un moment. Le quinquagénaire avait une multitude de choix pour faire entendre raison à l'insolente qu'elle était alors, mais la brutalité avait semblé être la meilleure méthode à adopter avec Charlie. C'était un peu comme si la demoiselle avait eu le privilège d'indiquer sa punition favorite. Toutes les autres n'avaient pas eu l'effet escompté : la soumission totale de la dégénérée. Il avait donc fallu prendre les devants, au grand damne de Roman ! Ses sourcils se froncent. Son champ de vision se concentre sur les petits poings de la mutante qui se contractent, avant que sa voix ne reprenne peu à peu contenance. Si bien que Roman visualise la scène. Il imagine sans mal ses propres gestes à la place de son élève ; son cœur se réchauffe. Il sent les battements de ce palpitant terrible hurler leur contentement d'ouïr une telle histoire, avant de secouer la tête. « Du beau travail », qu'il souffle, le regard brillant. L'esprit dérangé de Griske ressort dans ce genre de moments. Comme lorsqu'il lève la main sur Charlie. L'idée que ses gestes propres et maîtrisés soient reproduits à la perfection par sa propre création insuffle à l'esprit du chasseur une satisfaction sans borne. Acquiesçant de façon brève, le Norvégien vient planter ses mains sur le dossier de la chaise où il était installé un peu plus tôt. Il laisse son regard détailler longuement les traits de Charlie. Il cherche à faire peser sur ses frêles petites épaules une certaine culpabilité, des regrets par dizaine même, si cela est possible. Même si elle s'en est bien sortie pour le cas de la terrakynésiste, avoir failli sur le cas Lachlan remet tout en cause, pour ne pas dire qu'il efface sans mal tout le reste. Un sourire en coin rehausse la joue droite de Griske. Il gagne un peu de temps, juste assez pour que Charlie mette de côté tout idée de le décevoir à nouveau. « Si je te dis que je t'ai faite suivre, Charlie... », débute-t-il de sa voix rauque, grave. L'ex-russe laisse le doute planer. La mutante peut croire ou non ce qu'il avance, là n'est pas l'important. Le quinquagénaire se sert juste de ça pour faire le point sur ses réactions. Va-t-elle confirmer ? Va-t-elle mentir ? A-t-elle menti ? Roman serait prêt à donner beaucoup pour le savoir. En attendant, il s'amuse de la tension qu'il espère créer dans l'esprit de la blonde. Un instant, Griske baisse le visage, juste pour pouvoir accrocher son regard à celui de sa jeune mutante. Si elle n'a rien à se reprocher, elle ne détournera plus le regard comme elle est en train de le faire depuis quelques instants. C'est un peu l'offre de la dernière chance que lui fait ici l'homme issu des pays froids, de façon plus ou moins indirecte. « Est-ce que tu maintiens ta version ? » Griske se met en tête de lui faire croire qu'il en existe une autre, alors que ce n'est pas le cas. Ou alors, il n'en a pas connaissance. Avec le temps, l'homme a appris que la manipulation fait partie des meilleurs moyens pour obtenir ce que l'on désire. Encore plus lorsqu'on se trouve en présence de mutants. Roman s'est toujours dit qu'ils possédaient une certaine tendance au mensonge et à la corruption ; sur ce point-là, ils ne sont peut-être pas si différents, mais ils ne sont surtout pas aussi malins que lui. Et Charlie a beau faire partie de sa vie depuis de nombreuses années maintenant, elle n'en reste pas moins l'une d'entre eux. « Rien à ajouter ? », qu'il approfondit avec un petit sourire mauvais sur les lèvres. Griske n'a plus qu'à se montrer patient. Enfin, autant qu'il en est capable ; c'est-à-dire miser sur les dernières réserves de patience bafouée par la colère qui l'a envahi un peu plus tôt, ce qui est une très mauvaise idée.
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Sujet: Re: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Dim 20 Sep 2015 - 9:31
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Charlie & Roman
Charlie reprenait doucement du poil de la bête, bien que la situation soit encore clairement désagréable, et qu’elle n’osait pas encore bouger plus d’un orteil à la fois. Certes, le compliment de Roman lui allait droit au cœur, mais l’odeur et le gout de son sang sur sa langue l’empêchait d’en jouir comme elle aurait pu le faire quelques minutes plus tôt, avant son accès de colère. Tant pis, ce serait pour une prochaine fois. Elle soutenait à présent le regard brillant de Roman, incertaine de comprendre tout ce qu’il pouvait contenir : il y avait de la satisfaction, un peu, même s’il ne le dirait pas vraiment clairement, mais il y avait d’autres choses aussi. Ça devait carburer à toute allure dans le cerveau de son mentor, parce que plusieurs éclats différents passèrent dans ses prunelles, avant qu’il n’ouvre la bouche : du doute, de la méfiance, puis une sorte d’amusement, quelque chose d’un peu … Tordu. Finalement, il lâcha une bombe qui serra la gorge de la mutante chasseresse. LA suivre. Il l’avait fait suivre. Pourquoi, Comment ? La révélation vexa plus la mutante qu’elle ne la surprit : d’abord, comment pouvait-il oser douter de sa bonne foi, elle qui le prévenait du moindre de ses déplacements, de la moindre découverte, du moindre échec et de chaque succès ? Elle était l’ombre de son ombre, plus fidèle que tous les animaux recueillis à la SPA réunie, jamais il ne lui viendrait ne serait-ce qu’à l’idée de le trahir. Alors pourquoi la surveiller comme ça ? Etait-ce sa fidélité qui était remise en cause, ou tout simplement sa compétence ? C’était cette question-là qui la blessait le plus : si elle n’avait pas été capable de s’apercevoir qu’elle avait été suivie, est ce que cela faisait d’elle un mauvais agent ? Ne tuait elle pas assez rapidement, assez discrètement ? S’était-elle ramollie à mesure que Roman lui laissait un peu plus d’autonomie ? Autant de questions pour un cerveau qui n’avait pas tant l’habitude de s’en poser, ce n’était pas vraiment évident. Aussi, elle ne put pas s’empêcher de lâcher un triste, mais néanmoins piqué :
- Mais … Pourquoi faire ?
Elle savait que Roman ne répondrait pas à sa question d’ailleurs il continuait déjà sur sa lancée. Elle levait les yeux à mesure qu’il descendait les siens sur elle. Qu’elle reste assise ou debout, de toutes façons il la dominait de vingt bons centimètres et d’une quinzaine d’années de sévices, alors c’était pas maintenant qu’elle allait changer ça. La question lui fit se pincer les lèvres, comme si une odeur désagréable s’était insinuée dans la pièce. Bien sûr qu’elle maintenait sa version, elle avait Vraiment tué Juliet Tod comme ça, avec rapidité et précision, mais était ce de ça dont Roman parlait ? Et si sa « taupe », qu’elle écorcherait vive dès que l’occasion se présenterait, lui avait rapporté son comportement avec … Lockhart, voilà, il s’appelait Lockhart.
- Je reste sur MA version. Tod est morte proprement et de mes mains Apres … *elle hésita, avant de soupirer. De toute façon, elle ne gagnerait jamais à ce jeu là, autant en finir vite* Il y avait quelqu’un d’autre dans la rue ce soir là. J’ai pas su quoi faire.
Elle l’avait bien chahuté, mais il était vrai qu’elle ne l’avait pas tué. La raison était toute simple : elle devait faire un choix, et elle avait été incapable de le faire. Suivre des ordres, elle était on ne peut plus roder, mais prendre une initiative ? Elle en perdait souvent tous ses moyens. C’était surement là la principale faille dans « l’éducation » de Roman concernant la mutante : à trop vouloir briser sa volonté pour la soumettre à la sienne, il l’avait fait perdre en autonomie et en réactivité. Si Lockhart l’avait attaqué, elle se serait défendu sans aucun problème, mais là, il était juste resté là, pétrifié devant elle comme un souriceau face à un chat. Elle y avait donné des coups de pattes, mais pas de crocs. Trop de questions dans sa tête à ce moment là, pas assez de réponses : et si elle ne devait PAS le tuer ? Et si c’était un « comme elle », qui appartenait à quelqu’un ? elle ne pouvait pas abimer la propriété d’un autre hunter sans le vouloir … Et puis le temps avait jouer contre elle, et elle avait du partir en laissant un mutant certes traumatisé, mais presque indemne.
A nouveau, Charlie baissa la tête, consciente que cette fois ci encore, Roman allait surement se mettre en colère. Si il lui permettait, elle essayerait d’argumenter, de défendre son point de vue du mieux qu’elle pourrait. Sinon, elle subirait son mécontentement en silence, comme depuis des années, en priant simplement pour qu’il ne la tue pas, cette fois ci …
Sujet: Re: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Jeu 24 Sep 2015 - 15:03
Je n'ai pas su quoi faire. Griske arque un sourcil. Il n'imaginait pas entendre cela. Il ne sait même pas comment c'est possible, de ne pas savoir quoi faire d'une personne qui vous a aperçu en abattre une autre (qui plus est, en ces temps incertains, une mutante). Au final, il est plutôt bien tombé en réclamant un compte-rendu du cas Todd. Laissant un instant ses doigts cogner les uns après les autres sur le dossier de la chaise sur laquelle il est appuyé, Roman s'en éloigne soudain, la faisant racler sur le sol. Il ne prend pas le temps de s'embêter à lui poser mille questions : était-ce un mutant ? Un simple humain ? Une femme ? Un homme ? Si l'inconnu dont ils parlent ici avait été un chasseur, elle l'aurait sans doute déjà précisé. Non, il ne perd pas de temps ou d'énergie à plus se renseigner sur la personne et préfère se concentrer sur le problème Charlie. L'esprit ailleurs, il s'approche de l'un des tiroirs et l'ouvre d'un coup sec. Plongeant sa main à l'intérieur, il en sort un couteau pliant dont le manche est d'un épais bois clair, avant de revenir prendre place en face de Charlie. Durant ce court laps de temps, son index et son pouce droits sont venus agripper le bout de la lame fine, juste après l'avoir ouvert. Plongeant ses prunelles sombres dans celles de la mutante, il vient de saisir du premier poignet qui lui tombe sous la main de la même poigne que précédemment, même si moins énergique. Le geste est catégorique, impossible de s'y refuser. « Prends ce couteau. » Son ton se veut presque mécanique. Plus il se fera distant, mieux elle comprendra par la suite où il veut en venir. Si Charlie ne se remémore pas les enseignements qu'il a mis tant de temps à lui inculquer, alors il faudra tout recommencer, ce qui reviendra à une perte considérable pour lui comme pour elle. Et c'est ce que personne ne veut, n'est-ce pas ? « Je veux que tu me coupes. » L'ex-russe laisse le dos de sa main s'écraser contre le bois de la table. Il offre ce privilège à la blonde sans détour. Il vient à l'instant de lui faire mal physiquement, à présent il a besoin de savoir s'il peut encore lui en faire psychologiquement. S'il perçoit dans son regard et ses gestes une quelconque résistance à faire ce qu'il quémande, pour ensuite souffrir en étant contrainte de s'y résoudre, alors il saura que son emprise est encore bel et bien présente. Dans tous les cas, le Norvégien sait qu'il sortira de cet échange vainqueur. Charlie a besoin d'un petit retour aux sources bénéfique. « Fais-le », qu'il insiste, tandis que ses traits restent de marbre, incapables d'esquisser le moindre sourire depuis qu'il s'est détourné d'elle pour mettre la main sur l'arme qui permettra de remettre toute la machine en marche. Ne détachant pas son regard du visage de Charlie, le chasseur profite de chacune de ses réactions. Il s'amuse intérieurement à repérer chaque grimace ou détail de satisfaction infime qu'il observe ou qu'il pense remarquer, sans pour autant faire la moindre allusion. Seule la petite aiguille de l'horloge sur le mur au-dessus de leurs têtes rythment le moment. Lorsque la lame s'enfonce dans sa chaire déjà brûlée au préalable par Johan, Roman ne tique pas. Aucun mouvement ne vient perturber la plénitude de l'instant. Au bout de quelques secondes, alors que le couteau n'est qu'à moitié chemin, le quinquagénaire desserre enfin les dents. Ses pupilles dilatées s'égarent un instant sur le travail précis de son gentil petit soldat, avant qu'il ne se décide à briser le silence. « Chaque fois que tu laisses un mutant s'en sortir vivant, imagine-toi que c'est toi qui me blesses... » Tout comme maintenant, évite-t-il d'ajouter, tant c'est évident. Roman cherche à créer chez elle un automatisme singulier. Si Charlie faillit à la tâche, alors il 'souffrira'. Physiquement comme mentalement. Et l'homme est persuadé que c'est une chose qu'elle ne peut endurer. En théorie, la demoiselle ne peut tolérer un tel cauchemar ; mais si ce n'est pas encore le cas, après ce petit travail version séance thérapeutique à la Griske, le problème sera résolu. Charlie termine son œuvre. Le couteau vient cogner contre le bois, tandis que le sang s'écoule de la plaie de Roman. Néanmoins, il ne bouge pas, accorde même peu d'importance à sa nouvelle blessure. Son être y est plus qu'habitué, maintenant. Non, ce qui l'intéresse, c'est d'ajouter une suite à ses dires pour ne pas perdre cette connexion particulière qui vient de s'installer entre lui et sa mutante. Un sourire vient enfin ponctuer ses mots. Il fixe Charlie d'un étrange regard qui veut en dire long. « Et que dès que tu en tues, tu répares d'une certaine façon mes blessures. » Roman Griske n'en a pas beaucoup, voire aucune, mais il cherche à rappeler à Charlie pourquoi elle fait encore partie des vivants de ce monde, en se jouant principalement de ses sentiments et émotions. Le chasseur la manipule depuis tant d'années qu'il a réussi à deviner chaque faiblesse de son être et sait appuyer sur les plus sensibles quand il le faut. Serrant la main, il se relève enfin de sa position assise et part se saisir d'un torchon qui traîne sur l'un des plans de travail près de lui. Alors qu'il tourne le dos à la mutante, il se met à énumérer quelques conseils qu'il a pus lui donner lorsqu'ils n'étaient pas encore à Radcliff. Ces derniers remontes à des années comme à des instants plus récents, tout en possédant une résonance qui s'adapte sans mal à chaque époque. Sa main saine et sauve s'affaire à entourer sa paume du tissu blanc pour atténuer le flot d’hémoglobine qui s'évade de sa peau malmenée. « 'Ne jamais leur faire confiance est la leçon numéro une. (…) Ils ne sont pas comme nous, car leurs vies ne représentent rien en comparaison des nôtres, ne pas l'oublier. (…) Lorsque l'un d'eux doit périr pour le bien de tous, il ne doit rien en rester. (…) Le corps peut rester inerte sur le sol si tu n'as pas le temps de l'embarquer, ce n'est pas le plus important. Plus aucune trace de vie ne doit subsister près du dégénéré si ce n'est la tienne, conquérante.' » Griske se retourne alors, imposant comme souvent sa présence malsaine, presque entouré d'une aura à la fois calme et terrible. « Est-ce que tu peux me citer autre chose dont tu te souviens ? », qu'il lui demande. Son regard métallique glisse sur le couteau encore présent devant Charlie, tatoué de quelques tâches de sang, ce qui s'inscrit à la perfection dans son idée de la faire réfléchir à tout ce qu'elle peut dire ou faire. « Car si je n'ai pas réussi à marquer la mémoire de ma propre mutante, je vais commencer à me poser des questions concernant les autres... », qu'il se met à plaisanter, ce qui détend assez ses épaules pour apparaître plus sympathique, malgré ce qui peut se lire dans le fin fond de son regard et qu'il ne parviendra sans doute pas à révolutionner de si tôt. « Après, je te ferai une proposition pour, disons... arranger les choses. »
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Sujet: Re: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Ven 25 Sep 2015 - 22:18
I never wanted to disappoint you ...
Charlie & Roman
Elle s’attendait à quelque chose de plus … explosif, à vrai dire. Une bonne taloche, un coup de pied dans les côtes, un poignet tordu jusqu’à l’entorse, quelque chose de bien physique, bien douloureux. Au lieu de cela, il se décida à une punition qui, aux yeux de Charlie était encore pire. Elle écarquilla ses deux grands yeux bleus en comprenant ce que signifiait les allers et venues de Roman dans la cuisine : un instant, elle envisagea qu’il la face jouer au « jeu du couteau » avec sa propre main, ou qu’il y joua lui-même : elle était familière de cette petite distraction où l’un des deux posait sa main sur la table, bien à plat, et que l’autre devait taper la pointe du couteau entre chaque doigt, de plus en plus vite. Et devinez quoi, c’était toujours Charlie qui posait sa main, et Roman qui testa son agilité. Evidemment, il était très fort à ce jeu, mais parfois, sous l’emprise de l’alcool et de l’énervement, il lui était arrivé de lui piquer, voire de lui percer la membrane entre le doigt de son gros couteau de boucher. Et vu l’arme qu’il lui proposait, ça n’allait pas faire du bien. Finalement, ce qu’il lui ordonna l’effraya encore plus, et elle porta même sa main à sa bouche avec un air horrifié :
- NON !
Elle faillit même retirer sa main lorsqu’elle comprit où il voulait en venir : se mutiler, c’était une chose. Faire du mal à Roman, à Son Roman, c’était … juste, juste inconcevable. Non, elle ne pouvait pas, vraiment, c’était au-dessus de ses forces. Le couteau tremblait dans sa main, si fort qu’il manqua de tomber alors que les larmes coulaient à présent bien plus franchement sur ses joues, impossible à contenir. Une série d’émotions toutes plus déchirantes passèrent sur le visage de la jeune mutante, de la tristesse au désespoir, du désespoir à l’angoisse, puis le doute. Elle devait obéir, toujours obéir, mais comment obéir quand ça allait contre ses convictions les plus profondes ? Elle n’en avait pas beaucoup pourtant, des convictions, mais celle de ne jamais, jamais blesser Roman était profondément ancrée en elle. Ça lui faisait mal, tellement mal de voir son regard serein sur elle, conscient qu’elle allait le faire, tout en attendant qu’elle se décide à se plier à sa volonté. Une conviction face à un désir. Charlie contre Roman. Et Roman gagnait toujours.
- Je suis tellement, tellement désolée Roman … Pardonne moi…
Elle raffermit sa prise sur l’arme et la leva au-dessus de la main déjà bien abimée de son mentor, et l’enfonça d’un geste sec, enfonçant la lame pour la retirer aussi rapidement qu’il l’était humainement possible. Avant qu’il ait eu le temps de faire quoi que ce soit d’autre, de rajouter le moindre mot, elle posa sa propre main gauche sur la table et se planta cette fois ci sans la moindre hésitation, s’empalant sur la table sans même un sursaut de frayeur. Si Roman devait souffrir, elle devait s’infliger au moins autant de mal. Sinon elle n’y survivrait pas. Elle resta muette, docile, le temps de l’explication de Roman. Elle fixa sa plaie sans même faire attention au sang qui coulait de sa propre blessure. Son sang était moins important que celui de son mentor, et de loin. Aussi, elle s’abreuvait de ses paroles, qui ne passaient plus dans aucun filtre, s’imprimant directement dans son cerveau. Tuer des mutants, tuer tous les mutants. Même ceux qui sont gentils, ceux qui ont l’air d’être amis, ou d’être de son coté. Son seul ami, son seul côté, c’était Roman, et personne d’autre. Les autres, c’était du luxe, du facultatif, du secondaire. L’important, c’était Roman, et ce serait toujours Roman. Mériter la confiance de Roman, faire confiance à Roman. Oui, elle connaissait ses leçons, des commandements simples et rassurants. Les piliers de sa vie, de sa nouvelle vie de liberté, sous la houlette bienveillante de Roman, de son guide, de son sauveur. Elle acquiesça timidement, essuyant vivement les larmes qui perlaient encore autour de ses jolis yeux clairs, avant de reprendre d’une voix douce, presque calme. Soumise.
- Règle numéro 2 : les mutants sont tous des monstres. Même les vieillards, même les enfants. Il n’existe pas de gentils mutants, ni de mutants inoffensifs. Ils doivent tous être maitrisés ou éliminés. Il n’existe pas d’exception à la règle.
Elle n’était pas gentille. Elle n’était pas inoffensive. Elle avait juste été maitrisée, instrumentalisée, et c’était ce qui lui valait d’être encore en vie, que Roman ait été en mesure de faire d’elle un outil beau et utile. Elle leva ses yeux délavés par les sanglots et la peur vers Roman, malgré une certitude d’avoir bien répondu : même sous la torture elle aurait pu réciter ses règles, elles étaient inscrites en elle aussi surement que si on les lui avait tatoué dans sa chair. Aussi, elle sourit très timidement à sa tentative d’humour de Roman, calmant ses derniers frémissements, avant de se redresser un peu, interpelée par la dernière phrase de son mentor :
- Tout ce que tu veux, toujours. N’importe qui, n’importe quand, je suis à ta disposition… Enfin, euh, je t’écoute.
Reprenant un peu ses esprits et enfin un peu de contenance, elle se redressa sur sa chaise, et sembla prendre enfin conscience de sa propre main estropiée attrapant un torchon pour l’enrouler à la hâte en rougissant un peu. Elle était toute ouïe, presque impatiente de trouver le moyen de se rattraper auprès de son mentor …
Sujet: Re: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Mer 14 Oct 2015 - 14:08
Roman sait que c'est mal. Il sait que ce n'est pas normal de terroriser quelqu'un, de lui imposer chacune de ses volontés. Ce n'est pas un comportement sain, des choses qui se font dans une vie simple. Malheureusement, Charlie est tombée dans les griffes d'un homme qui n'y ressemble plus, à certains moments. L'ex-russe se laisse aisément happer par un état second, un besoin de connecter les autres à sa réalité détraquée (voire sanguinolente). L'homme des pays froids cherche à choquer pour incruster dans l'esprit de l'autre des souvenirs terribles. Il veut que ça bouleverse de l'intérieur, que ça remette en question les certitudes les plus ancrées. La mutante représente son plus bel exemple de succès. Ce qu'a réussi Roman, avec elle, c'est une chose qu'il n'aurait jamais pensé possible un jour. Auprès de lui, Charlie s'oublie. Elle s'évapore et ne devient plus que l'ombre d'elle-même, faisant naître une satisfaction sans borne chez le quinquagénaire. Le lien qui s'est établi entre eux, bien que par la force, ne pourra jamais être détruit. Pour Roman, ce dernier est peut-être le seul qu'il est parvenu à faire perdurer aussi longtemps. Même sa famille ne possédait pas une telle connexion avec lui. Preuve qu'obliger les autres à nous comprendre et à nous suivre peut être positif. Du moins du point de vue de Griske. Son visage mordu par le feu laisse apparaître un sourire tordu. Les paroles de sa mutante sont réconfortantes. Elle n'a pas oublié. « Pas d'exception à la règle », qu'il répète même doucement. Roman valide à sa façon, en reprenant les termes bien pensés pour y ajouter une dose de menace à sa sauce. Rendant toujours les choses plus singulières, irremplaçables. Ce genre de moments complices, ils n'en auraient pas toute leur vie. Observant longuement la main blessée de Charlie, l'homme se décide à ouvrir le tiroir d'où il a sorti un premier torchon avant d'en tendre un second à la mutante. Il n'a pas non plus envie qu'elle se vide de tout son sang sous ses yeux. « Tiens. » Son ton est presque avenant. Roman apaise les tourments de la blonde alors que son enthousiasme quant à sa prochaine révélation ne peut être masqué. Amusé, le Norvégien veut tout de même jouer sur une notion qu'il affectionne tout particulièrement (sans peut-être la maîtriser réellement) : le suspense. Haussant les épaules, le quinquagénaire laisse ses prunelles se balader sur la coupure de sa paume avant de commencer son petit discours. « Pour l'instant, je ne vais pas te dire son nom », qu'il l'informe d'une voix calme. Seulement, Griske ne peut bien longtemps avant d'essayer de ménager son effet. Il sait que Charlie sera ravie de partir rendre visite à un mutant avec lui. Ça fait un moment qu'ils n'ont pas eu l'occasion de faire ça ensemble, rien que tous les deux, pas séparés ou éloignés l'un de l'autre, alors le chasseur trouve que c'est l'occasion rêvée. « C'est une surprise », qu'il reprend. « J'adore les surprises, pas toi Charlie ? » Sa question n'est pas anodine. La vie auprès de Roman Griske est remplie de surprises, toutes plus incroyables les unes que les autres, toutes plus surprenantes et inattendues. Qui aurait pensé une seule seconde que Charlie ressortirait de leur échange matinal avec des coups ? Personne. Surprise. Roman en raffole, pour sûr depuis l'enfance. Il aime tous ces sentiments qui s'entremêlent rien qu'à y songer, alors imaginez lorsqu'il se trouve face à une surprise qu'on lui fait, ou lorsqu'il est à l'initiative de la chose. C'est un peu son pêché mignon. Et, lorsque cette future surprise prendra place chez son cher Seth, le plaisir n'en sera que redoublé. « Ça fait un petit moment que je n'ai pas vu cette personne, et je pense qu'un petit rappel de mon existence ne lui fera pas de mal. » Depuis leur dernière entrevue, Roman a continué à suivre les faits et gestes du mutant. Il s'est renseigné auprès de certains de ses « amis », comme la demoiselle aux cordes vocales démesurées Moira, et prépare une nouvelle intervention dans son existence depuis un petit moment. L'ex-russe n'apprécie pas d'être berné. De plus, il a appris il y a peu de temps, pour ne pas dire tout à l'heure, qu'il n'aurait jamais sa revanche sur Johan. Qui de mieux que le sablé vivant pour assouvir cette vengeance avortée ? « Même à l'aveugle, es-tu partante pour venir avec moi ? », que Roman s'enquit en se rapprochant de Charlie pour venir déposer sa main propre sur sa chevelure, dans un geste trop tendre, possessif. Comme si la mutante n'était rien de plus que son fidèle animal de compagnie. « Je te promets qu'on va bien s'amuser. » A force de la guider dans cette idée, elle ne peut qu'y croire. Afin de la rattacher pour de bon à sa cause, le chasseur abaisse son visage à sa hauteur pour venir remplacer sa paume sèche par deux lèvres aussi abîmées, dans un baiser presque démesurément délicat pour être digne de lui. Si l'homme veut que sa création le suive aveuglement, la confiance se doit d'être intacte. Et s'il est capable de se montrer incontrôlable, il sait aussi démontrer un talent certain pour la manipulation de l'esprit d'autrui. En particulier celui de Charlie.
Spoiler:
Toute cette attente pour ça, je suis désolée. dis-moi s'il faut que je modifie quelque chose.
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Sujet: Re: [Romarlie] "He who does not trust enough, Will not be trusted " Lun 19 Oct 2015 - 22:32
I never wanted to disappoint you ...
Charlie & Roman
Roman lui sourit, et c’est comme si l’étau qui lui serrait la poitrine se desserrait d’un seul coup, comme si la cage emprisonnant ses poumons volait en éclat et lui permettait enfin de respirer normalement. Elle ne voyait pas le vice dans la grimace tordue du chasseur, mais après tout qui pouvait lui en vouloir ? Roman l’avait formaté, modelé à l’image que son esprit détraqué se faisait du bon petit soldat, mais plus que ça encore : il avait créé un lien affectif si fort entre eux que lorsqu’ils étaient ensemble, elle ne voyait que par ses yeux, ne riait que pas sa bouche, sans plus être capable de penser toute seule. Il était son sauveur, presque son père, celui qui s’était occupé d’elle depuis tant d’années qu’elle ne se souvenait plus d’aucune autre chaleur que celle de ses bras qui, parfois, l’avaient enlacé alors qu’elle tremblait après avoir du se tenir à peine vêtue dans la neige, parce qu’elle n’était pas suffisamment forte. Il était la seule personne à l’avoir complimenté, lui avoir offert de jolies choses, à lui avoir permis de s’épanouir pour être celle qu’elle était aujourd’hui. Le tuteur avait tordu sa personnalité comme l’on dessine la croissance d’un rosier, mais au moins lui avait-il permis d’avoir quelques fleurs, parmi les épines. Elle le remercia muettement pour le torchon, d’un mouvement de la tête, la levant ensuite vers lui avec un air curieux : une surprise ? En général, qui disait surprise disait défi, et récompense, et les lèvres de Charlie s’étirèrent à mesure que son propre visage s’illuminait :
- J’adore ça aussi Roman ! Mais je peux pas avoir un tout petit, petit indice ?
Elle continuait à l’écouter attentivement, alors que toute trace de larme avait disparu de son visage à présent plus détendu : c’était ça aussi la magie de la relation entre Roman et Charlie, ils pouvaient tous les deux passer d’un extrême à l’autre, de la rage noire à l’excitation enfantine en moins d’une minute. Une expression gourmande passa sur ses lèvres alors qu’elle portait la serviette a ses lèvres pour serrer le nœud qui la collait à sa plaie : à priori, ce genre de petite descente était hilarante, le pauvre hère ne comprendrait pas ce qui lui arriverait quand elle lui exploserait un genou à coup de batte de baseball, ou qu’elle aspirerait son énergie jusqu’à ce que son cœur s’essouffle lentement. Quand elle le faisait, elle sentait le regard fier de Roman sur elle, et elle adorait ça. Elle leva le menton quand la main de Roman se posa sur son crâne pour s’enfoncer dans sa chevelure blanche : il fut un temps où ce geste lui déclenchait des spasmes de terreur, mais elle savait les apprécier maintenant. C’était un geste paternel, possessif, mais tellement important : quand il faisait ça, elle se sentait importante pour lui, irremplaçable même peut être. Aussi elle tendit le cou comme un matou friand de caresses, alors que ses paupières se fermaient à demi :
- Bien sur que je suis partante, j’irais partout à tes côtés, tu le sais bien …
Evidemment qu’il le savait, mais elle, elle savait qu’il aimait qu’elle le lui rappelle. Elle ramena ses jambes à sa poitrine et, ainsi perchée, fixa Roman avec un regard plein d’affection et de tendresse. Un vrai chiot, qu’il pouvait siffler à loisir, et elle accourrait, elle viendrait toujours. C’était bien là tout le génie du travail de Griske sur la jeune femme : Elle tenait à lui sincèrement. Ses sentiments n’étaient pas fins, ils étaient peut être construits de toute pièce, mais ils étaient sincèresElle tuerait pour lui, elle donnerait sa vie pour lui. Sans savoir que la réciproque n’existait probablement pas …