Sujet: Re: leçon d'histoire (maloys) Ven 16 Oct 2015 - 18:43
leçon d’histoire
Malachi accepta la compassion d’Aloys sans difficulté ni apitoiement. Il avait l’habitude de voir un peu de pitié dans le regard de ses interlocuteurs mutants quand ils apprenaient que sa blessure était due à une attaque « raciste », anti mutante. C’était triste, bien sur, mais terriblement commun à toutes les minorités, quand on y réfléchissait. Il avait appris à vivre avec, ou plutôt sans sa jambe, et avec l’idée qu’était cette injustice. Il avait laissé sa jambe artificielle aux bons soins du docteur pour s’occuper, à sa façon, du mal être de son étudiante. La séance de motiopathie terminée, La jeune femme s’était adressée à Aloys d’un ton courtois et intrigué, auquel il avait répondu de sa voix claire et naturellement théâtrale, déposant un rapide baiser sur sa main, geste que la demoiselle n’avait surement jamais vu que dans les films d’époque. Elle battit des cils, surprise et peut être même un peu charmée par le phrasé désuet de l’inconnu :
- Oh, je suppose que le professeur fait cet effet à de nombreux mutants… J’ai moi-même dévorée son ouvrage à sa sortie, alors que je venais tout juste de me faire dépistée … Tout paraissait si clair, si … naturellement dans l’évolution du gêne, dans un sens, ça m’a aidé à me sentir moins … différente …
Elle jeta une nouvelle œillade complice à Malachi qui lui rendit son sourire, avant de regarder sa montre en grimaçant :
- Je vais être en retard… J’ai été enchantée de faire votre connaissance, à vous et à votre … Gaité, c’est rafraichissant, vraiment ! Oh, et je m’appelle Alma, Alma Suarez, si jamais vous revenez sur le campus et que vous me voyez, n’hésitez pas à m’interpeler, je suis toujours contente de croiser un congénère !
Elle battit de ses longs cils en frange épaisse puis fila, fermant la porte soigneusement derrière elle, alors que Malachi sautillait en direction du fauteuil pour reprendre sa place : l’état émotionnel de la jeune femme n’était pas catastrophique, mais il avait du forcer légèrement sur son don pour l’installer dans une sérénité suffisamment ancrée pour qu’elle demeure encore une dizaine de minutes après son départ. Par conséquent, les iris du professeur s’étaient légèrement éclaircis : ils n’étaient pas encore fluorescents, mais le changement de couleur était remarquable pour qui se tenait suffisamment près.
- Belle pièce n’est ce pas … Je suis navré de ne pas pouvoir vous la prêter plus longtemps mais je dois l’avoir pour rentrer chez moi … La moto en unijambiste c’est un peu dangereux, question d’équilibre de la machine …
Alors qu’Aloys lui rendait la prothèse, il la rattacha avec précaution, avant de la dissimuler sous le bas de son pantalon : une fois en place, il n’était pas possible de deviner que le professeur était « incomplet ». Ce dernier tenta de se reconcentrer sur l’ouvrage ouvert sur la table, mais il semblait que la Terre entière semblait s’être souvenue de son existence : son téléphone se mit à sonner avec insistance, alors que son ordinateur « bipait » à chaque nouveau mail. Il regarda l’heure et comprit : il était plus de dix huit heures, et l’activité nocturne des uprisings se préparait : dans quelques heures, les agents de mission rôderaient dans les rues pour affronter les hunters, alors qu’il accueillerait d’autres mutants susceptibles de se faire rafler. Il devait quitter son costume de gentil professeur d’histoire pour devenir l’un des mutants le plus influent de la ville, quoi qu’il en dise. Le manoir Porter était une institution pour beaucoup de mutants du coin, et sa découverte par les chasseurs seraient une véritable catastrophe. Il releva des yeux contrits vers Aloys :
- Je suis vraiment navré, mais je vais devoir quitter les lieux. Peut être pouvons nous essayer de nous fixer une date, pour une prochaine rencontre ? J’aimerais vraiment pouvoir à nouveau profiter de vos lumières, si vous en avez le temps et la patience …
Maxence Sanderson
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Sujet: Re: leçon d'histoire (maloys) Jeu 22 Oct 2015 - 17:12
leçon d’histoire
Il est difficile de croire qu’Aloys accumule les décennies lorsqu’on le voit ainsi s’émerveiller tant devant un livre sur les mutations que devant la gentillesse d’un Professeur d’université, la gentillesse d’une élève venue chercher quelque chose s’apparentant à un recalibrage émotionnel ou encore l’utilisation d’une mutation juste devant lui, si naturellement d’ailleurs que ça le déstabilise. Il est difficile de croire que cet homme maladroit qui s’encombre d’un baisemain au vingt-et-unième siècle a pu et su gérer un vaste domaine avant même d’avoir vingt-cinq ans. En fait, s’il faut résumer le tout, il est difficile de croire qu’Aloys est le même homme qu’il y a des décennies voire simplement des années et ce n’est pas une illusion : il change. Imperceptiblement. Tout en restant si détaché du monde qu’il y est trop attaché d’une certaine manière. Tout est naturel, chez lui, de ses réactions face à la demoiselle à ses balbutiements dans une oscillation constante entre l’assurance et la timidité. - Oh, je suppose que le professeur fait cet effet à de nombreux mutants… J’ai moi-même dévorée son ouvrage à sa sortie, alors que je venais tout juste de me faire dépistée… Tout paraissait si clair, si… naturellement dans l’évolution du gêne, dans un sens, ça m’a aidé à me sentir moins… différente… Il lui offre un sourire, acquiesçant à ses propos. « C’est tout à fait normal, j’ai été à votre place, miss, je comprends à ma mesure ce par quoi vous êtes passée. » - Je vais être en retard… J’ai été enchantée de faire votre connaissance, à vous et à votre… Gaité, c’est rafraichissant, vraiment ! Oh, et je m’appelle Alma, Alma Suarez, si jamais vous revenez sur le campus et que vous me voyez, n’hésitez pas à m’interpeler, je suis toujours contente de croiser un congénère ! Aloys se sent rougir devant ce qu’il considère comme être un compliment. Sa main glisse dans ses cheveux pour les remettre – inutilement - en place, descend dans sa nuque avant qu’il se souvienne que cela ne se fait pas. Il suit du regard le professeur se réinstaller, récupérer sa jambe, se surprend à sourire face à l’incongruité de la situation.
Aloys remarque dès qu’il regarde à nouveau le professeur dans les yeux leur couleur si particulière, s’étonne de pas l’avoir notée un peu plus tôt. Oublie ce petit détail dès que l’homme reprend la parole. - Belle pièce n’est ce pas … Je suis navré de ne pas pouvoir vous la prêter plus longtemps mais je dois l’avoir pour rentrer chez moi… La moto en unijambiste c’est un peu dangereux, question d’équilibre de la machine… Un petit rire lui répond, Aloys ne peut s’empêcher d’observer avec attention l’homme replacer la prothèse avec l’aisance de l’habitué, ne peut même s’empêcher d’être d’une certaine manière émerveillé par l’ingéniosité du mécanisme. Se concentrer à nouveau sur l’ouvrage et aux différentes annotations écrites dans les marges lui semble actuellement hors de portée. Pourtant, Aloys fait l’effort de chasser de son esprit la jeune mutante, la mutation si particulière du professeur, essaye de se resituer dans le temps – il se souvient que s’ils étaient partis de l’exposition universelle de 1900, leur conversation avait un peu dérivé – mais leur réflexion est une nouvelle fois interrompue par le téléphone. Aloys n’est peut être pas très futé, il comprend vite que la soirée ne fait que commencer et qu’il va devoir prendre congé sous peu. Il ne voudrait surtout pas mettre mal à l’aise le professeur qui lui a déjà octroyé suffisamment de son temps libre.
Aussi n’est-il pas étonné de voir le regard du professeur Porter se troubler et s’excuser. - Je suis vraiment navré, mais je vais devoir quitter les lieux. Peut être pouvons nous essayer de nous fixer une date, pour une prochaine rencontre ? J’aimerais vraiment pouvoir à nouveau profiter de vos lumières, si vous en avez le temps et la patience… Aloys se lève, naturellement, dans un sourire pour rassurer l’homme qu’il n’y a aucun mal et qu’il comprend parfaitement. Il tend une main chaleureuse, bien plus affirmée que ses bégaiements un peu plus tôt dans l’amphithéâtre de l’université. « Je comprends tout à fait, professeur. Je vous remercie déjà pour le temps que vous avez bien voulu m’accorder, cette discussion était tout particulièrement passionnante. » Il est inutile de mettre en avant la sincérité d’Aloys : cet homme est incapable de mentir ou de brider sa spontanéité naturelle. Sa main file d’ailleurs à l’intérieur de sa veste, extirpe un portefeuille d’où il sort une carte de visite précisant et sa fonction à l’hôpital de Radcliff, et son nom, et son numéro de téléphone. Il la tend au professeur. « Ce sera avec plaisir, je vous laisse l’ouvrage si vous voulez le feuilleter, n’hésitez surtout pas à m’interroger si des détails vous semblent inadéquats ou si mes précisions restent floues. Je suis médecin depuis bien trop d’années pour que mon écriture ait réchappé à la malédiction qui touche les docteurs. » Une inspiration, et voilà qu’Aloys prend une nouvelle fois congé du professeur, ne voulant pas s’imposer plus longtemps surtout si l’homme à à faire dans la soirée.
Il espère pouvoir le revoir et, qui sait, pouvoir rencontrer d’autres mutants avec qui discuter. S’il est bien conscient que même parmi les autres transmutants, il reste une exception de par sa longévité, Aloys aimerait se rendre plus compte de ce qui l’entoure et surtout de ceux qui l’entourent.