Ma main se serre, très fort. La douleur me transcende le corps comme ci on voulait me le couper en deux. Ma poitrine se plaque contre le dossier molletonné du siège de dentiste. Je regarde ma petite-amie, essayant de lui sourire pour la rassurer. J'aurais bien aimé vous dire que je suis chez un dentiste et qu'il me soigne une carie, mais c'est bien plus … différent. En effet, je suis le ventre contre le grand siège et non l'inverse. Autour de moi, des aiguilles, un homme balaise et elle, ma chérie. Je serre sa main dans la mienne. ❝ Tiens le coup, Rayan, ce sont plus que les dernières lignes. ❞ Elle s'approche de moi et dépose ses lèvres contre les miennes. Automatiquement, je me sens apaisée et pendant quelques secondes, j'ai oublié cette douleur qui pourrait presque me tuer. J'ai une peau vraiment sensible, douce à toucher mais tellement fragile. Heureusement que j'ai mon anti-douleur à coté de moi. ❝ Ce sont les lignes les plus longues à faire, oui ! ❞ Je ris nerveusement alors qu'au bout de quelques secondes après mes derniers coups d'aiguilles, je sens que l'homme se relève. « C'est fini ! » m'annonça-t-il joyeusement. Je ne bouge pas, ne me sentant pas de le faire tout de suite. Ma chérie s'asssoit à mes cotés, venant passer sa main dans mes cheveux.  ❝ Tu as été courageuse. ❞ avant de poser ses lèvres sur mon front. J'inspire un bon coup et je le laisse mettre un énorme pansement dans mon dos. On sort du tatoueur après qu'elle ai insisté pour payer la dernière somme de mon tatouage. On prenait la direction de la pharmacie pour acheter à nouveau du désinfectant et tout ce qu'il s'en suit. Ma tête sur son épaule, mon bras autour de ses hanches, je me sentais bien même si ça me brûlait encore dans le dos.  ❝ Tu es ma petite fée, à présent ! ❞ Je ris brusquement, enfouissant mon visage contre son gilet. Oh mon dieu, l'image ! Elle rit avec moi, même si ce n'était pas pour se moquer.  ❝ Oh, c'est bon ! Toi qui rêvait d'être une fée, c'est le cas maintenant ! ❞ Je penche la tête sur les cotés. ❝ Oh, s'il te plait... je te signale que je ne vole pas dans les airs et je n'ai pas de poussière de fée comme dans les dessins animés de Disney ! ❞ Elle acquiesce, alors que nous continuons d'avancer, sans même nous soucier des regards. Et oui, je suis en couple avec une fille, ça vous dérange ? Moi non ! Je suis libre d'être ce que je suis, alors j'en profite ! Comme j'ai été libre de faire ce tatouage. Depuis l'enfance, je rêvais d'être une fée. Celle dans les contes, la bienfaitrice de tous. Je n'ai jamais su qu'un jour, mon rêve allait être encore plus réel...

Seulement, la réalité nous rattrape. La vie n'est pas rose, elle n'est pas remplis de fées bienfaitrice. Et surtout, il n'y a pas que des chausseurs de mutants, il y a aussi ceux qui n'aiment pas les différences, sous toutes leurs formes. Ce n'était qu'une semaine après les derniers de traits de mon tatouage. On était partie toutes les deux en vacances avec ses parents. Et oui, j'étais bien avec eux. A vrai dire, ils sont assez ouvert d'esprit et ont bien prit que leur fille était lesbienne. Alors, j'ai très vite intégré la famille, je n'étais pas une fille socialement écartée de tout le monde, ma mère me disait même qu'il devait sûrement être difficile de vouloir me détester. Je n'en sais rien, je suis trop dans mon monde merveilleux de bisounours. Donc, pour en revenir à ces vacances, nous nous sommes arrêtés à un Canyon. Il haut, grand... et quand on crie, c'est tout bonnement amusant ! On s'amuse toutes les deux à s'avouer nos sentiments, sans se préoccuper de la bande qui arrive derrière nous. Ils font du bruit et on les repère. Alors on arrête de crier et je me blottis dans ses bras. « Alors les filles ?! On s'amuse bien ? Faites comme ci on n'était pas là ! » Ils nous entourent, nous poussent aussi violemment que jamais. ❝ Daphnée... J'ai peur... ❞ Elle me serre contre elle, et espère qu'ils partiront. Ils continuent, et commencent à nous insulter. Sans crier gare, l'un d'eux attrape Daphnée alors qu'un autre me tient les bras. Je crie, je l'appelle et je les supplie d'arrêter. La réalité est qu'ils lui ont fait du mal... de la violence physique, non consenti. Je ne détaille pas, je pense que vous avez compris. Épuisée en plus d'être tabassée comme jamais, elle s’évanouit. L'un d'eux annonce qu'il ne sent plus sa respiration. Je crie encore plus fort, c'était normalement mon tour. Mais il faut bien se « débarrasser » du corps. Ils sont hauts et il fut rapidement trouvé comme solution de la jeter. Amoureuse, aimante et même au delà de la mort, mon cœur s'était brisé depuis qu'il avait annoncé sa mort. Je voulais la tenir dans mes bras mais c'était plus fort qu'eux, ils la jettent comme ci ce n'était qu'un sac. Je crie, je pleure et... je me transforme ? Les ailes sortent lentement de mes épaules, les hommes prennent peurs et s'enfuient. Et oui, je suis étrange, je vous fais peur ? J'ai beau savoir que je ne maîtrise rien de ses ailes, je me jette tout de même à la suite de ma blonde, de feu Daphnée. Je crie son prénom, aussi fort qu'il m'ai possible de faire. Encore une fois, le fantastique de mes ailes atteignait sa limite. Elles ne me supportèrent pas longtemps et je tombais... comme Daphnée, je suivais ma douce jusqu'au fond mais je ne sais pas... j'ai fermé les yeux et durant quelques fractions de secondes, j'ai entendu sa voix... mes ailes se sont remis à battre assez fort pour m'éviter les pires souffrances. Je tombe quand même brutalement sur le sol... à coté du corps … pour ne pas dire des parties de ma bien aimée.

On me retrouva bien des heures plus tard. Je n'osais pas leur dire que l'on venait de m'arracher mon âme. Elle s'est envolée avec celle à qui j'étais liée, à celle qui me maintenait en vie depuis un an déjà.

Ça fait à présent six ans que j'ai perdu l'amour de ma vie, six ans que je maîtrise mes petites ailes. Je ne saurais vous dire si j'ai pu faire mon deuil, très honnêtement, je n'en sais rien mais grâce à mes amis, ma famille, j'ai pu avancer et retrouver le sourire. Je suis pour tout le monde, et ce malgré mon passé, une fille normale. Une fille qui a terminé ses études et décide de travailler. Par mes dons en pâtisseries, j'ai pu avoir ce job depuis mes 17 ans dans ce petit salon de thé, parfois je sers les clients, parfois je fais même les pâtisseries que nous vendons. Une vie paisible qui petit à petit, vient à reprendre à nouveau un autre tournant, bien qu'il risque d'être toujours aussi tragique... Mais il est clair, je ne vis plus dans ce monde de bisounours, j'en suis à présent bien consciente.