Madame Neil. Cette douce et gentille jeune femme qui, quatre ans plus tôt, avait épousé monsieur Neil, son amour de jeunesse, sa passion d'adolescence et celui qu'elle dirait être l'amour de sa vie. Ils ont toujours eu une belle relation, basée sur le respect et l'honnêteté. Monsieur Neil avait des envies de grandeur, un homme ambitieux qui se voyait aller loin. La désormais Madame Neil, elle, a simplement soutenu son mari, dans les moments difficiles comme dans ses victoires, se trouvant toujours présente à ses côtés. Si Monsieur Neil aurait pu vivre une belle vie avec sa jolie femme et une ribambelle d'enfants sans chercher à travailler, se trouvant à être l'unique héritié d'une fortune familiale somme toute assez conséquente, il avait toujours vu les choses en grand. Après plusieurs échecs, de nombreux refus et des ratés ici et là, Monsieur Neil avait finalement réussi à se faire un nom dans le domaine pétrolier après avoir réussi à implanter quelques usines d'extraction du pétrol dans différents pays du Moyen-Orient. Mais bref.

Pour en revenir à Madame Neil, cette douce femme qui s'était toujours tenue aux côtés de son mari, sans piper mot et sans jamais exprimer un quelconque mécontentement, vit toutefois sa vie être chambouler alors que son mari et elle se trouvaient face à un médecin réputé (et fort chérant). Cela faisait trois fausses couches qu'elle faisait au cours des dernières années. La pauvre femme en était démolie. Puis, le verdict fut sans appel. Elle ne serait jamais en mesure de donner la vie elle-même, son utérus dans l'incapacité que de retenir le fœtus en création. Elle a passé des nuits et des jours à pleurer, des semaines sans sortir de chez elle et des mois à se remettre de son rêve brisé. Son rêve d'une famille, d'une ribambelle d'enfants et tout plein de mini mademoiselle et monsieur Niel.

Puis, ils optèrent pour l'adoption.

Quelques milliers de dollars en moins, un voyage de quelques temps en Chine et beaucoup de paperasse à remplir, voilà que le plus si jeune couple rentrait au pays avec, dans leur bras, un jeune homme d'origine chinoise, Lin Yao, dont le nom fut américanisé pour un banal Liam Neil. Il allait devoir s'y faire.

Lin Yao, plus communément appeler Liam par… Tout le monde, en fait, était un enfant espiègle et agréable, dont le sourire était contagieux et la maladresse, adorable. Or, étant le seul et unique fils de la famille Neil, cette perle rare tant attendue de la part de Madame Neil, voilà que, très vite, les interdictions s'enchaînaient alors que sa mère devenait presque paranoïaque à l'idée de voir son fils, son bébé à elle, grandir. Quelque chose allait lui arrivé. Quelqu'un lui voudrait du mal. Il n'était pas prêt à affronter la vie, à affronter ce que le monde à l'extérieur des murs qui protégeaient cet enfant qu'elle trouvait si fragile. Et donc, voilà comment Liam se retrouva à faire l'école à la maison, loin de toutes les menaces de la vie extérieure. Sa mère ne pouvait permettre à son ange que de faire face à la méchanceté des autres enfants qu'il coitoierait. Il était simplement hors de question que quelqu'un tente de faire du mal à la prunelle de ses yeux, celui pour qui elle donnerait sa vie sans hésité. Sans être le sang de son sang, la chaire de sa chaire, Liam était son fils, à elle et rien qu'à elle.

C'est qu'à l'école secondaire, soit vers l'âge de douze ans, qu'il eut finalement le droit que de se rendre à une école normale. Autant dire qu'il se sentait comme un pâté de viande qu'on aurait jeté dans un enclos de lion affamé. Il se sentait menacé, seul, perdu et jugé de toutes ces autres personnes qu'il n'avait jamais vu de sa sainte vie. Sainte vie, en effet. Les seuls jeunes de son âge qu'il eut la chance de côtoyé pendant les premières années de sa vie furent les jeunes traînés de peine et de misère à l'église qu'il fréquentait avec ses parents tous les dimanches, sans compter les lundis de chorales, les mercredis de l'histoire du petit Jésus et les vendredis de soirée cinéma où les films se résumaient à leur raconter que le pêcher, c'est mal, les autres, c'est le mal, l'enfer est à éviter et Satan peut te voir si tu te masturbes. Bref. Pour en revenir à l'école, voilà qu'il se sentait menacé. Il y avait tellement de personne, tellement de paires de yeux à le fixer (de ce qu'il s'imaginait) qu'il en était nerveux. Voir même malade. Il était rentré de sa première journée d'école en pleurant qu'il ne voulait plus y retourner et, si son père ne s'en était pas mêlé, sa mère l'aurait repris sous ses jupons pour le protéger pour encore quelques années de plus.

Parce que, à douze ans, tu n'es évidemment pas près à affronter la vie.
Surtout que dehors, il y a des filles.

Il y avait même une fille en particulier. Elle était mignonne. Un joli visage, des traits fins et de grands yeux bleus. Mais en plus d'être mignonne, elle était incroyablement chiante. Il ignorait si ce n'était que par divertissement ou par intérêt à sa personne que cette demoiselle répondant au doux nom d'Amber s'était approchée de lui, toutefois, à l'époque, il aurait bien préféré qu'elle reste loin, bien loin de lui. Si elle n'était pas aussi méchante que ces abrutis qui s'amusaient à jeter ses cahiers de cours dans une fontaine d'eau ou encore raqueter à tous les jours son repas du midi, elle était désagréable avec ses petits commentaires et son air hautain. Elle lui faisait peur, même, avec cette confiance que lui ne possédait pas. Les choses changèrent toutefois alors que, lors d'une journée quelconque, alors qu'elle s'apprêtait certainement à encore l'attaquer de quelques paroles bien choisies, Liam se retrouva à éclater en sanglot avant de fuir le plus loin possible qu'il le pouvait d'elle (et, accessoirement, percuter une porte de casier fraîchement ouverte car il n'avait sut porter une attention quelconque à l'environnement l'entourant). C'est à partir de cette journée précise qu'Amber décida de prendre Liam sous son aile, sûrement plus par pitié que parce qu'elle appréciait sa compagnie. Or, c'était déjà mieux que rien.

Et depuis, ils étaient inséparables.

Les années se suivirent alors que ses notes à l'école se tenaient dans la moyenne et que sa vie sociable se voulait toujours presque aussi morte, à la différence qu'Ambre faisait désormais partie de sa vie et que c'était en parti grâce à elle si Liam avait finalement réussi à devenir (presque) un homme. Sa scolarité fut parsemée d'échec et de réussite, entre le désintérêt total de la part de son père et l'inquiétude constante de sa mère. Partagé entre un père obnubilé par sa carrière et une mère obnubilée par son fils, il se retrouva à changer de branches quelques fois, se lançant en art pour finalement tenter la mode pour se diriger vers autre chose. Il touchait à tout, cherchant sa voie tout en vivant sa vie comme bon lui semblait dans une insouciance qui lui était propre.

Le fait qu'Amber soit une mutante ne l'avait jamais vraiment dérangé. Il n'y avait même jamais vraiment songé, ne serais-ce que parce que Liam était un jeune homme ouvert d'esprit qui trouvait quand même cool sa meilleure amie. Et donc, de ce fait, il n'y avait jamais réellement vu de soucis, si ce n'était qu'il avait sûrement manqué de se noyer quelques fois entre deux stupidités qu'il avait eut le malheur que de faire sortir d'entre ses lèvres. Toutefois, le jour où il découvrit que lui, était un mutant, c'était une autre histoire. Les mutants, à l'époque, n'était pas encore une menace. Peu de gens savaient pour eux. Et si Liam n'avait pas été aussi insouciant ou s'il n'en avait pas simplement rien à faire qu'Amber puisse faire de la magie avec de l'eau, peut-être se serait-il posé plus de question. Cependant, que lui soit un mutant, c'était quelque chose de bien plus difficile à avaler. Sans compter le côté bien trop protecteur de sa mère et le côté bien trop fermé d'esprit de son père.

Voilà qu'il avait peut-être quelques sacrés problèmes. Pas tant que cela, en fait. Il fallait juste trouvé un moyen d'essayer de faire avaler ça à ses parents, sans toutefois mettre sa relation avec Amber en danger. Autrement dit, ils ne pouvaient pas savoir pour elle. Or, sans autre personne dotée de capacités quelconque, lui-même ne pouvait pas être convaincant. Il verrait bien en temps en lieu.

Ce temps et lieu là n'arriva cependant jamais.

Vingt ans, toutes ses dents et désormais en première année de littérature étrangère, Liam était descendu au rez-de-chaussée se chercher à manger alors que son père rentra chez lui, les bras gauches en sang et le visage balafré. Depuis que les mutants avaient été révélé au grand jour, la chasse à l'encontre de ces derniers s'était vue être de plus en plus présente. Raison de plus pour ne pas parler de sa situation à ses parents. Or, si les chasses se faisaient nombreuses et les morts, tout aussi nombreux, Liam n'aurait jamais pu s'imaginer que son père était l'un d'entre eux. Un chasseur. Ou tout du moins, il l'était. Suite à cette soirée-là, avec la perte de son œil droit et de son bras gauche, Monsieur Neil devra se contenter que de financer les activités des Hunters sans pour autant y prendre réellement part.

Et Liam n'était pas certain de savoir ce qu'il préférait dans tout ça.

Désormais vingt-deux ans et commençant bientôt sa deuxième année de journalisme, Liam fait profil bas chez lui, plutôt heureux que sa mutation n'ait rien de particulièrement visible, pouvant ainsi se montrer discret. Au cours de la dernière année, il s'est aussi vu rejoindre les Uprising, faisant toutefois attention de se montrer prudent. Si l'information devait parvenir à son père ou à un quelconque membre de l'église qu'il se voit obligé de fréquenter deux fois semaines (évitant ainsi d'attirer l'attention), il ne donnerait pas cher de sa peau.

Pour Liam, cette guerre se veut aussi inutile que puérile alors que trop de sang à déjà couler. Or, il ne se contente que de faire profil bas, de ne pas attirer l'attention de son charmant paternel tout en aidant à sa façon les mutants qu'il côtoie. Oh, et apprendre à contrôler sa propre mutation ne ferait pas de tort.