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 à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.)

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MessageSujet: à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.)   à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.) Icon_minitimeJeu 14 Mai 2015 - 14:19


   
à nous, à nos tristes, à la force d'aimer toujours.
alana & connor.

   
   
Tu t'étais dis que tu ne remettrais plus jamais les pieds dans cette ville. Que tu ne pouvais pas. Que tu ne voulais pas. Tu te disais que cette ville renfermait trop de souvenirs, quelques bons toutefois, mais beaucoup trop de mauvais. Des fantômes. Des choses que tu aurais pu mieux faire, des choses que tu aurais dû mieux faire. Depuis deux ans, tu cours comme une folle. Tu cours au travers des états simplement pour pouvoir oublier tout ce qui s'est passé dans cette ville maudite. Tu cours pour ne pas avoir à penser, et quand tu ne cours pas, tu voles, deux milles pieds dans les airs, et pendant quelques minutes, tu ne penses plus à rien d'autre que cette sensation d'adrénaline qui circule à toute vitesse dans tes veines. C'est seulement une fois que tu es trop haut dans le ciel, à descendre trop vite, pratiquement sur le point de mourir que tu parviens finalement à vivre. Mais au bout d'un moment à courir, tu te retrouves le souffle court et tes jambes ne suivent plus. T'es épuisée de te cacher et épuisée de n'avoir nulle part où te poser. Nulle part où tu te sens le moindrement bien. Tu as beau chercher encore et encore, tu sais que c'est vain. Parce que tu ne te sens bien que là où se trouve ta fille et dans la réalité des choses, ta fille, elle est nulle part. Son corps repose dans cette ville et au bout de tout, tout te ramène ici, à Radcliff. Tu arpentes les rues telle une âme en peine et tu essayes de la voir dans ces endroits où vous alliez ensemble, mais tout ce que tu ressens, c'est le vide. Le vide le plus gros et le plus profond qui soit. Parce que le temps et la distance ont creusé un trou entre l'image de ta fille et toi, et t'es incapable de sauter. Pour la première fois en deux ans, t'as les deux pieds cloués sur le sol. Et ça aussi, ça fait peur.

Ça fait quelques semaines déjà que tu es revenue dans ta ville natale. Quelques semaines que tu erres parce que tu n'as pas le courage d'aller là où tu te dois d'aller. La chambre d'hôtel dans laquelle tu restes est petite, triste et terne. Elle ne représente absolument rien pour toi, et c'est probablement pour cette raison que c'est plutôt facile d'y rester. Tu ne sors presque pas, si ce n'est que pour faire quelques commissions histoire d'avoir un petit quelque chose à te mettre sous la dent lorsque l'appétit montre le bout de son nez, ce qui est plutôt rare dernièrement. Chaque fois que tu sors, tu as peur de croiser un visage familier, que ce soit tes parents ou ton frère, ou même Connor. À chaque coin de rue, tu t'imagines tomber nez à nez avec lui et sur le coup, ton coeur arrête de battre. Parce que tu ne sais pas quoi lui dire. Tu ne sais pas comment expliquer ce que tu as fait. Parce que les mots manquent pour pouvoir expliquer le mal être en toi il y a deux, ce même mal être que tu traînes depuis tout ce temps, incapable de t'en débarrasser. On dit toujours que le temps arrange les choses, et tu voulais vraiment y croire. Tu voulais croire qu'au bout des semaines et des mois que son allait diminuer dans ton esprit, que l'absence de Mia se ferait de moins en moins douloureuse. Mais la réalité, c'était que tu pouvais courir aussi loin que tu le veux, tes fantômes étaient encore bien trop réels pour s'effacer aussi facilement.

Ton regard tourne dans la chambre et ça te fait toujours un peu rire de voir que toutes tes possessions peuvent entrer dans une simple et minuscule chambre d'hôtel. C'est ce qui arrive quand tu te promènes un peu trop, tu te contentes de l'essentiel. Assez de vêtements pour tenir une semaine sans lavage, pas plus pas moins. Quelques livres, jamais les mêmes, tu les échanges toujours dans les librairies sur ton chemin pour avoir du nouveau matériel toujours sous la main. Il y a ton éternel appareil photo, même s'il reste caché plus souvent qu'autre chose désormais. Puis il y a un album pleins de photos de cette vie d'avant, cette vie qui ne t'appartient plus, cette vie dont tu rêves encore parfois, mais qui est enterré bien loin avec Mia. Et tu rentres le tout dans un sac de voyage que tu traînes un peu partout, comme une habitude qui t'accompagne depuis trop longtemps déjà. Tu vis bien la vie de nomade. Mais tu t'ennuies d'être posée, comme avant, avec lui.

Tu sais que tu dois aller le voir. Chaque jour, tu te dis que ça doit se faire aujourd'hui. Et puis chaque jour, tu te convaincs que ce serait mieux demain. Tu essayes d'éviter d'y penser, sauf que ton esprit t'y ramène constamment, comme une réalité qui est de plus en plus difficile à ignorer. Tu essayes de te faire des discours de ce que tu pourrais lui dire une fois que tu vas être devant lui, mais même en pensée, les mots te manquent. Le petit miroir te renvoie ton reflet. Tu es pâle Alana, tu ne te souviens pas de la dernière fois que tu as mangé, mais ton estomac est noué parce que t'es sur le point de sortir. Tu es prête, aussi prête que tu ne peux l'être du moins. Tes longs cheveux blonds tombent en cascade dans ton dos et tu portes une petite robe bleu foncé à pois qui tombe au dessus de tes genoux, que tu accompagnes d'une petite veste blanche. Le soleil est finalement sorti et tu essayes d'en profiter le plus possible lors de tes courtes sorties. Tu appréhendes déjà de sortir, t'as le coeur sur le bord des lèvres, mais tu prends une grande respiration et tu prends ton sac à main qui traîne sur le lit décrépi et puis tu fermes la porte derrière toi.

Aujourd'hui, tu t'interdis de faire demi-tour.

Les rues sont calmes en vue de l'heure encore avancée de la matinée. 7H à peine et le soleil prend déjà toute la place dans le ciel. Tu sais qu'il est tôt, bien trop tôt, mais tu as peur de passer encore une autre trop longue journée à changer d'idées. Alors tu te promènes dans ces rues qui sont trop familières. Tu connais chaque rue, chaque chemin, chaque petit recoin et à chaque pas que tu fais, tu hésites à faire demi-tour. Mais tu avances, un pas à la fois, et puis tu t'arrêtes finalement devant cette maison, ta maison. Ou du moins, celle de Connor désormais. Tu remarques plutôt vite la peinture qui semble défraîchir et le gazon qui ne semble pas avoir été fait récemment. Tu ne l'avais pas remarqué, mais tu t'ennuies d'avoir un vrai chez toi, un endroit auquel tu peux accorder du temps et de l'entretien. Une place où te sentir bien. Cette maison, ce fût la perfection au premier coup d'oeil. Aujourd'hui toutefois, elle semble décrépir aussi rapidement que toi. Tu approches, chaque pas plus difficile que le précédent, mais tu y es, finalement. Devant la grande porte imposante. Et puis pour la première fois, tu cognes doucement trois petits coups. Tu cognes pour rentrer dans ta propre maison, parce que ce n'est plus chez toi, ce ne l'est plus depuis trop longtemps déjà. Et tu appréhendes. Tu paniques. Tu as peur. Parce que derriere la porte, il y aura Connor. Et malgré tout, t'es pas vraiment prête à l'affronter. Probablement que tu ne le seras jamais. Tant pis.
   
AVENGEDINCHAINS
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MessageSujet: Re: à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.)   à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.) Icon_minitimeVen 15 Mai 2015 - 16:00

― alana & connor ―
and i may be foolish to fall as i do,
still there's strength in the blindness you fear.

Y a un marteau dans ma tête. Rien de très étonnant, c’est la même routine tous les matins ou presque, c’est tellement bien rodé que les gestes en sont automatiques et j’deviens une machine. Mon cocktail est parfaitement étudié : une clope au lever histoire de m’encrasser dès qu’mes paupières s’ouvrent, une aspirine parce que j’suis plus tout jeune et qu’boire le soir ça m’va pas au réveil, un café dégueulasse que j’sens même pas passer, une autre clope pour enfoncer le clou et un deuxième café beaucoup trop sucré pile à mon goût. J’en suis à l’avant-dernière étape. La nicotine apaise mes nerfs à vif mais ça dure jamais assez longtemps. Pour ça que j’passe autant d’cigarettes en un jour ; à force j’vais m’endetter parce que cette merde coûte franchement trop cher. Tant pis, j’crèverai avant qu’on puisse me coller les huissiers au cul alors j’vais continuer à m’ruiner les poches et la santé. C’est du suicide à p’tit feu à c’qui paraît, et à vrai dire j’en ai rien à foutre. J’continuerai à fumer comme un feu d’forêt jusqu’à ce que j’crame aussi et que j’laisse rien d’autre que quelques cendres derrière moi.

Mes pieds me traînent jusqu’à la cuisine, j’écrase ma cancéreuse dans un bol au hasard – faites pas c’te gueule, j’ai jamais prétendu être une fée du logis ; j’crois que j’ai plus la dégaine d’un ogre, Shrek en moins vert et moins crade quand même. La cafetière est tiède mais c’est tant pis, j’ai même pas envie de réchauffer le tout alors j’verse le liquide noir tel quel dans une tasse, où j’finis par plonger un sucre, puis deux, et un troisième. J’vais avoir les artères bouchées un jour, mon cœur pourra plus pomper parce que j’aurai les veines remplies des horreurs que j’ingurgite à longueur de temps. Mes lèvres ont à peine eu le temps d’embrasser le bord, ma langue a tout juste tâté le poison que j’entends cogner. J’sais pas si c’est dans ma tête ou dehors, dans le salon ou à la porte. J’fronce les sourcils et j’me penche sur le côté pour jeter un œil vers le salon ; à tous les coups c’est Neo qu’a encore fait une connerie. Mais j’le vois arriver vers moi, la truffe levée et la queue qui s’agite. Merde. Ça veut dire que j’ai un visiteur. J’regarde l’horloge, et j’me dis que j’ai jamais vu le facteur débarquer à sept heures. J’bosse pas ce matin donc c’est pas le boss qui vient vérifier que j’ai pas crevé parce que j’suis en retard. J’attends rien de spécial, pis t’façon plus personne vient frapper à ma porte maintenant. Alors j’gratte rapidement la tête de mon chien en passant, et j’me dirige vers l’entrée en continuant d’me demander quel con peut bien s’pointer à cette heure-ci – une chance que j’sois levé même si j’suis pas forcément présentable, mais à ce stade j’m’en tape. Un soupir m’échappe, j’actionne la poignée, le battant s’écarte et l’intrus apparaît dans mon champ de vision.

Le temps s’arrête et mon cœur avec. C’te chevelure dorée, ces yeux qui rendent le ciel jaloux, c’te bouche en cœur. J’les ai suffisamment admirés pendant des heures et des années pour les reconnaître en une demi-seconde. Son visage de poupée est resté imprimé dans ma tête sans que j’réussisse à m’en débarrasser, sa silhouette trop frêle s’est gravée sur mes phalanges à force de l’effleurer, elle est qu’un fantôme de plus dans mon palpitant atrophié, dans l’cimetière qu’est devenu ma vie. J’suis figé, accroché à la porte, et j’me demande si j’suis pas en train de rêver. J’regarde les alentours comme si j’m’attendais à apercevoir des caméras et un public hilare, comme si c’était une putain d’mauvaise blague, comme si j’étais un phénomène de foire qu’on s’est enfin décidé à achever sous un tonnerre d’applaudissements. Mais y a rien. La rue est déserte, le soleil fend timidement les nuages et l’vent trop froid me claque à la gueule. Comme Alana. Ça fait un tsunami dans mon organisme, la gorge qui se noue et les poumons au bord de l’implosion, les tripes qui font des claquettes dans mon torse et le roi des organes qui m’remonte au bord des lèvres. J’sais pas si je dois m’écrouler ou m’envoler, m’foutre à rire ou à pleurer, j’ai presque envie de retourner me barricader à l’intérieur pour faire comme si j’l’avais pas vue. J’croyais que j’la verrais plus jamais. J’croyais qu’elle serait plus qu’un souvenir trop amer, un sale goût de trahison dans ma bouche et du sel sur mes plaies. C’est un putain d’orage qui s’abat sur ma tronche et j’me dis que l’enfoiré là-haut doit s’bidonner en me voyant. Connard.

Elle me regarde. J’en fais de même, mes prunelles délavées scannant les siennes en silence, mes mâchoires se serrant tellement fort que j’ai l’impression qu’mes dents vont se faire la malle. Le coin de mes lèvres se relève dans un rictus qui pue la rancœur, c’est moche, au moins autant qu’nous et notre histoire. « Depuis quand tu toques pour rentrer chez toi ? J’te rappelle qu’officiellement la maison est toujours autant à toi qu’à moi. On a jamais fait la séparation d’biens, tu t’souviens ? Sûrement parce que t’as disparu d’la circulation en fait. » Le ton est trop sec, ça résonne comme des coups d’poing et j’espère bien qu’elle les sent passer. J’ai pas oublié, j’ai jamais pu et pourtant c’pas faute d’avoir essayé. « T’as pas b’soin d’mon autorisation pour entrer. » Je hausse vaguement les épaules et j’me retourne sans un mot de plus, laissant la porte ouverte derrière moi. Si elle veut m’suivre qu’elle le fasse, et sinon qu’elle aille en enfer, au moins on sera deux. J’avance jusqu’à la cuisine pour récupérer ma tasse abandonnée – devenue franchement froide pour le coup – et je me dirige vers le salon pour aller m’avachir dans le canapé. Tout c’qui me vient à l’esprit, c’est que j’ai la tignasse en vrac, un vieux marcel sur le dos et un jean dégueulasse au-dessus d’mes pieds nus. J’ai l’air d’un pauvre con et elle ressemble à une princesse avec sa robe, j’suis une carcasse à moitié crevée et elle a rien perdu d’sa beauté ; ça m’énerve. J’sirote mon café immonde en la regardant se pointer, et j’saurais pas dire si j’suis satisfait ou déçu d’voir qu’elle est entrée. Un peu des deux, j’crois bien. J’la jauge du regard un instant pendant que Neo s’approche d’elle pour lui dire bonjour, il la connaît pas et il est toujours content d’rencontrer des gens mais pour le coup j’aurais plutôt envie qu’il l’évite. Tant pis pour ma gueule, j’suis obligé de les regarder faire connaissance un instant et j’suis presque tenté de lui dire qu’elle peut aller se faire foutre, t’façon j’suis mieux tout seul avec mon chien borgne et mes bouteilles. Mais c’est pathétique. Tellement que j’ricane silencieusement dans ma tasse avant de finir par ouvrir la bouche encore une fois pour m’en servir comme d’un flingue que j’décharge sur sa face. « Qu’est-c’que tu veux ? T’es v’nue chercher un truc que t’as oublié ? » À choisir, j’préférerais qu’elle me rende ce qu’elle a embarqué avec elle – j’suis pas sûr de savoir ce que c’est mais j’suis encore plus vide depuis qu’elle est partie, alors elle doit bien avoir pris un truc. Elle s’est tirée comme une lâche et elle revient comme une fleur, j’comprends pas vraiment c’qu’elle est venue foutre ici. « S’tu pouvais faire vite ça m’arrangerait, j’ai pas qu’ça à foutre et j’ai pas envie d’te garder indéfiniment dans mon champ d’vision. » Elle la sent, l’amertume qui m’envenime la tête et les veines ? Elle la sent, la rancœur qui m’tord la gorge et qui m’fait mal en-dedans ? Ça m’désintègre de l’intérieur et j’compte bien l’asperger de tout mon acide tant qu’elle est là. P’t’être qu’elle va juste abandonner le front à nouveau, après tout ça l’a pas dérangée y a deux ans. Cette fois j’espère qu’elle marchera sur une mine et qu’elle crèvera avec moi.
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MessageSujet: Re: à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.)   à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.) Icon_minitimeSam 16 Mai 2015 - 17:10


à nous, à nos tristes, à la force d'aimer toujours.
alana & connor.


Une raison. Une explication sur la raison pourquoi tu avais besoin d'être là. Tu cherches en vain dans ta tête, les mots justes, ceux qui feraient moins mal. Mais au bout d'un moment, tu te rends inévitablement à la conclusion que des mots qui font mal, ça n'existe pas, pas dans cette situation, pas dans ce contexte. Parce que tu le réalises assez bien ce que tu as fait. Tu sais que cette façon dont tu as réagi il y a deux ans, ce n'était pas une solution à tous vos problèmes. Tu sais qu'il n'y a rien de plus lâche que de fuir et d'espérer que tout se répare par magie. Tu le comprends très bien ce concept, et pourtant, tu as espéré un miracle. Parce que t'étais rendu au bout de ta patience, au bout de ta colère, au bout de ta vie. Tu étouffais dans ton mariage, tu étouffais en sa compagnie, tu étouffais sans elle et dans cet endroit devenu trop grand et pourtant trop restreint. Alors tu t'es mise à la recherche d'une bouffée d'air frais, sans attache, sans aucune raison de faire demi-tour. Mais tout le grand air du monde ne peut réparer l'état de ton coeur. Ça ne te redonne pas ta fille. Tu ne redécouvres pas l'amour à chaque coin de rue, comme tu pouvais le faire avec Connor. Et puis tu te demandes comment un peu passé d'un amour pur et bon, enflammé et passionné comme celui que tu partageais avec le jeune Chapman au début de votre relation et en venir à la conclusion que l'autre n'est plus rien que toxique, au point de devoir partir, partir loin et vite? La mort, la boisson, le silence. Toutes ses choses qui ont enterré votre amour, sans même prendre la peine de le tuer. On ne tue pas le vrai amour. On lui fait mal au point de ne pas être capable de l'endurer. De ne plus être capable de le toucher, de le sentir, de l'avoir près de soi. Et on s'éloigne et puis soudainement, on en a besoin de nouveau. Mais ça, tu ne crois pas être en mesure de l'expliquer au jeune homme. Pas de manière à ce qu'il comprenne, à ce qu'il pardonne. Alors tu cherches en vain de bons mots. Mais les mots, ils sont absents, un peu comme toi.

La première chose que tu remarques lorsque la porte s'ouvre et que vos regards se croisent, c'est le vide qui semble s'être graduellement posé dans ses yeux. La fatigue sous ceux-ci, l'état général de son corps qui semble en décomposition malgré le fait qu'il se tienne droit devant toi. Ce que tu aperçois, ce n'est que l'ombre de l'homme que tu as été, un corps sans vie, et c'est comme un poignard au coeur de voir l'étendu des dégâts. De savoir que c'est probablement un peu à cause de toi, si ce n'est pas complètement à cause de toi que Connor ne semble plus être lui-même. Tu ne sais pas trop ce que tu espérais pour lui après ton départ. Peut-être que la distance et cette nouvelle liberté lui permette de reprendre les dessus, tu espérais peut-être que ce serait plus facile sans toi à côté prête à lui sauter au visage au moindre mot échangé, n'importe quoi. Tu espérais sincèrement que ce serait plus facile pour vous deux de vivre votre deuil séparé qu'ensemble. Contre toute logique. T'étais peut-être naïve, ou même complètement conne, honnêtement, tu n'en sais trop rien. Tu n'arrives plus vraiment à te souvenir de ton état d'esprit lorsque tu es partie, de tout ce à quoi tu as pensé avant de prendre ton sac et de ne pas regarder derrière. Tu as tellement essayé de bloquer ce moment de tes souvenirs qu'au final, tu y es bien parvenue. Et le retour est douloureux. Une réalité encore bien présente, encore plus laide que dans tes souvenirs. Deux âmes en peine mutilée par la vie. Deux âmes en peine incapable de se retrouver, incapable de se comprendre, incapable de s'aider. Ne pas se laisser de chance. Le plus fort s'en sortira vainqueur, peu importe les conséquences. À vos armes, prêts, tirez.

Même sa voix semble différente alors qu'il se moque un peu de toi dès les premiers sons. Tu lâches un soupir silencieux, tes yeux trouvent le sol assez rapidement, incapable de lui faire face plus longtemps. Tu voudrais lui envoyer une réplique bien sanglante, comme avant, lui faire ravaler sa propre torture, mais ce n'est plus comme avant et t'es bien petite aujourd'hui alors que tu viens comme une tentative qui semble soudainement suicidaire de te faire pardonné. Tu ne fais même pas une tentative de dire quelque chose, tu le laisses simplement te rappeler avec tout le tact du monde à quel point t'as été lâche. Tu écoutes et tu ne dis rien, et tu te dis que tu aurais peut-être mieux fait de ne jamais revenir ici en fait. Mais la porte est encore ouverte, et même s'il est déjà parti un peu plus loin dans la maison, tu te sens obligée de rentrer. Parce que tu peux pas juste lui faire savoir que t'es de retour et ne pas lui dire pourquoi, tu peux pas juste faire ton agace en mode, j'existe encore et puis disparaître à nouveau dans la brume, tu ne pourrais pas te le permettre. Alors tu fais quelques pas en avant, ferme la porte derrière toi et l'état de votre maison décrit bien votre relation : en piètre état, comme si personne n'avait pris la peine de s'en occuper depuis longtemps, bien trop longtemps.

Je le suis jusqu'à la cuisine et je suis un peu surprise lorsqu'un gros chien vient m'accueillir. C'est un peu par réflexe que je me penche à sa rencontre alors qu'il ne demande qu'un peu d'amour et d'attention. Connor te demande ce que tu veux, mais tu ne sais pas, alors tu ne réponds pas. Tu continues de flatter le chien et étonnamment, la première chose qui sort de ta bouche est à ce propos. Tant pis, t'es pas vraiment venue pour faire du sens de toute façon. « J't'aurais jamais pris pour le genre de mec qui se lie avec un chien. Comment il s'appelle? » Évite le problème Alana, ne serait-ce que quelques minutes plus. Fais comme si de rien était, pour te donner un peu de courage, un peu de temps. Tu sais que ça ne fera pas plaisir au jeune Chapman que tu l'ignores ainsi, mais puisque tu n'as pas de réponse à sa question, tu préfères dévier la conversation. Et puis sa dernière réplique te refroidit. Il a pas envie de parler de son chien. Pas envie de te parler du tout même, ni de te voir. Alors tu te relèves et tu oses le regarder un peu plus longtemps cette fois. Tes mains viennent nerveusement jouer dans tes cheveux alors que tu te mords les lèvres, à la recherche des mots qui ne te viennent toujours pas. « J'me disais qu'il était probablement mieux pour moi de venir ici et te dire que je suis revenue en ville plutôt que de laisser quelqu'un d'autre te l'apprendre. » C'est un peu bancal, à la limite du pathétique, mais tes intentions sont bonnes. T'aimerais au moins qu'il t'accorde ce point, même si vraiment, tu ne penses pas qu'il soit d'humeur à te donner aucun point. Alors tu prends une grande respiration et tu te lances. De toute façon, ce n'est pas comme si tu avais encore quelque chose à perdre dans tout ce bordel. « Je vois bien que tu m'en veux encore d'être partie, mais sérieux, j'sais pas ce que j'pourrais t'dire pour que ce soit plus facile pour toi, alors j'vais fermer ma gueule. » C'est pas vraiment ce que tu voulais dire, pas vraiment ce que tu cherches. Tu te mords la lèvre, par réflexe, parce que y'a rien qui se passe comme tu voudrais et que c'est le bordel dans ta tête, le bordel dans ton coeur. « C'que j'veux dire c'est que fuck, j'suis désolée. Désolée de ne pas avoir été en mesure de faire mieux pour nous deux. » Ça ne veut rien dire, mais c'est ce que tu as de mieux. Je t'en supplie Connor, me jette pas dehors si vite. Je sais plus où aller, je sais plus où me mettre. À la fin de la journée, reste plus que toi, encore aujourd'hui.
AVENGEDINCHAINS
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MessageSujet: Re: à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.)   à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.) Icon_minitimeSam 16 Mai 2015 - 21:29

J’la vois, là, devant moi. J’la vois et ça m’fait un mal de chien. Quand elle s’est barrée j’ai pas voulu y croire. J’me souviens trop bien des papiers posés sur la table, du désert dans les placards et sur notre lit, le néant qui s’est propagé jusqu’à mon cœur. J’l’ai attendue. J’suis vraiment trop con, mais j’l’ai attendue. J’me suis dit qu’elle reviendrait, que p’t’être qu’elle avait juste besoin de vacances ou j’sais pas quoi. P’t’être qu’elle voulait juste changer d’air et aller sur le bord d’une plage faire bronzer sa peau laiteuse pour mieux revenir après. C’est con. Tellement con. Quelque part j’savais qu’elle était partie pour de bon, mais j’pouvais pas l’accepter. Alors j’ai attendu comme un crétin, j’ai dormi sur le fauteuil du salon en espérant qu’elle me réveillerait en ouvrant la porte d’entrée, j’ai cherché une cascade blonde dans les rues – j’en ai croisé des tas mais jamais aussi soyeuses que la sienne. J’l’ai cherchée, j’l’ai jamais trouvée. J’crois qu’elle voulait pas que j’la trouve. Alors j’ai laissé tomber. J’me suis résigné. J’commençais même à m’faire à l’idée, à m’habituer à la douleur et au vide. Mais elle est là. Elle est plantée dans l’salon, Neo à ses pieds et puis moi avec ; j’suis à genoux mais elle le voit pas, j’suis à genoux mais j’ai plus la force de supplier. J’suis à genoux mais l’coup de grâce veut pas venir.

Elle se fout d’ma gueule. J’veux des réponses. J’veux comprendre pourquoi elle revient me hanter. Et elle trouve rien d’mieux à faire que me parler du foutu clébard. De toute façon c’est même pas moi qui suis allé l’chercher ce gros débile, c’est lui qui m’a adopté. J’me demande encore ce qu’il m’a trouvé d’ailleurs, j’sais pas pourquoi il s’est foutu à me suivre sans vouloir me lâcher la grappe mais j’vais pas me plaindre – parfois j’me sens un peu moins seul parce qu’il est là, avec sa gueule défoncée et son amour de sale bête. « Il s’appelle pas. Qu’est-c’que ça peut t’foutre, tu l’reverras pas t’façon. » Si elle croit qu’on va parler chiffons – ou poils en l’occurrence – elle s’fourre le doigt dans l’œil. J’ai pas l’temps pour ces conneries. Enfin si, j’ai tout l’temps du monde, mais j’ai absolument pas envie d’avoir ce genre de conversation inutile et encore moins avec elle. Cette traîtresse. J’ai envie qu’elle disparaisse. J’veux qu’elle dégage et faire comme si elle était jamais venue ici, j’veux la faire décamper à coups d’poignards et m’assurer qu’elle reviendra plus jamais. Et pourtant y a une part de moi qui peut pas s’empêcher d’être satisfait d’la revoir, parce que même si j’veux pas l’admettre, elle m’a manqué. Et j’arrive pas à m’arrêter de la fixer, de la détailler de la tête aux pieds comme si j’pouvais la scanner pour deviner ce qu’elle a fait pendant ces deux années, comme si j’pouvais retrouver la femme que j’ai aimé et qui m’a abandonné comme une merde. J’me déteste. J’la déteste. Putain, j’ai besoin d’un verre. Mais tout c’que j’ai c’est un putain de café froid et trop sucré, ça m’déprime.

C’est étrange d’observer sa façon de se tenir, comme si elle voulait se recroqueviller sur elle-même, comme si elle voulait disparaître. Elle a l’air nerveuse, à se toucher la crinière dans laquelle j’ai passé mes mains trop de fois, à se mordre les lèvres qui ont laissé un goût amer sur les miennes. Sa voix sonne comme du miel, c’est tellement familier et pourtant y a un truc qui a changé ; y a un truc qui craque, ça fait écho à du verre brisé étalé sur le parquet et moi j’suis pieds nus, et moi j’marche dessus en laissant des lambeaux éparpillés sur mon chemin. Elle parle et elle parle, mais j’entends rien, que des mots qui sont trop creux, que des béantes qui reflètent ma poitrine et puis la sienne aussi je crois. C’est ridicule. Tellement que ça m’arrache un rire, un de ceux qui font grincer des dents et qui crissent à l’oreille, un de ceux qui donnent envie d’chialer. « T’es désolée ? » À ce stade j’sais même plus quoi dire. Elle croit quoi ? Que ça va tout arranger ? Bordel. J’me redresse en posant ma tasse sur un coin de la table basse – t’façon là j’veux plus rien avaler qui soit pas alcoolisé. Y a un sourire qui tire sur mes lippes, ça m’donne un air mauvais, un air d’assassin qui vient coller son couteau contre la gorge de sa victime pour l’achever. J’avance de quelques pas pour être plus proche mais pas trop non plus, ça me crame trop, j’ai l’impression d’être au beau milieu d’un brasier. C’est qui l’enfoiré qui m’a foutu au bûcher ? « J’en ai rien à foutre qu’tu sois désolée. T’as raison, y a rien qu’tu puisses dire. Parce qu’y a juste rien à dire. T’es partie parce que t’es qu’une lâche, et maintenant tu reviens pourquoi ? » Ma voix est tellement calme que ça sonne faux même pour moi. C’est un souffle de glace que j’lui crache à la gueule et j’attends d’la voir mourir de froid, j’suis un putain d’iceberg et elle est le Titanic. Mon Titanic. On a coulé tous les deux y a trop longtemps. « T’as envie d’apaiser ta conscience, c’est ça ? Tu veux que j’te dise que j’accepte tes excuses et que tout est oublié pour qu’tu puisses reprendre ta p’tite vie ? Arrête tes conneries, Al’. »

Mes prunelles se fondent dans les siennes, j’peux plus m’en détacher mais j’laisse rien paraître. J’suis à l’agonie mais j’veux pas qu’elle le sache. Elle m’a déjà foutu à terre y a deux ans, j’compte pas lui donner l’occasion de recommencer, j’veux plutôt lui rendre la monnaie de sa pièce. Est-ce qu’elle sait ce qu’elle m’a fait ? J’crois même pas qu’elle s’en rend compte. Elle m’a arraché mon dernier espoir. J’croyais en nous. J’croyais qu’à deux, on pourrait se relever de la mort de Mia. J’croyais qu’ensemble, on réussirait à s’en sortir d’une façon ou d’une autre, j’voulais me battre pour elle et puis pour nous. Mais elle a préféré s’tirer. J’devais pas être assez bien pour elle. J’ai scandé son nom sur les toits, aux arbres décharnés, au ciel trop noir. J’l’ai maudit et insulté dans tous les sens, j’l’ai hurlé, murmuré, pleuré, moqué, soupiré, supplié. Alana c’est devenu mon mantra et puis mon oublié, les cinq lettres que j’ai chéries et puis haïes de toutes mes forces. Elle m’a tué et elle le sait même pas. J’le vois dans ses yeux trop brillants et sur sa peau trop pâle. Elle voit pas mon sang sur ses mains. « J’aurais préféré qu’tu restes là où t’étais. Y a plus rien à Radcliff pour toi, t’as rien à faire ici. » Les coups se succèdent les uns après les autres, j’attends d’la foutre K.O mais tout me revient dans la tronche comme un boomerang. C’est un combat qui peut pas se gagner, on perdra tous les deux. « Si t’es juste v’nue présenter des espèces d’excuses minables, tu peux r’tourner d’où tu viens. On a rien à s’dire, t’as tué la conversation dans l’œuf en t’barrant comme une voleuse. Maintenant c’trop tard pour les grands discours. » C’est trop tard tout court. Y a plus rien à sauver, elle a tout dégommé la déserteuse. Elle m’a dégommé moi et si elle est venue pour me mâcher et mieux m’recracher, j’aimerais autant qu’elle foute le camp. J’ai pas besoin d’elle pour crever, j’le fais très bien tout seul. J’veux pas voir sa gueule de princesse des fantômes, j’veux pas être témoin de la souffrance dans l’fond de ses yeux et m’faire piquer par les pointes de sa couronne empoisonnée. Si j’tendais le bras j’pourrais la toucher, j’pourrais laisser le bout de mes phalanges effleurer ses joues et l’angle de sa mâchoire, j’pourrais me faire réduire en cendres comme ça d’un simple geste. Ça m’torture. Elle m’torture. C’est qu’une barbare et elle a fait d’moi son martyr. J’ai plus qu’à m’faire crucifier, comme ça la supercherie touchera son apogée.
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MessageSujet: Re: à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.)   à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.) Icon_minitimeSam 16 Mai 2015 - 22:56


à nous, à nos tristes, à la force d'aimer toujours.
alana & connor.


Oeil pour œil. Dent pour dent. Tu aurais dû t'y attendre Alana. T'aurais dû le savoir. Mais les coups font mal et tu as toute la misère du monde à te tenir debout. À te tenir droite sans paraître hautaine, à lui montrer ton désespoir et ta douleur sans t'écraser sur le sol. Tu ne sais plus comment jouer tes cartes, probablement parce qu'il ne t'en reste aucune en main. Tu dois recevoir chaque commentaire, chaque sourire sarcastique, chaque regard de glace et rester de marbre. Mais ne voit-il pas qu'il est en train de t'achever sur place? Ne voit-il pas que tu peines à lui faire face, que tu peines à la regarder sans tout bonnement te mettre à pleurer? Il y a si longtemps que tu n'as pas pleurer il te semble. Quelques mois peut-être, depuis la dernière fois où l'image de ta fille s'est faite si forte dans ton esprit que tu t'es laissé aller dans des sanglots, un tel vacarme qui t'a finalement emmené dans un sommeil trouble et peu réparateur. Avant de partir, avant de le quitter lui et cette maison, tu pleurais tout le temps. Tu t'enfermais dans la chambre de la petite à l'étage et tu pleurais parce qu'elle ne reviendrait jamais chercher ce petit appareil photo que tu lui avais offert à son dernier anniversaire, pas longtemps avant sa mort. Elle aimait tellement faire comme toi et tu adorais lui montrer des petits trucs et partager cette passion avec elle. Tu pleurais parce que tu ne l'as verrais plus jamais dans cette petite robe à pois, et tu n'aurais jamais plus l’occasion de jouer dans ses longs cheveux blonds, si semblables au tien. Tu ne pourrais plus jamais la tenir contre toi et lui souffler combien tu l'aimes dans l'oreille. Alors tu pleurais, en serrant son linge, ces vêtements qui retenaient encore un peu de son odeur, trop rapidement par la tienne. Tu pleurais en attendant que le mal passe, mais il ne passa jamais. Et puis t'es partie et le mal semblait moins près, moins imposant. Et moins tu pleurais. Mais là devant lui, devant cette statue de glace, t'as envie de courir à l'étage, de t'enfermer dans cette pièce réservée à Mia et de pleurer. Pleurer jusqu'à oublier qu'il est là et qu'il te fait mal. Revenir en arrière, avoir envie de partir à nouveau. Mais tu figes. Tu le regardes et tu figes. Telle une statue qu'on tente de foutre en feu. Fais-moi brûler Connor et ne laisse rien derrière. Fais-moi brûler qu'on en finisse une bonne fois pour toute.

Tu sens les larmes qui te montent aux yeux, mais tu les retiens. Tu reprends sur toi et tu tentes un sourire. Tu tentes de faire semblant que tout va bien alors que la guerre vient d'être déclarée. Tu tentes de prétendre, parce qu'il n'y a vraiment que ça qui marche avec toi. « Connor, j'voulais juste savoir comment ton chien s'appelle, pas besoin de faire un drame avec ça. » Mais le problème, il n'est pas là. Il n'a jamais été là. Il ne veut pas te voir, pas maintenant, et pas plus tard non plus. Et ça, même si tu t'en doutais, ça fait terriblement mal à entendre. Parce que cette fois-ci, c'est toi qui a besoin de le voir. Toi qui a besoin d'être en terrain connu, de te retrouver dans tes choses, dans ton chez toi. Et Connor, tu connais tout de Connor. Rectification : tu connaissais tout de Connor. Parce que cet homme froid et cruel à t'en donner des frissons d'horreurs, il n'a rien de l'homme que tu aimais, rien de celui qui t'a fait une fille, de celui qui t'a promis l'éternité, pour le meilleur et pour le pire. T'as brisé vos vœux, faut que tu vives avec les conséquences. Mais tu cherches un peu de l'homme que tu connais dans son regard. Dans ses yeux clairs, dans chaque trait de son visage que tu connais par coeur, dans ses cheveux en bataille dans lesquels tu aimais jouer pendant des heures et des heures alors que vous étiez évêchés sur le divan devant un quelconque flim que vous n'écoutiez jamais à moitié. Tu cherches, mais tu ne trouves pas. Plus rien de celui que tu aimais. Peut-être qu'au final, c'est lui qui a pris feu, par ta faute.

« Tu crois sérieusement que c'est facile pour moi d'être là? Tu crois sincèrement que ça a été facile pour moi de partir et de ne jamais revenir avant maintenant? Tu crois que je viens pour m'abaiser la conscience? T'as tout faux Connor, tout faux. » Ta voix tremble, c'est mauvais signe. L'eau dans les yeux. Inspire, expire. Une respiration à la fois. Ne pas laisser les sanglots prendre toute la place dans ta gorge. Ne pas lasser ton coeur exploser contre ta poitrine. Demeurer calme et sereine, au limite du possible. Mais c'est l'ouragan dans ta tête et t'as besoin que les choses soient claires, le plus possible. C'est l'ouragan contre la tempête et t'as peur de ne pas être la plus forte des deux, t'as peur d'être emporter par les rafales de vents que Connor provoque encore et encore pour te faire partir, t'as peur d'être obligée de suivre le courant et de t'y perdre. Tu cherches quelque chose sur quoi te raccrocher, un petit quelque chose, n'importe quoi, pour pouvoir survivre à cette situation, à cette haine qui l'habite lorsqu'il te regarde, mais t'es venue sans armure et tu reçois chaque coup comme une gifle que tu as bien mérité mais qui faut trop mal, qui te jette à terre, incapable de te relever. « Avant que j'parte on.. on était plus rien Connor. Et hmm, chaque soir que tu partais pour boire et que j'savais pas dans quel état tu rentrerais je.. j'me disais que j'pourrais pas le supporter plus longtemps. J'pouvais plus. » Les larmes coulent cette fois-ci. Aucune tentative d'arrêter de pleurer, de toute façon, ça ne sert à rien. Il te dit que tu n'as pas d'affaire à être ici, que plus rien ne te retient ici, c'est ce que tu croyais avant, mais tu sais que c'est faux, tu sais que malgré le mal et la haine et le bordel, il y aura toujours lui, toujours une partie de vous pour te retenir dans le coin. Tu ne sais pas ce que t’espère, tu ne sais même pas ce que tu veux, mais tu sais ce que tu ne veux pas. Tu ne veux pas le vide et l'ignorance, tu ne veux plus le silence et la distance. Tu ne veux plus du trou que tu as creusé entre vous au fil des derniers mois, des deux dernières années. « J'suis partie mais j'étais plus là depuis tellement longtemps. Et tu peux m'en vouloir, dieu sait que je m'en veux d'être partie comme ça sans un mot, mais j'avais besoin d'espace, j'avais besoin de respirer et j'savais qu'ici, ça serait impossible. Et j'savais que tant et aussi longtemps qu'on serait ensemble, je ne me remettrais jamais de la mort de Mia. » Encore aujourd'hui, il t'est douloureux de dire son nom. Encore aujourd'hui, il t'est presque impossible de faire face à ces réalités qui sont pourtant les tiennes. Tu sais que tout n'est pas noir ou blanc, tu sais que Connor ne le prendra pas comme tu veux, tu le vois dans son visage, mais tu ne peux pas t'empêcher d'essayer, au risque de t'en brûler les doigts. « Ça fait deux ans que je coure, et j'en ai marre de courir. Radcliff, c'est ma maison, autant que la tienne. Et tu veux peut-être pas entendre mon grand discours, mais j'te le dis quand même. J'suis revenue et j'ai pas envie de partir Connor, tu m'entends? J'suis là pour rester, que ça te plaise ou non. »
AVENGEDINCHAINS
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MessageSujet: Re: à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.)   à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.) Icon_minitimeDim 17 Mai 2015 - 0:23

C’est qu’un champ d’bataille. Elle et moi. On est plus rien. Il est où l’panache des amoureux trop pleins de fougue, la passion qui crame et qui claque mais qui meurt jamais ? J’sais pas. Y a tout qui s’est barré et j’sais pas comment le digérer, j’ai jamais réussi au final alors j’essaie de faire passer en buvant. Mais ça marche pas, ça marche jamais, ça reste coincé dans ma gorge et je m’étouffe tout seul comme un pauvre type. L’absence ça tue et j’croyais que ça aurait raison de moi. Mais j’savais pas qu’y a encore pire que l’absence : y a le retour, y a le flot de souvenirs qui remontent au bord des lèvres et le palpitant qui crève encore. Il est mort tellement de fois que j’me demande comment ça s’fait qu’il puisse encore battre, on l’a tellement malmené que j’aurais voulu l’arracher d’ma poitrine. Y a des jours où j’me sens même plus vivant, j’suis qu’une carcasse qui avance sans but, j’prends mon pouls et j’m’attends à faire face au silence, à sentir rien qu’un peu de peau trop froide sous mes doigts. Mais il est là. Il bat. Ce truc informe dans ma cage thoracique, il veut pas m’foutre la paix. Il continue de tressauter dans son agonie qui refuse de se terminer et j’me demande s’il finira par m’accorder un peu de répit. Faut croire que non, encore moins quand Alana s’tient devant moi dans toute sa splendeur. Le rythme s’accélère tellement que j’frôle la crise cardiaque, j’ai l’impression que j’vais succomber d’une seconde à l’autre ; me raidir comme une statue en serrant le poing contre mon torse avant de m’écraser au sol. J’attends que ça. J’attends que la fin d’mon calvaire. Mais j’suis toujours là, debout face à elle, pas foutu de lui échapper. Tant pis pour ma gueule, on dirait bien que j’suis condamné à continuer de suffoquer.

Elle m’emmerde avec mon chien, j’ai pas envie d’parler de ça ou même tout court d’ailleurs mais quitte à ouvrir la bouche, autant que ça ait un but. Qu’elle laisse Neo tranquille, il la connaît même pas et pour le coup je l’envie, moi aussi j’voudrais qu’elle soit qu’une inconnue, moi aussi j’voudrais la regarder et m’dire qu’elle est belle avant de continuer ma route sans m’retourner. Mais j’peux pas. J’la connais que trop bien, les moindres recoins de son épiderme et chaque morceau de son histoire, j’connais le goût de ses larmes et la portée de sa colère, la saveur de ses rires et la couleur de ses peurs, j’connais même le son de son cœur qui se brise et son âme qui se scinde en deux. J’la connais trop bien et putain ça m’tue. Elle m’tue. J’braque mes yeux sur elle pour l’assassiner aussi mais j’sors pas un mot, j’me contente de lui offrir un rictus méprisant parce que c’est tout c’que je suis visiblement capable de faire. Balancer des sourires mauvais, des rires tout aussi dégueulasses et des paroles plus tranchantes qu’une lame. C’est à ça que j’suis réduit. Qu’on est réduits. J’suis prêt à m’écrouler comme un château d’cartes, elle a l’air sur le point de lâcher les vannes pour libérer le tsunami qui s’accumule au coin de ses yeux et au fond de sa gorge. J’sais pas où on va comme ça, mais j’sais que j’vais avoir du mal à l’encaisser. J’me pensais anesthésié à tout et dans le fond j’le suis un peu, mais pas avec elle. Surtout pas quand sa voix tremble comme un navire en plein naufrage et qu’ses mots me transpercent les uns après les autres. J’me sens comme une passoire. Sa langue c’est une mitraillette et moi j’ai pas pris de gilet pare-balle ; personne m’a prévenu, pourquoi on m’dit jamais quand j’me fous devant les canons ? Chaque mot qu’elle prononce me fait l’effet d’une bombe, j’me retrouve en morceaux et j’sais plus quoi faire. J’croyais que j’étais immunisé mais elle est trop venimeuse, j’crève sous l’assaut de sa voix toxique et ses putains de lèvres infectes. J’sais même pas quoi lui dire. J’ai tellement mal que j’en perds la faculté de répondre pendant une seconde, j’peux rien faire à part la fixer comme un homme sur le lit d’sa mort, alors j’finis par me mettre à rire encore une fois. J’ris pour pas pleurer, j’ris pour pas crever. J’ris pour lui survivre parce que si j’le fais pas j’suis juste bon à finir à la décharge.

« Tu t’fous d’moi ? » Ça doit être ça. Y a pas d’autre explication. Elle peut pas m’faire ça. Elle peut pas m’dire tout ça comme ça, elle peut pas croire qu’elle a l’droit de revenir après tout ce temps pour me massacrer en faisant claquer les poignards entre ses dents. C’est trop déloyal, c’est trop salaud. J’devrais même pas être étonné au final, elle l’a tellement été que ça doit faire partie d’elle maintenant. « Alors maintenant c’est d’ma faute si t’es partie ? C’est à cause de moi si t’es une putain d’lâche ? » C’est encore plus absurde quand je le dis. Ça m’écorche les oreilles et l’son qui émane de ma gorge a beau être un énième rire, ça ressemble à un cri de désespoir. J’peux pas y croire. « Inverse pas les rôles, j’y peux rien si t’es pas foutue d’assumer tes conneries. Tu passais ton temps à chialer dans sa chambre, putain. Quand on était pas en train d’s’engueuler, tu pleurais, tellement que j’me demandais comment tu faisais pour pas te dessécher. T’aurais voulu que j’fasse quoi ? Que j’vienne chialer avec toi ? Que j’encaisse comme un roc en venant te consoler ? » J’le fais pas exprès mais à chaque mot je m’approche d’elle, tellement qu’on est plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, tellement que mon visage s’est penché vers le sien et que j’me vois dans ses yeux. « J’suis humain, merde. T’as pas l’droit d’me balancer ça à la gueule alors qu’tu faisais pas mieux. J’rentrais p’t’être bourré mais moi j’t’ai pas abandonnée. » J’l’aurais jamais fait. J’aurais jamais pu. Et elle, elle a pas hésité. Elle, elle est partie sans un regard en arrière et elle m’a rien laissé à part mes yeux pour pleurer et un trou béant dans la poitrine. Elle, elle m’a trahi. Elle nous a trahis tous les deux. « T’avais b’soin d’espace c’est cool, et moi ? J’avais besoin d’quoi moi ? Tu t’es même pas posé la question. Tu t’es juste tirée, t’as même pas essayé d’me parler. T’es partie comme une connasse qui pense qu’à sa gueule. » Les mots sont durs, au moins autant qu’mon regard. Elle m’a foutu en rogne et pourtant ma voix reste terriblement froide, c’est de l’acier trempé qui lui rentre dedans pour la couper en deux. Elle m’fout en vrac. J’supporte pas de l’entendre dire tout ça, j’supporte pas de savoir qu’elle s’est débrouillée toute seule pour respirer pendant qu’moi j’suis resté là, à faner tout seul. Elle m’a laissé comme un chien bon à crever la gueule ouverte. « T’as qu’à rester si ça t’chante, c’pas comme si t’écoutais ce que j’te dis d’toute manière, c’pas nouveau. J’peux même t’laisser la maison tiens, j’la veux plus et puis elle a trop un arrière-goût d’toi. T’auras qu’à vivre avec les fantômes ma vieille, c’est ça l’prix à payer s’tu tiens à revenir à Radcliff, welcome back et tout l’bordel. » On verra comment elle s’en sort quand elle est hantée, j’parie qu’elle tiendrait pas trois jours. J’ai tenu deux ans mais c’est à s’demander comment j’ai pas fini avec une balle dans la tête. Ah ouais, c’est juste parce que j’ai pas réussi à presser la détente, pour l’coup j’regretterais presque – ça m’aurait évité d’avoir à l’affronter, j’aurais dû refaire la déco avec ma cervelle. J’ai loupé ma chance ; dommage ça s’ra sûrement pour la prochaine fois.
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MessageSujet: Re: à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.)   à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.) Icon_minitimeDim 17 Mai 2015 - 2:45


à nous, à nos tristes, à la force d'aimer toujours.
alana & connor.


Tout de travers. Il a tout compris de travers. Mais c'est le bordel et c'était à prévoir. C'est le bordel et tu es là, devant lui, à pleurer et t'es incapable de t'arrêter. Les larmes coulent sur tes joues et c'est comme si tu étais de retour deux ans en arrière. Les larmes coulent sur tes joues et c'est tout comme si Mia venait de mourir. Elle vient de mourir et tu n'as nul part ni personne à qui t'accrocher et tu tombes de si haut que tu as l'impression que tu ne seras jamais en mesure de te relever. Tu ne l'avais compris que quelques semaines plus tard, mais en perdant ta fille, tu avais perdu Connor aussi. C'était une perte plus subtil parce qu'il avait longtemps été là, juste à côté de toi dans votre lit devenu si grand, mais au fond, il n'y avait plus rien de semblable. Un creux, un vide. Il est là, mais plus vraiment. Ou peut-être que c'est toi qui est devenue le fantôme errant dans la maison telle une âme en peine qui ne sait pas ce qu'elle fait, qui ne sait pas ce qu'elle veut. Tu te revois encore les cheveux emmêlés parce que ça fait une semaine que tu n'as pas daigné entrer dans la douche, les grosses poches sous tes yeux parce que t'es incapable de dormir, le visage bouffi et rouge des larmes que tu continues de pleurer sans aucun arrêt, tel un puit sans fond. Et plus tu pleures, plus tu sanglottes, et plus tu sanglottes, plus tu trembles et t'es plus qu'une feuille qui vole dans tous les sens, tiraillés par les coups de vents de la tornade Connor. Tu voudrais que ça arrête, tu voudrais pouvoir crier stop, partir loin, n'être jamais venu, mais comme pour tellement de choses, il n'y a pas de marche arrière, aucune façon d'éviter l'inévitable. Encaisse et assume.

« Putain mais Connor, est-ce que tu t'entends? On était deux dans ce bordel et fuck, t'étais pas là. T'ÉTAIS PAS LÀ. » Tu cris Alana, parce que tu as besoin de lui crier ÉCOUTE-MOI à ton putain d'ex-mari. Tu te repasses les scènes sans cesse dans ta tête. Comment tu as essayé de combler le vide que Mia avait laissé derrière elle sans jamais y parvenir. L'idée de partir n'avait pas été ta première solution, ce ne l'avait jamais vraiment été pour être vraiment honnête. Ça c'était seulement présentée à toi un bon matin et une fois que l'idée s'était implantée dans ta tête, tu n'avais jamais été en mesure de la chasser. Tu ne voulais pas le faire au début, tu te disais que tu ne pourrais jamais le faire, que Connor, il avait besoin de toi, même s'il ne semblait pas réellement te le montrer. Tu croyais que les choses reviendraient simplement, que votre relation s'en sortirait sans trop de travers, mais plus le temps filait, et pire c'était. L'alcool devenait de plus en plus courant dans son quotidien, et le trou était de plus en plus gros. Tu étais seule dans la grande maison, il était saoûl et absent et ensemble, vous n'étiez plus rien. Vous n'étiez qu'un amassis de paroles sans fond, des engueulades sans but, des nuits à dormir l'un à côté l'autre tout en faisant bien attention de ne jamais vous touchez. Tu voulais mieux, fuck, est-ce qu'on pouvait vraiment te blâmer pour vouloir plus avec ton propre mari? « Tu m'as jamais forcé à partir Connor, ça s'est vrai. Mais ne viens surtout pas me dire que tu étais là pour me retenir. » Combien de fois tu as voulu le lui dire, que t'étais sur le point de ramasser tes choses et de déguerpir, telle une voleuse? T'aurais voulu qu'il te convainque de ne jamais partir, qu'à deux, rien n'était impossible. Mais tu n'as rien dit, il n'a jamais rien vu aller, et au fond, tu ne lui as jamais laissé la chance de t'arrêter. Mais t'as tout de même cet impression que même s'il avait su, ça n'aurait rien changé. Peut-être que tu te dis seulement ça pour te sentir moins coupable, peut-être que c'est une réalité aussi, tu n'en sais rien et puis, c'est pas comme si tu pourrais le savoir un jour. Tu étais partie, mais tu voulais revenir. C'est pas si simple, mais c'est la base de tout. Tu veux revenir, même si tu ne sais pas vraiment pourquoi. T'es pas là pour regagner son coeur et lui promettre l'univers et toutes ces conneries, non, ce n'est pas ton but. T'es là parce que Connor, c'est un peu ton seul et unique véritable point de repère dans cette vie trop sale que tu vis. Parce que Connor, malgré le temps, il est encore et éternellement la première personne à qui tu penses le matin et le visage qui hante tes pensées quand t'es sur le point de sombrer dans un sommeil lourd et douloureux. T'es là parce que tu ne sais plus où te cacher. T'es là parce qu'ailleurs, tu ne ressens plus rien. Et t'as besoin de ressentir quelque chose. Quitte à avoir mal, aussi mal qu'avant. « Tu m'as jamais dit ce dont t'avais besoin. On parlait plus Connor. On s'disait plus rien. J'veux dire, on a jamais été plus honnête qu'en ce moment. » Et ça fait mal de le réaliser. Ça fout des larmes dans tes yeux, ça fait saigner ton coeur déjà bien amoché. Mais pour la première fois depuis que Mia est morte, vous parlez. L'abcès est crevé. La vérité coule, et c'est douloureux. Douloureux mais cruellement nécessaire.

« Connor, arrête steplait, j't'en supplie. J'ai besoin que.. j'ai besoin.. » T'as de la misère à respirer, un peu prisonnière de tes sanglots. T'as besoin que les cris et toutes ses pensées qui se bousculent dans ta tête arrêtent. T'as besoin de calme et t'as besoin de silence. Putain, t'aurais tellement besoin qu'il te prenne dans ses bras, comme avant, et qu'il te dise que tout va bien aller. C'est ce dont tu aurais eu besoin avant et c'est ce dont tu as besoin maintenant. Sauf que jamais tu n'oserais et tu sais que jamais il ne viendrait vers toi volontairement. Sauf que la proximité de vos visages, ça te tue. Tu vois ton reflet dans ses prunelles claires et putain, tu pourrais attraper son visage, là maintenant, et approcher tes lèvres des siennes, comme un baume un peu malsain a posé sur ton coeur. T'as l'image en tête et un choc électrique qui te traverse le corps à l'idée, mais tu restes immobile. Parce que tu n'as pas envie que Connor te crache une fois de plus au visage à quel point tu n'es qu'une connasse, qu'une lâche égoïste qui n'a jamais pas pensé à lui une fois dans toute cette histoire, alors que son image ne t'a jamais quitté, pas une putain de seconde d'aucune putain de minute. Tu prends une longue respiration et puis tu fais un pas en arrière. Parce que tu as besoin de te protéger de tout ce que ce mec peut te faire ressentir. Tu as besoin de prendre du recul, d'imposer une distance avant de tout simplement t'effondrer à ses pieds et lui supplier un peu n'importe quoi. Tu veux un peu de temps avec lui, un peu de clarté. T'as besoin que sur le moment, ce soit lui ta bouffée d'air frais. « Connor, j'suis pas venue pour la maison. Tu sais trop bien que j'pourrais pas y vivre, pas sans toi et sans Mia, c'est.. J'suis ici pour me retrouver un peu. Pour toi. Pour nous, peu importe ce que tu en penses. » C'est tellement dure à dire, tellement difficile à expliquer, ce sentiment que tu as au plus profond de toi. « Gueule comme tu veux Connor, je sais que je suis qu'une connasse, une lâche et une tout ce que tu veux, crois-moi, j'me suis fait le discours assez souvent pour ne pas avoir besoin de ton aide. » T'essayes de rigoler, mais franchement, ça n'a rien de drôle. C'est même plutôt triste. « Mais j'ai déjà été ta femme aussi. Ta meilleure amie. La mère de ta fille. J'suis pas qu'un monstre. Et j'ai seulement besoin de savoir qu'on est pas mort, nous aussi. » Tu ne tiens qu'à un fil. Un fil qui se trouve entre les mains du jeune Chapman. Un fil qu'il peut décider de couper sur un coup de tête et t'arracher la tête. Il peut faire ce qu'il veut de toi. T'as jamais été à personne d'autre qu'à lui de toute façon.
AVENGEDINCHAINS
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MessageSujet: Re: à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.)   à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.) Icon_minitimeJeu 11 Juin 2015 - 21:38

Quand j’la regarde, j’nous revois y a des années. J’revois sa crinière dorée qui tourbillonne quand elle court pour me semer, j’entends ses éclats de rire qui résonnent quand j’la serre contre moi, ses doigts qui s’apposent sur mon visage et ses prunelles qui scintillent sous le soleil. J’me souviens de son appareil qui mitraillait toujours tout ce qui s’trouvait autour d’elle, moi compris, même quand on s’était encore jamais parlé. Y a tout qui vient s’mélanger dans ma tête, le jour où j’l’ai demandée en mariage, notre première dispute, la naissance de Mia, l’ouverture de son studio, les mots doux et les conneries, les cris et les nuits. La nuit c’est tout ce qu’il m’reste justement, l’astre lumineux s’est tiré en même temps qu’elle et maintenant j’suis dans le noir, je tâtonne et puis j’me casse la gueule, j’rigole avec du sang dans la bouche et puis j’me perds dans les miettes de nous. J’peux plus la regarder. Je supporte pas. Tout remonte à la surface comme un mauvais film et j’ai l’impression que j’vais crever, ça m’fout la gerbe, ça m’fout la rage, ça m’fout l’envie d’aller me coucher pour plus jamais me réveiller. Je crois que j’suis juste fatigué, tellement fatigué, je sais pas où j’trouve la force de lui crier dessus. Je sais pas où elle trouve la force de pleurer comme ça. Je sais pas où on trouve la force de faire quoi qu’ce soit à vrai dire, j’ai l’impression que toute mon énergie vitale est restée coincée dans le cercueil de Mia. On est trop cassés pour se déchirer comme ça, y a plus rien à massacrer, tout a déjà été saccagé y a des années. On est trop vieux pour cette mascarade, à quoi ça rime tout ça ? Pourquoi on se torture ? On est juste une sacrée paire de cons qui sont même plus capables d’avancer tous seuls, des pauvres estropiés pas foutus de ramper alors on accroche nos griffes à tout ce qu’on peut et puis on lacère, j’veux la réduire en lambeaux et ses larmes deviennent pourpres, c’est son cœur qui dégueule à travers ses yeux, c’est le mien qui tressaute en hurlant à l’agonie. Y a un temps où on était des géants, chaque engueulade devenait un combat de titans et on dégommait tout pour mieux se retrouver dans le chaos. Maintenant on veut s’entretuer mais j’crois qu’on aurait dû nous prévenir avant : on peut pas y arriver quand on est déjà morts.

Elle crie ma poupée balafrée, elle s’étouffe dans ses sanglots et si y avait pas un désert dans ma cage thoracique j’aurais presque envie de l’accompagner. Chaque mot me fait l’effet d’un boulet de canon, j’sais pas comment elle arrive à faire ça après tout ce temps, j’sais pas comment elle fait pour me démolir de l’intérieur. Y a deux billes brillantes qui me fixent et une voix de cristal qui m’lance des reproches et puis des appels au secours, des horreurs et puis des supplications. J’sais pas ce qu’elle fout, elle est le cul entre deux chaises, elle tangue sur le fil sans jamais basculer d’un côté ou de l’autre, elle est comme une flamme qui vacille et moi j’y comprends plus rien. Une seconde j’la hais et la suivante j’veux la consoler, j’veux crever et puis j’veux qu’elle vienne me sauver. On va où comme ça ? Droit dans l’caniveau c’est moi qui vous l’dis, on sera beaux avec nos trous dans la poitrine et nos yeux vitreux, bouffés par la vermine, laissés en proie aux charognards. Au final j’sais même plus qui est le bourreau et qui est la victime, le schéma fait que s’inverser et plus ça va, plus j’me dis que ça n’a aucun sens tout ça, c’est l’bordel et y a plus rien qui tourne rond à part nous ; on tourne en rond ouais, tellement que mes tripes vont bien finir par s’retourner par terre. « Ta gueule ! » Le cri vient du fond d’la gorge, ça résonne dans la pièce et puis dans ma tête, mon ton plus agressif qu’à son habitude. J’veux plus l’entendre. J’peux plus. Elle m’assassine et l’pire c’est qu’elle s’en rend même pas compte, meurtrière au sale goût d’innocence, son halo il est rouge comme mon cœur perforé. « Ferme ta gueule si c’pour débiter autant d’conneries, putain. Comment tu voulais que j’te retienne ? Tu m’as pas laissé l’choix. Me reproche pas des trucs qui sont d’ta faute, merde à la fin ! » Elle me pousse dans mes retranchements, j’me retrouve en colère alors que j’ai l’impression que ça fait des siècles que j’sens plus rien – y a une part de moi qui aime cette sensation et j’la déteste, j’me déteste, j’veux tout envoyer chier. Alana s’est lancée sur une pente trop glissante pour nous, j’sais pas si elle réalise qu’on est pas armés pour cette conversation, cette dispute, ce gros n’importe quoi qui rime plus à rien. Mais elle veut qu’on parle, soit. J’vais lui parler moi, elle va l’sentir passer. « Est-c’que t’as juste une idée de c’que tu m’as fait ? Putain. T’es là, avec ta robe et tes excuses, tu m’balances tous mes torts en oubliant les tiens. Putain d’merde. Tu sais c’que j’ai ressenti en voyant qu’t’étais plus là ? » J’crois même pas qu’elle imagine, p’t’être qu’elle me croit plus fort que je ne le suis vraiment, p’t’être qu’elle pense que j’en ai rien eu à foutre. Franchement j’en sais rien, j’comprends pas, j’la comprends plus. « J’suis rentré et tout c’que j’ai trouvé, c’les papiers du divorce. Pas un mot, que dalle. Ces putains d’papiers sur la table et toutes tes affaires disparues. Tu veux savoir ? J’y ai pas cru. J’me suis marré parce que j’voulais pas y croire. Et puis après j’t’ai attendue. Une heure, puis deux, puis dix jours, trois semaines, deux mois. J’ai attendu comme un con qu’tu reviennes et tu l’as jamais fait. J’t’ai appelée, j’t’ai cherchée. Pis j’ai laissé tomber. Après tout, c’est qu’tu voulais pas être trouvée, pas vrai ? » J’me sens con. J’suis qu’un con. J’sais pas pourquoi j’lui dis tout ça, ça sert à rien et puis ça fait que montrer à quel point j’suis minable maintenant, j’veux pas que ça se sache même si le monde entier est déjà au courant sans le dire vraiment, c’est tacite – j’suis devenu ce pauvre type qu’on regarde passer sans oser lui dire à quel point il est pathétique. J’voulais pas qu’elle sache. Mais ça sert à rien d’essayer d’lui cacher, t’façon elle me connaît trop bien pour se laisser berner, j’suis sûr qu’elle s’demande où il est le mec qu’elle a épousé. Moi aussi j’me pose la question. J’ai toujours pas la réponse.

« Pourquoi ? » Ma voix est trop rauque et j’la dévisage, j’fouille ses yeux et puis ses traits, j’essaie d’la percer à jour sans y arriver parce que ça fait trop longtemps, parce qu’elle a lâché ma main et que j’la reconnais plus, j’me reconnais plus, j’nous reconnais plus. « T’aurais pu laisser un mot, m’envoyer une lettre, n’importe quoi. Pourquoi tu m’as laissé comme une merde ? On parlait plus, et alors ? C’pas une raison. Y a aucune raison valable. » J’ai jamais compris comment elle avait pu m’faire ça. Qu’elle veuille divorcer c’est une chose, qu’elle m’abandonne comme ça c’en est une autre. J’peux pas lui pardonner. J’arrive pas. « Comment tu peux v’nir et exiger tout ça, hein ? Tu crois qu’t’as l’droit d’faire ça ? T’as besoin d’ceci et puis cela, tu veux que j’te dise qu’on est pas morts et puis quoi ? Qu’on va s’en sortir, qu’la vie est belle et qu’elle nous sourira un jour ? Va t’faire foutre ma grande. » Le son qui m’échappe vient s’ajouter à la longue liste de faux rires que j’lui offre depuis le début de notre confrontation ; elle pleure et j’ricane, quelle jolie paire on fait. « Y a un temps où j’aurais pu t’dire tout ça parce que j’y croyais, j’pensais vraiment qu’on allait s’en sortir, ensemble. Pis tu m’as trahi. Alors tu vois, tes demandes, tu peux t’les foutre où j’pense. » J’la hais parce qu’elle a raison : on a jamais été plus honnêtes que maintenant depuis la mort de Mia. J’sais bien qu’on parlait plus, que je l’évitais et que j’préférais boire que la voir pleurer. Mais putain, j’l’aurais jamais quittée. Plutôt crever. C’est elle qui a pris cette décision alors qu’elle assume. J’la défie du regard et puis j’le détourne, parce que ça me fait définitivement trop mal de croiser ses iris. J’préfère aller chercher une clope dans mon paquet abandonné sur la table, et puis je l’allume en continuant de la fuir. Ma main libre se cramponne au meuble avec tellement de hargne que mes jointures deviennent aussi blanches que la tronche d’un cadavre et je tire sur ma cancéreuse sans vergogne, avec toute la rancœur qui s’est instaurée en moi. J’sens mes paluches se mettre à trembler pendant que mon pouce vient frotter l’arcade de mon sourcil et puis j’tiens plus, les phalanges deviennent un poing qui s’écrase violemment contre la pauvre table, dans un fracas qui fait sursauter Neo campé à l’autre coin du salon. Un nouveau coup s’abat, puis un troisième alors que j’lâche un guttural « Putain. » Histoire de l’ajouter à la collection, c’mon juron fétiche. La clope se coince entre mes lèvres une fois de plus, comme une tentative pour me calmer, pour effacer le foutu ouragan qu’elle a déclenché au creux de mes entrailles. J’me dis que j’aimais mieux être un mort vivant, au moins j’avais la paix, pourquoi il a fallu qu’elle vienne foutre un coup d’pied dans la machine pour la faire repartir ? Si j’pouvais m’amputer le cœur j’le ferais, ça ferait toujours moins mal qu’elle. Elle, c’te revenante pire qu’une maladie, pire que tout. L’Apocalypse a sept fléaux mais moi j’en ai qu’un et il porte le nom d’Alana.
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MessageSujet: Re: à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.)   à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.) Icon_minitimeVen 12 Juin 2015 - 23:44


à nous, à nos tristes, à la force d'aimer toujours.
alana & connor.


Je me tais quand sa voix s'élève dans cette maison trop grande pour nous deux. Je me tais quand il me cri de fermer ma gueule. Je me tais parce que je suis trop choquée et effrayée pour oser faire un son, pour oser faire un pas. Connor, ça n'a jamais été un mec méchant, ça n'a jamais été un mec violent. Les disputes avant, elles étaient pleine de passion, mais elles n'étaient jamais douloureuses, pas comme celle-ci, jamais comme ça. Tu ne bouges plus, tu ne pleures plus, mais les larmes continuent de couler malgré toi le long de tes joues. Tu n'oses même pas passer tes mains sous tes yeux pour les essuyer, tu les laisses là, tout simplement. Elles coulent jusque le long de ton menton pointu, mais tu t'en fiches. C'est à peine si tu les sens. Ton regard est fixé sur le sol, tu n'oses plus le regarder directement dans les yeux. Ça fait trop mal. Trop mal de voir la détresse, la haine dans ses yeux. Trop mal de finalement constater le mal que tu as fais, ce mal que tu as toujours refuser de regarder en pleine face. Ce mal que tu as fui encore et encore pendant plus de deux ans, comme une grande lâche, une putain d'enfoirée. Tu trembles comme une feuille prête à partir au vent, mais t'as les deux pieds posés sur le sol, tu sais que tu n'auras pas la même chance que les feuilles, la chance de disparaître et de ne jamais revenir deux fois au même endroit. Toi, t'es plus comme un putain de boomerang. La vie, elle t'a lancé loin. À l'autre bout du pays, à l'autre bout du fucking continent, mais il a voulu que tranquillement pas vite, tu reviennes à la case départ. Incapable de couper les ponts, irrévocablement attiré par la ligne de départ. Cette ligne où il y a Connor et sa gueule amochée, son mal de vivre et toutes les petites pièces piétinés de vos coeurs en mal d'amour, vos coeurs en mal de vivre. Cette ligne où tu dois faire face à tout sans possibilité de t'enfuir une fois de plus, une fois de trop. Assumer. Même si ça te détruit totalement de l'intérieur.

« J'suis désolée. » C'est maigre. C'est petit. Putain merde, c'est pire que ça même, c'est complètement inutile. Sauf que tu ne sais pas quoi dire de plus. Tu ne sais même pas s'il existe des mots qui sont bons pour la situation, des mots qui peuvent faire du bien, des mots qui peuvent faire la différence. De toute façon, tu te dis que ça n'existe pas, des mots qui sont jolis et qui mettent du baume sur le coeur. Pas quand les coeurs sont aussi amochés. Pas quand les coeurs peinent à battre à un rythme régulier. Alors tu te contentes de dire que tu es désolée, ici et là, entre deux reproches. Tu te fais plus petite maintenant parce que tu as peur. Peur de comprendre que c'était une putain d'erreur que de croire que tu pouvais revenir dans cette ville et ne pas déclencher la troisième guerre mondiale. Une erreur de croire que Connor voudrait encore te voir, te parler. De croire que ta présence ne serait pas l'équivalent de l'enfer pour lui. Tu regrettes, d'être partie si longtemps. Tu regrettes de ne pas avoir envoyer de lettre. De ne pas avoir appeler. De ne pas avoir été en mesure d'expliquer. Mais les mots te manquaient. La douleur était trop grande, trop présente. Mais ça ne sert à rien que de vouloir l'expliquer, Connor, il n'entend plus rien. Rien de tes remords. Il n'entend que tes reproches. Il ne voit que tes erreurs, sans en comprendre les raisons. Il n'entend pas les excuses, il n'entend que le petit son pathétique dans ta voix. Il t'abaisse au plus bas de ton être et tu le laisses faire parce que tu sais que tu le mérites foutrement, ce traitement carrément glacial. Mais ça fait mal, tellement mal. Y'a les larmes sur ton visage pour te rappeler que tu réagis encore à la douleur, mais tu te sens devenir de plus en plus insensible à l'intérieur. Plus il parle, plus il t'étampe la réalité en pleine face, plus tu deviens froide. Tu essayes de mettre une carapace, un petit quelque chose pour ne pas tout simplement te laisser tomber là, au beau milieu de ce qui fut autrefois votre cuisine. « J'avais besoin d'espace. J'avais besoin de temps. Je savais que si je te laissais un moyen de me contacter, de me rejoindre, je serais revenue et ça aurait rien changé. Je serais encore dans sa chambre à pleurer toutes les larmes de mon corps et tu rentrerais encore aux petites heures du matin complètement décalé et on se parlerait pas. On serait pas mieux que maintenant, deux putains d'inconnus sous le même toit. » Tu veux croire que c'est ce qui vous serait arriver. Évidemment, vous ne le saurez jamais vraiment, mais tu as l'ultime conviction que c'est ce qui vous serait arrivé si tu n'étais jamais partie. Au final, tu te dis que ton erreur ce n'est pas d'être partie en tant que tel. Le problème, c'est que tu aies mise plus de deux ans à te décider de revenir.

T'as pas envie de répondre à son pourquoi et lui, il a pas envie de te dire que vous allez survivre. Il a pas envie de te dire que vous allez recommencer à respirer normalement un jour ou l'autre, pas envie de te dire que la douleur, elle finit par se dissiper. Et tu n'as pas le droit de lui en vouloir de ne pas vouloir, de ne pas pouvoir te donner ce dont tu as besoin parce que t'es la conne qui lui a enlevé tout ce dont lui avait besoin dans les dernières années. Et puis soudainement tu te demandes vraiment ce que tu fais là. Quel était réellement ton but pour cette visite. Lui dire que t'es encore en vie? Que tu penses encore à lui? Qu'au plus profond de toi-même, sous les couches de pourritures que tu enfiles depuis des mois, il y a la petite femme qu'il a rencontré il y a si maintenant longtemps qui l'aime toujours autant? C'est des conneries, un gros tas de conneries, tu t'en rends bien compte, mais le temps file entre tes doigts et les mots te manquent. Alors tu bafouilles des trucs de plus en plus ridicules avec l'espoir qu'après un temps Connor trouve la force de se calmer, de te laisser un peu de place. Mais vraiment, tu rêves en couleur, tu commences bien à le comprendre. « J'ai aucune raison Connor, j'ai aucune réponse. Je sais que c'est pas ce que tu veux entendre, je sais que ça excuse rien, mais y'a rien que je pourrais dire qui pourrait rattraper le temps perdu. Mais j'suis là aujourd'hui. Et t'es là. » Tu fais un pas vers lui. T'as besoin de fermer la distance. Tu voudrais pouvoir sentir sa chaleur. Retrouver la douceur de son contact. Mais tu n'oses pas, tu sais que c'est encore trop dangereux. « J'te demande pas qu'on recommence là où on a laissé il y a deux ans et fermer les yeux sur ce qui s'est passé. C'est pas ça que je veux et j'suis pas là pour ça, mais putain Connor. Laisse-moi juste une chance.. » Sauf que tu parles dans le vide. Il n'y a rien qui se passe dans ses yeux. Aucune envie de te laisser une chance. Aucune envie de te laisser une place. Il s'énerve et il change de pièce. Ça t'énerve. Tu hésites à le suivre. Et puis tu entends un bruit sourd, tu devines que c'est son poing qui cogne contre la table. Une fois. Deux fois. Et puis trois. Tu l'entends qui jure. Tu recommences à sangloter. C'est plus fort que toi. L'ambiance, elle te pèse contre le coeur, elle t'étouffe, t'es en train de t'asphyxier dans cet environnement nocif, mais t'es incapable de partir en le laissant comme ça. Alors tu entres dans la cuisine où tu le vois, cigarette entre les dents. T'as toujours détesté sa mauvaise habitude et c'est un peu par réflexe que tu attrapes le bâton de nicotine et tu le jettes sur le sol, sans même y réfléchir. « REGARDE-MOI. Je suis là, Connor. Que ça te plaise ou non, je suis là. » Tu attrapes son visage entre tes mains, tu viens poser son front contre le tien. Tu t'attends à ce qu'il se débatte, tu en profites du fait que tu le prends par surprise. « Me fous pas à la porte sans me laisser une chance, je t'en supplie. J'ai encore besoin de toi. »
AVENGEDINCHAINS
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MessageSujet: Re: à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.)   à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.) Icon_minitimeMer 24 Juin 2015 - 20:38

Désolée. Elle est désolée. J’aurais dû compter combien d’fois elle l’a répété depuis qu’elle a débarqué. En fait j’aurais même dû compter les points, le nombre de coups encaissés, les reproches qui fusent ; c’est pire qu’un match de boxe et on a pas d’arbitre, y a personne pour nous empêcher de se démolir et très franchement je sais pas qui est le plus K.O de nous deux. Elle et ses pauvres sanglots, elle et les sillons humides qui creusent ses joues à mesure qu’elle pleure ? Moi et mes rires dégueulasses, moi et la hargne que j’mets à lui faire sentir ma douleur ? Au final on doit juste être à égalité et c’est sûrement ça le plus triste, on contrôle que dalle, on est rien que des cons qui partent en fumée. J’ai encore du mal à m’faire à cette image, elle, entre ces murs. Nos murs, ceux qu’on a arpentés tellement longtemps, ceux qui ont connu chaque morceau de notre histoire puis de notre chute, ceux qui nous ont vu crever à petit feu, jusqu’à ce qu’elle disparaisse. J’pensais jamais la revoir ici, dans le couloir de l’entrée, le salon, la cuisine, devant moi. J’me souviens en avoir rêvé tellement de fois que c’en est ridicule, l’alcool remplaçant le sang dans mes veines, le cerveau embourbé, les yeux vitreux. J’la voyais parfois. Elle et puis Mia, elles et puis moi. Le réveil est toujours brutal, c’est p’t’être bien pour ça que j’ai de moins en moins envie d’me réveiller. Mais cette fois, elle est là, en chair et en os, en sang et en larmes. Elle est là, elle veut rester, elle m’tord dans tous les sens – j’sais plus quoi faire. Elle pleure, elle s’énerve, elle parle et puis elle crie, elle veut m’expliquer et puis elle a plus de réponse. Chaque mot que j’prononce vise à la blesser mais c’est l’effet boomerang, j’reçois l’impact aussi fort qu’elle et j’essaie d’nous assassiner tous les deux. Quelle ironie, j’ai pas pu m’tuer avec un flingue alors autant essayer avec ma langue, autant l’faire en voyant ses yeux s’embuer à cause de moi. J’l’ai jamais faite pleurer. Du moins, jamais volontairement. J’ai toujours voulu c’qui avait de mieux pour elle mais les temps ont changé, nous aussi et maintenant j’me retrouve à vouloir l’étouffer. Elle est loin l’innocence des premiers jours, la fougue des jeunes amants complètement débiles. Il nous reste que l’amertume et j’réalise qu’on nous a pas prévenus, y a personne qui nous a dit qu’ça se finirait comme ça. J’crois qu’on aura pas de happy end, juste les plaies d’une histoire réduite en cendres.

J’ai même plus la force de rebondir sur ses paroles trop bancales, j’peux à peine la regarder plus de quinze secondes d’affilée sans avoir envie de hurler. Dans ses yeux j’vois Mia. J’vois tout ce qu’on a perdu, j’vois l’homme que je suis devenu, j’vois les larmes versées et les cœurs brisés. Sa voix parvient à peine jusqu’à mes oreilles, c’est trop lointain, ça peut pas combattre le bourdonnement qui s’empare de mes tympans et j’préfère lui cracher tout mon venin sans l’écouter vraiment. Dans le fond j’sais bien qu’y a du vrai dans tout ce qu’elle dit, elle a trop raison pour que je veuille l’admettre. Faut croire que j’étais qu’un putain de naïf, à penser qu’on pourrait s’en sortir alors qu’elle savait déjà qu’on y arriverait pas, j’voulais la garder près de moi alors que j’osais même plus croiser ses prunelles. Mais alors ça vaut quoi tout ça, nous, notre histoire, les putains d’promesses qu’on a clamées haut et fort ? À quoi bon faire nos vœux et se jurer fidélité jusqu’à la tombe si c’est pour se quitter sans un mot ? Pourquoi on nous sert tous ces mensonges si on est obligés de laisser l’autre crever en espérant sauver sa peau ? Il est beau l’amour tiens, plus égoïste que tout l’reste, plus traître que Judas. Il m’a planté un couteau dans l’dos et j’ai toujours pas réussi à l’enlever, il est resté là, au chaud, occupé à chatouiller ma colonne vertébrale pour mieux me paralyser. Même Alana est pas foutue d’me libérer, elle trouve même pas d’réponse à mes questions alors faut pas trop en exiger, pas trop en attendre quand y a plus rien à donner ni à recevoir. J’préfère lui tourner l’dos, me cramer les poumons pour me donner l’illusion d’avoir la paix et finir par cogner sur une foutue table à défaut d’le faire sur autre chose. J’suis tellement minable que ça m’pique la gorge et mes muscles se tendent à mesure que je m’efforce de contenir la rage qu’elle a pas besoin de voir. Pourtant elle fonce dans le tas, j’la vois débouler dans mon champ de vision et ma cancéreuse se fait éjecter de son poste, abandonnée sur le sol sans même qu’on l’éteigne – une chance qu’on ait pas d’parquet ou de moquette. Par réflexe, mon pied vient quand même s’planter sur elle alors que je sens des doigts fins agripper mon visage, me forçant à le tourner vers Alana. Son front rencontre le mien, son souffle s’écrase contre ma peau et j’vois flou, j’vois rien, j’me fige comme une statue alors qu’elle rompt le silence. J’sais qu’elle est là, c’est bien ça le problème, c’est ça qui m’fout les tripes en vrac. J’arrive plus à lutter, j’arrive plus à rien alors j’me contente de fermer les yeux pour pas être obligé de la regarder. Et j’reste là. Les bras ballants, l’échine courbée, les paupières closes. L’espace de quelques secondes qui m’paraissent interminables, je bouge plus. C’est à peine si j’respire en vérité, j’ai trop peur de mêler mon souffle au sien, trop peur qu’on s’empoisonne à force de rester si près, trop près, assez pour m’incendier.

« Arrête. » Ma voix s’est calmée, y a plus une trace de ma colère ou mon ironie, juste la lassitude qui teinte chacune de mes journées. Juste cette saloperie de lassitude qui aura ma peau. « C’est des conneries. » Un soupir m’échappe alors que mes yeux s’ouvrent à nouveau, venant enfin croiser les siens que j’veux fuir sans y arriver trop longtemps. J’pose mes mains sur les siennes pour les éloigner de moi lentement, les relâchant une fois qu’elle sont retournées à ses flancs, la place qu’elles auraient pas dû quitter. J’la fixe et puis je soupire encore, parce que c’est tout c’que je peux faire maintenant, soupirer pour pas suffoquer. « T’as pas besoin d’moi. Regarde-toi. » D’un geste vague, j’la désigne dans sa globalité, de toute sa longueur. « T’es vivante, t’es debout, t’as fait j’sais pas quoi pendant tout c’temps et t’as trouvé le moyen d’revenir ici. T’sais quoi ? T’avais raison. » Ça m’arrache la gueule de l’dire. Y a un rictus qui se pointe sur le coin de mes lèvres, faut croire que c’est ce que j’fais de mieux au final, alors j’me prive pas et j’laisse mes lippes s’étirer un peu plus malgré le goût acerbe qui m’empoisonne la langue. « Fallait qu’tu partes, puisque visiblement ça t’a pas si mal réussi. Au final, j’comprends même pas pourquoi t’es là. Tu veux une chance de quoi ? Y a plus rien à faire ici. J’suis plus l’Connor que t’as laissé, t’es plus l’Alana qui m’a quitté. » Elle le sait aussi bien qu’moi, elle a dû l’voir à l’instant même où je lui ai ouvert la porte. J’ai plus mon insigne, j’fais la tournée des bars trop souvent, j’en ai plus rien à foutre de trop d’trucs et j’suis même plus foutu de rire pour de vrai. Elle est revenue pour voir ça ? Bah putain, j’aurais préféré qu’elle reste là où elle était, peu importe où ça s’trouvait. « J’suis sûr qu’t’avais la belle vie, là-bas, j’sais pas trop où. J’suis même prêt à parier qu’t’as fait que des trucs un peu cinglés. » J’la connais. Elle est un peu cinglée aussi t’façon, c’est bien pour ça que j’l’ai autant aimée. J’crois que c’est toujours le cas, j’ai jamais vraiment pu arrêter, mais j’pensais pas la revoir. Pas là, pas comme ça. « Tu dis qu’on en serait toujours au même point si t’étais restée là, alors pourquoi t’es revenue ? Qu’est-c’qui te dit que ça changera quoi qu’ce soit ? Vas-y, ose me dire qu’tu la vois pas partout. À chaque putain de coin d’rue, à chaque endroit où on a passé du temps avec elle. » C’est c’que je vis chaque jour, j’peux pas croire qu’elle connaisse pas la même chose. J’sais même pas depuis combien de temps elle est de retour mais ça change rien. Radcliff c’est un cimetière, le nôtre, celui de Mia. Pourquoi elle y a remis les pieds ? J’ai l’impression qu’elle a fait tout ça pour rien – si j’avais été capable d’mettre les voiles, j’serais jamais revenu ici. Elle m’a abandonné comme un con et maintenant elle revient à la case départ, un pas en avant et cinq en arrière ; j’arrive pas à comprendre sa logique. Y avait une chance, même infime, qu’elle s’en sorte, elle m’a à moitié noyé pour y arriver, et au final elle préfère laisser tomber. C’est comme si elle m’avait fait tout ça pour rien. Il est où l’intérêt ? J’comprends pas. « Ça servait à quoi d’te tirer si c’est pour revenir creuser ta tombe maintenant, hein ? »
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à nos guerres, aux fragiles de nos contours. (alannor.)

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