Quel était votre ancien pouvoir ? Possédiez-vous un bon contrôle sur ce don ?
Alfie possédait le pouvoir de faire pourrir tout ce qu’il touchait d’un simple contact, du moment qu’il s’agissait d’un corps organique. C’était une capacité puissante et dangereuse qu’il n’a jamais réussi à contrôler et qui lui a valu insultes, tentatives de meurtre, isolation et dépression. Il s’est complètement laissé dévorer par les aléas d’un don qui ne se laissait pas maîtriser. Engoncé en permanence dans une veste en cuir miteuse, les seules personnes qu’il laissait toucher sa peau étaient ceux qui portaient des gants – médecins, policiers, tatoueurs.

Dans quelles circonstances avez-vous été vacciné avec le NH25 ?
La plupart des mutants ont été vaccinés au NH25 sous la contrainte, capturés par les hunters et piqués de force, les laissant bien souvent dévastés par la perte de leur don. Alfie n’a pas été pourchassé, ni même obligé à prendre le remède : il s’est rendu. Il est allé trouver un chasseur qui avait accès au précieux sérum et, après s’être assuré qu’il n’en profiterait pas pour le tuer une fois qu’il serait vulnérable, il lui a demandé une dose. Et il s’est juré que ce serait la dernière chose qu’il s’injecterait jamais dans les veines, voulant effacer l’homme qu’il s’était laissé devenir en même temps qu’il effaçait son don.

Quels sont les effets secondaires dont vous avez été victime ?
L’injection lui a apporté de très vives douleurs et des sueurs froides qui ont mis longtemps avant de disparaître. Il se réveillait régulièrement en sueur, le cœur battant à tout rompre, persuadé que son palpitant allait lâcher, terrassé par la drogue de trop. Mais ces effets-là ont fini par s’estomper. Il ne s’en porte pas plus mal, même s’il lui est resté le plus handicapant de tous : depuis qu’il a été vacciné au NH25, Alfie s’est mis à faire des crises d’épilepsie si violentes qu’elles l’ont déjà envoyé à l’hôpital à deux reprises, même si avec le temps leur intensité tend à diminuer. Il lui faut pallier avec ce nouveau problème qui ne l’aide pas spécialement à gérer calmement ses autres crises, à savoir celles de manque.

Comment gérez vous ce retour à la normale ?
Il ne s’est jamais senti aussi bien que depuis la disparition de son don – qu’il considérait plus comme une malédiction que par un cadeau venu du ciel. Maintenant qu’il sait qu’il ne risque plus de tuer les gens, les animaux ou les plantes rien qu’en les touchant, il compte bien rattraper toutes les années de sa vie qu’il a passées à l’écart à devenir une pauvre chose complètement dévorée par ses démons. Ce retour à l’humanité, c’est sans aucun doute la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Avant, il n’espérait rien d’autre de la vie que les trips que pouvaient lui apporter ses drogues, tout en priant pour que son pouvoir finisse par le faire pourrir à son tour. Maintenant, il se prend enfin à se projeter dans l’avenir.

PAYS : France DISPONIBILITÉ : Variable, mon emploi du temps fait des montagnes russes VOTRE AVIS SUR TH : Il est MOCHE COMMENT AVEZ VOUS CONNU LE FORUM : Je suis une sale tique qui s’acharne à faire des RPs et des comptes, désolée pour vous. PERSONNAGE : Inventé, comme les deux autres crétins VOYEZ VOUS DES CHOSES A AMÉLIORER ? : Nopity nope UN DERNIER MOT ? : Craignez la toute-puissance du NYAPEN

Alfie regarda la vitre une dernière fois avant d’entrer dans le restaurant. Il enleva ses lunettes de soleil et fixa le regard que lui lança son propre reflet. Il s’était rasé et avait mis des vêtements propres – un t-shirt deux fois trop large pour lui et une veste noire qui avait de vagues airs un peu chics quoique gâchés par l’âge du vêtement, un pantalon noir également et des baskets sombres, la seule paire qui était encore sortable ou en état d’être portée pour demander un travail. L’homme se demanda si ça allait marcher. Il aurait bien voulu avoir ce boulot : certes, ce n’était qu’un poste de plongeur dans un établissement moyennement fréquenté, mais ça serait toujours mieux que ce qu’il faisait actuellement.
Finalement, il inspira et poussa la porte.
Le léger tintement d’une clochette annonça son arrivée. A cette heure de la matinée, il n’y avait aucun client. Juste une serveuse qui nettoyait les tables avant le service de midi. Alfie s’avança et se racla la gorge pour attirer son attention. La jeune femme se retourna et dû lever la tête pour le regarder dans les yeux.

- Bonjour, nous ne sommes pas encore ouverts.
- Je sais, j’ai rendez-vous avec votre patron. Je crois que je suis un peu en avance.

Il attendit qu’elle ait fini de le détailler avec une pointe de suspicion, puis la regarda s’éloigner dans l’arrière salle. Quelques instants plus tard, elle revenait accompagné d’un quarantenaire aux cheveux poivre et sel à l’air énergique qui s’approcha de lui.

- Ah, vous devez être monsieur Cochrane, c’est ça ?
- Tout à fait.

Il lui tendit une main qu’Alfie serra avec un discret sourire poli. La manche de son haut remonta légèrement, révélant en partie les tatouages multicolores ornant ses poignets. Le gérant y jeta un bref coup d’œil avant de s’asseoir à une table. Alfie l’imita, s’installant face à lui. Il avait l’impression de passer un entretien pour le job du siècle – et quelque part, ça l’était, pour lui. Il avait fait bien pire et bien plus dégradant que la vaisselle, et pour payer ses doses il aurait été prêt à faire n’importe quoi. Tout du moment qu’il pouvait s’acheter ses précieuses petites drogues qui lui faisaient oublier le réel. Mais maintenant que le calvaire était terminé, il comptait remonter la pente, à commencer par se dégoter un emploi décent. Il se prêterait au jeu des questions sans broncher.

- Alors Alfie – je peux vous appeler Alfie ? Qu’est-ce qui vous motive à venir travailler pour nous ? Un grand gaillard comme vous, ça doit sûrement avoir d’autres ambitions que de laver des assiettes.
- Je sors d’une grosse période de creux. J’ai besoin de retrouver quelques repères pour repartir du bon pied.

L’homme ne dit rien et se contenta de le détailler avec un peu plus d’attention. Alfie se demanda ce qu’il pensait à ce moment-là, s’il avait déjà pris sa décision ou s’il hésitait encore entre le mettre à la porte ou l’engager.

- Je vois. Dites-moi, vous avez un look bien à vous. J’en vois rarement, des gens tatoués comme ça.

Alfie baissa les yeux sur son col qui descendait suffisamment bas pour révéler une partie du grand tatouage qui ornait son torse. Il sourit un peu.

- C’est vrai qu’il y en a peu dans le coin.
- C’était pour le plaisir ou pour un pari ?

L’ancien junkie se rappelait de toutes les raisons pour lesquelles il avait réalisé ses tatouages. Ceux dans son dos étaient là pour cacher de vieilles traces de brûlures ; celui sur son torse, pour cacher les restes de blessures qu’il s’était infligé tout seul lors d’épisodes psychotiques pendant un bad trip de trop ; celles sur ses bras, pour cacher les cicatrices qui lui lacéraient les veines les nombreuses fois où il avait tenté de se les ouvrir quand il avait décidé que c’était trop et qu’il n’en pouvait plus. Et les symboles les plus récents étaient là pour cacher ses veines là où il avait l’habitude de se piquer.

- Pour ne pas oublier certaines choses.
- On a la mémoire courte ?
- Non, mais c’est toujours bon d’avoir ce genre de pense-bête sous la main. Ça permet de garder les pieds sur terre.

Le gérant hocha un peu la tête, l’air assez satisfait de cette réponse. Il le fixa une fois encore, préparant sa prochaine question.

- Je vais vous poser une question, et je veux que vous me répondiez franchement : vous ne comptez rien faire d’idiot avec votre salaire ?
- Idiot comme … ?
- Comme le dépenser dans des bouteilles ou d’autres choses.

Alfie eut un sourire plus franc et plus fier. La dernière drogue qu’il s’était injecté et s’injectera jamais, c’était le fameux sérum NH25 qui n’était connu que d’une toute petite partie de la population ; ce sérum qui lui avait permis de ne plus faire pourrir tout ce qu’il touchait malencontreusement, ce sérum qui avait fait disparaître ce don qui ne lui avait jamais apporté rien de bon depuis qu’il était apparu, dix-sept ans plus tôt. Il secoua la tête.

- Non monsieur.
- Non ?
- Vous m’auriez posé la question il y a quelques mois, je ne vous aurais pas répondu. Mais maintenant, je peux vous le dire : je n’utiliserai pas cet argent pour la moindre drogue.

Le gérant pointa un doigt vers lui d’un air sérieux, et l’ancien mutant se demanda s’il venait de gaffer sans le vouloir. Mentalement, il se préparait déjà à essuyer un refus et à partir en quête d’un autre travail.

- Vous êtes honnête, mon garçon. Et l’honnêteté, c’est une qualité trop rare de nos jours.

Il lui tendit la main une nouvelle fois, sous le regard médusé d’Alfie qui avait du mal à en revenir.

- Vous commencez demain. Prenez la journée pour vous préparer et rendez-vous à onze heures sans faute.

Alfie le regarda et ne put empêcher un sourire sincèrement reconnaissant de venir étirer ses lèvres. Il serra la main de l’homme dans la sienne. Il n’y avait pas si longtemps, ce geste lui aurait été totalement impossible sans gant : le bras de l’homme se serait simplement gangrené en quelques secondes. Mais aujourd’hui, enfin, il redécouvrait ce qu’était le contact peau contre peau. Il redécouvrait ce que c’était de pouvoir toucher des gens, de pouvoir caresser un chat dans la rue ou de pouvoir s’occuper d’une plante sans en provoquer la mort. Et il était bien heureux que son pouvoir soit parti, en fin de compte.

- Je serai là. Merci beaucoup, monsieur. Vraiment, merci.

Le nouveau plongeur du restaurant prit congé de son nouveau patron et s’autorisa à se détendre une fois sorti de l’établissement. Il souriait et commençait à avoir envie de rire. Six mois plus tôt, il n’aurait jamais pu rêver de tout ça. Maintenant, il rêvait d’une vie meilleure, et il ferait ce qu’il faudrait pour l’obtenir.
A commencer par rentrer chez lui pour prendre les médicaments qui l’empêcheraient d’avoir une nouvelle crise. C’était le seul défaut qu’il avait trouvé à ce vaccin : les effets secondaires dévastateurs. Mais pour lui, c’était un bien piètre tribut à payer pour enfin être humain.
Enfonçant dans les poches de son pantalon ses mains qui commençaient à trembler sous l’effet du manque, il repartit vers son petit appartement. Son petit chez-lui miteux, mais dont il pourrait continuer à payer le loyer.
Sa petite maison, son havre de paix où désormais il n’avait plus besoin de se terrer comme un rat pour protéger le monde de son existence.