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 the unspoken something (pv)

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Invité

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MessageSujet: the unspoken something (pv)   the unspoken something (pv) Icon_minitimeJeu 16 Avr 2015 - 22:16



Don’t you think there is always
something unspoken between two people?


TENNESSEE WILLIAMS, FROM 27 WAGONS FULL OF COTTON AND OTHER PLAYS.
__

La tête hors de l'eau, portée par la légèreté incohérente d'un corps vidé de sa gravité, il étouffe dans l'écume et les remous d'une mer pernicieuse et vengeresse. Il eut tantôt fait de s'écraser aux récifs si le boulet à ses pieds ne retenait en son étreinte la cheville désossée, la carne mise à nus sous le fracas des vagues. Aux pièges de la poigne comme milles étreintes de mains suppliantes et de bouches hurlantes sous les ardeurs du vent, s'agitent les cahotements convulsionnaires d'une conscience pesante. Le purgatoire océanique déferlant sa splendeur à l'asphyxie des poumons souffreteux. Aux éclats des pupilles secouées par le noir des profondeurs marines, il entraperçoit les visages crépitant dans les enfers de quelques souffrances invisibles, l'écueil d'une mort longue de sa venue, l'odeur sans doute fantasmée de la putréfaction avancée de leurs âmes. Les lèvres décharnées et fondues font des trous noirs sous l'espace de ses pieds. L'ignominie  de la vérité lui apparaît comme le premier réveil douloureux d'une naissance.
Sous le poids des astres témoins : il coule.

Coule et s'abîme. Brutalement il émerge.
Le mouvement est trop brusque, et dans un souffle, il est au sol. Aux muscles tendus de spasmes et marqués de crampes, il s'étire dans un gémissement inaudible contre le parquet froid de la chambre. Jacob ferme les yeux. Le noir des paupières lui renvoient les images persistantes de ses cauchemars et il les rouvre brutalement, frotte l'arrête de son nez en s'adonnant à des respirations longues et douloureuses. Le répit n'est pas sien même au moment du réveil. Il a contre lui le poids des souvenirs et de la mémoire résistance. L'attention que met l'oubli à s'ériger en traître. Il reste un instant encore au sol, à s'écouter bruire. Dans sa chute il a fait buter brutalement la lampe de chevet au mur. En relevant la tête par-dessus le matelas, il a un regard concerné pour la forme blanche aux épis squelettiques qui rêvassent de quelques grands espaces depuis sa couche de l'autre côté de la pièce. Roslyn roulée en boule dans un coin de couette, fait des allers-retours tranquilles de respirations calmes et apaisée. Il se dit que c'est sûrement le seul moment de sa journée où elle peut être ce qu'elle veut sans qu'on la dévisage d'une œillade rude. Lorsque vient la nuit les traits de son visage se détende aux plaisirs du sommeil et adoucisse leur consistance revêche et brutal. Elle fait resurgir l'enfant des entrailles de la bête. En se relevant et passant près de la porte, il replace la couverture sur le corps endormi et s'échappe sans un bruit de la chambre familiale.

Le froid lui brûle la carne lorsqu'il ébroue ses doigts les uns contre les autres pour faire circuler le sang. La clé de la porte lui a échappé et Jacob s'est résigné à y mettre un tour. Il avance dans les rues calmes de la ville lorsque son esprit fait des bonds dans les profondeurs de la culpabilité. Il ne sait pas ce qu'il cherche, il ne sait pas où il va. Depuis un mois comme depuis toujours. A chaque fois, il a l'espoir du changement pour venir lui apaiser la conscience, mais à Radcliff comme ailleurs, le problème ne s'est pas réglé dans les bordels du camion de déménagement. Jacob ne sait plus ce qu'il espère. Il calque ses rêves sur ceux de Roslyn à défaut d'en avoir pour soit. Il fait ce qu'il pense être le mieux pour la gamine en tâchant d'ignorer l'embarras de ses propres désirs. Depuis longtemps il a perdu l'occasion de s'approcher de la solution. Aux cernes noires qui ornent le dessous de ses yeux, il a attribué le droit d'un séjour sans doute long et fastidieux. L'épuisement est généralisé. C'est la tête qui a pris maintenant que les yeux ne peuvent plus.

Jamais encore il n'avait fait le tour de la ville, et il se plait sous les néons plaintifs des lampadaires municipales, à en découvrir les méandres et les formes. Tout est flou dans le monde de Jacob qui avance au grés des lumières et des sons: il a perdu l'usage de ses rétines depuis longtemps, et il appris à appréhender le monde à sa façon. Le détail cornu d'une gouttière peut bien échapper à son regard de taupe, mais l'halot lumineux d'une lanterne frappera de beauté ses sens et son cœur. Il a plus d'intuition qu'il n'appuie les détails. D'une main passée sur le granit d'un petit mur, il en caresse les détails rocheux et le calcaire s'accroche comme à sa peau. Le clapotis de l'eau plus bas le rend compte d'un pont. Il s'apprête à reprendre sa route lorsque la danse de quelques lumières de ville attire son regard jusqu'à l'horizon. Jacob s'immobilise. Sur les pavés humides, il inspire et exalte le bonheur stupide et soudain de ce qu'il observe. Flammèches dansantes imprimées aux rétines. Il se souvient des flaires s'élevant la nuit dans le ciel noir de l'Irak et qui retombait sans un bruit dans le désert vide, silencieux spectacles du danger imminent. Jacob vint s'accouder au pont, sur le muret qui lui blanchit le cuir de son blouson. C'est épuisant de vivre dans des souvenirs. Mu d'une fatigue brutale, il appuie le crâne contre la calcaire froid de la structure. Le craquement soudain dans son dos écourte le repos temporaire de son regard. Il scrute, muet, pressant, presque alerte, la source du bruit. C'est la forme indistinct d'une ombre qui s'étire dans l'obscurité de la nuit.

Maxine dans son dos fait des petits bruits de graviers et de bruissement de chevelures. Jacob l'observe un instant. "Hey." Il dit, dès qu'il l'a reconnu. Et de s'en retourner à ses flammèches.



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the unspoken something (pv)

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