Males shouldn't be jealous, that's a female trait
FT MELICK

Ce foutu corset l’agace au plus haut point. C’est à peine si elle peut respirer dans cet engin de torture. Malgré tout, elle salue chaleureusement les autres habitants de Radcliff alors qu'une ombre de sourire reste plaquée sur ses lèvres. Il s'agit évidemment de ce sourire bien faux-cul que l'on connait tous. Melissa, elle remarque des regards glisser sur son décolleté mais elle ne dit rien. Après tout, elle-même trouve que dans cette robe, ses seins semblent vouloir se faire la malle et ce, de manière presque indécente. Si elle avait su que les vieux accros à la pilule bleue la lorgneraient de ce regard lubrique, elle aurait certainement mieux couvert ses " jumeaux ". Mal à l'aise dans ce corset qui lui compresse les côtes, elle se tortille discrètement sur place tout en gardant cette allure fière, propre aux gens de la haute société. Il faut souffrir pour être belle il parait. Petite, Melissa elle adorait la Fête des Fondateurs. L'espace d'une soirée elle se déguisait en princesse, quittait son entrainement intensif de hunter et entrait dans ce monde irréel projeté des centaines d'années en arrière. Et ce soir, toute cette tradition, ces robes bouffantes, ces jupons en folie et ces discussions animées autour d'elle ne l'intéressent pas. Melissa, elle est là sans être là. Du coin de l'oeil, elle observe Noeh et Salomé. Ses deux bébés qui lui semblent à des milliers de kilomètres d'elle à présent. Ces derniers temps, tout semble foutre le camp dans sa vie. C'est un mur qui se monte tous les jours un peu plus entre les Callahan. Une accumulation de non-dits, de secrets et de doutes qui creuse un vaste trou abyssal entre eux. Elle attrape une coupe de champagne sur le plateau d'un serveur. Toute forme d'alcool, même bon marché, serait certainement son meilleur allié pour le reste de la soirée; bien qu'elle ne rêve que d'une chose Melissa: retirer ce costume avant de se détendre dans son nouveau refuge. Un vieil hotel miteux dans lequel aucune personne sensée n'aurait l'idée de chercher la femme aux goûts ouvertement luxueux. Elle s'y terre tout simplement parce qu'elle ne supporte plus cette ambiance pesante au manoir. Elle ne peut pas le voir dans cet état. Son fils qui ne peut même pas tenir sur ses deux pieds sans se mettre à marcher comme un manchot. Inlassablement, ses pensées la portent vers un ailleurs aussi douloureux, un passé qu'elle s'évertue à enfouir au fin fond de son crâne. Mais elle n'est plus cette femme faible. Elle ne peut plus se le permettre Melissa. Elle frémit légèrement lorsqu'une main vient se poser au creux de ses reins, la tirant de sa rêverie. Elle n'a pas besoin de se retourner pour reconnaitre son époux. Melissa n'avait même pas remarqué son absence. Elle est bien trop distraite, elle divague sans arrêt. Un soupir s'extirpe de ses lèvres avant qu'elle n'y porte son verre, appréciant le petit picotement du champagne dans sa gorge. Le souffle chaud de son mari vient heurter sa peau tandis qu'il lui sussurre des mots énigmatiques à l'oreille. Elle reste interdite un instant. L'avait-il surprise à repenser à son premier époux ? Très vite cependant, elle balaye cette idée. Les hommes ne lisent pas si aisément entre les lignes. Melissa elle tourne la tête vers Roderick et croise ses prunelles malicieuses, comme s'il était fier de lui pour une quelconque raison qui lui échappe. De loin, cette scène peut sûrement s'apparenter à un couple qui s'échange des mots doux mais pour le coup, la mère Callahan hausse un sourcil interrogateur.  « J'espère au moins que tu comptes me dire de qui est-ce que tu parles. » Un sourire étire ses lèvres alors que des effluves d'alcool viennent lui chatouiller le nez.  « Je pense m'éclipser d'ici peu, il me reste pas mal de papier administratifs à remplir pour lundi. » Pas un mensonge mais pas une vérité pure. Clairement, cette soirée ne la réjouit pas. A part peut-être les déguisements des hommes qui l'amusent plus qu'autre chose. Et aussi son époux qui vient tout de même de piquer sa curiosité.

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Elle ne sait pas. Elle ne comprend pas. Ses allusions, Ses sous-entendus et ses sourires en coin. Tel un prédateur qui débusque sa proie, il prend son temps Roderick. Elle le laisse faire, l’observe sans se dévêtir de son sourire narquois. Melissa, elle se languit devant son petit jeu. Les prunelles plantées dans les siennes, il repousse l’une de ses mèches rebelles avant de lui cracher des accusations à peine voilées au visage. Le tout dans une élégance feinte. Elle a tout juste le temps de froncer légèrement les sourcils avant qu’il ne l’entraine au dehors. Elle le suit sans broncher, de toute manière, elle voulait s’éloigner de cette fête. Très vite, les rires et la musique ne deviennent que de vagues échos. Et c’est sous une nuit étoilée que le couple Callahan s’installe sur un banc, à l’écart des festivités. Cette bouffée d’air frais est la bienvenue. Melissa passe sa chevelure sur le côté avant de s’emparer du briquet que son mari lui tend. Ce geste aussi anodin soit-il témoigne de toutes ces longues années passées ensemble. Il la connait. Elle le connait. Malgré tout, malgré eux, ils se sont apprivoisés l’un et l’autre. Elle sort son paquet de cigarettes avant d’en allumer une et de la caler entre ses lèvres. Les jambes croisées, elle s’adosse au banc, le regard fixé sur l’étendue d’eau, reflétant les lueurs de la lune. Elle tire une bouffée bienfaitrice. Melissa, elle doit facilement descendre un paquet par jour depuis l’accident de Noeh. Finalement, elle reporte son attention sur son époux qui se décide enfin à lui expliquer le fond de sa pensée. Inébranlable, elle soutient son regard accusateur avant d’éclater de rire. Elle se serait attendue à tout, sauf à ça. Elle tire une nouvelle bouffée alors que toutes les pièces se mettent en place dans son esprit. « Tu m’as vue… donc tu m’as suivie ?! » elle s’offusque, haussant un sourcil. Elle n’aime pas beaucoup cela. Qu’il la pense infidèle la blesse quelque peu. Ses vœux de mariage, elle ne les a pas balancés en l’air. Elle reste une femme de parole, loyale et fidèle au père de ses enfants. Songeuse, elle comprend bien vite que découcher plusieurs fois par semaine a insidieusement semé le doute dans l’esprit de son mari. Elle porte de nouveau son regard sur l’horizon. « Je me suis toujours demandée si les mutants avaient quelque chose de plus au lit. » Sournoise, elle lance cela de son air le plus sérieux tout en sachant que ça réveillerait la colère de Roderick. Elle tire une latte avant d’ajouter. « Je ne sais pas vraiment s’ils peuvent attraper des infections… Etant eux-même des parasites, ça reste à méditer. » Un air faussement songeur, elle hausse les épaules. Elle lui en veut de douter d'elle mais en même temps, on ne peut pas dire qu'ils sont des plus soudés ces derniers temps. Melissa pivote vers son mari. « Jaloux ou simplement inquiet pour Rod Junior ? » Terriblement vexée, elle aussi a décidé de le faire languir. S'il la pensait capable d'aller voir ailleurs, il pouvait bien attendre son démenti.

Pris la main dans le sac. En son for intérieur, il se rendait compte de la bêtise ultime de ses propos. Roderick savait parfaitement qu’elle ne se fâcherait pas, ce n’était pas son caractère, mais cela l’empêcherait de continuer ses petites poursuites nocturnes dans les rues désertes de Radcliff. Soit elle le repérerait, soit elle jouerait avec lui, comme un chat avec une vulgaire souris déjà éventrée. Il s’avouait vaincu cette fois-ci, son excitation ayant pris le dessus. Un trait de caractère qui ne lui ressemblait que trop peu. Il était troublé, c’était certain. Était-ce le fait que son fils cadet était aussi réactif qu’une palourde ou bien celui d’être cocufié. En tout cas, le doute était semé dans l’esprit du hunter. Et ce n’était pas le petit jeu malsain dans lequel se complaisait son épouse qui allait le conforter dans la solidité apparente de leur couple. Elle s’amusait à le titiller, cigarette au poing, avec ce léger sourire coquin qui la caractérisait. Chacun avait vécu des mésaventures différentes, trouvant en la présence de l’autre une sécurité casanière. Il lui avait donné les gosses qu’elle souhaitait, ses spermatozoïdes de champion du monde du cent mètres ayant fait le travail nécessaire que son ancien époux n’avait accompli. En échange, elle lui fournissait ce soutien primordial dans le quotidien du dirigeant de la Callahan Corp depuis le décès de sa première épouse. Echange de bons procédés qui, à la lueur de leur vie publique, se transformait en un mariage de circonstances. Le regard profond de Melissa appuie sur le sentiment de culpabilité qu’expérimente le patriarche, le sien se dérobant en direction du sol. Roderick avait du mal à faire confiance, et pour une fois, cela jouait en défaveur. « Oui je t’ai suivi. » lança-t-il toujours ses yeux baissés, n’osant croiser le regard amusé, presque maternel de sa compagne. « Que voulais-tu que je fasse d’autre ? Ce n’est pas comme si tu dormais à mes côtés tout les soirées et je savais où est-ce que tu traînais. Je n’ai pas épousé une vagabonde infidèle. » ajouta-t-il, la voix d’une manière surprenante, tremblante. Bientôt et il lâcherait des larmes de crocodiles digne d’un acteur de série z. Ou x, au choix. Il essayait de retourner la situation en sa faveur, lui, le mari abandonné dans un lit glacial, vide, essuyant ses pleurs sur les draps imprégnés de son parfum enivrant. En réalité, il se mettait une mine tous les soirs dans son bureau pour ensuite aller embarrasser l’un de ses deux gamins. Mais ça, elle ne pouvait le savoir, préférant découcher. Roderick releva son regard embué, faible. « Crois-moi, il s’amuse autrement Rod junior en ton absence. » corrigea le hunter, sa voix se faisant plus sereine à présent, son misérable jeu d’acteur terminé. On aurait dit un petit roumain réclamant une piécette à la sortie du supermarché et à présent, il reprenait sa grâce et son charisme naturel. Un léger sourire coquin s’était glissé sur le visage fatigué du paternel. Néanmoins, il resterait éveillé de nuits durant pour obtenir la réponse à cette question qui l’obnubilait. « Maintenant Melissa, poses tes couilles sur la table et dis-moi quel est le problème. Pourquoi tu continues à découcher comme ça, de manière récurrente. Et ne dis pas que c’est moi, regarde la bête. » lança-t-il les yeux pétillants et se désignant avec les mains. C’est vrai qu’il était incroyable.

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Epiée à son insu. Une première. C'est son égo de hunter qui en prend un coup. Fliquée par son propre époux... invraissemblable et pourtant cela démontre bien ô combien leur couple n'est pas des plus ordinaires. Ils forment une équipe depuis plus de deux decennies mais il existe toujours cette limite qui les empêchera d'être en totale osmose. Une frontière infranchissable qui réveille les soupçons et les doutes. Melissa repense à toutes ces nuits, dans ce motel glauque et bien en dessous des hôtels luxeux qu'elle fréquente d'ordinaire. Et elle l'imagine lui, garé sur le parking, à s'inventer milles et unes histoires tordues à son propos. Elle a des tas de défauts Melissa, seulement l'infidélité n'en fait pas partie. Du coin de l'oeil, elle observe le brun justifier ses actes, le regard fuyant. Un air abattu qu'elle ne lui connait pas et qui manque presque de lui retourner l'estomac. Ce qui lui plait chez son binôme, c'est bien qu'il ne soit pas qu'un vulgaire pantin qu'elle peut manipuler à sa guise. Paradoxalement, c'est aussi ce qui l'agace parfois. Cette voix presque brisée ne lui ressemble pas, elle plisse les yeux. « Juste.. ne me suis plus. J'ai passé l'âge d'être chaperonnée Roderick. J'aurai préféré que tu me le demandes directement. Et puis, tu penses vraiment que tu n'as pas ton mot à dire sur mes potentielles liaisons extra-conjuguales ? On était deux à prononcer des voeux à ce mariage il me semble; et jusqu'ici je les ai respectés. » Si lui allait voir ailleurs, elle ne le supporterait pas. Et dans ce cas-ci, pas d'adultère, pas de trahison. Juste une image bafouée. Elle jette sa cigarette et se retient d'en allumer une nouvelle. A la place, elle lisse les pans de sa robe. Finalement, tous ces amas de tissu la tiennent au chaud en cette soirée de novembre. Lunatique, la mine attristée du père de famille laisse bien vite place à son sourire taquin. Un sourire qui aurait pu être terriblement sexy si le brun n'avait pas été enveloppé dans cet accoutrement. Elle le défie du regard alors qu'il lui fait part de ses plaisirs en solitaire. Tant qu'il ne pas trempe sa nouille chez une autre, elle n'a rien à y redire. On ne peut pas dire qu'ils ont été très connectés ces derniers temps. Les hommes ont leurs besoins qu'on dit. Finalement, le père Callahan s'engage sur cette discussion sérieuse qu'elle redoute tant, et c'est alors à son tour à elle de détourner le regard, trouvant soudainement la contemplation du sol beaucoup plus intéressante. Il lui demande des comptes. Parler états d'âmes et sentiments, ça n'est définitivement pas son truc. Melissa, elle est assez maladroite lorsqu'il s'agit de ne serait-ce qu'exprimer son affection, quelque chose sensé être instinctif chez les mères, non ? alors pour discuter de ce qui la tracasse... Un sourire étire le coin de ses lèvres à la dernière phrase de Roderick. Elle le reconnait bien là, un poil arrogant. Elle plante ses prunelles dans les siennes avant de tendre son bras vers lui. Sa main trouve la chevelure de son époux et la caresse doucement. « Je pensais plutôt te proposer de m'inclure dans vos jeux maintenant que je suis là » Elle glisse son regard jusque son entrejambe avant d'affronter de nouveau ses sombres iris. Il est clair qu'elle n'a aucune envie de s'engager dans une discussion à coeur ouvert. En revanche, éluder les interrogations et rendre la soirée un brin plus attrayant, c'est une alternative qui pourrait l'enchanter. Son regard obscurci fait l'aller retour de ses yeux à sa bouche. Cela fait un bout de temps qu'elle n'a pas senti cette dernière sur la sienne. Seulement, c'est sans compter la ténacité de Roderick. Elle le sait Melissa, il ne lâchera pas l'affaire avant qu'elle ne lui ai balancé le fin mot de l'histoire.

Les longs doigts féminins de son épouse se plongeant dans la chevelure de son époux, voilà une scène qui, de loin, représenterait la relation fusionnelle du couple. Seulement de loin. Au fond de lui, Roderick bouillonnait, contraste frappant avec le froid mordant l’enveloppant dans sa petite tenue idiote pour cette soirée tout aussi futile. Melissa tentait de jouer avec habilité avec ses sentiments, ou plutôt sa libido. Malheureusement pour elle, sa verge n’était pas une entité distincte avec son propre cerveau et elle avait encore moins d’effets sur ses actions. Il ferma doucement ses yeux alors qu’elle lui caressait le cuir chevelu, amoureusement et si ce n’était as le cas, stratégiquement. La respiration du hunter se fit plus longue en dépit de l’irritation qui commençait à poindre, il savait pertinemment qu’elle essayait de faire passer sa curiosité sous sourdine. Cependant, ça ne marcherait pas, pas avec lui en tout cas. Alors qu’il ouvrit les paupières avec une lenteur déconcertante, ses yeux ambrés vinrent se poser sur le visage aquilin de son épouse. Ce regard, ce mouvement des lèvres, il la connaissait sur le bout de ses doigts. Elle n’attendait qu’une chose. Néanmoins, ce serait comme récompenser un animal qui vient tout juste de saloper ton tapis en urinant dessus. Impossible de lui faire des câlins. D’un geste langoureux, les doigts du hunter se joignirent à ceux de son épouse et l’éloigna de son crâne, de peur qu’elle y enfonce ses ongles acérées. Avec un sourire coquin, il l’observa du regard dans un mutisme désagréable pendant que leurs mains entrelacées se reposèrent sur le genou de l’homme. Pendant plusieurs secondes, ils restèrent ainsi, l’écho de la fête échouant à leurs oreilles. Roderick n’avait pas envie de papoter durant de longues heures avec des clins d’œil à sa libido de temps à autre pour faire monter la température de leur couple. De sa main libre, il s’approcha de la bouche sensuelle et posa un doigt sur ses lèvres charnues. Le père de famille, d’un coup d’œil observateur vit le regard de son épouse se durcir, ses sourcils se froncèrent. « Je te crois. » lança-t-il dans un souffle court, comme si extirper ces mots de sa bouche lui provoquèrent une douleur viscérale. Il n’était pas certain de pouvoir la croire tant qu’elle n’aurait pas confessé la véritable raison de ce séjour prolongé dans ce motel à prostitués. Roderick était un hunter, et croire sur parole autrui lui était impossible. Il ne croyait que ce qu’il voyait, de ces yeux vus, et pendant plusieurs secondes. « Il n’y aura de jeux que si il y a une récompense. » prononça le patriarche d’une voix profonde, accompagné d’un sourire lascif. Il tenait la carotte au bout du bâton, sans image, à voir si l’animal allait le suivre. Il avait des doutes à propos de la raison de cette fracture familiale qui s’était installé brutalement chez les Callahan, mais il lui fallait être certain à présent, pour avancer. « Je veux un autre enfant, pourquoi pas pour remplacer Noeh ? » proposa-t-il à son épouse, son visage s'étant fait bien plus sérieux, loin de ce flirt d’adolescent qui avait tenté de s’installer. Le hunter pensait avoir ferré sa proie, attention pour autant à ne pas se faire attaquer. « Parce que c’est lui ton problème n’est-ce pas ? » ajouta le paternel des Callahan, dans un long souffle accompagnant le calme ambiant. Pour peu de temps malheureusement.