are friends electric?

 

Bien qu’il se doutât de la réaction de Viktor, Malachi fut tout de même soulagé de voir le vétérinaire réagir plutôt positivement à la découverte de son secret. Il s’avait que Vik était plutôt pro mutant, ou au moins qu’il ne cautionnait pas l’idéologie de Thaddéus, mais aurait pu quand même avoir un mouvement de recul, ou quelque chose du genre. Mais non, il semblait juste curieux d’en savoir plus sur son filleul, qui venait de lui cracher le morceau sur quelque chose de juste vital pour lui.

Il n’en avait parlé à personne ici à Radcliff. Quelques-uns se doutaient surement, notamment ses amis d’enfance, mais il ne l’avait avoué ouvertement à quiconque, jusqu’à ce jour. C’était étrange de le verbaliser comme ça à voix haute. Mais en même temps, cela rendait les choses réelles. Les mutants ne se « demandaient » entre eux quels étaient leurs dons. Ils les voyaient en action et en tiraient les conclusions nécessaires. Il acquiesça quand Vik mima de sceller ses lèvres et d’en jeter la clé. Au moins, ils étaient sur la même longueur d’onde là-dessus. Malachi sourit en coin alors que Viktor lui serrait l’épaule. Il n’était pas fan de contact physique, mais la sympathie du vétérinaire lui faisait du bien.

- Je ne sais pas si c’est forcément généreux, c’est juste que je n’ai jamais fait autrement. Je le faisais pour mon entourage proche, mes amis parfois, quand ils me le demandaient. Comme ça, adieu le stress et l’angoisse avant un oral, le blues de la fin de l’été ou la peur du vide. C’est temporaire, mais parfois il suffit d’un rien pour que derrière, les gens puissent se débrouiller tout seul. * un sourire un peu narquois * Après, ça peut aussi prêter à des expériences moins drôles. Si j’ai envie de priver quelqu’un de sa joie de vivre dès qu’elle est à porter du vue, je le peux aussi. Tout comme provoquer des terreurs terribles et des colères noires. Mais ce n’est pas dans mes habitudes de faire ce genre de choses.

Ça lui était arrivé une fois de provoquer une colère noire chez une jeune femme qui se faisait humilier publiquement par son homme. Elle lui avait hurlé dessus, avait déversé toute sa rage et sa rancœur sur le goujat absolument éberlué. Au final, il n’avait été que le déclencheur d’un ressentiment qui trainait sous la cendre depuis longtemps. Il essayait de ne jamais forcer les gens. Après tout, son don était basé sur de la manipulation, alors il évitait de se jouer des gens sans leur consentement. A moins qu’ils ne le méritent vraiment. Ils arrivèrent enfin à la poste, où Malachi récupéra deux petits cartons, mais particulièrement lourds. Forcément, la connaissance pesait son poids en papier. Il répondit enfin à la dernière question de Viktor en secouant la tête.

- Etrangement, non, ça va. Bien sur je ferais pas ça toute la journée mais… C’est comme un muscle. Plus on pratique, plus ça devient automatique et naturel. Et puis je connais mes limites aussi. Je ne l’amuserais pas à « orienter » plusieurs personnes en même temps … ou à essayer de créer des sentiments. C’est bien trop complexe. Les émotions sont des ressentis passagers, qui dépendent souvent des stimulations extérieurs. Les émotions… c’est intériorisé, c’est délicat. C’est très compliqué à gérer, et je n’en suis pas capable.

Tiens, voilà qu’il devenait presque bavard maintenant, les bras chargés de son carton. A croire que maintenant qu’il avait tout déballé, il lui fallait tout expliquer, tout justifier, rentrer dans les détails. Encore un truc de prof ça encore. Il montra le chemin jusqu’à chez lui à Vik, tournant à gauche, approchant à grand pas du manoir famillial.

- Et pour tout te dire … Pour l’instant, je n’ai plus rien. « ça » a disparu quand c’est apparu chez « vous ». J’espère que ça ne durera pas trop longtemps… J’ai l’impression d’avoir perdu un membre supplémentaire et crois moi, je n’en avais pas besoin…

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Viktor écouta Aaron nier sa générosité sans rien rétorquer, ne voulant pas s’engouffrer dans un débat avec l’humilité de son ami. Ce dernier changea de toute façon le sujet après un sourire plutôt moqueur. « Après, ça peut aussi prêter à des expériences moins drôles. Si j’ai envie de priver quelqu’un de sa joie de vivre dès qu’elle est à porter du vue, je le peux aussi. Tout comme provoquer des terreurs terribles et des colères noires. Mais ce n’est pas dans mes habitudes de faire ce genre de choses. » Malgré lui, Viktor frissonna. L’idée qu’un homme puisse, d’une simple impulsion, s’immiscer dans son esprit et faire rejaillir tous ses pires souvenirs, ou le forcer à perdre le contrôle de ce côté violent qu’il gardait le plus souvent sous couvercle. Il comprenait pourquoi une telle puissance pouvait terrifier les humains dit normaux, comme lui. Le monde semblait plus dangereux lorsque ce genre de capacités se découvrait. Mais à vrai dire il savait aussi que certaines drogues, manipulations et même tortures étaient capables d’opérer les mêmes changements ; la réalité était que le monde n’était pas plus dangereux, simplement différent.

« Etrangement, non, ça va. Bien sûr je ferais pas ça toute la journée mais… C’est comme un muscle. Plus on pratique, plus ça devient automatique et naturel. Et puis je connais mes limites aussi. Je ne l’amuserais pas à « orienter » plusieurs personnes en même temps … ou à essayer de créer des sentiments. C’est bien trop complexe. Les émotions sont des ressentis passagers, qui dépendent souvent des stimulations extérieurs. Les émotions… c’est intériorisé, c’est délicat. C’est très compliqué à gérer, et je n’en suis pas capable. » Viktor acquiesça, récupérant silencieusement l’un des cartons des bras de Malachi. Ils étaient plus lourds que ce à quoi il s’était attendu – que pouvaient-ils bien contenir ? Le plus probable était des livres ; Malachi était l’intellectuel de service, après tout. Le rôle de la brute épaisse mais gentille, c’était Viktor qui le tenait. A eux deux ils faisaient une superbe équipe de dessins animés. Il ne put s’empêcher de sourire à l’image de Malachi avec d’énormes lunettes, et lui qui comptait des pétales de marguerite dans l’arrière-plan. Il devrait envoyer une lettre à Pixar, tiens.

« Et pour tout te dire … Pour l’instant, je n’ai plus rien. « ça » a disparu quand c’est apparu chez « vous ». J’espère que ça ne durera pas trop longtemps… J’ai l’impression d’avoir perdu un membre supplémentaire et crois-moi, je n’en avais pas besoin… » Viktor rit à cette dernière remarque, même si les informations qu’elle accompagnait n’avaient rien de joyeuses.  « Oui, je pense qu’on a déjà donné, questions membres perdus… » dit-il, alors qu’ils tournaient le coin d’une rue, et que Malachi lui indiquait d’un signe de tête une imposante demeure. « Sympa ta baraque, » remarqua-t-il avec un haussement de sourcil. « Si j’avais su qu’être prof dans un lycée payait autant, j’aurais peut-être prêté plus attention en cours… » Comment l’homme était-il capable de maintenir une telle propriété en état avec un piteux salaire de professeur ? Cela relevait du miracle, à moins qu’il n’encourage les gens à ressentir de la générosité envers lui, pour se faire repeindre les volets gratuitement. « Plus sérieusement, tu dis que des… » - Il vérifia que personne n’était près d’eux - « … mutants ont perdus leurs dons, alors que nous en avons gagné ? Depuis quand ? Pourquoi ? » Cela paraissait presque impossible, mais vu l’après-midi qu’ils venaient de passer, impossible était une définition bien insuffisante. « Tu penses que quelqu’un a trouvé une façon de, je sais pas, échanger les rôles ? »

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Le professeur vit grimacer son camarade alors qu’il lui détaillait le coté de son de ses capacités, bien qu’il ne fit aucun commentaire. Il comprenait sa réaction, et c’était en partie pour cela qu’il en avait parlé. Certains pro mutants humains avaient tendance à vivre dans un monde de bisounours, où tous les mutants étaient bons et gentils et sauveraient la planète. C’était faux. Leur mutation était un outil, et comme n’importe quel outil, il servirait la main qui le contrôlerait, et personne d’autre. Ainsi, un couteau n’est pas « gentil » ou « méchant », il coupe ce qu’on lui dit de couper, que ce soit un morceau de pain ou un bras ne fait aucune différence pour lui. Aux yeux de Malachi, ses capacités étaient comme le couteau. Tant qu’il s’en servait pour le bien commun, elles étaient inoffensives. Mais si un jour ses intentions changeaient, elles pourraient devenir des armes semant la désolation sur son passage. Tout n’était qu’une question de choix.

Alors que Viktor acquiesçait silencieusement, Malachi songea, avec une pointe d’inquiétude, aux deux semaines déjà passées sans son catalyseur. Il avait survécu, bien sur, il avait fait ses cours, ses recherches, était allé aux réunions à l’hopital… Mais quelque chose manquait, c’était évident, pesant. Etouffant même parfois, surtout quand il voyait quelqu’un souffrir de ses émotions, sans qu’il ne puisse les apaiser. Inutile. Voilà, il se sentait inutile. Il se demanda si les humains se sentaient comme ça au jour le jour, ou si au final, c’était surtout un sentiment qui émanait de la perte que quelque chose que l’on avait eu pendant des années.

Ils arrivèrent devant le manoir Porter, avec sa grande devanture issue de la période victorienne typique du coin, le bois de partout et le plancher qui grince. Il sourit en voyant l’étonnement sur le visage de son camarade, alors qui posait son propre paquet sur le sol, devant l’entrée, en cherchant les clés dans la poche de sa veste en cuir.

- Déjà pour ta gouverne, je ne suis pas « que » professeur dans un lycée, je suis enseignant chercheur à l’université de Louisville et à celle de Cardiff. Alors forcément, j’ai des revenus légèrement plus importants que la plupart de mes collègues. *il sourit* Cette maison est dans ma famille depuis 3 générations, elle date de mon grand père paternel, qui était ingénieur pour les chemins de fer, à l’époque. Mes parents vivent dans le sud depuis leur retraite, et ma sœur est dieu sait où. Alors j’ai hérité de la maison, ou en tout cas c’est moi qui en profite pour le moment.

Il ouvrit enfin la porte menant à son hall d’entrée, invitant Viktor à entrer d’un geste de la tête. Posant le carton sur le sol. Il fit craquer son dos, avant de refermer la porte derrière eux. Il n’aimait pas que les voisins puissent voir ce qu’il faisait chez lui, ni qui il invitait. Après tout, il ne savait pas si il y avait des hunters ou des sympathisants parmi les gens du quartier, et il préférait être prudent. Surtout quand il s’agissait de donner son avis sur un sujet aussi brûlant:

- C’est ça. Je ne connais pas énormément de mutants dans la ville, mais suffisamment pour savoir que d’autres en ville ont subi les mêmes… Désagréments. J’ai contacté des paires ailleurs dans la région, dans le pays, et en Angleterre, et personne n’a été touché en dehors de Radcliff. J’en déduis qu’il s’est passé quelque chose ici même. Une expérience qui a bien ou mal tournée, un mutant qui s’est découvert un don tordu, qu’en sais je… Tout ce que j’ai pu en déduire, c’est que ça a un rapport avec ce qui s’est passé au manoir il y a deux semaines. Je n’y étais pas personnellement, je me souviens juste d’avoir entendu parler d’une fusillade, d’un dôme qui a empêché les gens de partir… Et maintenant ça. Je ne sais pas quel camp à provoquer ce bazar, mais ils ont bien joué leur coup …

Malachi regarda la grande horloge à bascule qui trônait dans l’entrée, et n’allait pas tarder à sonner les six heures de l’après-midi. Il était définitivement à la bourre, mais bon, tant pis …


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« Déjà pour ta gouverne, je ne suis pas que professeur dans un lycée, je suis enseignant chercheur à l’université de Louisville et à celle de Cardiff. Alors forcément, j’ai des revenus légèrement plus importants que la plupart de mes collègues. » « Milles excuses, monsieur le professeur-chercheur. » répondit Viktor avec un sourire, que Malachi lui rendit avant de continuer. « Cette maison est dans ma famille depuis 3 générations, elle date de mon grand-père paternel, qui était ingénieur pour les chemins de fer, à l’époque. Mes parents vivent dans le sud depuis leur retraite, et ma sœur est dieu sait où. Alors j’ai hérité de la maison, ou en tout cas c’est moi qui en profite pour le moment » Il ouvrit la porte d’entrée et indiqua à Viktor de le suivre d’un signe de la tête. Le vétérinaire s’engouffra dans la demeure familiale des Porter, fasciné par ce qu’il s’imaginait trouver dans la maison de son ami. Malachi n’était pas des plus bavards, même si aujourd’hui il était plus ouvert que d’habitude – mais en de telles circonstances, c’était peu étonnant. Il posa son carton à côté de celui du professeur, qui tira un rictus de dégoût en l’entendant craquer son dos. Il détestait entendre les gens faire craquer leurs articulations ; il avait beau savoir que cela ne causait pas d’arthrose, contrairement aux mythes médicaux si répandus, le bruit le mettait horriblement mal à l’aise.

Malachi referma la porte avant de répondre aux questions de son camarade. « C’est ça. Je ne connais pas énormément de mutants dans la ville, mais suffisamment pour savoir que d’autres en ville ont subi les mêmes… Désagréments. J’ai contacté des pairs ailleurs dans la région, dans le pays, et en Angleterre, et personne n’a été touché en dehors de Radcliff. » Les yeux de Viktor s’agrandirent de surprise. « J’en déduis qu’il s’est passé quelque chose ici même. Une expérience qui a bien ou mal tournée, un mutant qui s’est découvert un don tordu, qu’en sais-je… Tout ce que j’ai pu en déduire, c’est que ça a un rapport avec ce qui s’est passé au manoir il y a deux semaines. Je n’y étais pas personnellement, je me souviens juste d’avoir entendu parler d’une fusillade, d’un dôme qui a empêché les gens de partir… Et maintenant ça. Je ne sais pas quel camp à provoquer ce bazar, mais ils ont bien joué leur coup … » Viktor acquiesça, se mordant la lèvre en souvenir des évènements de Redwood Castle. « J’y étais, et de ce que j’ai cru comprendre, les Hunters comptaient profiter de la réunion pour s’en prendre à quelques mutants démasqués, mais quelqu’un est intervenu – ou a lancé son propre plan, à vrai dire je n’en sais rien – et le tout a rapidement sombré dans le chaos. » dit-il, suivant le regard de Malachi. Six heures du soir, déjà ? Ils n’avaient été censés rester ensemble que deux heures grand maximum, et voilà tout l’après-midi de passé !

Viktor s’étira, et se tourna vers son ami. « Je vais devoir te laisser, j’étais censé faire quelques courses avant de rentrer et tout va bientôt fermer. » Il pensa un instant à tendre la main, mais avec ses gants l’effet était trop étrange. Aussi se contenta-t-il d’un faux salut militaire, et d’un grand sourire. « Promis je ne ferais rien exploser, cette fois. » Il posa sa main sur la poignée de la porte, et s’apprêtait à l’ouvrir lorsqu’une dernière pensée l’arrêta. « Si ce pouvoir reste trop longtemps, je vais sûrement encore avoir besoin de ton aide… Tu pourras passer à ma clinique dans quelques jours ? »

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« Les paroles de Viktor ne faisaient que confirmer à Malachi ce dont il se doutait déjà : il s’était passé quelque chose ce soir là, et il fallait qu’il trouve quoi, pour inverser cette « malédiction ». Il hocha la tête doucement, alors qu’il pointait du doigt l’endroit où Vik pouvait poser son carton. Son ami intercepta son regard vers l’horloge, faisant vite le rapprochement entre ce coup d’œil et l’heure déjà tardive. Malachi ne put s’empêcher de glousser en le voyant amorcer une geste pour lui serrer la main, avant de se raviser pour le saluer, les doigts sur les tempes, claquant des talons comme un militaire :

- Ouais, c’est ça, repos soldat, t’en as assez vécu pour aujourd’hui. Achète-toi un peu de chocolat, histoire de te réconforter un peu. Et beaucoup de repos, aussi. J’ai l’impression d’être un médecin à te dire ça tient.

Il le laissa s’approcher de la porte de sortit, avant qu’il ne se retourne pour lui faire une ultime demande. Il acquiesça avec un petit sourire :

- Tu as mon numéro de téléphone, n’hésite pas à t’en servir. Et si vraiment ça chauffe de trop. Tu peux venir ici. Tu ne serais pas la première âme en perdition que je recueillerais ici …

Vik acquiesça, avant de disparaitre dans l’encadrement de la porte, fermant celle-ci sans un bruit. Malachi s’adossa au mur de l’entrée, juste à côté de ses cartons, en soupirant. Il délassa ses chaussures, les faisant valdinguer dans un coin de l’entrée, et posa sa tête contre le mur. Cette histoire commençait à prendre des tournures préoccupantes. Vik avait eu la « chance » qu’il soit dans le coin, qu’il le connaisse suffisamment pour lui venir en aide. Mais Quid d’humains lambda, sans aucun contact avec des mutants, et qui se levait un jour avec une capacité hors du commun, peut-être même dangereuse ? Il pourrait y avoir des blessés. Des morts. Il sortit son portable de sa poche, et envoya un texto lapidaire à Octavia : « Salut. Il y en a d’autres dans ta situation. Prends soin de toi ». Il posa le téléphone, et attrapa un des cartons. Il attrapa le premier livre qu’il contenait, puis se redressa, chaussa ses lunettes, et s’installant sur son bureau. Sa journée n’était pas terminée, mais au moins à présent, il était seul…


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