▬ 06 juin 2012 ; Brooklyn,  New-York.
Des cris dans la nuit. Une ruelle sombre si peu éclairée grâce au halo lumineux de l’astre lunaire. Une fillette court. Elle court le long de cette allée. Elle fuit quelque chose. Elle semble si apeurée qu’elle renverse deux poubelles sur son passage en s’effondrant dessus. Une demi-seconde plus tard, alors qu’elle reprenait à peine son souffle, elle reprit sa course folle. La fillette jette un œil derrière elle mais c’est quand elle tourne la tête qu’elle se heurte à un obstacle. Le choc fut si violent qu’elle se retrouve projetée au sol. Et elle a subitement le sentiment que sa course s’achève enfin, que tout est fini. Et quand elle lève les yeux vers cette ombre qui lui a coupé la route, un cri reste coincé dans sa gorge.
Elvira se relève dans son lit d’un bond. En sueur et haletante, ce n’était pas la première fois qu’elle se réveillait aussi brutalement. Elle était tellement habituée à ce cauchemar qu’elle ne criait plus depuis quelque temps lors de son réveil. Mais les nuits agitées étaient courantes, ces derniers temps surtout à cause de ce nouveau recensement qui jouait avec ses nerfs capricieux. Elle regarda l’éclairage rougeoyant projeté au plafond : 3 : 16. * Bon sang… * pensa-t-elle. El’ mit un pied à terre, le contact avec la moquette était doux et chaud, rassurant et apaisant. Puis la brunette se leva en passant une main dans ses cheveux hirsutes. Sans même daigner se regarder dans la glace, elle se dirigea vers la cuisine. La soif lui enserrait la gorge comme si elle avait couru un marathon en plein désert. Alors qu’elle attrapa la poignée du frigo Jazz , le chat, la surprit en lui passant entre les jambes de façon nonchalante. C’est alors que la porte ouverte du réfrigérateur revint se fermer violemment cognant ainsi sa tête au passage. Tout tourne et Elvi’ n’a plus les idées claires. Quelqu’un était là. Il s’était infiltré dans son appart’ en pleine nuit, et le pire c’est qu’elle ne s’en était même pas aperçue. * Il est fort. * se dit-elle. Enchaîné juste après le coup de porte, notre belle amie reçu un second dans l’abdomen, surement une semelle de chaussure selon le ressentit immédiat. Ceci eut pour effet d’extraire instantanément tout l’air des poumons de la belle qui vola comme au ralentit contre le mur à l’autre bout de la pièce. Ce ralentit n’était qu’un effet dû à l’adrénaline montée en flèche au cerveau de la victime. Une ombre se posta devant elle, et un flash lumineux la tira de sa torpeur. Une lame allait la perforer si elle ne bougeait pas de là. Grâce à un réflexe surhumain, et surtout à l’énergie emmagasinée avec les coups reçus auparavant, de ses paumes de mains elle repoussa son agresseur qui fit quelques pas en arrière. Mais cela ne viendrait pas à bout de sa détermination. De nouveau en position d’attaque, il se mit en garde avec son large couteau tenu la lame en arrière. Signe de défense, il allait essayer de riposter plutôt que de se lancer dans une nouvelle série d’attaque. L’effet de surprise s’étant estompé sans trop de bobos, El’ qui reprenait peu à peu contrôle de ses mouvements allait elle aussi pouvoir jouer sérieusement. D’une main la rebelle attrapa un vase posé sur une table et l’envoya voler en direction du sombre soldat. Mais le temps qu’elle l’eut quitté des yeux pour visualiser le dit vase, lui s’était lancer vers elle et avait déjà un pas d’avance dans son intention de combattre. * Et merde… * Le nouveau choc était douloureux. Il s’était jeté tête baissée sur elle pour la plaquer au sol. Sa tête à elle alla heurter le coin du mur et la plainte qui lui meurtrie le cuir chevelu. Soudain :
« A MORT LES DEGENERES ! » Cria le sinistre inconnu. Un autre hunter pour sûr. Ceci n’avait donc rien à voir avec un quelconque cambriolage de quartier. On aurait pu croire à un voisin mécontent… Mais nan ! Les deux mains levées avec le couteau pointant vers elle, il s’apprêtait à lui traverser la poitrine de sa lame acérée. Mais Elvira répondit enfin : « [color:4fc6=FFBC00]Y-en a marre de tous ces types comme toi. DEGAGE ! » A une vitesse fulgurante, son poing alla frapper le torse de l’homme en noir avec extrême violence. Grâce à son pouvoir, elle avait multiplié la puissance de son impact ainsi que sa vitesse d’exécution par cent. Alors imaginez un peu l’étendue des dégâts. Ouai… Ne soyez pas étonnés par la gerbe de sang qui gicle du masque de son assaillant. Elle venait de lui broyer la cage thoracique et lui écraser les organes à l’intérieur. Son opposant eut tout de même la force d’exprimer ces quelques mots : « Saloperie… de mutos… les… les autres te trouveront… Hhhhh… » Son dernier souffle lui échappait à présent. Tout était redevenu calme et tranquille, sombre et silencieux. Mais bientôt les voisins s’agiteraient et appelleraient sans doute les flics pour venir la chercher. Mieux valait ne pas traîner par ici. Ce petit appart’ qu’elle habitait en location à la semaine lui avait bien servi, mais il était temps de changer d’air. Il fallait quitter New-York pour trouver un coin plus tranquille le temps que les choses se tassent. Une de ses connaissances lui avait parlé d’une petite ville reculée du Kentucky où le climat n’était pas si tendu. Pourquoi ça ? Comment le savait-elle ? Ces détails lui échappaient aujourd’hui.

 
▬ 12 juillet 2012 ; Radcliff, Kentucky.
Cette ruelle sombre est là de nouveau. Et pourtant, tout semble bien plus réaliste cette fois. Une petite fille fuit une ombre grandissante qui s’approche irrémédiablement. La fillette chute dans sa course effrénée pour son salut. Mais cette fois, Elvira avait le contrôle. Elle n’était pas la petite aux cheveux de jais qui s’essoufflait au sol. Elle attendait patiemment au coin de la ruelle derrière le muret. Elle attendait que la troupe de racailles qui s’amusaient à terroriser cette pauvre petite fasse leur office. Elle les suivait depuis plusieurs heures et enfin elle touchait au but. Ces enfoirés, lâches qu’ils étaient, buvaient depuis le début de la soirée et parlaient à tort et à travers des ’’mutos’’. Ce terme disgracieux avait résonné aux oreilles de la belle barmaid, qui leur servait leur 5ème tournée, comme un coup de fusil. Ces déchets devaient être des chasseurs, et plus la soirée avançait plus ils s’échauffaient et traitaient d’aller ‘’shooter du mutos’’. El’ ne pouvait pas laisser passer une occasion pareille. Eux aimaient tuer ses congénères, mais rien ne lui faisait plus plaisir que d’exterminer une troupe de Hunters perdus en ville.
Notre âme solitaire et vagabonde n’avait que peu d’amis et ne pouvait compter ce soir que sur elle-même pour venir à bout des 4 lascars qui menaçaient l’enfant mutante. Encerclée, la pauvre petite n’avait plus d’endroits où aller. Fuir lui était désormais impossible. « Alooors la mutooos… Qu’est-ce que tu viens faire par ici ? Hin ?! Tu sais pas que c’est une zone interdite à ton espèce par ici ? » L’homme titubait clairement sur ses jambes et devait focaliser toute son énergie pour rester debout. Elvira tenait son moment. Etant un peu plus loin, il lui faudrait quelques mètres pour rejoindre les gaillards autours de la fillette. Elle enchaîna cinq coups de poings contre le mur de sorte à emmagasiner de l’énergie cinétique et remplir ses batteries. Un flux rouge l’entoura le temps de l’absorption de l’énergie et elle put ainsi utiliser de quoi se propulser vers les pauvres bougres qui allaient passer un sale quart d’heure. * Et c’est parti ! *

Au bout de quelques secondes, les 4 loubards bien éméchés se retrouvèrent au sol, KO. La s’en suit un terrible dilemme intérieur. Les tuer ? Les laisser vivre ? * Si je les tue… D’autres voudront se venger. De la fillette, de moi et même d’autres mutants alentours. Toute vendetta en entraînerait une autre et ainsi de suite. Mais si je les laisse comme ça, ils se réveilleront avec un sentiment d’humiliation si profond qu’ils reviendraient en demander. Ils rechercheraient à se venger alors qu’ils étaient les coupables, car tel est fait l’esprit humain. On nous traite d’animaux et de dégénérés hin… Mais qui sont les plus primitifs de l’histoire ? * Elvira se rapproche finalement de la jeune fille. Celle-ci se trouvait dans un coin sombre, complètement recroquevillée sur elle-même tétanisée de terreur. Notre amie s’accroupie à ses côtés et se laisse glisser le loin de la paroi jusqu’à faire toucher ses fesses au sol. « [color:4fc6=FFBC00]Haaa… soupire-t-elle Alors petite… Comment t’as fait pour te retrouver dans ces sales draps ? Hm? » Mais l’enfant ne répondit pas. Elvi’ sorti alors de sa poche un paquet de cigarette, en tira une de l’emballage cartonné et se la colla délicatement entre les lèvres. Puis, sans l’allumer, elle leva les yeux au ciel et dit tout haut : « [color:4fc6=FFBC00]Mouai… Moi non plus je sais pas comment j’en suis arrivée là. »