Tout était noir autour d'elle. Elle ignorait où elle se trouvait, ce qui se passait. Une douleur atroce lui élançait le crâne. Elle essayait de remettre ses idées en place, de se rappeler ses dernières heures éveillées. Elle ouvrit lentement les yeux, incertaine de ce qu'elle allait trouver. Une fois ses paupières ouvertes, elle observa autour d'elle. Étendue sur un sol froid, son corps entier lui faisait mal et pourtant, elle ne se rappelait pas avoir été frappée, ni poussée. Son crâne tournait mais elle réussit tout de même à se situer. Un sous-sol ? Soudain, une voix s'éleva à sa droite. Elle sursauta, comme un animal aux instincts de mort. Ouais, ce type qui s'avançait vers elle sentait la mort, celle qu'il s'amusait à lui affliger gouttes par gouttes. Elle tenta de se défaire des liens qui enserraient ses poignets dans son dos mais il n'y avait rien à faire, ils étaient atrocement serrés. « J'me demandais si tu allais te réveiller. On a pas terminé de jouer, ma belle. » Un petit rire lugubre qui résonnait jusqu'aux pensées même de la métisse qui fut plus étourdie que jamais. Pourquoi il faisait cela ? Pourquoi elle ? Elle ne comprendrait jamais la folie de ses sales mutants. Possédés par le démon comme disait son père. Elle ne savait pas si c'était bien le cas mais celui-là, il avait clairement quelque chose qui clochait. Elle se rappelait maintenant lentement comment elle s'était retrouvée ici... Des souvenirs flous... même de son nom, elle peinait à s'en rappeler. « Tu vas souffrir comme vous nous faites souffrir ! » Aussitôt, une vive douleur s'empara de ses tempes, comme si son cerveau allait exploser. Des images se mirent à défiler à une vitesse vertigineuse dans sa tête qu'elle avait envie d'éclater sur le sol pour que tout cela se termine. Des visages. Des sensations. Ça lui donnait la nausée... Des souvenirs qu'on lui imposait à ses pensées. Le Noël chez le voisin, le jour que son père lui a donné sa première arme et toute la fierté qu'elle avait ressenti. La fois qu'elle avait tué son premier mutant... Ou son pèlerinage en Asie et les montagnes magnifiques du Tibet. Et ce rire malsain du mutant par-dessus tout. Le Noël chez le voisin qui devient une scène couverte de sang sur le buffet... Le cadeau de sa première arme qui devient une balle dans la tête fiché entre les deux yeux de son père. Sa première traque qui devient un premier échec lamentable et se terminant dans un bain de sang. Ou encore son voyage calme et ressourçant à l'autre bout du monde qui s'écroulait sous ses yeux, les montagnes explosant, les gens rencontrés soufflés dans l'explosion de la mémoire qui s'effritait...

Absorbée par ce vortex, ce tourbillon de pensées que le mutant venait salir de ses mains invisibles, elle ne réalisa même pas qu'elle s'était mise à crier sous la douleur de ce... viol... mental. « Arrêtez ! » Elle rugissait, dernière étincelle de son caractère de feu. La fureur qui se filait dans chacun de ses muscles qui se tendaient. Elle grinçait des dents et ne pensait qu'à une chose, lui arracher sa stupide tête de ses épaules, lui couper cette bouche carnassière et voir s'il arrivait encore à sourire ainsi, ensuite. S'il croyait qu'elle allait supplier, pleurer sur son sort ou battre des cils pour se sortir de cette situation aliénante, il se trompait. Elle préférait mourir que de tomber à ses genoux. Et la métisse ne se méprenait pas... ce type n'avait pas l'intention de l'épargner. Il était un monstre ; à jouer avec la tête de la belle simplement pour lui arracher des cris. « Tu m'donnes pas d'ordres, salope ! » Une nouvelle gifle mentale, avec le visage de ses amis, qui se mirent à fondre, les os et les tendons à vif. Les rires de son entourage, surtout de son père qui résonnaient en écho à ses oreilles, accentuant son mal de tête qu'elle avait l'impression de faire plus mal que n'importe quelle torture physique. Monsieur Vega avait appris à sa fille comment endurer la douleur et comment l'infliger. Il lui avait appris à ne reculer devant rien pour achever une proie, mais rien n'aurait jamais pu la préparer à de telles agressions de l'esprit. « Fuck... you... » Qu'elle réussit péniblement à laisser tomber dans un gémissement douloureux. Que tout cela se termine, qu'il en finisse avec ses jeux de l'esprit. Et il lut bien vite dans ses pensées, se mettant à rire froidement. « Ha ha ha, mais non, ma jolie, j'en ai pas fini avec toi. T'es plus forte que j'pensais, on va voir combien de temps tu peux t'nir avant qu'le cerveau t'explose. » Déjà, la mémoire de la belle se fracassait en mille morceaux, ne se rappelait même pas que ça faisait déjà une semaine qu'elle était la pauvre victime du mutant. Une nouvelle danse de souvenirs corrompus se mirent à tourbillonner dans son crâne. Toutes ses plus grandes peurs sous les yeux. Des visions de mort, de victoire des mutants sur ses collègues tous exécutés les uns après les autres et son père gardé pour la fin. Sacrifié à l'autel de cette guerre sanglante. Une illusion, un vilain jeu pour le télépathe qui redoublait d'imagination pour détruire chaque moments heureux dans la vie de la métisse en vision d'horreur. Vega... Vega... Vega... Elle essayait de s'accrocher à cette seule pensée qui la gonflait de fierté. Mais son prénom... il lui échappait lentement, comme de l'eau qui coulait entre ses doigts. Elle paniquait, essayait de s'y accrocher mais l'élancement violent qui vibrait à son front l'empêchait de penser clairement, sans parler de la présence parasite du mutant dans ses neurones. Non... Elle se perdait à des limbes de folie, d'errance dans un vide nauséeux. Hadley se recroqueville en boule, comme pour essayer de se forger une défense face aux assauts mentaux de l'homme qui la surplombait en y prenant un malin plaisir. Elle murmurait son nom de famille à répétition dans l'espoir de l'ancrer à jamais dans sa tête mais même cela, le monstre - le dégénéré - était décidé à le lui arracher. Bientôt, il lui imposa l'image de son paternel. Et à chaque secondes, son nez, ses yeux, sa peau et déformaient. Sa figure se déformait, pourrissait comme dévorés par les vers. Et Hadley laissa échapper un cri plus fort, remplis de détresse. Veg... Ve... V... Puis, plus rien. Le néant. La chasseuse tomba inconsciente. À ce moment même, la porte du sous-sol vola en éclats et surgirent un petit groupe d'hommes armés. Des hunters, qui déchargèrent leur pistolet sur le corps bientôt troué du télépathe. Dans un dernier rire triomphant, son corps heurta le sol. Sans vie.

Les chasseurs se précipitèrent aux côtés de la métisse, leur alliée pour passer un doigt à son cou. Elle respirait, son faible pouds sous la peau tannée. Quand elle ouvrit les yeux plusieurs jours plus tard, on l'accueillit en survivante mais elle ne savait dire qu'une chose... « Qui suis-je ? » On lui avait dit son nom. « Vega ? » Et ça ne voulait plus rien dire... Tout ce qu'elle savait c'était qu'elle bouillait d'une rage inconnue au plus profond d'elle. Une colère face à ses êtres dégénérés, se souvenant seulement de ce rire sorti des enfers et qui lui donnait des envies de meurtres... La belle, devenue un animal. Statue de violence sculptée par ceux-là même qui se plaignaient d'être chassés...