i. que pensez-vous du mouvement terroriste des hunters ?
Ce mouvement, elle en a fait une affaire personnelle. Non contente de tenter de contrecarrer leurs plans, elle leur voue une haine viscérale, et sa poitrine abrite un coeur dans lequel brûle le feu d'une rancune insatiable. Entendre leur souffle de vie s'étouffer entre ses mains n'apaise qu'un instant cette colère incontrôlable éprouvée à leur égard. Ce sont des meutriers, des détraqués pensant avoir trouvé un prétexte acceptable pour étancher leur soif assassine, sans que personne n'ose s'y opposer. Ce sont des hommes et des femmes malades, psychotiques, vivant dans leurs délires de persécution. Étant donné que personne ne semble se décider à les condamner ou à les enfermer parmi les autres névrosés de leur espèce, il faut bien que des personnes comme elle se portent volontaire pour annihiler leur nuisance.

ii. êtes-vous effrayée par l'apparition des transmutants dans la société ?
Octavia a connu leur existence bien avant que celle ci ne soit dévoilée au grand jour. Elle a découvert ces forces de la nature à travers ses yeux d'enfants, avec un cœur encore libre de toute manipulation et l'esprit clair. Peut être est ce la raison pour laquelle elle n'a jamais été effrayée par ces capacités hors normes. A cette époque, et durant plusieurs années, elle pensait que son ami était unique au monde, mais n'a pas été très perturbée en apprenant que ces mutations étaient chose plutôt rependue, tout du moins bien plus rependue que ce qu'elle imaginait. La seule pensée lui ayant traversé l'esprit un jour, était de possiblement être en train de cambrioler l'appartement d'un transmutant, contre lequel elle ne combattrait peut être pas avec le même avantage que d'habitude. Elle a simplement redoublé de discrétion depuis, mais en être effrayée, ça non.

iii. avez-vous déjà fréquenté des mutants ?
Garrett, son voisin d'enfance, cet ami qui l'avait apprivoisé doucement, celui avec lequel elle a vécu les moments les plus forts de son existence. Un mutant, effectivement. Peu contrôlable, et s'en désespérant parfois lui-même. Il avait déjà tué deux personnes par la force de son don, lorsqu'elle l'a découvert. Mais, eh ! N'en avait elle pas tué tout autant à cet époque, pour garantir sa protection ? Lui de son côté n'avait pas maîtrisé son acte, mais finalement, il restait le seul des deux regardé comme un monstre. C'était le seul qu'elle ait jamais connu, à Lexington. Elle a vu les moyens déployés par les hunters pour le piéger, leur manière de débarquer dans ces ruelles oubliées, se croyant en territoire conquis. Dès cet instant, le choix de son camp était fait. Depuis qu'elle est à Radcliff, Octavia en a côtoyé d'autres, évidemment. Lorsque l'on prend part à un groupe tel qu'urpising, il faut bien s'attendre à en croiser un ou deux.

iv. que pensez-vous de l'élection récente de thaddeus lancaster à la tête du comté ?
C'est en quelque sorte l'une des raisons qui pousse Octavia à rester installée dans cette ville, ville dans laquelle pourtant elle n'avait aucune attache. Tomber sur un lieu tel que Radcliff, s'attendre à une bourgade perdue de laquelle il ferait bon repartir, et y découvrir un extrémisme pur et dur, des hunters à tous les coins de rue et une mentalité de plus en plus véhémente envers les mutants. Le genre de bombe à retardement qui se terminerait en génocide si personne ne s'interposait. Et des résistants, Octa en a trouvé, d'autres personnes oeuvrant dans le secret pour contrecarrer les plans de ce maire ravagé. Il est tout ce qu'elle déteste. Elle est même incapable de prononcer son seul prénom sans serrer les dents. Thaddeus. De plus, il n'est pas sans lui rappeler ces ordures friquées qui défilaient chez elle pour payer les bons service de sa mère. Et rien que ça, ç'aurait été une raison suffisante pour lui valoir tout son mépris. Ajoutez à cela ses idéaux diamétralement opposés aux siens... Elle ne le supporte pas. Elle le veut mort.  

« Qu’est-ce que tu fous, gamine ? » Elle ne tournait pas le dos, comme sa mère le lui avait appris. Elle maintenait son regard planté bien droit dans les yeux vitreux de l’homme qui n’osait plus s’approcher. Ses bras restaient tendus, ses muscles étaient douloureusement contractés, mais aucun tremblement ne trahissait son hésitation. Elle le maintenait à distance, et d’ici à ce qu’il se décide à bouger, quelqu’un serait certainement déjà rentré. N’est-ce pas ? « Tu risques de te faire mal… Poses ça, tu veux ? » Les bras de la gosse s’élevèrent un peu plus à ces mots, un air renfrogné sévèrement ancré sur le visage, ses sourcils en aile d’oiseaux froncés au-dessus de ses yeux noirs. Le sourire mielleux de l’inconnu s’évapora. Les sourires ne sont qu’appâts, le regard ne ment pas. C'était Garrett qui lui avait répété cette phrase des dizaines et des dizaines de fois. Ce soir, elle le voyait. Face à elle, les commissures de ses lèvres s’étaient abaissées si rapidement que sa bouche en était toute déformée, comme un sourire inversé, noyé par la chair pendante de ses joues creusées par la faim. Ses yeux en revanche, oh, ses yeux. Un instant, elle manqua de baisser les siens, face à ces deux grandes prunelles délavées, fantomatiques. « Dégage de là, salope, ou je t’ouvre le bide ! » Malheureusement, malgré son jeune âge, chaque mot trouva son sens dans son esprit. Le vieux s’était mis à battre l’air de son couteau dans de larges gestes du bras sans cesser de proférer ignominie sur ignominie, et la petite peinait de plus en plus à garder son sang-froid. Et puis, sentant visiblement une faille dans le comportement de la môme, il bondit, une grimace haineuse défigurant son visage, et là, face à l’horreur, les doigts d’Octavia se serrèrent sur la gâchette, l’homme ayant à peine le temps de voir son crâne s’approcher dangereusement du canon du revolver soigneusement braqué sur son front, et la détonation partit en explosant l’air avant que la balle ne vienne se loger entre ses deux yeux. La masse morte tomba sur la gosse, qui avait lâché l’arme, surprise par la douleur stridente s’éveillant au fond de ses oreilles, et la sensation de ses muscles compressés comme des ressorts à cause du recul de la déflagration. Écrasée sous la soixantaine de kilos, suffocant dans la panique, il fallut dix minutes à Octavia pour s’extirper de sous l’étreinte du cadavre. Autant de temps pour se rendre mécaniquement près du vieux robinet relié aux canalisations dénudées, remplir un seau trois fois trop lourd pour ses biceps de mioche, et venir y nettoyer sa peau maculée de sang et ses vêtements. Au fond de ses entrailles, un soulagement grandissant. Sa mère en rentrant l'aurait certainement plus engueulée si elle avait laissé l'homme s'emparer du peu d'argent qu'il leur restait. Trouver son cadavre au milieu du studio miteux ne lui ferait ni chaud ni froid.


« T’avances et tu m’emmerdes pas, sinon tu vas voir ce que tu vas prendre ! » Un dernier regard vers les faces patibulaires qui la dévisageaient et la petite commença à monter par l’escalier de secours, grimaçant en sentant les barreaux froids sous  la plante de ses pieds nus. Là, sur le palier métallique, une petite trappe servant de chatière, et son cœur sursauta dans sa cage thoracique. Se tortillant comme un ver, elle s’engouffra par l’étroite ouverture laissant tout juste passer sa carrure maigrichonne, les yeux écarquillés pour tenter de distinguer ce qui se trouvait autour d’elle, l’oreille tendue à l’affut du moindre bruit. C’était la plus petite, Octavia, la seule gamine encore assez fluette pour faire le coup de la chatière sans que son cul ne reste coincé en travers. Elle s’était bien moquée de Garrett quand ça avait fini par lui arriver, et que son père avait dû aller l’extirper de cette prison improvisée en vitesse. Elle avait nettement déchanté lorsqu’elle avait compris que c’était à son tour de s’y coller désormais, jusqu’à ce qu’elle aussi ne finisse par ne plus y passer. C’était toujours le même rituel, chambre à coucher, boîtes à bijoux, tiroirs un par un, sacs qui traînaient, le tout en suppliant intérieurement n’importe qu’elle entité divine de la laisser trouver de quoi satisfaire le groupe, pour échapper à la raclée, et aux leçons de morale de la mère. Plus petite, ça avait commencé par des « Tu n’auras rien à bouffer Octavia, tu veux qu’on crève de faim ? » ou encore « J’me casse le cul toute la journée pour toi, t’as intérêt à montrer que c’est pas pour rien ». En atteignant l’adolescence, le tout prendrait un versant nettement moins sympathique, la conduisant presque à regretter ces remarques précédentes. Comprenant rapidement que si ces escapades ne payaient plus assez, sa mère lui imposerait d’autres activités pour gagner leur pain, et ça, ça jamais. Tout, mais jamais ça.


« Putain Garrett, fais pas ça. Barre toi, j’viens avec toi. On s’tire tous les deux, rien à foutre de rester là de toute façon. Garrett, arrête. Arrête. » Il l’avait laissée se défouler, péter son câble comme elle le faisait si bien, toujours malgré elle, toujours dans un langage de charretier qui dépassait même parfois le sien. Il l’avait écoutée ponctuer chaque phrase d’au moins cinq "putains" qui lui échappaient de plus en plus rapidement, plus encore que lorsqu’elle était en colère après cette vie qui les désolait. Et c’était presque pire, finalement, de la voir aussi démunie, aussi perdue et en état d’alerte, tandis que la situation lui glissait entre les doigts. Et elle l’observait, mettre de l’ordre dans le peu d’affaire qui restait entre les quatre murs de la pièce dans laquelle il avait grandi, dans laquelle elle avait évoluée elle aussi, toujours fourrée chez lui et son père pour y trouver un peu de chaleur humaine. Elle avait presque envie de pleurer et ça la mettait plus hors d’elle que tout le reste encore.

Tout s’était accéléré depuis que ce flic avait fait sa descente dans les quartiers, en temps normal tout le monde arrivait à se renseigner en ce qui concernait leur arrivée, mais pas cette fois ci. Elle était en bas de la rue lorsqu’elle avait entendu Garrett l’appeler, vingt mètres plus haut sur les dalles puantes. Elle venait tout juste de fourrer une enveloppe dans sa poche, adressant un hochement de tête à son interlocuteur qui déjà disparaissait le long des quais, et revenait à pas décontractés vers son immeuble. Sans se presser. Jusqu’à finalement remarquer les traits crispés sur le visage du jeune homme. Il avait exactement la même expression que quand… « Quoi ? » L’interrogation s’était échappée entre ses lèvres, mais en un regard elle avait déjà compris. Quelques pas dans la cage d’escalier dégueulasse, trois pas sur le plancher, et le flic était là, et le flic n’était plus.

Et elle s'était vue replonger presque cinq ans en arrière, elle avait réentendu les pas de ce client de sa mère qui avait débarqué en s'énervant de sa non ponctualité, cette barbe rousse immonde qui s'était penchée vers elle avec un sourire plus ignoble encore. Il l'avait appelé mignonne avant d'oser passer sa main dans ses cheveux noirs, la descendant dans son dos avant que la jeune adolescente ne lui ait asséné un coup de genou dans l'entrejambe. Elle l'avait haï plus que tous ces autres encore, peut être à cause de sa barbe qui puait le tabac et la mauvaise eau de Cologne, peut être aussi parce que cette fois ci elle avait vraiment eu peur de l'inévitable. Et puis, réagissant à un hurlement strident, Garrett avait débarqué, et c'était d'ailleurs bien le seul moyen d'attirer son attention lorsqu'il lisait ses vieilles bds entre deux distributions dans la ruelle. Un regard échangé, et il avait compris. Elle était là, venant tout juste d'empoigner le manche d'un couteau, grognant comme une bête enragée sur l'homme qui déjà avait commencé à reculer de quelques pas. Ils auraient pu s'en sortir sans dommages, pourtant. Si le don de Garrett n'avait pas été si intimement commandé par ses émotions. Le pervers était mort presque instantanément, laissant juste le temps au garçon de regretter son acte à peine son dernier souffle rendu. Comme toujours, le corps avait disparu, sans demander trop d'efforts. Ici, les secrets des uns devenaient ceux des autres, et chacun protégeait son voisin, dans la peur de se voir un jour démasqué à son tour. Mais avec le flic, rien n'avait été simple.

Non content de répondre à l'unique vocation de protéger la ville du crime et des injustices, ce dernier avait visiblement été touché d'une illumination divine le sommant d'éradiquer les gens comme Garrett. C'était la le premier hunter qu'Octavia rencontrait. Une semaine plus tard, les quatre autres débarquaient. Amadouant les miséreux de la ruelle, avec la promesse de somme d'argent, parfois même à l'aide de proposition si généreuses qu'elles en devenaient indécentes. Tout le monde appréciait le petit Garrett, désormais âgé de la vingtaine passée. Mais, s'il était si puissant, il ne craindrait rien, n'est ce pas ? Et pouvons nous donc reparler du nombre de zéros sur le montant ? La scène passait et se repassait sans cesse dans les méninges d'Octavia, tandis que son ami enfilait déjà sa veste. « Garrett. » La supplication avait à peine fait trembler ses cordes vocales, et seul un souffle était parvenu à sortir de sa bouche. « Arrête voir, ma grande. T'as vu ces types, on n'irait pas loin. C'est la seule solution, au moins le temps qu'ils se lassent. » Un baiser sur le front, et Garrett avait filé dans la chaleur de l'après midi. Et Octavia était restée plantée là, dans la pièce miteuse désespérément vide.


Le Cowboy. Yeux verrons. Le colosse. Le défiguré. Rebaptisés mentalement par Octavia selon leurs caractéristiques physiques, pour ne jamais oublier. Il n'était pas une journée sans que la jeune femme ne se remémore leurs visages, trop effrayée à l'idée de ne plus les reconnaître le moment venu. De se laisser tromper par la colère. Cinq années que Garrett avait confessé ses crimes. Cinq années qu'il connaissait parfaitement l'issue de ce procès à rallonge. Et déjà bien longtemps qu'il aurait vu le fond du couloir de la mort, si son père n'avait pas fourni en cocaïne le juge en charge de son dossier. C'était la mort sous les mains des hunters, ou la chaise. Pour lui qui aurait pu s'évader en usant de sa mutation, mais qui persistait à vouloir rester à l'ombre le temps qu'il faudrait. Alors, Octavia avait commencé à faire le ménage. Envoyant le récit de ses escapades à son ami, le tout dans un langage codé qu'ils avaient inventé ensemble, quinze ans plus tôt. Et Octa avait quitté Lexington. Dit adieu à la ruelle, aux quelques fous qui y termineraient leur vie. Adressé un dernier regard à leur studio, là où sa mère avait rendu son dernier souffle près d'un an plus tôt. Et était partie sans se retourner.


Le défiguré. Les talons de ses bottines claquaient sur le bitume, tandis qu’elle jetait de brefs regards au-dessus de son épaule, les traits tétanisés dans un masque de terreur. Par inadvertance, elle percuta soudain une masse sombre, lui arrachant un cri dans la surprise. « Wow, doucement ma jolie. » Enfouissant son visage dans la paume de ses mains, secouée de sanglots, la brune finit par relever ses yeux humides vers la carrure imposante de l’homme qui l’avait interceptée. « Je… Aidez-moi je vous en prie… » Visiblement attendri par ses grandes prunelles noyées par les larmes, le visage recouvert de cicatrice s’agita dans un hochement de tête. « Qu’est ce qui t’arrive, on dirait que t’as la mort aux trousses. » Mouvement négatif de la tête, agitant ses mèches brunes de part et d’autre de son visage terrorisé. « Non… un mutant… » Le regard de son mystérieux interlocuteur s’était assombri dès le mot interdit prononcé. Dans un geste familier, sa main s’était posée dans son dos. « Je te raccompagne, ma jolie. Raconte-moi ce qui s’est passé. »  Déjà, il avait ôté sa veste pour la déposer sur les épaules tremblantes de la brune. Quelques mots échangés, des regards entendus, entrecoupés par les sanglots de la belle. Quelques pas dans la rue, des claquements sur le goudron. Avant de finalement se dire, qu’elle avait sûrement bien besoin d’un verre. Sous le regard baladeur du chasseur, elle avait accepté, avant de lui tourner le dos pour prendre les devants en reprenant le chemin du bar. Immédiatement, ses traits avaient regagné leur impassibilité habituelle, un sourire montant au coin de ses lèvres. Prête à revêtir le masque dès lors qu’il reverrait son visage. Le dernier visage qu’il verrait. Des semaines, elle l’avait observé. Elle s’était également engouffrée à son insu dans sa chambre d’hôtel, fouillant le moindre recoin, faisant l’inventaire des armes qu’il possédait, visiblement grand adepte des poignards en tout genre. Et puis, à force de l’épier, elle avait fini par apprendre ses routines journalières, sa manière d’agir, cette légère boiterie lui indiquant une faiblesse de la hanche droite. Jusqu’à ce qu’il lui soit presque devenu familier, sans même la connaître. Elle le revoyait encore, arpenter la ruelle,  comme invincible en  la compagnie de ses trois acolytes. Le serait-il toujours, une fois à sa merci ? Ce n’était qu’une question de minutes avant de le découvrir. La jeune femme avait attendu patiemment sa sortie du bar, regonflant d’un mouvement de main ses boucles brunes, jetant un regard au reflet que lui renvoyait la vitre d’une voiture, et ouvrant un bouton de son chemisier blanc. Trois, deux, un… Et c’était parti.

Yeux verrons. Les rires retentissaient depuis qu'ils étaient rentrés du restaurant. Ni l'un ni l'autre ne connaissait ce trou à rat dans lequel la voiture de monsieur était tombée en panne, ne voulant plus redémarrer une fois prêts à repartir de la station essence. "Tu me fais le coup de la panne ?" avait-elle même suspecté, ses yeux en amande lui adressant un regard explicite, qui lui avait valu un baiser dont elle se serait bien passée. N'empêche que l'abruti n'avait pas envisagé une seule seconde qu'elle puisse être à l'origine du sabotage de sa caisse. Très bien. Parfait. Et les voilà désormais qui passaient la porte de la chambre miteuse de l'hôtel du quartier, monsieur manquant de trébucher un peu plus à chaque pas, tandis que mademoiselle simulait  son état d'ébriété avec une prestance qui lui aurait bien valu un oscar. Et le voilà qui se remettait à la coller, et la voilà qui le repoussait violemment sur le lit au sommier vicieux, craquant sous son poids. Elle se revoyait encore, observer entre les planches de sa porte ces quatre ordures tambouriner à la porte de Garrett, sans se lasser. Boum, boum, boum. Le poing d'yeux verrons s'abattait sans relâche, des minutes durant, seul son trahissant le silence qui retenait en haleine toute la ruelle. Octa avait jeté un regard à son ami, assis la tête dans les mains à quelques mètres d'elle, avant de reporter son regard à travers le bois mité, tressaillant en constatant que l'homme s'était retourné vers sa propre porte. Et son regard l'avait glacée sur place. Cet oeil bleu d'une pâleur surnaturelle, et le brun ne reflétant que ténèbres. Ce soir, ils étaient vitreux, animés d'un désir qu'elle prendrait une satisfaction sans pareille à étouffer, dans un plaisir sadique. Liant ses poignets à la tête du lit tout en jetant sa robe dans un coin, menant la danse en lui faisant espérer monts et merveilles, la brune lui laissa un instant le loisir de poser ses lèvres dans son cou, avant de défaire la boucle de sa ceinture dans un geste lent et étudié. Le cuir entre les mains, elle se pencha pour déposer ses lèvres sur celles du chasseur, son dégoût n'ayant d'égal que son impatience, hélas bien différente de celle de l'homme étendu sous son corps. Avant qu'il n'ait compris  ce qui venait de se passer, le cuir de la ceinture enlaçait déjà sa nuque, et dans un regard empli d'un mélange de haine et de jubilation, Octavia en resserra brutalement l'étau autour de son cou.


Les villes ont défilé, jusqu'à ce qu'un beau jour, Octavia n'ait finit par remettre la main sur le cowboy. La ville s'appelait Radcliff, et bien rapidement, la jeune femme comprit qu'il lui serait impossible d'en emprunter la sortie, incapable de vivre avec l'idée de l'existence d'un lieu contrôlé par un maire extrémiste, à l'image de ces pourritures qu'elle chassait. Son ménage continua, les lettres continuèrent à arriver auprès de Garrett, sans même qu'elle ne sache s'il les avait entre ses mains un jour ou l'autre. Pour lui, pour tous ces mutants traités avec la vulgarité du bétail, Octavia est restée. Intégrant un groupe de résistants, continuant son manège, sans ne jamais oublier pour quelle cause elle se battait.