i. êtes-vous originaire de radcliff ?
Oui, je suis une enfant de Radcliff, ma famille à toujours vécue ici, mon père était le shérif de la ville. Ma famille est très respectée ici. Je me souviens du regard des gens quand j'étais gamine, après la mort de ma mère. C'est Tessa qui s'est occupé de papa et moi. Les gens avaient de la compassion pour nous. Puis un jour, mon père est mort lui aussi, et c'est de la pitié que j'ai lu dans le regard des gens. J'ai détesté ça. Mais Radcliff, c'est chez moi, c'est là que j'ai grandis, fait mes premiers pas. En sortant de l'académie, j'ai été affecté ici. Enfin, je revenais à la maison, près de ma soeur.

  ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
Si c'est le cas, ils ne se sont jamais signalé comme tel. J'ai été agressé il y à deux ans, un an après l'apparition de mes pouvoirs, mais rien ne laisse à penser que les deux sont en rapport. Je suis discrète quant à mon don, je sais ce qui se passe quand on est publiquement reconnue comme ce qu'ils appel des "transmutants".

  iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
Je dois admettre que oui. Pas à outrance, mais j'ai besoin de beaucoup pratiquer pour le maitriser et éviter les catastrophes. Donc je m'entraine très souvent, et c'est rai que je l'utilise aussi pour les geste du quotidien, c'est presque devenue un réflexe. Après tout, ça fait partie de moi. Vous vous servez bien de vos mains, non ? On ne vous les coupes pas pour autant.

  iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
Vous parlez de leur recensement, ou dépistage ou peu importe le nom que le président à donner à son absurde campagne "get tested" ? En lisant l'affiche sur les murs de la ville, j'ai trouvé ça insultant. Je ne crois pas à l'anonymisation des résultats et je crains qu'on ne s'en prenne à nous. Nous demandons seulement à vivre tranquillement nos vie, comme c'est le cas depuis deux cents ans si l'on en croit l'histoire. Ces mesures ne changeront rien, et même pire, elle monteront les gens les uns contre les autres. J'ai peur qu'on voulant éviter du grabuge, le gouvernement ne finisse par déclencher une révolte.

J'avais une vie calme et bien rangée, une enfance normale, au sein d'une famille normale, une belle maison, des parents aimant, une grande soeur qui me protégeait. Bref, une vie normale. Je ne sais pas quand les choses ont basculées. Je ne sais plus à quel point la mort de ma mère a eu un impact sur la personne que je suis aujourd'hui. Quand un accident de voiture l'a emportée, j'étais très jeune, deux ans tout juste. Je ne conserve que peu de souvenir d'elle, seulement une voix rassurante, un parfum de jasmin que je sens encore parfois. Je connais son visage grâce aux photos dans l'album de famille que je feuillette parfois. Je sais que le chagrin à presque tué mon père, que c'est ma grande soeur, Tessa-Sage, qui à porté à bout de bras notre famille. C'est ce que les gens disent, à Radcliff. Ils parlent de nous, une famille frappée par la malheur, comme si le destin s'acharnait sur nous. Je me souviens que Tessa à représenté la figure principale de mon enfance, elle était ma soeur, mon amie, mon ange gardien, elle a fait le travail d'une mère. Elle était pourtant bien jeune elle aussi. Bien trop pour porter le poids de cette tragédie. Puis il à bien fallut qu'un jour, mon père sorte de sa léthargie, qu'il se réveil et redevienne notre père. Il était le shérif de la ville. Il nous à donné une éducation irréprochable, nous apprenant les valeurs importantes à ses yeux : la famille par dessus tout, l'honneur, le courage, la justice. Mon père était un homme incroyable. J'étais une enfant turbulente, perpétuellement à la recherche d'un endroit à explorer, j'étais même casse cou. Je ne l'ai pourtant jamais vu se mettre en colère. Il n'en avait pas besoin. Il y avait quelque chose de magnétique dans ses yeux gris, qui faisait que le moindre de ses mot était écouté et gravé dans ma mémoire. C'était un homme droit, intègre, et brillant. Il était mon modèle. Quand j'avais dix-neuf ans, il a prit une balle dans la tête. Mort sur le coup. Je me retrouvais orpheline, ma soeur était la seule famille qu'il me restait.

+ this is the way you left me +

Je me souviens de chaque détail de l'enterrement de mon père. Les roses blanches sur le cercueil, le soleil qui brillait dans le ciel sans nuage comme pour se foutre de nous, la main de ma soeur dans la mienne, que je serrais avec l'énergie du désespoir. Je m'accrochais aux doigts de Tessa, avec l'impression que si je desserrais ma prise, je perdrais pied. Je me souviens des larmes des amis, des collègues... Ces larmes qui ne coulaient plus sur mes joues, comme s'il ne m'en restait plus aucune à pleurer. La vie ne m'avait rien laissé, pas même la force de pleurer mon père. Je regardais le cercueil descendre lentement dans la tombe avec une telle intensité. Comme si je me disais que si je le souhaitais suffisamment fort, je pourrais revenir un peu en arrière, quelques jours plus tôt. Plus tard, durant mes longues nuits sans sommeil, je prierais de longues heures, pleurant silencieusement, avec le souhait naif que peut-être je pourrais le voir une dernière fois. Et lui dire tout ce qui me brûlait aujourd'hui la gorge. Mais toutes mes prières resteraient sans réponse. Peu à peu, je prierais moins, jusqu'à arrêter. La foi laisserait place à la colère. Mais pour l'instant, alors que le cercueil en bois clair disparaissait peu à peu, j'espérais encore que quelqu'un m'entendrait. Et je repensais au dessin animé Pinocchio et à la fée qui exauce le vœu du vieillard dont le nom m'échappe. C'est curieux comme ce genre de choses vous viennent spontanément à l'esprit dans ses moments.

Puis les gens vinrent, un à un, déposer une bise sur ma joue et me présenter leurs condoléances. Je serrais des mains sans même savoir qui me les tendait. Un automate. Peu à peu, la foule se dispersa. Il était temps que chacun rentre chez soi, rentre dans sa petite maison, avec sa petite famille. Chacun de ces hommes allait s'asseoir dans leur salon, dans quelques heures, et raconterai d'une voix éteinte la tristesse de cette après-midi. Puis ils iraient se coucher, et demain, la vie reprendrait son cours. Comment était-ce possible ? Comment les gens pouvaient-ils continuer de marcher, de rire, de travailler, de vivre ? Comment pouvaient-ils ignorer que la vie venait de s'arrêter, que le monde venait de s'arrêter de tourner ? Ce n'était pourtant que mon monde, qui s'était arrêtait. Plus exactement, il était partit en poussière, désintégré sous mes pieds.

Un mois plus tard exactement, je revenais avec ma soeur, à l'endroit où il reposait. C'était la première fois. Je restais en face de la tombe de mon père. J'avais vaguement conscience de la présence de ma soeur à mes côtés. J'ouvrais la bouche pour parler, mais aucun son n'en sortis. Je tombais à genoux et les larmes que je pensais ne plus avoir se mirent finalement à couler sur mes joues creuses. Immédiatement, les mains de ma soeur se posèrent sur mes épaules. Je m’agrippais à l'herbe autour de mes genoux, par réflexe. Aveuglée par les larmes accrochées à mes cils, je ne compris pas tout de suite qu'il se passait une chose étrange. Millie... La voix de ma soeur n'était qu'un murmure horrifié que je n'entendis même pas.  Je sentis une sensation de froid se répandre peu à peu autour de moi. Millie qu'est-ce que tu fais ? dit-elle plus fort. Je m'essuyais les yeux d'un revers de la main et je sentis quelque chose de glacé sur ma joue. Je baissais les yeux. L'herbe autour de moi était couverte de givre. Je poussais un cri effrayé. Qu'est-ce qui se passe ? implorais-je en me tournait vers ma soeur. Tessa s'agenouilla à mes côtés et glissa sa main dans la mienne. Sa main se couvrit également de givre et elle la retira précipitamment. Je vis dans ses yeux que désormais la peur se mêlait à l'horreur. Pourtant, elle ne se départit pas de son sang froid habituel, tentant de me cacher ce que j'avais déjà vu. L'incompréhension, la peur. Elle me prit dans ses bras. Je n'osais pas la toucher de peur de lui faire mal. Je ne sais combien de temps elle me berça en chuchotant inlassablement C'est rien, je suis là, ça va aller.... Peu à peu, la chaleur sembla revenir. Elle était grelottante, comme moi, mais toujours là. Je n'avais aucune idée de ce qui venait de se passer, mais une chose était sur, ça ne devait pas se reproduire.

+ just because it burns, doesn't mean you're gonna die +

Malgré toute ma bonne volonté, cela se reproduisit, encore et encore. Mais peu à peu, je parvenais à comprendre pourquoi et comment. Et plus je comprenais, plus je maîtrisais. J'arrivais à percevoir ce qui déclenchais mes réactions, je parvenais parfois à les refréner. Tessa-Sage n'aimait pas mes expérimentations, elle passait ses journées à me demander d'être prudente, discrète. Bien sur, elle avait raison. Mais je voulais en savoir plus. Peu à peu, au fil des mois, au fil des années, je parvins à faire d'autre chose. Je faisais bouillir l'eau, ou au contraire je la changeais en glace, je pouvais lui donner des formes. Une fois, j'ai transformé le contenu d'un verre d'eau en un pic de glace acéré. Quand le chat m'a fait sursauter et m'a déconcentré, mon oeuvre s'est brisé au sol en millier d'éclat de glace. Un jour que je faisais la vaisselle, j'ai recueillis l'eau au creux de mes mains et je l'ai lancé en l'air. Ce sont des flocons de neige qui sont retombés sur le carrelage de la cuisine. Puis un jour, à la télé, j'ai entendu que ce que j'arrivais à faire était un don, un pouvoir. Plusieurs noms pour une même chose. Et que je n'étais pas la seule. On nous appelait les transmutants. Je n'aimais pas ce terme, mais il était bien mieux que celui qu'on nous donne aujourd'hui. Les dégénérés. Je n'aimais pas non plus l'idée d'aller me faire recenser comme "transmutante" à cause de cette stupide campagne de depistage, je ne croyais pas en l'anonymat prétendu et je n'aimais pas cette idée de fichage qui me rappelait vaguement les méthode du gouvernement français pendant la seconde guerre mondiale. J'y étais pourtant aller, je n'avais pas le choix, je faisais partis de la police de Radcliff depuis un an. Je n'ai pas voulu recevoir mes résultats, je savais parfaitement ce qui dirait la lettre.

Puis Thaddeus Lancaster à été élu maire de Radcliff. A la table de la cuisine, je serais entre mes mains mon verre de jus d'orange. J'étais rentré de l'entrainement de football trempée et après une bonne douche, je discutais avec ma soeur. Le maire à fait un discours aujourd'hui. Sur l'insécurité qui règne dans les rues de Radcliff. Je resserrais mes doigts sur mon verre sans même m'en rendre compte. Je sifflais entre mes dents.  Ce crétin visqueux... Avec sa tête de fouine et ses yeux de taupe morte... Tessa m'offrit un sourire indulgent. Je haïssais cet homme, je le trouvais nocif. Et trop bien coiffé pour être honnête. Et je suppose qu'il a une solution toute trouvé pour remédier à "l'insécurité" ? Il n'y avait pas plus d'insécurité dans les rues de Radcliff qu'ailleurs. Tessa hésita une seconde mais finit par cracher le morceau. En gros... Il dit qu'il faudrait mieux contrôler les euh... Les transumutants. Le verre de jus d'orange m'explosa dans la main. Sans m'en rendre compte, j'avais fait bouillir le liquide et le verre n'avait pas supporté la pression. Je tombais de ma chaise et nous laissions échapper un cris. Tessa se précipita vers moi tandis que j’ôtais ma peau un éclat de verre impressionnant. Je grimaçais de douleur. Les émotions  trop fortes mettaient encore à mal mon pouvoir. Mais ma rage ne se calma pas pour autant.

Plus tard, on exécuterait une femme en place publique pour l'incendie d'une maison dont elle n'était pas coupable, simplement parce qu'elle avait un pouvoir. La chasse aux sorcières était ouverte à Radcliff, même la police était subordonné aux ordres des hunters, ces êtres répugnants. Qui ici était un monstre ? Moi ou celui qui avait abattu d'une balle dans la tête une pauvre femme, pour l'exemple ? J'avais un avis très tranché sur la question. Je ne me laisserait pas traquer comme une criminelle. Je gardais secret mon pouvoir en sentant que la colère se propageait comme une traînée de poudre dans les rues de la ville. Il fallait agir maintenant. Il sera bientôt trop tard.