i. êtes-vous originaire de radcliff ?
Certainement pas, la belle vient d’Arbroath en Écosse. En soit, une ville bien éloignée de ce trou paumé au beau milieu du Kentucky. Kenna se souvient encore de ce jour de novembre durant lequel elle a quitté la verdure de la campagne Écossaise et la côte de la Mer du Nord pour le territoire américain. A dire vrai, les grands espaces verts qui la sécurisaient autrefois lui manque énormément. A Radcliff, Kenna a eu du mal à s’acclimater avec des mentalités bien différentes de celles qu’elle avait pu connaitre durant son enfance. Si les raisons de son départ vers le Kentucky restent encore floues, la belle est persuadée qu’elle ne finira pas ses jours là-bas. Là-bas, elle se sent épiée et, un jour, elle rentrera chez elle. L’Ecosse était, est, et sera toujours sa véritable maison.

  ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
Si c’est le cas, Kenna ne l’a jamais véritablement su et ne veut certainement pas le savoir. Si elle a déjà connu la violence et l’intimidation, la jeune femme ne saurait pas pour autant dire si cette haine et ce mépris étaient liés ou non à son don. En vérité, Kenna n’a eu conscience que très tardivement de sa faculté à s’immiscer dans les rêves des autres : aussi, ce n’est qu’à l’âge de quatorze qu’elle ouvre les yeux sur ses capacités. Sa mutation, la jeune femme la cache depuis maintenant seize ans : sa propre famille ignorant de quoi elle est capable. Pourtant, Kenna craint la présence des hunters en ville et fait désormais attention aux personnes qui l’entourent. Ne sachant pas faire une quelconque différence entre humains, mutants et hunters.

  iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
Qui dit rêves dit cauchemars. Grâce à sa mutation, Kenna peut rendre heureuse ou faire souffrir une personne. Elle a simplement besoin de se concentrer, d'avoir une cible et de décider si oui ou non, ce sera un rêve ou un cauchemar : aussi lors d’un raid nocturne, elle est alors capable de rendre fou ou heureux. Si elle maîtrise son don, elle ne l’utilise que très rarement, ce dernier lui demandant une forte concentration et l’épuisant par la même occasion. Lorsqu’elle vivait encore en Ecosse, Kenna utilisait souvent son don sur sa mère, malade. Peut-être ne pouvait-elle pas la guérir mais, au moins, elle la soulageait le temps d’une nuit.

  iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
Les politiciens sont effrayés. Ils mettent en place des lois pour protéger des personnes dont ils ont eux-mêmes peur. Kenna, elle, ri au nez de ceux qui croient encore que le gouvernement empêchera des extrémistes de tuer une personne juste parce qu’elle a des capacités hors du commun. Les politiciens sont dépassés par les évènements. Leurs jolis discours ne seront jamais capables de contrôler qui que ce soit, hunters comme mutants. Autrefois, elle se serait bien cachée derrière ces illusions nourries par le gouvernement. Aujourd’hui, elle n’est plus aussi naïve et attends juste ce jour prochain où les choses auront atteint un point total de non-retour.

La porte claqua un étage plus bas et, après une suite d’injures en tout genre mêlés à un concerto de "aïe", Kenna apparue au haut des marches, un carton dans les mains. Juste derrière la belle apparu une autre personne, un homme dont les traits s'étaient étirés pour laisser place à une grimace. Lui, portait dans ses bras trois cartons posés les uns sur les autres. « C’est de loin la pire idée que je n’aie jamais entendu. » constata la jeune femme en déposant son carton sur la table basse de son  salon. Passant ses mains dans ses cheveux coupés courts et légèrement ondulés, elle sentait le regard de son ami sur elle. Au fond, si Kenna ne l’avait pas encore envoyé bouler c’était juste parce qu’elle l’aimait assez pour ne pas le faire. L’homme avait eu une brillante idée quelques jours plus tôt et avait ainsi décidé d’inscrire son amie à une soirée type speed dating. « Tu es sérieux ? Je suis, sincèrement, censée y aller ? » Si Kenna était d’un naturel assez bavarde et que, la plupart du temps, elle aimait faire de nouvelles rencontres, elle n’avait jamais été friande de ce genre de soirées. Qui plus est, le contexte actuel ne lui semblait pas propice pour faire des rencontres. « Ecoute-moi bien. Il est hors de question que tu te dégonfle, il faut que tu t’amuses un peu. » Un air presque outré sur son visage, Kenna dévisagea l’homme assis à ses côtés. Elle s’amuser déjà. Du moins, à sa manière. Au fond, avec le vent de chaos qui régnait sur la ville, elle ne savait pas  sur qui elle pouvait tomber à cette soirée. Un humain ? Un mutant, comme elle ? Ou pire, un hunter ? Sa condition de mutante se trouvait être d’autant plus un frein à son enthousiasme. Pourtant, aussi fou que cela puisse être, un sourire se creusa au coin des lèvres de la femme, éclairant son visage par la même occasion. Elle repoussa d’un geste le verre, qu’elle s’était servie un peu plus tôt, sur un côté de la table avant de se pencher vers son ami, un air faussement captivé étirant à présent ses traits. « Imaginons que j’accepte. Que les choses soient claires, si jamais ton histoire tourne mal, je me vengerai. Et crois-moi, je déborde d’imagination. » finit-elle pas dire, son index pointé en direction de l’homme. Ce dernier se contenta d’afficher un sourire radieux, certainement fier d’avoir fait craquer son amie. Lorsque, après plusieurs minutes, durant lesquelles les deux jeune gens avaient continué à discuter gaiment, l’homme se leva pour sortir, Kenna, elle, le prit dans ses bras avant de se rasseoir sur son fauteuil.  « Juste, un dernier conseil. Evite de danser, je t’en prie. » Faussement indigné, Kenna saisi un coussin à proximité avant de l’envoyer valser sur l’homme qui venait de descendre les escaliers. Geste qui fut accompagné par la douce mélodie de son rire cristallin.

Lorsque l’on est encore qu’un jeune enfant, on ne pense pas véritablement à l’amour. L’amour n’est rien d’autre qu’un mot. Rien d’autre que ce qui explique ce qui unit nos parents. En vérité, les enfants ne se préoccupent pas de tout ça, ne cherchent pas à se compliquer encore plus la vie avec des choses inutiles. Non, ils préfèrent davantage rester loin de ce mot et aspire juste à continuer à vivre dans leur petit monde et à jouer avec les autres enfants du quartier. Autour d’elle, une foule de célibataires. Lorsque la belle était rentrée dans la salle, on lui avait alors donné un numéro, qu’elle s’était empressée de coller à sa robe, avant de lui indiquer une table au fond de la pièce. L’air affolé de la jeune femme ne saurait trompée personne. Kenna, assise les jambes croisées sur une chaise en bois, regardait à gauche et à droite. Elle cherchait quelqu’un. Qui ? Elle-même ne pourrait le dire. Cherchait-elle une arme minutieusement cachée sous une veste ? Cherchant-elle à s’assurer qu’elle ne courrait aucun risque ? Très certainement.