i. êtes-vous originaire de radcliff ?
 
Pas vraiment non. Je suis né en Égypte, et j'ai passé mon enfance là-bas. Malheureusement j'étais un mutant et mon père a faillit me tuer en l'apprenant. Ma sœur m'a alors donné une enveloppe ainsi que les horaires pour un vol vers le Mexique. Sans elle je serais probablement mort à l'heure qu'il est. Je m'en suis servi pour prendre l'avion vers le Mexique et commencer une nouvelle vie. Mes premières années sur le continent n'ont pas été faciles, j'ai dû faire pas mal de choses dont je ne suis pas fier pour survivre. Après avoir rencontré quelques personnes, j'ai réussi tant bien que mal à passer la frontière des Etats-Unis en tant qu'immigré clandestin. A mon premier travail là-bas j'ai directement fait le nécessaire pour être en règle. Maintenant je vis tranquillement à Radcliff où je fais mes études de droit tout en travaillant. Comme cela fait plus de 5 ans que je suis aux Etats-Unis, j'ai même déposé une demande de naturalisation.

 ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
 Oui, c'était quand je ne savais pas encore que j'étais un mutant. J'ai vu une foule de personnes acclamer en héros des êtres ignobles qui venaient tout juste de tirer une balle en pleine tête d'un supposé ''transmutant''. Autant vous dire que lorsqu'on a 6 ans, ça vous choque ! Et puis, en Égypte là-bas il faut dire que les gens comme nous ne sont pas vraiment protégés. Depuis ce jour je surveille constamment mes arrières et je veille à ce que mon don reste bien caché. Personne ne sait dans mon entourage que je fais partie de la prochaine étape de l'évolution humaine, et c'est très bien comme cela.

 iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
 Autant que faire se peut, mais pas inconsciemment. Généralement lorsque je m’entraîne à la pratique de mon pouvoir je vais dans un coin où je suis sûre d'être seul pour ne pas être vu. C'est un travail acharné que j'essaye de faire tous les jours. En quelques mois j'ai réalisé pas mal de progrès, et comme je redoute le jour où j'aurais à faire face aux Hunters, je préfère me préparer sans relâche. Malgré tout je ne contrôle pas mon pouvoir à la perfection et lorsque je me sens en danger ou que je suis très stressé il peut arriver des accidents, sait-on jamais. J'espère surtout connaître un autre mutant qui pourrait me conseiller, mais je sais que c'est prendre le risque de raccourcir considérablement mon existence..

 iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
 J'aime pas vraiment l'idée d'être fliqué, je ne pense pas que le fait que l'on doit se faire recenser soit une bonne chose. C'est vrai quoi après tout, tous les malheurs n'ont pas été initiés par ce genre de projets ? Le gouvernement ne va pas assez loin pour nous protéger, la loi est peut-être là mais personne ne l'applique. C'est pas pour rien que je veux devenir procureur, si ça ne tenait qu'à moi les verdicts seraient très sévères pour les dissuader.

*****11 Avril 2002*****
What are you afraid of?
I know that you are

D'un geste rapide l'homme récupère le sachet de poudre blanche, inquiété à l'idée d'avoir été aperçu. Il me dévisage un instant puis tourne les talons et s'efface au coin de la ruelle. J'ai la gorge nouée, c'est la première fois que je fais ce genre de choses.  Mes mains sont moites malgré la douceur de la nuit. Comment j'en suis arrivé là ? Je préfère ne pas y penser, trop de mauvais souvenirs. Je prends le chemin du retour sans réelle conviction, j'aimerais pouvoir dire que je rentre chez moi. Seulement ce serait un mensonge. Une chambre d'hôtel ; c'est la seule chose que je suis capable de me payer, ironique quand on connaît la fortune de ma famille. Après quelques minutes de marches, j'arrive enfin à l'hôtel où je dors le temps de me trouver un petit appartement. Ma liasse de billets est toujours posée sur ma commode à l'entrée, j'espère bientôt ne plus avoir à gagner de l'argent de cette manière. Je n'en pouvais plus de vendre mon corps, ce sera bientôt la même chose avec la drogue. C'est pas comme si j'allais faire cela toute ma vie après tout. J'ai déjà réussit à me procurer des faux papiers pour vivre aux Etats-Unis, il ne me reste plus qu'un travail et le calvaire prendra fin. Un furtif regard dans le miroir me remmène deux années plus tôt, lorsque j'étais encore en Égypte.

*****4 Janvier 2000*****
What are you made of?
What have you lost?
Keep it in your sights now
He’s keeping you up

Assis tranquillement sur le rebord de la villa, je sirote furieusement mon Coca tandis que ma sœur se promène autour de la piscine. Elle me fait un signe de la main en souriant, je ne me fais pas prier et la rejoint rapidement. Son regard change alors rapidement. Son front se fait plus petit, ses sourcils marquent un air sérieux. J'ose à peine lui demander ce qu'il ne va pas lorsqu’elle entame la conversation.

- Tu sais.. il y a des choses que tu dois savoir sur cette famille…

Elle n'a même pas finit qu'un de mes frères me jette violemment dans la piscine, sachant pertinemment que je je ne sais pas nager et que j'ai peur de l'eau. Tout s'accélère dans ma tête, je panique et boit la tasse. J'essaye tant bien que mal de faire du surplace, sans succès. Les secondes passés dans ce qui semble être mon tombeau me paraisse une éternité. Je vois la fin, un noir opaque qui m'entoure ; comme une légère brume. Soudain, les choses redeviennent plus claires. Ma sœur avait plongé pour me récupérer, tout cela devant les yeux agacés de mon paternel. Il s'approche furieusement vers moi, ça ne présage rien de bon. Je respire un bon coup, après tout j'ai l'habitude d'être le vilain petit canard de la famille. Mes habits me collent de partout, mon t-shirt n'a plus vraiment le même effet une fois transparent. Mon père m'hurle dessus en pointant le doigt vers la piscine, oui je devrais savoir nager, c'est de ma faute après tout ! Je commence à craquer et à ne plus retenir mes larmes, agacé d'être constamment le punching-ball du poivreau qui me servait de géniteur. Il a encore du boire je ne sais combien de litres d'alcool. Mon poignet commence à rougir et j'essaye de me retirer, mais mon père me secoue comme si j'étais un vulgaire jouet. C'est alors que tout bascule ; au fond de moi je ressens comme un picotement juste avant que le sol ne se mette à trembler. La terre gronde de plus en plus fort, jusqu'à ce que tout à coup une crevasse se forme à quelques centimètres de nous. Il me regarde incrédule, comme s'il comprenait quelque chose qui m'échappe. De l'agacement, son regard était passé à une expression d'horreur. Il croit forcément que je suis l'un d'entre eux, oui c'est sûr ! Apeuré, je me relève tant bien que mal et court rapidement vers la maison. Je trébuche alors sur le paillasson de la porte d'entrée, avalant au passage quelques grains de sables. En me relevant j'aperçois ma mère inquiète, probablement pas autant que moi. Mon père me rattrape et me jette dehors, j'avais l'habitude d'être malmené par lui. Mais cette fois c'est différent. Je vois la rage qui le ronge, et la peur s'engouffrer dans ses mains juste avant qu'elles ne me saisissent à nouveau.

- Tu es comme eux hein ?!! T'es un transmutant ? Je savais bien qu'il ne pouvait pas y avoir que ton dégénéré d'oncle laisse-t-il échapper.

Je réfléchis rapidement à qui il peut penser, et j'écarquille grand les yeux en devinant la vérité. Mon oncle n'était pas mort dans un accident tué par des rebelles.. C'est mon père qui s'en est chargé !

- Je sais pas .. non.. j'ai du mal à parler...je commence à croire qu'il pourrait me faire la même chose.

Ma mère pleure derrière lui, mais elle reste immobile, mon frère l'encourage. Quelle famille ! A nouveau, seule ma sœur se jette sur lui pour tenter de l'arrêter. Au contact de ma main avec le sable, d'impressionnants pics de terre décollent du sol et se mettent à entourer mon père en l'espace d'une seconde. J'aperçois également le sable qui nous entoure tournoyer rapidement, comme si nous étions en plein désert. Je me sens tomber, tout tourne autour de moi, je tente de relever la tête mais je m'effondre au sol inconscient.

**********
What you’re feeling
Is what I’m feeling too
What we’re made of
Is what I can’t undo

Comment je m'en suis sorti ? Grâce à ma sœur, je m'étais réveillé dans une petite pièce au sous-sol de la maison et elle attendait que je me réveille. Selon elle le plan était très clair, mon père ne voulait pas de monstres au sein de la famille. Je ne savais pas vraiment s'ils voulaient m'enfermer au sous-sol jusqu'à la fin de ma vie ou faire quelque chose de plus radical, à vrai dire je préférais ne pas savoir. Elle m'avait tendu une enveloppe les larmes aux yeux, tiens, c'est tout ce que j'ai pu leur prendre m'avait-elle annoncé. Je l'ai alors remercié et je n'eus pas le temps de lui demander comment j'allais sortir de là qu'elle prit ma main.

- Tu sais.. tu n'es pas tout seul. Seulement on ne peut pas dévoiler qui nous sommes. Écoute moi bien petit frère, certaines personnes seront prêtes à tout pour te voir mort ; il va falloir que tu sois fort.

- Quoi, mais qu'est-ce que tu racontes ? Je ..

- Tu vas prendre l'avion et commencer une nouvelle vie, promets moi de toujours rester sur tes gardes ! Elle m'embrassa avant d'ajouter Et surtout, ne dit à personne que tu es un transmutant ; même à ceux que tu penses proches de toi..

Sur ces derniers mots, elle me fit traverser le mur comme un fantôme et on se retrouva en dehors de la maison. J'étais stupéfait, comment avait-elle pu me cacher cela ? Pourquoi ne me l'avait-elle pas dit ? Autant de questions que je souhaitais lui poser. Mon cerveau relâcha la pression une seconde et j'obtins alors la réponse la plus évidente : comment annoncer cela au sein de notre famille ? J'étais bien placé pour savoir que ce n'était pas le cadre idéal.

- Quoi ?! Tu es comme moi ?!! Depuis quand ?! Pourquoi tu m'as rien dit ?! Mais.. papa va te..

Mon cerveau relâcha la pression une seconde et j'obtins alors la réponse la plus évidente : comment annoncer cela au sein de notre famille ? J'étais bien placé pour savoir que ce n'était pas le cadre idéal.

- Je dirais que j'ai mal refermé la porte, personne ne sait pour moi.. Pars vite avant que ça ne soit trop tard !

- Viens avec moi, me laisse pas j'ai peur.. l'implorais-je en sanglotant

- Moi aussi, mais je ne peux pas partir ; j'ai encore des choses à régler ici, quand j'aurais finis je te rejoindrais. Je te le promet Êzra !