i. êtes-vous originaire de radcliff ?
la jeune demoiselle vient du danemark, ce petit état européen connu pour ses conditions de vie plus qu'agréables. elle y a passé la quasi totalité de son enfance et elle est fière de ses origines. elle a aussi vécu en suède, le pays de sa mère. on peut aisément deviner ses origines nordiques grâce à son accent, qu'elle n'essaye pas de cacher. quelques autres détails trahissent sa nationalité, mais ça ne la dérange point. comme dit plus tôt, elle est fière de ses origines. de plus, elle n'aime pas vraiment radcliff pour l'instant. elle préfère la froide europe.

ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
non. même si elle en a jamais croisé, elle ne doute pas du faire qu'il y a des gens qui seraient prêts à faire ce genre de choses, même si elle n'a jamais eu de preuves quant à leur existence. elle espère de ne pas tomber dans les mains de l'un d'entre eux de sitôt. elle tient à sa peau, et elle refuse catégoriquement de donner à quelqu'un du genre la satisfaction de la torturer.

iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
non. susanna essaye d'utiliser son pouvoir le moins possible. de un, elle n'a pas envie que le monde entier soit au courant de son appartenance au groupe des transmutants. de deux, elle ne maîtrise pas encore l'aquakinésie. avant de s'amuser avec, elle préférerait découvrir comment l'utiliser. cependant, ces derniers temps, elle essaye d'apprendre les bases de son don, histoire de découvrir comment elle pourrait s'en sortir en cas d'attaque. on est jamais trop prudents depuis quelques temps.

iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisantes ?
peut-être pas. le principe est bon, mais l'application ne l'est pas forcément. susanna pense que le gouvernement devrait être beaucoup plus strict sur ce point-là. en effet, elle craint que les quelques mesures qui ont été prises soient détruites par la folie de certains individus. elle pense que l'état se doit d'assurer la survie des transmutants, qui sont des citoyens comme les autres.

La jeune fillette aux cheveux roux avait l'habitude de se rendre chez sa cousine. Même si elle n'avait que 5 ans, elle commençait déjà à mémoriser l'emplacement de la maison des Holgersen. Elle courait dans l'herbe, qui touchait ses chevilles, en poursuivant un papillon qui visitait la demeure étrangère. Susanna aimait les papillons. Les papillons volaient. Les papillons découvraient les détails du monde. Détails qui échappaient aux yeux d'enfant de la jeune rousse. Elle poursuivait les papillons et explorait le monde, en attendant le moment où elle devrait y évoluer. Les parents de Susanna étaient au travail. Son père était le frère du directeur de l'entreprise pharmaceutique des Holgersen. Sa fille savait qu'il sauvait des vies, mais elle ne savait pas comment. Tout ce qui comptait, c'était que son papa était un héros. Étrangement, les autres ne semblaient pas comprendre cela. Ils n'aimaient même pas la femme de son père. Cependant, Susanna ne pouvait pas comprendre. Pour elle, les sourires des réunions de famille étaient authentiques. Il n'y avait rien qui clochait. Elle ne savait pas qu'ils n'approuvaient pas l'accent suédois de sa mère, qui attirait les foudres des autres Holgersen. Pour elle, tout allait bien. Les papillons volaient et les oiseaux chantaient. Cependant, le père de Susanna n'était pas un héros. S'il en était un, il n'était pas celui que sa fille imaginait. En effet, Kristian Holgersen voulait toujours plus. Plus d'argent, plus d'amour, plus de gloire. Contrairement à ce que sa fille pensait, il n'occupait pas une place très importante au sein des laboratoires Holgersen. Il ne sauvait pas de vies, et il n'aidait pas les gentils médecins à trouver un quelconque médicament qui pourrait épargner le monde d'une épidémie. Même s'il était apprécié et bien payé, Kristian occupait une place marginale au sein de l'affaire familiale. Il s'occupait de faire des calculs dont lui-même ne comprenait pas l'importance. À côté de lui, son frère s'occupait de gérer les laboratoires. Cette situation avait détruit le bonheur du pauvre Kristian pendant des années, jusqu'à qu'il explose. Il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait, à vrai dire. Il voulait juste que les choses changent, et qu'il ne soit plus le petit mathématicien à deux balles. Il voulait du pouvoir. De la gloire. Le jeune danois était certes ambitieux, mais il n'était pas si futé que ça. Il voulait monter dans la hiérarchie de la société par la force, en enfreignant une bonne dizaine de règles, mais son plan faillit misérablement. Au final, il se fit expulser de sa propre famille. Plus de travail. Plus de frères, plus de sœurs. Et comme si ce n'était pas assez, Susanna, son frère et sa mère n'avaient pas le droit de travailler pour les laboratoires Holgersen dans le futur. Certes, la jeune rouquine n'avait rien fait, mais il fallait bien que quelqu'un paye le prix de cette faute. De commun accord, ses parents décidèrent de quitter le Danemark, et de partir en Suède, terre d'origine de Olga. Leur fille n'avait pas conscience de la gravité de la chose, et c'était peut-être mieux ainsi.

Elle était serrée dans son petit habit rose. Elle n'aimait pas le rose. Mais elle voulait danser. ''Pas de rose, pas de danse''. C'était la règle. Susanna n'avait pas envie de rester dans les coulisses. Elle voulait danser, voler comme un papillon. La jeune fillette aux cheveux roux ne trouvait pas le public dérangeant. Il était petit, constitué essentiellement de parents et enseignants, qui se devaient de remplir la salle. Susanna savait que son père et son oncle n'en faisaient pas partie, mais ça lui était égal. Ça n'allait pas lui empêcher de virevolter comme un papillon dans les airs. Elle attendait sagement que le proviseur finisse son discours. Il n'arrêtait pas de parler du fait que les élèves avaient travaillé tout au long de l'année scolaire, et qu'il était fier d'elles. Susanna ne comprenait pas pourquoi de quoi il parlait. Elle en avait marre de ses mots compliqués. Elle n'attendait que le moment où elle pourrait enfin décoller et être comme un papillon. Les applaudissements signalèrent la fin de l'attente. La jeune fillette aux cheveux roux était enfin prête. Danser, voler, tout allait commencer. Elle aurait dû en profiter. Son premier vol était aussi son dernier. Mais ça, elle ne le savait pas.

Susanna faisait voltiger les bulles, si délicates. Il n'y avait pas rien de bizarre. Le silence régnait chez elle. Ses parents étaient au travail, du coup elle était seule à la maison. Ils lui faisaient confiance car, contrairement à la plus grande partie de ses camarades, elle faisait preuve d'une très grande maturité. De plus, ce n'était pas dans ses cordes d'avoir une envie soudaine de tout brûler sur son passage. La jeune rouquine se fit aspirer par l'eau bouillante. La seule chose qui restait en dehors de l'eau était son nez, dont elle avait besoin pour respirer. L'eau atténuait tous les bruits venant de l’extérieur, en lui donnant l'impression d'être enfermée dans une bulle de calme et de paix. Elle arrêta de respirer pendant une dizaine de secondes, en attendant le moment où le feu embraserait ses intérieurs. Susanna aimait bien toucher cette limite, l'étrange frontière entre la vie et la mort. Assez rapidement, elle fût obligée de respirer à nouveau. Elle n'avait pas envie qu'en rentrant, ses parents découvrent un cadavre dans la baignoire. Et comme si ce n'était pas assez, elle avait assez de fierté pour éviter de mourir ainsi. Le calme revint assez tôt. L'eau était à nouveau immobile. Susanna pensait aux images qui avaient choqué les esprits suédois quelques mois plus tôt, quand un tsunami avait ravagé les côtes d'un pays asiatique que peu de personnes connaissaient. Bah, l'eau de sa baignoire était exactement dans l'état contraire. Plus plate que ça, il n'y en a pas. Soudainement, elle commença à bouger. Cependant, Susanna n'avait pas bougé. Pas assez pour qu'un tel changement soit expliqué. Elle bougea une de ses jambes, en entraînant un mouvement plus grand: ça, c'était normal. L'eau ne revenait pas au calme. Effrayée, la jeune rousse se dépêcha de sortir de sa baignoire. Théoriquement, tout mouvement de l'eau aurait dû cesser. Cependant, elle n'arrêtait pas de se déplacer, en augmentant d'intensité. Susanna n'y comprenait absolument rien.

Ses pieds s'enfonçaient dans la boue. Ses bottes de randonnée ne l'aidaient pas à survivre dans un milieu semblable. Elle s'en sortait, mais c'était fatiguant. Pourquoi avoir choisi de suivre ses amis? Elle était probablement bourrée au moment de l'accord. Ses longs cheveux roux n'arrêtaient pas d'être attrapés par les branches des arbres qu'elle croisait sur son passage, ce qui n'arrangeait pas la situation. Elle soupira une dernière fois, avant de courir pour rattraper son retard. Susanna n'était pas le genre de fille qui passait sa vie entourée d'arbres et de fleurs, mais renoncer à la nature suédoise aurait été dommage. Ça ne rendait pas la tâche plus facile, par contre. La jeune femme était déjà exténuée, et ils n'étaient pas encore arrivés au lac. Elle se demandait si quelqu'un était déjà passé par là auparavant. Le contraire ne l'aurait pas étonnée. Certes, l'endroit était beau, mais la randonnée était du masochisme. En tout cas, elle espérait de retourner chez elle vivante, sans laisser derrière elle une traînée de boue. Mais apparemment, c'était peine perdue. Ses amis, qui suivaient les mêmes cours de suédois qu'elle, ressemblaient vaguement au genre de personnes qui n'ont pas peur de transpirer pendant une journée entière rien que pour voir un pauvre lac, contrairement à Susanna. La jeune rouquine était dans un état pitoyable à la fin de la randonnée. Elle fût la première à immerger sa tête dans l'eau. Elle était toute rouge à cause de l'effort physique, ce qui lui donnait des vagues airs de tomate brûlée. Peu après, elle s'éloigna un peu de ses amis, en prétendant d'avoir besoin de vider sa vessie. Elle avait laissé son sac avec les autres, pour éviter qu'il ne la gêne dans ce qu'elle voulait faire. Elle s'éloignait de plus en plus, en espérant d'être assez loin pour que ses amis ne puissent pas la voir. La fatigue la dérangeait, mais elle devait vérifier une dernière fois, histoire d'être sûre de ce qu'elle allait faire. Elle se rapprocha de l'eau, qui était si bleue qu'elle voyait son propre reflet, rempli de rouge et de blanc. Elle ferma les yeux, en se concentrant sur l'étendue qui se trouvait devant elle. Au fond d'elle, Susanna espérait qu'elle se soit trompée. Elle n'avait pas envie d'être "différente". Elle préférait sa pâle vie d'humaine. Elle commença à penser à toutes les images de destruction causées par l'eau, en tendant ses mains. C'était certes cliché, mais ça ne pouvait pas lui faire du mal, pas vrai? Son crâne pulsait, peu à peu, en lui donnant une migraine qui ne rendait pas la tâche plus facile. Elle compta jusqu'à cinq, avant d'ouvrir à nouveau ses yeux. L'eau bougeait. Comme celle de sa baignoire. D'habitude, la jeune rousse était toujours sûre de ce qu'elle faisait, mais cette fois, c'était différent. Prise de panique, elle se releva, avant de commencer à courir. Elle trébucha une ou deux fois, mais, assez vie, elle retrouva ses amis. Elle se plaignait de la chaleur, affreusement intense, mais à vrai dire, il n'y avait qu'une seule idée qui agitait son esprit. Et ce n'était pas la chaleur. Elle avait besoin de Lykke.