we're all stories in the end

" just make it a good one "

◊

  Mme Carstairs ? J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer. C'est un beau petit garçon que vous avez là. La naissance. Un moment censé être merveilleux et familial. La mère n'est pas supposée hurler en voyant son enfant. La révélation du sexe de l'enfant, qui était supposé être une fille du début jusqu'à la fin, peut certes causer un choc léger. Mais ça allait plus loin que le simple choc. La dépression post-partum. C'est ce qu'elle a eu en voyant Andreas pour la première fois. Aucune envie de prendre son fils dans ses bras, ni l'embrasser ou le nourrir. Seul le père s'occupe de lui, faisant ce qu'une mère est supposée faire. Personne n'est à blâmer. Le jeune âge de la mère est peut être la raison ou l'arrivée inexpliquée d'un enfant si rapidement dans leur relation. Il est arrivé tout bonnement et le corps de la mère l'a rejetée, emportant avec elle tous les bons sentiments qu'elle avait pour lui. Une dépression qui est supposée disparaitre avec le temps. Mais qui ne l'a jamais vraiment quitté. L'amour qu'elle aurait pu avoir pour lui n'est jamais revenu. Madame Carstairs s'en veut. Encore aujourd'hui. Elle s'en veut de ne pouvoir aimer son fils comme tel. C'est peut être pour ça qu'il a grandi dans ce cercle privé, son propre univers. Privé de l'amour maternel, entouré d'une accolade gêné du père, il n'a pas su trouver sa place dans sa famille. Outsider, associable, ce sont les surnoms qu'on lui donne à l'école primaire. Avec ses lunettes rondes et ses cheveux en bataille, le physique différent des londoniens droits et propres sur eux, Andreas a toujours lutté pour se faire une place dans le monde en tant qu'humain, en tant que fils et plus tard, en tant que frère aîné. Mais les livres lui ont toujours semblé plus intéressant que l'intérêt de ses camarades pour le football et les filles, spécimen étrange et incompatible avec sa personnalité pour le moment. Andy envisage déjà son avenir alors qu'il n'a que 6 ans, se voyant dans le CDC en Amérique, étant le prochain scientifique à découvrir le vaccin qui sauvera l'humanité de la grippe. Il n'a que 6 ans et sa vie est pourtant prête à changer. Pour cet être qui va naitre et pour qui il va avoir la mission de veiller dessus. Aucune jalousie ressenti quand sa mère emmenait Lyra en poussette, gazouillant tendrement. Aucune tristesse sur son visage quand celle-ci achetait à la petite de nouveaux vêtements. Elle était sa précieuse fille, celle pour qui leur mère avait réservée tout son amour. Mais vivre sans amour maternelle ne veut pas dire vivre sans reconnaissance. Et il n'en a jamais voulu à sa génitrice de ne pas l'avoir aimé et de l'aimer elle en retour. La jolie brune aux yeux bleus qui gazouille quand Andy s'approche d'elle. Sa petite soeur si précieuse et si douce. Celle qui ne l'a jamais jugé, même à ses pires moments. Son petit coeur, l'enfant née de l'amour. Tandis qu'il est l'enfant né seul, dans un monde où l'amour lui semble inatteignable.

Andyyyyyyyyyyy !  Reviens ici, tu veux ? Rends moi mon maquillage bon sang ! Leur appartement secoué de bruits de pas en nombre, les parents assis sur le canapé qui soupire d'habitude et les rires des enfants qui se disputent dans l'escalier. A ce moment là, il a 19 ans. Un homme, un vrai comme aime le dire son père. Qui sait ce qu'il veut et ce qu'il fera. Une amitié paternel qu'il apprécie plus qu'il ne veut l'avouer. Il sait sa mère fière mais elle n'arrive toujours pas à le lui prouver. Andreas le sait, tout simplement. Intérieurement. Ou il s'imagine que la femme qui lui ressemble tellement est tout de même fière de son fils. Jouant avec sa soeur, il rit joyeusement, balançant niaisement la pochette de Lyra au dessus de sa tête, bien trop haute pour que la brune puisse l'atteindre. La joie s'engouffrant, s'infiltrant littéralement en lui, il laisse ses sentiments le submerger. Un quotidien aimé et choyé. Brûlé par un changement imperceptible en lui. Brisé par cette chose qui a grandi en lui. Pouvoir pour certains, don pour d'autres. Malédiction pour lui. Le regard terrifié de sa soeur ne lui a pas mis la puce à l'oreille. Les cris de sa mère ont fini par le faire se retourner pour se trouver à une copie conforme de lui même. Identique, sauf pour le regard. Noir, sombre. Comme hanté. Lyra et ses parents d'un côté et son double de l'autre. Les cris le poussant à quitter cette chose des yeux pour reconnaître une panique dans les yeux de sa famille. Faisant un pas vers eux, ils s'enfuirent plus loin dans le salon, entrainant Lyra avec eux qui ne comprenait pas. Pas de panique dans ses yeux ou de peur mais de l'incompréhension. Maman, Papa... Lyra, je... Un autre pas et les voilà qui s'éloigne à nouveau. Et il comprend douloureusement que cette chose, quoi que ce soit, vient de lui. Passant une main dans ses cheveux, les larmes glissant sur ses joues, il regarde une dernière fois sa famille. Son père si fort d'habitude, protégeant sa famille. Sa mère avec cet habituel sourire en coin remplacé par une grimace indéfinissable. Sa soeur si joyeuse oubliée pour une soeur fermée et sans expressions. Le clone le fixant, il prend ses jambes à son cou, quittant ce qui pour un temps a été sa maison, son sanctuaire et son havre de paix. Pour une vie de vagabond dans les rues.

 Courir. Toujours plus vite et toujours plus loin. Contrôler. Fuir. Tenter. Faillir. Regarder. Espérer. Résignation. Tant de sentiments se mélangent en lui depuis la découverte de ses pouvoirs. La peur du jugement omniprésent. Les critiques sur les gens comme lui. Il ne peut s'installer nulle part. Car cette chose, il ne la contrôle pas. Il peut se promener dans la rue et se retrouver avec des doublons ou des étranges personnes, tous avec les mêmes yeux noirs et inexpressifs. Le brun passe de villes en villes pour mieux s'en retirer après les échecs cuisants à répétition de s'intégrer. Il n'a pas un contrôle très important sur ce don. Du moins, quand il croit l'avoir et pouvoir s'en servir comme bon lui semble, il se fait avoir et repéré. Passant d'Andreas Carstairs à Luis Vandecamp ou Charlie Darcy, il n'est plus à son premier essai d'adaptation. Sans jamais vraiment pouvoir trouver sa place. Alors il court. Toujours. Il n'a jamais autant couru de toute sa vie. Pour oublier son ancienne vie. Quitter l'Angleterre a été une expérience des plus douloureuses. Quitter son pays natal, sa propre identité et Lyra, sa seule et unique famille. Il l'a pourtant fait, débarquant dans un pays hostile à l'époque où les gens comme lui ont été officialisés, que les extrémistes se sont fait connaître, les hunters qui ne supportent pas la différence. A courir, il a fini par oublier la vie qu'il avait eu. Une bien triste utopie face à sa réalité. Une douce illusion face à son cauchemar éveillé. L'Amérique. Pays des liberté, des rêves qui se réalisent. Tout le monde en parle comme le berceau de l'humanité, là où tout finit par arriver. Lui et son accent britannique n'a pas pu non plus trouver le rêve qui le hante depuis presque 5 ans maintenant. Le retour à la normale sans double maléfique ou des images de son passé perdu. Peu à peu, il acquiert pourtant une sorte de contrôle. Pouvant l'utiliser quand bon lui semble. Pouvoir voler d'un côté et attendre de l'autre, observer l'action de loin, sans jamais s'intégrer à la population. Sans vraiment avoir de relations qui compte et qui dure. La solitude qu'il traine depuis si longtemps derrière lui a creusée son visage, son sourire n'étant plus que l'ombre de ce qu'il a été avant. Tout du moins, jusqu'à qu'il arrive à Atlanta. Cette grande ville pour laquelle il a toujours eu une grande admiration. Choisissant de s'installer quelque temps, Andy a finit par tomber sur Merryl. La jolie Merryl aux cheveux de feux et aux yeux d'un bleu renversant. La douce Merryl pour qui son coeur a chahuté et pour qui il a choisit de rester. Rester pour tenter de vivre une vie normal, ses pouvoirs sous contrôle et un amour débordant. Le retour de cette chose qu'il a oublié : le début du bonheur. Dans ses yeux pétillants, c'est ce qu'il voit. Mais ils sont trop différents. Elle, trop rêveuse et volage ; lui, pessimiste et perdu depuis longtemps. Les sourires de Merryl n'ont pas su guérir tous ses maux, tout les démons qui le hante. Une dispute un soir d'hiver, quand la ville grelotte de froid, emmitouflé dans leurs couvertures ou contre l'être aimé. Merryl l'a poussé à bout à imaginer le monde tout beau et tout rose. Il ne l'ait pas et ne le sera jamais. Rien qu'à voir les Hunters. Grave erreur, le père de celle-ci ainsi que sa mère et son frère en sont. La colère, la douleur et le ressentiment ont explosés en lui donnant libre contrôle a son don. En face d'eux se trouvait la copie conforme de la Lyra de 13 ans, celle qu'il a laissée derrière et la dernière fois qu'il l'a vu à cet âge là. Merryl n'a pas paniquée. C'est son regard qui a changé. Un regard si doux d'habitude qui sait transformer en un regard noir, brûlant de colère et de douleur. Laissant toute sa colère exploser, Merryl lui a fait comprendre qu'elle ne l'accepterait jamais. L'espoir qui avait fini par renaître en lui s'estompe alors quand la jeune femme le jette dehors sans un regard en arrière. Un an et demi de promesses, de renaissance et d'amour estompé en une perte de contrôle. Se remémorer des sourires de la jeune femme ouvre une plaie béante dans son coeur qui saigne un peu plus à chaque pas qu'il fait pour quitter l'endroit. Une unique larme coule de son oeil, symbole de l’achèvement de son combat. Pourquoi se battre contre quelque chose qui finira toujours par gagner et lui faire perdre les choses auxquelles il tient le plus ? En quittant Atlanta, il a laissé sa volonté et son courage. Pour tourner en rond dans le vide que sa vie représente. En perdant à nouveau le contrôle et se baladant avec cette femme, cette illusion qui le suit partout, lui criant des insultes accompagnée de rires malveillants. Il perd le contrôle et se perd en même temps dans la noirceur des yeux de ses doubles. Retenant la cruauté et le fait que personne ne pourrait accepter un homme comme lui.

we're all stories in the end

" just make it a good one "

◊

  Les cris derrière lui le force à courir plus vite. Encore courir. Des voix graves en colère. Ils le recherchent. Après l'avoir blessé, ils en redemandent encore. Toujours plus. La chair de monstre, comme ils aiment l'appeler. Leurs cris résonnent dans sa tête, tandis qu'il se cache derrière un arbre. Le souffle court, une main sur son avant bras en sang, il retient un grognement de douleur. Ils l'ont eu alors qu'il était vulnérable. Sans possibilité de se protéger. Son double ayant pris l'apparence de lui même, il n'y avait aucun doute qu'il en était un pour eux. Inspectant son bras, il remarque la trace que la dague de l'homme a fait sur son bras. Droite et peu profonde. Simplement parce qu'il a eu le temps de s'en aller avant que l'homme ne fasse de son bras un moignon sanglant. Appuyant sa tête contre l'arbre, Andy jure silencieusement. La perte de contrôle sur son don ne lui apporte que des problèmes. Il ne faisait rien de mal quand ils lui sont tombés dessus. Andreas mangeait son maigre repas, une boite de haricots toute simple. Avec son double en face de lui qui le regardait, ses yeux sombres et impénétrables. Le jeune homme a croisé d'autres personnes comme lui. Ils se sont aidés, se sont donnés la main pour finir par voir leur cervelle exploser sur le mur, le sang entourant le reste de leur crâne. Andy a apprit à leur contact. Il sait qu'il peut contrôler ces choses, encore plus que ce qu'il n'a pu faire. Changer leurs yeux, la couleur des cheveux. Avec le temps, la patience et le contrôle. Toujours le contrôle. Sans qu'il ne puisse vraiment atteindre le contrôle parfait sur ce pouvoir de matérialisation. Une branche craquant à quelques centimètres de lui, il use de son pouvoir pour projeter un double de son ancien professeur de mathématiques un peu plus loin. Les bruits s'éloignent, comme les cris. Andy soupire. Il n'a plus pleurer depuis longtemps maintenant. Probablement des années. Il s'accroupit, la tête levé vers le ciel étoilé. Andreas attend. Surement rien, comme toujours. Il cherche encore une raison pour continuer à courir partout. Il a trop couru. 9 ans à parcourir le monde pour se trouver une place, un endroit où rester. 9 ans de souffrance et de déception. Sans affection, sans nouvelles de n'importe qui. A changer d'identité comme de chaussettes, il fallait s'y attendre. Soupirant à nouveau et arrachant un bout de sa chemise, grâce à sa trousse de soin, il bande soigneusement son bras après l'avoir désinfecté, épongeant le sang qui l'entoure. Un sang maudit. Un rictus las aux lèvres, il range ses affaires et reprend la route. Vers la forêt où il saura bien mieux se cacher que ses hunters. Avides de sang, du sien. Il saura faire preuve de silence quand les autres hurlent comme des sagouins. A Radcliff. Un endroit qu'il ne connait que très peu. Mais qui va devenir son prochain sanctuaire.

  Une maison à l'écart de la population. Dicté par la faim, c'est tout ce qu'il fait en ce moment. Piller et manger. Dans des maisons différentes, en envoyant toujours un de ses complices de l'ombre. Toujours elle. Sa Lyra. Qui ferait du mal à une enfant ? Surtout si celle-ci a faim. Il a réussi à faire des progrès. Les yeux sombres et inexpressifs des doubles prennent des formes plus familières. Ceux de sa soeur ont repris leur bleu océan habituel et il pourrait passer des heures à juste la regarder, pour se souvenir des temps heureux. Sans plus attendre, la faim grondant dans son estomac, il se dirige vers cette maison. Supposant que personne ne s'y trouve, il projette le double de sa soeur, identique en tout point à la vraie. Andy la regarde partir, anxieux. Il n'aime pas voler. Ce n'est pas son genre et ça ne l'a jamais été. Mais il est un fugitif et il ne peut pas se permettre de vivre comme les autres. Faire ses courses au milieu de la société lui parait bien étrange en ce moment. Il se colle contre le mur et attend, le souffle léger et les yeux bougeant dans tous les sens, paralysé à l'idée que quelqu'un le voit. Quelle bonne excuse pourrait il donner si on le trouve. Andy soupire et passe son regard dans la maison, seul le sommet de son crâne dépassant. Repérant Lyra, la tête dans le frigo, il sourit doucement. Jusqu'à ce qu'un léger toussotement lui donne la plus grande crise cardiaque de sa vie. Se retournant en hurlant, la main sur son palpitant qui bat la chamade, il se retrouve face à une petite brunette qui ne doit pas faire plus d'un mètre 60. Ils sont proches, si bien qu'il ne sait s'il doit la maitriser tout de suite ou bien jouer la carte de l'imbécile. Mais comment-a t'il fait pour ne pas la voir ? Comment... comment vous êtes arrivée là ? Il ne comprend pas comment un petit bout de femme comme elle a pu le surprendre. Mais son air revêche et quelque peu menaçant le font taire. Andy sent son esprit marcher à 100 à l'heure quand celle-ci reprend enfin la parole. Que faites vous sur ma propriété ? Un regard hagard et les mots qui se perdent dans sa gorge. Il fixe la brunette un long moment, se demandant bien ce qu'il pourra lui dire. Il vient admirer la vue ? Se repérer dans Radcliff ? Tandis qu'il réfléchit, les pas de Lyra se rapproche peu à peu. Il tourne la tête vers elle et un sourire simple sur les lèvres, le brun reporte l'attention sur son interlocutrice. J'attends une réponse ! Andy hôche doucement la tête et attrape fermement la jeune fille, déterminée à lui faire perdre connaissance le temps qu'il disparaisse avec son butin. Bien que son bras lui fasse mal, il ne fléchit pas. Il n'entend qu'à peine ses plaintes. Du moins jusqu'à ce que ses mains se referment sur de l'air. La brune qui se trouvait face à lui il y a moins d'une minute se retrouve à quelques mètres de lui, l'expression fermée faisant rapidement place à l'ahurissement sur le visage d'Andy. Elle est comme lui. Tout est paradoxale mais elle est une mutante elle aussi. Il n'en a aucun doute. La téléportation probablement. Son visage s'adoucit et un sourire aux lèvres, il la regarde plus attentivement. Elle a peur, c'est certain. Mais il faut qu'il lui demande. Tu... tu en est une ? Toi aussi ? ; Une quoi ? Il sourit à nouveau, conscient de la peur de la jeune femme. Lui même n'avouerait pas si facilement à une personne qu'il fait partie de ses dégénérés qui n'ont aucun contrôle. Il n'est pas au point de pouvoir faire du mal s'il ne veut pas. Mais le doute chez la brune est compréhensible. Souriant gentiment, il reprend sa phrase.Ne t'inquiète pas. Moi aussi, regardes ! Et sur ses paroles, Andy fait disparaitre le double de sa soeur, remplacée par du vide où le sac finit par terre dans un bruit de boites de conserves et de bouteilles. L'expression sur le visage de la femme le réjouit. Il a toujours aimé rencontre les gens comme lui. Avec eux, il peut se laisser aller et retrouver une partie du Andy qui était toujours là, dormant sous le masque de banalité. Comment avez vous fait ça ? Il sourit à nouveau. Elle sait. Ils savent tous comment faire. Seuls les pouvoirs sont différents, la façon de le faire ne l'est pas. Il aurait pu ne pas répondre mais il se sent forcé face à son expression. D'une voix plus douce, plus calme et engageante, il reprend la parole. Tu sais comment j'ai fait. Le jeune homme se sent soudain mieux. A avoir passé ses dernières semaines à piller et à parler à un double qui sort de lui même, il n'a pas eu le temps de parler à quelqu'un. Et si cette personne se trouve être l'un des "leurs", Andy ne laissera pas la chance lui passer sous le nez. En passant à côté de lui, elle l'emmène à l'intérieur. Entre. La porte claquée derrière lui, la soirée semble bien plus prometteuse que ce qu'il ne croyait. Ils se sont tous dits. La découverte du don et ce qui a engendré le reste. Sans pour autant s'étaler, il s'est confié à une étrangère. Il en a probablement besoin. Depuis Merryl, il n'a plus parlé à personne comme ça. Alors il profite, se souvenant que peu de temps avant, il dormait dehors, les étoiles étant sa seul lumière. Une nuit pour oublier et soigner tous les maux. Juste une nuit.

.

  Tu ronfles espèce d'idiot ! Contrairement à certains, y'en a qui bossent dans moins de deux heures. Il rit assez fort pour que Evey puisse l'entendre. Pour un simple réponse, un long soupir puis un grognement de la jeune brune lui met le sourire aux lèvres. Une nuit, c'est ce qu'ils ont dit. C'est ce qu'ils disent depuis quatre mois. Comment en sont-ils arrivés à ça ? A lui habitant dans le salon de la brunette avec qui il ne fait que se battre verbalement mais qu'il ne peut s'empêcher de taquiner ? Il n'en sait rien. Il n'aime pas faire dans les choses domestiques, avoir un toit et vivre en communauté. Mais pour autant, en ce moment, il n'est pas lassé de la présence de la jeune femme. Andy lui doit beaucoup, une dette qu'il s'est juré de payer. Elle le mérite. A passer ses journées sur son canapé à ne pas faire grand chose à part lire et relire des livres. Se voiler la face a toujours été une des pratiques dans lesquelles il excelle. Et face à Evey, c'est le cas. Il ne cherche pas à comprendre pourquoi il veut rester avec elle. Mais chaque soir, en allant se coucher, le même rituel s'impose. Il lui dit qu'il partira le lendemain matin pour être toujours là le lendemain matin. La brunette ne le juge pas pour son pouvoir tout comme il ne juge pas sa vie. Une collaboration souhaitée puis idéalisée. Au final, il ne sait pas s'il serait capable de vivre sans elle. Mais n'aller pas croire qu'il lui dira un jour. Il le garde pour lui, l'épiant du regard sans le vouloir, l'image de Merryl se superposant à la sienne pour lui renvoyer l'échec de ses précédentes relations.

.